mardi, 10 novembre 2015
Fallout 3 & Fallout New Vegas [Jeux Vidéo/Critiques]
BETHESDA : Le Post-apo dans tous ses états (unis) !
Plus fort que la critique version glossaire, la double critique version glossaire. Il fallait bien ça pour fêter la sortie de rien moins que Fallout 4
Je tiens à préciser car cela a son importance, que contrairement à Fallout 3, Fallout New Vegas n'a pas été développé par Bethesda, mais par le studio Obsidian, Bethesda se contentant de l'éditer. Seulement au lieu de bénéficier de 4 ou 5 ans de développement pour parfaire le soft, Obsidian n'a eu droit qu'à seulement 1 an et demi, ce qui peut expliquer en grande partie certaines problématiques que je cite.
Animation : Les fans de Bethesda le savent très bien, s'il y a bien un élément qui au fil des jeux et des licences de l'éditeur peine beaucoup à s'améliorer, c'est bien l'animation des personnages. Dans Fallout 3 et FNV, c'est très évident. Limitée et rigide globalement, elle est particulièrement absente lors des conversations ou apparaissent des gros plans sur les visages sans expression des PNJ et un environnement figé derrière eux. Heureusement cela ne pénalise pas trop l'ambiance grâce au soin apporté aux dialogues et au travail remarquable des doubleurs.
Aptitudes : On les choisit à chaque passage de niveau dans Fallout 3 et un niveau sur deux dans FNV. L'éventail de choix s'allonge progressivement et selon le niveau de nos caractéristiques et compétences, autant dire que l'on ne pourra pas toutes les choisir et c'est tant mieux pour la rejouabilité. Les deux épisodes ont en commun un certain nombre d'aptitudes, d'autres sont spécifiques à chacun. A noter que certaines Aptitudes ne sont pas listées puisque accessibles uniquement en réussissant des quêtes spécifiques (comme le port de l'armure assistée). Les extensions en rajoutent également.
Artisanat (craft) : Dans Fallout 3 il se limite à quelques armes même si elles sont toutes mémorables. Le lance-briquettes est d'ailleurs visible dans le trailer du 4. Dans FNV, c'est l'un des aspects les plus et les mieux exploités. Entre la possibilité de créer chaque type de munition, de créer de nombreux consommables (on peut créer ses propres stimpaks et même des Nuka-Cola !!!) et d'ajouter différents mods aux armes, on peut dire que le joueur est gâté.
Le flambeur, l'une des armes qu'on peut créer dans Fallout 3.
Le fusil d'assaut chinois, une arme difficile à trouver, mais qui prouve son efficacité sur bon nombre d'ennemis. (ici porté avec élégance par Cendrine, personnage crée par Elo, fan depuis peu de l'univers). Certaines armes sont uniques tout comme certaines tenues telle que l'armure de la Fourmenteuse de Fallout 3.
Fawkes, un joyeux compagnon, toujours prêt pour le combat avec sa fidèle gatling laser, mais question discrétion faut oublier ! Il lui arrivera même de se mettre à tirer sur des PNJ importants sans qu'on comprenne pourquoi.
Armes et Munitions : Les trouver, les réparer, les utiliser et les collectionner est l'un des grands plaisirs de Fallout. Avec sa vue FPS depuis le 3, la série a clairement pris des airs de shooter, relativisés grâce à la présence du VATS. A chaque type d'arme correspondra un modèle plus puissant, unique, doté d'un nom amusant, souvent liée à un PNJ. Dans Fallout 3, on se contentera de créer quelques armes uniques à fort potentiel ludique (le lance-briquettes qui tire n'importe quoi, le fusil ferroviaire et son bruitage de locomotive). Certaines extensions (comme Mothership Zeta) ajouteront plusieurs armes futuristes qu'on retrouvera en partie dans FNV (le fusil gauss). Dans FNV on pourra ajouter de nombreux mods aux armes (lunette, silencieux, meilleur chargeur, visée laser...) et même varier les types de munitions en fonction des situations et de la protection des ennemis. On pourra même les créer de toutes pièces dès le départ avec force possibilités là où dans Fallout 3 ce n'est possible qu'avec l'extension The Pitt. La variété des armes dans FNV est d'ailleurs l'un de ses gros points forts puisqu'il additionne les armes du 3 et en propose des nouvelles en grande quantité. En plus des dégâts il ajoute également les dégâts par seconde ce qui peut orienter différemment le choix du joueur. Les prix en magasin pour les acquérir sont exorbitants, au moins ça change. On notera la possibilité de faire exploser les carcasses des véhicules de manière stratégique pour créer des explosions vraiment impressionnantes en plus d'éliminer des adversaires nombreux et/ou coriaces. Mais gare aux radiations résiduelles !
Un bon Griffemort est un Griffemort...mort ! Dans Fallout 3 cette espèce porte le nom moins poétique d'écorcheur, mais elle est tout aussi redoutable. On frissonne à la seule vue de leur silhouette : leurs attaques sont aussi fulgurantes que mortelles. On les connaîtra de nouveau sous le nom de Griffemorts dans Fallout New Vegas, épisode dans lequel ils sont particulièrement bien représentés !
Bestiaire : Les deux jeux ont en commun un certain nombre de créatures telles que les goules (nombreuses dans les égouts et les stations de métro), les rataupes, les radscorpions, les mouches bouffies, les fangeux et les écorcheurs. New Vegas va considérablement le renouveler pour le plus grand malheur des joueurs avec les maudits Cazadors et leurs piqures, des super mutants (bleus) accros au Stealth Boy baptisés Nocturnes, les crocs (des coyotes croisés avec des crotales), différentes espèces de Gekkos.... A noter qu'à cause de la répartition des plus dangereuses créatures (Les Cazadors et les Griffemorts) et de sa topographie très contraignante, New Vegas réduit grandement dès le départ les possibilités d'exploration, à la manière d'un MMO. Les joueurs adeptes de la chasse prendront beaucoup de plaisir dans NV à exterminer les mâles Alpha et autres spécimens légendaires. De son côté Fallout 3 vous laissera des souvenirs de guerre marquants avec ses Behemoth (super-mutants géants) et son bestiaire qui s'enrichit progressivement au gré de votre progression dans le scénario (les activités de l'Enclave) au point de mêler les diverses créatures et factions lors d'escarmouches fréquentes pour le moins épiques. Ces rencontres aléatoires - aussi simples soient-elle dans leur mécanique et leurs aboutissants - n'en sont pas moins très efficaces pour ce qui est d'animer constamment le monde et de relancer l'intérêt du joueur. Des open world beaucoup plus récents auraient dû s'inspirer d'un tel système.
Bugs : J'aurais aimé ne pas faire figurer ce terme haï des joueurs dans les caractéristiques, mais c'est un fait que les Fallout, et d'une manière plus générale les jeux Bethesda, sont de véritables nids à Bugs. L'utilisation d'un moteur maison peu gourmand et normalement maîtrisé n'a visiblement pas réussi à limiter la casse. Entre les bugs de collision, les bugs d'affichage, les quêtes buggées et les freezes, sans oublier les sauvegardes corrompues à cause de l'installation des extensions, c'est un véritable festival du bug auquel nous convie Bethesda. L'installation du jeu sur le disque dur de la console ne change malheureusement rien au problème. Dire qu'il faut être un passionné au dernier degré de cet univers pour supporter tout ça n'est pas exagéré.
Choix et Karma : Logique de les retrouver puisque la liberté est la marque de fabrique de la série. Un certain nombre de quêtes peuvent se résoudre de plusieurs façons, selon nos préférences et/ou nos points forts, avec plus ou moins de chances lorsqu'il s'agit d'un pourcentage. Le karma, mauvais, bon ou neutre représente notre philosophie, et cela impactera plusieurs choses comme le comportement de certains PNJ et la nature des Compagnons qui pourront nous suivre. Il est décomposé en plusieurs grades que l'extension Brokensteel via des Aptitudes spécifiques permettra de complètement inverser (oui, un gros tue-RP). On pourra même jusqu'à détruire une ville et ses habitants dans Fallout 3. Dans FNV, le système de réputation avec les différentes factions (et l'utilité de la tenue associée à chacune) ainsi que la possibilité de choisir clairement son camp ajoute une vraie profondeur Roleplay qui manquait à son prédécesseur. On notera que le fait de voler des objets à une faction, quel qu'elle soit, nous vaudra invariablement de perdre des points de Karma. Les deux épisodes comportent des fins alternatives liés à certains de nos choix et à l'état de notre karma. Rien de transcendant, hélas.
Compagnons : Ceux de Fallout 3 ont laissé une empreinte indélébile pour nombre de joueurs, que ce soit le chien Canigou (référence direct à Mad Max 2) ou Fawkes et sa répartie. (Si vous êtes fan du mutant je ne saurais trop vous conseiller ma série Johnny Behemoth). Dans FNV, ils compensent leur caractère moins iconique par un background plus développé, un éventail d'interactions plus large et précis et par des compétences uniques qui peuvent s'ajouter aux nôtres. A noter que l'on peut cumuler deux compagnons, par exemple un chien + un compagnon humanoïde ou un robot + un humanoïde. Dans Fallout 3, le chien Canigou est assez vulnérable, mais s'il meurt vous pouvez en retrouver un via l'une des extensions.
Compétences : On les augmente à chaque changement de niveau. Une dizaine de point à répartir. L'Aptitude Education permet d'en gagner un peu plus. Les compétences n'augmentent pas selon la fréquence de leur utilisation contrairement à Skyrim, mais uniquement selon le choix du joueur. Certaines seront sollicitées lors des dialogues afin d'obtenir des options et issues plus intéressantes pour les quêtes.
Création du Personnage : identique dans les deux épisodes. Les nombreuses options ne permettent pas hélas de créer un personnage vraiment satisfaisant à cause du moteur graphique très limité. On reste dans le symbolique d'autant que voir son personnage de face requiert une petite manipulation un peu contraignante.
Défis : c'est l'un des nombreux ajouts apporté à la série. Dans FNV, les défis, maintenant bien implantés dans les jeux vidéo toutes catégories, sont de petits objectifs qui consistent à tuer un certain nombre d'ennemis de chaque type, de faire un certain nombre d'actions précises,... Il y en a beaucoup et chacun d'eux aura pour effet de vous donner un bonus permanent à la manière des Compétences.
Expérience : Qui dit RPG, dit forcément Expérience. On gagne des point d'XP en tuant des ennemis, en accomplissant des quêtes, en réussissant certaines actions : le simple fait de désamorcer une mine et neutraliser un piège par exemple ou encore de réussir à convaincre un PNJ. On ne se lasse pas du bruit de tiroir-caisse qui accompagne chaque acquisition de points.
Exploration : C'est le maître-mot de la série. En clair, on peut très bien totalement ignorer la quête principale tant il y a à voir et à faire comme découvrir de nouveaux lieux, rencontrer de nouveaux personnages, en savoir un peu plus sur l'histoire du monde, fouiller le moindre recoin de chaque bâtiment de chaque ruine procure un plaisir qui ne se désamorce pas, en dépit de la redondance du mobilier et de ses intérieurs génériques (un peu comme les donjons d'Oblivion). Pourquoi ? Parce qu'en premier lieu, les objets, quels qu'ils soient, revêtent un intérêt majeur : on peut les collectionner, les revendre contre des capsules ou des items, s'en servir pour créer des armes et les réparer, s'en servir comme munitions (avec le lance-briquettes !). Les développeurs ont même poussé le détail en ajoutant pléthores de notes et de messages, notamment dans les ordinateurs, qui à eux seuls constituent des mini scénarii souvent drôles et pertinents qui contribuent beaucoup à la crédibilité de l'univers en lui façonnant un passé tangible. En prenant le joueur comme témoin de tragédies, d'espoirs brisés, les développeurs réussissent même à insuffler une émotion inattendue. En revanche il faut noter que les plans des bâtiments sont souvent brouillons et nous vaudra quelques heures de déambulation dont on se passerait allègrement faute de pouvoir visualiser correctement les étages et les escaliers sur la map du Pip-Boy. Contrairement à Skyrim, les ennemis ne respawnent pas dans les intérieurs, ce qui enlève l'intérêt d'y revenir si on a tout exploré. La carte locale permet de savoir si l'endroit a été visité entièrement. A noter qu'elle permet aussi de repérer des entrées invisibles autrement (égouts). Certains signaux captés (qu'il faudra activer parfois au préalable) vous guideront également dans des tunnels non signalés.
Sans vouloir nécessairement des véhicules, on pestera aussi de ne pouvoir courir plus rapidement. L'exploration est incontestablement plus jouissive dans le 3 grâce à sa topographie très riche et diversifiée, son design marquant (Megaton, Rivet City, les ruines de DC et ses monuments emblématiques) et sa remarquable profondeur de champ. Dans FNV, les nombreux murs invisibles (certains complètement injustifiés) et les pentes inaccessibles confèrent un aspect résolument plus cloisonné qui ne sied guère à l'esprit du jeu, forçant à des détours pour le moins laborieux. Et les portes barricadées sont un peu trop nombreuses même en prenant en compte la nature de l'univers.
La ville de Novac de Fallout New Vegas comporte outre un secret dans son nom un magasin pour le moins vendeur et de loin.
Extensions : chaque épisode s'est vu complété par plusieurs extensions d'un intérêt très inégal avec en commun de nouveaux équipements, une montée de niveau supplémentaire et malheureusement une recrudescence de bugs qui finit par corrompre les sauvegardes, ce qui personnellement m'a découragé de les réinstaller. On retiendra surtout pour Fallout 3 le fameux Point Lookout qui ajoutait une vaste map dans les marais avec en prime une sympathique mission sur les traces d'un espion chinois. Pour NV, on se souviendra de Honest Hearts pour sa carte très ouverte et son univers tribal. On se souviendra également de Dead Money, mais pour de plus mauvaises raisons, comme d'une véritable torture ludique où chaque pas équivaut à une mort certaine. Les développeurs dans un esprit totalement sadique ont additionné des tas de contraintes et de difficultés souvent simultanément (perte de notre équipement, le collier explosif, le nuage toxique, les Brumeux) avec en point d'orgue un chrono invisible et millimétré pour quitter les lieux sous peine de se faire éclater la tête. L'extension porte bien son nom. Mourir est ce qu'on fera le plus, mais pour pas grand-chose au final vu le poids des lingots.
Un vertiptère de l'Enclave. Dans Fallout 3, ils apparaissent aléatoirement dès qu'on a rejoint la citadelle de la Confrérie de l'Acier. Parfois ils se contentent de vous survoler, d'autres fois ils atterrissent pour déposer des soldats. On apprécie beaucoup cet élément qui, mine de rien, donne beaucoup de vie et d'immersion au jeu. Un véhicule qu'on se contentera d'admirer et/ou de détruire dans Fallout 3, mais qu'on devrait avoir la chance d'utiliser dans Fallout 4.
Factions : NV se la joue plus roleplay à ce niveau puisque non seulement on peut choisir de manière officielle l'allégeance à l'une des factions présentes (Points de Réputation à la clé avec la possibilité à tout moment de retourner sa veste sinon c'est pas drôle !), ce qui attirera naturellement l'inimitié des factions ennemies. Mais outre nos actions, la tenue que l'on porte peut également influencer nos relations et notre approche des différentes communautés. Vous voulez piller un coffre des Poudriers ou traverser une zone contrôlée par la RND en évitant un affrontement ? Habillez-vous comme eux et hop ! Et puis c'est aussi un bon moyen d'endormir la méfiance de l'adversaire pour lui tendre une embuscade. Les deux jeux ont en commun la présence de la Confrérie de l'Acier (mal en point dans New Vegas) et des Raiders. On regrette tout de même dans les deux jeux de ne pouvoir intégrer une faction afin d'y évoluer graduellement comme on peut le faire dans les Elder Scrolls.
Gameplay : La façon de jouer dans Fallout est tellement spécifique qu'elle sera pour beaucoup dans l'appréciation du jeu ou le contraire. En témoigne le système du V.A.T.S. qui, même s'il est optionnel, demeure emblématique de la série. Une vue FPS et à la troisème personne disponibles à tout moment, mais seule la vue subjective s'avère vraiment jouable sur le long terme, l'autre nous permettant surtout d'admirer notre personnage sous toutes les coutures. Le Pip-Boy et ses listes à rallonge, pas de mini-map, mais une boussole sommaire, une visée à l'ancienne, pas de véhicules, pas même de véritables possibilités de courir et de se mettre à couvert, tout cela peut évidemment décourager beaucoup de joueurs. Mais on réalise que ces contraintes sont relativisées par la cohérence qu'elles créent avec l'univers. Les Fallout c'est avant tout des jeux avec une grosse personnalité. Son gameplay pour le moins mutant s'avère finalement très adapté. Au joueur lui-même de s'adapter, s'il en est capable.
Graphismes : Ce n'est clairement pas par ses textures que les deux Fallout peuvent éblouir. Mais grâce à des panoramas très immersifs qui dépeignent à merveille l'ambiance post-apocalyptique, Fallout 3 parvient malgré cela à flatter la rétine avec un travail également remarquable sur les lumières. Les deux jeux offrent un environnement et une ambiance très différentes qui peuvent facilement influencer la préférence des joueurs. Dans Fallout 3, les couleurs sont froides, l'ambiance résolument post-apo avec de nombreuses ruines (dont Washington excusez du peu), les pont-autoroutes emblématiques, des immeubles et usines sur plusieurs étages et un vaste réseau de tunnels. Dans New Vegas, les couleurs sont chaudes, les environnements sont plus désertiques, l'ambiance plus far-west. Mais il peine beaucoup plus à convaincre malgré quelques bonnes idées de décor (les statues géantes de l'Avant-poste du Mojave) et semble être sorti avant le 3 tant le moteur semble vieillot et son emploi avec (nombreux bugs d'affichage des armes sur les tenues).
Karma : cf Choix.
Livres de Compétences : Dans Fallout 3, ils sont assez nombreux et vous font gagner 1 point quand vous les lisez dans diverses compétences. Dasn FNV, il sont beaucoup plus rares, en revanche les magazines sont nombreux, mais leur bonus de compétence est temporaire.
Loot : Bethesda oblige, à l'instar des Elder Scroll, quasiment tous les objets visibles peuvent être manipulés et récupérés. Autant dire que le joueur avide de capsules et/ou collectionneur dans l'âme aura beaucoup mal à résister aux joies du loot compulsif. Une qualité qui a disparu dans Skyrim et qu'on regrette beaucoup : tous les contenants dès lors que vous vous en servez à titre personnel pour y entreposer de l'équipement, classeront automatiquement les objets déposés par catégorie : Armes, Armures, Aides, Divers et Munitions. A savoir que les contenants (bureaux, casiers, armoires, boites en métal, caisses de munitions,...) une fois vidés, le sont définitivement et que ceux marqués en rouge appartiennent à quelqu'un et de ce fait risque d'être réinitialisés. Ne pas oublier que les compagnons peuvent servir de coffre ambulant.
Map : A sa sortie la carte de Fallout 3 a mis tout le monde par terre par sa taille autant que par son intérêt. Si les Terres Désolées constituent le gros du paysage, elles ne se résument pas à des plaines rocailleuses et des forêts dévastées. Le problème viendra de pouvoir se repérer correctement dans DC car Washington est découpée en zones, connectées entre elles par un vaste et complexe réseau souterrain.
Si la carte plus petite de NV n'est pas forcément un défaut à la base, elle le devient hélas lorsqu'on comprend que beaucoup de lieux répertoriés sont anecdotiques et ne présentent aucun intérêt hormis d'enrichir le fast travel. Mais ce n'est pas tout. La carte comprend des zones fermées, reliées entre elles dont il faut trouver les différents accès et ce faisant il n'est pas rare de se retrouver bloquer contre un mur invisible alors qu'on devrait en tout logique pouvoir passer ou de ne pouvoir escalader des pentes et des rochers pourtant à notre portée. Très frustrant. Et dès le début, à peine a-t-on quitté Goodsprings qu'on se retrouve pris en tenaille entre les Cazadors, les Nocturnes et les Griffemorts, les trois espèces les plus mortelles, si bien que le plaisir de l'exploration libre en prend un sérieux coup.
Pip-Boy : A l'instar du VATS, du Vault-boy, du Nuka-cola et des Brahmines, le Pip-Boy est l'un des éléments incontournables et indissociables de la série. Ce gadget s'acquiert à la séquence de l'anniversaire dans Fallout 3 et juste après la création du perso chez le doc dans FNV. Si son affichage austère et ses nombreux onglets et menus déroulants peuvent en effrayer plus d'un au début, il prouve largement son efficacité une fois bien pris en main. On l'actionne en appuyant brièvement sur B (le bouton cher à Bethesda pour les menus du personnage). En pressant plus longuement la touche on active la lumière.
PNJ : C'est l'un des gros attraits de la série car ils sont très nombreux et variés. On peut quasiment parler à tout le monde et la plupart auront des choses très intéressantes à dire sur eux ou sur l'univers sinon des quêtes à nous proposer. Souvent très instables mentalement (et c'est un euphémisme) certains sauront malgré tout nous émouvoir sur leur sort. On apprécie d'ailleurs beaucoup de pouvoir influencer le destin de certains que l'on pourra retrouver plus tard dans un autre contexte. On regrettera que le moteur graphique ne permette pas plus de variété dans les animations et les skins. Dans FNV leurs caractères sont globalement plus développés.
Quêtes Secondaires : Plus nombreuses dans NV, elle sont globalement aussi plus développées. Leur intérêt est très inégal. A noter que certaines quêtes font partie d'une troisième catégorie et qu'elles ne seront pas mentionnées dans votre journal. Pas de repère pour vous orienter, il faudra donc être plus patient pour les accomplir. Dans les deux épisodes on trouve des quêtes qu'on peut répéter à l'infini comme rapporter un certain type d'objets (Plaques d'identification, ferrailles, bombes sucrées, livres d'avant-guerre) afin d'obtenir des items ou des capsules. Dans FNV certaines quêtes secondaires effectuées avec un Compagnon précis accroit l'intérêt de s'associer avec lui (bonus à la clé) en plus d'enrichir son background personnel. Une excellente idée.
Raccourcis : Il fut un temps où les flèches directionnelles avait une utilité très appréciable, surtout dans les RPG de Bethesda. Huit directions, autant d'items auxquels on pouvait facilement accéder selon son choix (quoique les diagonales sont parfois capricieuses). Dans FNV, la flèche du haut a été sacrifiée pour permettre de changer le type de munitions ce qui amène hélas de fréquentes maladresses. Depuis, ce système a été abandonné au profit majoritairement des menus radiaux. Même Skyrim a cassé le moule. Dire qu'on a gagné au change reste sujet à débat.
Humour noir et propagande, deux ingrédients savamment distillés dans le décor et la narration. Un univers réussi se reconnait aux détails qui le composent. De ce point de vue, les Fallout assurent. D'autant que le contraste entre l'idéalisme passé et la réalité est pour le moins frappant.
Réparation : On passe énormément de temps à réparer nos armes et armures dans les Falllout. En soi, rien de dramatique, au contraire, ça fait littéralement partie du jeu, monde post-apo oblige et ça finit même par être très ludique. Pour ce faire, plusieurs moyens : soit on répare soi-même en prenant soin de monter sa compétence Réparation en conséquence et en trouvant les armes et armures identiques ou similaires à ceux qui sont usés, soit on trouve de bons réparateurs. Dans New Vegas tout est fait pour que vous ne soyez pas dépourvu : les armes sont nombreuses, il y a de bons réparateurs et si cela ne suffit pas, il existe l'Aptitude Bricolage. Elle nécessite une compétence en Réparation de 90, mais elle permet de réparer de nombreux armes et armures avec d'autres armes et armures plus ou moins proches.
Dans Fallout 3, hélas, c'est là que le bât blesse, les réparateurs dignes de ce nom sont inexistants ou presque. Ceux que vous croiserez n'auront pas plus de 20 en Réparation autant dire qu'ils ne vous seront pas d'un grand secours. Il y a bien Wolgang le Dingue, l'un des marchands itinérants, mais encore faut-il tomber dessus. Ce qui fait qu'on hésitera beaucoup à utiliser des équipements rares voire uniques de peur de ne plus pouvoir les utiliser dans les meilleures conditions. Heureusement, dans l'extension Point Lookout, il existe un cheat pour augmenter la compétence Réparation de Haley jusqu'à 100. Il suffit d'ouvrir et de refermer le distributeur Nuka Cola à l'extérieur de son bazar, d'entrer chez lui et de demander des réparations (sans valider), de ressortir aussitôt et faire la même chose jusqu'au résultat attendu. Sa compétence augmentera à chaque fois de 6 points. Reste à posséder les capsules requises car ses services ne sont pas donnés !
Scénario : Dans Fallout 3, il est au coeur du jeu durant le temps où on est encore dans l'abri se mêlant intimement au tutoriel. La naissance, les premiers pas, l'anniversaire et le G.O.A.T. sont l'occasion de faire connaissance avec le gameplay autant que l'univers et les personnages dont ce cher Papa qui, une fois qu'on quittera l'abri 101, va servir de fil conducteur à toute l'histoire. En gros on passera notre temps à lui courir après et à enquêter sur les lieux de ses différentes haltes avec comme finalité la découverte d'un projet scientifique et de ses conséquences sur les Terres Désolées, au choix du joueur. Une intrigue donc qui passe vite en second plan pour laisser le joueur épris de liberté se concentrer sur l'essentiel du jeu : ses à-côtés. A noter une séquence originale, mais rapidement rébarbative à Tranquility Lane.
En ce qui concerne FNV, ça commence comme un vieux polar hollywoodien, lui conférant une identité toute particulière. Après être passé pour mort, on est récupéré par un autochtone qui va nous remettre sur pied avant de nous laisser découvrir le pourquoi du comment. On est donc très rapidement lâché en pleine nature, ce qui en soi est très appréciable. Hélas cette liberté est contrariée par des choix très contestables, Cf Map. L'histoire est très axée sur les différentes Factions, puisque le but du jeu consistera à organiser des alliances en vue d'une grosse bataille sur le Barrage Hoover pour le moins convoité. En terme de narration, il est beaucoup plus intéressant et approfondi que son prédécesseur d'autant qu'il nous laisse pas mal de choix quant à la manière de poursuivre l'aventure principale. Et bien sûr on peut également la laisser de côté et la reprendre quand on veut. A noter une belle surprise concernant la rencontre tant attendue avec le fameux Mr House.
A noter que dans les deux épisodes le jeu ne se poursuit pas après la fin de l'histoire et qu'on est d'ailleurs pas prévenu (pas bien Bethesda !) donc il faudra impérativement sauvegarder (et garder la sauvegarde) avant de valider la dernière étape, ceci afin de poursuivre l'exploration en toute quiétude par la suite. Pour Fallout 3 il s'agira de reprendre la partie au plus tard après la fuite de Raven Rock, avant de retourner à la Citadelle de la CdA. Pour FNV, ce sera avant de déclencher la bataille sur le Barrage Hoover.
Special : Ce terme emblématique de la série regroupe les sept caractéristiques fondamentales du personnage à savoir : la Force (Strenght), la Perception, l'Endurance, le Charsime, l'Intelligence, l'Agilité et la Chance (Luck). Selon le niveau de ces caractéristiques, vous débloquerez diverses compétences, ce qui permet de se créer un héros sur mesure. En détaillant à l'avance les prérequis et les avantages de chaque compétence on peut ainsi planifier son évolution. Comme les Compétences, elles pourront vous donner des options de dialogue spécifiques.
Survie : Qui dit univers post-apocalyptique, dit forcément survie. Dans Fallout 3 quitter l'abri 101 et vagabonder dans les Terres désolées n'est pas une sinécure au début : notre personnage est très vulnérable, les menaces sont nombreuses, les armes en piteux état et les munitions difficiles à trouver. Dans FNV, la notion de survie peut atteindre un nouveau degré de réalisme grâce à l'artisanat poussé et aussi et surtout au mode Hardcore. Cette option, qu'on peut ajouter et enlever à tout moment, vous obligera à vous nourrir, à boire et à dormir régulièrement (les joueurs RP sautent au plafond !) à voir un médecin ou à utiliser des trousses de soin pour soigner les parties de votre corps blessées. Elle ajoute également un poids aux munitions ce qui modifie aussi considérablement l'expérience. Dans FNV la survie est d'ailleurs tellement valorisée qu'elle prend même la forme d'une nouvelle compétence ajoutée aux anciennes. On regrette encore que Skyrim n'ait pas bénéficié naturellement de cet ajout. Cela a même été le contraire, puisque la vie se régénère automatiquement.
Un Griffemort (FNV) prêt à piquer un sprint ? Non, il fait juste une pause, mais pour lui c'est sans doute la même chose. En mode furtif (à genoux et à distance) vous multipliez vos chances de faire de gros dégâts voire des dégâts mortels (oui le fameux One Shot !). Sur des adversaires de cet acabit, c'est une aubaine autant qu'un plaisir...monstre ! Le VATS fera tiquer les amateurs de réalisme, mais le fait est qu'avec ses pourcentages et ses statistiques, il permet de valoriser certaines compétences et caractéristiques à la manière d'un jeu de rôle papier et ses jets de dés inhérents. En outre il autorise une localisation des dégâts très appréciable. On peut ainsi désarmer un ennemi, le rendre infirme pour l'handicaper et le ralentir et même tirer dans une grenade lancée ou encore tenue à la main. Personnellement c'est l'un de mes gros plaisirs.
V.A.T.S. (ou SVAV en français) : Le fameux système de visée au ralenti prenant en compte la distance, les compétences de notre personnage et l'efficacité de nos armes, affichant les pourcentages de toucher selon les différentes parties du corps ciblées de nos adversaires. Un système indissociable de la série que l'on retrouve bien heureusement dans ces deux épisodes. De prime abord très facile à utiliser, il faut noter la difficulté parfois d'afficher la partie du corps désirée. On remarquera également la possibilité - ô combien jouissive - de pouvoir tirer dans les grenades ennemies, surtout lorsque les ennemis les ont encore en main. Dans FNV, ce seront les bâtons de dynamite qui pourront ainsi exploser prématurément ! Certaines compétences permettent de booster le VATS et de renforcer son efficacité avec la présence du mystérieux étranger. Le VATS fonctionne avec un système de Points d'Action affichés en bas à droite de l'écran à la manière d'un jeu au tour par tour. Avec ses nombreuses caméras (aléatoires) et son rendu cinématographique, les amateurs de finish moves bien sanglants seront aux anges. On regrettera toutefois qu'au corps à corps on ne puisse pas localiser les dégâts.
Visée : elle diffère dans les deux épisodes puisque dans NV on a la possibilité d'opter pour une visée "réaliste" avec l'arme qui s'aligne avec le milieu de l'écran comme dans les FPS modernes, la norme maintenant dans les jeux de tir. Du coup quand on repasse après sur le 3, on a du mal à se réadapter. Heureusement elle revient dans le 4.
Voix : Comme dit plus haut, le travail des comédiens est doublement à saluer puisqu'il contribue énormément à la personnalité et à l'ambiance uniques des deux titres. Les personnages mémorables et les répliques devenues cultes sont nombreux et chaque joueur aura ses préférences. Les voix permettent d'introduire beaucoup d'humour (noir) et un peu d'émotion, d'autant plus que l'animation fait le strict minimum. Si le doublage est de qualité avec des voix VF connues grâce au cinéma, on regrettera que leur nombre soit si limité à l'instar d'Oblivion, ce qui se traduit par un seul comédien pour un type de PNJ comme les vieux, les jeunes femmes, les fous furieux, les fillettes... ce qui casse pas mal l'immersion, il faut bien le dire.
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dimanche, 08 novembre 2015
Fallout 4 [Jeux Vidéo/Aperçus]
Dernière ligne droite pour Fallout 4 qui va débarquer dans les rayons le 11 novembre et qui nous régale à cette occasion d'un ultime trailer :
L'ambiance de cette image me rappelle pas mal une course-poursuite dans ma fanfic
Il n'y aura peut-être pas de véhicule terrestre, mais on pourra voyager en vertiptère (de manière scriptée ou libre, la question reste encore ouverte) et même voler puisque l'armure de la Confrérie de l'Acier inclura un jet-pack !!! Une bonne idée en guise de compromis.
La conférence de Bethesda a eu lieu cette nuit aux environs de 4h du mat' avec en prime plusieurs vidéos de gameplay (non traduites) que je vous laisse le soin de (re)découvrir. Le moins qu'on puisse dire c'est que l'éditeur présente déjà un contenu effarant, propre à combler les fans de la série et les nouveaux-venus amateurs de liberté. En tout cas, ça donne furieusement envie d'être déjà au 15 novembre de cette année, date de sortie du jeu (sauf report).
Vous trouvez pas que l'enquêteur a un air de ressemblance avec Todd Howard, producteur et game designer attitré de Bethesda ?
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mardi, 01 septembre 2015
Mad Max [Jeux Vidéo/Aperçus]
Dans l'éternelle processus d'adaptation opportuniste des films, le jeu Mad Max semble faire l'exception aux moins pour trois raisons.
Pas un copié/collé du film : si on retrouve notre cher Max et son univers, l'histoire, elle, se déroule en marge de celle de Fury Road (heureusement d'ailleurs). Pour autant on retrouve un certain nombre de références au long-métrage et aux autres opus. Bien vu !
Pas en même temps : Fury Road est sorti le 14 mai, le jeu Mad Max sort le 3 septembre, 4 mois séparent donc les deux productions, ça a tendance à rassurer.
Pas par des manchots : Le Studio Avalanches c'est la série Just Cause donc question fun et open world les petits gars s'y connaissent. Là le ton est résolument plus sérieux et réaliste ce qui d'un côté leur permet de continuer à exploiter leurs acquis et de l'autre à se renouveler quelque peu. En espérant que la sortie prochaine de Just Cause 3 ne les ait pas empêché d'approfondir l'expérience de jeu.
Les premières notes sont déjà tombées, pour le moment inégales, les retours des joueurs commencent eux aussi à affluer.
Pour les défauts : des mécaniques de jeu déjà vues (L'Ombre du Mordor, Assassin's Creed, Far Cry), des rencontres et des objectifs redondants qui plombent l'intérêt à long voire moyen terme.
Pour les qualités : visuellement réussi, véhicules nombreux, customisation assez poussée, combats très dynamiques et effets météo parfois démentiels.
Voilà ce que donne la fameuse tempête (du film et du trailer) au cours du jeu. J'ai eu la chance de voir le stream en direct et ça a fait son effet !
En gros, pas un jeu révolutionnaire, mais si vous aimez l'univers post-apocalyptique et Mad Max, vous devriez y trouver votre compte.
BONUS
Ils avaient essayé...
Rage avait de quoi combler les amateurs de post-apo, de monde ouvert et de RPG frustrés de ne pouvoir arpenter les Terres Désolées des derniers Fallout à tombeaux ouverts. Sauf que Bethesda s'est planté en cours de route en rétrécissant l'intérêt de tous ces aspects au gré de la progression du joueur jusqu'à les supprimer totalement. Une déception dont on ne s'est toujours pas remis.
En son temps, Fuel aurait pu être un Mad Max digne de ce nom (comme vanté sur la jaquette). Mais le résultat fut tout autre. Les fameuses tornades seront scriptées et visibles dans une ou deux courses seulement et la carte du jeu, certes immense (Allo Guiness ?) ne présentera quasiment aucun intérêt. Je ne parle même pas des effets sonores calamiteux. Pourquoi faire un jeu ambitieux quand on peut se contenter de le vendre comme tel ? Depuis, ce type de marketing est devenu un maître-étalon pour le plus grand malheur des joueurs !
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mercredi, 27 mai 2015
Furiosa [Fanfics/Cinéma]
1. Il n’y a pas qu’en enfer que l’on brûle
Elle avait suivi le troupeau, malgré elle. Orpheline comme tant d’autres, elle avait décidé avec quelques seniors de quitter la communauté de DryHope devenue trop nombreuse pour en rejoindre un autre, une nouvelle, qui selon une rumeur était en train de s’installer du côté de RedBridge.
Dans un autre temps, porter crédit à une source aussi fiable aurait prêté à rire.
Mais dans le wasteland, où les moyens de communication se limitaient au bouche à oreille, une rumeur était comme une explosion au cœur de la nuit. Impossible de l'ignorer.
Deux voitures et quelques bagages. Les chances de se faire repérer et prendre en chasse par des gangs étaient modérées. Ce qui signifiait optimales. Ils n’avaient qu’à tracer. Les pauses seraient courtes.
Elle regardait la paysage défiler. Paysage était bien entendu exagéré pour qualifier le désert qui les entourait de toutes parts. Mais c’était tout ce qu’elle connaissait.
Elle ne vit pas arriver le danger, pas plus que les autres. Avant même de réaliser ce qui leur arrivait, la voiture avait déjà décollé de la route et enchaîné les tonneaux pour finir par s’immobiliser, en piteux état. L’autre véhicule eut un sort plus enviable. Le réservoir fut touché et il explosa immédiatement.
Elle retrouva rapidement ses esprits. Le goût de son sang lui emplissait la bouche, un goût de rouille, comme si le sang depuis toujours avait su mieux que les hommes que le métal serait tout ce qui leur resterait un jour. Certains en étaient venus à l’adorer comme un dieu sous toutes ses formes : véhicules, armes, jusqu’aux boucles de ceinture. Le moindre rivet pouvait devenir une fortune entre les mains d’un expert.
Nail fut le premier à s’approcher de la carcasse. Pas le plus dangereux, juste le plus curieux. Il était déjà à l’œuvre, remplissant son caddie, récupérant ce qui pouvait l’être et chez un mécano comme lui quasiment tout était récupérable.
LittleRat le repoussa pour s’inquiéter du sort des occupants. Tous morts sauf un qui émergeait doucement. Il sourit. Une excellente prise. Le chef était derrière eux, il avait juste le temps d’en profiter. Il sortit la survivante et sans cérémonie la jeta au sol, histoire de la laisser dans les vaps. Puis à grands coups de lame, il déchira ses vêtements. Malgré son état, elle cria et se débattit quand même. Par pur réflexe, car elle savait très bien qu’elle ne pourrait pas s’opposer à son destin. Ca ne fit que l'exciter davantage.
Tandis que le sauvage s’appuyait lourdement sur son corps comme pour tenter de rentrer entièrement en elle, comme elle subissait l’un après l’autre la violence de ses assauts de brute écervelée, elle espéra qu’un guerrier de la route solitaire viendrait à son secours, qu’il la délivrerait, qu’il la vengerait, qu’il lui prouverait qu’il subsistait encore une once de justice. Lorsqu’Immortan Joe s’approcha, elle crut un bref instant que son sauveur avait entendu ses prières. Mais en découvrant sa longue crinière blanche et surtout son masque respiratoire rehaussé d’une sinistre bouche de métal, elle sut que le Diable lui-même venait contempler son oeuvre.
D’une poigne de fer il arracha sous sous-fifre à son plaisir avant de planter ses yeux dans ceux de sa victime. Ce qu’Immortan Joe y vit le mit dans une fureur sans nom.
- Elle était vierge !
Du talon de sa botte il écrasa le pénis du sauvage qui hurla à s’en exploser les poumons.
Dans le langage des gangs, une femme vierge était une femme qui n’avait jamais été violée. Peu importait si elle avait déjà couchait avec un homme. Pour eux, ça ne comptait pas.
- C’est moi qui baptise, personne d’autre. Tu le sais !
Recevoir la semence d’Immortan Joe était un honneur. Enfin c’est ce dont Immortan Joe était convaincu.
- Tu m’as volé.
Il porta une main à sa nuque, la seconde d’après il arborait une hache à double tranchant d’un genre très spécial. Le manche était un port d’échappement. Il faisait aussi office d’arme à feu. Fabriqué de main de maître par Nail lui-même, toujours très fier de ses créations surtout quand le chef lui-même s’en servait.
Dans le wasteland, seuls les fous survivaient. Cela incluait les bricoleurs de génie, les rois du recyclage. Comme Nail. Il était sec comme un clou, mais on l’avait surnommé ainsi pour sa faculté à modifier tout et n’importe quoi. Sans cela il n’aurait pas fait de vieux os.
La hache trancha les membres de LittleRat un par un avant de le décapiter.
Sa besogne accomplie, Immortan Joe souleva la femme d’une main et l’obligea à rouvrir les yeux d’une simple claque.
- Ce n’est pas parce que le monde est devenu un enfer qu’il ne faut pas le mériter.
A ces mots, il ôta son masque. Elle porta aussitôt une main à sa bouche.
Il la laissa tomber et elle en profita pour vomir tripes et boyaux.
Nail comprit que son chef la laisserait en vie et qu’ils n’allaient pas s’éterniser. Il le toisa au comble de l’excitation. Il connaissait le rituel par cœur.
- Je lui laisse une arme ?
Elle était tellement sonnée par le traitement qu’elle venait de subir qu’Immortan Joe l’attacha sans peine à la carcasse flambante avec un bracelet de menotte. Le bras gauche seulement.
- Si tu as de la chance, tu auras cinq minutes avant que cette bagnole n’explose.
Il fit un signe de la tête à l’adresse de Nail qui déposa avec soin une hache d’incendie auprès de la femme sans omettre de lui dédier son plus beau sourire édenté.
Son chef ajouta de sa voix d’outre-tombe :
- Tu me retrouveras si tu as suffisamment envie de vivre. Et tu survivras si ta soif de vengeance est assez forte. Car la vengeance, ma belle, c’est tout ce qui te reste, désormais. J’ai déjà hâte de te revoir. Métamorphosée, grâce à moi. Ressuscitée.
Oui il se prenait vraiment pour Dieu-le Père.
Elle aurait voulu lui cracher au visage, mais elle n’avait plus de salive. De force encore moins.
Les deux hommes disparurent dans un énorme vrombissement de moteur et un nuage de poussière aussi volumineux.
La voiture n’explosa pas. Mais elle réalisa bientôt que c’était un bien pour un mal.
La nuit tombait déjà. Froide, aussi froide que la journée était brûlante.
Les premiers prédateurs firent entendre leur plainte. Pas des hurlements, pas des grognements, juste des gémissements plaintifs. Mais c’était justement ça qui était terrifiant. Comme s’ils se moquaient de leurs futures victimes en mimant leur peur. Ils étaient tout prêts.
Elle allait devoir rapidement prendre une décision.
Dans d’autres circonstances, elle se serait laissée dévorer. L’instinct de survie lui aurait tout juste permis d’affronter l’arrivée des molosses, la gueule écumante. Mais sa rencontre avec Immortan Joe avait tout changé. Oui, il avait fait d’elle une arme vivante. Elle pouvait sentir un feu brûler en elle. Le feu de la colère, le brasier de la vengeance. Et tout ce qu’elle devrait affronter ne ferait que souffler sur les braises, ajoutant des munitions flambant neuves dans le barillet de son coeur en fusion.
Elle poussa un cri, un râle d’agonie, avant de se sectionner la main à hauteur du poignet.
Les bêtes comprirent que c’était le moment où jamais de passer à l’attaque.
En même temps qu’elle s’était coupé la main toute raison l’avait quitté.
Elle eut tout juste le temps de se confectionner un pansement de fortune. La douleur aurait dû être insupportable, mais elle n'eut pas le luxe de vérifier à quel point.
Brandissant la hache, elle taillada les bêtes se jetant sur elle, des bêtes qui, dans le chaos indescriptible de cette lutte, enivrées par l’odeur du sang frais, ressemblaient à un croisement entre une hyène et un alligator. Il y en avait quatre. Aucune ne réchappa au massacre.
En contemplant les cadavres à ses pieds, elle comprit que tuer ainsi venait de la remplir de la vie qu’elle avait perdue. Comme une transfusion contre-nature.
- Furiosa.
Elle avait parlé à voix haute. Son premier mot depuis qu’elle avait quitté DryHope.
Elle ne sut pas pourquoi elle avait dit ça. Elle sut simplement qu’elle venait de se trouver un nouveau nom. Un nouveau nom pour assumer sa nouvelle vie.
Elle n'avait pas envie de vivre. Juste besoin de se venger.
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mardi, 26 mai 2015
Mad Max : Fury Road [Cinéma/Critiques]
La bonne nouvelle : Charlize Theron est dans le film et elle crève l'écran. La mauvaise : ce n'est pas elle Max. Une petite crête de punk lui aurait été comme un gant !
Moteur bridé, pneus crevés !!!
Le film commence par une voix off de Max qui d'emblée ne colle pas avec le personnage. Puis des visions au cours de son évasion pour introduire le spectateur dans son esprit torturé. Sauf que ça ne fonctionne pas. Un petit avant-goût de la suite ?
En voyant le poids lourd caparaçonné prendre le large rapidement assailli par un essaim de fous furieux du volant, on pense immédiatement à la course-poursuite qui clôturait de manière spectaculaire le 2ème opus de la saga. Mais l'hommage prend une tournure plus discutable lorsqu'on réalise que la première moitié du film n'est ni plus ni moins qu'une resucée de la séquence finale de Mad Max 2, une sorte de version longue.
Le masque en jette, on en dira hélas pas autant du reste de Immortan Joe.
Malheureusement il n'y a pas que ça qui dérange. Puisque George Miller nous ressert la même sauce pour la dernière demi-heure avec entre les deux quasiment rien à se mettre sous la dent.
Le méchant qu'on espérait aussi charismatique que son masque n'est pas la hauteur et Tom Hardy quant à lui est vite relégué à un simple faire-valoir, transparent, insipide pour ne pas dire carrément inutile. Pas de quoi faire de l'ombre à Mel Gibson, loin de là.
Tom Hardy (Inception) se prendrait-il encore pour Bane (The Dark Knight Rises) ? En tout cas, il plombe toujours autant l'intérêt et ce n'est pas le canon scié qui change la donne. Faudrait pas que ça devienne une habitude !
Y a comme une parenté entre Imperator Furioza et la Helen Ripley de Alien 3. Même physique, même combativité, même fragilité. Après Aeon Flux et Prometheus, Charlize Theron poursuit sa carrière au rayon SF. De plus en plus incontournable !
On en dira pas autant de Imperator Furiosa, campée par une Charlize Theron (Blanche-Neige et le Chasseur) très à son aise. En la voyant se battre comme une lionne contre les hommes et les éléments, une évidence nous frappe et on a dès lors qu'une seule question en tête qui ne nous quittera plus : Pourquoi Miller n'en a-t-il pas fait sa seule véritable héroïne, un Mad Max au féminin ? Parce que la plus grande folie c'est bien elle qui la commet et ce, dès le début, en privant Immortan Joe de la crème de son harem, ses plus belles reproductrices destinées à lui donner l'héritier parfait, sain de corps et d'esprit.
Encore une tête de zombie pour Nicholas !
Le clan des Warboys est intéressant avec ses castes et ses codes, et voir Nicholas Hoult (X-Men : Le Commencement, Warm Bodies) jouer les albinos cinglés est sans aucun doute l'une des (trop rares) bonnes surprises du film.
Autre coup de génie : les véhicules qui ont fait l'objet d'un soin particulier. Leur design inspiré, croisement parfois improbable de plusieurs modèles, impressionne constamment, que ce soit par leur taille ou leur visuel défiant l'imagination; De véritables monstres, des personnages à part entière qu'on a grand plaisir à voir évoluer dans ce désert sans fin où la poussière et les flammes jaillissent comme pour lui donner vie. Pour autant l'action et la violence attendues demeurent désespérément sages à l'exception de quelques cascades audacieuses et plans décoiffants. Car dès que la mise en scène semble enfin prendre son envol, elle retombe aussi sec, comme si Miller n'avait jamais eu le cran d'enclencher la vitesse supérieure. On attend fébrile, on espère un revirement, mais il faut se rendre à l'évidence : la folie promise n'est pas au rendez-vous.
L'une des cascades les plus mémorables du film. George Miller affirme avoir eu très peu recours aux effets numériques, privilégiant l'action en live avec un max de sécurité.
Le Joker se tape l'incruste :-)
On se consolera comme on pourra en revisionnant (une énième fois) Mad Max 2 (décidément indétrônable) et en attendant l'adaptation vidéo-ludique concoctée par les créateurs de Just Cause 1 & 2. Ou bien en revoyant ce trailer qui s'impose comme une bien meilleure alternative aussi courte soit-elle, sublimé par le Dies Irae de Verdi :
Avec aussi Zöe Kravitz (Good Kill, X-Men : Le Commencement).
Marrant ça fait un moment que je me dis justement qu'une extension post-apo pour GTA V serait vraiment géniale !
Je verrais assez bien Pink aussi en guerrière du futur, elle qui avait incarné une gladiatrice dans un spot pour Pepsi et qui, curieusement, n'a pas encore été associée à un film de genre digne de ce nom. Pour l'anecdote, elle a prêté sa voix à un personnage de Happy feet 2 (Gloria), un film d'animation réalisé par...George Miller ! Tout est possible donc !
Si vous avez aimé, vous aimerez peut-être :
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mercredi, 10 avril 2013
Oblivion [Cinéma/Critiques]
Après un Tron Legacy pour le moins inégal, Joseph Konsiski revient avec un autre film de grande envergure mettant en vedette l'invincible Tom Cruise (Jack Reacher, Mission Impossible IV, Edge of Tomorrow). Si Tron legacy bénéficiait d'un design et d'une BO somptueuse, le film souffrait d'un manque cruel d'émotions dû à des personnages trop caricaturaux et à un scénario intéressant, mais rendu insipide. Le cinéaste a-t-il appris de ses erreurs ?
La réponse est hélas négative.
Oblivion avait pourtant tout ou presque pour être un grand film d'anticipation. Là encore, le travail de mise en images est remarquable. Entre design futuriste épuré et panoramas post-apocalyptiques démesurés, on en prend plein les yeux et l'immersion est immédiate. Visuellement bluffante, la première partie est aussi intéressante d'un point de vue narratif, puisque sous des dehors innocents, on sent progressivement un mystère intrigant se développer autour des tâches quotidiennes effectuées par le binôme pour permettre la récupération des dernières sources d'énergie d'une Terre à l'agonie, suite à une attaque extraterrestre massive. Cette mécanique si bien huilée finit par dérailler, mais malheureusement le film entier avec. Car c'est au moment précis où l'histoire prend une tournure radicale, que les défauts surgissent comme des diables de leur boîte.
A commencer par les révélations sur la vraie nature des évènements, paradoxalement simples. Mais les explications fournies sont tellement mal présentées, que ce soit dans la forme ou dans la chronologie du film que le spectateur se retrouve totalement égaré au moment même où il est censé s'émouvoir de ce qu'il apprend. Un comble !
Et c'est ainsi pendant un (trop) long moment et la résolution du problème - ridicule compte tenu des possibilités - ne parvient pas à rectifier le tir.
L'aspect visuel éveillera sans doute des souvenirs aux gamers familiers des univers de Fallout 3 ou de la trilogie Mass Effect. D'un point de vue général, l'action est d'ailleurs positivement très proche d'un jeu vidéo en terme de ressenti.
En fait, tout comme Tron Legacy, le matériau de base est des plus passionnants, mais les choix de son développement le ruinent, lui, ainsi que toutes les bonnes idées qu'il contenait, car il y en a et c'est ça le plus regrettable. L'une d'elles se devine d'ailleurs un peu trop tôt et nous renvoie un peu trop fort à un autre film d'anticipation.
Le duo séduisant du film ne fonctionne pas et l'héroïne de Konsinski - une fois encore après Olivia Wilde - n'a aucune consistance face à un Tom Cruise qui fait tout ce qu'il peut pour sauver les meubles, mais qui nous rappelle, malgré ses louables efforts, qu'il nous a offert de meilleures prestations.
La présence de Morgan Freeman (Wanted, Lucy) ne change malheureusement pas la donne.
Au final on se retrouve avec un beau gâchis, une sorte de grand puzzle prometteur, mais très mal assemblé.
Oblivion se place donc en digne héritier de Tron Legacy, mais pour les mauvaises raisons, puisque même la musique, très agréable au demeurant, fait écho plus d'une fois, par ses sonorités électroniques, à la suite du classique de Disney.
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lundi, 01 février 2010
1. Johnny Behemoth contre Dr Nuke
Chapitre 1 : Rien que pour vos capsules
Un soleil de plomb. Une fournaise. Un sol craquelé, habillé de chétifs arbustes menaçant de s'embraser à tout moment. Et pourtant l'homme marchait, seul, nullement incommodé par l'atmosphère suffocante de cette contrée qu'il semblait connaître sur le bout des doigts, dont il semblait être devenu le parfait habitant.
Il s'arrêta un instant au-dessus d'un cadavre pour lui arracher le maigre trésor que ses lambeaux retenaient encore captif et qui avait échappé par miracle à l'avidité des raiders et des récupérateurs.
- T'en auras plus besoin, mon gars, observa-t-il d'une voix éraillée.
Puis il se remit en marche, ignorant qu'il faisait depuis peu l'objet de toutes les convoitises.
Johnny jeta un œil dans la lunette de son magnum 44 amélioré.
C'était un mercenaire de la vieille école préférant les armes démodées qui faisaient encore leurs preuves aux dernières technologies, excepté un certain attrait pour une gatling laser baptisée Emma qui rouillait présentement dans un sous-sol en attendant de pouvoir être réparée. Les pièces manquantes étaient rares, cette arme ne figurant généralement que dans l'équipement de l'Enclave ou celui de la Confrérie de l'Acier.
Il respectait trop la confrérie pour aller la dépouiller. Il ne portait pas l'Enclave dans son cœur, mais ses troupes étaient solidement armées et organisées en conséquence. Les déposséder de leur armement restait une tâche risquée, même pour un aventurier de sa trempe. En attendant une opportunité digne de ses attentes, il se faisait la main sur des bandes isolées de maraudeurs. Un passe-temps comme un autre pour un homme qui avait eu l'infortune de naître après l'holocauste.
Rocky aboya. Johnny poussa d'une pichenette la boîte de haricots et le chien fourra son museau à l'intérieur. Reprenant son observation, il décela plusieurs silhouettes accroupies derrière des carcasses de voitures.
- Ce pauvre type se dirige droit vers une embuscade.
Il avait dit cela d'un ton détaché, comme faisant un simple constat, tout en regardant Rocky faire un sort aux haricots froids.
- Avec un peu de chance, je vais peut-être récupérer quelques munitions pour mon fusil.
Sous l'excitation, son corps se tendit un peu, faisant crisser son armure de cuir.
Un fusil d'assaut chinois barrait son dos et son omoplate droite s'ornait d'un fusil à canon scié dans son holster.
Johnny caressa son visage mal rasé, puis ses rares cheveux teintés par des années passés à arpenter les Terres Désolées sous l'implacable canicule.
Il cracha une giclée de sauce entre ses dents.
- Rocky ! A toi de jouer. Tu connais la méthode.
A l'écoute de son nom, le chien délaissa la boîte de conserve, saisit entre ses mâchoires la boîte à sandwiches que lui tendit son maître, puis commença à dévaler la pente poussiéreuse.
- Regarde, Carl, y a un clebard qui s'amène.
Le raider indiqua du doigt le chien qui était en train de les rejoindre. L'intéressé plissa son seul œil valide. Ses trois compagnons se regroupèrent autour de lui.
Ils portaient tous une armure hétéroclite faite de bouts de métal et de cuir qui leur donnait une allure barbare délibérée. Leur casque et leur coiffure ne faisaient que rajouter à cette impression.
L'un d'eux pointa son fusil de sniper sur l'animal.
- Il a quelque chose dans la gueule. On dirait une boîte.
Le chef des pillards arbora un sourire qui avait dû être séduisant dans une autre vie.
- Il a dû dénicher un truc intéressant sur un cadavre. Il va sûrement aller l'enterrer. Je crois que c'est vraiment notre jour de chance les gars.
L'un de ses hommes s'énerva.
- On a qu'à lui prendre tout de suite !
Carl se contenta d'un regard pour le remettre à sa place.
- On attend sagement.
- Chef, je l'ai dans ma ligne de mire, fit le sniper.
- Si tu tirais aussi bien que tu bois, il y a longtemps que je t'aurais ordonné de l'abattre, Freddy !
Le chien s'arrêta à mi chemin entre les raiders et le vagabond solitaire. Il commença à gratter le sol, soulevant un nuage de poussière.
Johnny sourit.
- Bien, Rocky. T'as tout compris !
Le sniper déplaça son canon.
- Merde ! Je crois que le type vient de voir le chien. Il court droit vers nous.
Carl ricana.
- Ce con va essayer de nous piquer notre trésor. C'est parfait. On fera deux prises en un coup.
- Merde ! lâcha Johnny entre ses dents. Ca c'était pas prévu au programme.
L'étranger siffla pour appeler le chien. Rocky l'ignora superbement. Une fois la boîte ensevelie, il courut rejoindre son maître.
- Qu'est-ce qu'on fait, Carl ?
- Tue-le ! ordonna froidement le leader des raiders.
Freddy pointa son fusil de sniper en direction du vagabond. Il but une rapide gorgée de nuka cola quantum au goulot et fit feu.
Le vagabond poussa un cri et s'écroula en se tenant une jambe.
Le sniper sentit le poids du regard de Carl sur lui au point que ses épaules s'affaissèrent.
- Crétin ! Allez l'achever et récupérez-moi cette boîte !
Les trois raiders eurent tôt fait de s'exécuter. La colère de Carl était aussi redoutable qu'un écorcheur.
Freddy s'agenouilla et commença à déterrer l'objet. Les deux autres firent mine de se diriger vers le vagabond gémissant.
- Attendez ! Y a un truc bizarre.
Ses compagnons se figèrent.
- Hein ?
Les yeux de Freddy n'en finissaient pas de rouler dans leur orbite tandis qu'il détaillait le contenu de la boîte à sandwich.
- Je peux me tromper, les gars, mais on dirait une grenade. Et on dirait que la goupille est reliée à un fil.
Johnny sourit. A travers la lunette de son magnum, il observait aisément l'étonnement des raiders.
- Bye, bye, les cons !
Il tira sur le fil.
L'explosion souleva une gerbe de terre et des puzzles de corps. Non loin de là, le vagabond commença à ramper pour se mettre à l'abri de la menace qu'il ne pouvait encore identifier.
- L'enfoiré !
Carl empoigna son bâton hérissé de pointes et courut vers l'homme au sol. Pour lui, cela ne faisait aucun doute. Il leur avait tendu un piège à l'aide de ce chien. L'arroseur arrosé en quelque sorte. Et cela, il ne le supportait pas. Il arriva rapidement près du vagabond qu'il retourna d'un coup de pied. Ses yeux s'agrandirent lorsqu'il le dévisagea. Il leva son bâton au-dessus de sa tête :
- Tu vas pas faire de vieux os, face de...
Le canon scié d'un fusil dans sa bouche l'empêcha de rentrer dans les détails.
Johnny fixa Carl avec tout le dédain qu'il réservait aux raiders.
- Tu te demandes certainement qui je suis, hein ?
Rocky s'assit aux côtés de son maître et observa Carl à son tour. Le raider comprit alors qu'il s'était fourvoyé depuis le début. Ça sentait la retraite anticipée pour lui. Et surtout le sapin.
- Je suis le dentiste des Terres Désolées, annonça Johnny.
Il arma son fusil.
- Et je fais pas d'anesthésie !
La balle arracha la tête de Carl et son corps bascula en arrière.
Rocky salua cette victoire d'un aboiement.
Johnny lui tapota la tête.
- Oui, quatre de plus à notre palmarès.
Rocky aboya trois fois.
- Comment ça, trois pour toi ? C'est moi qui ai tiré le fil !
Rocky montra les dents.
- OK, t'énerve pas. Trois pour toi ! Mais la prochaine fois...
- HUM !
Le vagabond venait de se racler la gorge comme pour rappeler son existence.
- Excusez-moi, mais vous avez l'intention de me tuer moi aussi ?
Son visage était comme bouffé par l'acide. Les muscles et les tendons mis à nu. De quoi gerber.
Johnny soupira. Il aida le vagabond à se relever.
- J'ai rien contre les goules.
- Tant mieux, j'ai rien contre les peaux lisses qui me sauvent la vie. Vous avez dit que vous étiez dentiste. Vous seriez pas médecin aussi ?
Johnny jeta un coup d'œil à sa jambe.
- La balle a traversé. Rien de grave. Comment tu t'appelles ?
- Murphy.
- Moi c'est Johnny. Johnny Behemoth.
La goule ouvrit la bouche.
- Ca alors ! Le célèbre Johnny Behemoth !
Johnny haussa un sourcil.
- Célèbre ?
- Bah, oui. Vous écoutez jamais Galaxy News Radio, Three Dog, la voix des Terres Désolées ?
- Non, j'ai franchement mieux à faire.
Johnny confectionna un garrot qu'il fixa à la jambe blessée de Murphy.
- C'est vrai qu'on vous appelle comme ça parce que quand vous étiez petit vous avez tué un Behemoth, seul et sans arme ?
Johnny serra le garrot et Murphy poussa un cri.
- Non. C'est moi qui ai lancé cette rumeur. J'aurais jamais cru que ça ferait le tour si vite. Les télés ne fonctionnent plus, mais le bouche à oreille fait toujours son effet, on dirait.
Murphy se mit à sourire ce qui accentua davantage son expression de mort-vivant.
Johnny grimaça.
- Je sens que je vais gerber les haricots, dit-il en l'aidant à se relever.
- Pardon ? fit la goule.
- Rien, je me demandais juste ce que vous pouviez foutre tout seul dans un endroit pareil.
Johnny laissa Murphy s'accoutumer à sa blessure et commença à fouiller les cadavres des raiders.
- Je fais un peu de récup'. Comme tout le monde ici, non ?
- Y a des endroits moins risqués, observa le mercenaire.
- Vous croyez ?
- Vous étiez complètement à découvert. Avouez que vous l'avez un peu cherché.
Johnny se remplit les poches et embrassa les cartouches récoltées comme de vieilles amies.
- En fait, je sors rarement. Et pour tout vous avouer, c'est un type comme vous que je cherchais. J'ai pris un risque, mais j'estime que ça en valait la peine.
- Ok, je vois. Vous avez un sale boulot à me refiler. C'est bien payé, j'imagine.
Johnny détourna le regard à temps pour ne pas voir la goule sourire à nouveau.
- Vous jugerez.
Johnny l'interrogea du regard.
- Je dois vous conduire où je vis. Ce n'est pas très loin, rassurez-vous. Je ne fais jamais de grandes promenades.
Rocky émit une plainte.
Comme s'il avait compris, Johnny scruta Murphy avec sévérité.
- Si tu comptes nous emmener à Underworld, tu peux faire une croix sur notre partenariat. J'y ai mis les pieds qu'une seule fois et je me suis...enfin on s'est juré de ne plus jamais y retourner.
- Toutes les goules civilisées ne vivent pas à Underworld. J'habite un petit local dans une station de métro. Northwest-Seneca. Vous connaissez ?
Johnny fit un geste de la main qui pouvait signifier tout et son contraire.
- Ces mercenaires, grommela Murphy.
- Quoi ?
- Rien. Je me demandais juste si on risquait de rencontrer encore du monde sur la route ?
Johnny rechargea son fusil à canon scié.
- J'espère bien, pas vous ?
- Je suis pas armé.
Johnny sourit de toutes ses dents jaunies.
- Maintenant vous l'êtes !
Chapitre 2 : Pour quelques rads de plus
Effectivement la station n'était pas loin. L'hétéroclite trio ne fit pas d'autre rencontre au grand dam de Johnny et de Rocky dont l'appétit d'aventures était insatiable. Murphy, quant à lui, en fut soulagé. Ce genre d'incursion était déjà assez déplaisant comme ça à ses yeux.
Ils passèrent devant une sorte d'épicerie - que Johnny nota mentalement - puis pénétrèrent dans la station en empruntant un couloir enténébré où s'entassaient des vieilleries métalliques.
Ils passèrent un portique et sur leur droite se dessina bientôt une ouverture.
Une goule armée d'un fusil d'assaut et à l'air taciturne se tenait dans l'embrasure.
- Et bien c'est pas trop tôt ! fit-elle de la même voix éraillée que Murphy.
Elle détailla rapidement Johnny et son chien.
- Qui c'est ?
Murphy fit un geste étudié de la main pour le calmer.
- Tout doux, Garrett. Ils m'ont sauvé des griffes des raiders.
- Je t'avais dit de ne pas sortir seul. A quoi je sers, tu peux me dire ?
Murphy fit entrer ses invités dans son atelier, une petite pièce comportant un comptoir et des étagères surchargées.
- Je ne peux pas laisser la boutique sans surveillance. Tu devrais le comprendre depuis le temps.
Le dénommé Barrett grogna et se contenta ensuite d'examiner les nouveaux venus en caressant nerveusement la crosse de son arme.
Tandis que Murphy commençait à fouiller dans son bazar, Johnny jaugea Barrett avec un dédain manifeste. Ce qui déplut forcément au garde du corps :
- On est allergique aux goules ?
Johnny grimaça un sourire.
- Juste à la connerie. Et comme moi, on dirait qu'elle se fout bien des radiations.
Contrairement à Johnny, Barrett n'avait pas l'esprit très affûté. Se sentant insulté, il brandit son arme. Sa tête heurta le comptoir et il s'écroula sur le dos.
Murphy se redressa.
- Hein ?
Johnny pointa son pouce en direction du corps inanimé.
- Je crois qu'il aurait besoin de prendre l'air.
Puis il planta ses yeux dans ceux de la goule, malgré la répugnance que cela lui inspirait.
- Assez perdu de temps. C'est quoi le contrat ?
Son calibre 12 vint souligner la gravité de la question autant que la mâchoire de son probable employeur.
Murphy se recroquevilla avant de le conduire dans un local attenant. Il déploya une bâche et découvrit ce qui ressemblait à une carcasse de moto comme on pouvait en trouver des tas dans les ruines des Terres Désolées. Sauf que celle-ci avait une particularité. Une espèce de siège était soudée au flanc droit du deux roues.
- Ca s'appelle un side-car, annonça triomphalement Murphy.
- Ca me fait une belle jambe.
- Ca peut emmener jusqu'à trois personnes, renchérit le bricoleur.
Johnny croisa ses bras sur sa poitrine.
- Dans tes rêves, sûrement. Perso, depuis le temps que je sillonne ce trou du cul qui nous sert de monde, j'ai pas encore vu un seul bidon de carburant.
Murphy sourit, ravi à l'idée de surprendre un baroudeur de la trempe de JohnnyBehemoth.
- Cet engin ne fonctionne pas avec du carburant ordinaire. Je l'ai trafiqué. Il consomme des cellules à énergie. Normalement on s'en sert pour certaines armes. Mais j'ai découvert qu'en nombre suffisant et avec un peu de modifs, elles peuvent parfaitement faire office de carburant.
Johnny avait le plus grand mal à se décrisper. Les miracles, il y avait belle lurette qu'il n'y croyait plus.
- Tu l'as testé, ton...
- Side-car ! Et bien, en fait pas vraiment. Il me manque juste deux pièces.
Johnny se frappa le front.
- Bah, oui, évidemment.
- Mais, reprit rapidement le savant, ce sont des pièces très répandues. Il me manque simplement un frein et un réservoir de moto.
- Pourquoi un réservoir ? Ya pas d'essence.
Les yeux de Murphy brillèrent derrière ses lunettes.
- C'est pour l'esthétique, voyons !
Les yeux du mercenaire sortirent de leur orbite.
- C'est ça mon boulot ? Tu veux que j'aille chercher deux pièces de moto dont tout le monde se fout royalement !
- Ecoutez, ça n'en sera que plus facile pour vous !
Johnny tourna les talons.
- Allez, viens, Rocky. Y a des raiders qui nous attendent.
Le chien accueillit la nouvelle avec un aboiement enthousiaste.
Alors qu'ils quittaient l'atelier, la voix de Murphy leur parvint :
- Si vous me les rapporter, le side-car est à vous !
Johnny se figea. Il fronça les sourcils, étudia le regard de Rocky avant de revenir se planter devant la goule :
- C'était inutile de le préciser. Cela va de soi !
Murphy tendit une main décharnée.
Johnny surmonta son dégoût et la lui serra brièvement.
- Dites-moi, pendant que j'y pense, vous n'auriez pas récupéré des bombes sucrées durant vos déambulations ? Je mets au point un truc très sympa pour booster les capacités. Mon fournisseur habituel est quelqu'un de très occupé et ça fait un moment que je ne l'ai pas vu. On parle beaucoup de lui aussi sur Galaxy News radio.
Johnny secoua la tête.
- Rien trouvé qui mérite ce nom. Et votre fournisseur, il en a un de nom ?
- On l'appelle l'habitant de l'abri 101. Ne vous inquiétez pas. Ses exploits ne vous font pas encore de l'ombre.
- Tant mieux, grogna le mercenaire. Manquerait plus que je croise un nerveux de la gâchette comme moi !
Johnny sembla méditer, ce qui en règle général signifiait qu'il cherchait où se trouvait son intérêt.
- Ce truc très sympa, c'est quoi exactement ? T'as un peu de stock ? Parce que, si je dois me balader pour ton compte autant que tu me fournisses l'équipement adéquat.
Murphy parut à son tour réfléchir. Il finit par émettre un épouvantable bruit de gorge.
- Je crois qu'on se comprend tous les deux. J'ai justement besoin de tester le dernier stade de mon produit. De l'ultra jet que ça s'appelle.
Le mercenaire grimaça un sourire.
- Et ça fait quoi exactement ?
La goule exhiba ce qui lui tenait lieu de dents :
- Vous allez adorer !
Chapitre 3 : Nuka Cola Quantum of Solace
Les deux compagnons quittèrent le métro sans trop savoir ce qui les attendait.
Johnny glissa une cigarette qui avait connu de meilleurs jours entre ses lèvres desséchées. Il n'avait pas de briquet, rien pour l'allumer. Alors il fit comme si elle l'était.
- Tu vois, Rocky, j'ai l'impression qu'on est comme ma cigarette. Tellement usés qu'on est prêt à faire n'importe quoi du moment qu'on a l'impression d'exister.
Le chien lui dédia un regard empli de compassion.
- Ouais, je sais, fit son maître. Je débloque un max. C'est cette chaleur. Si seulement, il pouvait pleuvoir une fois de temps en temps. Ca me rafraîchirait les idées.
Il s'arrêta un instant de marcher. Il prit quelque chose dans sa poche. C'était une photo. Il la regarda quelques instants. Pas trop, juste ce qu'il faut pour ne pas perdre son sang-froid. Puis il la rangea, le cœur battant et la gorge nouée.
Le temps était compté pour elle et les autres prisonniers. Ce fumier de négrier de Dr Nuke allait payer pour sa trahison. Livrer sa petite amie et d'autres esclaves à des super mutants pour obtenir une dose de tranquillité serait sa dernière mauvaise idée.
Johnny allait tout faire pour s'en assurer.
Mais pour l'heure, il devait rejoindre le convoi avant qu'il n'atteigne l'abri 87.
Il imagina un super mutant avec de longs cheveux blonds le poursuivant pour lui faire un câlin. Très peu pour lui. La situation était dramatique, mais il s'interdisait d'avoir peur, de douter.
- Avec cette moto, dit Johnny, je pourrai sans problème leur couper la route. Il reste encore le problème de l'armement.
Rocky se mit à aboyer très fort.
Johnny leva les yeux à temps pour voir la silhouette d'un vertiptère de l'Enclave se profiler dans le ciel.
- Cachons-nous ! Ils nous ont peut-être pas repérés !
Les deux compagnons se jetèrent derrière une ligne de rochers au moment où l'appareil se posait. Trois hommes en armure ainsi qu'un officier en uniforme en descendirent ainsi que du matériel en conséquence.
Au moyen du viseur de son magnum, Johnny les observa édifier une petite base.
Il mâchonna nerveusement sa cigarette éteinte. Ses yeux s'illuminèrent lorsqu'il s'aperçut que l'une des sentinelles était armée d'une gatling laser.
- Putain, c'est la chance de ma vie. La chance de pouvoir enfin réparer Emma et de la sortir de l'ombre !
Il essuya ses mains soudain devenues moites. Il prit une boite de conserve dans son sac ainsi qu'une grenade.
- Tu connais la manœuvre, hein Rocky ?
Le chien ne fit pas un bruit, mais son expression hilare parlait pour lui.
Equipés de leur pesante armure métallique, les trois soldats de l'enclave paraissaient invincibles. Comme l'avait remarqué Johnny, l'un d'eux était armé d'une gatling laser qu'il tenait contre sa hanche, prêt à l'employer à tout moment. C'était le vétéran. Les deux autres portaient un fusil laser. Ils marchaient tous nerveusement autour du camp. L'officier, quant à lui, était occupé à rentrer des données dans un terminal.
- Regardez, fit le vétéran.
Ils regardèrent tous dans la direction indiquée et aperçurent un chien gratter le sol. Dans la gueule, il tenait une boite de conserve.
- Laissez-le, fit l'officier. Ne commencez pas à être distraits.
Le vétéran se râcla la gorge.
- On a pas mangé grand-chose aujourd'hui. Et nos vivres sont presque épuisées. Si ça se trouve, cette boite contient de la nourriture.
Sans détacher son attention de son écran, l'officier répondit :
- Si ça se trouve, c'est un piège des raiders.
Des rires fusèrent.
- Raison de plus pour s'en occuper, non ? fit l'un des deux soldats.
L'officier garda le silence. Ils prirent ça pour un consentement.
Les deux soldats s'approchèrent du chien, suivi de près par le vétéran et son arme impressionnante qui avait coupé la chique à plus d'un écorcheur.
Le canidé venait de finir d'ensevelir la boite et il commençait à repartir.
Le vétéran pointa sa gatling vers lui.
- Du ragoût de chien, ça vous dit les gars ?
- Si j'étais toi je ne ferai pas ça !
Les trois soldats se retournèrent comme un seul homme. Leur casque empêcha de voir leur expression, mais leur silence fut le parfait écho de leur stupéfaction.
Johnny tenait son magnum 44 appuyé contre la nuque de l'officier toujours installé devant son terminal, les mains suspendues au-dessus du clavier.
- J'organise un concours du plus beau trio de connards des Terres désolées. Et vous venez de remporter le prix. Haut la main.
Le vétéran appuya son doigt sur la gâchette de son arme. Mais ce qu'ils ignoraient tous, c'est que Johnny venait d'utiliser le super jet offert par Murphy. Ses capacités de réaction décuplées, il fut en mesure d'anticiper royalement les gestes de ses adversaires. Il commença par tirer là-même où Rocky avait enterré la boite avant de faire feu sur les têtes casquées des soldats. Le temps, comme ralenti pour Johnny, s'accéléra brutalement dès qu'il eut achevé ses actions. Une explosion jeta les hommes de l'Enclave à terre, leurs jambes tronçonnées par la grenade et leur casque criblé de calibre 44.
Johnny émit un sifflement :
- Tu parles que j'aime ça ! Merci, Murphy !
L'officier profita de la confusion pour appuyer rapidement sur une série de touches. D'un aboiement sec, Rocky alerta son maître d'une menace imminente.
- Qui êtes-vous ? s'enquit l'officier tandis que la porte d'un container s'ouvrait dans un grincement lugubre.
Johnny entendit des pas pesants et une respiration animale qu'il redoutait plus que tout au monde.
- Je suis le douanier des Terres Désolées. Et t'as plus rien à déclarer.
Il tira dans la nuque de l'officier, détruisant du même coup son précieux terminal.
La créature sortit lentement du container. Elle marchait sur de puissants membres. Son corps musclé, athlétique, était ocre, comme la poussière que charriait continuellement le vent. Ses longs bras étaient terminés par des griffes qui avaient grandement contribué à son appellation. Sa tête rappelait vaguement celle d'un reptile. En moins hospitalier. Ses petits yeux étaient habités par une lueur démoniaque. Oui, un démon, voilà à quoi elle ressemblait.
Sur son crâne était fixé un étrange appareillage métallique. Johnny comprit qu'il s'agissait d'un écorcheur modifié, un spécimen capturé par l'Enclave en vue d'expériences pour le moins mystérieuses.
S'employait-elle à les dresser, à les contrôler ?
Le mercenaire n'eut pas le loisir de poursuivre ses interrogations.
La créature venait de le repérer.
Le mercenaire pointa son flingue et pressa la détente. Silence. Le 44 était vide.
Johnny poussa un juron. Il vit Rocky se rapprocher et montrer les dents pour menacer l'écorcheur qui avançait avec une lenteur machiavélique. Johnny savait que c'était une prudence feinte. Il se préparait à bondir. Et ce bond serait assurément meurtrier.
- Dégage, Rocky ! On a pas affaire à un rataupe ou à un raider défoncé ! Tu fais pas le poids, là !
L'avertissement sembla énerver l'écorcheur. Il bondit sur Rocky, toutes griffes dehors.
- Non !
Johnny brandit son canon scié, sachant que cela n'arrêterait pas la bête dans son élan.
Une masse verdâtre jaillit du container pour venir s'aplatir sur l'écorcheur juste avant qu'il n'atteigne le chien. Un combat dantesque s'ensuivit. Dans cette mêlée sauvage, Johnny écarquilla les yeux de stupeur en identifiant le nouveau venu : un super mutant !
Qu'est-ce qu'il pouvait bien foutre ici ?
L'écorcheur était couché sur le dos, le mutant par-dessus lui. Ce dernier empoigna les bras de son adversaire pour l'empêcher de le décapiter et lui distribua une série de coups de tête, manquant peu à chaque fois de se faire croquer la figure. La gueule écumante de sang, l'écorcheur le repoussa d'une violente ruade. Le mutant réintégra malgré lui l'intérieur du container. D'un bond, l'écorcheur le rejoignit. Sous le regard effaré de Johnny et Rocky, le container se mit à tressauter comme s'il était animé d'une vie propre. Des cris rauques s'en échappèrent indiquant combien la bataille faisait rage. Et puis d'un seul coup, plus rien. Rien qu'un silence de mort.
Johnny ramassa la gatling laser et s'approcha précautionneusement de l'ouverture, escorté par Rocky, le poil hérissé comme un chat. L'écorcheur dressa sa solide carcasse avant de basculer. Le mutant se leva et sortit du container. Il avait une vilaine meurtrisse au flanc et à l'épaule gauche. Mais il était vivant. Ce qui n'était pas rien. Combien pouvait se vanter d'un tel exploit ?
Johnny le scruta, hébété, avant de faire feu sans la moindre sommation. La gatling laser cracha une salve qui mit en pièces l'écorcheur blessé bondissant sur le super mutant.
Ce dernier n'eut soudain d'yeux que pour l'arme que tenait Johnny.
Il fit alors entendre sa grosse voix :
- Dis, tu la donnes à Fawkes ?
- Ok, mais à une condition. Tu viens avec moi.
Johnny regretta sa décision lorsque le dénommé Fawkes le serra dans sas bras pour le remercier.
Un peu plus tard, lorsque tout le monde eut repris ses esprits, Johnny put interroger Fawkes tout en fouillant le matériel de l'Enclave.
Le super mutant s'était fait repérer par une patrouille volante. Ce qui n'était pas très étonnant vu son gabarit et sa gouaille. Au lieu de le tuer, les soldats lui avaient injecté à bonne distance un puissant anesthésiant. Apparemment, ils n'avaient pas mis la bonne dose. Heureusement pour Johnny, il s'était réveillé plus tôt que prévu.
- Je savais pas que l'Enclave s'intéressait d'aussi près aux super mutants. T'es modifié ? J'aurais jamais cru devoir un jour la vie à l'un d'entre vous. Le monde part vraiment en couille.
Fawkes jouait avec Rocky. Il sirotait un nuka cola quantum - apparemment c'était sa boisson préférée - tout en balançant la tête d'un soldat de l'Enclave en guise de balle.
Ce qui convenait très bien au chien du mercenaire.
- Ces gars-là sont bizarres. Mais ils valent pas mieux que les écorcheurs. Fawkes les écrase tous autant qu'ils sont. Oui, tous autant qu'ils sont !
- Ca, je te crois, fit Johnny. Ils avaient quand même pas dans l'idée de t'accoupler avec cet écorcheur ?
Fawkes s'arrêta brusquement de jouer et de boire. En voyant son expression, Johnny faillit pisser de rire.
- C'était juste une hypothèse. De toutes façons, t'es asexué. Mais peut-être quand mélangeant votre ADN... J'ai détruit leur terminal. Y avait sûrement des infos sur ta captivité. Tant pis. Qu'est-ce que tu faisais dans le coin ? Un mutant solitaire et amical ça court pas les Terres désolées !
- Fawkes pas comme les autres. Fawkes plus intelligent. Fawkes cherchait à aider les autres et à punir les abrutis. Mutants ou pas mutants.
- Très intéressant, murmura Johnny, particulièrement songeur. J'ai un programme bien précis et il se trouve que tu cadres parfaitement avec. Des mutants abrutis, on va en rencontrer très bientôt.
Fawkes lui dédicaça son plus beau sourire.
- Quand est-ce qu'on part ?
- Dès que j'aurais résolu un problème.
Johnny fixa son nouvel allié avec un intérêt encore plus grand.
- Dis-moi, t'aurais pas vu un réservoir et un frein de moto, par hasard ?
Chapitre 4 : Les Amants sont Eternels
La nuit tomba trop tôt au goût de Johnny. Mais il s'en réjouit néanmoins. Personne ne les verrait entrer dans sa planque secrète.
Grâce à Fawkes et sa connaissance des environs, il ne leur avait fallu que quelques heures pour mettre la main sur les deux objets demandés par Murphy.
Un récupérateur leur avait fait un échange avantageux. Johnny avait troqué son fusil d'assaut chinois rouillé et les quelques capsules en sa possession.
Il se sentait vraiment en veine.
Le trio descendit dans le souterrain.
- Ca pue le radcafard ! gogna Fawkes.
Johnny sourit.
- Ah, bon ? Je croyais que c'était ton parfum.
Il composa un mot de passe sur un terminal et une porte blindée s'ouvrit.
Ils entrèrent dans une pièce comportant des casiers, un matelas poussiéreux en guise de lit ainsi qu'un bureau et une table. Sur la table, un objet mystérieux était recouvert d'une bâche. Lorsque Johnny la souleva avec un geste excessivement cérémonial, il découvrit une gatling laser semblable à celle que tenait amoureusement Fawkes.
- Passons aux choses sérieuses !
Les trois compagnons se firent un festin des vivres volées à l'Enclave avant de se lancer dans la réparation d'Emma, accompagné dans cette passionnante entreprise par les ronflements de Rocky.
Le mercenaire se félicita d'avoir rencontré le super mutant. Malgré sa rudesse, il était visiblement doué pour tout ce qui touchait à la mécanique. Il savait que tous les super mutants actuels étaient nés dans l'abri 87, seul endroit au monde où cette espèce pouvait trouver les moyens de se reproduire. Tout comme ses congénères, Fawkes avait été un être humain dans une autre vie. Et il en gardait assurément des réflexes. Johnny ressentit de la pitié pour lui. Et cela l'encouragea plus que jamais à remplir la mission qu'il s'était fixé.
- Tu l'appelles vraiment Emma ? demanda Fawkes.
- Hein ? croassa Johnny en revenant à la réalité.
- La sulfateuse, là, tu l'appelles vraiment Emma ? C'est pas un prénom de fille, ça ?
Les yeux de Johnny s'embuèrent sans qu'il s'en rende compte.
- C'est le prénom d'une fille très importante pour moi. J'imagine que j'ai eu cette idée pour ne pas l'oublier. Tu vas m'aider à la délivrer.
- Fini ! s'écria Fawkes en contemplant le fruit de leur travail.
Il s'empara de la gatling laser, comme prêt à combattre une armée à lui tout seul.
Ce qui amusa beaucoup le mercenaire.
- Vous êtes faits l'un pour l'autre !
- C'est quoi le programme, chef ?
- Direction la station de métro Northwest-Seneca. Je te présenterai un autre ami.
- Ouais ! beugla le super mutant.
- Mais avant, on va dormir un peu. Enfin, si on y arrive, ajouta Johnny en écoutant les ronflements de son chien.
Chapitre 5 : Highway To Hell
Barrett restait silencieux dans un coin de la pièce, ses petits yeux méchants observant les trois visiteurs avec un égal mépris. Mais sa mâchoire encore endolorie venait lui rappeler qu'il n'avait pas trop son mot à dire.
Fawkes essayait de se faire tout petit, mais les dimensions de l'atelier de Murphy ne l'y aidaient pas vraiment. Rocky rongeait un fémur d'écorcheur en regardant distraitement le trio penché sur le prototype de side-car.
- Ca peut vraiment rouler, l'ami, déclara le super mutant en faisant mine d'étaler sa science.
- Je veux, dit Murphy avec autant de fierté.
- Ouais, en gros, il y a que moi qui ai un doute, remarqua tristement Johnny. C'est con, parce que c'est quand même moi qui est censé piloter cet engin.
Fawkes lui donna une tape amicale dans le dos qui faillit lui faire sauter les vertèbres.
- T'as de la chance. T'as trouvé les deux meilleurs mécanos des Terres Désolées !
Johnny serra les dents.
- Ou les deux plus cinglés ! Enfin, j'ai pas trop le choix. A vous de jouer, les gars.
Au bout de plusieurs heures, le temps pour Murphy de faire les derniers ajustements et de peindre la moto, le trio poussa le véhicule jusqu'à l'extérieur de la station.
Le soleil à son zénith aveugla un instant Johnny. Lorsqu'il put enfin contempler le side-car, il en eut le souffle coupé. L'engin brillait de mille feux. On l'aurait dit tout droit sorti d'une usine. Sur le réservoir, il eut la surprise de lire son nom et son prénom en lettres de feu.
- Ca c'est moi qu'ai eu l'idée, apprit Fawkes. Ca te plaît ?
Johnny fut tout sourire.
- Si en plus ça roule, je vais vraiment me sentir au paradis !
- Y a qu'une seule façon de le savoir, dit Murphy en essuyant ses mains avec un chiffon plus sale encore.
Il indiqua le siège du pilote.
- En route, monsieur le dentiste des Terres Désolées !
Le mercenaire prit un plaisir fou à s'asseoir sur l'engin. Lorsqu'il le démarra, il entendit une série de cliquetis qui ne présageaient rien de bon.
Et si tout explosait au premier coup d'accélérateur ?
Mais il était trop tard pour être pessimiste. Comme pour lui assurer son soutien, Rocky vint s'installer dans le cockpit réservé au passager.
- Ok, mon chien, accroche-toi !
Johnny mit les gaz. Il y eut un bruit de décharge électrique et le side-car partit comme une flèche. Un sourire vissé sur les lèvres, Johnny goûtait pleinement à un sentiment de liberté qu'il n'avait jamais ressenti de toute son existence.
Il eut tout le mal du monde à revenir vers la station. Il avait presque oublié l'existence de ses compagnons et en plus de cela, le side-car avait le plus grand mal à tourner.
- C'est rien, rassura Murphy. Quelques réglages supplémentaires devraient suffire. Mais pour un premier essai, c'est plutôt concluant, non ?
Johnny serrait les poignées avec un plaisir communicatif :
- Tu peux déposer le brevet, Murphy et commencer la distribution. Car je peux t'assurer que bientôt tout le monde en voudra une !
- Dis-donc, grogna Fawkes, j'ai pas l'intention de te suivre à pieds ! Y a pas une petite place pour moi ?
Cloisonné dans le « panier », Fawkes riait à gorge déployée, tenant sur ses genoux un Rocky apparemment aux anges. Murphy leur avait fourni des casques et des lunettes de moto à tous les trois ce qui donnait un aspect burlesque au trio déjà détenteur d'un fort potentiel comique.
Sur les conseils du super mutant - avec qui il s'était très bien entendu - Murphy avait également ajouté un pied sur l'avant du panier pour y monter la laser gatling. Ainsi, même en roulant, il lui serait permis de faire joujou, le cas échéant.
Ils avaient remercié le savant avant de prendre définitivement la route.
Johnny ne se serait jamais imaginé aussi reconnaissant envers une goule. Décidément, sa vie lui réservait bien des surprises.
Il avait promis à Murphy de ne revenir le voir qu'en possession d'un important stock de bombes sucrées. Il lui avait touché deux mots quant à l'efficacité de l'ultra-jet.
Puis il lui avait demandé :
- Pourquoi ne pas garder cette prodigieuse machine pour toi. Tu devais me la donner, c'est vrai, c'était le deal. Mais je peux pas m'empêcher d'avoir l'impression de te la voler. C'est quand même le fruit de plusieurs années de recherche.
- Qu'est-ce que tu veux ? avait répondu Murphy. Je suis un scientifique, et toi un aventurier. Nous n'avons pas les mêmes motivations, ni les mêmes ambitions. Je suis très fier de mon travail. J'ai réussi. C'est tout ce qui compte pour moi. A toi maintenant de lui donner un autre sens.
Et Johnny comptait bien satisfaire cette condition.
La moto laissait dans son sillage un nuage de poussière, ce qui inquiétait un peu Johnny. Un vertiptère en reconnaissance risquait de les repérer plus facilement. En compensation, le moteur à énergie conçu par Murphy faisait très peu de bruit.
La route menant à l'abri 87 était dégagée. Pas d'édifices importants à proximité, ils devraient à priori ne pas être trop embêtés. Il avait un super mutant comme escorte, il avait réparé Emma et il fonçait droit vers son objectif en étant assuré de l'atteindre à temps. C'était plus qu'il n'en fallait pour être rassuré sur ses chances de succès.
Sans oublier cette moto dernier cri ! Johnny se relaxa complètement et en profita pour détailler le petit tableau de bord qu'il avait sous les yeux. Sous les cadrans indiquant la vitesse et le niveau d'énergie, il y avait quelques boutons dont il ignorait complètement la fonction. Ils ne servaient peut-être à rien. Sans doute Murphy les avait-il placé là sans autre but que de combler son souci d'esthétisme. Il décida quand même d'en essayer un. Fawkes se mit soudain à beugler.
- Eh, la machine se détraque !
Johnny vit avec étonnement le panier et ses deux occupants effectuer une rotation et se retrouver dans l'autre sens.
Désormais, Fawkes et Rocky regardaient en arrière et il ne leur fallut pas longtemps pour être couvert de la poussière et des débris que soulevait le side-car en avançant.
- Eh, remets-nous à l'endroit, c'est pas drôle, Johnny !
- Désolé, fit l'intéressé en riant.
Il allait s'exécuter lorsqu'un autre cri du mutant l'interrompit dans son geste.
- Attends, il y a quelque chose qui arrive droit sur nous !
Johnny jeta un coup d'œil dans son rétro en essayant de distinguer un éventuel poursuivant au-delà du nuage de poussière. Il ne vit rien. Il comprit qu'il fallait qu'il lève les yeux. Il se raidit instantanément en reconnaissant la silhouette familière de deux vertiptères.
- Merde, c'est l'Enclave ! Fallait s'en douter !
Johnny accéléra, mais se rendit rapidement compte qu'il ne parviendrait pas à distancer les deux appareils. Une boule de feu germa sur sa gauche manquant peu les changer en grillades. Le trio comprit que l'Enclave n'était pas venue faire des prisonniers.
Johnny se tourna brièvement vers Fawkes :
- Qu'est-ce que tu attends ? Dézingue-moi ces connards !
Le mutant éclata d'un grand rire avant d'empoigner la gatling laser.
- Venez, mes mignons, c'est tonton Fawkes qui régale !
Dans la seconde qui suivit, le vertiptère de tête subit des tirs nourris qui l'obligèrent à virevolter. Ce faisant il heurta le flanc de l'autre appareil qui éjecta accidentellement l'un de ses passagers en armure dans un grand fracas métallique.
L'un des tireurs fit alors parler son incinérateur lourd. Le canon vomit une nouvelle boule de feu.
Fawkes et Rocky la virent arriver sur eux avec horreur.
- Projectile en approche ! hurla le mutant accompagné d'aboiements véhéments du chien.
Johnny effectua une manœuvre qui faillit renverser la moto, mais leur permit néanmoins d'esquiver l'ardent missile qui ne trouva rien de mieux à faire que carboniser une malheureuse brahmine somnolente.
Fawkes en fut tout retourné.
- Zut, un stock de steaks qui part en fumée !
Il poussa un grognement et se remit à tirer comme un forcené sur les appareils beaucoup trop proches. L'un des tireurs pointa un fusil d'étrange facture en direction du véhicule. Quand il pressa la détente de son arme, un filin terminé par un grappin en jaillit. Johnny sentit une terrible secousse. La moto échappa brutalement à son contrôle et menaça de quitter le sol.
- Putain, qu'est-ce que...
- Je crois qu'ils veulent la moto ! fit Fawkes en voyant le grappin fiché dans l'arrière du side-car.
Johnny se retourna, menaçant. Enfin, moins que le canon de son calibre 12.
- Ils peuvent toujours rêver !
Il fit feu. Le câble fut sectionné et le side-car retomba sur ses roues après quelques inquiétants soubresauts.
Profitant de la consternation de leurs ennemis, Fawkes lança une nouvelle offensive et une salve de laser désintégra le vertiptère de tête dans un grand flamboiement de débris métalliques.
- Et de un ! annonça-t-il triomphalement.
- C'est pas trop tôt, répliqua Johnny avec aigreur.
Mais l'Enclave n'avait pas dit son dernier mot.
Une série de boules de feu se mit à pleuvoir tout autour d'eux transformant ce qui était au départ une agréable ballade en chemin de croix, en véritable autoroute pour l'enfer !
- Les fumiers ! rugit le mercenaire.
Un autre grappin fusa dans leur direction. Johnny louvoyait pour leur éviter une incinération gratuite et ce faisant, le grappin manqua sa cible et transperça l'épaule droite du super mutant.
- Ah, non ! C'est pas du jeu !
Fawkes s'empara du câble qu'il tira violemment vers lui. Le soldat fut éjecté du vertiptère et tomba au sol, rapidement remorqué par la moto comme un poids mort.
Fawkes continua de tirer le filin, ramenant le soldat inanimé vers le side-car. Le soldat reprit ses esprits au moment même où le mutant braquait sur lui le canon de sa gatling laser :
- Fais risette !
Johnny fulminait.
- Doit bien y avoir d'autres gadgets sur cet engin!
Il pressa un bouton. Sitôt après, le panier pivota pour retrouver sa position d'origine.
- Non ! beugla Fawkes. Pas maintenant, Johnny !
- Merde !
Le soldat s'agrippa d'une main au side-car et de l'autre empoigna un fusil laser avec l'évidente intention de l'utiliser contre le pilote. Des crocs de chien dans son bras lui firent abandonner son projet. Cramponné au soldat, Rocky se mit en devoir de lui faire lâcher prise. Fawkes fulminait :
- Johnny, fais-moi tourner ! Rocky est en danger !
Le mercenaire était au bord de la crise de nerfs. Cette course-poursuite n'en finissait plus. L'image d'une jeune femme blonde suffit pourtant à lui procurer la concentration requise. Il appuya sur le premier bouton, inversant le panier et autorisant Fawkes à suivre la lutte entre Rocky et son adversaire. Le soldat avait lâché son arme, mais sa main libre était resserrée autour de la gorge du chien.
- Lâche-le, bouffon en scaphandre ! vociféra le mutant.
A ces mots, il orienta sa gatling vers le soldat et tira une courte rafale. Le méchant perdit sa prise sur la moto et sur Rocky et tout espoir de voler le side-car, à peu près dans cet ordre. Fawkes récupéra Rocky au vol et regarda le soldat rouler derrière eux. Lorsqu'il s'arrêta de rouler, il secoua sa tête endolorie. Il pesta contre sa mauvaise fortune, mais apprécia bien vit le fait d'être encore en vie. En voyant la moto s'éloigner, il porta une main à sa grenade à plasma.
- Si nous ne pouvons l'avoir, alors elle ne sera à personne !
Fawkes offrait un déluge de caresses à Rocky, mais il s'arrêta net en voyant un petit objet métallique dépasser de sa gueule.
- Bah, qu'est-ce que tu manges ?
Cela ressemblait assez à une goupille de grenade. L'explosion qui pulvérisa le soldat de l'Enclave derrière eux le confirma.
- Sacré toutou ! fit Fawkes en lui ébouriffant la tête ! C'est toi le meilleur !
- Et moi, je fais la sieste, peut-être !
La patience de Johnny commençait à se faire aussi rare qu'un sourire sur un fangeux.
- Allez, Murphy, tu as forcément pensé à mettre une arme secrète à utiliser en cas d'urgence !
Il appuya sur les boutons restants, priant pour déclencher un phénomène positif.
Venue de nulle part, une voix d'homme se fit soudainement entendre :
- Ici, Three Dog, Yeeehou ! La voix libre des Terres Désolées, pour vous. Et maintenant, un peu de musique...
Johnny comprit que Murphy lui avait installé la fameuse Galaxy News Radio. Charmante intention qui pour l'heure ajoutait à sa fureur.
Le vertiptère les bombardait sans relâche et creusait sensiblement l'écart au son de « a Wonderful Guy ».
- Ca devient super urgent ! souligna Fawkes.
Johnny actionna le dernier bouton.
Le flanc gauche de la moto s'escamota, libérant un missile dans un grand panache de fumée. La lueur de l'explosion éclaira le visage hilare du super mutant !
- Touché ! Et de deux !
L'appareil de l'Enclave perdit rapidement de l'altitude pour finir par s'écraser mollement sur la terre ferme.
Johnny n'en fut pas rasséréné pour autant. Il effectua un demi-tour avec difficulté et s'arrêta à la hauteur de la carcasse fumante du vertiptère. Il descendit de la moto et s'approcha du cockpit. Quelques coups de feu résonnèrent.
- C'est bon, Fawkes. Ils sont tous morts !
- Ouais, continuons, alors !
Johnny allait retourner sur le side-car lorsqu'une idée complètement folle traversa son esprit en ébullition.
- Dis-donc, il a l'air de pouvoir encore voler. Ca vous dirait un baptême de l'air ?
Chapitre 6 : La Liberté en Prime
A bord du vertiptère volé à l'Enclave, le trio survolait les Terres Désolées avec un sentiment de supériorité bien compréhensible. Fawkes se tenait dans la soute, regardant avec fascination le sol aride défiler sous eux. Il tenait la gatling laser contre lui en vérifiant de temps à autre que le side-car restait en place.
Johnny, quant à lui, pilotait son nouveau joujou sous le regard complice de Rocky assis à ses côtés, visiblement ravi de la promenade.
- Quel pied !
Les trois amis eurent tôt fait de distinguer une étrange cohorte.
- Ce sont eux ! annonça Johnny comme s'il avait vu une oasis.
- Ils ont l'air nombreux, dit Fawkes. Même pour nous.
Johnny lui jeta un regard inquiet.
- Je rigole, ajouta le super mutant.
Il leva sa gatling.
- On va se les faire !
- Ouais, bah, oublie pas que y a pas que des monstres en bas. Y aussi des innocents et parmi eux ma fiancée.
Johnny osa enfin s'angoisser un peu.
- Ouais, va falloir la jouer pas trop bourrin, cette fois.
- Tu comprends ce que ça veut dire « pas trop bourrin », Fawkes ?
- Moi je veux bien, mais avec Emma, j'ai dû mal à tirer au coup par coup !
Johnny faillit s'étrangler en détectant le sous-entendu grivois, mais accidentel, du super mutant.
Il ralentit un peu et amorça sa descente.
Il devait y avoir une trentaine de mutants et moitié moins de prisonniers. Il y avait des maîtres et des brutes solidement armés.
Le mercenaire comptait bien sur l'effet de surprise.
Il essaya de repérer sa dulcinée. Il distingua une frêle silhouette avec des cheveux blonds. Il se persuada que c'était Emma.
- Eh, hurla Fawkes à l'adresse de ses congénères. Vous avez dix secondes pour relâcher les otages sinon on ouvre le feu !
- Qu'est-ce qui te prend ? le morigéna Johnny.
- Excuse-moi, mais j'ai toujours rêvé de dire ça !
La file indienne s'arrêta et tous levèrent les yeux vers l'appareil qui les dominait.
Les prisonniers faisaient peine à voir, mais en voyant le vertiptère, une lueur d'espoir sembla illuminer leur regard. Les mutants, quant à eux, ne trouvèrent rien de mieux à faire que de s'esclaffer bruyamment.
- Je crois qu'ils nous prennent pas au sérieux, observa Fawkes avec une remarquable lucidité.
- On va les faire changer d'avis.
Johnny s'empara de l'incinérateur lourd et tira une salve.
L'un des mutants riait encore lorsque la boule de feu le changea en grillade.
Un silence terrible succéda à l'attaque. Puis un maître mutant épaula son lance-missiles :
- Abattez-moi ce traître !
- Traître ? s'indigna Fawkes. Mais j'ai jamais été de votre côté !
Johnny évita de justesse la roquette, mais les balles se mirent à ricocher contre la carlingue de l'appareil.
- Merde, on a tout fait foirer !
C'est ce moment que choisit un groupe de paladins de la Confrérie de l'Acier pour se mêler à la bataille. Ils jaillirent de derrière une formation rocheuse et se jetèrent sur les super mutants, les affrontant si nécessaire au corps à corps armés de leur éventreur.
- On a vraiment du cul, Fawkes ! Apparemment, on était pas les seuls à s'intéresser à eux !
Johnny posa tant bien que mal le vertiptère.
- Rocky, tu restes là. Trop dangereux pour toi.
Il ignora les jérémiades du chien et Fawkes et lui descendirent pour affronter le bataillon de mutants en pleine débâcle.
- Fawkes, il faut qu'on s'occupe des prisonniers. Il faut les isoler de la bataille.
- Je suis avec vous ! hurla son compagnon tandis qu'il était la cible des paladins.
Johnny sourit.
- Tu devrais te trouver un déguisement !
L'instant d'après, il enflammait deux mutants.
Les balles sifflaient autour du mercenaire qui s'attendait à tout moment à en prendre une. Il fit bien car l'une d'elle lui entailla le bras gauche. Il se mordit les lèvres et continua d'avancer jusqu'à un groupe de prisonniers qui hésitaient à fuir. L'un d'eux semblait les exhorter à profiter de la confusion pour filer en douce. C'était une femme. Johnny s'avança plus près. C'était Emma ! Son Emma !
Il la prit dans ses bras, interrompant brutalement son discours. Il ne la relâcha qu'à contrecœur. Elle avait le visage fatigué et semblait faible. Mais de pouvoir à nouveau la toucher et plonger ses yeux dans les siens suffit à le rendre heureux. Elle le regarda, totalement hébétée, ne réalisant pas qu'il avait pu venir la sauver.
- Viens avec moi ! Venez tous avec moi !
Johnny entraîna la jeune femme vers la formation rocheuse d'où avait jailli la Confrérie de l'Acier.
- Fawkes, tu nous couvres !
- Avec plaisir, chef !
Le bruit caractéristique de la gatling laser ponctua sa déclaration.
Ils n'avaient pas fait dix mètres que trois mutants leur tombaient dessus, armés de bâtons cloutés.
- C'est pas gentil de nous fausser compagnie, firent-ils de leur grosse voix.
Johnny embrasa le plus proche, mais vida du même coup le réservoir de son incinérateur lourd.
- Merde ! Je crois qu' on est cuit, nous aussi !
Un bruit de tronçonneuse se fit entendre. La tête d'un des mutants s'envola de ses épaules et le dernier reçut la lame d'un éventreur en plein cœur.
Tandis que les corps sans vie s'abattaient sur le sol, un paladin apparut, couvert de sang et de viscères.
- Je suis le paladin Cross ! fit une voix déterminée de femme. Elle était revêtue d'une armure assistée et d'un casque assorti, comme tous ses frères d'armes.
- Je vais vous escorter en lieu sûr. On fera les présentations plus tard.
- Bonne idée, fit Johnny avant de la suivre, le contact rassurant de la main d'Emma dans la sienne.
Fawkes n'avait pas perdu son temps. Rapidement, il avait prouvé qu'il était bien du côté des membres de la Confrérie qui avait cessé devant ses exploits de l'importuner comme un vulgaire super mutant. Hélas Emma - l'autre Emma - avait rendu l'âme et il se battait désormais à l'aide d'armes plus ou moins improvisées.
Fawkes repéra un de ses congénères particulièrement dangereux. Il mitraillait à tout va avec son mini-gun, sans se soucier s'il tirait sur des humains ou non. Il avait déjà tué quatre paladins, trois mutants et trois esclaves dans sa folie meurtrière. Fawkes attendit qu'il recharge pour se charger de son cas. Tandis qu'il s'élançait avec pour seule arme ses poings nus, un paladin attentionné lui lança une super masse qu'il attrapa au vol.
- Merci l'ami !
D'un bond puissant, il se jeta de tout son poids sur son adversaire, une brute de la pire espèce. Il lui assena trois coups consécutifs. L'autre ne broncha pas et lui porta un coup terrible avec son mini-gun. Fawkes tomba au sol, groggy, avant de balancer son arme vers la brute. Celle-ci la reçut en pleine face et tomba à genoux sous le choc.
- C'est l'heure de payer la facture, mon gars !
Fawkes lui empoigna le crâne et le dévissa avec tout le savoir-faire d'un mécano hors pair.
La bataille touchait à sa fin. La confrérie avait pris nettement le dessus, même si elle avait sacrifié beaucoup de soldats dans cette lutte sans merci.
Fawkes coupa court aux félicitations des paladins pour rejoindre son ami.
Johnny laissa Cross et les autres paladins s'occuper des esclaves pour passer un peu de temps avec Emma. Elle était encore sous le choc de ce qu'elle venait de vivre. Elle n'arrivait plus à parler. Elle pleurait de temps en temps, se serrant contre le mercenaire en murmurant son prénom. Il lui caressait les cheveux.
- C'est fini, Emma. C'est terminé. Tu n'as plus rien à craindre.
Elle poussa un hurlement qui démentit son affirmation.
Johnny se retourna. Un Behemoth leur faisait face, un bâton orné d'une bouche d'égoût en guise d'arme. Il était énorme. Il représentait le stade ultime de l'évolution des super mutants. Heureusement, il en existait peu dans les Terres Désolées.
Johnny mesura combien il avait de la chance avec un sourire amer.
Il n'avait pas vu de Behemoth depuis... depuis ce fameux jour où enfant, il était tombé nez à nez avec l'un d'entre eux. Il avait massacré ses parents et avait voulu l'ajouter à son tableau de chasse. Il s'en souvenait comme si c'était hier. Le colosse le dominait, debout sur une montagne de carcasses de voitures. Sans se rendre compte de ce qu'il faisait, Johnny avait ramassé une grenade sur le corps de son père et l'avait balancé devant lui. Au moment où le Behemoth s'était jeté sur lui, l'explosion avait enflammé les véhicules, produisant une boule de feu cataclysmique qui envoya le monstre en plein ciel. Johnny ne le vit jamais redescendre. Seul son bras droit retomba devant lui. Un bras qu'il avait conservé longtemps, comme pour se rappeler de ce jour néfaste teinté d'un soupçon de miracle.
Oui, il avait bel et bien menti à Murphy. Il avait réellement vaincu un Béhémoth à lui seul quand il n'était qu'un enfant. Ce Béhémoth à qui il devait de s'appeler ainsi.
Il observa le colosse qui à présent les menaçait tous. Johnny senti un frisson glacial parcourir sa colonne vertébrale lorsqu'il vit que le Behemoth n'avait qu'un seul bras.
- On dirait que le destin a décidé que je devais finir le travail.
Plusieurs paladins, dont Cross, voulurent s'interposer. Le monstre les balaya tous de sa massue improvisée. Puis il baissa la tête pour dévisager Johnny qui n'en menait pas large.
Comme s'il l'avait reconnu, ses yeux s'agrandirent et il poussa un hurlement à décorner un troupeau de brahmines.
Johnny serra les poings.
- Je t'ai massacré quand j'avais dix ans, c'est pas maintenant que je vais me défiler. Deuxième round !
Le mercenaire repoussa Emma qui le retenait et força le monstrueux mutant à lui courir après. C'était son combat, son duel. Personne d'autre ne devait s'en mêler.
Mais Fawkes en décida autrement. Il avait grimpé à bord du vertiptère et heurta de plein fouet le Behemoth. Sous le choc, l'appareil menaça de s'écraser. Le Behemoth tomba un genou au sol, à peine ébranlé. Johnny en profita pour ramasser quelque chose au sol. Il grimpa sur la jambe du colosse qui poussa un nouveau hurlement de rage. Johnny jeta dans sa gueule écumante ce qu'il avait ramassé. Il s'apprêtait à s'enfuir, mais son adversaire l'emprisonna dans sa main valide. Le mercenaire sentit une pression terrible sur ses os. Il se voyait déjà réduit en poussières lorsque la tête du Behemoth implosa dans un immonde geyser.
Son corps s'écroula dans un bruit de tonnerre. Les paladins vinrent aider Johnny à se libérer. Ceci fait, il cracha plusieurs goupilles et se laissa tomber dans les bras d'Emma, totalement épuisé.
Chapitre 7 : Bons Baisers des Terres Désolées
Quand il récupéra un peu, Le paladin Cross expliqua à Johnny que la Confrérie avait repéré ce groupe de mutants quelques temps auparavant. Elle le soupçonnait de se rendre à l'abri 87 pour y produire de nouveaux spécimens de leur espèce. On peut dire qu'ils avaient vu juste.
- Cet abri 87, il faudrait le détruire une bonne fois pour toutes ! s'emporta le mercenaire en observant Fawkes.
Ce dernier afficha une triste moue.
- On pourrait peut-être en parler à Murphy, avant. Il a l'air doué, ce petit gars. Il pourrait trouver un moyen d'inverser le processus, non ?
Johnny ne put s'empêcher de sourire.
- Pourquoi ? Tu ne te plais plus en mutant ?
Fawkes eut l'air gêné.
- Bah, en fait...
Johnny s'aperçut qu'Emma acceptait mal la présence de Fawkes après ce qu'elle venait de vivre. Elle acceptait encore moins son évidente complicité avec son fiancé.
- Je comprends, dit Johnny. Je comprends. Ce n'est pas comme si tu avais toujours été mutant, crut-il bon de rappeler.
- Je veux qu'on parte d'ici, le supplia Emma.
- Oui, dit Johnny en lui caressant la joue. On va y aller. Mais j'ai encore un petit travail à terminer.
Il scruta l'horizon.
- Tout le monde n'a pas encore payé la facture.
- Vous voulez parler du Dr Nuke ? interrogea Cross comme si elle avait lu dans ses pensées.
Elle avait retiré son casque. C'était une belle femme à la peau noire et aux cheveux courts, étonnamment blancs.
- Qu'est-ce que vous savez à son sujet ?
- Il n'est plus de ce monde. On a trouvé son cadavre non loin d'ici. Voilà ce que c'est que de traiter avec les super mutants.
Johnny poussa un soupir en dévisageant Emma.
- Dommage. J'aurais bien voulu m'en occuper moi-même.
- Si ça peut vous rassurer, ajouta Cross. Des pourritures comme lui, c'est pas ce qui manque dans les Terres Désolées.
Puis elle remit son casque.
- Nous allons escorter ces gens en lieu sûr. Vous voulez nous accompagner ?
- Non, merci, répondit le mercenaire.
- Vous savez que vous feriez un très bon paladin. Votre ami Fawkes, aussi, d'ailleurs !
En entendant son nom, le mutant devint tout guilleret.
- Chef, c'est une bonne idée, non ?
Johnny afficha un air las.
- Rejoins-les si tu veux, Fawkes. Tu es libre.
Le mutant devint tout penaud.
- Mais...
Johnny lui serra la main.
- Je suis vraiment heureux de t'avoir rencontré, Fawkes. On te doit beaucoup.
Le mutant lui serra la main, attristé.
- Je viendrai te voir de temps en temps à la Citadelle.
Ce qui réussit à faire sourire l'intéressé.
- T'as intérêt, sinon...
Le couple regarda les rescapés de la bataille monter à bord du vertiptère piloté par Fawkes et disparaître dans le couchant.
- Je crois qu'il est temps de partir, annonça Johnny.
Quelques instants plus tard, le side-car roulait à tombeaux ouverts. Emma était assise derrière Johnny, enlaçant sa poitrine de ses bras et Rocky était dans le panier, regrettant l'absence de l'imposant mutant.
Le mercenaire avait allumé la radio.
« Salut les Terres Désolées, ici, Three Dog. Yahouuu ! Pour votre plus grand plaisir. Encore une nouvelle journée de passée en Post-Apocalyptia. Et si je vous disais, les amis, que notre célèbre héros vient encore de faire parler de lui. Non, non, non. Je ne vous parle pas de notre valeureux habitant de l'abri 101, ni même du légendaire Johnny Behemoth. Je vous parle d'un super mutant qui a carrément viré sa cutie pour aider la Confrérie de l'acier à éradiquer les membres de son espèce. C'est pas un truc dingue, ça ? Si vous avez du mal à digérer une nouvelle pareille, je vous rassure, c'est tout à fait normal. Alors pour vous faire passer la pilule plus facilement, je ne vois qu'un seul remède : un peu de musique...
- Ca alors, fit Johnny, on aura tout vu !
La chanson « Way Back Home » se fit alors entendre dans la nuit, accompagnant le trio de ses sonorités délicieusement rétros, sous un ciel paré d'étoiles scintillantes.
- Merde, ils connaissent pas le rock'n roll à GNR !
Au loin une soucoupe volante se crasha.
Une journée tout à fait normale en somme dans les Terres Désolées de la Capitale.
En attendant la prochaine...
T’as aimé…ou pas
T’as tout lu, tout vu, tout entendu…ou pas
Peu importe, post un com et like la page pour dire que tu existes car ton avis est important pour moi, mais aussi pour le futur de ce blog, un gros merci d’avance !
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samedi, 30 janvier 2010
2. Johnny Behemoth Contre l'Armée des Démons
Chapitre 1 : Un Assaut Capital
Le Maître super mutant donnait ses instructions d'une voix sèche aux neuf mutants sous ses ordres :
- Ramassez-moi ces armes, abrutis !
Ils s'étaient établis dans les ruines de DC depuis peu et l'aménagement ne se faisait pas sans peine. Les mutants regrettaient d'avoir quitté les Terres Désolées proprement dites et la manière dont ils traînaient les pieds en disait long sur leur motivation.
- Vous mangerez pas tant que ce sera pas rangé, tas de...
Le maître s'interrompit en voyant un de ses soldats faire semblant de remplir un sac à gore. Il se rapprocha de lui, furieux, et lui broya l'épaule :
- Et toi ! T'es bon pour nourrir les radcafards !
L'intéressé se retourna avec un grand sourire :
- Après toi, gros tas !
Fawkes posa le canon d'un pistolet laser sur sa tempe avant de s'adresser aux autres :
- Lâchez vos joujous ou je fais un carton !
Il se mit à glousser.
- J'ai toujours rêvé de dire ça !
Les huit mutants se regroupèrent quelques instants pour palabrer avant de braquer leurs fusils d'assaut et de faire feu. Le corps du Maître fut criblé de balles et Fawkes perdit son arme. Il fut alors bien avisé de se servir du cadavre comme bouclier. Lorsqu'il comprit qu'il était temps pour lui de réagir, il balança le corps exsangue sur les tireurs :
- Vous êtes virés, les gars !
Trois paladins de la Confrérie de l'Acier profitèrent de la confusion pour prendre les super mutants à revers. Trois des monstres s'élancèrent sur Fawkes, visiblement ravi de la confrontation :
- Venez voir tonton Fawkes !
Il récupéra l'arme qu'il avait dissimulée dans un sac à gore. Elle prenait l'apparence d'un souffleur à feuilles couplé à un aspirateur. Bien inoffensive à première vue. Sauf qu'elle avait pour nom Lance-Briquettes et qu'elle avait la capacité d'envoyer à peu près n'importe quoi avec une grande célérité, faisant d'un objet anodin une arme redoutable.
Fawkes pressa la détente et ses adversaires furent assaillis d'ustensiles de toutes sortes : réservoir de moto, casserole, fer à repasser, appareil photo, nain de jardin,...
L'un d'eux eut la tête tranchée par une simple assiette, un autre fut pulvérisé par un assortiment de grille-pain, de balles de baseball et d'ours en peluche.
Malheureusement, Fawkes se retrouva à court de munitions alors que son dernier adversaire reprenait ses esprits. Le gentil mutant récupéra alors les membres épars de ses congénères sans vie et les engouffra dans le chargeur de son arme unique :
- Fawkes soigne le mal par le mal !
La seconde d'après, il projetait sur le super mutant une série de bras, de jambes et de têtes qui causèrent son décès dans les plus brefs délais.
De leur côté les paladins n'avaient pas perdu leur temps. L'un d'eux, prénommé Kodiak à juste titre, jouait au base-ball avec sa masse et les crânes des mutants à sa portée faisaient d'excellentes balles.
- Bandes de dégénérés ! Vous avez pas encore compris que vous êtes pas chez vous ?!!
Et autant dire qu'il explosa son score et ses adversaires.
Ses compagnons, le Chevalier Artemis et le Paladin Bael s'occupèrent des derniers résistants avec quelques projectiles bien placés.
La présence de Fawkes parmi la Confrérie de l'Acier était encore loin de faire l'unanimité, notamment auprès de Gunny, le responsable de la formation des initiés, qui acceptait déjà très mal des humains comme volontaires.
C'est le Paladin Stellaire Cross qui avait appuyé la candidature du Super Mutant auprès de l'Aîné Owyn Lyons après avoir assisté à ses exploits aux côtés de Johnny Behemoth (cf Johnny Behemoth conte Dr Nuke).
Un mutant au sein des ennemis jurés des mutants, évidemment ça pouvait facilement passer pour une absurdité, voire une trahison.
Mais comme à son habitude, Fawkes avait rapidement prouvé sa valeur. Comme espion et saboteur au sein de l'ennemi, on pouvait difficilement faire mieux.
La tactique était maintenant parfaitement rodée.
Fawkes s'incrustait, se fondait dans le décor et au moment opportun, il passait à l'action. Le parfait éclaireur. Ses détracteurs se faisaient du coup moins nombreux.
L'irascible Kodiak grinçait encore des dents, mais il avait trop de respect pour l'Aînée Lyons pour remettre en cause sa décision.
- Encore un beau massacre ! claironna Fawkes.
Kodiak grimaça.
- Bon, inutile de traîner ici. On ramasse les armes et...
- Regardez, dit Artemis en consultant un terminal que les mutants avaient semble-t-il dérobé à l'Enclave sans pouvoir y accéder. Il y a là des choses très intéressantes. On dirait que l'Enclave est sur un gros coup. Des expériences pas très catholiques qui concernent des super mutants et des écorcheurs.
Fawkes s'approcha.
- Ca me dit quelque chose, fit-il en posant un gros doigt sur son menton.
Kodiak dévisagea ses hommes avec un air complice :
- Quand tu t'en souviendras, on aura déjà nourri les radcafards !
Les yeux de Fawkes s'illuminèrent :
- Ca y est, je me rappelle ! C'est au moment où j'ai rencontré Johnny. Ils m'avaient enfermé avec un écorcheur. Et on se demandait ce qu'ils pouvaient bien mijoter.
- Ils voulaient peut-être vous accoupler ? plaisanta Kodiak.
Fawkes se força à sourire. Il y avait déjà eu droit à celle-là !
- Ca rendrait les super mutants sûrement plus charmants, s'esclaffa le paladin rapidement imité par ses compagnons.
Fawkes n'était pas dupe. Il était conscient de servir régulièrement de bouc émissaire. Mais il avait appris à vivre avec. A sa façon.
Il dévisagea franchement Kodiak :
- Si j'en crois vos têtes, l'accouplement a déjà donné de jolis fruits.
Kodiak sentit la moutarde lui monter au nez. Il brandit sa massue de manière menaçante avant d'être interrompu pas Artémis :
- Il faut immédiatement qu'on ramène ses données à la Citadelle. Apparemment le projet de l'Enclave est déjà bien avancé.
Ils prirent tout l'équipement qui pouvait les intéresser et se mirent en route.
- Dis-moi, fit Kodiak de son ton bourru, quand est-ce que tu nous le présentes ton fameux Johnny ? C'est vrai, tu nous en parles tellement...
La question sembla attrister le mutant. Johnny avait promis de venir le voir à la Citadelle. Il avait l'impression que ça faisait une éternité de cela. L'avait-il oublié ? Avait-il trouvé un acolyte plus digne de lui ?
Fawkes ferma les poings et leva dignement la tête.
- Il viendra bientôt. Il me l'a promis.
Chapitre 2 : De Joyeuses Retrouvailles
Murphy ignora les gouttes de sueur qui coulaient sur les verres de se lunettes. Il était sur le point de terminer une expérience délicate.
- On a de la visite.
Le savant jeta un regard noir à Barrett, son garde du corps. Il le supportait de moins en moins. Que n'aurait-il pas fait pour l'échanger contre...
- Johnny Behemoth, pour vous servir !
Le célèbre mercenaire apparut dans l'encadrement de la porte de l'atelier, vêtu de son armure de cuir comme d'une seconde peau, son magnum 44 à sa hanche et son fidèle canon scié dépassant de son épaule comme une extension de chair.
Il offrit son plus large sourire et tendit une main :
- Non, s'il vous plaît, pas de photos, aujourd'hui !
Murphy oublia soudainement ses travaux auparavant vitaux et vint serrer la main du visiteur :
- Content de vous voir, Johnny ! Le side-car marche toujours ?
- Ca roule plutôt bien, je ne m'en lasse pas. Je viens justement recharger les batteries.
La goule le dévisagea avec un sourire malicieux :
- Vous avez de quoi de payer ?
Un grincement se fit entendre et Rocky arriva, tirant à l'aide d'une corde un caddy de supermarché rempli de boites rectangulaires en tous points identiques.
Il devait y en avoir une bonne cinquantaine.
Les yeux de Murphy devinrent des feux de joie :
- C'est ce que je crois ?
Johnny opina.
- Des bombes sucrées de la première fraîcheur. Enfin, façon de parler, évidemment !
Murphy ne put cacher son excitation :
- Ah, je savais que je pouvais compter sur vous ! Vous tenez toujours vos promesses !
- Oui, d'ailleurs j'en ai une autre à respecter. Et je vais y aller de ce pas.
- Ok, fit Murphy. Je vais recharger le side-car. Pendant que j'y suis, j'en profiterai pour apporter de nouvelles modifs.
Johnny leva un sourcil, plein d'espoir :
- Tu veux dire que tu vas enfin m'enlever cette satanée radio ?
- GNR ? Certainement pas, c'est...
- La voix libre des Terres Désolée, récita le mercenaire d'un air las. Je sais, je suis pas près de l'oublier. Ca coûtait rien de demander.
Chapitre 3 : L'Homme qui Tombe à Pic
Suite à la découverte majeure faite par le chevalier Artemis, l'Aînée Lyons avait réuni un conseil d'urgence dans le Grand Hall, nanti d'un bureau circulaire pouvant figurer la légendaire table ronde des chevaliers d'autrefois.
On aurait dit une réunion d'état-major. Ce qui était plus ou moins le cas.
Les paladins les plus éminents étaient naturellement présents (Cross, Kodiak en tête) ainsi que des scribes qui avaient pour vocation d'archiver toutes les connaissances acquises par la Confrérie de l'Acier.
Fawkes, comme à son habitude, se tenait dans un coin en essayant vainement de se faire tout petit. Mais il se sentait privilégié de pouvoir assister à une audience aussi importante.
Le vieil homme n'eut pas besoin de réclamer l'attention. Lorsqu'il commença à parler, tout le monde n'eut d'yeux que pour lui :
- Mes frères, l'heure est décidément grave. Les super mutants nous causaient déjà assez de soucis, mais visiblement l'Enclave représente désormais une trop grande menace pour qu'elle ne devienne pas notre nouvelle priorité.
Les documents en notre possession nous apprennent qu'elle a édifié une nouvelle base. Tout près d'ici.
Son ton se fit plus grave.
- A DC.
Des clameurs s'élevèrent.
- Ils veulent nous renverser une bonne fois pour toute, c'est ça !
C'était Cross qui venait de parler ainsi, se faisant l'écho de tous.
Lyons reprit :
- C'est malheureusement ce qui est à craindre. Nous représentons les deux forces les plus puissantes et les mieux organisées des Terres Désolées. Et on ne peut pas dire que nos ambitions se rejoignent. C'était inévitable, je présume. Et ce n'est pas le projet sur lequel ils travaillent actuellement qui peut nous rassurer.
Il agita des imprimés comme pour donner plus de poids à ses futures déclarations :
- Ils sont en train de mener des expériences qui représentent un danger absolu, non seulement pour nous, mais aussi pour l'ensemble des Terres Désolées.
Il fit distribuer une copie à chacun des documents qu'il tenait.
- Car s'ils nous balayent, nous, la Confrérie de l'Acier, qui sera le rempart contre la folie et le désespoir de ce monde ? Qui pourra empêcher une politique de terreur de s'installer un peu partout, détruisant irrémédiablement nos chances de reconstruire une humanité digne de ce nom ?
- Vous avez pensé à moi ?
Les visages consternés de la Confrérie se tournèrent vers celui qui venait de parler.
Fawkes bondit de son coin en bousculant les paladins alentours.
- Johnny !
Le mercenaire dut subir une étreinte particulièrement chaleureuse de Fawkes qui le fit regretter de l'avoir fait languir autant.
- C'est Johnny, aboya le mutant, Johnny Behemoth !
Kodiak détailla le héros avec un rictus.
- Ils font vraiment la paire, ces deux-là !
- Excusez-moi, fit le mercenaire, je ne voulais pas vous interrompre. Mais à en juger par votre admirable discours, vous vous apprêtez à partir en guerre, avec les gros moyens. De mon côté, sachez que j'ai appris certaines choses sur ce projet et cette base. Et ma conclusion est qu'un détachement trop important nuirait à coup sûr à la réussite de cette mission.
D'un geste impérieux, Lyons fit cesser les contestations de tous genres qui fusaient de toute part. Il se planta devant le mercenaire avec un aplomb que peu d'hommes de son âge pouvaient se vanter de posséder :
- Bien que j'ai beaucoup entendu parler de vous, il adressa un regard à Fawkes, je n'ai pas l'honneur de vous connaître Monsieur Behemoth.
- Je vous en prie, fit l'intéressé avec son sourire charmeur, appelez-moi Johnny.
- Le Paladin Stellaire Cross a également tenu des propos très élogieux à votre égard et m'a rendu compte en détails de l'aide précieuse que vous avez fourni à elle et ses hommes dans des conditions extrêmement hostiles.
Johnny fit une révérence à l'intention de la guerrière ce qui ne fut pas du tout du goût de Kodiak dont le rictus s'agrandit.
Lyons poursuivit :
- Elle a d'ailleurs beaucoup contribué à l'intégration de votre ami Fawkes au sein de la Confrérie. Ce qui, de par sa nature très spécifique, n'était pas chose aisée, vous en conviendrez.
Johnny adressa cette fois un clin d'œil appuyé à la jeune femme. Voyant cela, Kodiak émit un véritable grondement d'ours.
- Mais il a su se montrer brave et faire oublier ce qui pouvait constituer un élément rédhibitoire à sa condition de Paladin. Ce qui n'est pas le moindre de ses exploits.
Johnny décocha un regard complice au mutant, ravi de son sort.
- Tout ça pour dire, que vous avez sans nul doute gagné vos entrées, ici, Monsieur Behemoth. Pour autant, votre intervention me paraît un tantinet dépasser ces droits fraîchement acquis.
- J'en suis le premier désolé, avoua Johnny qui savait reconnaître la valeur d'un homme à ses mots. Je désirais simplement apporter mon soutien dans une expédition de premier ordre. Je suis loin d'égaler un membre de votre Confrérie dans son investissement pour un monde meilleur, je vous l'accorde volontiers. A vrai dire, je n'ai jamais vraiment cru que les choses pouvaient s'arranger. Mais ce que je sais, c'est que tant qu'il y aura des pourritures qui continueront de sévir en ce bas monde, moi, Johnny Behemoth premier et seul du nom, je serai là pour leur piétiner la gueule et leur rappeler que s'il n'y a plus de justice y aura toujours mon 44 pour remettre un peu d'ordre dans tout ce bordel qui nous entoure.
Il tapota la crosse de son magnum comme pour donner plus de poids à sa harangue.
Fawkes se mit à applaudir sans retenue, bientôt imité par Cross. Finalement tous les paladins et scribes présents dans la salle saluèrent l'oraison du mercenaire qui en fut le premier étonné. Même Kodiak se surprit à sourire.
L'Aînée Lyons le toisa avec amusement :
- Et bien, on peut dire que vous savez soigner votre entrée, Johnny Behemoth. Je pourrais certainement vous trouver un rôle à jouer d'ici peu.
Le mercenaire savoura la nouvelle.
- Ce sera avec grand plaisir.
Et Fawkes de l'enlacer à nouveau.
- Arrête, ils vont finir par croire qu'on est marié !
- A propos, fit le mutant profitant d'un nouveau discours de Lyons à l'adresse de ses hommes, où est Emma ? Elle va bien ?
- Oui. Elle est à Big Town pour quelques jours. Elle a retrouvé de la famille là-bas. Je me suis dit que c'était l'occasion idéale de venir voir un vieil ami. On dirait que je tombe à pic !
- Oui, exulta Fawkes, c'est reparti pour un tour !
Chapitre 4 : La Croisière s'amuse
La confrérie avait assez de connaissances pour lancer l'Opération Coup de Poing.
L'Aînée Lyons souhaita bonne chance à ses troupes, vêtu de sa fidèle robe de scribe bleue et les regarda quitter l'enceinte de la Citadelle, conscient des enjeux.
L'escouade était dirigée par le Paladin Stellaire Cross et composée de l'inénarrable duo Johnny/Fawkes, du Paladin Kodiak, du Chevalier Artemis, du Chevalier Capitaine Dusk (sniper expert) et de quatre recrues qui avaient déjà démontré leur potentiel dans de précédentes missions.
Ils partaient rejoindre DC. Ils pensaient prendre le métro, mais Johnny leur avait proposé une solution plus rapide et moins risquée. Il connaissait une femme qui possédait un bateau et qui pourrait leur faire traverser le fleuve en moins de deux. Le temps était trop précieux pour se permettre des pérégrinations inutiles.
La femme en question s'appelait Nadine. C'était une rousse au tempérament volcanique qui affichait une apparence de mercenaire avec ses vêtements usés et son canon scié à la ceinture. Nul doute qu'elle avait dû vivre de drôles d'aventures, elle aussi. Les paladins comprirent rapidement comment il avait été facile pour Johnny d'obtenir son assistance. Ils étaient faits du même bois.
L'après-midi touchait à sa fin lorsqu'ils montèrent à bord. Nadine les accueillit froidement, mais personne ne s'en plaignit.
Le départ fut rapidement donné et le bateau se dirigea vers l'autre rive, vers DC.
- Alors, fit Nadine, tandis que Johnny la rejoignait dans la cabine de pilotage, quoi de neuf dans les Terres désolées ?
Johnny croisa les bras sur sa poitrine et observa distraitement le fleuve.
- Bah, la routine. Des méchants pas beaux à dérouiller.
Puis son visage s'éclaira.
- Ah, si. J'ai gagné une moto très sympa. Tu adorerais. Faudra que je t'emmène faire une ballade, un de ces quatre.
Nadine renifla comme si quelque chose l'incommodait. Elle aussi faisait mine de s'intéresser au fleuve.
- Et Emma ?
- Elle va bien. Elle est à Big Town pour quelques jours. Elle a retrou...
- Ca ne lui fait rien ?
- De quoi ?
Nadine regarda Johnny avec une franchise qui le désarçonna.
- De te savoir avec moi.
Johnny se racla la gorge.
- Et bien, à dire vrai, elle ne sait pas réellement ce que je fais. J'étais venu voir mon ami Fawkes et...
- Le mutant ? fit-elle en riant.
Johnny afficha une gêne plutôt rare chez lui.
- Oui, le mutant.
Nadine reporta son regard vers l'avant.
- Je pensais que tu finirais un jour par trouver un partenaire digne de toi. Je pensais juste que ce serait quelqu'un d'autre.
Johnny s'approcha d'elle.
- Je sais ce que tu penses. Mais c'est pas aussi simple. Je suis avec Emma, maintenant.
Nadine le dévisagea. Son regard troubla le mercenaire. Et autant dire qu'il en fallait beaucoup pour le troubler.
- C'est sûr que les tentations sont moindres avec un mutant.
Johnny supporta son regard, non sans effort.
- Exactement.
Puis comme s'il ne s'était rien passé, elle prit un ton jovial et donna un coup de gouvernail pour éviter un récif :
- Si tu me dois une ballade, alors moi aussi. Je connais un coin que tu rêverais d'explorer. C'est un peu humide, mais ça change vraiment des Terres Désolées. J'y ai vécu de sales moments, mais j'avoue que ça m'a aidé à me forger un caractère en acier.
- Et comment il s'appelle ce paradis ? fit Johnny plus qu'intéressé.
- Ca s'appelle Point Lockout. Les indigènes sont tout à fait ton genre : laids, dangereux et ils pullulent comme des goules dans un métro.
- J'avoue que c'est tentant. Je suis en manque de nouvelles têtes, ces temps-ci...
Fawkes apparut à l'entrée de la cabine.
- Dites, chef, j'ai un truc à te dire.
Nadine adressa un clin d'œil narquois au mercenaire.
- Vous voulez que je vous laisse la cabine.
Johnny secoua la tête en souriant.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- On a repéré du mouvement dans l'eau.
- Des fangeux, tu crois ?
Fawkes haussa les épaules.
- Possible.
Nadine vérifia son canon scié.
- Ces saloperies me fichent la paix d' habitude, mais quelques fois...
Il y eut un choc terrible et les trois héros faillirent se retrouver les quatre fers en l'air.
En bas, les paladins étaient sur le qui vive.
- En voilà un, annonça Dusk en mettant un fangeux en joue.
La créature était en train de remonter à la surface à une vingtaine de mètres. Elle arborait comme tous ses semblables une solide carapace et une tête presque invisible. Elle brassait l'eau de ses membres inhumains. On aurait dit une espèce de crabe géant. En beaucoup moins savoureux. Il nageait parfaitement et ses membres postérieurs lui permettaient de surcroît de se déplacer facilement sur la terre ferme où il osait parfois s'aventurer. Un curieux mélange dû encore une fois aux radiations post-nucléaires.
Dusk fit feu avec une précision chirurgicale. La balle perfora le visage du fangeux qui demeura aussi inerte qu'une bouée.
- Joli tir ! dit Johnny qui venait de redescendre. Il se félicita d'avoir un soldat tel que lui à ses côtés. Etant donné ce qu'ils allaient bientôt affronter, ce n'était pas du luxe.
Dusk continua de fouiller le fleuve avec la lunette de son fusil, bientôt imité par Johnny et son 44 amélioré. Le bateau reprit sa route. Il avait dû heurter une épave.
Le fond du fleuve était rempli de débris.
- De ce côté, attention !
Une recrue venait de déceler un roi fangeux. D'apparence beaucoup plus humaine, il détenait une arme terrible : un rayon sonique qu'il projetait en hurlant.
Le jeune soldat réagit trop tard et il reçut un rayon en pleine tête. Il s'écroula aussitôt.
Cross l'examina rapidement.
- Il a perdu connaissance.
Elle fit parler son fusil laser et toucha la créature ainsi qu'une autre qui émergeait à proximité.
- Il en vient de tous les côtés ! cria-t-elle.
Les rois fangeux harcelaient les paladins de leurs attaques, les distrayant et permettant aux fangeux de se rapprocher plus facilement du bateau. L'un d'eux parvint à monter à bord. Il reçut un chapelet de plomb, mais heurta un soldat avant de mourir sur le pont. La malheureuse recrue tomba à l'eau et avant que ses camarades aient pu intervenir, trois fangeux réglèrent son sort.
- Fumiers ! rugit Kodiak. Je vais tous vous bouffer, sales crabes de merde !
Johnny arracha quelques grenades de l'équipement d'un des paladins et les lança dans l'eau. Un magnifique geyser souleva trois cadavres de fangeux.
- On dirait qu'on aura de la soupe pour ce soir !
Dusk abattit un roi d'une balle en pleine tête et observa avec satisfaction sa cervelle en apesanteur.
Fawkes se précipita à la poupe. Plusieurs fangeux étaient en train de grimper par-dessus le bastingage.
- C'est l'heure du bain de sang !
Il brandit sa gatling laser et fit de la compote de fangeux. Des pinces restèrent accrochés au parapet comme d'improbables ornements.
- On dirait qu'ils se calment, dit Artémis après avoir vidé un chargeur sur un groupe de créatures.
- Je vais voir Nadine, déclara Johnny.
Tandis qu'il montait l'escalier, un roi fangeux grimpa à bord et lui balança un rayon. Le mercenaire poussa un cri et tomba dans les marches.
- Johnny !
Fawkes fit volte-face. Il vit la créature grimper dangereusement vers la cabine.
Le roi fangeux tomba nez à nez avec une jeune femme rousse au tempérament volcanique. Détail d'importance elle braquait contre son faciès hideux le canon d'un calibre 12.
- Désolé, je prends pas les clandestins !
La seconde d'après, elle explosait littéralement le crâne de l'imprudent.
Les fangeux comprirent la leçon et cessèrent leurs attaques. On put alors s'occuper des blessés.
Johnny et l'une des recrues étaient allongés chacun sur une banquette et se remettaient doucement. Fawkes veillait consciencieusement sur le mercenaire.
- Je vais bien, le rassura Johnny. Je suis juste un peu sonné.
- Nous avons déjà perdu un homme, constata Kodiak. Cette mission sent pas bon.
- Allons, fit Cross, nous savons bien que dans ce genre d'entreprise, le voyage en lui -même fait partie des risques.
- Et si c'était un piège ? s'inquiéta une recrue. Et si l'Enclave avait laissé ses informations à dessein, afin de nous tendre une embuscade ?
- Dis-toi que nous y avons pensé, répondit Artémis et que c'est pour ça que nous avons choisi d'emmener des bleus tels que toi !
L'autre ne trouva plus rien à dire.
La tension était palpable. Chacun était pressé de mettre pied à terre et de tomber dans la gueule du loup si tel était leur destin. Le doute était plus irritant encore.
Chapitre 5 : Dans la Gueule du Loup
L'escouade fut soulagée une fois le bateau amarré de l'autre côté du fleuve.
Les paladins remercièrent Nadine qui leur offrit quelques provisions pour la route.
- Je vous ai même fait du pâté de fangeux, dit-elle en riant.
Johnny lui fit un signe de la main depuis la berge.
- A bientôt sale rouquine !
- Dégage, beau blond !
Puis il rejoignit les autres en ignorant le malaise qu'il ressentait.
Leur progression à travers les ruines de la capitale se fit dans un silence presque royal. Les membres de la confrérie n'étaient pas très loquaces et Johnny lui-même se perdait régulièrement dans ses pensées. Fawkes n'osait le divertir de peur de déclencher son courroux.
Le mutant se mit à siroter un nuka cola quantum.
La bouteille explosa dans sa main.
Les paladins se mirent immédiatement à couvert.
- Vous voyez quelque chose ? s'enquit Cross.
Dusk et Johnny fouillèrent la place et les immeubles dévastés à l'aide de leur lunette respective.
- Y en a deux derrière l'abribus, annonça le second.
- Et un dans l'immeuble à droite, renchérit le premier.
Cross médita un instant avant d'ordonner :
- Fawkes fait parler ta gatling sur l'abribus. Dusk, tu décolles pas ton viseur de l'immeuble. Dès que tu peux, tu tires !
Le mutant se dressa et arrosa la cible désignée d'une bonne rafale de laser.
Les deux hommes planqués changèrent de position et se découvrirent un peu. Suffisamment pour être identifiés. C'était des soldats de l'Enclave. Ils avaient dû établir un avant-poste en vue de dissuader d'éventuels visiteurs de s'approcher de leur base secrète.
Tous les paladins se mirent à ouvrir le feu sur les deux soldats qui répliquèrent avec leur fusil à plasma. Touché, Artemis se renversa en arrière.
Dans l'immeuble, quelque chose bougea. Dusk mit rapidement la menace dans sa ligne de mire. Une balle siffla à un pouce de son casque. La sienne trouve le front du tireur embusqué qui chuta du haut de son perchoir avant de s'écraser sur une carcasse de voiture.
- Cessez le feu ! hurla Cross.
Les trois ennemis étaient morts. Kodiak et sa massue allèrent s'en assurer de plus près. Artemis se faisait soigner par les recrues.
- Venez voir ! cria Kodiak .
L'escouade le rejoignit près du corps du sniper de l'enclave. Il avait perdu son casque.
- C'est Bones ! s'exclama Cross. C'est un des nôtres. Il a disparu il y a une semaine. On a cru que les mutants en avaient fait l'un des leurs.
Johnny caressa une marque étrange sur une de ses tempes.
- Je crois que l'Enclave commence à se spécialiser dans les expériences d'un goût douteux.
Ce terrible constat ne fit que renforcer la détermination du groupe.
Kodiak serra les dents de plus belle. Ils offrirent une sépulture décente au paladin Bones et se remirent en route.
La route était monotone. Les ruines de DC offraient peu d'intérêt. Mais le groupe était aux aguets, s'attendant à tout moment à subir un autre assaut de l'Enclave.
Ils parvinrent à une autre place. Il n'y avait pas d'autre chemin possible, il leur fallait la traverser.
- Un instant, dit Dusk.
L'œil rivé à sa lunette, il inspectait le sol.
- Ma main à couper que c'est un champ de mines.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ? s'enquit Cross.
Le sniper tira et la seconde d'après une explosion creusa un cratère fumant aux dimensions inquiétantes.
- Ca !
- Des mines à plasma, grogna Kodiak. Ca va être coton !
Fawkes bomba le torse.
- Laissez-moi y aller, dit-il. Je vais vous frayer un chemin. Je suis le plus costaud.
- Non, fit Johnny en l'arrêtant. T'es juste le plus cinglé. Y a sûrement une meilleure solution.
L'une des recrues du nom de Texas s'avança.
- Avec votre permission, je me porte volontaire. Dusk sera mon guide, il me dira où aller. Je baliserai le chemin avec ces fumigènes au fur et à mesure de ma progression. Vous n'aurez alors plus qu'à les suivre. J'ai eu la meilleure note aux tests d'aptitude physique. Je suis l'homme de la situation.
Devant tant d'ardeur, Cross ne put qu'approuver.
- Bonne chance, soldat !
- On est avec toi, l'encouragea Johnny.
Le volontaire jeta un dernier regard au peloton avant de commencer son périple. Dusk sentait une pression monstre sur ses épaules. Mais il avait de l'expérience et une totale confiance en ses capacités. Ce genre de responsabilité le grisait plus qu'une bouteille de whisky.
- Vas-y, Texas, tout droit !
- Tout droit ! répétèrent les autres à l'unisson.
L'intéressé sourit.
- Bien reçu.
Cross le regarda évoluer avec angoisse sur ce qui était ni plu ni moins un tapis de bombes. Elle décida de détendre tout le monde, à commencer par elle :
- Fais attention ! Ce serait dommage de trouer ce joli petit cul !
- Un poil sur ta gauche ! annonça Dusk. Oui, comme ça !
Johnny se mordait la lèvre. Il se sentait impuissant. Et il détestait ça.
- Pour un peu, dit Dusk, il n'aurait presque pas besoin de moi. Il se débrouille comme un chef. J'ai l'impression qu'il voit les mines avant moi. Regardez-le, il est déjà presque de l'autre côté.
Texas venait de poser un nouveau fumigène sur ses pas lorsqu'une explosion retentit.
Tout le monde sursauta.
Dusk fit pivoter sa lunette.
- C'est rien, c'était juste une saloperie de radcafard.
- Texas, continue !
L'œil du sniper s'écarquilla brusquement.
- Attention, sur ta droite !
Texas interpréta l'ordre donné de travers à moins que ce ne fut Dusk qui commit une maladresse. Il crut qu'il devait aller à droite alors que c'était précisément là que résidait le danger. L'explosion fit voler le corps du jeune soldat à plusieurs mètres de hauteur. Les autres virent avec horreur une jambe se détacher dans un flot de sang.
- Putain, c'est pas vrai ! s'emporta Dusk, empli d'incompréhension.
Les larmes aux yeux, il tira sur une mine permettant au corps de Texas de retomber sans danger de l'autre côté de la place. Il avait réussi à leur tracer la route. Mais à quel prix. Dusk fut le premier à passer derrière lui, ce qui était compréhensible.
Lorsque tous les autres l'eurent rejoint, Texas ne respirait plus. Et pourtant son visage rayonnait. Comme s'il mesurait pleinement ce qu'il avait accompli.
Dusk prit son holoplaque.
- Je te jure qu'on se souviendra de toi ! Je te le promets.
La mort de Texas laissa planer un silence de mort sur le groupe déjà peu enclin à converser. Seul Fawkes s'autorisait à chantonner de temps en temps, ce que tout le monde appréciait finalement sans l'avouer :
«C'est qui qui tourne pas rond ?
C'est l'Enclave !
C'est qui qui va manger du plomb ?
C'est l'Enclave !
C'est qui qui va lui refaire le portrait ?
C'est nous, la Confrérie de l'Acier !
Dusk secouait régulièrement la tête, caressant l'holoplaque du défunt. Johnny l'observait. Il avait de la peine pour lui.
Il serra les poings. L'Enclave allait payer au centuple les pertes subies. Il pouvait le lire sur chaque visage.
- D'après le plan, dit Artemis, on ne devrait plus être loin.
Il n'avait pas plus tôt dit cela que Dusk repérait deux soldats de l'Enclave encadrant l'entrée d'une simple tente.
L'escouade se mit rapidement à couvert pour aviser de sa future stratégie.
- Le mieux serait de ne pas déclencher l'alerte, commença Cross. On ignore combien ils sont là-dedans !
- Dans une tente, y a pas beaucoup de place ! observa Fawkes.
- Cette tente est une vitrine pour ne pas attirer l'attention, expliqua Artemis. Le véritable accès est souterrain.
Fawkes se tordit le cou pour semble-t-il examiner le bas de son dos.
- Laisse tomber, dit Johnny en s'amusant du quiproquo.
Kodiak poussa un grognement pour annoncer qu'il allait parler :
- Je propose qu'on les contourne. Moi et...tiens, Johnny !
Les deux hommes s'apprêtaient à quitter leur poste quand Fawkes jeta quelque chose sur le sol. C'était une armure de l'Enclave.
- C'est celle de Bones ! Elle pourrait permettre à l'un de vous d'entrer incognito, non ?
Johnny le gratifia de son sourire charmeur :
- Alors, toi, tu m'étonneras toujours !
Puis il se passa une main sur le menton en dévisageant le super mutant :
- En y réfléchissant bien, on pourrait même y entrer à deux !
Quelques instants plus tard, un soldat de l'Enclave accompagné d'un super mutant s'approchait de l'entrée de la tente.
Les gardes ne parurent pas trop étonnés de cette visite. Mais ils manifestèrent une certaine nervosité en voyant que le mutant était assez vivace.
- Ne vous inquiétez pas, fit le soldat, je lui ai injecté un tranquillisant. Il ne fera aucune vague.
- Tu n'es pas au courant ? On ne prend plus de spécimens. Apparemment, il y a un souci au niveau du comportement des hybrides. On a reçu l'ordre de contrôler d'abord ceux-là avant de refaire des expériences de mutation.
Johnny allait répondre quelque chose lorsque l'autre garde lui demanda :
- Je reconnais pas ta voix. Tu serais pas...
- Bones, termina le mercenaire. Je suis Bones. Mes deux partenaires se sont faits liquidés à l'avant-poste. J'en ai réchappé de justesse. Heureusement, je reviens pas les mains vides.
- C'est con, dit le premier garde, mais Bones a eu la langue arrachée pendant son interrogatoire. Il y a une semaine.
Johnny caressa le 44 planqué dans son dos. Il se mit à rire.
- C'est vrai que c'est très con !
Les deux gardes pointèrent leur fusil à plasma, mais avant d'avoir pu faire feu, ils recevaient chacun deux balles dans le crâne.
- Merci Dusk, fit Johnny sans se retourner.
Quelques minutes plus tard, ils étaient tous les sept à l'intérieur de la tente. Artemis avait dit vrai. Une porte métallique permettait d'accéder à un souterrain. Seulement elle ne s'ouvrait que par un terminal. Qui réclamait un code bien spécifique.
- Merde ! gronda Kodiak. Ca commence à bien faire ces conneries !
Il s'empara de la gatling laser de Fawkes.
- Je vais vous faire une serrure, moi !
Cross l'arrêta à temps.
- T'es malade, Kodiak ! Si tu fais ça, on peut dire adieu à la discrétion.
Kodiak la défia du regard :
- On est pas venu faire de la dentelle, que je sache !
- Moins on se fera repérer, mieux ce sera. A partir de maintenant, nous n'avons plus aucun indice sur ce qui nous attend. A part que les scientifiques de l'Enclave ont donné naissance à une espèce contre-nature qu'ils maîtrisent plus ou moins bien. C'est pas le moment de perdre les pédales. Ok ?
Kodiak souffla un grand coup et rendit son arme à Fawkes.
- Désolé, Cross.
- Bon sang !
Artemis en avait profité pour s'installer devant le terminal. Et visiblement, les choses ne se présentaient pas très bien.
- Il ne me reste plus qu'une seule chance, après ça l'ordinateur se verrouille définitivement. J'ai le choix entre trois mots.
- Lesquels ? demanda une recrue du nom de Manfred.
- Adversité, horizon ou déficience.
Tout le monde se mit à réfléchir sur le choix le plus logique.
- Adversité, dit Johnny. Ca symbolise leur lutte contre vous, contre la Confrérie.
- Je dirais plutôt horizon, dit Cross. L'horizon c'est le futur et c'est justement ce qu'ils pensent fabriquer en ce moment.
- Choisis déficience, déclara l'autre recrue prénommée Salt avec une surprenante assurance.
- Pourquoi, interrogea Artemis. Les autres ont de bons arguments. Quel est le tien ?
- J'ai obtenu la note maximale aux tests de logique et de psychologie.
Artemis sourit.
- C'est un très bon argument.
Il attendit une approbation de Cross avant d'appuyer sur une touche du clavier.
- Va pour déficience !
Un chuintement métallique les figea tous sur place. Artemis se recula de peur que le terminal ne soit piégé. La porte coulissa et ils distinguèrent une volée de marches.
Tandis qu'ils descendaient dans les profondeurs, Salt se rapprocha d'artemis :
- Je t'ai menti. Je suis passé de justesse aux tests. Le vrai argument c'est que j'ai toujours eu du bol aux devinettes. Mais avoue que ça ne t'aurait pas convaincu !
Chapitre 6 : L'Arme Parfaite
Ca y était. Ils venaient de plonger dans la gueule du loup, dans l'antre de la folie.
Ils cheminèrent dans un réseau de galeries, suivant les conduits principaux.
- Ils nous mèneront à coup sûr aux laboratoires, expliqua Artemis.
Toujours revêtu de l'armure de l'Enclave, qu'il trouvait très inconfortable, Johnny Behemoth ouvrait la marche, Fawkes était en queue de peloton. La lumière éclairait le tunnel par intermittence, comme si le réseau électrique avait subi un disfonctionnement.
- On dirait que l'Enclave a pas payé sa facture, plaisanta le mercenaire.
Ils passèrent devant plusieurs portes verrouillées dont l'accès leur était interdit. Même pas de terminal à proximité. La base ne leur livrerait pas tous ses mystères.
En même temps, ils n'étaient pas venus faire un état des lieux.
- Ca s'élargit, annonça Johnny.
Aussitôt les mains se resserrèrent sur les armes.
- Merde !
Johnny venait de se baisser. Il avait buté dans un objet mou.
Manfred, qui était derrière lui, s'alarma :
- Qu'est-ce qu...
Une rafale couvrit le reste de sa phrase et la recrue tomba sur ses équipiers, le casque perforé. Son visage n'était plus qu'une infâme bouillie.
- Non !
Dusk se baissa et pointa son fusil. En deux coups, il détruisit la tourelle Mark VI vissée au plafond et qu'aucun d'eux n'avait su repérer dans la pénombre.
- Il est mort, dit Artemis.
Salt se sentit soudain très seul :
- Si c'est un bizutage, il est vraiment de très mauvais goût !
Evidemment, personne ne rit. Les pertes se montaient à trois. Trois bleus. Trois initiés. Mais il fallait poursuivre, coûte que coûte.
- Regardez, dit Johnny. J'ai marché sur un corps.
Ils se baissèrent pour l'examiner.
- C'est un soldat de l'Enclave.
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
Kodiak caressa l'armure qui présentait des griffures et un trou béant au niveau de la poitrine.
- On dirait qu'il est tombé sur un écorcheur. Mais regardez la taille des blessures. Un spécimen comme ça, ça n'existe pas. Le bougre s'est fait littéralement décapsulé.
Les soldats se dévisagèrent.
- Je crois qu'on a une petite idée de la tournure des évènements, dit Cross. Un mélange d'écorcheur et de super mutant, ça ne pouvait pas donner un rataupe. On a affaire à une super espèce comme on n'en a jamais vu. Une arme parfaite.
- Et en totale liberté, ajouta froidement Kodiak.
- Ce n'est peut-être qu'un accident isolé, espéra Salt, peu enclin à se mesurer à un super écorcheur.
Johnny se redressa, le magnum au poing :
- Quelque chose me dit qu'on va rapidement le savoir.
Un chuintement métallique résonna dans leur dos et ils assistèrent impuissants à la fermeture du tunnel par une porte blindée. Sitôt après, une voix de femme enregistrée annonça avec le plus grand calme :
- Danger sécurité niveau 4 ! Fermeture des accès principaux ! Tout le personnel est invité à quitter la base en empruntant les sorties d'urgence. Je répète : danger sécurité niveau 4...
- Y a combien de niveaux ? s'inquiéta Salt.
- En principe, y en a cinq, répondit Cross.
- Et qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ?
Kodiak regarda l'initié avec un sourire de prédateur :
- Boum !
- De mieux en mieux ! ajouta l'initié. Dire que j'étais content de venir.
- Ouais, mais si on s'en sort, bonjour les honneurs, déclara Johnny.
Dusk ne partageait pas son point de vue :
- Raconte ça à Texas !
Cross sentit que c'était le bon moment pour ressouder l'équipe :
- Allez les gars, c'est pas l'heure de chômer ! On a pas encore nettoyé l'endroit. On doit s'assurer qu'ils ne pourront pas poursuivre leurs travaux ! Qui sont déjà bien trop avancés, fit-elle remarquer.
La galerie s'était suffisamment élargie pour qu'ils avancent sous forme de trois binômes : Johnny/Dusk, Cross/Kodiak et Artemis/Salt. Fawkes fermait toujours la marche, sa gatling prête à œuvrer.
Ils avaient l'impression de marcher depuis des jours. Ils trouvèrent d'autres cadavres : soldats, officiers, scientifiques, parfois dans des postures qui laissaient deviner une fin violente et particulièrement soudaine. L'un des officiers était assis à une table. Il tenait encore un verre à la main, à la hauteur de ses lèvres, la moitié supérieure de sa tête reposant sur ses genoux.
- L'arroseur arrosé, observa Johnny.
De la fumée commença à s'engouffrer dans le tunnel au moment où ils descendirent une autre volée de marches.
- J'ai l'impression de m'enfoncer dans les entrailles de l'Enfer, avoua Salt.
- Alors préparons-nous au comité d'accueil ! renchérit Johnny.
La fumée s'épaissit, leur masquant à leur plus grand soulagement d'autres carnages qui avaient laissé sur les parois des éclaboussures peu ragoûtantes. Ils entrèrent dans une salle faisant office de vestiaire pour les scientifiques. Des corps mutilés jonchaient le sol. Les murs avaient été perforés par endroits, preuve qu'un combat terrible avait fait rage.
Kodiak n'en pouvait plus d'attendre une inévitable confrontation :
- Mais bon sang, qu'elles s'amènent ces pourritures sans nom !
Un grondement épouvantable répondit à son appel. Johnny sentit une présence avant qu'une force terrible ne le soulève dans les airs !
- Où est-il ? Je ne le vois pas ! cria Fawkes.
Johnny retomba violemment au sol, se félicitant d'avoir conservé l'armure de l'Enclave. Sans cela, il aura déjà rejoint le paradis des mercenaires.
Un cri retentit. Artemis tomba à son tour.
Kodiak se mit à faire de grands moulinets avec sa masse.
- Mais montre-toi, bordel de merde !
Puis ce fut Fawkes qui fit les frais d'une nouvelle attaque du prédateur qui pour l'heure demeurait toujours invisible.
- Je le tiens, hurla-t-il. Abattez-le !
Le mutant pissait le sang. Il avait lâché sa gatling laser.
Cross et Dusk firent feu de concert. Et c'est alors qu'ils virent les contours de leur ennemi se dessiner fugitivement. Il portait un camouflage optique. Tel un caméléon.
- Qu'est-ce que c'est que ce délire ?
Le monstre délaissa Fawkes et fit mine de s'intéresser aux autres. Salt évita de justesse une décapitation. Dusk tira une balle en espérant atteindre le crâne de la bête. Kodiak n'attendit pas le résultat et sa masse décrivit un magnifique arc de cercle. Le choc expédia le prédateur contre les casiers du vestiaire qu'il écrasa sous son poids formidable. Terrifiés, ils l'entendirent se relever d'un coup qui aurait assommé un behemoth. Furieux, Kodiak s'élança. La bête le repoussa d'un coup de griffe avant de prendre une balle de 44 entre les yeux.
Le monstre s'écroula face contre terre et apparut enfin aux yeux de tous. Son allure générale évoquait bien celle d'un écorcheur, à la différence qu'il était plus grand que n'importe lequel d'entre eux, plus massif et que ses griffes et ses cornes étaient encore plus démesurées. Et il était aussi vert que Fawkes.
Cross ne pouvait détacher ses yeux du cadavre qu'elle s'attendait à voir bondir à tout instant :
- Mon dieu, mais qu'est-ce qui leur a pris de donner naissance à un truc pareil !
- Une déficience mentale ! supposa Salt. Je comprends mieux le code d'entrée, maintenant.
On s'assura que la bête était belle et bien morte, puis on s'occupa des blessés.
Artemis était assez mal en point tout comme Fawkes. Ils nécessitaient tous deux des soins importants. Johnny s'en sortait mieux. Mais son bras droit le faisait souffrir plus qu'il ne l'eut souhaité.
- Et combien y a-t-il de ces charmantes créatures ? s'enquit Fawkes en grimaçant tandis que Cross appliquait un pansement sur sa poitrine déchirée.
Salt ramassa un imprimé taché de sang. En le déchiffrant, son visage devint blanc comme un linge :
- Une trentaine !
Kodiak s'assit sur un banc en secouant la tête :
- Je savais que cette mission sentait pas bon !
La voix précédente annonça :
- Alerte niveau 5. Danger maximum. Toutes les issues vont être verrouillées dans quelques instants. La phase d'auto-destruction sera enclenchée dans vingt minutes.
Personne n'osa faire de commentaire. Mais l'espoir commençait à se faire aussi rare qu'un sourire sur un fangeux.
Ils allaient se remettre en route quand une voix étouffée se fit entendre :
- Sortez-moi de là, je vous en supplie !
Les membres de l'escouade se retournèrent comme un seul homme. L'un des casiers sur lesquels le monstre s'était écrasé venait de parler. Couvert par ses équipiers, Fawkes s'en approcha et toqua à la porte :
- Y a quelqu'un dans la boite ?
Il souleva le casier et d'une simple secousse il ouvrit la porte et libéra son contenu. Un scientifique de l'enclave en combinaison dégringola de sa cachette improvisée. En tombant nez à nez avec le cadavre du super écorcheur il poussa un hurlement.
- Il est mort, l'informa placidement Kodiak en le soulevant d'une main. Son regard n'eut alors rien à envier à la gatling laser de Fawkes :
- Et tu vas bientôt l'imiter, salopard !
Cross s'avança, la mâchoire serrée :
- Ca vous a pas suffi de trafiquer les mutants et les écorcheurs, il a fallu aussi que vous fassiez joujou avec les cerveaux de nos gars !
Le survivant s'affola :
- Pitié, je vous dirai tout ce que je sais !
- Combien vous avez de prisonniers, poursuivit Cross, combien de nos hommes croupissent dans cette base ?
Kodiak secoua le scientifique qui peinait à trouver ses mots :
- Réponds, enfoiré ! Combien ?
- Un, un seul ! Je vous jure que c'est vrai. Mais il n'est pas ici en ce moment. Il est...
- Mort, acheva Dusk. Il s'appelait Bones. Et c'est moi qui l'ai tué.
Il colla le canon de son fusil sur le front ruisselant de sueur du chercheur :
- T'as voulu jouer à Dieu. Mais c'est l'Enfer que tu vas connaître.
- Ca suffit ! intima Cross. Nous ne le tuerons pas. Les infos qu'il détient sur l'Enclave valent plus que son cadavre. C'est l'intérêt de la Confrérie qui prime sur toute autre considération. L'Aînée Lyons en personne voudra l'interroger. Ne le privez pas de ce plaisir.
Cross était un soldat aguerri doublé d'une femme intelligente. Elle connaissait suffisamment ses hommes et en particulier Kodiak pour savoir qu'en mentionnant le nom de leur leader, elle parviendrait sans peine à restaurer le calme et la raison dans les esprits.
Tandis que Kodiak libérait leur prisonnier, Cross le fusilla du regard :
- Ne te crois pas sauvé pour autant. Tu regretteras bientôt la compagnie des supers écorcheurs lorsque nous t'exposerons dans la Citadelle à la vue de tous.
L'intéressé déglutit lentement, puis il dit :
- Si vous m'emmenez avec vous, je dois récupérer des archives dans mon bureau. C'est par ici.
- Il recula vers l'issue qu'ils avaient emprunté pour venir. Son bas-ventre explosa, aspergeant les soldats les plus proches de morceaux d'intestins. Quelque chose remonta en un éclair jusqu'au sommet de son crâne, sectionnant son buste sur toute sa hauteur. Le super écorcheur quitta son camouflage intégral. Il lécha sa main toute poisseuse de sang et enjamba sa victime avec un mouvement presque félin. Ses petits yeux jaunes jetaient des lueurs diaboliques.
Johnny lui fit sauter la main d'un tir bien ajusté et les autres se chargèrent de lui amputer les jambes avant qu'il puisse bondir sur eux. Lorsque son corps s'abattit sur le sol, il respirait encore. Kodiak appuya alors une botte sur sa nuque et laissa tomber sa massue sur son crâne hybride :
- Avec nous, ton espèce ne fera pas de vieux os !
Ils reprirent leur progression, attentifs au moindre bruit suspect, à la limite de la paranoïa.
Cross était en tête du cortège, suivait Dusk, Salt soutenant Artemis, Johnny épaulant Fawkes et Kodiak fermant la marche, armé de la gatling laser du mutant.
Artemis déchiffrait le reste du document trouvé par l'initié :
- Ils mentionnent plusieurs fois le stealth boy que nous savons tous être un gadget très pratique pour bénéficier d'une furtivité limitée. Il semble que ses composants entrent dans la structure cellulaire du super écorcheur. Pour notre plus grand malheur.
- Une arme vraiment parfaite, nota Cross. Y a-t-il d'autres surprises au menu ?
Artemis poursuivit sa lecture avant de secouer la tête :
- S'il y en a, elles ne sont pas indiquées ici.
Ils entendirent une autre porte se fermer derrière eux. L'avenir devenait de plus en plus incertain pour l'Opération Coup de Poing.
Ils finirent par atteindre le labo principal où les attendait un spectacle des plus macabres.
D'autres scientifiques gisaient ça et là, dans d'écoeurants tas d'entrailles. Un nombre important de soldats avaient aussi trouvé la mort emportant avec eux quelques prédateurs. Mais en faisant les comptes, il restait assurément des créatures en nombre suffisant pour inquiéter les membres de la Confrérie de l'acier.
- Faut buter les saloperies qui restent et trouver un moyen de se casser d'ici rapidement !
Cross jaugea Kodiak avec un sourire.
- Je n'aurais pas mieux dit !
Ils examinèrent les installations.
Les gigantesques containers en verre brisés par leurs occupants témoignaient de la sortie prématurée des créatures hybrides. Et de l'échec du projet. Enfin, d'un certain point de vue. Car le moins que l'on pouvait dire, c'était que les créatures étaient parfaitement viables.
Des corps de super mutants et d'écorcheurs maintenus dans une sorte d'état végétatif attendaient sagement de servir de cobayes pour de futures expériences.
La gatling laser détruisit ce destin programmé par l'Enclave.
Artemis, accompagné de Salt, compulsait toutes les données auxquels il pouvait avoir accès via les terminaux et les formulaires abandonnés. Il désigna un cercle sur le sol au centre de la salle et un autre visible sur la voûte éloignée.
- Apparemment, ça doit s'ouvrir des deux côtés.
- Auto-destruction dans dix minutes ! annonça la voix enregistrée.
Salt et Artemis s'associèrent joyeusement pour trouver le code d'accès.
- Les voilà !
Pas moins de sept supers écorcheurs jaillirent dans le labo. Ils se tenaient légèrement voûtés comme de simples écorcheurs, mais leur teint verdâtre et leur gabarit rappelait inévitablement l'autre espèce à laquelle ils étaient affiliés.
- Feu à volonté ! ordonna Cross pour la plus grande satisfaction de tous.
Salt et Artemis redoublèrent d'efforts pour déloquer la commande du sas d'urgence.
Kodiak pulvérisa deux créatures. Dusk en abattit deux aussi. Affaibli, Fawkes regardait alentours afin de détecter une menace moins évidente. Johnny, quant à lui, faisait parler avec une égale efficacité son calibre 12 et son magnum 44.
Finalement, c'était les super écorcheurs qui allaient payer la facture de leurs créateurs. Il ne resta bientôt plus que des cadavres troués comme des passoires.
Kodiak cracha au sol :
- La génétique, je la nique !
Quelque chose lui tomba dessus sans crier gare. Il chuta sur le ventre et impuissant, sentit des griffes meurtrières creuser un tunnel dans son armure !
- Merde ! Débarrassez-moi de lui !
Son agresseur était camouflé. Ses équipiers tirèrent au jugé.
- Il y en a d'autres ! hurla Fawkes en empoignant la massue de Kodiak d'une main ferme.
Johnny se tint près de lui et fit feu avec son canon scié, terrassant un prédateur à bout portant.
Dusk repéra des empreintes faites dans une flaque de sang. Il vida un chargeur sur la créature qui pensait être totalement invisible.
- Où en sont les comptes ? interrogea Kodiak. Combien nous en reste-t-il à zigouiller ?
- S'il y en a bien une trentaine, répondit Cross, il doit nous en rester une dizaine.
Ils profitèrent de l'accalmie pour recharger. Cross rejoignit Salt et Artemis.
- Qu'est-ce que ça donne de votre côté ?
En guise de réponse, une ouverture se dessina dans le sol et un vertiptère en émergea.
- Ca se présente mieux ! dit Johnny.
Fawkes lui dédia un sourire complice.
- Ca me rappelle des souvenirs !
- Tu m'étonnes, fit le mercenaire qui comprenait parfaitement l'allusion.
(cf Johnny Behemoth contre Dr Nuke)
- Par contre mauvaise nouvelle, annonça Artemis. On a verrouillé l'ouverture automatique du plafond. Et la commande manuelle est défectueuse. Quelqu'un va devoir rester en bas pour l'activer manuellement et la laisser ouverte.
Implicitement, cela signifiait qu'il fallait faire un sacrifice.
- Je m'en charge, dit Fawkes dont le pansement était imbibé de sang. Montez dans l'appareil.
- Qu'est-ce que tu racontes ? s'exlama Johnny. Tu es le seul à savoir piloter l'un de ces engins !
Fawkes sourit :
- Tu sais très bien que ce n'est pas vrai, Johnny.
- Auto-destruction dans cinq minutes !
- Bon décidez-vous ! grogna Kodiak tandis que Salt et Artemis grimpaient déjà à bord de l'appareil. Tout va péter dans cinq minutes, y compris les saloperies qui sont encore à l'intérieur cette base ! On a plus qu'à mettre les voiles, maintenant !
Il fit parler la gatling.
- Grouillez, hurla-t-il. Voilà les derniers qui pointent leur museau !
Dusk et lui reculèrent en direction du vertiptère tout en couvrant leur retraite. Cinq autres super écorcheurs venaient de pénétrer dans la salle par différents accès.
Cross entraîna Johnny avec elle.
- Fawkes sait ce qu'il fait !
Le mercenaire prit la place du pilote non sans ressentir un profond dégoût.
- Je peux pas le laisser comme ça !
Dusk et Kodiak montèrent à leur tour dans l'appareil qui commença à s'élever.
Il restait deux écorcheurs encore assez vifs pour menacer Fawkes. Le mutant actionna l'ouverture de la voûte. Le ciel étoilé de la nuit apparut. Il leva son pouce en direction de Johnny et lui adressa un dernier sourire qui en disait long.
Puis il leva la massue de Kodiak au-dessus de sa tête :
- Venez, mes mignons, c'est tonton Fawkes qui régale !
Les deux super écorcheurs se ruèrent sur lui.
Johnny ne vit pas la suite des évènements. Et ce fut sûrement mieux ainsi.
Le vertiptère s'éloigna de la base et ils étaient hors de portée lorsque la destruction s'enclencha. Dans un sourd grondement ils aperçurent une boule de feu s'épanouir dans le ciel tel un soleil impromptu.
Johnny sentit son cœur s'alourdir d'un poids terrible.
- Adieu Fawkes !
La main de Cross se posa sur son épaule :
- Il aura sa place dans les archives de la Confrérie. Je vous le garantis.
Evidemment, c'était un piètre réconfort pour le mercenaire. Il venait de perdre un précieux allié et un ami de valeur, des denrées plutôt rares en ces temps si sombres, en ces Terres si Désolées.
T’as aimé…ou pas
T’as tout lu, tout vu, tout entendu…ou pas
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