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jeudi, 20 septembre 2018

Get Out [Cinéma/Critiques]

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Un Bijou d'Horreur (sur)réaliste

Ca faisait longtemps que je voulais voir ce film méconnu en France et qui a pourtant fait un carton aux states à juste titre. Et je peux dire que je n'ai pas été déçu, il m'a littéralement scotché à mon siège comme le héros sur l'affiche.

L'identification, c'est la clé pour réussi un film et en particulier un film d'horreur. Trop souvent les personnages sont sacrifiés, dévoilant uniquement leur fonction de pions (sacrifiables) pour faire avancer l'intrigue.

Ici, il n'en est rien. On suit Chris Washington, un jeune homme noir et sa copine blanche, Rose (oui c'est important de le préciser) laquelle l'invite pour la première fois chez ses parents. Ses parents qui ne savent pas qu'il est noir à son grand désarroi. Après l'avoir rassuré sur le fait qu'ils n'étaient pas racistes ("ils auraient voté une troisième fois pour Obama"), ils partent donc passer un weekend qui va tourner progressivement au cauchemar.

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Chris peut compter sur Rose pour le défendre des sous-entendus réguliers, mais cela suffira-t-il à le délivrer de son emprisonnement croissant ?

Il faut en premier lieu saluer la performance de Daniel Kaluuya (Black Panther) qui porte en grande partie le film sur ses épaules.

Le tempérament calme, philosophe de son personnage ainsi que son jeu très naturel facilitent l'identification et on est très vite interloqué par tout ce qui lui arrive. Le sentiment d'isolement et de persécution passive est très bien rendu. La manière de Chris d'exprimer son impuissance face à des expériences aussi inattendues qu'éprouvantes est des plus percutantes (quand il pleure la première fois les yeux écarquillés ça fait rudement son effet !)

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L'heure du thé sera aussi l'heure de vérité pour Chris : une tasse et une petite cuillère peuvent faire des dégâts insoupçonnables.

La montée de la tension est remarquable grâce aux autres personnages rencontrés, les parents bien sûr (Catherine Keener en tête), mais aussi les domestiques et le frère de Rose, glaçant à souhait.

Les situations ne cessent de semer le trouble chez Chris comme chez le spectateur et c'est la grande réussite du film. Tout parait plausible et en même temps la mise en scène et les craintes (légitimes) de Chris sèment le doute quant à ce qui est réel, ce qui est purement fantastique ou imaginé, déformé par un sentiment grandissant d'insécurité.

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Le meilleur pote du héros apporte un humour visant à désamorcer un peu l'énorme tension du film, mais cela vire parfois au grand-guignol. Peut-être pour jouer sur un autre niveau de lecture : la farce satirique.

Le film joue tellement bien sur l'aspect psychologique et la finesse de la mise en scène (la scène du bingo redoutable dans son silence) que forcément quand il se décide à jouer sur d'autres aspects plus démonstratifs comme l'humour ou l'action, on a l'impression de ne plus vraiment suivre le même film, de perdre en immersion.

La résolution est clairement moins intéressante que tout ce qui l'amène puisqu'elle retombe dans un classicisme éprouvé. Mais cela n'enlève rien à Get Out et surtout pas sa force première : redéfinir l'horreur dans le monde qui est le nôtre et nous susurrer atrocement à l'oreille : ce n'est pas si improbable que cela puisse arriver.

Au vu de ce qu'on peut lire un peu partout, de toutes façons on le croit sur parole. La fiction a de plus en plus de mal à dépasser l'horreur de la réalité. On le sait. On oublie juste pour se rassurer.

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