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lundi, 29 octobre 2012

Beyond Humanity 2 : Un Cadeau Empoisonné [Nouvelles/Anticipations]

 

 Lire Beyond Humanity 1 : Des Jambes en Or

 


- On est bien ensemble, hein ?
Nasa était allongée à côté de Jimmy, sur son lit. Ils fleurtaient depuis des années. Même si l'accident de Nathan les avait rapprochés plus vite que prévu, ils avaient continué à cacher leurs sentiments derrière les apparences d'une solide amitié.
Il s'était enfin décidé à l'inviter dans sa chambre, son sanctuaire de célibataire. 
Ils frottaient à présent leurs jambes cyber avec sensualité, le rouge et l'or éclatants se mariant allègrement avec le blanc épuré. Des capteurs intégrés envoyaient des ondes directement dans leur cerveau, le saturant d'adrénaline. Remède idéal pour pallier à la timidité et à l'inhibation adolescente.
Du moins, c'est ce qu'affirmait le fabriquant, qui omettait bien volontiers le fait qu'il fallait surtout compenser l'absence de peau et de stimuli naturels.
- On est bien ensemble, hein ?
Jimmy l'entendit à peine. Il se noyait dans ses yeux. Leurs visages n'avaient jamais été aussi proches l'un de l'autre. Il pouvait sentir son parfum aux essences de fleur, son haleine légèrement épicée ainsi que ses cheveux bruns aux effluves de miel et de lait. Sa peau était ambrée, ses yeux noirs comme le charbon et ses lèvres fines esquissaient un sourire mutin qui le tétanisait. Le désir qu'elle avait pour lui semblait s'échapper par tous les pores de sa peau. Etait-ce le bon moment pour passer un cap dans leur relation ?
Comme pour se libérer du poids de cette question, il se rappela celle qu'elle venait de lui poser.
- Oui, c'est vrai.
Sa main caressa le rebondi de sa joue, puis remonta jusqu'à sa tempe où elle s'attarda comme pour en extraire un secret enfoui.
- Mais...
Elle le dévisagea, alarmée.
- Mais quoi ?
- Mais ce serait mieux si j'avais un implant, moi aussi, n'est-ce pas ?
Son sourire se flétrit.
- Je ne t'ai jamais mis la pression.
- Oui, c'est vrai, mais j'ai toujours senti que ça te gênait que j'en ai pas. Le regard des autres...
Elle fronça les sourcils et ses joues s'empourprèrent.
- Le regard des autres ? Je me fous du regard des autres. C'est juste que ce serait plus pratique. On pourrait se parler quand on veut, et même être connectés 24h/24. Ils viennent de rajouter une antenne réseau dans le quartier. La connexion est super bonne, maintenant.
Jimmy tordit sa bouche.
- Peut-être, mais ça dépend pas que de moi. Un implant, c'est pas gratuit.
- Mais justement, tes parents, ils peuvent pas t'aider ? Tu vas bientôt être majeur. C'est le moment où jamais.
Il caressa à nouveau sa tempe. Ses doigts sentaient la légère protubérance de l'implant fixé sous la peau. Il se sentit tout à coup plus vierge encore qu'il ne l'était réellement. Elle dut le deviner car elle ajouta :
- Moi je l'ai eu plus tôt grâce à mon père. Mais je sais très bien que c'est pas donné à tout le monde.
Il soupira.
- C'est pas donné tout court. Même les premiers prix sont inabordables pour les classes moyennes. Mes parents gagnent pas assez. La voiture commence à déconner. S'ils doivent investir, ce sera sûrement pas dans un gadget à la mode.
Elle se redressa, comme piquée par une guêpe :
- Un gadget à la mode ? C'est vraiment ce que tu penses ?
Il s'éclaircit la gorge, conscient qu'il y avait été peut-être un peu fort. Mais il savait qu'il était dans le vrai et il tenait à le lui faire savoir.
- Avoue qu'ils font tout pour rendre ça indispensable. T'as vu leur dernière pub ? C'est abusé ! Moi, depuis mes jambes, j'ai rien eu, rien demandé. Et ça me va très bien. Si on se donne pas de limite, à quoi on va ressembler à la fin ? A Zéro-One ?
Zero-One était un comics très populaire. Le héros était un cyborg qui flinguait en direct et sans état d'âme les humains qui avaient refusé le port d'extensions synthétiques ou qui n'avaient pas eu les moyens d'en avoir. Parqués comme des animaux dans des ghettos en périphérie des villes, ces bannis de la société survivaient comme ils pouvaient, en attendant le prochain show télévisé qui scellerait leur destin. Ceux qui se considéraient toujours comme les vrais humains les avaient baptisés les Déchets.
Cette histoire fantaisiste donnait lieu évidemment à de nombreuses interprétations et débats. Son auteur, lui, se contentait de répondre qu'il écrivait ni plus, ni moins, l'avenir de l'humanité.
Au lieu d'être sensible à cet argument, Nasa en profita pour changer de sujet :
- Tu sais qu'on dit que Nike Thompson s'est pas suicidé et qu'en réalité le Zéro-One des spots TV, c'est lui !
- Et la vidéo de son soi-disant accident ?
- C'était truqué. Un geek a prouvé qu'elle avait été retouchée.
- Dans quel but ils auraient fait tout ça ?
- Pour justifier sa disparition. Il en avait marre du foot. Il voulait passer à autre chose. Quand tu revois certaines de ses interviews, c'est super explicite.
Jimmy haussa les épaules.
- Ouais, bah, peu importe qui est Zéro-One, j'ai aucune envie de lui ressembler, en tout cas.
- Personne ne te le demande.
Jimmy grimaça.
- Personne à part tout le monde.
Nasa souffla d'exaspération :
- T'es chiant, Jimmy ! C'est le progrès, c'est tout. Et puis, tu veux rester avec moi, oui ou non ?

- Un implant ?
Jimmy observa l'objet argenté dans sa main. Il n'était pas plus long qu'une gomme.
- Tu as dix-huit ans, dit son père. Non ?
Le garçon n'en croyait pas ses yeux. Il pensait que ses parents n'auraient jamais les moyens de lui en offrir un si tôt.
- Mais je pensais que c'était trop cher pour vous.
Sa mère lui offrit son plus beau sourire.
- J'ai mis de côté exprès. Je voulais te faire la surprise.
- Et moi, ajouta son père, j'ai eu une augmentation grâce à mon ancienneté dans la boîte. On s'est dit que c'était l'occasion ou jamais.
Jimmy les embrassa.
- Merci, je sais pas quoi vous dire.
- Et bien, dit son père, dit juste merci.
- Alors merci à vous deux. C'est un super cadeau d'anniversaire. C'est Nasa qui va être contente.

Nasa fut effectivement très heureuse d'apprendre la nouvelle. D'autant que les grandes vacances arrivèrent et que leur programme respectif les empêcha de se voir durant presque deux mois. Heureusement, l'implant de Jimmy leur permit d'être ensemble autant que possible.
A la fin du mois d'août, elle l'appela. La tempe de Jimmy s'enjoliva d'un point bleu lumineux, preuve qu'il était connecté.
- Tu crois qu'on pourrait se voir ? s'enquit-elle avec espoir.
- Aujourd'hui ?
- Oui.
Nasa et Jimmy se croisèrent dans la rue au milieu d'une foule de gens, eux aussi connectés. Ils ne s'en aperçurent même pas.
- Non, aujourd'hui, je peux pas. Mais je t'appelerai dès que je serai disponible. Je t'embrasse.
Puis il répondit à un autre appel, grisé par ce sentiment nouveau d'être relié au monde entier.

Nasa mourut une semaine plus tard à cause d'une mise à jour défectueuse de son implant. Son cerveau implosa.
Jimmy n'en sut jamais rien. Pour lui, son silence se résuma à une simple connexion impossible.
Et qu'est-ce qu'une connexion impossible au milieu de milliers d'autres possibles ?


Bienvenue dans un monde où la Technologie et l'Homme ne font plus qu'un.

Ce monde existe déjà. C'est le nôtre :

 

 


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dimanche, 28 octobre 2012

Mon Top 5 Chansons James Bond

Oui, ça va sans doute devenir une habitude. Je vous proposerai régulièrement une petite sélection perso en rapport avec l'actu du moment.

En ce qui concerne James Bond, il est intéressant de noter que mes chansons préférées proviennent des films qui m'ont le plus marqué. Skyfall étant l'exception qui confirme la règle...

N'hésitez pas à lister vos titres favoris dans les commentaires. Merci Jartagnan, c'est toi qui m'a donné l'idée, alors je compte sur toi !!!

Gladys Knight en smoking sortant du mythique Gun Barrel, la seule interprète à ma connaissance ayant endossé le costume de 007. Rien que pour cette entrée culottée, respect ! Mais Gladys c'est aussi et surtout une formidable voix merveilleusement exploitée. D'autres n'ont pas eu cette chance ! On pense évidemment à Madonna qui a manqué l'occasion de nous rappeler qu'elle a, elle aussi, un organe admirable, quand elle le veut.

Régulièrement, la production fait appel à des artistes très populaires pour enrichir son catalogue. Le choix de Sheryl Crow en a sans doute surpris plus d'un, mais le fait est que le choix de cette artiste se révèle très inspiré. Un titre qui met particulièrement bien en valeur sa voix (et ses formes ?) langoureuse !

Les artistes masculins ayant oeuvré sur les thèmes de la saga sont plus rares, ce qui ne les destine pas pour autant à la postérité. Mais en associant Chris Cornell, inconnu du grand public, à Casino Royale, les producteurs font mouche ! La voix à la fois virile et nuancée du chanteur est en totale adéquation avec le nouveau 007.

L'Espion qui m'aimait est sans doute le James Bond que j'ai le plus visionné, ce qui a forcément contribué à sa position dans ce top. Le "Nobody does it better" (personne ne le fait mieux) qui ouvre la chanson est légendaire tant il résume parfaitement l'efficacité de l'agent secret. Un slogan sur mesure qui ferait d'ailleurs un titre parfait pour un futur opus.

Un thème lent qui aurait pu passer inaperçu n'eut été la sublime partition de John Barry avec une intro remarquable au saxo. Si je n'avais pas été traumatisé par le générique de l'émission politique "L'Heure de Vérité", le Live and Let Die de Paul Mc Cartney l'aurait sans doute détrôné.

J'avoue aussi avoir hésité à placer le Another Way to Die de Alicia Keys et Jack White. Son côté pop/rock expérimental n'est pas en cause, bien au contraire, son mélange de styles étant on ne peut plus savoureux. C'est une chanson que j'apprécie de plus en plus au fil du temps, mais qui me semble trop loin de l'univers de Bond en termes de sonorités et de ressenti pour mériter d'y être aussi intimement associée. Il y aussi A View to a Kill de Duran Duran qui tranche pas mal avec le son habituel et que j'apprécie beaucoup.

BONUS

A l'occasion du 50ème anniversaire de l'éternel James Bond 007, voici l'occasion idéale de réhabiliter une composition inédite rejetée pour le thème du film Quantum of Solace.

 

 

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samedi, 27 octobre 2012

Skyfall [Cinéma/Critiques]

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Après un reboot qui a marqué les esprits (Casino Royale) et un épisode très pêchu à défaut d'être indispensable (Quantum of Solace), Daniel Craig revient pour la troisième fois dans le smoking du plus célèbre agent secret.

James Bond 007 fêtant cette année son 50ème anniversaire, on pouvait se demander si cela affecterait le contenu de ce nouvel opus. La réponse est un grand OUI, mais bien plus encore qu'on était en droit de l'imaginer.

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Nouvelle venue dans l'univers Bond, Eve (Naomie Harris) fait une entrée remarquée, au-delà de ce qu'elle aurait souhaité !

Si le prologue qui ouvre le film amène déjà un rebondissement appréciable, le fait est que Skyfall est truffé de surprises de tailles et de formes variées, allant de clins d'oeil jouissifs aux anciens épisodes (parfois gentiment moqueurs) jusqu'à un épilogue qui annonce clairement un gros revirement dans la forme et le fond de la saga.

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Bérénice Marlohe interprète l'énigmatique Séverine, l'autre James Bond Girl du film. L'actrice avait réussi à décrocher ce rôle très convoité grâce à une candidature aussi spontanée que motivée. On regrette d'autant plus son court temps de présence à l'écran.

Difficile d'ailleurs de parler de ce qui fait le sel de cette oeuvre sans trop en dévoiler. Et comme c'est pas le genre de la maison de balancer, je me contenterais de vous inciter vivement à payer votre ticket, vous ne regretterez ni votre votre investissement, ni votre déplacement. Sachez seulement que les héros que nous connaissons vont être malmenés comme jamais par un méchant des plus mémorables.

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On l'a souvent dit : on juge la qualité d'un héros à son ennemi, une règle d'or pour les producteurs de James Bond. Javier Bardem incarne Silva, l'un des plus inquiétants méchants de toute la saga. Son face à face avec Daniel Craig (Cowboys et Envahisseurs) fait son effet ! D'une seule réplique, Bond en profite d'ailleurs pour moderniser sa sexualité.

Que vous soyez donc fans de la première heure ou cinéphile en quête d'un solide thriller, vous serez contentés par l'action et l'émotion offertes par ce 23ème chapitre, d'une audace revigorante puisqu'il réussit le pari de casser les codes de la franchise tout en les brassant allègrement. Un retour aux sources bienvenu, alliant nostalgie et modernité.

Certains pourront regretter le scénario bulldozer qui, à l'image de son héros, bouscule violemment son environnement. Mais c'est un parti pris qu'il vaut mieux accepter pour profiter pleinement du généreux fan-service et de la nouvelle orientation choisie. Notons quand même quelques choix maladroits privilégiant l'effet de style à la crédibilité (l'intervention tardif des renforts sur l'île principalement).

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Nouveau également dans l'univers, Ben Wishaw (Le Parfum, Bright Star, Cloud Atlas) apporte une fraîcheur bienvenue et permet d'ironiser à loisir sur le fossé des générations.

Il faut aussi ajouter que le réalisateur n'est autre que Sam Mendes, un homme habitué à varier les genres avec une efficacité égale (American Beauty, Les Sentiers de la Perdition, Les Noces Rebelles, excusez du peu !) à l'instar de Marc Foster (Neverland, Stay, L'Incroyable Destin de Harold Crick) son prédécesseur. Comme prochain metteur en scène, je verrais d'ailleurs assez le tout aussi talentueux et éclectique James Mangold (Copland, Identity, Night and Day). Et vous ?

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Les évènements vont inévitablement rapprocher M et 007 et déterrer brutalement leur passé respectif.

En tous les cas, je te souhaite un Joyeux Anniversaire James Bond et merci pour ce somptueux cadeau grâce auquel on comprend facilement pourquoi tu as si bien vieilli !

Je me réjouissais beaucoup de la présence d'Adele au générique de Skyfall, mais j'avoue être très déçu du résultat. Une composition plutôt fade qui manque cruellement de personnalité malgré la voix de la diva. 

 

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jeudi, 25 octobre 2012

Deux Milliards et Deux Vies [Nouvelles/Uchronie]

J'ai déjà eu l'occasion de vous parler de mon meilleur ami Hervé Smagghe. Il contribue beaucoup à l'amélioration et à l'exposition de mon blog et j'en profite pour le remercier une nouvelle fois au passage.

Il se trouve qu'il est également auteur, pas autant qu'il le voudrait, certes, mais cela ne l'a pas empêché de pondre deux petites perles.

La nouvelle qui suit est classée dans un genre littéraire bien spécifique : l'Uchronie. Cette dernière consiste à revisiter un fait historique sous un angle différent de celui que l'on connait. Un bon exemple : le roman Le Maître du Haut Château de Philip K. Dick qui raconte la victoire du IIIè Reich sur les Alliés durant la seconde guerre mondiale.

Je vous souhaite d'avance une bonne lecture. N'hésitez pas à laisser des commentaires pour donner votre avis et partagez votre ressenti avec Hervé qui se fera un plaisir de vous répondre.



– Leader one, ici Black Eagle. Je viens d’être touché par un tir provenant du sol. Demande assistance pour appontage d’urgence.
– Bien reçu, Black Eagle. La piste sera dégagée à votre arrivée. Quelle est l’étendue de vos dégâts ?
– Les deux tuyères gauches de mon appareil sont endommagées.
– Attention Black Eagle, j’ai deux échos ennemis sur mon radar à environ trois heures !
– Envoyez-moi de l’aide, je n’arriverai jamais jusqu’au porte-avion !
– Bien reçu Black Eagle. Nous faisons le nécessaire.
« Merde, il ne manquait plus que ça ! » pensa le sergent Jonathan Miller.

Les deux chasseurs irakiens seraient bientôt sur lui. Il savait pertinemment que l’aide demandée ne serait jamais sur place à temps. Il lui fallait trouver une solution, seul. A cette altitude, avec de telles avaries, il n’avait aucune chance de sortir victorieux d’un combat aérien. Il enfonça le manche de son appareil vers l’avant et son chasseur plongea aussitôt en piqué.

Jonathan pilotait un McDonnell Douglas, modèle AV-8B, plus connu sous le nom de Harrier. Cet avion fraîchement mis en service avait déjà fait ses preuves depuis le début de l’opération Tempête du Désert. Sa petite taille rendait le Harrier beaucoup plus manœuvrable que la plupart des chasseurs conventionnels. Armé d’un canon rotatif de 25 millimètres et équipé d’une charge offensive de presque 8 tonnes, il pouvait néanmoins atteindre une vitesse de pointe d’environ 1000 km/h. D’imposantes tuyères orientables ornaient chaque côté du Harrier. Elles permettaient au chasseur un décollage et un atterrissage vertical. Une vraie révolution dans le monde de l’avionique !

Jonathan savait qu’avec deux tuyères endommagées un atterrissage vertical lui était interdit. Il connaissait parfaitement les possibilités de son appareil : il était considéré par sa hiérarchie comme l’un des meilleurs pilotes au monde sur ce type de chasseur.

Arrivé à 200 mètres d’altitude, Jonathan tira sur le manche du Harrier qui peina à se redresser. Lorsqu’il y parvint, l’avion n’était plus qu’à une vingtaine de mètres au-dessus du sol. Il ne pourrait jamais espérer prendre de vitesse les deux Mirages F1-E lancés à sa poursuite. Ces chasseurs, sortis tout droit des usines françaises Dassault, étaient parmi les avions les plus rapides au monde. Leur vitesse pouvait atteindre Mach 2 soit deux fois et demi la vitesse de pointe du Harrier.

Jonathan survolait à présent une rivière qu’il décida de longer. Cette manœuvre lui fit gagner du temps. Naviguant sous le plancher radar, les chasseurs ennemis peinèrent à retrouver le Harrier. Un signal sonore retentit dans le cockpit du sergent Miller : l’un des Mirages ennemis venait de tirer une roquette à guidage thermique. Jonathan n’eut d’autre choix que de pousser les réacteurs du Harrier à leur pleine puissance. Cette brusque accélération l’obligea à effectuer des manœuvres que nul autre pilote n’aurait osé tenter. Son avion filait à présent à près de 900 km/h le long des méandres de la rivière, tandis que le missile se rapprochait inexorablement de lui. Jonathan tira d’un coup sec le manche de son appareil. L’avion se redressa et fila à la verticale. Il passa à toute allure entre les deux chasseurs irakiens qu’il avait préalablement repérés sur son radar, suivi de près par la roquette. Les pilotes, bien que surpris par la manœuvre de l’américain, n’eurent aucun mal à se dégager de la trajectoire du Harrier, évitant ainsi d’être pris pour cible par le missile.

Jonathan continua sur sa lancée et constata avec regret que la roquette n’avait percuté aucun des deux Mirages. Il adopta donc une autre tactique. Arrivé à 13 000 mètres d’altitude, il effectua un demi-tour et plongea de nouveau sur les chasseurs irakiens. Il coupa brusquement les gaz à 6000 mètres et tomba en chute libre. Rien ne garantissait que l’avion parviendrait à redémarrer. Le missile, qui réagissait à la chaleur des réacteurs, perdit sa cible et se remit aussitôt en acquisition : deux cibles s’offraient désormais à lui, droit devant. Le Harrier en perdition fila sur la gauche des deux appareils ennemis et la roquette percuta l’un d’eux. L’onde de choc provoquée par la déflagration frappa de plein fouet le second chasseur qui explosa à son tour. Jonathan n’eut pas le temps de se réjouir car son appareil se rapprochait dangereusement du sol. Un sentiment d’inquiétude l’envahit. Les deux tuyères encore opérationnelles refusaient obstinément de se remettre en marche. A la verticale, il lui était impossible de s’éjecter. Miller n’avait plus le choix : il tira de toutes ses forces sur le manche et enfonça le palonnier. L’avion partit aussitôt en vrille. Bien que téméraire, cette manœuvre permit à Jonathan de s’éjecter de son appareil.

La seconde suivante, le Harrier percutait le sol dans une explosion de fumée noire. La violence de l’éjection fit perdre connaissance au sergent Miller qui planait au dessus du sol, suspendu à son parachute tel un pantin inanimé. Lorsqu’il revint à lui, la première image qu’il vit fut le sol à moins de 3 mètres sous ses pieds. Il était déjà trop tard pour tenter quoi que ce soit. Un hurlement de douleur s’échappa de sa gorge lorsque ses deux jambes se brisèrent comme des allumettes en percutant le sol…

***

Jonathan se réveilla en sursaut, le front perlé de sueur. Il lui fallut quelques instants pour se remémorer l’endroit où il se trouvait : sa chambre. Vingt-cinq années s’étaient écoulées et pourtant la douleur aux jambes perdurait. Le médecin de la base d’El Toro, où il était stationné, lui avait expliqué que cette souffrance était psychosomatique. Le choc post-traumatique dû à son accident en territoire ennemi l’avait marqué à vie telle une plaie toujours à vif. Cela faisait pourtant bien cinq ans qu’il ne s’était pas réveillé aussi brusquement.

Jonathan massa péniblement ses jambes jusqu’à ce que la douleur s’estompe quelque peu. Il se leva ensuite et se dirigea vers la salle de bains. La nuit était encore noire. Elle promettait d’être longue, il en était certain. Après s’être rafraîchi, il vit son visage dans le miroir qui lui renvoya l’image d’un homme que la guerre du Golf avait brisé vingt-cinq ans plus tôt. Le crash avait gâché sa vie et sa carrière. Avec un tel talent de pilote, le sergent-major Jonathan Miller aurait eu tôt fait d’être promu capitaine. Au lieu de cela, ses supérieurs lui avaient annoncé sans grand ménagement qu’il ne pourrait sans doute plus jamais voler. Voler, c’est ce qui l’avait poussé à s’engager et à gravir les échelons de l’armée dans un seul but : se tenir derrière le manche d’un chasseur. Les sensations qu’il ressentait en vol étaient uniques, une coulée d’adrénaline qui le faisait se sentir vivant.

Mais tout cela lui avait été enlevé. Il avait dû se battre contre sa hiérarchie afin de pouvoir arpenter de nouveau le bitume des pistes d’envol. Pour ce faire, il passa du statut de pilote de chasse à celui de chef mécanicien en aéronautique. Le sergent-major Miller était le seul soldat de l’U.S. Air Force à posséder un grade de loin supérieur à sa fonction. Il avait en charge la maintenance des avions de chasse de la base d’El Toro en Californie.

Cependant le temps des Harriers était depuis longtemps révolu. L’année 2015 était déjà bien entamée et aujourd’hui les drones équipaient 90% de la flotte américaine. Ces escadrilles de petits chasseurs commandées à distance étaient devenues le fleuron de l’Air Force qui se targuait de ne plus mettre en danger la vie de leurs pilotes. Une nouvelle génération de soldats avait vu le jour. Des pilotes sans expérience du vol réel, des pilotes incapables de voler aux commandes d’un Harrier, des pilotes dont la seule qualité était avant tout le sang-froid.

Chaque fois que Jonathan pénétrait dans la « salle de pilotage », il avait la sensation de voir des adolescents addicts aux jeux vidéo. Seule différence au tableau, cette pièce était sans aucun doute la plus silencieuse de la base. Finies les sensations fortes, les décharges d’adrénaline et autres excitations en tout genre. Il détestait cette salle beaucoup trop terre à terre pour le vol aérien.

Heureusement de temps en temps, son ami et supérieur, le capitaine Nick Turner s’arrangeait pour lui octroyer des missions de convoyage. L’objectif était simple : piloter les vieux avions au rebus à destination des différents musées militaires du territoire américain. A chaque fois, Jonathan était transporté à l’idée de piloter à nouveau. Quelle ne fut pas sa joie lorsqu’il lut l’ordre de mission qui émanait du bureau de Nick. Il était chargé de convoyer un Harrier jusqu’au musée naval de la base de Pearl Harbor dans le pacifique. Jonathan leva les yeux au ciel et remercia le Créateur de le laisser se mettre à nouveau aux commandes d’un Harrier. D’ordinaire les missions de convoyage concernaient surtout des bombardiers. Mais là, il s’agissait d’un chasseur, autant dire du pain béni pour ce doux rêveur de Miller.
Evidemment, Nick ne le laisserait jamais décoller sans une sérieuse remise à niveau, soit cinq bonnes heures de vol sur l’appareil. Jonathan eut toutes les peines du monde à réprimer son excitation. Depuis son accident, il n’avait jamais plus piloté de Harrier. Il lui tardait donc d’accomplir sa mission qui n’aurait lieu que dans trois semaines. Un vol comme celui-là nécessitait une grande préparation de la part du pilote. Il lui fallait s’entraîner au vol : décollage, atterrissage et même appontage. En effet son plan de vol prévoyait une escale pour refaire le plein de kérosène à bord du California, le dernier-né des porte-avions américains, fleuron de la Navy. Cette escale, Jonathan la trouvait inutile. Dans le temps, on lui aurait laissé faire son ravitaillement en vol. Mais ce genre d’opération était aujourd’hui considérée comme dangereuse et par conséquent inutile. Au lieu de cela, il devrait faire le plein et passer une nuit à bord du porte-avions. Encore une idée stupide que de ne pas piloter de nuit afin de ne surtout pas prendre de risques. Il se dit que sans les risques que les pilotes avaient pris, leur liberté si chèrement acquise au cours des guerres, ne serait peut-être qu’une lointaine illusion. Alors penser qu’une guerre puisse se gagner sans prise de risque, telle était la véritable illusion aux yeux de Jonathan.

–  Jonathan ? Jonathan, tu es avec moi là ? demanda le capitaine Turner.
– Euh oui, oui, Nick. Excuse-moi, j’étais perdu dans mes pensées. Où en étions-nous déjà ?
– Le California, Jonathan. Tu passeras la nuit à bord et tu repartiras le lendemain matin à 6h30.
– A vos ordres Capitaine, ironisa le pilote.
– C’est ça, fait le mariole. Si j’étais toi, je me demanderais comment remercier mon capitaine pour m’avoir dégoté cette mission de dilettante, lança Nick sur le ton de la plaisanterie.
– Quoi, tu veux que je te ramène une Hawaïenne peut-être ?
– Non, sérieusement. Trêve de plaisanterie, le porte-avions sera en alerte rouge ce jour-là. Alors il faudra que tu te fasses tout petit.
– Alerte rouge, mais pourquoi ?
– Phase de test, c’est tout ce qu’on a bien voulu me répondre en haut lieu.
– Ça sent les tests d’armement à plein nez.
– Quoiqu’il en soit, motus et bouche cousue. Et ça c’est un ordre tout ce qu’il y a de plus officiel.

***

Trois semaines plus tard, Jonathan était paré à accomplir sa dernière mission. Dernière car il savait qu’une occasion comme celle-ci ne se représenterait sans doute plus. Aussi avait-il informé Nick de son souhait de partir à la retraite dès la fin de cette mission. Le capitaine avait bien tenté de retenir son ami mais il savait déjà que c’était peine perdue. Ce fut donc avec regret que Nick accepta de faire les démarches nécessaires au départ précipité de Jonathan.

– Ainsi je boucle la boucle, pensa Miller. Tour de contrôle, ici Black Eagle. Je suis paré au décollage.
– Bien reçu Black Eagle. Vous avez l’autorisation de décoller. Bon vol et soyez prudent.
– Merci tour de contrôle. Je tacherai de revenir en un seul morceau.

Le Harrier roula doucement jusqu’à la piste d’envol. Là, Jonathan lança les réacteurs du chasseur à pleine puissance ce qui ne manqua pas de le plaquer au fond de son siège. Il ne fallut que quelques secondes au Harrier pour prendre son envol. L’adrénaline coulait déjà à flot dans les veines du pilote. Il prit rapidement de l’altitude car il était déjà aux portes de Los Angeles. Les consignes étaient claires : 7000 mètres, tel était le plancher imposé par sa hiérarchie pour survoler la Cité des Anges. Jonathan se sentait à nouveau vivant, sentiment qu’il n’avait plus ressenti depuis vingt-cinq ans maintenant.

Dix minutes plus tard, le Harrier survolait l’océan Pacifique et Jonathan abaissa son plancher à 1500 mètres. Là débuta pour lui une longue série d’acrobaties aériennes. Il commença avec prudence et augmenta la difficulté des figures à mesure que ses sensations en vol lui revenaient. Des larmes de joie coulaient de ses yeux embués. Il ne parvenait plus à contrôler la décharge émotionnelle que lui procurait son corps. Il volait dans une sorte de béatitude complète. Peu de gens savent apprécier ce qu’ils définissent plus tard comme étant le plus beau jour de leur vie. Dans son cas, aucun doute n’était permis : il avait pleinement conscience de vivre les plus beaux instants de sa vie. Seule la radio vint interrompre ce moment de pur plaisir.

– Black Eagle, ici la tour de contrôle de l’USS California. Veuillez ralentir votre vitesse d’approche pour votre appontage.

En jetant un coup d’œil à l’horloge de son cockpit, Jonathan constata avec regret que cela faisait presque trois heures qu’il était en vol. Trois heures qui n’avaient duré qu’un instant, le temps d’un battement de cils, pensa Jonathan. La première partie de son trajet s’achevait déjà. Ce fut avec beaucoup de regrets dans la voix qu’il répondit :

– Bien reçu, tour de contrôle, je réduis les gaz.
– Le pont étant surchargé pour la durée de nos exercices, veuillez procéder à un atterrissage vertical.
– Je procède, répondit-il d’une voix platonique.

L’appontage vertical, bien qu’excitant, ne fut qu’une simple formalité pour Jonathan. Une fois posé, il coupa les réacteurs, mais ne sortit pas tout de suite de son cockpit. Il lui fallait d’abord reprendre ses esprits. Au bout de deux minutes, un opérateur au sol grimpa sur une aile du Harrier afin de voir si tout allait bien pour le pilote. Ce dernier déverrouilla son cockpit au moment même où l’opérateur posait sa main sur la poignée d’ouverture.

– Bonjour Sergent-major. Vous vous sentez bien ? demanda-t-il, inquiet. Vous n’avez pas l’air dans votre assiette.
– Merci pour votre sollicitude, Soldat, mais ça va aller. Je suis juste un peu fatigué par le voyage, mentit Jonathan. Veuillez me conduire auprès de mon officier de liaison, je vous prie.
– A vos ordres Sergent-major. Par ici, si vous voulez bien me suivre.

***

Le porte-avions grouillait d’activité. Tout le monde s’affairait à bord afin de respecter un planning qui échappait complètement à Jonathan. Son officier de liaison lui avait intimé l’ordre de ne pas quitter ses quartiers durant la nuit car « d’importants tests » allaient être réalisés. Il n’avait posé aucune question sachant pertinemment qu’il n’obtiendrait aucune réponse. Il avait bien sûr remarqué que tout le gratin de l’armée américaine se trouvait à bord. Sans doute étaient-ils tous venus pour une démonstration. En bref, tout le monde s’affairait et lui s’ennuyait ferme. Lorsqu’il ferma les yeux, allongé sur sa couchette, les images de son extraordinaire après-midi défilèrent sans discontinuer.

Deux heures plus tard, ne parvenant toujours pas à trouver le sommeil, Jonathan se leva et sortit sur le pont pour prendre l’air. L’interdiction de quitter sa cabine lui importait peu. L’air marin lui fit le plus grand bien et le détendit. Au bout de dix minutes, il surprit une conversation entre deux hommes sur le pont supérieur.

– Général, je me dois d’insister. Nous ne sommes pas prêts pour un test grandeur nature. Comme je vous l’ai déjà signifié dans mon dernier rapport, l’ouverture d’un vortex aussi petit soit-il, nécessite un contrôle absolu du canon TDV. Hors notre appareil n’est pas encore au point. Nous ne savons même pas si nous parviendrons à refermer le trou de ver.
– Professeur Santini, déclara le général d’un ton qui se voulait rassurant. Votre rapport a été lu et vos craintes prises en compte. Les résultats en laboratoire, vous en conviendrez, sont plus que satisfaisants. De plus, les sommes colossales engagées dans un tel projet appellent à des résultats probants. Je vous avoue avoir un peu de mal à comprendre vos réticences.
– Mes réticences général, sont on ne peut plus fondées. Tout d’abord, les tests en laboratoire ont été réalisés en milieu contrôlé, une atmosphère stérile de toute interférence. Je vous rappelle par ailleurs que ce que nous appelons vulgairement un vortex n’est ni plus ni moins qu’un trou noir. On ne travaille plus seulement sur trois dimensions, mais quatre car nous parlons là de courber l’espace et le temps afin de créer un passage instantané d’un point A vers un point B. Si nous ne maîtrisons pas ce trou noir, tout sera absorbé, TOUT : la matière, la lumière, le temps.
– Oh là ! Calmez-vous, professeur. Vous dressez là un portrait bien pessimiste de la situation. Aux dernières nouvelles, tout fonctionnait parfaitement.
– PARFAITEMENT ?!! Et l’incident de Blackwell, vous appelez ça un fonctionnement parfait ?
– Quel incident de Blackwell ? Tout s’est déroulé selon nos plans à part un léger retard. A part ça, nous avons transféré une canette du laboratoire à la salle adjacente à travers le vortex.
– Oui, mais la canette n’est arrivée qu’une minute plus tard et pas à l’endroit de la salle que nous avions choisi.
– Professeur, un tout petit mètre d’écart et une toute petite minute de retard, il ne s’agissait que de détails que vous avez réglés.
– Pas du tout. Ce que vous appelez un retard n’en était pas un. Le canon TDV a parfaitement fonctionné. Lorsque la canette est partie du laboratoire, elle est instantanément arrivée à destination. Nous avons attendu une minute non pas à cause d’une lenteur du transfert ou d’un retard, mais parce que la canette a voyagé une minute dans le futur. En fait le canon TDV fonctionne parfaitement sauf que nous n’en maîtrisons pas les effets secondaires. Voilà les raisons qui me font parler de Blackwell comme d’un incident. Je tiens à ajouter que si nous avions…
– Je vous prie de m’excuser, professeur Santini, lança un troisième homme qui venait d’arriver, mais votre présence ainsi que celle du Général Stanton est requise au poste de commandement. La phase de test va bientôt débuter.
– Nous vous suivons, répondit Stanton.
– Général, s’il vous plaît, insista le scientifique.
– Professeur Santini, je crois avoir été suffisamment patient. L’heure n’est plus à la discussion mais à l’action. Nous reprendrons cette conversation après le test qui, j’en suis intimement convaincu, se déroulera sans incident.

Jonathan, encore sous le choc de la discussion qu’il venait de surprendre, entendit les pas des deux militaires et du scientifique qui s’éloignaient. Quelle folie avait poussé les Hommes à créer une telle machine en sachant les conséquences dramatiques que cela pouvait entraîner ? Il était maintenant hors de question pour lui de retourner sagement se coucher dans sa cabine. Il fallait qu’il voie ça de ses propres yeux.
Subrepticement, Jonathan se faufila jusqu’au pont d’envol où une bonne centaine de personnes s’affairaient aux derniers préparatifs du test. Là, il découvrit alors le fameux canon TDV. Il était composé de trois éléments principaux. Deux canons à électrons étaient disposés de part et d’autre d’un grand canon à base pyramidale dirigé vers le ciel. Jonathan remarqua également qu’à l’autre bout de la piste d’envol, deux drones étaient prêts à décoller. Sans doute les militaires allaient-ils tenter d’envoyer les drones à travers le vortex. Pour la première fois de sa vie, il était content que l’on envoie des drones plutôt que des pilotes. Quelle folie, songea-t-il à nouveau. Risquer l’Armageddon pour perfectionner un nouveau moyen de transport : la démesure des Hommes ne semblait pas avoir de limite.

Soudain, le pont se vida de tous ses occupants en quelques secondes. Poussé par la curiosité, Jonathan resta caché derrière une pile de caisses. Une voix retentit par les hauts parleurs du pont d’envol :

– Attention, lancement du compte à rebours. Début du test dans trente secondes, vingt-neuf, vingt-huit…

Un bourdonnement se fit entendre, sans doute les générateurs avaient-ils été mis en marche.

– Dix-neuf, dix-huit, dix-sept…

Le bourdonnement devint plus intense jusqu’à devenir un sifflement aigu qui arracha un cri de douleur à Jonathan. Il comprit alors pourquoi tout le monde s’était mis à l’abri. Il plaqua ses deux mains contre ses oreilles rendant le sifflement plus supportable. De puissants projecteurs crevèrent la nuit, illuminant le ciel chargé de nuages gris.

– Cinq, quatre, trois, deux, un, mise à feu.

A ce moment-là, le silence se fit et Jonathan vit les deux canons à électrons émettre un rayon lumineux d’un rouge vif. La base pyramidale du canon principal fut percutée simultanément par les deux faisceaux laser. Pendant quelques secondes rien ne sembla se produire. Puis, l’ensemble du porte-avions se mit à trembler, manquant de faire trébucher le pilote. Soudain, une onde de choc partit de la base du canon et se propagea vers le ciel. Le silence retomba sur le pont d’envol et tout redevint calme. Le regard de Jonathan se porta vers le ciel où un trou béant aspirait les nuages alentours. Ainsi, l’Homme venait de créer un trou noir. Miller ne parvenait plus à détacher ses yeux du spectacle grandiose qui se jouait devant lui. Il ne remarqua les deux drones que lorsque ceux-ci franchirent le trou de ver à pleine vitesse. Le vortex se referma brusquement juste après.

– Que s’est-il passé ? demanda le général Stanton dont la voix trahissait une certaine inquiétude.
– Je ne sais pas mon Général, répondit Willis, le chef des opérations. La puissance du vortex était parfaitement stable, mais il semble qu’il se soit effondré sur lui-même.
– Je vous avais pourtant prévenu, Général, lança le professeur Santini d’un ton parfaitement neutre.
– Ça suffit Santini, l’heure n’est pas aux reproches. Stanton se tourna alors vers Willis :

– A-t-on des nouvelles de nos drones ? demanda-t-il avec colère.
– Non, mon Général. Les pilotes nous disent avoir perdu le contrôle de leur appareil au moment même où le trou noir s’est refermé.
– Je veux savoir ce qui s’est passé. Que les équipes de maintenance vérifient l’état du canon TDV.
– Mais Général, il faut attendre que les canons à électrons refroidissent sinon les équipes de maintenance risquent de…
– Ça suffit, Willis ! Je vous ai donné un ordre. Obéissez.
– Tout de suite, mon Général.

Jonathan regarda ses mains maculées de sang et constata qu’il provenait de ses oreilles. En pilote averti, il savait que ce n’était jamais très bon signe. Voyant que des dizaines d’hommes s’affairaient à nouveau, il décida de ne pas s’attarder plus longtemps sur le pont du California. Les deux drones n’étaient toujours pas revenus et au vu de l’agitation ambiante, Jonathan en conclut que le test avait du être un échec.

De retour dans sa cabine, il se passa la tête sous l’eau, ce qui le soulagea quelque peu. Il était maintenant certain de ne pas fermer l’œil de la nuit.

***

Le lendemain matin, Jonathan était partagé entre l’excitation de piloter à nouveau et le désarroi dans lequel l’avait laissé l’impressionnant spectacle dont il avait été témoin la veille. Ses oreilles ne le faisaient plus souffrir et il espérait qu’il en serait de même une fois en vol. Il prit son petit déjeuner dans un réfectoire qui semblait avoir été déserté. A contrario, le pont d’envol était envahi de techniciens, militaires et scientifiques qu’il n’eut aucun mal à différencier. Son officier de liaison l’accompagna jusqu’à l’arrière du porte-avions où l’attendait déjà son Harrier. Le canon TDV avait disparu du pont supérieur, ce qui ne manqua pas de faire sourire Miller.

– Voici votre plan de vol, Sergent-major. Soyez prudent, lança très sérieusement l’officier de liaison.

Ça c’est le comble, pensa Jonathan. On me demande à moi d’être prudent pendant qu’eux mettent la planète en danger.

– Merci, Capitaine, répondit-il ironiquement.

Il monta à bord du Harrier et après les vérifications d’usage et l’accord de la tour de contrôle, il décolla. Quelques minutes plus tard, Jonathan volait au-dessus du Pacifique à pleine vitesse. Deux heures plus tard, il arriverait à Pearl Harbor où le dernier Harrier de l’armée américaine encore en état de marche finirait ses jours dans un musée.
Le vieux Harrier serait à la retraite en même temps que le vieux Miller, pensa Jonathan.

A bord, l’ambiance fut nettement moins joviale que la veille. Il semblait plongé dans une sorte de nostalgie qui dura pendant presque toute la durée du vol. Seule une voix dans son casque le sortit de sa torpeur.

– Black Eagle, ici la tour de contrôle de Pearl Harbor. Veuillez abaisser votre plancher à 1500 mètres afin de procéder à l’atterrissage. Nous vous libérons la piste 24B, veuillez confirmer.
– Bien reçu tour de contrôle. Je procède aux…

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Déjà, son radar émettait deux échos droit devant lui à quelques centaines de mètres. La visibilité était restreinte par d’épais nuages gris. Pendant un instant, le pilote se remémora la dernière fois où il avait vu deux échos sur son radar, vingt-cinq ans plus tôt. Une vague de sueurs froides parcourut le corps de Jonathan qui luttait pour garder son calme. Le Harrier sortit d’un épais nuage et la panique envahit aussitôt le pilote lorsqu’il vit devant lui deux drones qui émergeaient d’un gigantesque vortex, trou béant déchirant le ciel. Les drones partirent en vrille et Jonathan ne les évita que par miracle. Dans la seconde qui suivit, les deux engins se percutèrent l’un l’autre. Le Harrier, prit dans le champ de l’explosion, fut projeté à travers le trou noir.

Jonathan ferma les yeux, croyant sa dernière heure venue.

***

Lorsqu’une alarme retentit dans le cockpit, il ouvrit à nouveau les yeux. Il était toujours là, bel et bien vivant, mais son appareil était devenu hors de contrôle et plongeait inexorablement vers l’océan. Le pilote dut jouer de toute son habileté afin de stabiliser le Harrier qui ne volait plus qu’à quelques dizaines de mètres au-dessus de l’eau.

La première chose qui frappa Jonathan quand le calme revint, fut la météo. En effet, le ciel n’était plus gris et menaçant, mais d’un bleu azur. Au loin, le soleil se levait derrière l’île d’Oahu abritant le port de Pearl Harbor. Le changement était saisissant. Il décida de reprendre de l’altitude afin d’envoyer un message radio. Pas de réponse. Une inquiétude naissante poussa le pilote à scanner toutes les fréquences radios. Il ne tarda pas à en trouver une, mais la voix qu’il entendit n’avait rien d’américaine. Il s’agissait plutôt d’une langue asiatique à laquelle Jonathan ne comprenait strictement rien. Soudain, il y eut un silence radio de quelques secondes suivi de trois mots que le pilote ne pourrait jamais plus oublier. Trois mots qu’il savait être japonais. Trois mots historiquement célèbres et qui répondaient à toutes ses interrogations : tora ! tora ! tora ! Il comprit aussitôt que le vortex l’avait projeté dans le passé, le 7 décembre 1941 à 7h53. L’attaque de Pearl Harbor par l’armée japonaise venait d’être lancée. L’histoire de cette bataille, tous les pilotes de l’US Air Force la connaissait par cœur. Le président Roosevelt l’avait tristement baptisée le Jour d’infamie. Jonathan avait étudié cette bataille lors de ses classes alors qu’il n’était pas encore pilote : la plus grande défaite militaire américaine. Il ne semblait pas croire à la réalité de sa situation, encore sous le choc de l’annonce radio. Comment pouvait-il se retrouver plongé au cœur d’un des jours les plus sombres de l’Histoire de son pays ?

Seule la première explosion d’un cuirassé parvint à sortir Jonathan de sa torpeur. Il savait que le Nevada venait d’être touché par une torpille. Ce navire avait été la première cible des bombardiers japonais. Quelques secondes plus tard, toute l’île Ford où était stationnée la majeure partie de la flotte américaine, sembla s’embraser sous les feux nippons. Jonathan devait intervenir, c’était son devoir de patriote et il en avait les moyens. Il fit un premier passage au-dessus du port, scannant les fréquences radios afin d’en trouver une américaine. Plus loin au nord, le pilote distingua nettement une nuée d’appareils japonais qui se scindait en plusieurs groupes d’attaque.

– Maintenant les choses vont changer, déclara-t-il solennellement à voix haute.

Jonathan lança ses réacteurs à pleine puissance en direction d’un groupe de onze bombardiers Kate qui arrivait au-dessus des montagnes. Les bombardiers japonais se distinguaient aisément des chasseurs Zéros de par leur couleur verte. La tâche du pilote américain n’en fut que simplifiée. En l’espace de quelques secondes, il fit un carnage avec sa mitrailleuse. Pas un pilote japonais ne réchappa vivant de l’attaque éclair. La surprise avait été totale.

J’ai bien arrosé l’arroseur, pensa Jonathan un sourire narquois aux lèvres.

Le Harrier avait déjà repris de l’altitude lorsque la radio, qui avait capté une nouvelle fréquence, lança un message que le pilote reconnut.

- Raid aérien, Pearl Harbor. Ce n’est pas un exercice.

Il s’agissait du message de détresse qu’avait lancé le commandant Logan de Ford Island. Jonathan vira de bord et ne tarda pas à rattraper un groupe de Zéros qui s’apprêtait à détruire une piste de décollage américaine. Les mitrailleuses du Harrier entrèrent en action et pulvérisèrent littéralement les avions japonais. Les explosions successives obligèrent le pilote à effectuer de spectaculaires manœuvres d’évitement.

Au sol, les militaires assistaient à une scène de science-fiction en voyant le Harrier évoluer dans les airs, venant à leur aide tel un ange tombé du ciel. Aucun pays n’avait jamais développé un tel engin, alors en voir voler un relevait de l’impossible.

De son cockpit, Jonathan aperçut deux Kates qui se dirigeaient vers l’Arizona, le plus célèbre des cuirassés coulé durant la bataille de Pearl Harbor. Le pilote américain orienta son appareil en direction des bombardiers nippons, en verrouilla un et lança une roquette. La déflagration qui s’ensuivit projeta des débris sur les navires alentours. Jonathan n’eut pas le temps de verrouiller le second Kate qui largua sa torpille. Vu du ciel, on pouvait très nettement distinguer le long sillage blanc sous-marin caractéristique, filer à pleine vitesse sur l’Arizona.

Les quartier-maitres Sims et Templeton avaient reçu l’ordre le matin même de passer une couche de peinture sur la coque de l’Arizona. Lorsqu’ils devinèrent une torpille à quelques dizaines de mètres d’eux, ils furent persuadés que leur mort était inéluctable. Perchés dans leur nacelle de travail, que pouvaient-ils faire ? C’est donc comme spectateurs qu’ils assistèrent au plus incroyable des miracles. Un chasseur inconnu passa en rase-mottes à une vitesse folle et largua une bombe qui fit exploser la torpille dans une impressionnante gerbe d’eau. Les deux quartier-maitres, bien que complètement trempés, se jetèrent dans les bras l’un de l’autre de joie. Ils se hâtèrent ensuite de remonter leur nacelle de travail.

A bord de son bombardier, le pilote japonais constata avec stupeur que sa torpille n’avait pas atteint sa cible. Pire, l’OVNI qui en était responsable fonçait à plein régime sur lui. Jonathan fondit sur sa proie qui tenta une manœuvre désespérée pour l’éviter et perdit le contrôle de son appareil. Le Kate termina sa course dans les eaux peu profondes de la baie. A bord du Harrier, Miller poussa un long cri de victoire. Cependant, une nouvelle explosion toute proche l’obligea à se reconcentrer. La bataille était loin d’être gagnée.

Dans la panique, les militaires américains à bord des cuirassés, prenaient tous les avions en vol pour cible. Jonathan dut rapidement se dégager d’un tir d’artillerie et reprendre de l’altitude. Une fois hors d’atteinte, il aperçut en contrebas un petit submersible nippon qui se frayait un passage dans les eaux de la baie. Il prit tout son temps pour viser et largua une seconde bombe. Sans surprise, l’obus atteignit son objectif et le sous-marin de poche japonais implosa.

Avec le recul que lui offrait l’altitude, Jonathan constata les dégâts de la bataille. Trois navires étaient en flamme, dont un donnait déjà de la gîte. Deux pistes de décollage et une bonne trentaine de Curtiss P40 américains étaient hors d’usage. Des volutes de fumées noires réduisaient considérablement la visibilité à basse altitude et au loin de nouvelles vagues d’avions japonais déferlaient sur Pearl Harbor. Les ennemis étaient trop nombreux et Jonathan ne pouvait espérer changer seul le cours de la bataille. Il lui fallait des renforts aériens et rapidement. Il décida de ne s’atteler pour le moment qu’à une seule tâche : la protection d’une piste d’envol afin de permettre aux P40 américains de prendre les airs.

La piste d’Ewa n’avait pas encore été atteinte par les raids aériens ennemis. Les mécaniciens et pilotes américains s’affairaient en tout sens afin de préparer leurs avions au décollage. Mais lorsqu’ils virent une nuée de Zéros surgir à contre-jour, ils coururent se mettre à l’abri dans les hangars voisins. Déjà les premiers chasseurs lançaient leur vague d’assaut lorsque, surgissant de nulle part, le Harrier leur coupa l’herbe sous le pied. A son premier passage, Jonathan descendit trois avions japonais, provoquant un mouvement de panique dans la formation ennemie. Quel était cet étrange et terrifiant appareil qui les décimait comme autant de moustiques ? Une roquette percuta un nouveau Zéro qui, en explosant, détruisit un appareil voisin. Ne croyant pas à leur bonne fortune, les militaires s’activèrent de façon plus intensive à la mise en route de leurs P40.

Des tirs provenant de l’arrière firent prendre conscience à Jonathan qu’il était pris pour cible par deux chasseurs nippons. Il ne tenta aucune manœuvre d’évitement, mais au contraire sortit ses aérofreins et orienta ses quatre tuyères en sens inverse. En deux secondes, les Zéros se retrouvèrent devant lui. Jonathan remit alors les gaz et joua de sa mitrailleuse, réduisant à néant les deux téméraires qui avaient osé relever le défi de le détruire.

Un premier P40 décolla, mais fut presque aussitôt détruit par une nouvelle formation de Zéros. Six autres chasseurs américains tentèrent leur chance et parvinrent à prendre les airs. Aussitôt ils engagèrent le combat et se focalisèrent sur la défense de la piste d’Ewa, ce qui permit à une bonne trentaine d’appareils supplémentaires de décoller. Il s’agissait pour Jonathan d’un tour de force car au cours de la bataille originelle, seuls six Curtiss P40 avaient réussi à prendre leur envol. Côté américain, la bataille était maintenant devenue aérienne et prenait une tournure qui permettait d’envisager une autre issue qu’un immense massacre.

***

– Taylor, fais gaffe à trois heures, tu en as un aux fesses, lança une voix dans la radio.
– J’arrive pas à le semer. Il s’accroche le fumier, répondit l’intéressé.

Jonathan repéra rapidement le P40 en difficulté. Taylor tentait désespérément d’échapper à son poursuivant sans succès. Le Harrier faisait maintenant face au chasseur américain toujours poursuivi de près par un Zéro.

– Merde, c’est quoi ça ? s’affola Taylor.
– A mon commandement, virez de bord à gauche Taylor, ordonna Jonathan.
– Mais vous êtes qui ?
– Obéissez, Taylor, ou vous allez finir par vous faire descendre !

Les deux secondes suivantes parurent durer une éternité pour le lieutenant Kenneth Taylor qui voyait l’avion inconnu grossir dangereusement.
– Maintenant ! lança précipitamment Jonathan.

Taylor réagit et vira de bord aussitôt. Le P40 ne passa qu’à quelques centimètres du Harrier qui ouvrait déjà le feu sur le Zéro. L’aile droite du chasseur nippon fut arrachée par les projectiles du canon rotatif américain. Dans une gerbe de flamme, le Zéro tourbillonna à grande vitesse avant de percuter le sol.

– Qui que vous soyez, merci l’ami, déclara Taylor.
– Peu importe qui je suis, répondit Jonathan. Ce serait trop long à expliquer. Ce qui compte, c’est que je suis de votre côté. Sachez juste que vous et le lieutenant Welch êtes destinés à de grandes choses.

En effet, Jonathan connaissait les deux pilotes de légende qu’étaient devenus les lieutenants George Welch et Kenneth Taylor. Au cours de la bataille de Pearl Harbor, telle qu’il la connaissait, ces deux jeunes pilotes faisaient partie des six P40 qui avaient réussi à prendre les airs. A eux seuls, ils étaient parvenus à descendre pas moins de sept Zéros. Taylor avait même été blessé pendant la défense de la piste d’Ewa. Jonathan avait empêché cela et il en éprouva une grande fierté.

– Tu entends ça, George ?
– Ouais. Je n’y comprends rien, mais peu importe. Comme notre mystérieux inconnu l’a dit, ce qui compte c’est qu’il soit de notre côté. Allons botter le cul de ces salauds !

La défense s’organisa peu à peu et les forces japonaises commencèrent à faiblir. Jonathan s’occupait à présent de protéger les navires bloqués dans le port, son appareil lui conférant un avantage technologique considérable sur l’ennemi.

***

Jonathan jeta un coup d’œil à son horloge de bord qui indiquait 8h40. Il marmonna un juron car il savait que dans dix minutes une seconde vague d’assaut déferlerait sur Pearl Harbor. Il fallait à tout prix empêcher que cela ne se produise.

– Ceci est un message à l’ensemble des pilotes américains déjà dans les airs. Décrochez, je répète, décrochez. Une seconde vague d’assaut arrive par le nord. Il faut les empêcher d’atteindre le port.
– Libérez la fréquence, lança un pilote.
– Ici le lieutenant Welch. Obéissez tout de suite et regroupez-vous derrière le chasseur inconnu. Faites-moi confiance les gars, ce type sait de quoi il parle.

Une minute plus tard, une formation de soixante trois Curtiss P40 mené par un Harrier survolait les montagnes et bientôt l’océan.

– Prenez de l’altitude, ordonna Miller. Nous allons leur tomber dessus par surprise !

D’une seule voix, les pilotes américains confirmèrent l’ordre. Jonathan suivait la progression ennemie sur son radar. Elle comptait plus d’une centaine d’appareils. Mais peu importait le nombre de japonais, il avait une stratégie qui, si elle fonctionnait, réduirait à néant la seconde vague d’assaut nipponne. Il lança ses réacteurs à plein régime. Welch et Taylor, qui étaient à la tête de la formation américaine, virent soudain le chasseur inconnu disparaître de leur champ de vision en quelques secondes.

Jonathan survola la nuée de chasseurs ennemis sans que ceux-ci ne se rendent compte de sa présence. Il attendit quelques secondes et fit faire demi-tour à son appareil. Il abaissa progressivement son plancher jusqu’à atteindre l’altitude des appareils japonais, se plaçant ainsi juste derrière eux.

L’ironie du sort voulut que le lieutenant Welch déclencha l’attaque par trois mots « GO, GO, GO » ce qui ne manqua pas de faire sourire Jonathan. Les P40 plongèrent vers leurs cibles et Miller lança ses réacteurs à pleine puissance. Il verrouilla deux Kates en milieu de formation et tira ses missiles. La déflagration fut si puissante que quatre avions japonais explosèrent et deux autres en perdition finirent leur course dans l’océan. Au même instant la vague de P40 fondit sur les japonais, provoquant des dégâts considérables dans leur formation. Les « japs » ne s’attendaient certainement pas à une contre-attaque au-dessus de l’océan. Pas moins de la moitié de leurs chasseurs et bombardiers furent détruits avant qu’ils ne se décident à changer de cap. Mais c’était sans compter sur la présence du Harrier qui leur barra le passage. Jonathan coupa les gaz et le canon rotatif de son chasseur entra en action. Le carnage qui s’ensuivit resterait à tout jamais dans les mémoires des pilotes présents lors de la bataille. Zéros et Kates se faisaient littéralement perforer par les projectiles 25 millimètres du Harrier. Les avions japonais explosaient de toute part et quand l’un d’eux parvenait à s’en sortir, deux ou trois P40 se chargeait de l’achever. Pas un seul américain ne périt au cours de l’attaque qui ne dura que cinq minutes. Il était 8h55 et la seconde vague d’assaut nipponne venait d’être réduite à néant.

Jonathan savait que la victoire était presque acquise. Il ne lui restait plus qu’un seul objectif : les six porte-avions japonais qui croisaient à quelques milles au nord.

– Bien joué les gars ! lança-t-il. La victoire est à nous, retournez à Pearl Harbor pour terminer le travail.
– Nous direz-vous enfin qui vous êtes ? demanda Taylor.
– Un ami venu de bien plus loin que vous ne sauriez l’imaginer, répondit simplement Miller. Bien plus loin. Adieu mes amis, un jour… nous nous reverrons.
– Merci pour tout, mais pourquoi…

Mais la voix de George Welch se perdit dans un grésillement. Jonathan venait de libérer la fréquence radio. Il ne voulait pas être distrait de son dernier objectif. Il savait qu’une troisième vague d’avions japonais était prête à décoller si on lui en intimait l’ordre. Il voulait à tout prix empêcher cela. Il tira sur le manche du Harrier qui prit aussitôt de l’altitude. Il ne lui restait que trois bombes et deux missiles pour endommager les pistes d’envol des porte-avions ennemis. Il n’avait par conséquent pas droit à l’erreur. Il fallut un quart d’heure au Harrier pour parcourir la distance qui le séparait de la flotte de l’Empire du Japon. Le chasseur, bien trop moderne, échappa aux radars encore rudimentaires des navires japonais. Jonathan visa stratégiquement les pistes de décollage des porte-avions. Lorsqu’il porta son attaque, seule une bombe manqua son objectif. Les ponts de quatre des six navires visés furent endommagés, interdisant tout décollage ennemi. Deux pistes demeuraient opérationnelles, résultat que le pilote trouva insuffisant. Il avisa un bombardier Kate qui s’apprêtait à prendre son envol. Jonathan enfonça le manche du Harrier qui plongea aussitôt. Le Kate roulait déjà sur la piste d’envol lorsqu’il fut perforé de toute part par les mitrailleuses du chasseur américain. Quelques instants plus tard, une explosion de grande envergure, amplifiée par la torpille du Kate, ravagea le pont du porte-avions. « Plus qu’un, pensa instinctivement Jonathan ». Mais les batteries antiaériennes des cuirassés alentours commençaient à cracher leur feu. Il jugea que le risque d’un nouveau passage était trop grand maintenant que l’effet de surprise ne jouait plus en sa faveur. Après quelques périlleuses acrobaties, le Harrier reprit de l’altitude jusqu’à être hors de portée des feux nippons. Là, il comprit que la bataille touchait à sa fin lorsqu’il vit l’ensemble de la flotte japonaise amorcer progressivement un demi-tour.

La bataille de Pearl Harbor était terminée et les Etats-Unis avaient vaincu l’Empire du Japon. Et lui, le sergent-major Jonathan Miller, avait à tout jamais changé le cours de l’Histoire. A aucun moment de sa vie, le pilote américain n’avait ressenti une telle fierté, un tel sentiment d’accomplissement de soi. Grâce à lui, plus de deux mille vies venaient d’être épargnées. Mais le temps était venu pour Jonathan de rentrer chez lui. Du moins l’espérait-il. Il n’appartenait pas à cette époque et devait rétablir un équilibre dans l’espace temps. Craignant que le vortex se soit refermé, il mit le cap sur l’endroit d’où son appareil avait émergé. Une demi-heure plus tard, il arriva sur zone et fut soulagé de constater que le trou noir crevait toujours les cieux. Cette fois-ci, il ne ferma pas les yeux lorsqu’il franchit le seuil du vortex.

***

Le ciel était à nouveau gris au dessus du Pacifique et Jonathan comprit qu’il était revenu à son époque, le 15 avril 2015. Allait-on l’accueillir en héros lorsqu’il raconterait son histoire au Général Stanton ? Allait-on seulement croire à son histoire ? Il n’avait aucune preuve tangible de son intervention à Pearl Harbor. Finalement, cela importait peu, seuls ses actes comptaient. Grâce à lui, un grand drame avait été évité.

C’est dans cet état d’esprit que le pilote mit à nouveau le cap sur Pearl Harbor. Sa jauge de kérosène indiquait un niveau de carburant assez bas. Rien d’alarmant en soi, mais il fallait refaire le plein rapidement. Il se cala sur la fréquence radio de la base aéronavale et lança un appel. L’inquiétude remplaça bientôt la joie car son appel demeurait sans réponse. Avait-il bien réintégré son espace-temps ? En y réfléchissant, il se dit que le ciel nuageux ne constituait en rien une preuve du lieu et de l’époque à laquelle il se trouvait. Pourtant il se trouvait au dessus de l’océan. Mais quel océan ? Etait-ce bien le Pacifique ? Le doute était permis. Jonathan ne disposait plus d’aucun repère temporel et géographique. Bientôt la silhouette d’une côte se dessina à l’horizon. Le pilote plissa les yeux et souffla de soulagement en reconnaissant la topographie caractéristique de l’île d’Oahu. Mais toujours pas de réponse à ses appels radios répétés.

Soudain, l’horreur prit le pas sur le soulagement lorsqu’il découvrit un port de Pearl Harbor qui avait été complètement ravagé par les flammes. C’était l’enfer sur Terre. Tout était détruit, brûlé et broyé. Le port, la ville d’Honolulu, les villages un peu plus loin dans les terres : rien n’avait été épargné. Tout sur l’île n’était que le terrible témoignage d’un lointain drame. Lointain car la nature avait repris ses droits. Une luxuriante végétation avait envahi les rues du port. Le paysage de désolation qui se dessinait au sol laissa Jonathan sans voix. L’île semblait désertée de toute vie. Cependant, le faible niveau de carburant poussa le pilote à aviser une zone suffisamment large pour lui permettre d’atterrir. Toutes les pistes de la base étaient hors d’usage, aussi dut-il procéder à un atterrissage vertical.

Lorsqu’il coupa les réacteurs du Harrier, un silence de mort régna sur l’île. Jonathan fut parcouru d’un frisson en descendant du chasseur. Sans bien savoir ce qu’il cherchait, le pilote erra dans les rues désertes de la ville plusieurs heures durant. Que s’était-il produit ? C’était à n’y rien comprendre. Les américains avaient gagné la bataille et pourtant la ville n’était maintenant qu’un vaste champ de ruines. Il envisagea subitement une hypothèse qui pouvait expliquer sa situation. Le trou de ver l’avait sans doute projeté dans un avenir où une catastrophe s’était produite sur l’île. C’était la seule explication plausible à ses yeux. Sa théorie ne répondait cependant pas à la question qui lui torturait l’esprit : qu’est-ce qui avait provoqué une catastrophe de cette ampleur ? L’heure n’était pas aux questions. Il devait maintenant se préoccuper de son propre sort.

Il se mit en quête de carburant pour son appareil. Ses réserves lui interdisaient tout retour sur le continent trop distant. Mais le sort semblait s’acharner contre Miller qui, après plusieurs heures de recherche, ne parvint pas à trouver la moindre goutte de kérosène. Le soir venu, le sergent-major alluma un feu non loin de son appareil et se contenta d’une ration de survie pour seule nourriture. Peu à peu ses craintes devinrent des angoisses. Etait-il condamné à survivre seul sur cette immense île déserte ? La fatigue l’emporta sur le stress et le pilote finit par s’endormir.

***

La fraîcheur matinale réveilla Jonathan qui tremblait quelque peu. Lorsqu’il ouvrit les yeux, encore embués par le sommeil, il eut un vif mouvement de recul en découvrant un vieillard qui se tenait debout devant lui. Une longue barbe blanche dissimulait un visage buriné, celui d’un homme marqué par la dureté de son existence. Il était vêtu de haillons, lambeaux vétustes de ce qui avait été des vêtements en d’autres temps. L’homme n’esquissa pas le moindre geste. En l’observant plus attentivement, Jonathan vit que des larmes coulaient le long de ses joues ridées. Le pilote était sur le point de lui adresser la parole, mais l’homme le prit de court.

– La prophétie était donc vraie, déclara-t-il d’une voix chargée d’émotion.
– La prophétie ? demanda Jonathan. De quoi parlez-vous ? Et puis qui êtes-vous ?
– Mon nom est Dean Thomas et je suis ici pour vous.
– Ecoutez, monsieur Thomas. Je ne comprends absolument rien à ce que vous dites.
– Vous êtes notre sauveur. Cela fait plus de trente ans que j’attends votre venue. J’avais fini par croire que mes prières resteraient sans réponses. Mais vous êtes là !

Dean Thomas fondit en sanglots et tomba à genoux. Jonathan, qui ne comprenait toujours rien à la situation, aida le vieillard à se relever. Il fallut à ce dernier un certain temps pour parvenir à réprimer ses larmes.

– Suivez-moi, balbutia-t-il. Nous serons mieux au chaud pour discuter.

Les deux hommes se mirent en route.

– Vous êtes nombreux à vivre sur l’île ? demanda Jonathan.
– Nous étions deux, mais mon ami est mort il y a trois ans déjà. Je vis seul désormais.
– Mais pourquoi restez-vous sur cette île si vous êtes seul ?
– J’attendais votre retour.
– Mon retour, s’enthousiasma Miller. Vous savez donc qui je suis ?
– Vous êtes l’ange descendu des cieux en 1941 et une prophétie annonçait votre retour.
– Incroyable, répondit le pilote. On se souvient encore de moi. Mais en quelle année sommes-nous ?
– En 2015, le 15 avril.

Je suis revenu dans le présent, mais tout est différent, pensa Jonathan.

Une évidence s’imposa alors au pilote. Il n’avait pas seulement changé le cours de la bataille de Pearl Harbor, mais le cours de l’Histoire. Sans réfléchir, il avait combattu les Japonais et avait provoqué un effet papillon. La question était maintenant de savoir quel impact avait eu son intervention sur le cours du temps. A quel point les choses étaient-elles différentes ?

Il n’osa plus poser de question à Dean Thomas jusqu’à ce qu’ils arrivent, une demi-heure plus tard, à ce qui avait été la bibliothèque municipale. Vu de l’extérieur, le bâtiment semblait être en ruine. Mais ce n’était là qu’une illusion. A l’intérieur, Jonathan découvrit une immense salle que le vieil homme avait aménagée avec soin. On aurait dit un gigantesque loft dont les pièces étaient délimitées par d’immenses rayonnages chargés de livres. Le pilote resta bouche bée devant ce lieu de vie hors du commun. Le vieillard le guida jusqu’à une petite pièce qui ressemblait plus à un temple qu’à un bureau. A l’intérieur, un petit autel orné de bougies avait été dressé. Il fut frappé de stupeur en découvrant une photographie de son Harrier disposée au dessus de l’autel. Cette prise de vue noir et blanc montrait le port de Pearl Harbor ravagé par les flammes. On distinguait parfaitement son chasseur qui faisait face à l’objectif au premier plan. Trop occupé par la bataille aérienne qui faisait rage, le pilote n’avait pas remarqué le photographe au sol. Le cliché, bien que froissé et usé, semblait être l’objet du culte de Dean Thomas. Voilà pourquoi le vieillard l’appelait « l’ange descendu des cieux ». Jonathan était apparu comme par miracle, sauvant les militaires américains d’un sort funeste. Il avait tout aussi mystérieusement disparu dès la fin de la bataille, ne laissant pour toute trace de son passage qu’une simple photographie prise à son insu.

– Racontez-moi tout, Dean, supplia-t-il d’une voix tremblante. Je dois tout savoir de ce qui s’est passé depuis le 7 décembre 1941.
Le vieil homme se lança alors dans un long monologue. Il expliqua à Jonathan comment les américains, forts de leur victoire à Pearl Harbor, avaient écrasé le Japon sous le poids des bombes avant de retourner dans leur mutisme. La rage ne s’était pas emparée du cœur des américains qui, attentistes, avaient observé ce que le président Roosevelt avait qualifié de « guerre européenne tout au plus ». Le débarquement de Normandie n’avait par conséquent pas eu lieu et Hitler, fort de ses positions européennes avait rapidement vaincu la France. L’Angleterre avait capitulé peu de temps après. Les Etats-Unis s’étaient rendus compte de leur erreur trop tard et n’étaient entrés en guerre contre l’Allemagne nazie qu’en 1947. Pendant près de quarante ans, les deux camps s’étaient affrontés, faisant plus d’un milliard de victimes et le 23 septembre 1986, les Etats-Unis avaient capitulé sans condition. L’année suivante avait marqué un tournant dans l’Histoire lorsque Adolph Hitler s’était éteint, rongé par le cancer. Un tournant car son fils adoptif, un sadique sans nom, avait pris sa succession. Un milliard d’êtres humains périrent dans les camps de la mort qui s’étaient multipliés partout à travers le monde. En sauvant deux mille vies, Jonathan avait condamné l’Humanité à la nuit. Lui, le sergent-major Miller était responsable de plus de deux milliards de morts. Seul, il avait changé le cours de l’Histoire et seul, il était responsable du plus atroce des crimes contre l’Humanité : le monde était aujourd’hui dirigé d’une main de fer par les nazis.

***

Comme si les larmes ne suffisaient pas à exprimer le poids de sa culpabilité, Jonathan eut un haut-le-cœur et se retourna pour vomir à plusieurs reprises. C’était plus que son corps et son esprit ne pouvaient en supporter. Il se leva brusquement et quitta la bibliothèque en courant.

Bien que hors d’haleine, il continua de courir longtemps. Son corps cherchait à expier son terrible pêché. Quand de fatigue il tomba à genoux, il hurla sa douleur plusieurs heures durant. Il erra ainsi, l’âme en peine, pendant deux jours avant de s’écrouler inconscient sur une plage d’Honolulu.

Lorsqu’il s’éveilla, le soleil était déjà bas à l’horizon. La nuit n’allait pas tarder à recouvrir l’île en ruine d’Oahu. Sur sa droite, Jonathan vit Dean Thomas qui longeait la plage avant de venir s’asseoir à côté de lui.

– Et vous Dean, commença le pilote, quelle est votre histoire ?
– Je suis un privilégié d’avoir vécu si longtemps sur cette île. Voyez-vous, en 1978 j’ai obtenu mon diplôme de journaliste et me suis embarqué dans le premier navire qui partait pour le front Atlantique en tant que reporter de guerre. Cela me semble si loin aujourd’hui. Mais le cuirassé est tombé dans une embuscade et les nazis m’ont capturé et déporté dans le camp de Lorient sur la côte française. Les années qui suivirent, furent les pires de toute ma vie. Famine, insalubrité, tortures et expériences humaines en tout genre étaient notre lot quotidien. Sans mes amis pour me soutenir, je crois que j’aurais fini par mourir là-bas. Mais par chance, j’ai fait la connaissance de Sam et Richard. Sam était anglais et son seul crime était d’être peintre. C’est lui qui vivait avec moi sur l’île jusqu’à ce triste jour, il y a trois ans, où il est décédé après une longue période de fièvre. Quant à Richard, et bien Richard est l’homme qui a changé nos deux vies à Sam et moi. C’est lui qui nous a parlé de la prophétie annonçant votre retour. Au début nous ne l’avons pas pris au sérieux jusqu’à ce qu’il nous montre cette photo de votre étrange avion prise au cours de la bataille. Ce cliché qu’il chérissait comme un trésor, il le tenait de son père, Kenneth Taylor, qui le lui avait transmis avant de mourir.

– Vous voulez dire que votre ami s’appelait Richard Taylor ?
– Oui, son père était pilote pendant la bataille de Pearl Harbor.
– Je l’ai connu, déclara Jonathan abasourdi par cette révélation.
– Toujours est-il qu’au fil des années passées au sein du camp, nous avons élaboré un plan d’évasion. Nous devions nous enfuir et retourner ensuite sur l’île d’Oahu pour attendre votre retour. Mais le plan ne se déroula pas comme nous l’avions prévu et Richard donna sa vie pour nous permettre, à Sam et moi, de nous échapper. Je n’ai jamais oublié le sacrifice de Richard, paix à son âme. Après un long périple, nous sommes finalement parvenus jusqu’à cette île que nous savions déserte depuis les années soixante. La suite vous la connaissez, trente et un an à attendre votre venue. Mais cela en valait la peine puisque vous êtes là. Vous êtes revenu pour nous sauver de la tyrannie des nazis.

Jonathan fondit à nouveau en larmes, mais se reprit très vite.

– Dean, c’est maintenant à mon tour de vous compter une triste histoire car croyez-moi mon ami, je ne suis pas un ange descendu des cieux pour vous sauver.

Et il raconta au vieil homme qui il était, d’où il venait et comment par sa faute, le cours du destin avait pris cette dramatique tournure. Le choc dut être violent pour Dean, mais jamais celui-ci ne fit le moindre reproche à Jonathan car il savait que dans une telle situation, il aurait agi de la même manière. C’est donc le cœur lourd que les deux hommes s’en retournèrent à la demeure de Dean.

La nuit était déjà bien avancée lorsqu’ils parvinrent à l’ancienne bibliothèque. Aucun des deux hommes n’avait prononcé la moindre parole. Les mots semblaient futiles et chacun combattait ses propres démons intérieurs. Dean montra au pilote les nombreuses toiles qu’avait peintes son ami Sam au cours de ses vingt-huit années passées sur l’île. Jonathan prit le temps de toutes les regarder dans un silence presque religieux. Le vieillard le laissa dans sa contemplation et alla s’agenouiller devant l’autel de son petit sanctuaire.

Lorsque Jonathan revint, Dean priait devant la fameuse photographie qui était à l’origine du terrible quiproquo. Mais en la regardant attentivement, le pilote eut une révélation.

– Dean, je dois m’en aller, lança-t-il soudain d’une voix excitée. Je sais maintenant, je sais.
Le vieil homme ne sembla pas surpris outre mesure par l’étrange phrase du pilote. Il se retourna et déclara simplement :

– Alors va, mon ami. Va.
– Adieu, répondit avec émotion Jonathan.

Il quitta la demeure de Dean Thomas et se précipita vers son Harrier.

***

La nuit se changea en jour lorsque le chasseur franchit à nouveau le vortex. Par chance le trou noir était resté ouvert, offrant ainsi au pilote la possibilité de franchir à nouveau le seuil d’un lointain passé.

Le 7 décembre 1941, le ciel était d’un bleu azur et en contrebas, Jonathan vit un autre Harrier, hors de contrôle, qui perdait rapidement de l’altitude. Le pilote à bord de l’autre appareil, c’était lui lorsqu’il avait franchi le trou noir la première fois. Il eut une étrange impression en voyant son double manœuvrer tant bien que mal afin de stabiliser son appareil. Pendant quelques secondes, il fut tenté de contacter son double afin de le convaincre de ne pas prendre part à la bataille, mais le temps ne jouait pas en sa faveur. Son double écoutait déjà le message d’attaque japonais et était sur le point de se lancer corps et âme dans la bataille. Il ne lui restait plus qu’une seule solution.

– Le temps de la rédemption est venu, déclara solennellement Jonathan.

Il enfonça le manche du Harrier et s’élança à pleine puissance comme un missile sur son double. Il ferma les yeux alors que des larmes coulaient doucement sur son visage. Les images de son existence défilèrent devant ses yeux tel un film accéléré. Un sentiment d’éternité l’envahit soudain.

Personne ne fut témoin de la gigantesque explosion au dessus du Pacifique. Jonathan aurait sans doute dit que c’était mieux ainsi. Il avait réussi, il avait à nouveau infléchi la courbure du temps. Son double ne prendrait pas part à la bataille et les américains subiraient le Jour d’infamie. Le cœur emplit de haine pour cet acte barbare, les Etats-Unis s’engageraient dans la seconde guerre mondiale pour finalement triompher des forces de l’Axe.

Ce jour là, près de deux mille vies furent perdues.
Ce jour là, près de deux milliards de vies furent épargnées.


FIN


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mercredi, 24 octobre 2012

Beyond Humanity 1 : Des Jambes en Or [Nouvelles/Anticipations]

 

Le jeune Nathan alluma la télé. La conférence de presse venait tout juste de commencer.
Nike Thompson, la star du ballon rond, rayonnait sous le feu des projecteurs. Mais ses jambes dorées fraîchement acquises n'avait rien à lui envier.
La première question ne tarda pas à fuser :
- Est-il vrai que vous n'avez payé que le quart de la somme exigée par Nike pour convertir votre prénom ?
C'était la grande mode. Les grandes marques autorisaient ceux qui en avaient le désir, et surtout les moyens, à s'octroyer leur nom. En échange, ils bénéficiaient de réductions conséquentes sur une large gamme de produits et de services. Le sponsoring dernier cri. Cela faisait évidemment fureur dans le milieu sportif, mais certains particuliers étaient parvenus récemment à obtenir ce privilège.
L'intéressé secoua la tête, faisant voltiger ses dreadlocks argentées et arma un sourire éclatant de blancheur :
- C'est tout à fait juste. Il faut savoir que les contrats stipulent que vous ne devez payer que les lettres que votre prénom d'origine ne possèdent pas.
Or, ce n'est un secret pour personne, je m'appelais encore Mike il y a une semaine. J'ai donc profité de cette chance pour obtenir une bonne ristourne.
Il faut toujours lire les petites lignes, surtout quand elles sont en votre faveur.
Il se mit à rire, rapidement imité par l'assemblée de journalistes.
En quelques années, Nike avait obtenu un capital sympathie énorme que beaucoup lui jalousaient. Et pour ne rien gâcher, c'était un athlète performant.
Seulement, tout cela ne suffisait plus à être compétitif à une époque où la technologie était omniprésente.
Son accident de voiture, un mois plus tôt, avait eu raison de ses doutes à ce sujet. Entre un fauteuil roulant synonyme de retraite anticipée et des prothèses sur mesure synonymes de tremplin de carrière, le choix avait été simple. Les sponsors avaient débloqué sans hésiter des fonds substanciels afin qu'il bénéficie du must en la matière.
Des jambes cybernétiques pour un sportif de sa trempe, ce n'était pas un luxe, juste la garantie de ne jamais rester sur la touche.
- Monsieur Thomson...
- Je vous en prie, appelez-moi Nike. Autant rentabiliser mon investissement !
Nouveaux rires dans l'assistance.
- Euh...Nike, une rumeur tenace circule actuellement en ce qui concerne la vraie nature de votre accident. Il aurait été mis en scène afin que vous obteniez plus facilement vos jambes artificielles.
- L'enquête n'a rien prouvé de ce côté. Je n'ai aucun souci à me faire.
- Vous reconnaissez donc qu'il y a eu enquête.
- Ceux qui me connaissent savent que le mensonge est une gymnastique que je ne maîtrise pas. Et puis, que serait le monde sans rumeur ? Ennuyeux, c'est certain. Demain, une autre verra le jour. Ma main à couper. Car en ce qui concerne les jambes, c'est déjà fait.

Nathan éclata de rire. Nike Thompson était son héros, son modèle. Il était célèbre, beau, fort, rapide, drôle, honnête. Et maintenant, il avait des jambes cyber.
La perfection incarnée.
Le garçon rêvait d'en avoir, lui aussi. Ca tournait à l'obsession. Il faut dire qu'il avait de bonnes raisons d'y penser jour et nuit.
Sa mère rentra du travail à ce moment là. Elle l'embrassa.
- Tu n'aurais pas des devoirs à finir, par hasard ?
- Si, mais j'attendais que l'émission se termine.
- Nike Thompson, c'est d'un ridicule !
- Moi, je trouve ça trop cool. Un jour tu crois que je pourrais avoir un nom comme ça, moi aussi ?
- Certainement pas tant que tu habites sous mon toit. Si tu veux couvrir ta mère de honte, ce sera loin d'elle et avec ton propre argent.
- Et des jambes cyber, tu crois que je pourrais en avoir quand ?
- On en a déjà parlé, Nathan. Je n'ai pas changé d'avis et je n'en changerai pas.
- Maman, c'est pas juste. Dans ma classe, il n'y a que moi qui en ai pas. Je peux plus suivre les cours d'athlétisme à cause de ça. Le prof dit que j'ai plus le niveau.
- Tu n'as pas besoin de l'école pour faire du sport. Il y a un excellent centre dans le quartier. Je vais t'y inscrire et tu pourras faire l'activité que tu voudras. Ne te laisse pas embobiner par les autres. Tu n'as pas besoin de prothèse. Tu as tout ce qu'il te faut pour être heureux.
Mais Nathan était très loin d'en être convaincu.

Le lendemain matin, sur le chemin de l'école, Nathan détaillait les jambes mécaniques de son copain Jimmy avec encore plus d'envie. Elles ressemblaient à s'y méprendre à celle de son super héros préféré, Iron Man.
- Pourquoi tu les montres comme ça ? C'est pour me faire chier ?
Jimmy était un gentil garçon. Comme Nathan. Ses parents étaient seulement plus fortunés. Et fatalement, plus tentés de le montrer.
- Mais, non. C'est juste que maintenant j'ai un sponsor.
Il indiqua du doigt le logo Coca-Cola sur son tibia en titane.
Ils ont accès aux caméras de la ville et ils vérifient que je montre bien la marque. Je peux gagner beaucoup d'argent juste pour une journée. Enfin ma mère. Moi, j'ai pas encore l'âge.
- T'as pas l'impression de te faire exploiter ?
- Salut les loosers !
C'était Nasa. Ce jour-là, elle avait mis un short en jean pour faire ressortir ses jambes métalliques d'un blanc laiteux superbement ouvragées. Son père était un industriel réputé. Elle en avait très tôt profité. Dès la naissance en fait, puiqu'elle fut l'un des premiers bébés dont l'accouchement s'effectua intégralement par un androïde.
- On fait la course, Jimmy ? Nathan, tu donnes le top.
Nathan était secrètement amoureux d'elle. Mais Nasa n'avait d'yeux que pour Jimmy. Normal, ils étaient faits du même bois. Ou plutôt, du même métal.
- Ok, fit Nathan, blasé.
Il attendit qu'ils se mettent en position.
- 3...2...1...
Il y eut une détonation.
Nasa gloussa en voyant les deux garçons paralysés.
- Mon père m'a installé un mod vocal ce week-end. Je peux faire 150 sons différents. Cool, non ?
Jimmy décida de ne pas être impressionné.
- On court ou on cause ?
Il partit comme une flèche, rapidement rejoint par la demoiselle.
Nathan les observa disparaitre à l'horizon. Un horizon qui lui paraissait bien distant sans les bons outils pour l'atteindre.

Quand vint l'activité sportive, il fut comme d'habitude gentiment invité à se rendre en salle d'étude sous le regard gêné des autres élèves.
Mais cette fois, Nathan n'était pas d'humeur à se laisser dicter sa conduite. Il se rendit à l'arrière du bâtiment secondaire, où il savait la surveillance moindre, et se jucha sur l'un des balcons. La hauteur n'était pas suffisante pour le tuer, mais avec un peu de chances, en retombant bien sur ses pieds... Sa mère mentait. La vraie raison pour laquelle elle ne voulait pas lui acheter des jambes cyber c'était parce qu'elle trouvait ça ridicule. L'argent, elle l'avait sûrement.
Elle travaillait tous les jours, même le dimanche. S'il ne lui donnait pas le choix, elle serait obligée de les lui offrir. Il avait assez attendu son tour. Convaincu de cela, il ferma les yeux et sauta dans le vide. En pensant très fort à Nike Thompson.

La mère de Nathan se précipita dans la chambre. Cloué au lit, le garçon ne put accepter son étreinte, mais elle lui caressa le visage de façon éloquente tout en versant un cortège de larmes. Elle s'assit à son chevet et lui prit la main.
- Dis-moi que c'est un accident ! Dis-moi que tu n'a pas sauté !
Nathan était ému par la réaction de sa mère. Il n'avait pas pensé que cela la mettrait dans un état pareil. Il n'avait pas non plus pensé que son geste le mettrait, lui, dans un état pareil. Les médecins avaient été unanimes. Nathan était paralysé, des pieds à la tête. Le choc avait été suffisamment fort pour toucher la moelle épinière.
Comme son fils ne répondait pas et commençait à pleurer à son tour, elle devina facilement la vérité.
- Pourquoi tu ne m'as pas cru ? Je ne peux pas t'acheter ces jambes. Je dois rembourser des tonnes de dettes à cause de ton père ! J'ai tout juste de quoi nous faire vivre et te payer tes frais scolaires. Ton accident ne va rien changer,  je suis désolée. Ce sera même pire qu'avant.

Quelques jours plus tard, une annonce des médias fit grand bruit. Une vidéo fut diffusée au grand public qui devait changer le destin de Nike Thompson à jamais. On le voyait debout contre un mur se faire broyer les jambes par une voiture conduite par son manager. Une heure plus tard, le champion perdait sa cote de sympathie, ses sponsors et son avenir professionnel. Il dut même rendre ses jambes pour entorse au contrat.
Le lendemain matin, personne ne s'étonna de voir son suicide faire les gros titres des journaux. Il y eut bien des procédures pour l'innocenter et réhabiliter sa mémoire, mais elles furent bien vite oubliées dans le flot continuel de rumeurs dont s'abreuvaient le public. Demain, d'autres verraient le jour. L'ennui était proscrit.

Bienvenue dans un monde où la Technologie et l'Homme ne font plus qu'un.

Ce monde existe déjà. C'est le nôtre : 


Lire Beyond Humanity 2 : Un Cadeau Empoisonné


 

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Un Monde sans Humains ? [Documentaire]

Après avoir vu cet instructif mais ô combien terrifiant documentaire diffusé sur Arte j'ai eu l'idée de créer une série de nouvelles d'anticipation basé sur le futur de la technologie, de ses applications au quotidien et surtout de son emprise au détriment de notre libre-arbitre et de notre humanité. Chaque histoire sera donc dédiée à une invention en particulier :

Beyond Humanity 1 : Des Jambes en or


Beyond Humanity 2 : Un Cadeau Empoisonné

 

Mais si vous cherchez de l'optimisme ou de l'espoir, passez votre chemin...Le futur de l'humanité s'annonce sans humanité et cela a déjà commencé. Ou comment créer la Matrice du film Matrix de l'intérieur.

 

 

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mardi, 23 octobre 2012

L'Ame de Gotham


Le Joker n'était plus. Si sa mort ne lui avait pas autant coûté, à lui et aux autres, Bruce Wayne aurait pu dire que c'était le plus beau jour de sa vie. Loin s'en fallait.
Gotham devrait fêter l'évènement sans lui.

Un matin, de bonne heure, l'équipe du projet Innocence fut sur le pied de guerre à sa demande. Elle tenta bien de le dissuader d'expérimenter la machine si tôt alors que le projet n'était pas encore totalement finalisé. Mais c'était comme d'essayer de faire fondre un iceberg avec une allumette. Bruce avait décidé de se passer de la phase de tests préliminaires. Le test ce serait lui. Si Gotham voulait qu'il vive alors il vivrait. Si elle voulait le faire payer pour sa trahison envers elle, pour sa lâcheté, alors ce serait simple pour elle.
Il entra dans la machine. L'équipe mit les appareils en marche. De la buée couvrit l'intérieur du cylindre. Bruce colla son index sur la paroi. Il y dessina la silhouette d'une chauve-souris avant de l'effacer avec un plaisir indicible. Il ferma ensuite les yeux. Tout ce qu'il voulait c'était oublier. Etre quelqu'un d'autre. Le meilleur de lui, mais autrement. 

- 30 ans plus tôt -

Le jeune Bruce a 10 ans.

Il sort du cinéma accompagné de ses parents.

Il fait nuit.

La petite famille est heureuse. Elle a passé un bon moment.

Elle s'est construite un beau souvenir.

Elle parle du film avec animation. Ce faisant, ils traversent tous les trois la rue et prennent la direction d'une ruelle moins fréquentée, moins éclairée. Bruce persuade son père de ne pas rentrer à pied et de prendre un taxi. Il sent un grand danger planer sur eux. En fait il l'a senti pendant presque toute la projection au point qu'il a dû faire beaucoup d'efforts pour ne pas y penser et profiter du spectacle. Maintenant, qu'ils sont sortis, il se sent investi d'une mission. Le danger est plus proche que jamais. Il veut l'éviter à tout prix. Thomas Wayne ne comprend pas sa réaction, mais finit par céder devant son insistance. Ils montent dans un taxi.

Dans la voiture, le jeune Bruce, apaisé, rejoue les meilleures scènes du film. Interprétant le héros, il mime une scène de bagarre avec la complicité de son père singeant un féroce criminel. Ils se lancent tous deux dans véritable concours de poses et de grimaces. Martha Wayne est hilare et admirative. Le trio se construit un nouveau merveilleux souvenir.

A travers la vitre du taxi, le jeune Bruce contemple les rues animées. La ville est magnifique. Parée de toutes ses lumières, elle exerce sur lui une fascination grandissante, comme s'il tissait avec elle un lien privilégié. Elle semble se confier, ne s'adresser qu'à lui. Il se sent comme à Noël. Il y a une ambiance de fête. Les gens dehors sont joyeux. Comme si son propre bonheur était communicatif. Il se sent bien, à sa place. Il est incapable de dire pourquoi. C'est ancré en lui. Il ne peut qu'en profiter et ça lui suffit.

Ils sont à mi-chemin du manoir lorsque la voiture s'arrête à un feu. L'attente est longue, mais personne ne s'impatiente. Le jeune Bruce a totalement oublié ce sentiment d'insécurité qui l'étreignait un peu plus tôt. Lorsqu'il voit un un homme masqué s'approcher du taxi, il ne perçoit aucune menace. L'homme crie quelque chose et pointe une arme sur le chauffeur. Ce dernier hésite un instant. Il prend le temps d'adresser un regard rassurant à la famille avant de se baisser pour vider sa caisse. A l'arrière Thomas Wayne serre très fort sa femme et son fils contre lui. Il leur murmure des paroles réconfortantes. Ce n'est qu'un mauvais moment à passer. Bientôt ils seront chez eux, sains et saufs. Il suffit d'attendre, sans rien faire, sans rien tenter, afin de ne pas attirer l'attention sur eux. Martha pousse un cri. Le chauffeur vient de se ruer sur son agresseur pour le désarmer. Ils luttent âprement sous le regard terrorisé de la famille Wayne. Voyant le chauffeur faiblir, Thomas Wayne se mord la lèvre. Brusquement, il quitte le véhicule pour lui prêter main forte, s'arrachant à l'étreinte de sa femme. Martha prend peur et se précipite pour l'arrêter. Un coup de feu éclate. Thomas s'écroule. Le chauffeur se fige. Le gangster en profite pour lui arracher l'arme des mains. Dans la précipitation, son doigt appuie sur la détente. Martha tombe à son tour. Le braqueur assomme son adversaire d'un coup de crosse avant de prendre la fuite.

Bruce Wayne, assis dans le taxi est paralysé, mais ses yeux parlent. Il se sait intuitivement orphelin, sans en percevoir toutes les implications. Lorsque la police arrive, il comprend qu'il doit sortir de la voiture. Il fait quelques pas, ses jambes comme gainées de plomb. Et la réalité de fondre sur lui telle un oiseau de proie. Il observe le corps sans vie de ses parents liés jusqu'à la mort. Il ne réalise pas encore ce qui vient de se passer. Tandis qu'un policier du nom de Gordon l'emmène dans un endroit sûr, il regarde la flaque de leur sang mêlé s'agrandir sur la chaussée. Elle forme la silhouette caractéristique d'un animal. Un symbole qui s'imprime directement dans son esprit. Bruce Wayne la regarde, comme hypnotisé. Son destin est désormais tout tracé.

Gotham peut s'endormir en toute quiétude. Elle a regagné son héros. Elle a retrouvé son âme...

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lundi, 22 octobre 2012

Echec au Fou

 

- Sale petit égoïste ! Tu n'as pas le droit !
Bruce Wayne revint à lui. Il était ligoté sur son fauteuil. Le Joker lui faisait face. Il avait l'air furieux.
- Tu ne peux pas te débarrasser de Batman. Tu es Batman. Le seul dont tu dois te débarrasser c'est Wayne. C'est lui ton véritable masque. C'est lui qui t'empêche d'être vraiment toi-même. Tu n'as connu et vécu que pour faire régner l'ordre et la justice. Tu ne connais rien d'autre. C'est le sens de ta vie. Tout comme générer le chaos est le sens de la mienne. Nous sommes les deux côtés d'une même pièce. Nous ne sommes rien l'un sans l'autre.
Bruce secoua la tête.
- Justement, je suis fatigué de ce petit jeu. J'ai été privé d'une vie qui me manque plus que jamais. J'ai enfin l'occasion de la vivre et de tirer un trait sur tout ça. Je ne vais pas m'en priver. Encore moins pour te faire plaisir. Tu ne t'es jamais demandé quelle aurait été ta vie si tu avais pu vivre heureux avec tes parents ?
- Non. Mais c'est la différence entre toi et moi. Moi j'ai toujours accepté mon destin. Et en l'acceptant, j'ai appris à l'aimer. Je suis doué dans ce que je fais. Pourquoi voudrais-je une autre vie ? Des tas de gens passent la leur à chercher un sens à leur existence. Nous, nous avons la chance de l'avoir trouvé très tôt.
- Ca ne me suffit plus. Je suis peut-être doué, mais j'ai payé trop cher pour l'être et au final je ne suis pas heureux.
- Le bonheur c'est la quintessence de l'illusion. Toi qui es un détective hors pair, tu devrais le savoir. Au mieux c'est une cage dorée. Et nous sommes tous deux trop épris de liberté pour nous laisser enfermer dans de telles conventions. Dans le cas contraire, tu aurais raccroché ta cape depuis longtemps et tu aurais épousé une gentille veuve éplorée.
- C'est justement ce que je compte faire.
- Si tu crois que je vais te laisser faire.
- Tu n'as jamais voulu me tuer.
- Je préfère te tuer de mes mains plutôt que ne jamais t'avoir connu. Tu es indispensable à mon esprit.
- C'est la différence entre toi et moi.
Bruce se libéra de ses liens et frappa violemment le Joker à la figure. Du sang gicla. Harley se jeta sur le justicier, une lame à la main.
- Tu as tué mes parents, ça ne te suffit pas !
Le poignard déchira la chemise et le torse de Bruce. Harley voulut lui taillader le visage. Le justicier esquiva avec l'agilité d'un boxeur aguerri avant de lui tordre le poignet et de la bloquer face contre un mur.
- Je n'ai rien à voir avec la mort de tes parents et tu le sais. Tu l'as seulement oublié !
- Tu as tué mon père ! Tu l'as tué sous la pression, tu l'as exploité jusqu'à ce qu'il devienne fou et qu'il s'en prenne à nous !
- Le Joker te manipule depuis le début. Tu étais fragile, il n'a eu qu'à te brosser dans le bon sens du poil. Mais ça aussi tu le sais. Tu es une fille intelligente, Harleen.
- Ne m'appelle pas comme ça, je déteste ce prénom autant que je te déteste.
- Déteste-moi si tu veux, mais accepte la vérité. Le poids du mensonge est une douleur sans nom. Je ne le sais que trop bien. Je parie qu'il t'a dit qu'en tuant tes parents, tu serais libre comme jamais. Tu t'es salie les mains pour lui. Tu as sacrifié ta vie. Mais, lui, que t'a-t-il donné en échange ?
Harley dévisagea le Joker encore inconscient.
Batman le connaissait mieux qu'elle, c'était un fait. Il avait passé une bonne partie de sa vie à le combattre. Même si cela ne lui faisait pas plaisir, elle sentait que le Chevalier Noir était sincère. Mieux que cela. Il était prévenant. Mais pas comme le Joker. Son ton était différent. Plus paternel, plus amical. Plus désintéressé.
- Laisse-moi me retourner.
Batman obtempéra, espérant l'avoir convaincue. Harley plongea ses yeux dans les siens. Elle ne vit rien qui put lui mettre le doute. Bien au contraire.
Voyant qu'il parvenait à ses fins, le regard du justicier s'éclaira :
- Moi, je ne te demande pas de me rejoindre. De devenir ma chose. Je voudrais simplement que tu puisses être à nouveau toi-même.Tu peux encore reprendre les rênes de ton existence. Il n'est pas trop tard !
- J'ai bien peur que si !
Le Joker s'était relevé. Il braquait un pistolet sur eux.
- L'innocence fauchée en plein vol. Je sais que tu détestes ça !
Batman se retourna vers lui, bouillant de rage. Le clown était hilare.
- C'est la différence entre toi et moi !
Il éclata de rire. Un rire aussi légendaire que lui. Il se mit à glousser lorsque le poignard se planta dans sa poitrine. Harley s'était jetée sur lui :
- Sale porc ! Tu m'as volée ma vie ! Tu m'as salie ! Tu m'as violée !
Le clown ricana.
- Je n'y peux rien, le violet, c'est ma couleur préférée !
Le poignard le frappa une deuxième fois, une troisième, puis une quatrième. Le Joker ne voulait pas mourir. Il continuait de rire, comme si son rire pouvait le préserver de la mort. Profitant d'un répit, il dévisagea Harley, son visage éclaboussé de rouge :
- Je ne t'ai jamais promis que tu serais heureuse, ma petite reine. Je t'ai promis que tu serais libre. Tu te souviens ? Je te l'ai toujours dit : tu peux douter de tout en ce monde, sauf de mon honnêteté envers toi.
Harley eut un instant d'hésitation que le sourire victorieux du clown fit avorter.
Une pluie de coups s'abattit sur lui. Harley déversa toute sa haine.
Le corps du Joker ne fut bientôt plus qu'une bouillie sanguinolente et le visage de Harleen Quinzel un tableau de larmes et de sang confondus.
Bruce lui retira son arme. La jeune fille le regarda. Son regard vide était terrifiant.
- Je sais ce que j'ai fait. Et je ne peux pas vivre avec ça. Je ne peux pas.
Bruce ne fut pas assez rapide. Harleen colla le pistolet du Joker sur sa tempe et pressa la détente sous ses yeux.

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samedi, 20 octobre 2012

Entretien avec une Chauve-Souris

 

Harley pointait son fusil en direction du Manoir Wayne. Elle actionna la vision thermique. Elle repéra plusieurs corps inconscients à l'extérieur de l'édifice. Quelqu'un d'autre était déjà à l'oeuvre, marchant sur ses plates-bandes.
Elle déclencha le micro. Le salon était occupé par deux hommes en grande discussion. Dans le conduit de la cheminée, une troisième silhouette se tenait immobile, défiant le silence et la gravité. Harley jura. Le Joker l'avait laissée finalement partir seule en mission. Mais elle en avait payé le prix. Pas assez apparemment, puisque sa rivale se dressait à nouveau sur sa route. Une belle occasion de lui régler son compte.
Bruce et Alfred étaient assis chacun dans un fauteuil, face à l'âtre inactif en raison d'un automne clément.
Le majordome regardait son maître comme si c'était la dernière fois. A raison.
- J'imagine que je ne pourrai pas vous faire revenir sur votre décision.
Bruce noyait ses derniers relents de doutes et de regrets dans un verre de Whisky. Il avait rarement été aussi sombre. Du moins, sans son costume.
- S'il y a une personne sur cette terre qui a réussi à me faire changer d'avis sur bien des choses, c'est bien vous. Mais, non, cette fois, vous ne pourrez pas. Ma décision est définitive. Et j'ai tellement hâte, si vous saviez.
- Vous pourriez simplement prendre votre retraite.
- Non. C'est trop tard pour cela. Ce serait comme mettre un pansement sur une jambe de bois. La violence continuerait de me hanter, quoique je puisse faire. Elle fait partie de moi depuis bien trop longtemps. Je dois remonter à la source pour tout effacer.
- Je ne suis pas un expert du voyage dans le temps, mais si vous accomplissez le projet Innocence, Batman n'existera plus. Ni dans ce monde, ni dans l'autre. C'est une perspective plutôt effrayante.
Wayne but une rasade d'alcool.
- Moins effrayante que celle de me savoir condamné à l'incarner.
- Batman ! firent les deux espionnes en choeur.
-Bruce Wayne est Batman, fit Catwoman en s'humectant sensuellement les lèvres. Ca valait vraiment le déplacement !
Harley était beaucoup moins amusée par cette révélation. Et son expression en dit long sur son état d'âme. Elle tenait Wayne pour responsable de la mort de ses parents. Elle n'avait pas encore trouvé le courage de la reprocher au Joker, ni à elle-même. Alors Wayne l'esclavagiste, celui qui avait tué son père à la tâche, était tout désigné pour endosser ce crime innommable que sa consciente niait en bloc pour sa seule survie.
- Cette ville n'a aucun avenir sans le Chevalier Noir, poursuivit Alfred, ignorant que deux superbes créatures étaient suspendues à ses lèvres. Il est l'âme de Gotham.
Bruce avait dépassé le stade de la culpabilité. Toute tentative de ce côté-là était vaine, même venant de son plus fidèle ami.
- Je le pense aussi, Alfred. C'est pourquoi elle trouvera un autre Batman. Mais ce ne sera plus moi.
Harley avait tout enregistré. Le Joker serait aux anges. Maintenant, il était temps pour elle de se venger.
Elle plaça Catwoman dans sa lunette.
- D'abord la catin !
Les griffes de Catwoman lâchèrent prise. Elle sut intuitivement que le moment était venu pour elle de se faire connaître d'un tel homme. A moins que la perspective d'une crampe l'ait convaincue de quitter prématurément sa cachette. Elle tomba dans l'âtre, roula au sol et d'une brusque détente se projeta sur le milliardaire, renversant son fauteuil au sol. Le poids de la jeune femme sur lui n'était pas pour déplaire à Wayne. Ses courbes encore moins. C'est peut-être pour cela qu'il conserva autant de flegme et d'humour :
- Vous êtes en avance, Mère-Noël. Mais permettez-moi de vous dire que vous êtes très séduisante, cette année.
Jenna le dévisagea. Le mystère qui entourait cet homme était délectable. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas ressenti une telle attraction. Elle posa une griffe sur les lèvres du playboy.
- Tu n'as pas été très sage, Bruce. Ce n'est pas bien de mentir à autant de personnes. Tu mérites une bonne punition.
Bien que la situation ait de quoi le surprendre, Wayne ne se sentait pas en danger. C'est pourquoi il conserva un ton léger en se tournant vers Alfred, perplexe :
- Otez-moi d'un doute, Alfred. Aucun bal masqué n'était prévu cette nuit ?
Le majordome demeurait lui aussi remarquablement stoïque.
- Je m'en souviendrais, Maître Bruce.
- Très bien.
L'instant d'après Wayne donnait des genoux dans le postérieur de la femme-chat. Celle ci plongea en avant et accompagnant le mouvement, effectua un joli salto avant de retomber sur ses pattes. Wayne redressa son siège, roula au sol et se saisissant d'un tisonnier, menaça la voleuse d'un ton moins enjôleur :
- Violation de domicile, agression...
- J'appelle la sécurité ? s'enquit Alfred.
Catwoman fit glisser ses doigts sur un miroir, ignorant le son déchirant du métal sur le verre.
- Inutile, je m'en suis occupé. Ils dorment tous comme des bébés, tombés sous le charme de...
Wayne se détendit.
-...Catwoman, la cambrioleuse de génie, la Reine de la Nuit, la femme-chat !
Elle sourit.
- Nous cultivons tous notre animalité, non ?
Wayne soupira.
- Vous avez tout entendu. Je n'ai donc plus aucun secret pour vous. Qu'est-ce que vous voulez ? De l'argent ?
- Oh, comme vous manquez d'imagination. Vous me décevez. Le Joker aussi a eu cette réaction.
Cette fois, Wayne ne put masquer son trouble :
- Le Joker ? Vous êtes de mèche avec le clown ?
- C'est un bien grand mot. Disons que nous sommes tous les deux très curieux à votre sujet. J'aimerais bien voir sa tête quand il saura que vous êtes Batman.
Wayne s'approcha et se fit à nouveau menaçant :
- Vous allez lui dire ?
Catwoman minaudait avec délectation.
- Je n'aurais pas besoin. Harley s'en chargera. Elle est sans doute là, quelque part, à nous observer.
- Ma parole, c'est un complot !
Catwoman se jeta contre lui.
- Mais pour tout te dire, ma chère chauve-souris, moi aussi j'ai été très vilaine. Je t'ai volé un autre de tes secrets. C'est la raison de ma présence. Je voulais éclaircir cet autre mystère que tu gardes précieusement dans ta tour.
Wayne saisit la jeune femme à la gorge sans la moindre délicatesse :
- Alors je n'ai plus aucune raison de me comporter en gentleman avec toi ! Que sais-tu au juste ? Et à part toi, qui le sait ?
Alfred se déplaça sur le côté dans l'espoir de s'emparer discrètement de l'autre tisonnier. Ce faisant, il se plaça dans la ligne de mire de Harley. La balle lui transperça mortellement le coeur et il s'écroula sur la table basse.
- Alfred, non !
Bruce se jeta vers son ami. Catwoman se jeta sur Bruce. La seconde balle fut pour elle. Bruce se mit à l'abri, traînant le corps de la jeune femme avec lui.
Elle retira son masque en grimaçant et lui caressa la joue :
- On dirait que j'ai consumé ma dernière vie. Je crois que moi aussi, je n'ai plus de secrets pour toi, beau justicier. Moi aussi je suis orpheline. Dans une autre vie, on aurait pu passer de bons moments ensemble.
Bastet la rappela auprès d'elle. Jenna n'avait pas beaucoup oeuvré en faveur du bien, mais un tel sacrifice lui vaudrait à coup sûr les faveurs de la déesse.
Wayne caressa les cheveux de la jeune femme tout en contemplant le corps inerte d'Alfred. Les larmes vinrent naturellement.
- Une autre vie. Oui. Et le plus tôt sera le mieux. Plus rien ne me retient, désormais.
Un coup de tisonnier interrompit ses pensées. Le Joker le dominait.
- Pas tout de suite, mon mignon. J'en ai pas encore fini avec toi.
Il se tourna vers la fenêtre.
- Harley, je sais que tu m'entends. Rejoins-moi immédiatement. Avant de faire plus de dégâts.

 

 

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Violet Light-Love Story par Edward Maya

 

 

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vendredi, 19 octobre 2012

Al Pacino diablement convaincant !

 Extrait du film L'Associé du Diable avec Al Pacino et Keanu Reeves



 

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Le Coeur a sa Raison que la Folie ignore

 

Le Joker et Harley Quinn se retirèrent dans une planque connue d'eux seuls. Le clown avait organisé une réunion express avec un comité de scientifiques à son service afin qu'ils lui traduisent les éléments du dossier qui demeuraient hermétiques à son esprit pourtant féru de technologie hi-tech. La réponse ne s'était pas faite attendre : Bruce Wayne était en train de concevoir rien moins qu'une machine à voyager dans le temps. Dans le passé, avait même précisé l'un des cerveaux réquisitionnés. Ce qui n'avait pas manqué de faire grincer des dents le Joker. Dans un accès de colère, il avait renvoyé toute l'équipe et mis l'appartement sens dessus dessous. Maintenant assagi, il était allongé sur un canapé en cuir capitonné, la tête posée sur les cuisses de sa jeune protégée. Harley lui caressait maternellement les cheveux.
- Tu ne devrais pas être aussi jaloux de Wayne. Tu n'as rien à lui envier.
- Je suis pas jaloux. Je suis ulcéré. Comment un minable milliardaire comme lui peut se retrouver à la tête d'un projet aussi important ? C'est vraiment donner de la confiture à un cochon ! Qu'est-ce qu'il peut bien vouloir faire d'un gadget pareil ? Le passé, pourquoi le passé ? Et quel passé ? Je ne dormirai pas avant de connaître le fin mot de cette histoire.
- Tu veux que j'aille faire un saut chez lui ?
- Ah, je reconnais bien là ton irremplaçable dévouement ! Tu me ferais effectivement un grand plaisir en allant rendre visite à ce cher Bruce Wayne. Emmène quelques hommes avec toi, au cas où.
Le Joker réfléchit avant d'ajouter :
- Cette chère Catwoman pourrait aussi t'épauler. La violation de domicile c'est sa spécialité, après tout. Et puis je lui ai promis un scoop.
Harley se leva sans crier gare, la tête du Joker tombant brusquement sur le canapé.
- Pas besoin de cette allumeuse ! Je travaille en solo, Mister J !
Le clown s'assit lentement en ajustant son noeud de cravate.
- Tu travailles pour moi. Et si je te dis de t'associer avec Catwoman, ce n'est pas négociable.
Son sourire se fit enjôleur tout en demeurant un modèle d'autorité.
- D'accord, ma petite reine ?
Harley n'était pas d'humeur à baisser les yeux.
- Tu ne veux pas coucher avec moi, mais elle, tu la prendrais bien sans hésiter !
Le Joker se leva et sa main partit comme une flèche. Harley arrêta son geste, causant une vive stupeur.
- Tu te rebiffes ?
- Pourquoi tu me traites comme ça ?
Son ton était inhabituel. Le Joker ne la reconnaissait pas. Cela ne l'intimida pas pour autant. Il en avait vu d'autres.
- Je t'ai sauvé la vie. Elle m'appartient désormais. Je ne fais qu'appliquer un précepte vieux comme le monde.
- Tu es philosophe quand ça t'arrange.
Harley tenait toujours fermement le poignet du Joker. Ce qui évidemment était loin de lui plaire.
- Tu as cinq secondes pour me lâcher et me faire tes excuses.
Il la fusilla du regard. Là, elle comprit qu'elle n'était pas de taille. Elle retira sa main.
- Désolé.
Le poing du Joker se ferma. Il lui tourna le dos et sans pouvoir l'anticiper Harley reçut un violent coup dans le ventre. Elle tomba à genoux en hoquetant.
- La prochaine fois que tu me manques de respect, je te brûle la cervelle. Tout ce que je fais pour toi, je le fais par amour. Il serait peut-être temps que tu le comprennes.
Recroquevillée dans un conduit d'aération, Catwoman se mordit les lèvres. Elle ne portait pas Harley dans son coeur, mais le fait est que le clown dépassait royalement les bornes. Il ne s'en fallut de peu qu'elle n'intervienne en faveur de la jeune fille. Mais elle avait ce qu'elle voulait. En partant dès maintenant, elle arriverait au Manoir Wayne avant Harley. Sans un bruit, elle rebroussa chemin vers l'extérieur. Elle ne vit pas alors le Joker s'approcher de sa jeune protégée prostrée au sol et commençait à défaire son pantalon.
- Tu vas l'avoir ta nuit de noces, ma petite reine. Mais je te garantis qu'après ça, tu vas marcher au pas !

 

 

 

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jeudi, 18 octobre 2012

Imaginaerum par Nigthwish [Trailer]

Le célèbre groupe de Métal Symphonique nous offre un véritable film concocté par ses soins et illustré bien sûr par sa musique qui, disons-le clairement, était faite pour tutoyer le 7ème Art. Et comme on est jamais si bien servi que par soi-même... Le film sortira dans les salles obscures finlandaises le 23 novembre prochain. Pas de sortie en salles prévue chez nous, mais on pourra compter sur une distribution DVD-BLue Ray digne de ce nom. La BO du film quant à elle arrivera dans les bacs dès le 9 novembre.

 

 

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Une Chatte sur un Toit Bouillant

 

Catwoman avait de bonnes raisons de vouloir se débarrasser du clown pervers. Mais sentant qu'elle pouvait aussi avoir le dessus sur lui, à tort ou à raison, elle choisit de se montrer docile et même flattée de faire l'objet de tant d'attention.
- Tu veux un autographe ?
Le Joker se fendit d'une élégante révérence.
- Ma foi, j'apprécierais beaucoup d'avoir ta griffe.
La lame d'un cran d'arrêt jaillit de sa main.
- Mais ta langue m'a l'air tout aussi aiguisée.
Catwoman déploya une batterie d'ongles affûtés comme des rasoirs.
- C'est à quel nom ?
Le Joker s'esclaffa sans retenue.
- Toi, tu me plais. J'ai su tout de suite qu'on allait s'entendre. Mais si on écourtait les préliminaires et que tu me disais plutôt ce que tu as volé à ce cher Bruce Wayne.
La voleuse allait ramasser le dossier lorsqu'elle s'aperçut qu'il avait disparu. Elle le retrouva dans les mains de Harley Queen, laquelle avait semble-t-il bien récupéré de leur récent affrontement. Elle donna le dossier au Joker ce qui eut le don de l'énerver :
- Gentil toutou qui aura droit à son susucre !
Harley ne fit rien non plus pour cacher son mépris. Elle la mit en joue, le regard aussi froid qu'une lame de couteau. Le clown fit tinter sa langue contre son palais. Harley baissa aussitôt son arme, ce qui amusa évidemment beaucoup la voleuse.
- La laisse te va à ravir !
- Je vais être bon prince, fit le Joker, pour détendre l'atmosphère. Tu as manifestement bien besogné pour obtenir ces informations de premier ordre. Et comme je dis toujours "Tout travail mérite salaire "!
Catwoman soufflait distraitement sur ses griffes comme pour faire sécher un vernis visible d'elle seule.
- Tu penses à de l'argent, vieux grippe-sou ?
Harley la menaça à nouveau avec son fusil :
- Que penses-tu d'un peu de plomb pour changer ?
Catwoman arbora derechef le métal de ses doigts :
- Un peu de chair fraîche ne serait pas de refus !
Le Joker jubila :
- Allons, mesdames, rangez l'artillerie. Votre serviteur a le coeur fragile. Il n'aimerait pas voir vos jolis minois finir dans un bain de sang. Dis-moi donc ce que tu voudrais en échange, mon petit chat ?
- J'aimerais que tu me dises à quoi sert la machine que Wayne est en train de fabriquer. Quand tu le sauras. Car ma main à couper que tu le sauras.
Le clown tendit sa main avec un grand sourire :
- Et bien marché conclu !
Jenna agita son index :
- Je vais me contenter de ta parole, c'est moins risqué. Fais-moi signe lorsque tu auras un scoop à m'annoncer.
- Je n'y manquerai pas.
Catwoman salua Harley d'un petit signe de la main avant de se jeter dans le vide.
Le Joker fouilla la nuit à la recherche de sa sculpturale silhouette.
- Sacré donzelle. Elle a pas volé son titre de Reine de la Nuit !
Harley croisa les bras.
- Et moi, je suis quoi ? Un accessoire ?
Le Joker la prit dans ses bras.
- Non ! Toi...Toi tu es la Reine de mes Nuits !
- Alors pourquoi on a toujours pas couché ensemble ?
Le Joker la gifla.
- Je t'ai déjà dit de ne plus aborder ce sujet !
Il l'enlaça à nouveau tout en ouvrant la chemise en cuir :
- Voyons voir ce que ce cher Bruce Wayne mijote dans sa tour d'ivoire.

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mercredi, 17 octobre 2012

Le Secret de la Tour Wayne

 

Les jours qui suivirent cette nuit mémorable, elle s'aperçut très vite qu'elle était changée pour toujours. Elle s'étonna de l'élasticité de ses muscles, de la souplesse de son corps et de sa formidable perception capable de s'affranchir d'obstacles auparavant insurmontables tels que la distance ou la nuit.
Elle comprit que son activité de voleuse n'avait été jusque-là que le prélude à sa véritable existence. Elle continuerait à voler, certes, seulement il lui faudrait revoir ses ambitions à la hausse. Le simple fait d'y penser la faisait ronronner de plaisir.
Elle commença par faire des riches propriétaires de Gotham une bonne carte de visite à l'intention d'éventuels commanditaires. Sa réputation se répandit comme une traînée de poudre dans les milieux de la pègre locale et bientôt elle put jouir de contacts privilégiés qui l'orientèrent sur des coups plus juteux encore. Les journaux oublièrent un temps cette adolescente en fugue, responsable du meurtre de ses parents et la menace constante du Joker.
Catwoman faisait désormais la une et l'intéressée avait bien l'intention de ne pas en rester là.
Après bien des aventures, elle commença à se lasser de ses succès. L'argent avait cessé d'être une motivation. Ces derniers temps, elle avait même travaillé pour rien, se délectant ainsi davantage des dangers encourus. "Après, tout, se disait-elle, j'ai neuf vies. Je peux bien en sacrifier une ou deux. Juste pour le plaisir." Ses nouvelles aptitudes au combat la poussèrent d'ailleurs à se mesurer aux fameux soldats tant redoutés gardant les lieux les plus convoités de la ville. Sa témérité croissante lui valut quelques pépins, ou plutôt quelques pruneaux. Dans ces moments-là, Midnight n'était jamais trop loin pour lui rappeler que son pouvoir était un don, un privilège qu'il ne fallait pas gaspiller de la sorte.
Elle était une élue de Bastet. Ce n'était pas à prendre à la légère. Dans ces moments-là, elle fixait le chat aussi intensément pour lui rappeler : "Dis-donc, mon mignon, tu oublies que je suis une grande fille. J'ai passé l'âge de me faire sermonner."
Oui, dans sa soif de liberté et de plaisir immédiat, elle avait perdu plusieurs vies. Et dans sa volonté de ne pas s'en soucier, elle avait aussi volontairement perdu le compte de celles qui lui restaient. Vivre sur le fil du rasoir lui procurait une jouissance sans égale mesure. L'homme capable de lui procurait autant de plaisir n'était pas né.
Elle se faisait précisément cette réflexion lorsqu'un jour, assise à la terrasse d'un café dans le plus parfait anonymat, son regard accrocha une nouvelle fois la Tour Wayne. Elle sourit. "Si cet édifice n'est pas un symbole phallique déguisé, Monsieur Wayne, je ne suis qu'une voleuse à l'étalage." Elle se rappela alors la promesse qu'elle s'était faite, cette fameuse nuit où elle était morte. Ou plutôt revenue à la vie. Elle venait de trouver un challenge à sa convenance. Elle allait s'introduire dans les locaux de Wayne Enterprises et violer le système de sécurité réputé inviolable. Ce qu'elle volerait, elle l'ignorait encore et cela l'amusait follement. "Sur place, je trouverai bien quelque chose qui manquera à son propriétaire !"

Son oeil de lynx lui permit de repérer des dangers qui auraient sonné la fin de plus d'un être humain ordinaire. Et pour ce qui était de neutraliser les appareils de détection les plus sophistiqués, elle ne trouva rien de mieux que de dérober des gadgets dernier cri dans le bâtiment même et d'en user sans limite. Réflecteur, rayon laser miniature, lentilles à rayons X, régulateur thermique, tout y passa. Les caméras furent aveuglées, les détecteurs de mouvements pétrifiés et les gardes, envoûtés par une irrésistible paire de jambes croisées langoureusement autour de leur cou au détour d'un couloir.
"Fais de beaux rêves, mon gros". dit-elle au dernier vigile dans un murmure.
Elle avait décidé de ne tuer personne. C'était un principe auquel elle tenait. Un peu d'action ne lui déplaisait pas, surtout depuis qu'elle bougeait comme une tigresse, mais la violence gratuite et la mort, elle laissait ça aux mafieux. Une valeur qu'elle partageait avec la chauve-souris. Elle repéra un ordinateur qui semblait revêtir une importance particulière. Le pirater lui valut une bonne migraine, mais elle fut récompensée de sa ténacité. Elle découvrit que les six derniers mois, les employés faisaient des heures supplémentaires pour le moins conséquentes. Elle fouilla davantage les données et apprit que ce qui faisait l'objet d'un tel investissement était un projet top secret supervisé par Bruce Wayne en personne. Les travaux avançaient bien. Le projet en était à 90%. Il avait été baptisé "Innocence". Catwoman ronronna.

"Alors Monsieur Wayne, on a découvert un moyen d'éliminer une bonne fois pour toutes la criminalité qui ronge Gotham ? Intéressant. Je crois que j'ai trouvé mon bonheur."

Elle imprima les données. Des infos pertinentes, certes, mais qu'elle jugeait pour l'heure trop évasives et avares en révélations pour la satisfaire. Elle décida donc de poursuivre sa visite afin d'en savoir un peu plus. Elle finit par découvrir une étrange machine, une sorte de cylindre fait dans un alliage spécial, de la taille d'un homme et relié à une dizaine d'ordinateurs. Téléportation ? Transformation ? Destruction ? La fonction exacte lui échappait. En même temps, elle avait des circonstances atténuantes. Il faut dire que ce n'était pas vraiment son rayon. Elle songea qu'elle avait passé assez de temps dans la Tour et que de toutes façons, elle ne pourrait en savoir davantage. En quittant les locaux par une fenêtre et en courant souplement sur les toits, son précieux paquet sous le bras, elle se dit qu'elle trouverait sans peine un acheteur. Un poignard arracha la chemise en cuir de sous son bras et se ficha à quelques mètres. Sur le manche de l'arme se balançait presque sournoisement l'effigie d'un Harlequin miniature.
- C'est l'arme préférée de Mister J. Ca a son charme. Mais entre nous...
Catwoman se retourna. Une jeune fille en costume d'Harlequin la menaçait avec son fusil de sniper dernier cri.
-...moi je préfère les armes à feu.
En d'autres circonstances, une telle rencontre l'aurait sans doute bouleversée. Mais là...
- Halloween, c'est passé, ma petite ! Tu devrais regarder ton calendrier plus souvent!
- T'inquiète, je suis au courant. Mais dans le genre déguisement à deux balles, t'as rien à m'envier, je crois !
Catwoman caressa son masque et son justaucorps noirs, pas loin d'être vexée par un tel manque de considération.
- T'es vache. J'y ai mis tout mon coeur.
Puis, haussant les épaules :
- Tu comptes me tuer ?
Elle avait dit cela par pure curiosité, sans montrer que cela l'inquiétait plus que cela.
- Si j'avais dû te tuer, fit Harley, ce serait déjà fait, ma belle. Je t'ai dans ma lunette depuis que tu es entrée dans la tour.
L'intéressée lui dédicaça son plus franc sourire.
- Chouette ! De la concurrence !
Harley grimaça.
- Pas vraiment ! Je m'attaque pas aux vieilles !
Jenna sentit son sang ne faire qu'un tour.
- Ca, tu vas le regretter !
Harley fit feu. La femme-chat encaissa le coup sans broncher avant de rouler souplement au sol et de lui assener un coup de talon dans le creux des genoux.
- La vieille a quelques tours dans son sac, sale gamine ! 

Harley s'affaissa, mais se retint de tomber en usant de son fusil comme d'une béquille. Elle se redressa et dans le même mouvement la crosse de l'arme percuta la mâchoire de la voleuse dans une giclée de sang. Catwoman cracha sur le visage de son adversaire. Profitant de son aveuglement, elle la désarma d'un coup de pied avant de lui envoyer une manchette dans la poitrine qui lui coupa le souffle. Harley frappa au jugé. Elle toucha la voleuse à la pommette, mais cela ne suffit pas à la neutraliser. Catwoman frappa la jeune fille de la paume et la regarda tomber à genoux avec délectation.
- Je crois que la vieille a beaucoup de choses à t'apprendre ! Qu'est-ce que t'en dis ?
Une détonation coupa court à sa victoire. Un homme en costume violet, aux cheveux verts et au visage de clown hilare jaillit de l'ombre.
Cette fois, Jenna laissa l'étonnement se lire sur ses traits.
- C'est peut-être bien Halloween, finalement !
Le clown sourit. En fait, Jenna ne sut pas vraiment si c'était sa bouche qui s'étirait naturellement ou une sorte de cicatrice qui semblait s'allonger sous l'effet d'une certaine émotion. Ce détail sordide suffit à l'inquiéter. Les yeux de l'homme trahissaient un caractère lunatique coincé entre psychose dépressive et schizophrénie meurtrière. Rien de bon pour elle, à priori. Le clown sembla deviner son angoisse et s'en amuser totalement :
- Moi je dirais que c'est mon jour de chance !

 

 

 

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mardi, 16 octobre 2012

Raids in the Rainforest

Le combat quotidien de Ana Rafaela D'Amico pour préserver la forêt amazonienne, sans doute au péril de sa vie puisque ses efforts contrarient des réseaux criminels importants et influents.

Page facebook de Ana Rafaela D'Amico


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lundi, 15 octobre 2012

La Naissance de Catwoman

 

Il était presque minuit. Jenna venait de cambrioler son quatrième appartement. Cette nuit, rien ne semblait pouvoir l'arrêter.
Elle avait ses habitudes, les habitants du quartier aussi. Et elle connaissait les leurs aussi bien que les siennes.
Il faut dire que depuis qu'elle avait renoncé à dévaliser les boutiques de luxe et les bijouteries, les affaires étaient devenues plus faciles.
Au fil du temps, les agents de sécurité s'étaient transformés en véritables soldats et les systèmes d'alarme en machine de guerre.
Jenna avait vite compris qu'elle n'était plus de taille, malgré son entraînement. Il lui manquait encore quelque chose d'essentiel pour pouvoir affronter sans risque les dangers de telles entreprises. Dans ses rêves les plus fous, elle s'attaquait à des sociétés de renom, leur volant leurs plus précieux secrets. Agrippée à une échelle d'incendie, elle contempla la Tour Wayne se dressant comme une inaccessible oasis au-dessus des toits de Gotham.
- Un jour je t'aurai, promit-elle avec conviction.
En attendant, elle se glissa par la fenêtre. L'appartement semblait désert. Elle commença à prendre quelques objets de collection faciles à revendre et peu encombrants. Elle envisageait toujours la fuite comme sa meilleure option et sa priorité était d'être ralentie le moins possible par ses acquisitions. Son sac à dos était presque rempli. Encore une petite fournée et elle n'aurait plus qu'à rentrer au bercail. Une voix d'homme au téléphone l'informa qu'elle avait fait fausse route et qu'elle n'était pas seule. "Jenna, tu te ramollis" se tança-t-elle. Curieuse de connaître sa victime, elle se coula contre un mur à proximité de la porte entrebâillée de la chambre.
" Oui. C'est vraiment une sale histoire. Gordon la prend très à coeur. Il déteste voir la jeunesse de cette ville être autant pervertie. On a toujours aucune indice sur l'endroit où peut se trouver la fille. Mais si le Joker est de mèche, comme on le pense, sûr qu'il va nous faire faire des heures sup' le patron. Moi ça me dérange pas. En ce moment, je suis seul et...Attends, bouge pas, je crois que j'ai entendu quelque chose."
Jenna avait cogné son sac contre le mur. "oui, tu te ramollis, ma fille !"
Elle commença à rebrousser chemin. Elle repassa silencieusement par la fenêtre. La lumière jaillit brusquement dans la pièce qu'elle venait de traverser. Le locataire apparut devant elle. Il avait les cheveux grisonnants, portait la barbe et une robe de chambre mitée. Mais Jenna n'eut d'yeux que pour le pistolet dans sa main droite.
- Tu tombes mal, ma poulette ! Je suis un poulet, justement !
Elle voulut s'écarter de la trajectoire de l'arme et se laisser descendre le long de l'échelle, mais le flic fut plus rapide qu'elle. Il pressa la détente. La balle atteignit la jeune femme entre le cou et l'épaule gauche. Elle tomba comme une pierre. La balle seule ne l'aurait pas tué. Mais elle bascula du sixième étage et rien ne vint amortir sa chute. Lorsqu'elle toucha le sol, son coeur cessa aussitôt de battre. Au même instant, l'église de Gotham sonna les douze coups de minuit comme pour annoncer la tragédie. Peut-être dans l'intention de la concurrencer ou de l'accompagner, un groupe de chats postés sur les toits se lança dans un concert de miaulements. Leur leader était un Mau égyptien, aussi tacheté qu'imposant. Il s'appelait Midnight. D'un regard il fit cesser les jérémiades, puis fixa intensément l'un des chats de gouttière présent. La seconde d'après, le félin, comme hypnotisé, se laissa tomber du toit.
Il s'écrasa violemment sur le sol à côté du corps inerte de Jenna. Bientôt, d'autres chats vinrent le rejoindre dans un sinistre ballet. En quelques instants, pas moins de neuf chats furent ainsi poussés au suicide, leurs corps formant un cercle parfait autour de celui de Jenna. Le sang des félins coula, imbibant les vêtements puis la peau de la jeune femme.
Le flic ne vit rien du phénomène. Paniqué par son geste, il alerta son collègue au téléphone, puis les urgences. Lorsque l'ambulance arriva sur les lieux, le corps de Jenna n'était plus dans la ruelle. A sa place, neuf cadavres de chats, aussi secs que des momies égyptiennes. Vidés de leur sang, mais surtout, de leur âme.

Jenna avait envie de vomir. Elle avait l'impression d'avoir englouti une marmite de sang frais. Le coeur au bord des lèvres, elle avançait en titubant, se raccrochant au mobilier urbain présent sur son chemin. Elle devait rentrer chez elle. Encore fallait-il qu'elle se souvienne où elle vivait. Sa tête lui faisait atrocement mal, comme si elle avait gagné un concours de cible pour battes de baseball. Elle se rendit compte que des chats s'étaient mis en devoir de la suivre. Ou plutôt de la guider. Elle avait toujours eu des accointances avec la gent féline, plus qu'avec la gent masculine, un peu trop intéressée à son goût. Combien de chats abandonnés, meurtris, avaient-elle sauvé d'une mort certaine ? Visiblement, ils n'étaient pas ingrats.
Elle suivit ses compagnons de route et finit par retrouver le chemin de son appartement. "Merde, c'est quoi le code, déjà ?" Elle baissa la tête vers l'un des matous ronronnant contre ses chevilles.
- Dis-moi, mon mignon, tu connaitrais pas le numéro, par hasard ?"
Le chat arrêta aussitôt ses câlineries. Il la fixa intensément. C'était Midnight. Jenna sentit son esprit lui échapper, puis lui revenir comme métamorphosé.
Si elle avait été un poil moins cartésienne, elle aurait dit que l'animal lui avait ouvert la porte à un autre monde, profondément enfoui en elle.
Lorsqu'elle se mit à grimper le long de la façade du bâtiment sans aucun effort apparent, elle sut que la raison était désormais à prendre avec des pincettes. Tout du moins, en ce qui la concernait.
Une fois chez elle, elle jeta ses vêtements sales et sauta dans un bain dans lequel elle espéra s'endormir paisiblement. Mais elle apprendrait bientôt que tout comme la raison, la paix ne devait plus trop faire partie de son existence.

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dimanche, 14 octobre 2012

Mon Top 5 David Guetta

A l'occasion de la sortie du tube "She Wolf" du très productif David Guetta, je vous propose ce top 5 de mes chansons favorites du célèbre DJ qui, il faut bien l'avouer, a toujours su bien s'entourer vocalement pour nous offrir des titres mémorables. On peut d'ailleurs regretter pour certains le rythme techno/dance qui apparaît parfois un tantinet intrusif et altère l'atmosphère initiale, comme c'est le cas pour "She Wolf". Question de goût, évidemment :

 

 

 

 

 

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samedi, 13 octobre 2012

Inception par Michael Ortega

 

 

 

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Concours Les Masques

A l'occasion de la sortie du jeu Dishonored, j'ai participé à un concours sur le thème Les Masques. La forme était libre et l'on pouvait proposer plusieurs projets.

Les résultats sont tombés il y a peu et je n'ai pas la chance de faire partie des vainqueurs. Pas même un lot de consolation. C'est le jeu, ma pauvre Lucette, j'entends bien, mais malgré tout j'ai de bonnes raisons d'être un brin amer.

J'ai fait l'effort de ne pas tomber dans la facilité en ne créant aucune oeuvre à la gloire de l'univers de Dishonored, en m'éloignant des références du monde du jeu vidéo, et surtout en recherchant un point de vue original sur le thème et un traitement visuel très différent à chaque fois. Les gagnants ne se sont pas vraiment donnés cette peine :

Résultats-du-concours-de-septembre-les-masques

L'avantage c'est que dans le fond, je n'ai aucun regret à avoir. Vu les critères qui semblent avoir été choisis, c'est sûr, je suis hors sujet, hors concours !

Mes créations :

Masque Batman.jpg

Un masque pour le moins artisanal pour l'ami Batman

Animasque.jpg

Et si le mot "masqué" lui-même voulait passer incognito...

 

 

 

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