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mardi, 23 octobre 2012

L'Ame de Gotham


Le Joker n'était plus. Si sa mort ne lui avait pas autant coûté, à lui et aux autres, Bruce Wayne aurait pu dire que c'était le plus beau jour de sa vie. Loin s'en fallait.
Gotham devrait fêter l'évènement sans lui.

Un matin, de bonne heure, l'équipe du projet Innocence fut sur le pied de guerre à sa demande. Elle tenta bien de le dissuader d'expérimenter la machine si tôt alors que le projet n'était pas encore totalement finalisé. Mais c'était comme d'essayer de faire fondre un iceberg avec une allumette. Bruce avait décidé de se passer de la phase de tests préliminaires. Le test ce serait lui. Si Gotham voulait qu'il vive alors il vivrait. Si elle voulait le faire payer pour sa trahison envers elle, pour sa lâcheté, alors ce serait simple pour elle.
Il entra dans la machine. L'équipe mit les appareils en marche. De la buée couvrit l'intérieur du cylindre. Bruce colla son index sur la paroi. Il y dessina la silhouette d'une chauve-souris avant de l'effacer avec un plaisir indicible. Il ferma ensuite les yeux. Tout ce qu'il voulait c'était oublier. Etre quelqu'un d'autre. Le meilleur de lui, mais autrement. 

- 30 ans plus tôt -

Le jeune Bruce a 10 ans.

Il sort du cinéma accompagné de ses parents.

Il fait nuit.

La petite famille est heureuse. Elle a passé un bon moment.

Elle s'est construite un beau souvenir.

Elle parle du film avec animation. Ce faisant, ils traversent tous les trois la rue et prennent la direction d'une ruelle moins fréquentée, moins éclairée. Bruce persuade son père de ne pas rentrer à pied et de prendre un taxi. Il sent un grand danger planer sur eux. En fait il l'a senti pendant presque toute la projection au point qu'il a dû faire beaucoup d'efforts pour ne pas y penser et profiter du spectacle. Maintenant, qu'ils sont sortis, il se sent investi d'une mission. Le danger est plus proche que jamais. Il veut l'éviter à tout prix. Thomas Wayne ne comprend pas sa réaction, mais finit par céder devant son insistance. Ils montent dans un taxi.

Dans la voiture, le jeune Bruce, apaisé, rejoue les meilleures scènes du film. Interprétant le héros, il mime une scène de bagarre avec la complicité de son père singeant un féroce criminel. Ils se lancent tous deux dans véritable concours de poses et de grimaces. Martha Wayne est hilare et admirative. Le trio se construit un nouveau merveilleux souvenir.

A travers la vitre du taxi, le jeune Bruce contemple les rues animées. La ville est magnifique. Parée de toutes ses lumières, elle exerce sur lui une fascination grandissante, comme s'il tissait avec elle un lien privilégié. Elle semble se confier, ne s'adresser qu'à lui. Il se sent comme à Noël. Il y a une ambiance de fête. Les gens dehors sont joyeux. Comme si son propre bonheur était communicatif. Il se sent bien, à sa place. Il est incapable de dire pourquoi. C'est ancré en lui. Il ne peut qu'en profiter et ça lui suffit.

Ils sont à mi-chemin du manoir lorsque la voiture s'arrête à un feu. L'attente est longue, mais personne ne s'impatiente. Le jeune Bruce a totalement oublié ce sentiment d'insécurité qui l'étreignait un peu plus tôt. Lorsqu'il voit un un homme masqué s'approcher du taxi, il ne perçoit aucune menace. L'homme crie quelque chose et pointe une arme sur le chauffeur. Ce dernier hésite un instant. Il prend le temps d'adresser un regard rassurant à la famille avant de se baisser pour vider sa caisse. A l'arrière Thomas Wayne serre très fort sa femme et son fils contre lui. Il leur murmure des paroles réconfortantes. Ce n'est qu'un mauvais moment à passer. Bientôt ils seront chez eux, sains et saufs. Il suffit d'attendre, sans rien faire, sans rien tenter, afin de ne pas attirer l'attention sur eux. Martha pousse un cri. Le chauffeur vient de se ruer sur son agresseur pour le désarmer. Ils luttent âprement sous le regard terrorisé de la famille Wayne. Voyant le chauffeur faiblir, Thomas Wayne se mord la lèvre. Brusquement, il quitte le véhicule pour lui prêter main forte, s'arrachant à l'étreinte de sa femme. Martha prend peur et se précipite pour l'arrêter. Un coup de feu éclate. Thomas s'écroule. Le chauffeur se fige. Le gangster en profite pour lui arracher l'arme des mains. Dans la précipitation, son doigt appuie sur la détente. Martha tombe à son tour. Le braqueur assomme son adversaire d'un coup de crosse avant de prendre la fuite.

Bruce Wayne, assis dans le taxi est paralysé, mais ses yeux parlent. Il se sait intuitivement orphelin, sans en percevoir toutes les implications. Lorsque la police arrive, il comprend qu'il doit sortir de la voiture. Il fait quelques pas, ses jambes comme gainées de plomb. Et la réalité de fondre sur lui telle un oiseau de proie. Il observe le corps sans vie de ses parents liés jusqu'à la mort. Il ne réalise pas encore ce qui vient de se passer. Tandis qu'un policier du nom de Gordon l'emmène dans un endroit sûr, il regarde la flaque de leur sang mêlé s'agrandir sur la chaussée. Elle forme la silhouette caractéristique d'un animal. Un symbole qui s'imprime directement dans son esprit. Bruce Wayne la regarde, comme hypnotisé. Son destin est désormais tout tracé.

Gotham peut s'endormir en toute quiétude. Elle a regagné son héros. Elle a retrouvé son âme...

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vendredi, 19 octobre 2012

Le Coeur a sa Raison que la Folie ignore

 

Le Joker et Harley Quinn se retirèrent dans une planque connue d'eux seuls. Le clown avait organisé une réunion express avec un comité de scientifiques à son service afin qu'ils lui traduisent les éléments du dossier qui demeuraient hermétiques à son esprit pourtant féru de technologie hi-tech. La réponse ne s'était pas faite attendre : Bruce Wayne était en train de concevoir rien moins qu'une machine à voyager dans le temps. Dans le passé, avait même précisé l'un des cerveaux réquisitionnés. Ce qui n'avait pas manqué de faire grincer des dents le Joker. Dans un accès de colère, il avait renvoyé toute l'équipe et mis l'appartement sens dessus dessous. Maintenant assagi, il était allongé sur un canapé en cuir capitonné, la tête posée sur les cuisses de sa jeune protégée. Harley lui caressait maternellement les cheveux.
- Tu ne devrais pas être aussi jaloux de Wayne. Tu n'as rien à lui envier.
- Je suis pas jaloux. Je suis ulcéré. Comment un minable milliardaire comme lui peut se retrouver à la tête d'un projet aussi important ? C'est vraiment donner de la confiture à un cochon ! Qu'est-ce qu'il peut bien vouloir faire d'un gadget pareil ? Le passé, pourquoi le passé ? Et quel passé ? Je ne dormirai pas avant de connaître le fin mot de cette histoire.
- Tu veux que j'aille faire un saut chez lui ?
- Ah, je reconnais bien là ton irremplaçable dévouement ! Tu me ferais effectivement un grand plaisir en allant rendre visite à ce cher Bruce Wayne. Emmène quelques hommes avec toi, au cas où.
Le Joker réfléchit avant d'ajouter :
- Cette chère Catwoman pourrait aussi t'épauler. La violation de domicile c'est sa spécialité, après tout. Et puis je lui ai promis un scoop.
Harley se leva sans crier gare, la tête du Joker tombant brusquement sur le canapé.
- Pas besoin de cette allumeuse ! Je travaille en solo, Mister J !
Le clown s'assit lentement en ajustant son noeud de cravate.
- Tu travailles pour moi. Et si je te dis de t'associer avec Catwoman, ce n'est pas négociable.
Son sourire se fit enjôleur tout en demeurant un modèle d'autorité.
- D'accord, ma petite reine ?
Harley n'était pas d'humeur à baisser les yeux.
- Tu ne veux pas coucher avec moi, mais elle, tu la prendrais bien sans hésiter !
Le Joker se leva et sa main partit comme une flèche. Harley arrêta son geste, causant une vive stupeur.
- Tu te rebiffes ?
- Pourquoi tu me traites comme ça ?
Son ton était inhabituel. Le Joker ne la reconnaissait pas. Cela ne l'intimida pas pour autant. Il en avait vu d'autres.
- Je t'ai sauvé la vie. Elle m'appartient désormais. Je ne fais qu'appliquer un précepte vieux comme le monde.
- Tu es philosophe quand ça t'arrange.
Harley tenait toujours fermement le poignet du Joker. Ce qui évidemment était loin de lui plaire.
- Tu as cinq secondes pour me lâcher et me faire tes excuses.
Il la fusilla du regard. Là, elle comprit qu'elle n'était pas de taille. Elle retira sa main.
- Désolé.
Le poing du Joker se ferma. Il lui tourna le dos et sans pouvoir l'anticiper Harley reçut un violent coup dans le ventre. Elle tomba à genoux en hoquetant.
- La prochaine fois que tu me manques de respect, je te brûle la cervelle. Tout ce que je fais pour toi, je le fais par amour. Il serait peut-être temps que tu le comprennes.
Recroquevillée dans un conduit d'aération, Catwoman se mordit les lèvres. Elle ne portait pas Harley dans son coeur, mais le fait est que le clown dépassait royalement les bornes. Il ne s'en fallut de peu qu'elle n'intervienne en faveur de la jeune fille. Mais elle avait ce qu'elle voulait. En partant dès maintenant, elle arriverait au Manoir Wayne avant Harley. Sans un bruit, elle rebroussa chemin vers l'extérieur. Elle ne vit pas alors le Joker s'approcher de sa jeune protégée prostrée au sol et commençait à défaire son pantalon.
- Tu vas l'avoir ta nuit de noces, ma petite reine. Mais je te garantis qu'après ça, tu vas marcher au pas !

 

 

 

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jeudi, 18 octobre 2012

Une Chatte sur un Toit Bouillant

 

Catwoman avait de bonnes raisons de vouloir se débarrasser du clown pervers. Mais sentant qu'elle pouvait aussi avoir le dessus sur lui, à tort ou à raison, elle choisit de se montrer docile et même flattée de faire l'objet de tant d'attention.
- Tu veux un autographe ?
Le Joker se fendit d'une élégante révérence.
- Ma foi, j'apprécierais beaucoup d'avoir ta griffe.
La lame d'un cran d'arrêt jaillit de sa main.
- Mais ta langue m'a l'air tout aussi aiguisée.
Catwoman déploya une batterie d'ongles affûtés comme des rasoirs.
- C'est à quel nom ?
Le Joker s'esclaffa sans retenue.
- Toi, tu me plais. J'ai su tout de suite qu'on allait s'entendre. Mais si on écourtait les préliminaires et que tu me disais plutôt ce que tu as volé à ce cher Bruce Wayne.
La voleuse allait ramasser le dossier lorsqu'elle s'aperçut qu'il avait disparu. Elle le retrouva dans les mains de Harley Queen, laquelle avait semble-t-il bien récupéré de leur récent affrontement. Elle donna le dossier au Joker ce qui eut le don de l'énerver :
- Gentil toutou qui aura droit à son susucre !
Harley ne fit rien non plus pour cacher son mépris. Elle la mit en joue, le regard aussi froid qu'une lame de couteau. Le clown fit tinter sa langue contre son palais. Harley baissa aussitôt son arme, ce qui amusa évidemment beaucoup la voleuse.
- La laisse te va à ravir !
- Je vais être bon prince, fit le Joker, pour détendre l'atmosphère. Tu as manifestement bien besogné pour obtenir ces informations de premier ordre. Et comme je dis toujours "Tout travail mérite salaire "!
Catwoman soufflait distraitement sur ses griffes comme pour faire sécher un vernis visible d'elle seule.
- Tu penses à de l'argent, vieux grippe-sou ?
Harley la menaça à nouveau avec son fusil :
- Que penses-tu d'un peu de plomb pour changer ?
Catwoman arbora derechef le métal de ses doigts :
- Un peu de chair fraîche ne serait pas de refus !
Le Joker jubila :
- Allons, mesdames, rangez l'artillerie. Votre serviteur a le coeur fragile. Il n'aimerait pas voir vos jolis minois finir dans un bain de sang. Dis-moi donc ce que tu voudrais en échange, mon petit chat ?
- J'aimerais que tu me dises à quoi sert la machine que Wayne est en train de fabriquer. Quand tu le sauras. Car ma main à couper que tu le sauras.
Le clown tendit sa main avec un grand sourire :
- Et bien marché conclu !
Jenna agita son index :
- Je vais me contenter de ta parole, c'est moins risqué. Fais-moi signe lorsque tu auras un scoop à m'annoncer.
- Je n'y manquerai pas.
Catwoman salua Harley d'un petit signe de la main avant de se jeter dans le vide.
Le Joker fouilla la nuit à la recherche de sa sculpturale silhouette.
- Sacré donzelle. Elle a pas volé son titre de Reine de la Nuit !
Harley croisa les bras.
- Et moi, je suis quoi ? Un accessoire ?
Le Joker la prit dans ses bras.
- Non ! Toi...Toi tu es la Reine de mes Nuits !
- Alors pourquoi on a toujours pas couché ensemble ?
Le Joker la gifla.
- Je t'ai déjà dit de ne plus aborder ce sujet !
Il l'enlaça à nouveau tout en ouvrant la chemise en cuir :
- Voyons voir ce que ce cher Bruce Wayne mijote dans sa tour d'ivoire.

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mercredi, 17 octobre 2012

Le Secret de la Tour Wayne

 

Les jours qui suivirent cette nuit mémorable, elle s'aperçut très vite qu'elle était changée pour toujours. Elle s'étonna de l'élasticité de ses muscles, de la souplesse de son corps et de sa formidable perception capable de s'affranchir d'obstacles auparavant insurmontables tels que la distance ou la nuit.
Elle comprit que son activité de voleuse n'avait été jusque-là que le prélude à sa véritable existence. Elle continuerait à voler, certes, seulement il lui faudrait revoir ses ambitions à la hausse. Le simple fait d'y penser la faisait ronronner de plaisir.
Elle commença par faire des riches propriétaires de Gotham une bonne carte de visite à l'intention d'éventuels commanditaires. Sa réputation se répandit comme une traînée de poudre dans les milieux de la pègre locale et bientôt elle put jouir de contacts privilégiés qui l'orientèrent sur des coups plus juteux encore. Les journaux oublièrent un temps cette adolescente en fugue, responsable du meurtre de ses parents et la menace constante du Joker.
Catwoman faisait désormais la une et l'intéressée avait bien l'intention de ne pas en rester là.
Après bien des aventures, elle commença à se lasser de ses succès. L'argent avait cessé d'être une motivation. Ces derniers temps, elle avait même travaillé pour rien, se délectant ainsi davantage des dangers encourus. "Après, tout, se disait-elle, j'ai neuf vies. Je peux bien en sacrifier une ou deux. Juste pour le plaisir." Ses nouvelles aptitudes au combat la poussèrent d'ailleurs à se mesurer aux fameux soldats tant redoutés gardant les lieux les plus convoités de la ville. Sa témérité croissante lui valut quelques pépins, ou plutôt quelques pruneaux. Dans ces moments-là, Midnight n'était jamais trop loin pour lui rappeler que son pouvoir était un don, un privilège qu'il ne fallait pas gaspiller de la sorte.
Elle était une élue de Bastet. Ce n'était pas à prendre à la légère. Dans ces moments-là, elle fixait le chat aussi intensément pour lui rappeler : "Dis-donc, mon mignon, tu oublies que je suis une grande fille. J'ai passé l'âge de me faire sermonner."
Oui, dans sa soif de liberté et de plaisir immédiat, elle avait perdu plusieurs vies. Et dans sa volonté de ne pas s'en soucier, elle avait aussi volontairement perdu le compte de celles qui lui restaient. Vivre sur le fil du rasoir lui procurait une jouissance sans égale mesure. L'homme capable de lui procurait autant de plaisir n'était pas né.
Elle se faisait précisément cette réflexion lorsqu'un jour, assise à la terrasse d'un café dans le plus parfait anonymat, son regard accrocha une nouvelle fois la Tour Wayne. Elle sourit. "Si cet édifice n'est pas un symbole phallique déguisé, Monsieur Wayne, je ne suis qu'une voleuse à l'étalage." Elle se rappela alors la promesse qu'elle s'était faite, cette fameuse nuit où elle était morte. Ou plutôt revenue à la vie. Elle venait de trouver un challenge à sa convenance. Elle allait s'introduire dans les locaux de Wayne Enterprises et violer le système de sécurité réputé inviolable. Ce qu'elle volerait, elle l'ignorait encore et cela l'amusait follement. "Sur place, je trouverai bien quelque chose qui manquera à son propriétaire !"

Son oeil de lynx lui permit de repérer des dangers qui auraient sonné la fin de plus d'un être humain ordinaire. Et pour ce qui était de neutraliser les appareils de détection les plus sophistiqués, elle ne trouva rien de mieux que de dérober des gadgets dernier cri dans le bâtiment même et d'en user sans limite. Réflecteur, rayon laser miniature, lentilles à rayons X, régulateur thermique, tout y passa. Les caméras furent aveuglées, les détecteurs de mouvements pétrifiés et les gardes, envoûtés par une irrésistible paire de jambes croisées langoureusement autour de leur cou au détour d'un couloir.
"Fais de beaux rêves, mon gros". dit-elle au dernier vigile dans un murmure.
Elle avait décidé de ne tuer personne. C'était un principe auquel elle tenait. Un peu d'action ne lui déplaisait pas, surtout depuis qu'elle bougeait comme une tigresse, mais la violence gratuite et la mort, elle laissait ça aux mafieux. Une valeur qu'elle partageait avec la chauve-souris. Elle repéra un ordinateur qui semblait revêtir une importance particulière. Le pirater lui valut une bonne migraine, mais elle fut récompensée de sa ténacité. Elle découvrit que les six derniers mois, les employés faisaient des heures supplémentaires pour le moins conséquentes. Elle fouilla davantage les données et apprit que ce qui faisait l'objet d'un tel investissement était un projet top secret supervisé par Bruce Wayne en personne. Les travaux avançaient bien. Le projet en était à 90%. Il avait été baptisé "Innocence". Catwoman ronronna.

"Alors Monsieur Wayne, on a découvert un moyen d'éliminer une bonne fois pour toutes la criminalité qui ronge Gotham ? Intéressant. Je crois que j'ai trouvé mon bonheur."

Elle imprima les données. Des infos pertinentes, certes, mais qu'elle jugeait pour l'heure trop évasives et avares en révélations pour la satisfaire. Elle décida donc de poursuivre sa visite afin d'en savoir un peu plus. Elle finit par découvrir une étrange machine, une sorte de cylindre fait dans un alliage spécial, de la taille d'un homme et relié à une dizaine d'ordinateurs. Téléportation ? Transformation ? Destruction ? La fonction exacte lui échappait. En même temps, elle avait des circonstances atténuantes. Il faut dire que ce n'était pas vraiment son rayon. Elle songea qu'elle avait passé assez de temps dans la Tour et que de toutes façons, elle ne pourrait en savoir davantage. En quittant les locaux par une fenêtre et en courant souplement sur les toits, son précieux paquet sous le bras, elle se dit qu'elle trouverait sans peine un acheteur. Un poignard arracha la chemise en cuir de sous son bras et se ficha à quelques mètres. Sur le manche de l'arme se balançait presque sournoisement l'effigie d'un Harlequin miniature.
- C'est l'arme préférée de Mister J. Ca a son charme. Mais entre nous...
Catwoman se retourna. Une jeune fille en costume d'Harlequin la menaçait avec son fusil de sniper dernier cri.
-...moi je préfère les armes à feu.
En d'autres circonstances, une telle rencontre l'aurait sans doute bouleversée. Mais là...
- Halloween, c'est passé, ma petite ! Tu devrais regarder ton calendrier plus souvent!
- T'inquiète, je suis au courant. Mais dans le genre déguisement à deux balles, t'as rien à m'envier, je crois !
Catwoman caressa son masque et son justaucorps noirs, pas loin d'être vexée par un tel manque de considération.
- T'es vache. J'y ai mis tout mon coeur.
Puis, haussant les épaules :
- Tu comptes me tuer ?
Elle avait dit cela par pure curiosité, sans montrer que cela l'inquiétait plus que cela.
- Si j'avais dû te tuer, fit Harley, ce serait déjà fait, ma belle. Je t'ai dans ma lunette depuis que tu es entrée dans la tour.
L'intéressée lui dédicaça son plus franc sourire.
- Chouette ! De la concurrence !
Harley grimaça.
- Pas vraiment ! Je m'attaque pas aux vieilles !
Jenna sentit son sang ne faire qu'un tour.
- Ca, tu vas le regretter !
Harley fit feu. La femme-chat encaissa le coup sans broncher avant de rouler souplement au sol et de lui assener un coup de talon dans le creux des genoux.
- La vieille a quelques tours dans son sac, sale gamine ! 

Harley s'affaissa, mais se retint de tomber en usant de son fusil comme d'une béquille. Elle se redressa et dans le même mouvement la crosse de l'arme percuta la mâchoire de la voleuse dans une giclée de sang. Catwoman cracha sur le visage de son adversaire. Profitant de son aveuglement, elle la désarma d'un coup de pied avant de lui envoyer une manchette dans la poitrine qui lui coupa le souffle. Harley frappa au jugé. Elle toucha la voleuse à la pommette, mais cela ne suffit pas à la neutraliser. Catwoman frappa la jeune fille de la paume et la regarda tomber à genoux avec délectation.
- Je crois que la vieille a beaucoup de choses à t'apprendre ! Qu'est-ce que t'en dis ?
Une détonation coupa court à sa victoire. Un homme en costume violet, aux cheveux verts et au visage de clown hilare jaillit de l'ombre.
Cette fois, Jenna laissa l'étonnement se lire sur ses traits.
- C'est peut-être bien Halloween, finalement !
Le clown sourit. En fait, Jenna ne sut pas vraiment si c'était sa bouche qui s'étirait naturellement ou une sorte de cicatrice qui semblait s'allonger sous l'effet d'une certaine émotion. Ce détail sordide suffit à l'inquiéter. Les yeux de l'homme trahissaient un caractère lunatique coincé entre psychose dépressive et schizophrénie meurtrière. Rien de bon pour elle, à priori. Le clown sembla deviner son angoisse et s'en amuser totalement :
- Moi je dirais que c'est mon jour de chance !

 

 

 

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