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mercredi, 20 juillet 2016

Anticorps : la Défense Ultime [Nouvelles/Anticipations]

 

 Bagdad. Dans un futur pas très lointain.

 

 

- Je vois le témoin.

- Il a ses gardes du corps ?

- Non, il est seul.

- Bien, tu arrives au bon moment, alors.

La voix dans son oreillette était celle de Jürgen Slot, chef de l’organisation anti-terroriste ANTICORPS.

- Le tueur engagé par Sergeï Vladinov doit déjà être sur les lieux. Regarde autour de toi.

Kurt Stetson, dit « Le Muscle », observa la foule du marché. C’était un jour faste à Bagdad.

Il y avait beaucoup de bruit, de mouvements et de couleurs, ce qui ne facilitait pas le repérage.

La chaleur suffocante n’arrangeait rien. Kurt transpirait sous les vêtements civils qui camouflaient sa tenue d’espion dernier cri.     

- Pas si vite ! intervint Dan Douglas dit  « l’œil ». La Flèche est peut-être l’un des satellites les plus rapides au monde, mais quand même. Laisse-moi le temps de scanner tous ces types.

A des kilomètres de là, dans la salle d’opérations d’ANTICORPS, Dan Douglas contrôlait une mosaïque d’écrans et de claviers. Au centre de la salle, Jürgen Slot dit « Le Cerveau » supervisait l’opération en cours, légèrement appuyé sur sa canne, toujours impeccablement vêtu.

Kurt jura.

- J’ai pas besoin de ton foutu satellite pour repérer un gus. Je connais mon boulot, l’intello !

Dan se tourna vers Jürgen, dans l’espoir d’obtenir un soutien quelconque. Il l’obtint rapidement.

- Kurt, te rappelles-tu à quel point la synergie est importante dans une entreprise comme la nôtre?

- Comment je pourrais l’oublier ? Vous me le rabâchez tous les jours.

- Cela ne semble pas inutile étant donné ta facilité à la négliger. Dan est tout aussi compétent que toi dans sa fonction. Laisse-le donc œuvrer comme il l’entend. Il ne t’a jamais mis de bâtons dans les roues, il me semble, c’est même plutôt le contraire. Pourquoi continuer à rejeter le soutien qu’il peut t’apporter sur le terrain ?

Dan sourit, ravi de l’intervention de son supérieur en sa faveur.

Kurt sourit. Mais c’était plus une grimace qu’autre chose.

- Sur le terrain ? Sur le terrain, je suis seul et je l’ai toujours été. Et ça me va très bien comme ça. De savoir que ce machin est greffé à mes faits et gestes presque 24 h sur 24, ça me file la gerbe. J’ai l’impression d’avoir une épée de la Dame aux Clefs au-dessus de ma tête.

- Damoclès, rectifia Slot.

- Quoi ?

- Une épée de Damoclès au-dessus de la tête.

- Ouais, c’est ce que j’ai dit.

- Ca y est ! s’écria Dan. J’ai repéré un type qui correspond à la photo.

- C’est lequel ?

A deux heures, près du stand de fruits. Le grand type chauve.

- Y a trop de monde devant. Je vois rien.

- Attends, je te le surligne.

La silhouette du tueur se découpa brièvement à travers la foule.

Kurt entendit le rire familier de Jürgen Slot dans son oreillette.

- Tu as des yeux qui valent de l’or, mon cher Muscle !

- Puisqu’on parle de ça, je me souviens pas avoir signé pour cette opération. J’ai d’autres organes reliés à ce foutu satellite ?

Un silence s’ensuivit.

 - Quoi ? Vous pouvez quand même pas me faire pisser quand vous voulez ?

- Non, répondit hâtivement Dan, bien sûr que non !

Il échangea un regard paniqué avec son supérieur, visiblement amusé de la situation.

- Tu rigoles, reprit Dan de son ton le plus rassurant. On en est quand même pas là !

- Y a intérêt. Si j’apprends que vous pouvez faire joujou avec moi sans que je le sache, je vous jure que ça va chier.

- Le témoin bouge, annonça Dan, ravi de pouvoir détourner la conversation.

- Surveille-le, moi je file le tueur.

- Non, Kurt ! Tu te charges du témoin. Et rappelle-toi qu’il nous faut ce tueur vivant, insista Slot. Lui seul peut nous conduire à Sergeï.

- C’est marrant ! Pourquoi il faut que vous m’appeliez par mon prénom seulement quand vous êtes en rogne contre moi ?

Dan décida que c’était le bon moment de rendre l’ascenseur à son supérieur.

- Le témoin a l’air paniqué. Je crois qu’il vient de se rendre compte qu’il a perdu ses gorilles.

Kurt le rejoignit discrètement.

- Suivez-moi sans dire un mot, je viens vous sortir de ce merdier.

Le témoin avait tout du touriste.

- Quoi ? Mais qui me dit que vous n’êtes pas un tueur à la solde de Vladinov ?

Mais il avait oublié d'être idiot.

Kurt se racla la gorge.

- Parce que le tueur est derrière moi. Le grand type chauve près du stand de fruits.

- Je…je ne vois rien. Il y a beaucoup trop de monde.

- Dommage que je ne puisse pas vous prêter mes yeux.

- Pardon ?

- Rien. Suivez-moi, c’est tout.

- Mais, non, je n’ai aucune…

- Ecoute, ducon, si j’avais voulu te tuer…

- Kurt, t’es repéré ! le prévint Dan. Dégage, mais fais en sorte que le tueur vous suive !

Kurt empoigna le témoin et fonça vers une destination connue de lui seule, bousculant les passants et certains étals. Une balle de silencieux siffla au-dessus de son épaule.

- Fais chier !

- Prends à droite dans la ruelle ! dit Dan, les yeux rivés sur un écran.

Kurt s’engagea dans l’étroit passage, entraînant le témoin dans son sillage. Il en profita quand même pour se débarrasser promptement de ses habits civils, révélant une combinaison ajustée faite de sangles, d’étuis et d’accessoires plus ou moins identifiables.

Le témoin s’alarma.

- Vous êtes un espion ?

- Tout juste, Auguste !

- Comment vous connaissez mon nom ?

- Coup de bol !

Le tueur apparut à l’entrée de la ruelle.

- Baissez-vous ! hurla Dan.

Kurt s’exécuta, ce qui permit aux deux hommes d’éviter un chapelet de balles.

- J’ai quand même le droit de riposter, non ?

Il n’attendit pas l’approbation et fit feu.

La balle ricocha contre un mur près du tueur. De la poussière et des fragments de pierre l’aveuglèrent. Kurt en profita pour creuser l’écart.

Il remonta la rue perpendiculaire en direction de la sortie de la ville.

Arrivé à la hauteur d’une jeep militaire, il envoya le dénommé Auguste sur le siège du passager et s’installa au volant. Il se baissa pour trafiquer les fils. Le pare-brise explosa. Auguste poussa un cri.

- J’ai pas signé pour ça !

Kurt le toisa avec un grand sourire.

- Moi, si !

La jeep démarra sur les chapeaux de roue.

- Il nous suit ?

Auguste se retourna.

- Je…je ne sais pas, moi !

- Je ne vous parle pas. Vous, restez couché et fermez-là !

- Il est dans un break blanc immatriculé…

- C’est bon, Dan, pas la peine de me sortir tout le topo. Je le vois.

Recroquevillé sur son siège, Auguste écarquilla les yeux.

- Dan ? Mais à qui vous parlez ?

Kurt sourit.

- A mon ami imaginaire.

Dan Grimaça.

- Sympa pour moi !

- Je déconne. Tu sais que je t’adore, Dan !

- Tu me flatteras plus tard. Je te signale que le tueur vous rattrape !

Comme pour confirmer l’information, de nouvelles balles ricochèrent dans l’habitacle.

- Vous pouvez pas le semer ? interrogea Auguste.

Kurt évita juste à temps une bande de gamins débraillés.

- Il faut que je t’assomme Auguste pour avoir la paix ?

La seconde d’après, la jeep percutait un camion venu de nulle part.

Jürgen Slot assista à la scène sur un écran géant. Sa déception fut manifeste.

- Et bien, Dan ?

- Désolé, Monsieur, je ne l’ai pas vu arriver. Kurt ? Tout va bien ? Kurt, tu m’entends ?

La voix d’Auguste se fit entendre.

- Excusez-moi de m’en mêler, mais je crois que votre ami a perdu connaissance.

Jürgen frappa le sol de la pointe de sa canne.

- Bon sang, manquait plus que ça ! Réveille-le !

- A vos ordres !

Dan pressa quelques touches et activa une commande.

Le corps inerte de Kurt fut secoué de spasmes sous l’œil terrifié d’Auguste qui voyait dans le même temps le tueur descendre de son véhicule et s’approcher de lui, son arme à la main.

- Ca ne fonctionne pas, Monsieur ! Qu’est-ce qu’on fait ?

Jürgen Slot médita quelques seconde avant de déclarer :

- A vous de jouer, Dan !

Il lança un regard appuyé à l’ingénieur qui s’affaira aussitôt sur ses instruments.

- Prions seulement pour qu’il ne le sache jamais !

Toujours inconscient, Kurt trouva tout de même le moyen de redémarrer la jeep, ses mains et ses pieds oeuvrant sous une mystérieuse impulsion.

La voiture recula brusquement, défonçant la calandre du break. Auguste jeta un coup d’œil en arrière. Le tueur était invisible. L’attaque avait dû le surprendre totalement.

- Vous l’avez eu ! s’écria-t-il. Avant de réaliser que l’espion était toujours dans le coma.

Cela ne l’empêcha pas de passer les vitesses et d’accélérer. La jeep fumait à l’avant, mais les dégâts dus à la collision  ne semblaient pas plus graves que cela.

- Mais qui conduit, bordel ?

Auguste trépignait sur son siège, en proie à une terreur bien compréhensible. Sa vitre explosa.

Lorsque la main ensanglantée du tueur se ferma autour de sa gorge, cela ne fit évidemment qu’empirer son malaise.

Dans la salle d’opérations de l’agence ANTICORPS, la tension était tout autant palpable. Les deux hommes présents dans la salle bardée d’électronique suivaient les évènements sans mot dire. Dan pilotait le corps de Kurt du mieux possible. L’expérience était encore nouvelle. Heureusement, Dan s’adaptait très vite, c’est d’ailleurs sûrement l’une des raisons pour lesquelles il avait été engagé dans cette élite.

Le tueur se tenait sur le toit de la jeep. Il avait perdu son arme, mais pas sa vocation. Auguste commençait à manquer de souffle. Kurt garda une main sur le volant et de l’autre il dégaina une bombe lacrymo. Au moment où le visage du tueur apparut à découvert, Dan fit entendre sa voix dans l’habitacle via un haut-parleur inséré dans la tenue de l’espion groggy :

- Auguste, fermez les yeux !

En entendant cette voix jaillie de nulle part, l’intéressé crut qu’il s’agissait de son propre ange-gardien. Il obéit aveuglément. Kurt tendit le bras et aspergea le visage du tueur. Ce dernier poussa un cri et tomba de la jeep. Kurt freina brutalement ou tout du moins le pied qui lui appartenait.

Ils avaient atteint un quartier plutôt désert. Sentant le danger rôder, quelques passants s’empressèrent de pousser la porte la plus proche.

Auguste se jeta sur le corps désespérément inerte de l’espion.

- Réveillez-vous, bon sang ! Réveillez-vous !

La seconde d’après, le canon d’un pistolet se collait contre sa tempe.

- Lâche-moi immédiatement, Auguste, ou le seul qui recueillera ton témoignage s’appellera Saint-Pierre !

Auguste desserra lentement son étreinte et s’écarta.

Kurt baissa son arme et secoua la tête.

- Comment on est arrivé là ? Je crois que j’ai perdu connaissance.

- Et bien, il s’est passé de drôles de choses. Vous avez commencé par…

La voix de Dan retentit dans l’oreillette de Kurt, couvrant celle d’Auguste.

- J’ai pris le contrôle de la jeep. Un jeu d’enfant.

Kurt émit un sifflement.

- Tu peux faire ça, L’oeil ?

- Bien sûr !

Jürgen Slot félicita l’ingénieur de sa trouvaille d’un signe du pouce.

- Le tueur est neutralisé, mais il vaut mieux vérifier. Il est au sol, derrière toi.

- Ok, merci d’avoir pris le relais.

Kurt respira un grand coup avant de se tourner vers son passager.

- Toi, tu ne bouges pas.

Il descendit de la voiture s’éloigna de quelques pas avant de revenir en courant :

- Rien de cassé ?

Auguste avait le visage cramoisi. Il se massait la gorge en fulminant.

- C’est maintenant que vous demandez ?

Rassuré, Kurt se posta près du corps inanimé du tueur. Il inspecta les environs.

- Aucune menace, nota Dan.

Kurt essuya le sang qui coulait d’une légère blessure au crâne.

- Tes pronostics tu te les gardes, L’œil !

Il retourna le corps. Le tueur avait le visage brûlé. Pourtant il souriait tant qu’il pouvait. C’était sans doute dû à la présence du détonateur dans sa main droite.

- Putain de merde !

Kurt bondit sur le côté. Mais à la stupeur de tous, ce n’est pas le corps du tueur qui explosa. La jeep se désintégra dans une boule de feu. Son occupant avec elle.

Kurt se redressa, le visage crispé.

- Fils de pute !

Le tueur semblait chercher une nouvelle arme dans ses vêtements. Kurt ne lui laissa pas le temps de prolonger ses investigations. Il lui colla une balle entre les yeux.

- Tu l’as tué ? s’écria Slot. Mais il nous le fallait vivant ! Sans lui, comment allons-nous pénétrer dans le repaire de Sergeï ?

- Parce que tu crois que j’ai eu le choix ! C’était lui ou moi, je te signale ! Et bizarrement, j’ai préféré que ce soit lui.

- Ecoute, je ne dis pas le contraire, c’est juste que…Ca va être beaucoup moins simple, maintenant. Et ça ne l’était déjà pas beaucoup avant. Il était le seul à pouvoir te faire entrer discrètement. Sergeï a toute confiance en lui.

- Tant pis, j’aviserai sur place. On abandonne pas.

- Ce n’est pas toi qui décide !

- Je croyais que tu voulais ce gars ?

- Précisément. C’est pour ça que je refuse que tu y ailles en l’état.

- Super, la confiance règne ! De mieux en mieux ! Je me demande vraiment à quoi je sers. Le Muscle, tu parles ! Je te signale que Le Muscle a aussi un cerveau et qu’il est pas au régime !

Un silence ponctua cette dernière réplique.

- J’ai peut-être une solution, déclara Dan, espérant du même coup détendre l’atmosphère. Mais tu vas pas aimer.

- Dis toujours, répondit Kurt tout en fouillant les décombres calcinés de la jeep.

- Tu prends son identité.

- Quoi ? Je te signale que je suis pas comédien !

- Pas besoin. J’ai reçu un nouveau logiciel. Camouflage optique 3D temps réel.

- Ca en jette, mais est-ce que ça marche ?

- C’est encore à l’essai.

- Ca veut dire que ça peut foirer ?

- A tout moment.

- Heureusement que vous voulez pas que j’improvise. Bon, je suppose que c’est notre seule option.

- A dire vrai, j’en avais une autre qui consistait à modifier directement ton visage, mais au stade où en est la technologie, c’est encore trop douloureux.

- Tu me ménages ? C’est nouveau, ça ! Bon, comment on procède ?

- Lève-lui la tête, les yeux vers le ciel. Il faut que je scanne son visage.

- Il a un peu morflé.

- Ca ne fait rien. J’ai récupéré des vidéos qui vont nous servir. Je vais modifier ton apparence. Et aussi ta voix.

- Tu vas pas me trafiquer les cordes vocales ?

- Non. Je vais utiliser un champ de résonance.

- Je vais ressentir quelque chose.

- Si tout se passe bien, non. Je vais créer une image tridimensionnelle du tueur autour de toi qui fera illusion.

- Combien de temps ?

- Pas longtemps. Ca va pomper pas mal d’énergie. Faudra que tu fasses vite pour limiter les risques de défaillance du camouflage.

- Ok. Au fait, désolé pour Auguste. Ca avait l’air d’être un brave type.

- C’était une pourriture, rectifia Slot en improvisant une élégante chorégraphie avec sa canne ouvragée. Il a été reconditionné pour servir d’appât à notre tueur. Il n’y a jamais eu de témoin des méfaits de Sergeï Vladinov.  Et je compte bien qu’il n’y en ait jamais, car je compte bien faire cesser les activités de ce terroriste !

 

Le repaire de Sergeï Vladinov était une anonyme masure d’un blanc immaculé qui tranchait évidemment avec la noirceur de ses actes renommés.

Les pays européens autant que les Etats-Unis avaient beaucoup souffert ces dernières années de son penchant pour la libre expression à grand renfort de détonations. On le disait affilié de près ou de loin au légendaire terroriste Karl Arms qui ne donnait plus signe de vie après un mémorable baroud d’honneur qui avait laissé bon nombre de capitales occidentales à feu et à sang.

Les rumeurs allaient bon train depuis la disparition de Arms et sa mort présumée dans une embuscade. On cherchait à tout prix son héritier afin de prévenir la prochaine vague de terreur. Il semblait que Vladinov était tout désigné pour perpétrer le même type de chaos que Arms. En tout cas du point de vue de Jürgen Slot.

 

- Putain, j’ai vraiment une sale gueule !

Kurt Stetson observait son nouveau visage dans la vitre d’une voiture.

- C’est pas le moment de t’admirer, le tança Dan. T’as du pain sur la planche.

- Lâche-moi, je suis arrivé !

L’espion grimaça.

- Oh et puis cette voix !

- Justement, pour la voix je suis pas sûr de moi. C’est un échantillonnage approximatif. J’avais peu de références en la matière. Ce tueur n’était pas connu pour…

- Ca veut dire quoi ?

- Ca veut dire qu’il faudra que tu parles le moins possible.

Kurt réfléchit un instant avant de paraître satisfait.

- Ca me va.

- Tu as trouvé quelque chose d’intéressant sur son corps ? s’enquit Slot.

- Rien qui puisse me servir à atteindre Vladinov plus facilement.

- Attention, prévint Dan, deux hommes s’approchent de toi.

- Ils parlent russe, précisa Slot.

- Je m’en occupe, rassura Dan en activant un programme connu de lui seul.

Slot s’appuya sur le pommeau de sa canne comme il avait coutume de le faire au moment de faire une grande déclaration :

- Il faudra que nous trouvions un quatrième membre pour ANTICORPS, un nouvel organe et de préférence un organe qui puisse vous seconder efficacement afin que vous déléguiez un maximum le travail de piratage et d’archivage des données. Ainsi serez-vous à même de concentrer tous vos efforts sur les possibilités offertes par notre satellite d’exception.

Dan acquiesça.

- Une femme ?

Slot s’esclaffa.

Dan d’ajouter :

- C'est-à-dire que depuis que je suis entré à votre service, je ne suis pas beaucoup sorti d’ici. Un peu de compagnie ne serait pas du luxe, si vous voyez ce que je veux dire.

- C’est entendu, Dan. Nous recruterons en priorité un agent féminin. Le Muscle sera certainement jaloux, mais je saurai lui accorder à lui aussi une faveur digne de ce nom.

 

Un voyant s’alluma. Les pensées de Kurt étaient en train de leur parvenir. C’était un autre programme crée par Dan. Une sonde à l’intérieur du cerveau de l’espion renvoyait son activité neuronale et un logiciel spécifique décryptait les signaux enregistrés. Avec parfois quelques approximations, mais dans l’ensemble le procédé fonctionnait. Au grand dam de Stetson qui voyait là une nouvelle occasion pour son comparse d’avoir la main mise sur sa personne. Alors parfois, il ne se privait pas de donner libre cours à ses sentiments. Histoire de donner le change.

Dan alluma le haut-parleur pour que son supérieur puisse l’entendre aussi :

« … à pas me faire dire n’importe quoi. Sinon je te jure que je vais faire un suppositoire de ton satellite à la con et te le mettre bien profond ! »

Les deux hommes s’empêchèrent de rire. Sitôt après, Dan reprit son sérieux.

- Ils veulent te serrer la main. Qu’est-ce que tu attends ?

« Ca va traverser le camouflage, non ? Je suis foutu s’ils voient la combine ! »

Dan soupira comme s’il avait affaire à un enfant.

- Tu regardes souvent la main des gens, toi, dans ces moments-là ?

Kurt tendit le bras en retenant sa respiration. Les deux russes le dévisagèrent avec une once de méfiance avant de lui indiquer de les suivre. Kurt obtempéra.

« Bon, on dirait que ça se présente pas trop mal. Mais vivement que je mette la main sur notre homme. Ce genre de jeu, c’est pas trop mon truc ! »

Mais Dan ne l’écoutait que d’une oreille. Il était davantage concentré sur les mots qu’échangeaient les deux russes dans leur langue. Il opéra un mouvement de caméra pour les avoir de face sur son écran principal. Ils étaient en train de sortir leur pistolet de sous leur ceinture. Ca sentait le roussi.

Les mains de Jürgen Slot se crispèrent sur sa canne.

- Dan, diversion. Maintenant !

- Ok, obturation !

Un disque d’un noir luisant recouvrit chaque oreille de Kurt.

Dan propagea une onde ultra-sonore. Les vitres alentours explosèrent. Les trois gardes se bouchèrent les oreilles. Kurt les exécuta en un éclair.

- Merde, qu’est-ce qui s’est passé ? On a pourtant assuré, non ?

- Je comprends pas, dit Dan. Ton camouflage a pourtant fonctionné à cent pour cent.

- Faut croire que leur détecteur de coup foireux aussi ! observa Kurt. Qu’est-ce que je fais, maintenant ?

Slot s’approcha de l’écran de contrôle de Dan.

- Tu continues. On garde la même approche. Tu rentres dans la planque de Sergeï et tu le neutralises. J’insiste sur le mot neutralises. Sa capture est vitale. C’est entendu ?

- Oui, grommela Kurt. A vos ordres. Mais si jamais y a encore des gus qui reniflent un piège ?

- Compte sur moi, dit Dan. Est-ce que je t’ai déjà abandonné ?

- Non et c’est bien dommage !

Kurt frappa à la porte de la masure.

- Un instant, dit Dan, il y a quelque chose qui cloche. Je crois que je suis en train de perdre ton signal, Kurt. Il doit y avoir un bouclier. Kurt ! Ne rentre pas ! Kurt ?

Mais Kurt Stetson avait déjà pénétré dans la masure. Pour le meilleur et pour le pire.

Dan leva les yeux et dévisagea gravement Slot debout à ses côtés.

- J’ai plus rien, plus d’émission. On est coupé.

Slot caressa nerveusement le pommeau de sa canne.

- Sergeï n’est pas un débutant. Il connaît la technologie. Il a appris à attaquer, mais aussi à se protéger. Pour une fois, Kurt est livré à lui-même. Mais c’est dans ses moments là qu’il peut démontrer tout son savoir-faire. Je ne m’inquiète pas pour lui.

Dan n’était pas rassuré pour autant. Cette fois, il abandonnait Kurt, malgré lui. Et cela ne lui plaisait vraiment pas. Pour lui, ils fonctionnaient en binôme depuis bien trop de temps pour que la situation soit aussi évidente qu’elle semblait l’être pour Slot.

Il se crispa sur son fauteuil. C’était la première fois qu’il se sentait aussi impotent. Soudain, il tressaillit.

- Le camouflage, il a dû disparaître au moment où Kurt est entré !

A ce moment, Dan récupéra le signal. Et du même coup la mauvaise humeur de Kurt Stetson. Mais cette fois, ce ne fut pas pour lui déplaire.

- …m’entendez ! Je sais pas ce qui s’est passé, putain ! C’était l’enfer, là-dedans ! Ils se sont mis à me canarder. J’en ai allumé un paquet, mais j’en ai encore plusieurs au cul !

Les écrans se rallumèrent et Dan put à nouveau avoir une vue d’ensemble de la situation, aussi bien par les yeux de Kurt que par les différents yeux du satellite.

- Je te vois ! braya l’ingénieur, qui avait bien du mal à ne pas cacher sa joie. Désolé, Vladinov a installé un bouclier. On a perdu ton signal quand tu es entré.

Kurt venait de jaillir de la masure comme un diable sorti de sa boite. La caméra tressautait au rythme de la course effrénée de l’espion.

Il se mit rapidement à couvert derrière une camionnette. Les hommes de Vladinov étaient au nombre de sept et ils eurent tôt fait de transformer son rempart en passoire.

- L’oeil, fais quelque chose ! Je suis cerné et presque à sec !

L’intéressé prit une profonde inspiration. Il étudia un écran de contrôle lui indiquant le trafique aérien aux environs de Bagdad. Un sourire se dessina sur ses lèvres.

- J’ai ce qu’il te faut. Tiens encore quelques minutes.

Kurt hurla pour couvrir le bruit des rafales.

- J’ai pas quelques minutes !

- Inutile de hurler, dit Dan, tu sais bien que je peux lire dans tes pensées.

« Va te faire foutre » pensa Kurt.

- C’est pas gentil, le tança gentiment l’ingénieur. Heureusement pour toi, je ne suis pas rancunier. Tourne la tête.

Kurt s’exécuta, ne sachant trop à quoi s’attendre, mais espérant profondément pour qu’il s’agisse d’un miracle. Il ne fut pas trop déçu de ce côté-là lorsqu’il vit le cargo militaire An-70 atterrir sur la place, au mépris de l’espace disponible, sacrifiant quelques bâtiments et véhicules au passage avant de s’immobiliser comme le plus improbable taxi. La soute de l’avion s’ouvrit. Les deux pilotes très mécontents de s’être faits détournés de la sorte le furent encore plus en voyant les hommes de Vladinov leur tirer dessus sans crier gare. Profitant de leur consternation, Kurt les abattit avant de plonger à l’intérieur de l’appareil.

- Tu me surprendras toujours, s’exclama Kurt en découvrant la nature de la cargaison.

Dan jubilait.

- Le plaisir est partagé. Maintenant à toi de jouer !

Les hommes de Vladinov en avaient profité pour se rapprocher et échanger des propos virulents. Ils rechargeaient leurs armes lorsque leur cible refit son apparition.

Kurt épaula les deux lance-roquettes en sa possession et fit feu.

Les deux explosions firent pleuvoir de la terre, du sable et aussi beaucoup de sang.

L’espion bomba le torse en voyant qu’il n’y avait plus aucun garde en vie.

- Y a pas à chier. C’est dans ces moments là que je me sens vivant !

- Chapeau, Stetson !

C’était Slot.

- Désolé pour cette boutade, mais elle m’amuse toujours autant. Tu as de bonnes nouvelles à me donner concernant Sergeï Vladinov.

- Il est en vie. Je vais le chercher, annonça Kurt en retournant vers la masure.

- Non ! aboya Dan. Si tu fais ça, on va encore perdre ton signal.

- Mais c’est qu’il aurait presque peur pour moi !

- Il y a encore un risque.

- Aucun, certifia Kurt. J’ai fait le ménage. Et à ma manière. Préparez le tapis rouge, je suis là dans quelques heures.

 

- Mais qui êtes-vous ? grogna Sergeï Vladinov.

Le terroriste était solidement attaché à une chaise dans un bureau décoré avec goût.

Jürgen Slot lui faisait face. Et il exprimait assez bien sa satisfaction. L’opération mise en place depuis des mois avait été un franc succès. Et ANTICORPS allait très bientôt pouvoir en bénéficier. Directement.

- Vous êtes un baron du crime organisé. Et bien, disons que je suis un baron de la lutte organisée contre le crime organisé.

Notre organisation fonctionne comme une entité vivante. Chaque membre représente une partie active, un organe aussi vital et précieux que ceux qui constituent le corps d’un être humain.

Slot faisait danser sa canne devant lui avec une sophistication exagérée.

Vladinov restait calme. Il en avait vu d’autres.

- Pourquoi vous me dites tout ça ? Vous allez me tuer, n’est-ce pas ? Alors faites-le, qu’on en finisse. Je suis prêt, depuis longtemps.

Mais Jürgen Slot semblait vouloir prendre son temps avec son hôte.

Il désigna la vitre du pommeau de sa canne.

- Vous voyez ces deux hommes ? Ils ne s’en souviennent plus maintenant, mais chacun d’eux a été en son temps un modèle de terreur, de monstruosité, mais aussi un exemple de ténacité et de force. Et si j’ai appris une chose au cours de mon existence, c’est qu’il y a mieux à faire que combattre directement le crime organisé. C’est le retourner contre lui-même. C’est la base même de cette organisation, le sens de son existence. Et quand je dis sa base, ce n’est pas qu’une métaphore. Vous connaissiez certainement Karl Arms dit « Le Spectre ».

A l’évocation de ce nom, les yeux de Vladinov s’écarquillèrent.

- Bien sûr, on s’est même rencontré plusieurs fois. Je l’admirais beaucoup. J’ai beaucoup appris de lui. Et je ne suis pas le seul. Il a disparu brusquement. Les autorités n’ont jamais pu mettre la main sur lui. Il reste le maître incontesté dans son domaine.

- Et si je vous disais que vous l’avez retrouvé, que vous êtes même en train de lui parler, en ce moment.

Vladinov dévisagea Slot, quêtant un trait d’ironie. Pour son plus grand malheur, il n’en décela aucun.

- Quoi ? Vous délirez !

Le visage de Slot devint un masque de cire.

- Alors comment je saurais que tu n’as que trois orteils à ton pied gauche et que tu dois cette infirmité à l’explosion prématurée de l’une de tes propres bombes ?

Vladinov sembla se recroqueviller. Ce qui constituait évidemment un exploit.

- Oui, ça fait un choc ! poursuivit Slot avec entrain. Je ne te cache pas que j’ai beaucoup abusé de la chirurgie esthétique. Karl Arms n’a pas disparu. Enfin, pas au sens où l’on entend. C’est moi qui l’ai mis hors d’état de nuire il y a trois ans. Pour le bien de tous. Comment ? Pourquoi ? Tu as dû entendre parler de cette embuscade que m’ont tendue des agents américains. Elle a bien failli réussir. Deux de mes fidèles m’ont sauvé in extremis, mais je suis resté tout de même dans le coma pendant plusieurs mois. Quand j’en suis revenu, j’étais complètement changé. Un autre homme. J’ai découvert ce que j’avais fait, mes actes et ma nature passée. Cela m’a terrassé au début. J’ai fait ce qu’on appelle communément une dépression. Et puis, progressivement, j’ai compris deux choses. Que si je m’en étais sorti, c’est que j’avais encore des choses à faire en ce monde. Et surtout que si j’avais changé, je pouvais alors remédier à tout le mal que j’avais semé sur cette terre pendant des années. Le moyen était tout trouvé. J’avais subi une complète reconversion par l’entremise de mon coma. Un conditionnement naturel. C’est là que l’idée d’ANTICORPS m’est venue.

Brusquement, il s’esclaffa.

- Mais le coup du bouclier, à Bagdad, j’avoue que j’ai été bluffé. Visiblement tu es un élève studieux. Mes discours ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd. Mais je n’ai pas perdu mon temps, moi non plus.

Le calme de Vladinov commençait à être menacé.

- Tu as construit La Flèche, le satellite, celui que tu évoquais à chaque fois et qui nous faisait tous fantasmer ?

Slot fut tout sourire.

- Comment crois-tu que mon agent soit entré si facilement dans ton repaire ? Mais c’est là la moindre des révélations que j’ai à te faire. Crois-moi.

Mes fidèles associés ont tous deux bénéficié de la chirurgie eux aussi et d’un total reconditionnement afin de servir mes nouveaux desseins. A leur insu, bien entendu. D’anciens terroristes luttant contre de nouveaux terroristes. Oui, c’est ironique, mais tellement efficace. Chaque jour, je loue l’inspiration qui m’a été donnée. Car si je t’ai révélé tous mes secrets, ce n’est pas parce que je vais te tuer. Tu n’es pas ici pour être torturé, ni même interrogé. Nous ne t’avons pas poursuivi dans un esprit de justice ou de vengeance. Non, c’est beaucoup mieux que cela. Tu es ici pour être des nôtres, à ton tour, converti comme l’ont été tous les membres de cette organisation.

Le visage de Sergeï Vladinov s’empourpra. Son calme vola en éclats. Il fit basculer sa chaise contre la vitre et pressa son visage contre le verre en hurlant :

- Il vous a manipulé ! Vous êtes tous des terroristes comme moi ! Il veut me laver le cerveau comme il vous l’a fait ! Sortez-moi de là ! Réveillez-vous !

Bien entendu la pièce était insonorisée.

- Je sais pas ce que lui dit le patron, mais ça n’a pas l’air de le rendre heureux, observa Dan Douglas, pour le moins amusé.

Il servit une coupe de champagne à son équipier.

- Tu crois qu’il nous demande de l’aide ?

Kurt Stetson se fendit d’un sourire.

- Non, je crois qu’il a juste très envie de pisser !

Ils s’esclaffèrent en faisant tinter le cristal.

En les voyant s’amuser de la sorte, Sergeï Vladinov sut que c’était peine perdue. Il était fait comme un rat.

Jürgen Slot dit « Le Cerveau » regarda ses hommes avec fierté. Il leur adressa un large sourire. Ils avaient vraiment tous fait du bon boulot. Il reporta son attention sur le terroriste en proie à la plus intense panique.

- Si ça peut te rassurer, Sergeï, bientôt tu auras tout oublier, toi aussi. Et tu me souriras, comme eux en ce moment. Bienvenue dans la crème de l’action anti-terroriste, bienvenue à ANTICORPS. Tes capacités vont nous être très utiles. Tu répondras désormais au nom de « La Main ».

Deux hommes entrèrent dans le bureau. L’un d’eux était armé d’une seringue.

Slot haussa les épaules.

- J’avais promis à Dan une jolie partenaire. Il va être très déçu.

Slot souleva le couvercle du pommeau de sa canne.

- Enfin, pas vraiment.

Il pressa le bouton jusque-là dissimulé et observa Dan Douglas et Kurt Stetson perdre connaissance simultanément. D’autres agents vinrent s’occuper d’eux. Il était temps de les reconfigurer eux aussi. Pour le bien-être de l’organisation. Pour le bien-être du monde libre.

 

Anticorps : Molécules de défense de l'organisme, protéines (immunoglobulines) fabriquées par les lymphocytes (globules blancs du sang), en réponse à la présence d'un corps étranger, l'antigène.

 

 

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lundi, 08 février 2016

The Best of Spectre [Cinéma/Vidéos]

Je ne reviendrai pas sur ma déception vis à vis de Spectre, le dernier Bond, mais je suis heureux de valoriser ce qui à mes yeux constitue le meilleur du film, oui bien peu en regard de sa durée, mais bon on se console comme on peut.

Un gros merci à Elo pour les liens !

Elégance, mystère et esthétisme à tomber pour ces deux séquences...au tout début du film. Si seulement l'oeuvre entière avait bénéficié de toutes ces qualités. Snif !

Si le générique complet ci-dessus n'est plus accessible  il faudra synchroniser le clip avec la vidéo ci-dessous :


 

 

 

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samedi, 22 août 2015

Mission Impossible III [Cinéma/Critiques]

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Après un Mission Impossible II pour le moins fou fou, qui en dépit de bonnes idées (Ah, l'utilisation des masques !!!) avait troqué l'identité forte de la série contre l'esthétisme de son réalisateur John Woo (pigeons + ralentis + fusillades + ralentis + triangle amoureux + ralentis), ce troisième opus avait pour mission de resserrer sérieusement les boulons (dixit Brassel).

Afin de ne pas réitérer l'erreur, il fallait donc retrouver un metteur en scène inventif, mais dont l'approche s'inscrirait parfaitement dans le ton de la série, la renouvelant sans la trahir.

J.J. Abrams (Super 8) semblait tout désigné. Connu et reconnu grâce à la série Alias (Tarantino lui-même y a tenu un rôle pour affirmer son statut de fan) le cinéaste et son travail ont vite séduit Tom Cruise et on comprend pourquoi d'autant que JJ ne va pas démentir sa réputation par la suite, bien au contraire, poursuivant une carrière très prolifique (qui a dit Starwars 7 ?)

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Impossible de parler de MI3 sans parler du début. Ca parait banal de dire ça, mais l'intro est un tel climax à elle seule qu'il n'y a que quand on l'a vu qu'on peut comprendre son statut de scène culte qui envoie dès les premières minutes du gros pâté question tension et interprétation comme on en a rarement vu dans un film de cet acabit. Tom Cruise (Oblivion, Jack Reacher, Edge of Tomorrow, MI Rogue Nation) est au sommet de son jeu dramatique avec une palette de nuances qui rappelle, au-delà de sa fidélité aux gros films de genre, qu'il peut vraiment tout jouer. Philip Seymour Offman, face à lui, (hélas décédé) est terrifiant en tortionnaire impassible, alors qu'on ne sait encore rien de lui. De ce fait, il n'a rien à envier à un méchant de James Bond. La qualité de cet épisode lui doit beaucoup et cette confrontation pose des bases d'ores-et-déjà très solides pour la suite. On se dit alors en frissonnant que JJ a tout compris et que ça promet. Au-delà de nos espérances.

Et le reste ne fera que nous conforter dans cette idée. De la mission de sauvetage musclée à Berlin à la conclusion effrénée à Shangaï en passant par le kidnapping rusé à Rome, l'interrogatoire dans l'avion, la fusillade anthologique sur le pont ou encore une séquence surprenante dans les locaux de la FMI, c'est une véritable montagne russe de sensations, d'adrénaline que nous délivre le réalisateur. On est littéralement scotché aux basques de Ethan Hunt qui court autant pour sauver sa peau que celle des autres, tout en traquant un homme et un objet aussi mystérieux que menaçant.

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Mais Ethan n'est plus seul cette fois. Là où le second opus avait clairement fait l'impasse sur le travail d'équipe et fait de Hunt une tête brûlée solitaire, dans MI3, les partenaires et leurs spécialités sont de nouveau à l'ordre du jour. De nouveaux visages et caractères auxquels on s'attache facilement avec le retour de Luther (Ving Rhames est le seul acteur avec Cruise qui figure dans tous les opus) et sa plaisante bonhommie. Ses échanges avec Hunt font d'ailleurs mouche et apportent un humour rafraichissant tout comme la présence de Simon Pegg qui prendra lui aussi racine dans la saga à partir de là.

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JJ aime ses acteurs et ceux qui connaissent bien sa filmo remarqueront des têtes connues. Keri Russell (La Planète des Singes : L'Affrontement) devient l'agent Lindsey Ferris, entraînée par Hunt lui-même et Greg Grundberg (Alias, Hollow Man) fait une apparition amusante lors de la fête.

Michelle Monaghan (Source Code, True Detective), alias Mme Hunt, est parfaite dans le rôle de l'épouse modèle qui va apprendre, malgré elle la véritable carrière de l'homme de sa vie et Laurence Fishburne (Predators, Man Of Steel) à nouveau très charismatique dans la peau cette fois du patron taciturne de la FMI. On apprécie également la prestation de Billy Crudup (Watchmen) dans le rôle de l'arrondisseur d'angles.

Sans oublier le travail du compositeur attitré de JJ, Michael Giacchino (Les Indestructibles, Super 8, A La Poursuite de Demain), qui avec son savant mélange de cordes et de cuivres tisse une ambiance tour à tour tendue et dynamique à souhait.

En jonglant très habilement avec les fondamentaux de la série, des nouveautés indispensables et son propre référentiel, en mariant intimement spectaculaire et émotion, en conjuguant légèreté et tension viscérale, JJ Abrams fait plus que réhabiliter la série, il sublime le blockbuster, lui redonne ses lettres de noblesse, mettant la barre tellement haut que Protocole Fantôme échouera quelques années après en tentant de se mettre à niveau. 

A noter que Keri Russell et Jonathan Rhys-Meyers partageaient l'affiche deux ans plus tard dans August Rush (2008).

 

Pour découvrir Philip Seymour Hoffman et Tom Cruise dans des rôles inédits :

Le Meilleur de Tous.jpg

 

 

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mardi, 18 août 2015

Mission Impossible : Rogue Nation [Cinéma/Critiques]

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Anciens et nouveaux partenaires : à situation extrême, mesures extrêmes.

Après un Protocole Fantôme un peu bancal, on espérait que la saga Mission Impossible retrouverait un équilibre digne du troisième opus. Alors Mission Accomplie ?

Après avoir fait l'erreur de ne pas confier le scénario à Brad Bird sur l'épisode précédent, les producteurs (dont fait partie Tom Cruise) semblent avoir retenu la leçon puisque cette fois le réalisateur est également auteur du script. Déjà un excellent point de départ. Surtout quand on détaille la filmo du bonhomme.

Christopher McQuarrie n'est pas un inconnu. Au départ scénariste, on lui doit rien moins que Usual Suspects, Valkyrie, Jack Reacher et Edge of Tomorrow.  Il se trouve que ce sont tous d'excellents films et que les trois derniers ont pour acteur principal Tom Cruise (Oblivion). Les deux hommes se connaissent donc bien et au fil des ans Christopher s'est rôdé parfaitement derrière la caméra. Il était donc inévitable et même souhaitable que de leur fructueuse association naisse un projet de l'ampleur de ce Rogue Nation.

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S'il y a une poursuite à motos, on est loin des cascades WTF de Mission Impossible 2. On apprécie ! S'il y a toujours quelques gadgets dernier cri le ton est redevenu plus réaliste. D'autant plus réaliste que Tom Cruise, tel notre bébel national, continue de réaliser les cascades les plus folles.

Une deuxième priorité était de retrouver un équilibre des ingrédients ainsi qu'une tension quasi-permanente ponctuée de morceaux de bravoure en proportion raisonnable. Et bien bonne nouvelle, c'est le cas. L'action est hautement immersive grâce à une mise en scène soignée (McQuarrie rappelle qu'un silence bien placé dans un film d'action peut avoir un effet plus monstrueux qu'une série d'explosions) et le scénario nous passionne grâce un doute permanent qui plane sur les intentions et destinées des protagonistes. Un peu comme si les qualités de tous les épisodes précédents avaient été réunies dans un seul film.

Sans avoir l'importance qu'elle a dans un James Bond, la présence du méchant dans un MI n'est tout de même pas à négliger. Dans Protocole Fantôme, il était pourtant aussi transparent qu'un spectre. Sans égaler le personnage de Seymour Hoffman dans MI3, le bad guy de Rogue nation est bien plus charismatique et valorisé que dans le précédent opus.

Dernière erreur à corriger : une tueuse pas très convaincante (Léa Seydoux dans Protocole Fantôme). Ici, Rebecca Ferguson (Hercule) joue sur les deux tableaux, jouant du même coup au chat et à la souris avec Ethan Hunt. L'actrice, inconnue jusqu'alors ou presque, va sans doute grâce à ce rôle, s'attirer les bonnes grâce d'Hollywood car elle crève l'écran comme Paula Patton avant elle. Rivale et équivalente de Tom Cruise, elle est très présente dans le film, brouillant les pistes, se battant comme une tigresse, aux poings, à l'arme à feu ou à l'arme blanche et se permettant même le luxe de sauver le sauveur, donnant un aspect résolument féministe à la série. Mais cela ne l'empêche pas de sortir de la piscine, de tomber le haut et de montrer ses jambes comme la première des pin-ups.

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Tom Cruise finira bien par laisser la place un jour. James Bond est devenu blond aux yeux bleus. Et si Ethan Hunt devenait une femme ? Grâce à Rebecca Fergusson, on a un aperçu de ce que pourrait donner un film d'espionnage de cette trempe au féminin, chose encore trop rare au cinéma en dépit de réussites comme Au Revoir à Jamais et Piégée.

Mission donc Accomplie pour Rogue Nation, qui marche clairement sur les plate-bandes du Skyfall de James Bond, lequel avec Spectre, va sans doute se faire un devoir de nous rappeler (ou pas !) qui est le patron en matière d'espionnage. Personnellement j'adore les deux sagas et je me félicite de les voir exister toutes les deux. En tous cas l'occasion pour Léa Seydoux, qui joue cette fois une James Bond Girl, de nous faire oublier sa décevante prestation dans MI4.

 

 

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vendredi, 01 mars 2013

Salt [Cinéma/Critiques]

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En dirigeant Salt, Phillip Noyce, le réalisateur de Jeux de Guerre (avec Harrison Ford), retrouvait le thriller d'espionnage avec cette fois Angelina Jolie (Wanted, Maléfique) dans le premier rôle, à savoir celui d'un agent de la CIA. Mais là s'arrête les points communs.

Avec Salt, l'aspect politique est clairement relégué au second plan. La force du film est concentrée dans les multiples rebondissements et l'action en adéquation. Malgré quelques facilités, le scénario de Kurt Wimmer (réalisateur du mémorable Equilibrium) nous tient en haleine du début à la fin, avec une Angelina Jolie très investie, parfaitement calibrée pour ce personnage dont on ne dira rien pour préserver les nombreuses surprises. A ses côtés, on apprécie aussi la présence du charismatique et imposant Liev Shreiber (Sphere) avec lequel elle forme un tandem attachant.

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Si vous ne savez rien de ce film, je ne saurais trop vous conseiller de ne pas visionner la moindre bande-annonce qui, si elle pourrait vous appâter, vous ôtera dans le même temps la première - et pas des moindres - grosse surprise de l'intrigue.

Le final, très ouvert, nous fait voir le film comme un pilote de série de luxe avec en prime un ultime cliffhanger qui finit de nous convaincre que Salt est décidément l'un des meilleurs films de Angelina Jolie de même qu'une référence dans le genre.

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Pour son prochain rôle, cette femme va jouer la cruelle fée de la Belle au Bois Dormant. Merci, c'est déjà fait !

22 secondes pour Mourir

Si le film est incontestablement une réussite on ne peut vraiment pas en dire autant de l'avant-première qui avait eu lieu au Grand Rex à Paris en août 2010.

Une première pour moi. Très fan de l'actrice à cette époque, je venais d'écrire une nouvelle parodique en son honneur (Angelina Jolie & moi) et par un heureux hasard je découvrais sur le net cet évènement qui avait lieu prochainement. Imaginez donc mon enthousiasme (remplacez Angelina Jolie par une célébrité que vous affectionnez c'est mieux pour l'identification) lorsque je réalisai que j'allais pouvoir rencontrer de près ou de loin mon idole et peut-être lui remettre une copie de mon manuscrit traduit en partie quoique très approximativement (merci quand même Reverso).

N'habitant pas la capitale et y venant rarement, je prépare bien mon voyage afin de profiter au mieux de cette occasion inespérée.

J'arrive assez en avance ce qui me permet de ne pas attendre trop longtemps malgré une queue évidemment très conséquente. Mais ça se retourne un peu contre moi. J'attends facilement trois quarts d'heure sur mon siège du balcon auquel va bientôt se rajouter une bonne heure de retard de la star.

Pas grave, après tout je suis au Grand Rex, quoi, pas le petit ciné de province. Ils doivent mettre le paquet sur l'animation surtout un jour pareil avec une salle aussi grande et aussi bondée, avec le plein de VIP et de journalistes et...écourtons le suspens, on a eu droit en tout et pour tout à la même bande annonce de Salt en boucle et quelques infos très concises pour ne pas nous encourager à quitter la salle. Oui le Grand Rex à Paris c'est ça ! 

Après une attente interminable donc, la belle arrive enfin. Malgré son retard elle prend quand même le temps de répondre à quelques interviews que l'on regarde sur le grand écran avec un sentiment partagé de joie et de grosse frustration. Mais après tout, si c'est le prix à payer pour partager des moments privilégiés, pourquoi pas ?

Elle entre, enfin, on sourit un peu malgré tout car on désespérait de la voir et on commence à respirer de nouveau. Le meilleur va pouvoir commencer, forcément, puisqu'on vient de vivre le pire.

Bah non, en fait. Le pire est à venir. Car le pire n'est jamais décevant (dixit Bernard Tapis dans "Hommes, Femmes mode d'emploi" de Lelouch)

Elle balance trois phrases clichées à mort, comme une machine bien programmée :

- J'aime la France, j'aime Paris (bah heureusement parce que quand t'aimes ni le pays, ni la ville, qu'est-ce que ça doit être le retard ? Une semaine ???)

- On a travaillé très dur sur ce film (j'ose espérer que t'as bossé le film plus que le discours !)

- J'espère que vous l'aimerez (une chance car si on comptait sur toi pour justifier le déplacement, on serait vraiment les rois des cons !!!)

Après cette très éloquente introduction, les lumières s'éteignent et le spectacle commence. Je digère difficilement cette présentation pour le moins expédiée en me disant qu'après tout vu le retard c'est normal et qu'on se rattrapera à la fin du film avec un questions-réponses digne de ce nom, la moindre des choses en somme.

Le film est tellement bien que j'oublie vite ce malencontreux épisode et je me réjouis de nouveau quand les lumières s'allument. On attend tous, un peu fébriles, de voir réapparaître la star prête à répondre à toutes les questions qui nous brûlent les lèvres (pas aussi charnues que les siennes ok !) On attend un peu, beaucoup, passionnément, à la folie...et il ne se passe rien du tout. J'observe atterré les VIP déserter le rez-de-chaussée et c'est alors que je comprends que le merveilleux épilogue qu'on espérait tous avoir n'aura jamais lieu. C'est fini. Le rêve est terminé, il est grand temps de se réveiller.

Je sors de la salle en piteux état, l'esprit embrumé, le corps flageolant. D'habitude on ressent ça quand on est amoureux. J'apprends à mes dépends que ça arrive aussi lorsqu'on vit une grosse désillusion (je vous rassure, j'en ai connu des plus dramatiques !) Je trouve quand même la force de demander des comptes à un employé. Il m'explique qu'elle est partie il y a longtemps. Elle était tellement en retard qu'elle n'a pas pu rester et s'est sauvée rapidement après le début de la projection.

Je viens d'apprendre sur le net (par un spectateur aussi chanceux que moi) que son speech bateau avait durée 22 secondes. Je me sens volé, floué, arnaqué, escroqué, trahi, trompé,... C'est qu'une place de ciné au Grand Rex pour une avant-première + le métro + l'aller-retour Tours- Paris en train = c'est pas donné surtout quand on marche pas sur l'or. Quant à l'espoir...je vous raconte pas ce qu'il m'a coûté, ce serait indécent !

Je vois un spectateur interviewé. Il a pas l'air mécontent. A cette époque je subis encore sans broncher les affres de la vie. Si cela arrivait aujourd'hui je me ruerais sans hésiter sur le micro pour révéler au monde entier cette supercherie :

Un retard d'une heure sans la moindre excuse à la salle remplie + aucune animation pour nous faire patienter (à Tours on a dix fois mieux) + speach bateau de 22 secondes donc + pas d'échanges avec l'actrice puisque à cause du retard et bah on file comme une voleuse en plein film donc double punition pour le public qui lui a été exemplaire = merci bien plus d'avant-première à Paris pour moi et encore moins au Grand Rex autant dire que je ne suis pas près d'y remettre ni les pieds, ni la bourse d'ailleurs ! Quand on a aussi peu d'estime et de respect pour le public (les fans ?) on annonce pas sa venue en fanfare, on reste chez soi, on s'occupe de sa famille, de ses enfants, de son Brad Pitt (au hasard !). Des avant-premières, aux quatre coins du monde, ça doit user, je vais pas dire le contraire, mais bon y a pire comme quotidien et surtout chaque public est unique. Je dirais même plus que chaque personne dans le public est unique. C'est une responsabilité, ça c'est un fait. Car oui les fans sont des êtres humains. Quoi, t'avais oublié, Angie ? Bah pas nous !

Avec le recul évidemment, on est plus philosophe. Car finalement cette expérience m'aura appris une chose : il ne faut rien attendre d'une star aussi populaire, qu'elle s'appelle Angelina Jolie ou Bernadette Michot (au hasard aussi !). Une actrice se doit effectivement de travailler dur sur un film, pour le reste ça ne nous regarde pas, en tout cas, moi, ça ne me regarde plus.

Docteur, je suis guéri ? Merci. Combien je vous dois ? Me dites pas 22 euros ou je gerbe sur votre canapé !



 

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samedi, 27 octobre 2012

Skyfall [Cinéma/Critiques]

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Après un reboot qui a marqué les esprits (Casino Royale) et un épisode très pêchu à défaut d'être indispensable (Quantum of Solace), Daniel Craig revient pour la troisième fois dans le smoking du plus célèbre agent secret.

James Bond 007 fêtant cette année son 50ème anniversaire, on pouvait se demander si cela affecterait le contenu de ce nouvel opus. La réponse est un grand OUI, mais bien plus encore qu'on était en droit de l'imaginer.

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Nouvelle venue dans l'univers Bond, Eve (Naomie Harris) fait une entrée remarquée, au-delà de ce qu'elle aurait souhaité !

Si le prologue qui ouvre le film amène déjà un rebondissement appréciable, le fait est que Skyfall est truffé de surprises de tailles et de formes variées, allant de clins d'oeil jouissifs aux anciens épisodes (parfois gentiment moqueurs) jusqu'à un épilogue qui annonce clairement un gros revirement dans la forme et le fond de la saga.

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Bérénice Marlohe interprète l'énigmatique Séverine, l'autre James Bond Girl du film. L'actrice avait réussi à décrocher ce rôle très convoité grâce à une candidature aussi spontanée que motivée. On regrette d'autant plus son court temps de présence à l'écran.

Difficile d'ailleurs de parler de ce qui fait le sel de cette oeuvre sans trop en dévoiler. Et comme c'est pas le genre de la maison de balancer, je me contenterais de vous inciter vivement à payer votre ticket, vous ne regretterez ni votre votre investissement, ni votre déplacement. Sachez seulement que les héros que nous connaissons vont être malmenés comme jamais par un méchant des plus mémorables.

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On l'a souvent dit : on juge la qualité d'un héros à son ennemi, une règle d'or pour les producteurs de James Bond. Javier Bardem incarne Silva, l'un des plus inquiétants méchants de toute la saga. Son face à face avec Daniel Craig (Cowboys et Envahisseurs) fait son effet ! D'une seule réplique, Bond en profite d'ailleurs pour moderniser sa sexualité.

Que vous soyez donc fans de la première heure ou cinéphile en quête d'un solide thriller, vous serez contentés par l'action et l'émotion offertes par ce 23ème chapitre, d'une audace revigorante puisqu'il réussit le pari de casser les codes de la franchise tout en les brassant allègrement. Un retour aux sources bienvenu, alliant nostalgie et modernité.

Certains pourront regretter le scénario bulldozer qui, à l'image de son héros, bouscule violemment son environnement. Mais c'est un parti pris qu'il vaut mieux accepter pour profiter pleinement du généreux fan-service et de la nouvelle orientation choisie. Notons quand même quelques choix maladroits privilégiant l'effet de style à la crédibilité (l'intervention tardif des renforts sur l'île principalement).

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Nouveau également dans l'univers, Ben Wishaw (Le Parfum, Bright Star, Cloud Atlas) apporte une fraîcheur bienvenue et permet d'ironiser à loisir sur le fossé des générations.

Il faut aussi ajouter que le réalisateur n'est autre que Sam Mendes, un homme habitué à varier les genres avec une efficacité égale (American Beauty, Les Sentiers de la Perdition, Les Noces Rebelles, excusez du peu !) à l'instar de Marc Foster (Neverland, Stay, L'Incroyable Destin de Harold Crick) son prédécesseur. Comme prochain metteur en scène, je verrais d'ailleurs assez le tout aussi talentueux et éclectique James Mangold (Copland, Identity, Night and Day). Et vous ?

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Les évènements vont inévitablement rapprocher M et 007 et déterrer brutalement leur passé respectif.

En tous les cas, je te souhaite un Joyeux Anniversaire James Bond et merci pour ce somptueux cadeau grâce auquel on comprend facilement pourquoi tu as si bien vieilli !

Je me réjouissais beaucoup de la présence d'Adele au générique de Skyfall, mais j'avoue être très déçu du résultat. Une composition plutôt fade qui manque cruellement de personnalité malgré la voix de la diva. 

 

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samedi, 29 septembre 2012

James Bond 007 : Cold Blood

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Dans l'Antarctique, des activités suspectes attirent l'attention du MI6. M envoie Bond enquêter pour connaître la nature exacte des entreprises d'un certain Glassgown. Ce mystérieux milliardaire est connu pour avoir financé des expériences douteuses sur la cryogénie. En plus de cette importante mission, M charge Bond de tester sur le terrain un nouvel agent, la sulfureuse Jill Bell, qui ambitionne de devenir elle aussi un double zéro. Après bien des péripéties, les deux espions rentrent victorieux de cette périlleuse opération et s'apprêtent à faire leur compte-rendu à M. dans une base secrète britannique annexée à l'agence.

Bond entra dans le bâtiment. Les quatre agents de sécurité le saluèrent. Bond ne leur adressa pas même un regard. L’un des hommes posa une main sur son épaule et sourit :
- Cette mission ne vous a pas rendu plus chaleureux !
Il allait rire, mais s’interrompit aussitôt.
Bond le fixait avec une détermination qui faisait froid dans le dos.
- Où est M ?
Son interlocuteur allait répondre lorsque quelque chose l’alerta. Il adressa un signe discret à ses collègues. Bond donna un coup de tête au plaisantin. Deux autres se jetèrent sur lui pour le neutraliser. Il cassa un bras sous son étreinte d’acier, plia une jambe sous sa semelle et pour finir plaça une méchante manchette dans le larynx du dernier. Les quatre hommes au sol, il continua son chemin tel un robot.

M discutait avec une grande rousse athlétique.
- Content que vous reveniez tous les deux en un seul morceau, en tout cas. Mais il demeure néanmoins un point d'interrogation : qu'est-il arrivé à Bond durant ces trois jours où vous avez été séparés ? Je n'ai encore aucune explication de sa part depuis son retour au pays. Rien. Silence radio.
La femme allait répondre lorsque trois hommes armés entrèrent brusquement dans la pièce.
M se leva. Elle sentit immédiatement que quelque chose de grave se passait. Ordinairement, on ne rentrait pas dans son bureau sans suivre un certain protocole, même en cas d’urgence.
Son visage se crispa et pour autant elle conserva le sang-froid qui la caractérisait :
- Straub, que se passe-t-il ? Nous sommes en alerte ?
- Maximum, madame. Bond a neutralisé trois de mes hommes et en a tué un quatrième. On ignore encore pourquoi. Tout ce qu’on sait c’est qu’il vous cherche.
M dévisagea l’agent. Elle savait ce qu’il s’apprêtait à dire.
- Il veut vous tuer.
Elle allait répondre quelque chose lorsque Straub posa une main sur son oreillette.
« Evacuez M immédiatement. Bond veut la tuer ! Je répète : Bond est passé dans le camp ennemi. Devons-nous tirer à vue ? »
M scruta les traits de Straub. Elle devina assez bien le contenu de l’appel. Elle soupira :
- Prenez-le vivant ; dans la mesure du possible.
Les couloirs de la base ressemblaient désormais à une fourmilière dans laquelle on aurait donné un bon coup de pied. Et ce coup de pied avait un nom.
Bond se savait recherché, mais cela ne changeait en rien sa mission. Le bureau de M était à cinq cent mètres en ligne droite. Ils penseraient qu’il ne serait pas assez fou pour tenter de l’atteindre par cette trajectoire. Et quand bien même, il était trop précieux pour qu’ils se permettent de l’abattre comme un vulgaire malfrat. Ce n’était plus comme au début. Il avait fait ses preuves. Ils le voulaient vivant car ce qu’il s’apprêtait à faire défiait leur raison. M exigerait des explications et par cette volonté même, elle signait son arrêt de mort.
Bond plissa les yeux pour se concentrer. Des silhouettes en profitèrent pour prendre position tout autour de lui, derrière des colonnes et des meubles.
Il s’élança sans crier gare. Aussitôt les armes automatiques parlèrent. Une balle lui troua l’épaule. Il n’interrompit pas sa course pour autant. Un garde se plaça devant lui pour mieux l’ajuster. Bond se laissa glisser au sol. Le parquet ciré lui donna l’élan idéal. Il faucha l’homme comme une quille et récupéra son arme au passage. Si un homme armé en valait deux, un homme armé tel que lui en valait sans doute dix.
Les corps commencèrent à tomber autour de l’espion. Son chargeur vide tomba sur le sol en même temps qu’un énième garde mortellement touché.

Dans le bureau de M, l’agitation était d’ordre psychologique, mais elle était tout aussi tangible.
Le front de Straub scintillait. Il secouait nerveusement la tête en recevant des nouvelles de plus en plus inquiétantes. M l’interrogea du regard.
- Bond est en train de passer la sécurité. Il n’est plus qu’à cent mètres d’ici.
La rousse athlétique produisit un 9 mm doté d’un silencieux.
- Je peux l’intercepter, déclara-t-elle avec une étonnante assurance.
M leva une main.
- Non, je vous veux ici. Car je sais qu’il viendra. S’il est venu pour me tuer, alors il arrivera jusqu’à moi. Rien ne peut l’arrêter. Je le connais.

Un sniper retranché derrière un balcon observait le carnage. Bond visait, se déplaçait et tirait avec une méthode qui ne laissait aucune place au hasard. Lui-même, pourtant expert, avait tout le mal du monde à le suivre. Il colla un œil dans la lunette de son fusil et au bout de quelques secondes frissonna de plaisir :
- Enfin !

« J’ai Bond dans ma ligne de mire, mais ça ne durera pas. J’attends vos ordres »
Straub se tourna vers M :
- L’un de mes hommes a une fenêtre de tir. C’est le moment ou jamais.
M soupira à nouveau :
- Dites-lui de se tirer.
Straub la fixa, incrédule :
- Quoi ? Mais…
M le fusilla du regard :
- Dites à votre homme de fuir s’il veut rester en vie !

Foster allait renoncer au feu vert tant attendu et agir de lui-même lorsque Bond le repéra. Ce dernier abattit le dernier garde encore en vie et ce faisant orienta son arme de manière insolite. Le sniper reçut une pluie de douilles brûlantes à la figure. Surpris, aveuglé, il ne vit pas sa cible grimper jusqu’à lui dans un silence terrifiant. Bond lui tordit le cou et s’empara de son arme comme il aurait versé du café dans une tasse. Sans la moindre éclaboussure.

Le front de Straub ruisselait à présent.
- Foster, tu m’entends ? Foster ?
- Laissez tomber, dit M sans s’émouvoir. Bond lui a fait son affaire.
Un coup de feu claqua. La porte du bureau s’ouvrit à la volée. Le temps qu’ils se mettent tous à couvert, l’un des agents de Straub reçut la deuxième balle de Bond en pleine tête.
La rousse athlétique bondit par-dessus le bureau et après avoir boulé au sol referma la porte d’un coup de pied et la maintint fermée. Une balle traversa le panneau, sifflant à quelques centimètres de sa joue. L’espionne posa le canon de son pistolet contre l’orifice encore fumant et tira plusieurs fois.
Foster jeta un siège à travers la seule fenêtre de la pièce, et par extension la seule issue possible.
- M ! Venez ! On a encore le temps de vous évacuer avant qu’il…
L'espionne observa les dimensions du trou de la balle qui l’avait effleurée. Elle évalua rapidement la portée.
- Laissez tomber. Il est juste derrière nous !
Un nouveau tir fit sauter son arme et elle sentit sa main droite comme broyée par la puissance de l’impact. La porte s’ouvrit de nouveau à la volée, lui percutant violemment le crâne. Bond se jeta sur l’homme de main de Straub avant qu’il ait pu le mettre en joue. De la crosse du fusil il écrasa son poignet contre le mur pour le désarmer et sitôt après lui porta un coup mortel à la gorge. Straub tira. Bond se jeta au sol et dans le même mouvement fit feu à son tour. Tirée à bout portant la balle du sniper envoya l’agent à travers la fenêtre comme une simple poupée de chiffon.
M resta aussi digne que possible devant l’approche de sa propre mort. Elle regarda Bond droit dans les yeux tandis qu’il la mettait froidement en joue avec le pistolet de Straub :
- Je déteste me faire doubler. Encore plus par le meilleur de mes agents.
Les yeux bleus de Bond ne cillèrent même pas. Un coup de feu claqua. Bond s’écroula dans les bras de M.
L’espionne se releva en observant l’arme dans sa main gauche.
- Vous avez bien fait de me tanner avec l’ambidextrie.
Puis elle dévisagea M avec une émotion palpable.
- J’espère vous ressembler quand j’aurais votre âge !

M posa le corps inerte de Bond sur la moquette et le contempla avec amertume :
- J'aurais préféré que ce soit quelqu'un de l'autre camp, tout comme vous. Mais le fait est que c'est la deuxième cible que vous abattez en service. Vous savez ce que cela signifie.
L'agent Jill Bell prit une longue inspiration avant de hocher la tête :
- Oui. Je suis désormais un double zéro.

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à suivre

 

 

 

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mardi, 24 juillet 2012

Piégée - Haywire [Cinéma/Critiques]

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Les 5 premières minutes du film diffusées en exclu sur le net avaient fait un effet coup de poing pour beaucoup. Et pour cause...Une nouvelle héroïne d'envergure dans des scènes de combat musclées filmées comme...et bien comme on ne les filme plus justement. Oubliez les montages épileptiques et les plans trop rapprochés, place à l'action, la vraie, celle qui surprend, celle qui nous prend aux tripes !

Chargée d'extraire un dissident chinois, Mallory ainsi que trois autres agents sont envoyés à Barcelone. L'opération bouclée, tout semble devoir en rester là. Sauf que c'est à ce moment là que l'intrigue va subitement se resserrer autour de Mallory de même que plusieurs mains masculines dénuées de tendresse.

https://media.npr.org/assets/img/2012/01/19/m-094_ko_05467_rgb_wide-56d9f590a35e79e4870d4d72e2ca40aa1bcb7237-s800-c85.jpg

Soderbergh est de ces réalisateurs qui aiment relever de nouveaux challenges. Il n'y a qu'à voir le CV (même récent) du bonhomme pour s'en convaincre. Lorsqu'il assiste à un combat de Gina Carano - championne en Mixed Martial Arts - on imagine aisément son coup de foudre, tout du moins professionnel. Mais le fait est qu'il ne faut pas longtemps pour s'apercevoir que Haywire (désastreusement rebaptisé) est un véritable écrin pour la belle Gina qui illumine l'écran du début à la fin. Difficile d'ailleurs de dire ce qui est le plus foudroyant chez elle : son sex-appeal ou son coup de genou ! Mais il est une chose certaine, la voir confrontée à des adversaires qui lui assènent des coups comme à un homme et la regarder répondre avec la même hargne procure une sacrée dose d'adrénaline, de celle que le cinéma nous avait privé depuis bien trop longtemps. Le spectateur ressort littéralement KO de chaque affrontement.

Seul bémol : le choix complètement raté de la BO. Peut-être dans un souci d'hommage, le thème répétitif évoquant les polars des 70' désamorce par sa coolitude l'intensité des course-poursuites et des scènes d'actions.

https://voir.ca/voir-content/uploads/2012/05/haywire.jpg

Mallory va devoir se confronter à tous les intermédiaires pour trouver la véritable source de ses problèmes.

On aurait bien voulu en voir davantage tellement c'est bon, mais il faut être prévenu : Haywire est fait pour se savourer comme un pilote de série de luxe, en cela aussi il peut se rapprocher du mémorable Salt avec Angelina Jolie. La fin est assez explicite quant à l'intention.

En tous les cas, si actuellement l'atmosphère dans les salles est rafraîchissante, gageons que c'est aussi un peu grâce à cette oeuvre. L'actualité étant ce qu'elle est, la tigresse passera sans doute inaperçue, masquée par la chauve-souris et piégée par l'araignée, les deux bébêtes reines du box-office. Raison de plus pour lui faire de la place et de la pub, parce que, elle aussi, elle le vaut bien !

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La Belle...

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...et la Bête !

dimanche, 13 juin 2010

Devoir de Femme [Dessin]

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