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jeudi, 26 octobre 2017

Assassin's Creed Origins [Jeux Vidéo/Critiques]

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Renaissance pour la série

Nouveau modèle pour les Open-world

Avec cet Origins, Ubisoft avait du pain sur la planche : redorer le blason de la licence qui en avait sérieusement besoin, corriger des tares ancestrales, moderniser la licence, expliquer le pourquoi du comment des Assassins et puis officialiser enfin un jeu estampillé RPG.

Beaucoup de pression pour le studio, mais le fait est que l'essoufflement de sa poule aux oeuf d'or a enfin permis à l'éditeur de retrouver la motivation, l'inspiration démontrant plus encore qu'avant tout son savoir-faire en matière de jeux d'action/aventure et d'open world immersif.

Car oui, Origins est l'épisode qu'on attendait tous (ou presque) depuis des années avec une refonte du gameplay, de l'IA et par extension des combats et de l'infiltration. Car niveau reconstitution historique, Ubisoft n'a jamais vraiment failli à la tache. Pour autant, en se consacrant à l'Egypte Antique (fantasmée depuis longtemps par les fans), les développeurs ne se sont pas reposés sur leurs lauriers, bien au contraire, ils ont placé la barre encore très haut.

Le voyage risque d'être inoubliable pour beaucoup de joueurs tant les raisons de l'apprécier sont nombreuses.

Non seulement, Origins est probablement l'épisode le plus abouti, mais profitant de l'expérience des autres RPG s'inscrivant en exemple (The Witcher 3, mais pas que), il parvient à servir lui-même de modèle pour les open worlds à venir.

Un beau cadeau d'anniversaire pour les 10 ans de la série ! Et pour célébrer tout cela à ma manière, je vous propose un petit montage perso rendant hommage à la saga, réalisé avant la sortie du jeu :

Points Positifs :

+ Plusieurs emplacements de sauvegarde (3), comme avant Unity

+ Le statut de père et d'époux de Bayek est très valorisé et cela apporte beaucoup d'intérêt et de profondeur à ce nouvel Assassin. J'ai vite opté pour l'anglais sous-titré en VF (on profite des accents), la voix de Bayek me rappelant celle de Adewale dans Freedom Cry.

+ Une liberté de mouvement et de déplacement totale avec en prime de la plongée libre (pas comme dans Black Flag). On peut même attaquer sous l'eau comme dans Guild Wars 2. L'escalade est facilitée (une seule touche) et on peut carrément attaquer à 360° sur une monture avec l'arc. Et cerise sur le gâteau, on peut enfin utiliser son arc depuis une cachette et même faire un saut de la foi retourné !

+ On peut améliorer ses armes pour qu'elles aient toujours le même niveau que nous, ce qui autorise le joueur à conserver sur le long terme une arme qu'il affectionne et ça j'apprécie énormément. De même que les tenues n'influencent pas les statistiques du héros, corrigeant un défaut d'Unity et autorisant le joueur à les choisir uniquement en fonction de l'esthétisme. C'est ça aussi la liberté, alors merci Ubi d'y avoir pensé.

+ Des détails qui tuent comme les vautours qui se posent sur les ennemis que vous venez de tuer, les cadavres qui restent apparents quand on revient  sur une zone dont on s'était éloigné, Senu qui se pose sur le bras de Bayek quand il reste inactif (on peut le caresser avec la touche d'action), Bayek qui boîte après une chute, les nombreuses interactions avec le feu, l'eau et l'environnement en général (on pense à Dragon's Dogma), les hallucinations parfois très surprenantes dans le désert qui ont le don de donner de l'intérêt à des zones dépeuplées et arides, et bien plus encore !

+ Un système de représailles comme dans L'Ombre du Mordor, qui permet de venger la mort d'autres joueurs (connexion requise). A la clé un gain d'XP comme pour une quête annexe !

+ Monde vivant et dynamique notamment grâce à la faune. La chasse et les attaques de prédateur donnent lieu à des séquences mémorables, comme lorsque notre bateau est attaqué par des crocodiles.

Egalement appréciable les attaques des rebelles auxquelles on peut participer et qui peuvent se dérouler à n'importe quel moment, par exemple quand on assiège nous-même un camp militaire. Ces évènements aléatoires donnent souvent lieu à de véritables petits scénarios bien plus appréciables au final que la plupart des quêtes annexes.

+ Des séquences post-mortem d'assassinats très réussies avec un fond noir qui sublime la mise en scène.

+ Le cheval d'une maniabilité exemplaire et au comportement bien pensé, tout terrain, avec des limites (pas comme dans Skyrim), mais pas trop non plus (Ablette qui refuse de traverser les ponts de Toussaint dans The Witcher 3).

+ L'exploration des pyramides et des tombeaux évoquent l'atmosphère des anciens Tomb Raider, ceci renforcé par le caractère du personnage employant l'Animus. Escalader et descendre une pyramide (en glissant), c'est aussi très fun !

+ Ambiances visuelles et période historique très riches qui permettent de réintroduire et d'exploiter comme jamais l'aspect mystique et mythologique (qu'il soit égyptien ou grec). Ma galerie de screens ICI

+ Les commandes alternatives pour que les fans de la première heure retrouve un gameplay similaire aux épisodes précédents

+ Certaines armes modifient complètement le gameplay, comme l'arc de prédateur qui vous fait passer en vue subjective. La posture de Bayek pour l'attaque chargée diffère aussi selon l'arme équipée, dommage que celle de la lance ne puisse pas être différée comme pour les autres.

+ Des PNJ intelligents : ils savent enfin nager, les gardes déplacent les cadavres de leurs acolytes.

+ Ubisoft dote enfin sa série d'une dimension RPG assumée après avoir raté le coche avec Unity et amorcé la chose avec Syndicate

+ Un système de combat repensé, beaucoup plus technique et stratégique, qui demande certes un temps d'adaptation (surtout pour les habitués de la série), mais qui nous oblige enfin à estimer la difficulté, à rester mobile tout comme nos adversaires, à anticiper nos mouvements et les leurs, à fuir s'il le faut, la victoire et les finish moves devenant alors de véritables récompenses. On a vraiment la sensation de combattre et d'avoir le contrôle sur l'issue du combat.

Il faut cependant noter des problèmes de hitbox (notre arme qui traverse l'adversaire) et un zonage des attaques ennemies parfois abusif qui nous empêche carrément d'esquiver.

L'utilisation des bombes fumigènes est plus intuitive puisqu'on peut y avoir recours juste après une esquive réussie sans devoir s'en équiper au préalable (touche triangle sur PS4).

+ L'IA est beaucoup plus réactive et agressive que dans le passé. Les renforts sont fréquents et peuvent facilement nous déborder et même un ennemi isolé peut nous surprendre en attaquant avec son arc dès qu'il s'éloigne ou en effectuant une attaque qu'on avait pas prévu. Si bien que même un ennemi de niveau inférieur peut constituer un petit challenge.

D'une manière générale, on retrouve une réactivité très appréciable des PNJ et des animaux déjà bien amorcée dans Far Cry 4 et encore plus poussée dans Watch_Dogs 2. Cet aspect délaissé par les autres gros studios (en dehors de Monolith avec le système Nemesis de L'Ombre du Mordor et sa suite) fait qu'Ubisoft est devenu à mes yeux le studio le plus capable de donner réellement vie à un open world au-delà du simple fait de doter les PNJ d'un cycle de vie mécanique.

Dans ACO, tout peut arriver, que Bayek agisse ou pas dans le monde, il se passera toujours quelque chose digne d'attirer l'attention du joueur tant les interactions entre les différents protagonistes peuvent être variées, nombreuses et donc inattendues. Et la bonne idée supplémentaire, c'est que quand cela arrive, cela donne lieu à des missions récompensées (sauvetages de citoyens contre des soldats, attaque de prédateurs, sur terre ou en mer, sauvetage de rebelles captifs, soutien aux rebelles lors de leur évasion ou d'embuscades).

+ Senu qui donne enfin une place de premier ordre à l'un des symboles forts des Assassins en redéfinissant la vision d'aigle au passage, un autre élément iconique de la saga. En prime, il permet de contempler l'Egypte vue du ciel. A noter que des chargements sont visibles quand on passe de Senu à Bayek, même quand ils ne sont pas très éloignés l'un de l'autre, alors il vaut mieux se rapprocher du personnage pour éviter des coupures gênantes.

+ On peut voir les captures d'écran (mode photo) des autres joueurs, elles apparaissent directement sur la carte, sur les lieux concernés (connexion requise).

+ Une interface bien pensée et une navigation très agréable. Tous les menus sont accessibles rapidement comme dans Ghost Recon Wildlands

http://www.lakebit.com/wp-content/uploads/2017/06/assassins-creed-origins-e3-gameplay-video.jpg

Je n'aurais pas été contre une petite mission qui aurait introduit le lien sacré entre Bayek et Senu (c'est une femelle !). De même que l'origine de l'incontournable saut de la foi n'est expliqué que par un document abandonné à l'un des points de synchronisation. Il s'agit en fait d'un rituel de prières des Medjaÿ. En revanche lors d'une mission d'assassinat, on découvrira l'origine de la lame secrète ainsi que du doigt coupé, rituel d'intronisation des Assassins, vu dans le premier Assassin's Creed. Le rituel de la plume d'aigle trempée dans le sang de la cible en guise de preuve (vu également dans le premier opus) est également mis en scène.

https://i.ytimg.com/vi/r9S7YEvMYr4/maxresdefault.jpg

+/- S'il a l'avantage de proposer trois branches distinctes, l'arbre de compétences souffre d'un grande manque de cohérence dans ses embranchements, nous obligeant à choisir des compétences qui nous indiffèrent ou qu'on ne veut pas pour accéder à celles qui nous séduisent.

L'habitué des jeux Ubisoft aura aussi bien du mal à ne pas voir dans cet arbre un simple best-of de toutes les compétences exploitées dans les opus précédents et la série Far Cry. Quelques-unes apportent un peu de nouveauté comme la possibilité de sauter tout en tirant à l'arc, encore faut-il se rappeler de son existence en cours de jeu.

Je trouverais plus intéressant que pour acquérir une compétence, le héros doive la débloquer grâce à certaines actions, à une quête spécifique ou auprès d'un mentor et qu'ensuite seulement les améliorations de cette compétence puissent être acquises en dépensant des points d'expérience.

+/- Un seul geste pour looter (coffres, ennemis, animaux) et de surcroît très simpliste. C'est secondaire, évidemment, mais ça brise quelque peu l'immersion surtout quand on est un habitué de la série. L'exploration gagne du coup en dynamisme puisque Bayek peut looter sur les cadavres même à cheval comme John Marston dans Red Dead Redemption.

+/- Pas de marchand ambulant (sur terre et en mer). Les bateaux et les caravanes transportant des marchandises peuvent seulement être attaqués, regrettable vu qu'on joue un protecteur et que ça devait exister à l'époque. D'autant plus que Ubisoft avait intégré des marchants itinérants dans Far Cry 4. Pour compenser il y a Réda, un gamin qui apparait dans les villes où nous nous trouvons et qui donne une quête journalière avec des items légendaires aléatoires à la clé, ce qui motive à les faire. En prime, si vous échouez lors d'une de ces quêtes, le lieu de l'objectif changera, vous faisant parfois découvrir des sites importants comme un camp rebelle dans le désert pour ma part.

https://vignette.wikia.nocookie.net/21e84b4a-ca72-4d96-881d-333d21ad856c/scale-to-width-down/627

+/- Question scénario c'est très inégal. Sur le fond c'est plutôt réussi, surtout en ce qui concerne les principaux protagonistes.

Aya, la femme de Bayek dont le joueur fait la connaissance à Alexandrie, n'a rien à lui envier question détermination. Parents attentionnés, Assassins, amants passionnés unis dans la vengeance et l'amour de leur pays, ce couple est très vite attachant.

Là où le bât blesse c'est plutôt sur la structure du récit à laquelle est intimement liée la condition constante d'avoir le niveau suffisant pour poursuivre la trame.

Dommage qu'une fois Cléopâtre rencontrée brièvement, le scénario se poursuive de manière répétitive sous forme d'assassinats et de services à rendre pour localiser nos cibles. Sachant qu'en plus, ces assassinats se découpent systématiquement en plusieurs quêtes qui obligent à chaque fois à gagner plusieurs niveaux afin d'être réellement accomplies, le rythme et l'intérêt sont sérieusement plombés par l'obligation d'enchaîner les quêtes secondaires, quêtes secondaires qui masquent mal leur répétitivité de surcroît.

Heureusement la redondance des missions est compensée par certains dénouements surprenants, quelques personnages bien croqués, d'excellentes révélations et du fan-service qui fait son effet dans le dernier tiers du jeu (l'origine du symbole des Assassins, le destin d'Aya). La narration prend ainsi une dimension plus cinématographique, plus symbolique, lançant sur de bons rails la suite de la saga.

Le fait est que si on s'intéresse au scénario, on ne peut pas vraiment l'enchaîner, ce qui m'a pénalisé. Personnellement si je dois retarder trop longtemps la suite de l'histoire, je la perds de vue, je l'oublie même carrément. Il faut trouver le bon équilibre entre scénario, missions secondaires et exploration pour pouvoir apprécier pleinement chacun de ces composants.

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Cléopâtre, elle-même est assez décevante. Elle apparaît plus comme une bimbo manipulatrice que comme une souveraine classieuse contrairement à ce qu'annonçait la promotion du jeu. Même visuellement, elle ne marque pas le joueur.

Points Négatifs :

- Les coffres de Reda à 3000 drachmes qui ne contiennent bien souvent que des armes rares (revendues seulement 250 drachmes) et qui statistiquement ont des chances infimes de contenir des tenues (- de 3%), ce qui (nous) gonfle artificiellement la durée de vie pour espérer les obtenir ou pousse à les acheter avec de l'argent réel. A ce titre on est pas loin des loot boxes qui ont tant nui à la réputation d'EA et de son Starwars Battlefront 2.

- Des informations qu'on ne trouve pas dans le jeu ou aléatoirement (via les astuces lors des chargements) comme comment déclencher le mode photo (Il faut appuyer sur les deux joysticks en même temps).

- Malgré les mises à jour successives on ne peut toujours pas gérer indépendamment des autres les différents éléments de l'ATH (voir son marqueur personnalisé sans avoir la visée de l'arc par exemple) et du fait des options d'affichage limitées, on ne peut pas se passer des rappels systématiques de certaines commandes (plongée, utiliser Senu).

- Encore un jeu qui est incapable d'afficher une arme à deux mains et une arme à une main simultanément sur le héros alors que les deux arcs, eux, sont visibles dans le dos de Bayek !

- Des animaux qui se figent parfois devant nous au lieu de fuir et qui se noient bêtement, des ennemis qui se figent parfois aussi et encaissent facilement nos flèches.

- Quelques ralentissement et freezes, bugs d'affichage comme des objets flottants et des PNJ mal positionnés, les tempêtes de sable pixelisées au loin.

- On ne peut pas choisir le type d'esquive de Bayek, c'est un cycle programmé de trois mouvements, dont une roulade toujours en troisième, un choix vraiment bizarre et discutable. Certains mouvements étant plus rapides ou plus étendus que d'autres on aurait aimé pouvoir les choisir selon le contexte pour bien définir notre stratégie comme dans The Witcher 3. J'avais bien aimé aussi le système d'esquive de Horizon Zero Dawn qui, via une compétence, permettait de faire une roulade plus ou moins étendue selon la pression de la touche. Le fait est que quelle que soit l'esquive qui se déclenche, elle manque clairement d'amplitude dans certains cas ! Sans parler des combattants qui bloquent carrément notre esquive s'ils déclenchent leur attaque spéciale lorsqu'on se trouve dans la zone de l'attaque. Dans ce cas même si on est à distance, l'attaque est imparable et on peut parfois prendre trois coups consécutifs sans rien pouvoir faire. On peut constater aussi des problèmes de hitbox à ce niveau. Des tares qu'on espère corrigées pour la suite.

- Musiques trop discrètes, très regrettable vu l'univers. En découvrant le thème principal, cela augurait pourtant une partition plus mémorable :

 

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Jouer RP à Assassin's Creed

Ubisoft : du Prestige au Préjudice

Ma Version de Assassin's Creed Syndicate

Jouer RP à Assassin's Creed  part 2 : Eden War

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Assassin's Creed III

Assassin's Creed IV : Black Flag 

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Mark Brown : Game Maker's Toolkit [Jeux Vidéo]

Mark Brown

Game Maker's Toolkit

Si vous vous intéressez aux mécaniques dans les jeux vidéo, au game design, aux coulisses de fabrication, à ce qui rend un jeu vidéo unique, découvrez une série de vidéos passionnante savamment concoctée par Mark Brown qui a de surcroît fait l'effort d'en sous-titrer la plupart dans d'autres langues dont la nôtre. L'occasion de découvrir ou redécouvrir des jeux sous leurs meilleurs angles, mais attention spoils présents :

 

 

 

 

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lundi, 23 octobre 2017

GTA V : The Post-Apocalyptrip [Fanfics/Jeux Vidéo]

GTA V : The Post-Apocalyptrip

 https://img.utdstc.com/screen/mac/thumb/grand-theft-auto-v-wallpaper-007.jpg

- Je déteste les tricheurs !
- Tu veux rire, mec, c’est toi qui as triché !
Le mauvais joueur ulcéré arracha les fléchettes de la cible et les planta sans cérémonie dans le visage de l’autre, indigné. Le corps s’écroula sans vie sur le sol du bar et le fou furieux laissa exploser sa colère :
- Je déteste les menteurs !
Les clients s’enfuirent en hurlant de l’établissement.
En passant devant le comptoir, Trevor décocha un long crachat aussi rapide et bruyant qu’une balle :
- Pour la femme de ménage.
Il s’esclaffa et sortit à son tour.  Il vida sa bouteille de bière avant de réaliser que trois voitures de police attendaient fébrilement qu’ils mettent les mains derrière la tête. Il était tellement saoul qu’il n’entendit pas les injonctions de l’agent.
Trevor les jaugea comme un puma étudierait un groupe de lapins convaincus d’être des pumas. Avec encore moins de clémence.
- Un billard, ça vous dit ? Je vous laisse casser !
La seconde d’après, il arrosait les flics avec son pistolet-mitrailleur tout en éclatant de rire :
- Trop lents !
Un agent le visa, mais il se planqua derrière son véhicule au moment où une familiale fonça sur lui.
Trevor s’illumina :
- Mike, comment tu as su ?
- Monte, espèce de cinglé !
- Ca faisait longtemps !
- Pourquoi j’ai pas pas cette impression ? fit Michael tandis que son comparse s’engouffrait dans la voiture.
Pied au plancher, Michael se baissa pour éviter une rafale et la voiture s’élança dans le désert dans un gros nuage de poussière.
- Tu me ramènes pas chez moi ?
- Non, je suis sur un gros coup et je veux que toi et Franck vous en soyez.
- Tu te fous de ma gueule ? Je croyais que tu avais raccroché pour de bon ?
- Ce connard de psy me prend tout ce que j’ai. J’ai besoin de me refaire une santé financière. Avec ma femme, on recolle enfin les morceaux. On envisage un petit voyage autour du monde.
- Bah voyons, et tu t’es dit que l’ami Trevor allait participer joyeusement au financement de ta vie de retraité. J’ai récemment misé sur le bon cheval. Qu’une question de temps avant que j’empoche le pactole, alors tu m’excuseras si je ne bande pas à l’idée de braquer une banque.
- Merde, et c’est moi que tu traites de retraité ! Et les sensations, l’adrénaline ? Me dis pas qu’elles te manquent pas, que t’en as plus rien à foutre ?

Heureusement pour Michael, Franklin fut paradoxalement plus facile à convaincre. Contrairement à Trevor, il n’avait aucune fortune qui l’attendait, bien au contraire. Un mauvais placement en bourse lui avait fait perdre ses économies, mais cela eut le don de transporter de joie Michael lorsqu’il l’apprit. Par respect pour Franklin, il ne sourit pas à cette annonce. Enfin pas longtemps.

https://img.utdstc.com/screen/mac/desc/grand-theft-auto-v-wallpaper-008.jpg

La voiture filait vers la banque avec à son bord le trio le plus dangereux de l’Etat, sinon du pays.
- Qu’est- ce que tu foutais, Trev, pendant tout ce temps ?
Michael jubilait de voir leur équipe à nouveau réunie pour de nouvelles aventures.
- Je testais mon nouveau pare-buffle sur le crâne de ces enfoirés de Lost, fit Trevor qui faisait un effort surhumain pour ne pas céder à la tentation de lui ôter son sourire à coups d’allume-cigare.
- Je pensais que tu te serais débarrassé de ces motards depuis longtemps ?
- On se débarrasse pas comme ça du chiendent !
- A qui le dis-tu !
- J’aime pas ton regard, Mike !
- T’as de la chance, moi j’aime rien chez toi, mais ça m’empêche pas de faire du business avec toi !
- Je parie que tu serais incapable de répéter ça avec un débouche-chiotte vissé au fond de la gorge.
Mais rien ne semblait pouvoir entamer la bonne humeur de Michael, ce jour-là :
- Peut-être que je buterai sur une ou deux syllabes, mais c’est toujours mieux que d’avaler ses dents.
Pour Franklin, assis à l’arrière, ce fut la goutte d’eau :
- Putain, vous allez pas remettre ça ! Vos conneries, ça me manquait vraiment pas ! Je vous signale qu’on a des choses plus importantes à régler, comme d’être certains qu’on a rien oublié !
Michael caressa le volant du bout des doigts :
- Les gars, j’ai tout préparé dans les moindres détails. Je vous promet que ce braquage, ça va être du velours.

Le gaz soporifique diffusé dans les aérations neutralisa le personnel en un temps record.
La suite de l’opération fut un jeu d’enfant, les gestes exécutés tant de fois dans le passé revenant machinalement.
Ils finissaient de remplir les sacs poubelles lorsqu’un claquement sonore suivit d’un chuintement se fit entendre. Trevor se figea :
- C’était quoi ce bruit ?
Franklin se racla la gorge :
- On aurait dit une porte de coffre-fort qui se referme avec trois abrutis à l’intérieur.
- Comment ça ? s’alarma Michael. Me dites pas qu’on est coincé ici ?
- Je pense pas que d’être dans le déni nous rendra service, observa Franklin qui essayait de prévenir la tempête qui s’annonçait.
- Putain, mais c’est quoi ce plan merdique !
- Calme-toi, T.
Il y eut un grondement terrifiant suivi d’une explosion assourdissante et interminable. Les murs tremblèrent. Ils crurent un instant être dans une fusée en partance pour l’espace.
Puis sans plus d’explication, la porte du coffre s’ouvrit.
Les trois hommes perplexes affublés de leur masque à gaz sortirent de ce qui restait de la banque avec leur magot pour découvrir un spectacle auquel aucun d’eux n’était préparé :

la ville entière de Los Santos était dévastée, une météorite n’aurait pas fait moins de dégâts. 

Ils comprirent qu’ils ne devaient leur survie qu’à la solidité du coffre, par extension au braquage, par extension à…
Michael n’arrivait pas fermer la bouche. Il fixa le sac poubelle rempli de billets qu’il tenait à la main comme comprenant soudainement que plus rien ne serait comme avant.
Franklin l’observait sans doute moins pour faire ce même constat que pour éviter l’image de fin du monde qu’on imposait à leurs yeux de manière si brutale et radicale alors même qu’ils pensaient jouir tous les trois, lui le premier, d’un confort de vie exemplaire, d'un bonheur bien mérité.
Tout en détaillant les immeubles calcinés, les décombres et les cadavres jonchant les rues à perte de vue, Trevor cherchait désespérément une blague capable de le raccrocher à une lueur d’espoir. La réalité le rattrapa avant :
- Désolé pour l’odeur. Je crois que je viens de me chier dessus.

à suivre...

 

En Lien

Grand Theft Auto V

Jouer RP à Far Cry 3

Jouer Roleplay à GTA V

GTA V : La Beauté du Vide

GTA V : La Beauté du Vide 2

 

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mardi, 03 octobre 2017

Le Chroniqueur du destin [Nouvelles/Fantasy]

Le Chroniqueur du Destin

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- Tiens, c’est mon bâton de pèlerin. Je l’ai utilisé quand j’avais ton âge pour partir à La Roche au Roy, la Capitale de notre royaume.
Koil t’accompagnera jusqu’à La Tour, tu lui diras de revenir ici après. Ton oncle Bart n’est pas au courant de ta venue, mais il s’occupera de toi, aucune crainte. Même si nous nous voyons rarement, nous sommes restés en excellents termes.
Bastien ressentait une euphorie irrésistible devant la perspective de voler de ses propres ailes, de découvrir la liberté, de rencontrer d’autres personnes dans des lieux très différents de ceux qu’ils connaissaient depuis toujours.  Mais il ne pouvait aussi s’empêcher de penser à son père. Il représentait tout pour lui. Le quitter serait une forme de tragédie pour lui, sa première en quelque sorte puisque sa mère était morte en couches. Et puis il y avait un autre aspect de leur relation qui le préoccupait et qui le faisait culpabiliser malgré les efforts de son père pour le rassurer à ce sujet.
- Tu es vraiment certain que mon départ de la ferme ne doublera pas ta quantité de travail ?
Son père soupira en même temps qu’il afficha un sourire las qui se voulait réconfortant pour eux deux.
- On en a déjà parlé maintes fois. Je t’ai déjà dit que tu finis par me coûter plus que tu me rapportes. Dis-lui toi que c’est vrai !
Koil aboya deux fois ce qui sembla achever de convaincre Bastien.
Lorsque Bastien serra une dernière fois son père contre lui, il ne ressentit pas l’émotion qu’il espérait, sans doute parce qu’il n’était pas encore convaincu que c’était réellement le jour du grand départ.

Quand il quitta les abords de la ferme et qu’il jeta un dernier regard en arrière, il avait toujours cette impression de ne faire qu’un voyage d’agrément. Oui, il irait certainement voir Bart à La Tour. Peut-être pousserait-il jusqu’à La Roche au Roy dans un sursaut de courage, mais après ? Les terres et les possibilités étaient bien trop vastes pour lui seul. La liberté promise était d’une ampleur telle que son esprit ne pouvait encore la concevoir.
Et puis ses inquiétudes disparurent subitement lorsque la chaleur du soleil vint l’emmitoufler. Il contempla alors le ciel bleu, le chemin traversant la verte campagne et Koil qui semblait danser devant lui comme voulant partager sa joie et son destin. Et il se sentit vivant comme jamais. Il respira l’air, les effluves de fleurs, de feuilles et d’écorces, l’herbe encore humide de rosée. Il écouta les joyeux pépiements des oiseaux, admira les nuances de vert et de jaune des champs et des pâturages s’étendant à perte de vue avant de détailler les contours mystérieux d’une forêt dans le lointain où il s’imaginait déjà vivre de fantastiques aventures. Tout autour de lui, la nature semblait l’appeler, l’inviter à se perdre dans un avenir incroyable aidé en cela par son imagination plus que jamais débridée. Une barrière venait de tomber, le monde entier s’ouvrait enfin à lui et avec lui la promesse de vivre des expériences inoubliables.
Il commença à faire de grands gestes avec son bâton, s’imaginant pourfendre des gobelins, des orcs et pourquoi pas un dragon. Koil aboyait et sautait comme désireux de l’aider dans ses affrontements, concrétisant un peu plus son fantasme.
Ainsi occupé, il réalisa qu’il avait fait un bon bout de chemin en ligne droite et que la ferme était depuis longtemps hors de vue.
Il s’arrêta un instant, comme troublé par ce constat, puis un aboiement de Koil le ramena à la réalité. Et il s’élança de plus belle sur la route.

Il devait être midi lorsque sur sa gauche il remarqua la route, la grande, celle menant à La Roche au Roy. Deux possibilités s’offraient donc à lui. Cheminer sur la Grande Route pour atteindre d’autres lieux inconnus et peut-être la Capitale en guise de récompense ou poursuivre sur le chemin en direction du village de La Tour, là même où il était censé se rendre. Le fait que son oncle Bart ne l’attende pas l’encourageait à choisir la première direction, mais d’un autre point de vue le village de La Tour lui paraissait un but suffisamment périlleux pour un aventurier de son niveau. Il espéra trouver en Koil un secours au dilemme qui se posait à lui mais en le voyant se tortiller et sauter comme un cabri tout autour de lui, il comprit rapidement que la décision lui revenait et quelle qu’elle fut, Koil la validerait de toutes façons.

Le soir tombait lorsqu’il arriva à La Tour. Il avait peu touché à ses provisions de sorte que son ventre gargouillait comme dix.
C’était l’heure de dire adieu à Koil. Le chien le devina car il se mit à japper et à sauter sur les jambes de Bastien. Le jeune homme déglutit. Il sentit un poids sur sa poitrine. Plus pesant encore que quand il avait quitté la ferme. Sans doute parce que contrairement à son père, Koil ne l’avait jamais jugé, l’apanage même des animaux, qu’ils acceptent ou non les hommes qu’ils côtoient.
Il se baissa et serra le chien contre lui. Et tandis qu’il recevait un déluge de coups de langue, il sentit des larmes couler sur ses joues. Une dernière caresse, un dernier regard et il ordonna à Koil de prendre le chemin du retour d’une voix qu’il ne se connaissait pas.
Après un instant d’hésitation et de perplexité, le chien obéit et se fondit dans la nuit.
Désormais seul, Bastien poussa un long soupir qui pouvait traduire aussi bien l’angoisse d’assumer pleinement son existence que celle de voler enfin de ses propres ailes et où bon lui semblait.

Le village de La Tour avait été baptisé ainsi du fait de la haute tour de guet qui avait été bâti afin de prévenir l’arrivée d’ennemis du temps des grandes guerres, à l’époque où le royaume n’était pas protégé comme il l’était aujourd’hui. La tour se dressait toujours, mais amputée de quelques mètres. L’origine de ce raccourcissement variait selon à qui l’on en parlait. Pour certains c’était le projectile d’une catapulte, pour d’autres, une tempête peu commune et pour les esprits les moins terre à terre rien moins qu’un dragon.
Pour Bastien qui la contemplait sous le ciel étoilé, la silhouette de cette tour décapitée représentait surtout la véritable première  pierre à l’édifice de son périple en terre inconnue.
Seul dans le vaste monde à pouvoir vivre toutes les aventures possibles et imaginables. Une perspective qui avait de quoi lui donnait le vertige.
Il s’approcha fébrile de l’entrée du village. A cette heure les rues étaient déjà désertes, ce qui le déçut un peu. Il songea alors aux immenses avenues de La Roche au Roy emplies de monde de jour comme de nuit. Il avait hâte de se mêler à la foule, de s’y perdre et d’interagir avec des marchands ambulants, des aventuriers, des érudits et pourquoi pas, des magiciens. Il avait soif d’apprendre, soif de découvrir, d’explorer, de comprendre et d’être surpris par les mille et un visages de ce royaume dont il n’avait eu jusqu’alors qu’un bref aperçu.
Pour l’heure, il avait surtout soif tout court. Il gagna facilement la porte de l’Auberge du Matin Pourpre.
Ce n’était qu’une auberge comme une autre, tenu par son oncle de surcroît, mais il avait beau le savoir, en pousser la porte lui procura un frisson d’excitation comme s’il s’apprêtait à pénétrer dans l’antre labyrinthique d’un sorcier sous une montagne, comme s’il était sur le point de vivre sa première grande aventure.
Quoiqu’il arrive, je suis le héros de ma propre vie, se dit-il comme pour pallier à une future déception.
Il fit bien car l’intérieur de l’auberge était tout ce qu’il y avait de plus ordinaire. Quelques tables et chaises occupées par des habitants ou des voyageurs au visage fatigué. Un long comptoir derrière lequel s’affairait un homme brun massif à la barbe poivre et sel.

- Bastien, je suis très heureux de te revoir !

La poignée de main qui s'ensuivit fut digne de la morsure d'un loup géant. Le jeune homme secoua ses doigts endoloris derrière son dos.
- C’est vrai que tu as de grosses mains, mon oncle. Comment j'ai pu oublier ça ? Tu n’as jamais pensé être forgeron ou bien lutteur de foire ?
Bart le fixa avec sévérité avant de partir dans un grand éclat de rire.
- Alors toi tu as une sacrée imagination ! Et bien il faut croire que ce n’est pas mon cas. J’ai jamais vu plus loin que ce comptoir et cette enseigne. Et tu sais, quoi ? Je suis très heureux comme ça.

Rapidement Bart fut de nouveau pris par son travail, aussi Bastien se mit à siroter son jus de pomme en essayant de déceler un détail dans la salle qui éveillerait sa débordante et insatiable imagination. C'est ainsi qu'il s'aperçut qu'il faisait l'objet de l'attention de trois énergumènes assez déplaisants. Leur chef ne tarda pas à s'adresser à lui d'un ton qui ne sentait pas la bienveillance. Comme Bastien l'ignorait superbement et commençait à visualiser une grandiose bataille navale dans son verre, le voyou leva la voix :
- Allez petit, un bras de fer ! Je parie que tu meurs d’envie de savoir ce que tu as dans le ventre et ce que j’ai dans la bourse !
- Irvin !
La voix de Bart gronda comme un coup de tonnerre.
- Tu vois cette massue au-dessus de ma tête ? Si tu fous pas la paix à mon neveu, je te jure que ta caboche va lui servir de  socle !
Après avoir échangé un regard avec ses acolytes, l’autre se leva tout en dégainant lentement son épée :
- Ca tombe bien, j’ai justement la frangine qui mouille rien qu’à l’idée de te traverser le gosier.
Bart sauta prestement par-dessus le comptoir et se planta devant Irvin, ses poings formidables serrés à hauteur de poitrine :
- Vas-y. Mais je te préviens, me rate pas, car moi je te raterai pas.

Les deux hommes se dévisagèrent et il faut croire qu'un duel d'une autre espèce eut lieu entre eux, car le dénommé Irvin quitta l'auberge en grognant suivi de ses deux ombres.

- Tu lui aurais vraiment éclaté le crâne ? s'enquit Bastien frémissant des pieds à la tête aussi bien à l'idée d'avoir été menacé comme d'avoir failli assisté à un combat digne de ce nom.
- La guerre c’est sur un champ de bataille, moi je dirige une auberge. Mais j’ai ma fierté, je suis pas le frère de ton père pour rien.
- Donc tu lui aurais éclaté le crâne.
- Disons que je lui aurais remis les idées en place.
- A propos, cette massue, d’où vient-elle ? C’est pas une arme très commune, surtout par ici.
- Ca c’est bien vrai. Et bien pour tout te dire, un jour, ça doit faire deux ans de ça, un type du genre barbare est venu faire une halte ici. Pas bavard pour un sou, mais rudement imposant ce qui compense largement dans bien des cas. Il a commandé un vrai banquet qui n'a pas été du goût de tout le monde. J'aimais pas trop ses manières, mais il a payé rubis sur l'ongle, littéralement, un rubis gros comme mon poing !

Les yeux de Bastien s'agrandirent instantanément en imaginant la taille et l'aspect du rubis et comme il avait beaucoup d'imagination...

- Tu l'as toujours ?

- T'es gentil, mon garçon, mais question naïveté, tu te poses vraiment là. A ton avis, si je pouvais me permettre de garder un rubis, tu crois que je serais encore ici, à faire ce que je fais ?

Bastien afficha sa déception.

- Qu'est-ce que tu en as fait, alors ?

- Pardi, je l'ai revendu à un bijoutier de La Roche au Roy contre une grosse somme qui m'a permis de tenir les périodes de vaches maigres.

- Et la massue, alors, pourquoi te l'a-t-il donné ?

Bart s'esclaffa bruyamment en ébouriffant les cheveux de son neveu :

- Là, tu m'as eu ! Ca me fait plaisir que tu sois là, tu sais. A force de croiser tous les jours les mêmes personnes, je finis par inventer toutes sortes d’histoires pour alimenter la conversation. Avec toi, je devrais pas avoir besoin, vu que tu ne sais rien du monde. Le prends pas mal, c’est normal à ton âge et puis t’es toujours resté à la ferme, comme mon frère. Tu comptes aller où, au fait ?
- Je sais pas trop. Je dois passer quelques semaines loin de la maison pour faire mon éducation, voir si je suis prêt à voler de mes propres ailes. Après j’officialiserai mon départ pour de bon.
- Ton père a trouvé quelqu’un pour te remplacer ?
- Y a beaucoup moins de travail qu’avant. Et puis je finis par lui coûter plus que je ne peux lui rapporter.
- Ouais, ça c’est bien vrai, les temps sont durs pour tout le monde. Moi, je vois, y a quelques années à la même époque, la salle aurait été pleine à craquer, j’aurais même été obligé de refuser du monde. Là, c’est tout juste si je remplis toutes les chambres et j’ai dû revoir mes tarifs plus d’une fois sinon j’aurais mis la clé sous la porte depuis belle lurette.
- Il te reste un lit pour moi ?
- Oui, t’en fais pas, mon gars, y aura toujours un lit pour toi, même si pour ça je dois coucher dans l’étable avec la grosse Suzette.
Bastien eut le souffle coupé.
- Elle est toujours vivante ?
Bart s’esclaffa.
- Je crois que c’est pas une vache ordinaire. C’est une espèce de magicien qui me l’avait donné pour régler ses dettes. Je serais prêt à parier qu’à force de le fréquenter, la Suzette a fini par se faire envoûter. N’empêche qu’elle pue toujours autant.

Bastien s'empêcha de révéler qu'il savait pertinemment que ladite Suzette avait été offerte à Bart par son père afin de les rapprocher un tant soit peu. Mais d'être pris pour le dindon de la farce commençait déjà à le fatiguer.
- Si ça t’ennuie pas, je vais aller me coucher. Merci pour le repas et l’accueil.
- T’es ici chez toi, Bastien.
Bart redressa sa colossale silhouette.
- Je pense aller à La Roche au Roy dans quelques jours.
A cette annonce, l’aubergiste s’immobilisa et ses yeux fixèrent son hôte sans ciller.
- Ah, mais c’est pas la porte à côté, dis-moi. Sans fortune, ni expérience, c’est même carrément déconseillé pour quelqu’un comme toi. Tu devrais plutôt songer à trouver un métier avant d’entreprendre une quête aussi ambitieuse.
- Un métier ?
- Tu ne comptais quand même pas vivre de tes rêves ?
Bart s’esclaffa sans retenue. Il lui ébouriffa les cheveux.
- Si ton père t’a envoyé chez moi, c’est pas seulement pour qu’on taille le bout de gras. J’ai pas de quoi te payer, mais en échange d’un coup de main tu auras lit et couvert. Ce qui, de nos jours, est une vraie bénédiction. Repose-toi bien, une dure journée nous attend demain.
Bastien attendit que son oncle monte l’escalier pour laisser quelques larmes couler sur ses joues. Il avait le sentiment de s’être fait piéger. Il ne pouvait plus se méprendre sur les intentions de son père. Celui-ci l’avait bel et bien manipulé. Il se débarrassait de lui et fournissait une main d’œuvre bon marché à son oncle. D’une pierre deux coups.
Les dents serrées, le visage déformé par un rictus de rage, Bastien essuya ses yeux. Il se leva et ouvrant sa gibecière commença à y enfourner toutes les victuailles à portée de main. Puisque c’était comme ça, il partirait à La Roche au Roy dès cette nuit. Il n’avait plus aucune envie de rester à l’auberge. Plus que jamais, il se sentait attiré par l’aventure, les grands espaces. Son père et son oncle l’avaient pris pour une vulgaire bête de somme. Ils allaient en être pour leurs frais.
Bastien allait lui aussi prendre congé lorsque trois garnements à l’hygiène douteuse s’invitèrent à sa table, guettant peut-être depuis un moment le départ de Bart.
Le plus âgé, mais aussi le plus crotté, s’adressa à lui :
- T’es pas d’ici, ça se voit. Alors, qu’est-ce que tu as entendu, toi ? On fait un concours, y a rien de mieux à faire ici, de toutes façons.
Il désigna du pouce l’un de ses acolytes dont les dents semblaient avoir récemment épousé un mur.
- Rego est champion pour le moment. Il a entendu un jour un chasseur raconter qu’il avait vu un orc dans la grande forêt au nord, juste avant la frontière. Moi je dis que ça devait être un homme car les orcs peuvent pas traverser à cause de la protection magique des cinq.
- La protection magique des cinq ?
- Et bien, t’as pas dû beaucoup sortir de chez toi !
- Non, c’est la première fois.
Ils se dévisagèrent perplexes avant de comprendre qu’ils avaient le pouvoir de faire son éducation, du moins, jusqu’à un certain point, la leur n’étant pas franchement exemplaire.
- Tu connais pas les cinq ? fit le troisième larron qui avait l’allure d’un érudit hormis qu’il portait des guenilles. Leur présence dans notre royaume lui permet d’être protégé de toute intrusion des forces du mal. Tant qu’ils existent, on a rien à craindre des orcs et de toutes les races hostiles. C’est pour ça qu’on vit en paix depuis tout ce temps.
Au lieu de s’étonner de son ignorance, Bastien observa :
- Il y a quand même des conflits de temps en temps.
- Ah, mais ça c’est normal et c’est rien comparé à ce qui se passerait si le chaos déferlait ici.
Fortement intrigué, Bastien s’enquit :
- Mais qui sont ces cinq ?
Le visage de l’autre s’éclaira comme s’il allait révéler un secret connu de bien peu d’hommes :
- Personne ne sait et tu sais quoi ? C’est très bien comme ça, comme ça personne peut s’en prendre à eux.
- Très bien, je comprends. Il sont sûrement très puissants, mais même s’ils le sont pas, le fait qu’on ne sache pas qui ils sont les protège et du même coup nous protège tous.
- C’est ça ! Mais c’est que tu es moins bête que tu en as l’air.
- En gros, vous en savez pas beaucoup plus que moi.
Les trois garnements se dévisagèrent, hagards, avant de reporter leur attention sur Bastien :
- Bon, laissons-le, décréta leur chef, il est aussi intéressant qu’un escargot dans sa coquille.
En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, Bastien se retrouvait seul dans la salle.
Ne voyant rien d’autre à faire, il allait monter se coucher lorsqu’en chemin vers l’escalier, son regard accrocha la massue au-dessus du comptoir. Il imagina quel guerrier avait pu la brandir sur un champ de bataille et réduire en bouillie des hordes d’adversaires pourtant féroces.
C’est vrai qu’il n’avait rien vu ni entendu qui ne méritât un récit digne de ce nom. Mais depuis son plus jeune âge, son esprit assoiffé d’exploits héroïques n’avait cessé de lui dépeindre des scènes épiques ou simplement la rencontre d’illustres noms de la chevalerie.
Perdu dans ses pensées, c’est à peine s’il se rendit compte qu’il grimpait sur le comptoir et qu’il tendait désespérément le bras vers la massue. Percevant un grincement, il tourna la tête vers l’escalier. Il tira la langue comme pour augmenter son allonge. La porte de l’auberge s’ouvrit. Sous le coup de la surprise, Bastien dégringola du comptoir et se retrouva au sol. En redressant la tête, il fut stupéfait de voir un homme en armure appuyé contre l’encadrement. Il retira péniblement son casque qui tomba et roula jusqu’à Bastien. Le sang qu’il y avait à l’intérieur coula en une sinistre rivière sur le parquet. Pendant quelques secondes, le jeune garçon fut incapable de détacher ses yeux de la flaque pourpre. Un grognement émis par le visiteur l’arracha à sa morbide contemplation.
- Ils sont passés. Les orcs sont passés. Dans la forêt…
L’homme s’écroula en avant dans un grand fracas. Bastien eut alors tout le loisir de remarquer la lame noire et dentelée plantée entre ses omoplates.
- Qu’est-ce qui se passe ? Bastien !
Bart venait de faire irruption dans la salle, armé d’un gourdin. Il aida son protégé à se relever avant de s’intéresser au cadavre puisque c’en était bel et bien un.
- Je le reconnais. C’est Sven, un soldat. Il est déjà venu plusieurs fois ici. Je me souviens qu’il disait patrouiller dans la forêt.
Il examina l’arme qui saillait du dos dudit Sven avec une expression inquiète avant de reporter son regard sur Bastien :
- Il t’a dit quelque chose avant de mourir ?
Bastien savait que la chose la plus censée, la plus évidente et la plus raisonnable était de répéter mot pour mot ce que l'infortuné Sven avait révélé avant de succomber. Mais il fut totalement incapable de le faire. Peut-être parce que cela allait de paire avec une responsabilité beaucoup trop écrasante pour ses frêles épaules, comme d'annoncer la fin du monde. Et puis il y avait aussi cette autre émotion qui bataillait avec ce devoir à accomplir au point d'aveugler sa conscience.

Il brûlait de haine, il voulait se venger de son humiliation.

Comme il ne pouvait s'en prendre à son père, il décida que c'était à Bart de payer. Après tout c'était la faute de son oncle s'il lui cachait la vérité. S'il ne l'avait pas considéré comme un simple outil tout comme son père, il n'aurait jamais eu l'idée de travestir les faits. Alors, scellant le destin du royaume, allégé du poids de la culpabilité, il dit lentement :

- Je crois qu'il a parlé, mais je n'ai pas compris.

 

à suivre...

 

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lundi, 02 octobre 2017

La Nature Parle [Soiciété/Nature]

 

 

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