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Rechercher : le goût du sang

Les Indestructibles 2 [Cinéma/Critiques]

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Il y a 14 ans (déjà !), Pixar nous balançait un uppercut avec Les Indestructibles, un super film d'animation sorti de l'esprit très inventif de Brad Bird (Mission Impossible : Protocole Fantôme, A la Poursuite de Demain, Le Géant de Fer vu dans Ready Player One, c'est lui aussi).

Pixar a sagement attendu pour nous proposer cette suite au premier Indestructibles. Un temps de conception qui rassure d'emblée.

Mais rien n'est jamais certain dans le domaine de l'art surtout quand la réécriture imposée de Toy Story 4 a précipité la sortie de cette sequel.

Et le résultat pour moi est sans appel : j'ai eu l'impression de voir le premier opus sous un autre angle, un peu différent certes, pas inintéressant, mais clairement pas suffisant pour compenser l'absence d'effet de surprise.

Bah oui parce qu' à peine la super famille a retrouvé sa légitimité que les dégâts occasionnés contre le Démolisseur font reperdre tous leurs droits d'exercer aux super. Retour à la case départ. Comme si le premier film n'avait servi à rien. Hum, c'est quand même un peu facile pour commencer. De là à dire que cette suite est un reboot déguisé, bah y a pas des kilomètres, d'autant que la rencontre ré-imaginée de Violet avec Tony accentue cette impression.

http://mindster.mx/wp-content/uploads/2018/02/Los-Increibles-2-Bob_Mr-Incre%C3%ADbles_Jack-Jack_padre-e-hijo.png

Une séquence mignonne et drôle à la fois !

Tout le long l'univers évolue très peu (Jack-Jack + quelques super) et la narration colle au plus près du premier film, on inverse seulement les rôles : papa à la maison, maman en mission secrète commanditée alors qu'elle ne devrait pas à cause de la loi, papa qui va faire un costume chez Edna pendant que maman opère et toute la famille réunie pour le combat final.

La fin justement est même carrément identique à part que la menace sur la ville n'est pas aérienne, mais aquatique (le bateau).

Cela dit, c'est très plaisant à suivre et on retrouve avec bonheur les personnages doublés efficacement (Hélène et Edna). J'aurais juste préféré qu'il garde la voix d'Emmanuel Jacomy - entendue dans le trailer - pour la voix de Bob qui colle mieux que celle de Gérard Lanvin à mon goût. Sinon Louane s'en sort plus que bien, j'ai trouvé sa voix et sa prestation très proches de celles de Lorie qui avait fait un super taf.

http://s1.lprs1.fr/images/2018/04/14/7663704_5937529-jpg-r-1920-1080-f-jpg-q-x-xxyxx_940x500.jpg

Hélène et Jack-Jack se lâchent pour notre plus grand plaisir

https://actu-geek.com/wp-content/uploads/2017/12/incredibles2.jpg

Visuellement c'est soigné rien à redire aussi, l'animation est maîtrisée à la perfection, mais pour autant rien ne m'a profondément marqué niveau mise en scène. C'est ce qu'on pouvait en attendre au minimum. J'ai trouvé l'ensemble beaucoup trop sage, il manque un gros zeste de folie.

La seule chose qui aurait pu faire la différence ce sont les motivations du méchant. La séquence lors de laquelle l'Hypnotiseur dénonce le laxisme des gens, leur facilité à vivre l'héroïsme par procuration, affalés sur leur canapé, je l'ai trouvé vraiment percutante, surtout balancée sur les ondes à la portée des intéressés et au moment où Elastigirl tente de le localiser (l'effet m'a rappelé le discours de Matthew Mcconaughey dans Contact, son message sur la société de consommation se répercutant dans l'espace).

Mais malheureusement, cela n'ira pas plus loin (comme d'hab, faut pas perdre les gosses !) on retombera bien vite dans une banale histoire de vengeance, donc comme dans le 1.

Sans doute le choix surprenant d'avoir fait de cette suite une suite directe a-t-il sauvegardé l'esprit de la franchise, mais a aussi conditionné sa forme et son fond au point de la placer trop dans l'ombre de son prédécesseur.

Nul doute que de futurs visionnages me la feront juger moins sévèrement.

 

 

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samedi, 28 juillet 2018 | Lien permanent

Sacred 2 [Jeux Vidéo/Critiques]

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Pas franchement adepte du Hack'n Slash avec ses grappes de plus en plus massives d'ennemis à dégommer en martelant souvent les mêmes boutons (le fameux Diablo III m'a globalement laissé de marbre), j'ai voulu retenter l'expérience Sacred II car elle semblait apporter son lot d'originalités en dépit des mêmes caractéristiques précitées. Et au prix où il est actuellement en occasion, c'est un plaisir qui ne se refuse pas.

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Cliquez sur l'image pour voir la map complète. Pour une carte plus détaillée (en anglais), c'est : ICI

+ Combos

+ Cycle jour/nuit

+ Très peu de chargements

+ Nombreux intérieurs accessibles

+ Visuellement encore très attrayant

+ Une monture unique pour chaque classe

+ Un monde totalement ouvert accessible dès le début

+ Des raccourcis nombreux et pratiques comme on en fait plus

+ On peut créer un personnage pour chaque classe sur le même profil et alterner de l'un à l'autre à chaque chargement de partie

+ Selon la classe choisie, on débute le jeu à un endroit différent de la map (mais on sera amené à repasser rapidement aux mêmes endroits).

+ On peut entreposer des objets qui ne sont pas de notre classe dans un coffre dans lequel pourra puiser n'importe quel autre personnage crée.

+ On peut accepter comme refuser chaque mission. Votre perso pourra même faire un commentaire satirique si vous refusez et même balancer en pleine exploration un savoureux : "Quel paysan va encore me demander de l'aide ?". L'inquisiteur est assez fun à jouer pour ce genre d'attitude.

Si Sacred 2 ne révolutionne pas du tout la nature des quêtes, il a au moins le bon goût de s'en moquer, un peu comme Bound by Flame et d'y injecter régulièrement des easter eggs et une bonne dose d'humour avec même parfois l'occasion de choisir l'issue.

+ Un scénario pour chaque personnage/Classe avec une alternative Lumière ou Ténèbres, ce qui offre une énorme rejouabilité sans parler du choix parmi les nombreuses possibilités au niveau des arts du combat et des compétences. (On apprécie aussi des quêtes spontanées liées à sa classe). 

+ On peut détruire des objets pour gagner de la place dans l'inventaire ce qui en plus nous donnera de l'or, moins que si on les vendait, mais la différence n'est parfois pas si énorme, ce qui encourage à le faire. Afin de réduire le loot on peut même sélectionner la rareté des items à ramasser dans les options.

+ Monde vivant, dans les villes les PNJ s'affairent, discutent spontanément entre eux, les dialogues sont parfois pertinents et souvent pleins d'humour

http://telechargerjeuxtorrent.com/wp-content/uploads/2016/03/Sacred-2-Fallen-Angel-XBOX-360.png

+/- On est tout de suite lancé dans le jeu et dans le monde d'Ancaria. Pas d'intro ou de tuto à rallonge, juste une brève cinématique. Mais en contrepartie, il y a un gros manque d'explications sur beaucoup d'aspects du jeu. L'adaptation demandera donc de la patience. Heureusement Internet est ton ami (dans ce cas).

https://newbiedm.files.wordpress.com/2009/06/sacred-3.jpg

- Topographie et mobilité du personnage parfois contraignantes qui balisent le chemin plus qu'on ne le souhaiterait et réduisent l'intérêt de la surface de jeu.

- Scénario anecdotique. A ce titre le début de la campagne de l'Inquisiteur est expéditif. Le scénario est clairement un prétexte pour progresser sur la map. Mais pas besoin de scénario pour ça, dans ces conditions, le jeu étant totalement ouvert dès le début.

- Si on meurt on ne réapparaît qu'au monolithe de résurrection qu'on a activé en dernier, donc pas forcément le plus proche. Il aurait été plus simple et pratique que l'activation de chaque monolithe soit définitive au lieu de devoir les réactiver constamment. Dans Two Worlds on réapparaissait au plus proche, mais tous les autels restaient actifs en permanence. On a aussi intérêt à quitter la partie en s'étant au préalable arrêté à un autel activé car le jeu recharge notre partie à l'autel le plus proche de notre dernière position, ce qui peut grandement nous éloigner d'où l'on était si l'on a pas effectué cette démarche.

- Le nombre de portails de téléportation est trop réduit comparé à la grandeur du monde

- Customisation peu approfondie, choix trop limité : absences des deux sexes dans chaque classe

 

 

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vendredi, 25 mai 2018 | Lien permanent

GUNNM [Livres/Critiques]

http://www.animetion.co.uk/Battle%20Angel/gunnm2.jpg

Gally est régulièrement représentée de manière contemplative comme ci-dessus pour annoncer un changement de chapitre, une manière de montrer qu'au-delà de son goût pour le combat, c'est aussi une héroïne émotive et cérébrale, qui prend du recul sur sa vie, qui se pose des questions, qui cherche sa place et le sens à bien des choses qu'elle ne saisit pas à commencer par de fugitifs souvenirs de son passé, invisibles au lecteur, ce qui accrut d'autant plus son mystère.

GUNNM

A l'heure où l'on connait déjà le casting et la date de sortie de l'adaptation ciné (20 juillet 2018), l'occasion m'est donnée de redécouvrir cette perle venue du Japon.

Comme beaucoup de gens de ma génération j'ai absorbé du Dragon Ball que ce soit à la télé via le Club Dorothée (le RDV du matin !) ou bien par la longue série de mangas.

Si j'ai découvert d'autres mangas par la suite ce fut essentiellement par les Anime, j'en ai lu pour ainsi dire aucun autre après l'oeuvre d'Akira Toriyama, sans doute parce qu'elle m'avait largement contenté à tous points de vue (c'est super épique, inventif, il y a de l'humour et des rebondissements).

http://img11.hostingpics.net/pics/639816run.jpg

A 20 ans, j'ai découvert GUNNM de Yukito Kishiro et ça été le coup de foudre ! J'ai littéralement dévoré les 9 volumes comme j'aurais regardé une putain de bonne série télé. J'ai totalement accroché au personnage, cette cyborg femme-enfant qui se découvre des aptitudes guerrières insoupçonnées dans un monde futuriste impitoyable où humains et cyborgs survivent comme ils peuvent. Au long des 9 volumes, elle croisera beaucoup de personnages en qui il lui sera de plus en plus difficile d'investir sa confiance et elle vivra plusieurs vies très riches d'aventures et de révélations. De mercenaire, elle sera championne de Motorball, puis musicienne avant de jouer les soldats hyper-équipés dans un désert post-apo lorgnant du côté de Mad Max 2.

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L'héroïne prénommée Gally par son créateur et mentor, Ido, devient vite une machine à tuer, hyper badass, mais elle demeure touchante car elle se pose perpétuellement des questions sur ses vraies origines (Ido a retrouvé son buste dans une décharge) et revendique une sensibilité comme si sa puissance l'effrayait et l'obligeait à trouver un équilibre émotionnel pour mieux l'accepter.

Si le premier volume peut sembler très classique, il reste efficace et passionnant grâce à Gally évidemment dont on se plait à suivre l'évolution et à l'univers dépeint, particulièrement sombre, mais qui va trouver grâce à Gally une forme de lumière, d'espoir inattendu.

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En français l'héroïne s'appelle Gally, aux USA elle se prénomme Alita et le manga : Battle Angel Alita.

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Le combat final tire en longueur (il s'achève au volume 2) même si cela permet à Gally d'expérimenter plusieurs techniques dévastatrices, mais dans le même temps le méchant Makaku fait des monologues de méchant, frime et ricane comme un méchant. 

Hormis cela pas grand-chose à lui reprocher dans ce premier volume.

https://agunnmplace.files.wordpress.com/2015/12/alita-hugo.jpg?w=548&h=340

La rencontre entre Gally et Yugo commence de manière très naïve, mais cela ne va pas durer...

Le volume 2 imbrique intelligemment plusieurs axes narratifs avec l'arrivée de plusieurs nouveaux personnages dont l'attachant Yugo, mais aussi le trouble Vector et le retour d'un adversaire de Gally qui va prendre plus d'ampleur.  L'occasion d'ajouter beaucoup de profondeur et de nuances au tempérament de Gally et de définir un peu plus sa perception de l'existence. On sent que l'auteur veut s'éloigner d'un facile manichéisme en nous révélant les origines et ambitions de ses protagonistes qu'ils apparaissent bons ou méchants, et on apprécie.

Mais on demeure sur du drame, de la tragédie, de la noirceur. Et Gally de devoir trouver un moyen de rebondir.

https://media.senscritique.com/media/000008467345/source_big/Rollerball.jpg

Il est facile de voir dans le Motorball une déclinaison du Rollerball, dans les deux cas un sport violent destiné à libérer la colère et l'agressivité du peuple pour réduire voir supprimer les conflits.

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L'introduction du Motorball dans le Volume 3, activité emblématique de la série, est à ce titre très judicieuse, puisqu'on découvre ce violent sport d'une manière indirecte par les yeux de Ido. Un sport qui va permettre à Gally d'exploiter encore plus son potentiel martial et à l'auteur de nous surprendre par sa capacité à multiplier les rebondissements et les scènes épiques.

https://i.skyrock.net/0273/13490273/pics/342973332.jpg

Jashugan, un personnage ô combien charismatique doublé d'un adversaire à la hauteur de Gally.

Le volume 4 enfonce le clou (du spectacle) avec moult défis pour une Gally plus fière et déterminée que jamais à prouver sa valeur (et par-là même à se connaître).

Dans chaque volume, l'auteur utilise de temps à autre des termes plus techniques expliqués en bas de page, caractéristique qui s'amplifiera au long des volumes pour donner plus de crédibilité à son univers et témoigner d'un réel effort de recherche ou de connaissances tout simplement, mais cela a tendance à alourdir le récit par la suite et à casser le rythme.

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Gally et Ido vivent dans la décharge comme la plupart des habitants, au milieu des ordures déversées par la cité inaccessible de Zalem au-dessus d'eux. Un concept repris à sa manière par Neil Blomkamp (District 9, Chappie) dans son Elysium, hélas de triste mémoire.

Le style de Kishiro a été une vraie claque pour moi à l'époque et je l'apprécie toujours. Je suis très exigeant au niveau du dessin et c'est sans doute ce qui m'a tenu longtemps éloigné de la plupart des autres mangas.

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L'artiste, grâce à un style fin et très détaillé, capte immédiatement l'attention et fait la différence. Même s'il se permet quelques fois quelques postures et expressions typiquement manga, son oeuvre sort du lot avec une incroyable mise en scène alternant entre ralentis et impressions de vitesse très bien rendues au sein de chorégraphies complexes pour les combats (et ils sont nombreux !), conférant à Gunnm un aspect cinématographique évident.

Tellement évident qu'il était inévitable qu'Hollywood s'y intéresse (Ghost in The Shell y a eu droit récemment et Akira est en attente). James Cameron ayant acheté les droits (il s'en était déjà bien inspiré avec sa série Dark Angel), il devait en réaliser l'adaptation (ce qui constituait la perfection à mes yeux !), mais son agenda bloqué pour un paquet d'années à cause (ou grâce, on verra) d'Avatar, c'est finalement Robert Rodriguez qui va s'en charger, Cameron officiant en tant que producteur.

Une nouvelle à la fois rassurante et inquiétante, le réal ayant d'excellentes références à son actif (Desperado, Une Nuit en Enfer, et surtout Sin City), et d'autres beaucoup moins (Planète Terreur, Machete 1&2, Predators en tant que producteur); un homme capable donc du meilleur comme du pire, mais qui de base, peut sembler un bon choix s'il parvient à retrouver ce qui fait de lui un cinéaste de génie. Avec Cameron à ses côtés j'espère qu'on aura droit à quelque chose de respectueux et d'innovant à la fois, je n'ai aucune envie de voir un truc à la Transformers (Spielberg est producteur de cette série, donc ma crainte est légitime).

Cela dit le manga existe, c'est déjà très bien comme ça et je vais le savourer une seconde fois. Si l'adaptation est mauvaise, et bien cela ne changera rien à l'oeuvre originale, bien au contraire, et si elle est réussie, j'en serai très heureux, ce sera un bon complément et l'occasion  d'attirer positivement un nouveau public sur cette oeuvre.

http://zophiel666.free.fr/gunnm1.jpg

Un film d'animation reprenant les deux premiers volumes a vu le jour, hélas peu convaincant. Si le design général est très fidèle - quoique les personnages ont un aspect un peu trop noueux à mon goût - l'animation est paradoxalement très limité, certains changements dans le scénario sont trop importants et le tout manque clairement d'intensité.

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Kishiro a poursuivi Gunnm au-delà de ces neuf premiers volumes sous le nom de Last Order, série à laquelle j'ai été incapable de vraiment m'intéresser la faute à un design modifié de Gally et parce qu'aussi et surtout j'avais été contenté par ce qui avait été fait, même si j'ai largement préféré le développement de l'histoire à sa finalité. Plus récemment, l'auteur a dévoilé les origines et l'enfance de son héroïne à travers une nouvelle série intitulée GUNNM : Mars Chronicles qui ne m'attire pas non plus malgré l'intérêt. Peut-être un jour...

http://www.manga-news.com/public/images/series/gunnm-mars-chronicle-1-glenat.jpg

 

 

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samedi, 24 juin 2017 | Lien permanent | Commentaires (2)

Skyrim 2011 : Maudit Jour J [Fanfics/Jeux Vidéo]

Pour fêter les bougies des deux années d'existence de ce joyau vidéoludique qu'est Skyrim (sorti le 11/11/11 une date pareille ça ne s'oublie pas !!!) l'occasion de vous faire découvrir une nouvelle parodique en forme d'hommage à la série The Elder Scrolls écrite juste avant la sortie du cinquième opus alors que toute la communauté trépignait d'impatience à l'idée d'affronter son premier dragon !

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Matin du Jour J

Je rêve que je hurle mon prénom, à demi-nu, chevauchant un mammouth et faisant tournoyer ma raquette de tennis. Bon excepté l’anachronisme, je me sens vraiment comme un guerrier en furie évoluant dans l’univers le plus fantasmé de cette année 2011. J’ai nommé Skyrim.
Forcément quand je me réveille et que je me rappelle qu’on est le Jour J, je bondis de la couette. Mon chat m’accueille avec un concert de miaulements. Moi, je suis tellement dans mon trip que je crois avoir affaire à un smilodon. Je prends ma raquette de tennis et je hurle :
- Tu m’auras pas vivant !
Heureusement, j’ai un éclair de lucidité. Sinon mon chat avait droit à un tatouage gratuit de mon cordage.
Je m'envoie une gorgée de yaourt liquide dans le gosier et j’éructe comme le plus poli des barbares. Le nom du magasin où j’ai commandé le jeu me revient alors en tête. Je me précipite sur le téléphone et je compose le numéro que j’ai appris par cœur comme la plus puissante des incantations.
L’incantation est en dérangement. Je tombe sur la messagerie. Je pousse un grognement. Mon chat me fait les gros yeux. Je dois ressembler à un homme des cavernes. Surtout dans mon caleçon long sur lequel j’ai versé la moitié de mon yaourt liquide. Va falloir que j’apprenne à bouffer un jour ! Mon chat confirme d’un signe de tête.
En attendant, je saute sur mon PC et je convoque Fnac.com pour savoir s’ils ont bien reçu le jeu. C’est bien le cas, mais la mauvaise nouvelle c’est qu’ils n’ont reçu qu’un nombre d’exemplaires limité. Les premiers qui ont précommandé seront les premiers servis. Autant vous dire que l’idée m’a pas emballé. Bien que fan de la série, J’étais sûrement loin d’être dans le peloton de tête.
Il me restait une chance : foncer au magasin ! Evidemment, mon périple ne faisait que commencer !

Je finis de m’habiller devant l’arrêt de bus, provoquant l’émoi d’une vieille dame et de son teckel (pas forcément dans cet ordre).
- Ah, ces jeunes !
Je m’aperçois alors que je n’ai pas affaire à une vieille dame et à son teckel, mais à un Troll accompagné d’un loup. Et des plus vicieux. Heureusement, j’ai ma hache de guerre. Elle fait un bruit bizarre lorsqu’elle touche le crâne du troll et l’envoie s’encastrer dans la vitre de l’abribus.
Ma lucidité fait son retour et je me surprends à contempler ma raquette de tennis complètement explosée. Le teckel en a profité pour m’agripper la cheville. Je le secoue, mais rien à faire : ce con de chien a pris ma jambe pour un gigot !
Tant pis pour lui ! J’arme ma raquette comme un club de golf et j’exécute mon plus beau swing. Et un teckel sur la Lune, un !
Je me rends compte qu’avec ces conneries j’ai perdu un temps fou. Tout ça pour découvrir que ma ligne habituelle est perturbée par des travaux. Mon bus ne passera pas ou alors pas avant un petit moment ! C’est pas le jour où me faire chier, encore moins à attendre. Attendre, j’ai fait ça depuis des mois ! Ca commence à suffire de bien faire !
Un type en vélo passe devant moi. Ni une, ni deux. Je le chope au passage et je squatte son deux roues. Affalé comme une merde sur la route, je l’entends m’insulter. J’ai plus de hache, alors je cabre mon fidèle destrier qui lui écrase les mains sous ses sabots. J’ai bien dit qu’il fallait pas m’emmerder ou je l’ai pas dit ?
Je chevauche jusqu’en ville. Les commerces s’ouvrent comme des fleurs sous un soleil printanier. Putain voilà que je fais de la poésie ! Je m’envoie une rasade d’hydromel. Mais la bouteille de yaourt liquide m’échappe des mains lorsque je reconnais la poissonnerie de Jérôme, un ami. Enfin, un type fan comme moi de RPG et qui a préco Skyrim au même magasin que moi. Notre seul point commun d’ailleurs, parce que sinon quel boulet ! Et puis la lucidité me fout une baffe monumentale. Connaissant Jérôme, il a sûrement commandé le jeu dès que possible, c’est-à-dire avant moi ! J’ai juste à récupérer son bon de commande et ni vu ni connu j’t’embrouille !
Je descends de cheval et tout en m’avançant vers les rayons remplis de poiscaille, j’offre mon plus beau sourire à Jérôme. Ce con, évidemment, ne se doute de rien. Quand je lui serre la main comme un malade, il se met à hurler. Je lui dis que s’il veut encore pouvoir toucher un pad de sa vie, il a intérêt à me filer son bon de commande.
- Ok, mais faut qu’on aille chez moi !
Là je me méfie grave.
- C’est le jour J et comme un con t’es au taf sans le bon sur toi ?
Je resserre ma prise. Il se met à chanter. Faux naturellement.
- Ok, arrête ! Il est dans ma poche. Je comptais aller à la Fnac à ma pause déjeuner.
Je le fais passer par-dessus son comptoir et je pêche le bon dans sa poche. J’embrasse la feuille de papier et je lui fais un nid douillet dans ma propre poche de jean.
- Mais pourquoi tu me piques mon bon ? Je croyais que tu l’avais commandé, toi aussi ?
Je regarde Jérôme avec un air méchant. Je chope un couteau long comme le bras et m’apprête à le décapiter quand soudain tout à coup, j’aperçois un crabe des vases camouflé dans de la glace. Il croyait pouvoir me prendre par surprise, le fumier ! Ni une, ni deux. Je lève ma lame…
- Dovahkiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinnnn!
…et j’empale le monstre sans autre forme de procès.
- Il était déjà mort, gémit Jérôme.
Et puis un ramdam de tous les diables.
Merde ! La milice de la ville est déjà au courant de mes exploits. Je file ventre à terre. Manquerait plus que je me retrouve au cachot alors que je suis sur le point de mettre la main sur le plus précieux artefact de ce monde !

Je passe en mode furtif, tous les sens aux aguets. Si un garde me tombe dessus, je ferai pas dans la dentelle. Je le découperais avec ma lame et je terminerais par un joli finish move en gueulant comme un fou. Je ne me laisse pas hypnotiser par le chant des sirènes (de police) et je cours vers le magasin susnommé comme un renard vers le poulailler.

A l’entrée, un mendiant me tend une main crasseuse. Je m’apprête à y verser le reste de mon Yop et puis ma lucidité me souffle encore une putain de bonne idée. Je m’approche du loqueteux :
- Je suis le Renard Gris. Si la milice vient par là, préviens-moi.
En guise de paiement, je lui lâche un septime tout rouillé. Les temps sont durs même pour le roi des voleurs !
Dans la galerie, y a déjà du monde. Je file aux escalators et décide finalement de prendre l’escalier histoire d’aller plus vite. Je transpire tellement que quand je sors le bon de commande, il ressemble au mouchoir de Johnny Hallyday après un concert au Zénith. Je bouscule la foule en ignorant les réactions et m’affale sur le comptoir du rayon Jeux Vidéo. Trop de bol, y a personne !
Avant de m’apercevoir que je suis au rayon musique classique. Je tourne la tête. Aux JV c’est la cohue. J’entends déjà plaintes et réclamations. Certains gamers ont dû faire le pied de grue toute la nuit. Le vendeur est aux abonnés absents. Pour changer. Je lance un sort d'invisibilité et me dirige incognito vers la section privée. Evidemment la porte est fermée. Mais c’est pas une putain de lourde qui va m’arrêter alors que je touche au but. Je sors un crochet et c’est partie pour une joyeuse partie de crochetage. Comme j’ai pas la patience, je passe en auto. Crac ! Crochet pété ! Heureusement j’en ai un aut...Paf ! La porte s’ouvre et je la prends en pleine gueule. A moitié sonné, je vois les jambes du vendeur. Quelque chose tombe à ses pieds et à deux doigts de ma face éclatée. Je vous le donne en mille : un exemplaire de Skyrim flambant neuf ! Je fais un effort surhumain pour saisir l’artefact légendaire, mais le vendeur est plus rapide et il disparait avec en un éclair.
- Dovahkiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinnn !
Je me relève et essuie le sang de ma lèvre fendue.

Quand les joueurs aperçoivent le vendeur, ni une ni deux, ils se ruent sur lui tels des démons tout droit sortis d’Oblivion. Je me dresse alors comme un rempart inespéré entre eux et lui. J’attrape le col du marchand et je passe en mode discours. Mon éloquence doit frôler la trentaine, pas de quoi frimer, mais comme j’ai pas un rond pour le corrompre, j’ai pas trop le choix. Je commence par le flatter sur sa coupe de cheveux et l’odeur de son après-rasage, puis le menace avant de lui sortir mes meilleures blagues Carambar. Je lui chante même du Céline Dion. Rien. Ce type est aussi hermétique à ma voix que mon chat à mon sens de l’humour. Tant pis. Je finis par faire ce que j’aurais dû faire dès le début :
- Tu me files un exemplaire et je te sauve la vie de cette horde impie !
Le commerçant n’en mène pas large. Il sait où se trouve son intérêt.
- Hors de question. Je tiens à mon job !
Oui, moi non plus c’est pas ça que j’attendais.
Pour lui dire combien j’apprécie sa coopération je lui lance mon poing dans la tronche. En corps à corps : 85. Il avale ses dents et me tend un boitier emballé.
- Merci !
Pas le temps de pleurer de joie. Je colle le jeu sous ma chemise et je fais face à la marée de créatures infernales qui ont maintenant juré ma perte. Ca y est, je suis dans l’arène. Equipe jaune ou équipe bleue, je sais pas et je m’en fous un peu. C’est l’heure du sang, de la sueur et du molard. Heureusement, j’ai gardé mon couteau. Sur mon premier ennemi, je balance le crabe de vase resté collé sur ma lame. Je me baisse et tranche les jambes du second.
- Il est à moi !
Mais je suis rapidement submergé par le nombre de mes assaillants. L’un d’eux me désarme et je suis soulevé de terre. Ca sent le sapin pour moi. Alors je hurle le seul Dragon Shout que je connaisse :
- Si vous me lâchez pas bande de nazes, j’appelle les flics !
Le sort est rudement efficace. Les poulets sont déjà là. Le problème c’est qu’ils viennent me coffrer. Si je retrouve Jérôme et cet enfoiré de mendiant, je les encastre l’un dans l’autre.
Je suis évacué du magasin et balancé dans un fourgon. Assis sur un banc, je lance un regard noir à mes deux gardiens. Je sais très bien où ils m’emmènent. Et puis je me rappelle que j’ai toujours le jeu avec moi. D’un seul coup, toutes les épreuves passées m’apparaissent comme dérisoires comparées au montant de ma récompense. Je sors le boitier de sous ma chemise…et mon cœur s’arrête. C’est bien le bon jeu, mais pas sur le bon support. Dans le feu de l’action, j’ai rien remarqué et maintenant j’ai plus que mes yeux pour pleurer.
- C’est Skyrim ? interroge l’un des képis.
Je hoche la tête, six pieds sous terre, une gueule d’enterrement.
- Tu pourras me le prêter ?
Je relève la tête. J’ai bien entendu ?
- Vous connaissez ?
Le flic est tout sourire.
- Bien sûr. C’est le jeu de mes rêves. Mais j’ai pas trop les moyens en ce moment. Ma femme…
Tandis qu’il me raconte sa vie, ma lucidité tapote mon cerveau. Je lui ouvre volontiers.
- Tu joues sur quel support ?
Il me regarde, perplexe et me répond.
Et là, je pisse littéralement de joie. J’embrasse le flic.
- Si tu m'aides à m'échapper, je te promets qu’on fait une partie juste après !
Son collègue commence à marmonner quelque chose, mais la matraque dans sa gueule l’empêche de poursuivre. Il s’écroule à mes pieds et mon sauveur me libère de mes liens.
- Je fais peut-être partie de la milice, mais je suis fan du Renard Gris ! Tirons-nous d’ici !

Ni une, ni deux, on jaillit tous les deux du fourgon et on atterrit sur la route. On est sorti de la ville. Des champs à perte de vue. Tout est calme. La neige se met à tomber. On est déjà en hiver ?
Et puis mon compagnon se met soudain à beugler :
- Un dragon !
Alerté par notre fuite, un hélico de la police nous a déjà pris en chasse. Le monstre est terrifiant. Son moteur émet des grondements à glacer le sang et son hélice tournoyante comme une lame folle nous promet une mort violente et prématurée.
- Filons vers ce pic !
Je prends les choses en main et le flic me suit aveuglément en direction d’une éolienne.
Le blizzard s’est levé et ajoute à la difficulté de notre progression.
J’entends un cri derrière moi. Mon allié n’a pas été assez rapide. Je le vois disparaître dans les griffes de la bête. Dans l’habitacle de l’hélico, la bataille fait rage. Mon compagnon tente d’éjecter le pilote de son siège, mais le passager lui assène un coup terrible à la tête. Je le vois chuter comme le géant dans la célèbre vidéo de gameplay du jeu. Mon cœur se serre, puis rapidement crie vengeance.
- Dovahkiiiiiiiiiiiiiiiiiiinnn !
Le sniper me prend pour cible. Je sens la chaleur du souffle tandis que je me rapproche de mon objectif. Le monstre est au-dessus de moi. Je me retourne. Au moment de m’abattre, il marque un temps d’arrêt, comme troublé par ma vulnérabilité. Mais vulnérable, je ne le suis qu’en apparence.
Il comprend trop tard qu’il s’est trop approché. L’hélice touche une pale de l’éolienne et se met à zigzaguer dangereusement. La bête est touchée et un instant plus tard, elle est à terre, moribonde.
Je n’ai plus qu’à l’achever et à prendre son âme. Sa carcasse en feu m’éblouit, puis je sens sa puissance ancestrale m’envahir.
- Dovahkiiiiiiiiiiiiiiiiiiinnn !

Maintenant, je sais que plus rien ne peut m’arrêter dans mon périple. J’ai franchi un n

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lundi, 11 novembre 2013 | Lien permanent | Commentaires (2)

Chaîne Alimentaire [Fanfic Far Cry 3]

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La graisse fondue crépitait, bullant sous l’effet de la chaleur pour dégouliner le long des plaies. Les flammes, quant à elles, léchaient le museau en forme de groin du tapir, rôtissant la peau et la chair de l’animal, sous l’œil marqué par l’appétit des trois pirates.

Le trio, assis dans l’herbe grasse de la minuscule clairière, attendaient que leur repas ait fini de cuire, chacun vaquant à ses occupations alors que, masqué par les hauteurs de l’île et l’épaisse canopée couvrant la jungle, le soleil se couchait à l’horizon. Par acquis de conscience Cuchillo tourna la broche trois fois sur son axe, l’odeur de la viande grillée lui titillant les narines. A celle-ci se mêlait cependant l’autre. Celle de ce qui se consumait lentement parmi les braises du feu. Très désagréable. Cuchillo le savait, cela n’avait pas été une bonne idée. Ils auraient du s’en débarrasser autrement. Mais Samuel avait insisté, disant que ça leur éviterait d’attirer un tigre ou autre bestiole en maraude. Enfin, le morceau de tapir serait bientôt prêt et ce ne serait plus son problème. Pour une fois qu’ils avaient à manger sans se fatiguer. Pas besoin de traquer l’animal, juste de tuer son chasseur.

Alors qu’il plongeait ses dents jaunâtres dans la portion de tapir qu’on lui avait octroyée, Cuchillo jeta un œil à Samuel et Jonah. Seul le premier ne mangeait pas, toujours occupé à lustrer la chambre de son arme fétiche, un fusil à pompe rossmore 32. Plutôt rare sur l’île, car à vrai dire, Cuchillo n’en avait jamais vu dans d’autres mains que celles de Samuel. Il savait en revanche qu’il se procurait les cartouches spéciales de son arme à prix d’or, là où les balles de leurs AK-47 à lui et Jonah se trouvaient partout. Pour autant, Samuel conservait son précieux fusil et s’en occupait avec un soin presque maniaque, en oubliant presque de manger. Avalant une bouchée de tapir, Cuchillo était sur le point de lancer une discussion quant un sifflement brutal l’interrompit. Quasi immédiatement, Jonah bascula sur le côté, la flèche ayant pénétré à l’arrière de son crâne lui ressortant par l’orbite droite. Se relevant d’un seul geste, Samuel fit feu, tirant au hasard dans l’épais mur de végétation leur faisant face. Alors qu’au dessus de leurs têtes un vol d’oiseaux effrayé par les détonations filait à tir d’ailes, Cuchillo se plaqua au sol. Juste à temps pour éviter un second projectile mortel.

Ejectant la cinquième douille de la chambre de son arme, Samuel pressa une nouvelle fois la pompe de son arme, qui lui répondit par un cliquetis mécanique. Vide. Repérant alors à ses pieds l’arme de Jonah, encore pris de quelques spasmes post-mortem, il s’apprêtait à attraper le fusil mitrailleur quand une nouvelle flèche lui traversa le dos de la main, la clouant au sol. Le pirate poussa un hurlement déchirant, suivit d’un second au moment où un autre projectile s’enfonçait dans son épaule. Une seconde plus tard, la troisième flèche mettait fin à ses souffrances, lui perçant le haut du crâne en éclaboussant son foulard déjà rouge sang.

Voyant Samuel transpercé de toutes pars, Cuchillo fit sauter la sécurité de son arme et entreprit de mitrailler à l’aveugle, vidant son chargeur sur les fougères et arbres alentours. Les troncs explosaient en milliers d’esquilles tranchantes sous l’impact des balles alors que le pirate se vidait les poumons en hurlant, les muscles de son bras mis à rude épreuve par le recul de son arme. Une impression viscérale de puissance s’emparait de lui alors qu’il taillait en pièces la végétation, mélange de colère et de besoin de vengeance. Brutalement, quelque chose le fit chanceler, tomber en arrière. Alors qu’il heurtait le sol avec force, il eut juste le temps de jeter un œil au poignard enfoncé dans sa poitrine avant de voir surgir hors des buissons une forme à peine humaine. Ses lunettes à verres fumés lui glissèrent du nez alors que l’être approchait dans l’obscurité. Une petite seconde avant que ce dernier ne l’égorge, Cuchillo put voir son visage, à la lueur des flammes mourantes du brasier. C’était un tigre. Un tigre marchant sur deux pattes.

Retirant sa machette de la gorge du pirate, Rajatan contempla avec une certaine fierté le carnage qu’il venait d’accomplir. Il était moins fier d’avoir tué ces hommes en particulier que d’avoir vengé celui qu’ils avaient tué et dont les restes carbonisés se mêlaient à présent aux cendres du feu de camp. En temps qu’ami, cela avait été son devoir de lui rendre cet ultime service. Celui d’assassiner ses meurtriers un à un. Et ce, malgré le caractère officiel de sa mission. Citra devait certainement attendre son retour depuis des heures déjà, mais attendre le moment propice pour éliminer ces monstres nécessitait une certaine patience et surtout du temps. Du temps, Rajatan en avait justement à foison. Il n’était pas pressé : sa vraie proie n’allait pas s’envoler.

En guise de rituel, Rajatan attrapa l’une des griffes pendant autour de son cou et entreprit de s’en inciser la chair. A trois endroits différents, il effectua une nouvelle rayure rougeâtre, une goutte perlant systématiquement entre les marques tribales lui couvrant les bras et le visage. Les bandes noires lui barrant le visage rappelaient autant le prédateur qu’il s’efforçait d’imiter que ses dents, taillées en pointes. Il fallait frapper l’ennemi de terreur, insuffler la peur au plus profond de son cœur dès le premier regard. Et de toutes les bêtes de l’île, seul le tigre arrivait à faire trembler ses proies au seul son de son feulement.

Se penchant sur les cadavres des trois hommes, l’homme-fauve inspecta méticuleusement leurs armes, à la recherche de munitions pour ses compagnons rakyats. Un sourire naquit sur son visage en repérant le rossmore, tant l’arme soulignait la bêtise de son propriétaire. Sur l’île, il était sans doute le seul possesseur de ce type de fusil, d’où une rapide pénurie de cartouches. A l’inverse, les pirates malins gardaient plusieurs exemplaires du même fusil, un modèle assez commun aux cartouches faciles à trouver, pouvant ainsi cannibaliser un exemplaire au profit d’un autre. En conservant ce fusil à pompe, ce pirate avait quasiment signé son arrêt de mort. Plus encore que les deux autres, il avait été une proie facile.

Le léopard se signala par un grondement rauque, marchant à pas feutrés jusqu’au cadavre du premier mercenaire tué. Alors qu’il mordait avec force dans le gras du bras de l’homme que Rajatan avait abattu, le guerrier observa le fauve avec intérêt. Il n’avait pas manifesté le moindre signe d’agressivité envers lui, pas même un feulement d’avertissement. Pour lui, le guerrier rakyat n’était pas un ennemi. Rajatan en était à présent sûr : il avait enfin atteint le stade ultime de sa formation. Il ne faisait plus qu’un avec la jungle et ses habitants. Alors qu’il quittait le charnier à pas rapide, il continua d’observer le félin se nourrir, lui adressant un signe de respect de la main. Le prédateur, quant à lui, ne daigna même pas lever la tête. Il préférait éviter l’affrontement. Amené sur cette île par bateau, il avait vécu en compagnie des hommes suffisamment longtemps pour savoir qu’il devait s’en méfier. Et la seule raison qui l’avait empêché de provoquer en duel cette étrange créature était qu’elle exhalait le même fumet que son supérieur hiérarchique dans la chaîne alimentaire. Sans quoi, ce serait sans doute lui qu’il aurait dévoré, juste pour avoir le plaisir de ressentir le frisson des derniers instants de sa proie.

Alors qu’une branche lui fouettait les joues, Rajatan plissa les yeux, de sorte à accroître sa faible vision nocturne. Mieux valait rester méfiant car malgré la bienveillance de la jungle-mère, certains de ses rejetons reptiliens restaient dangereux par leur venin. Même le plus faible avait sa chance dans la forêt, comme le racontaient les légendes. Quant les cieux avaient pleuré pour la premières fois, chacune de leurs larmes avaient donné naissance à un être doté de caractéristiques propres, et dont le destin était immuable. C’était la raison pour laquelle le buffle était proie, le requin prédateur.

Leurs rôles ne pouvaient s’inverser : ils étaient inscrits dans leur chair. Chez les hommes en revanche, il leur fallait découvrir leur nature à travers les épreuves. Peu parvenaient à connaître leur destin à l’avance mais Rajatan le savait : il n’était pas une proie. Il était un chasseur.

Le reste du chemin le séparant du lieu où se terrait sa victime fut traversé sans encombre Alors qu’au loin les jappements d’une bande de chiens sauvages signifiaient le début d’une curée, l’homme-tigre se tapit au sol, observant entre les fougères ce qui se déroulait un peu plus bas, aux abords de la grande case de bambou. Un homme en traînait un autre, celui-ci ligoté pieds et poings liés. Apparemment inconscient. Aucun des deux n’était vêtu comme les pirates, mais Rajatan avait d’ores et déjà identifié celui qu’il lui faudrait tuer. Habillé d’une veste bleuâtre constellée de petits palmiers, il n’était pas particulièrement musclé et n’avait pas l’air très réactif. Etait-ce bien cet homme qui était venu à bout du précédent commando d’assassins rakyats ? Etait-ce lui qui avait réussi à tuer six guerriers parfaitement entraînés ? Si oui, alors Rajatan avait raison de se méfier de lui et de rester ainsi dans l’ombre alors qu’il emportait son prisonnier à l’intérieur de son antre.

Il se passa une petite minute avant que la cible ne sorte de sa demeure, observant les alentours avec attention. Faisant corps avec le sol, Rajatan le regardait sans bouger un muscle. L’espace d’un instant, il fut persuadé d’avoir vu sa future victime humer l’air, comme à la recherche d’une piste odorante. Impossible. Impossible qu’il l’ait repéré. Pas sans l’entraînement de la grande prêtresse et la bénédiction de la jungle-mère. L’homme-félin regarda rassuré sa proie regagner ses quartiers, inconsciente du danger qui pesait sur elle. Sortant de sa cachette, Rajatan se mordit les lèvres pour ne pas avoir écouté son instinct. Ne pas avoir décoché une flèche en pleine tête à un individu désarmé mais pourtant ennemi. La tradition l’en avait empêché, et stipulait une mise à mort par la lame de sa dague tribale. Comme le faisaient les ancêtres. La voie du guerrier… Il la suivrait, se répéta-t-il mentalement en descendant silencieusement la petite butte le séparant du refuge de sa victime. Il la suivrait ou du moins il essaierait. Car si l’occasion se représentait, les anciens tolèreraient sûrement une petite entorse à la règle millénaire.

Un éclairage rosâtre inondait la maison, où était entassé pêle-mêle un mobilier fabriqué à la main. Une table, des chaises, une bibliothèque garnie de quelques rares ouvrages aux couvertures gondolées par l’humidité ambiante… Mais pas de traces de sa proie. Sur un banc taillé dans le bois d’un banian, le jeune homme qu’il avait aperçu un peu plus tôt attendait, profondément endormi. Drogué sûrement, mais dans quel but ? Pas question de prendre le risque de pénétrer dans la pièce, bien trop éclairée. Sans un bruit, Rajatan fit le tour de la maison, sortant par la porte arrière en silence sans avoir repéré sa cible. Elle n’avait pourtant pas disparu… La nervosité faisant trembler ses sourcils broussailleux, l’homme-tigre regretta de ne pas avoir demandé à Citra plus d’informations concernant cet homme. Il était particulier, à n’en pas douter. Etait-il une proie, ou un prédateur ?

Au détour d’un mur de bambou, Rajatan le repéra enfin. Lui tournant le dos, sa cible clairement identifiable à sa veste bleue semblait contempler l’une des ses constructions, ressemblant fort à une forme de séchoir à viande. Alignées sur sa gauche, cinq carcasses pendaient, en trop mauvais état pour pouvoir dire à quel type d’animal elles appartenaient. La proie, quant à elle, ne l’avait pas aperçu : c’était le moment où jamais. Attrapant son arc, Rajatan décocha une flèche, qui alla se ficher dans le crâne de l’homme à la veste avec un bruit mouillé. Mais à la grande surprise du guerrier rakyat, il ne s’écroula pas, se contentant d’osciller. Sur le point de tirer un second projectile, Rajatan remarqua alors dans la pénombre la corde habilement dissimulée par le col de la veste, et nouée autour du cou de sa cible. Le temps qu’il comprenne qu’il était tombé dans un piège, l’homme-tigre fut brusquement assailli d’une sensation nouvelle pour lui. La morsure froide de l’acier, dans le bas du dos.

Baissant les yeux alors qu’un liquide épais lui remontait le long de la gorge, Rajatan vit l’extrémité ornée de la lame de la machette lui crever le ventre avant de faire rapidement le trajet inverse. Roulant sur le côté, il vit son meurtrier s’approcher lentement, ses yeux brillant dans l’obscurité. Les mots prononcés par l’individu parvenaient difficilement à ses oreilles, trop occupées par les tambourinements assourdissants de son cœur. « Salut mec… ; susurra l’être penché au dessus de Rajatan ; T’es venu rendre visite à tes petits copains ? Histoire de compléter ma collection ? Je pense pas que ton pote a apprécié ta flèche, vois tu ? ». Il s’arrêta un instant, prit d’un éclat de rire sardonique. « Mais où sont les bonnes manières ? C’est pas parce qu’on aura pas l’occasion de se revoir qu’il ne faut pas pour autant se présenter… Moi, c’est… ».

Rajatan ne put entendre la fin de la phrase. Son propre sang l’étouffait et ses paupières se fermaient lentement. Il ne put voir le visage de celui qui l’avait éventré mais avant qu’il ne close ses yeux, il vit distinctement un étrange dessin ornant la poitrine nue de son assassin. Cela rappelait un genre de cerf, presque souriant, entouré de roses rouge sang. Sous la représentation de l’animal, quatre lettres se succédaient, rédigées à l’encre noire à même la chair. B-U-C-K... Abandonnant tout contrôle sur son propre corps, Rajatan entendit cependant quelques mots alors que les battements de son cœur se faisaient moins réguliers. « Tu sais, mon gars, je sais pas si tu m’entends encore mais si c’est le cas, tu assistes à un putain de paradoxe. Ou plutôt deux d’ailleurs. Le premier, c’est que c’est sûrement la première fois qu’un chevreuil parvient à tuer un tigre. Le second et encore plus incroyable, c’est que c’est à coup sûr la première fois qu’on verra le premier manger le second… ».

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mardi, 02 octobre 2012 | Lien permanent

Le Chat et La souris [Fanfic Far Cry 3]

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La panthère fit un nouvel aller retour dans sa cage à peine assez grande pour elle, ses omoplates dansant l’une face à l’autre à chacun de ses pas. Les babines découvertes et en sang, elle se retint de feuler, ses crocs ébréchés lui entaillant les gencives. Les heures passées à essayer vainement de ronger les barreaux rouillés de sa prison s’étaient avérées aussi futiles que douloureuses, et elle avait à présent abandonné tout espoir de fuite. Elle qui trois jours plus tôt chassait au beau milieu de la jungle, reine incontestée d’un territoire d’une cinquantaine de kilomètres carrés se retrouvait à gouverner une geôle miteuse à peine assez spacieuse pour lui permettre de s’allonger. A tourner sans but dans sa cage, Darkness commençait lentement à devenir folle, la nervosité l’empêchant de rester immobile. Et il y avait cette créature qui la fixait. De l’autre côté. Il sentait le sang et la poudre. Il sentait la mort.

Les côtes lui saillaient davantage depuis sa capture : elle avait faim. Elle avait bien conscience du plan de Charogne, comme elle avait décidé de l’appeler. Il voulait la briser. Comme les autres prisonniers des cages voisines. Mais elle ne cèderait pas. Elle resterait sauvage, féroce. Elle le resterait dans un but unique : être à même de l’égorger elle-même quant il commettrait l’erreur de desceller le lourd cadenas la maintenant enfermée.

Charogne cessa de l’observer quelques secondes, alors que l’un de ses semblables déverrouillait l’écoutille supérieure de la cage. Darkness fixa le point d’ouverture, prête à bondir. Hélas, il s’avérait trop petit pour qu’elle puisse ne serais-ce qu’y passer la tête. Pas moyen de s’évader par là. Pas moyen de sortir. En revanche, il était possible d’entrer. C’est ce que prouva la petite masse informe qui s’écrasa sous le nez de la panthère, avant de pousser un petit couinement terrifié. Immédiatement, l’échine de Darkness se courba. La vue d’une proie la conditionnait, l’instinct lui insufflait les pulsions prédatrices inhérentes à sa race. Faim. Tuer. Manger.

Le macaque juvénile siffla alors que le fauve le faisait rouler d’un coup de patte. Bien qu’il n’en ait jamais vu auparavant, sa mémoire génétique savait qu’il s’agissait d’un ennemi. D’un danger. Nouveau coup de patte, le rapprochant du museau du félin mélanisé. Ce dernier avait pris soin de ne pas sortir les griffes, de sorte à garder son jouet en vie. Un jeu cruel, du chat et de la souris. Des pulsions contraires menaient une guerre sans merci dans son cerveau affaibli par les privations alors qu’elle continuer à s’amuser avec cet être qui ne lui ressemblait en rien. Pourtant, il y avait en lui des traits lui rappelant ses propres petits, perdus à peine un mois plus tôt à cause d’une averse trop violente. L’instinct maternel était puissant chez elle, et ce qu’il en restait ferait peut-être la différence entre un dîner et une nouvelle progéniture.

Amusé de voir la panthère jouer ainsi avec sa proie, Vaas s’approcha au plus prêt de la cage, à un demi-mètre à peine du fauve. Celui-ci avait enserré le bébé singe entre ses pattes avant et ne bougeait plus, replié sur lui-même. Que faisait-il ? Etait-il en train de manger ? Ou bien de montrer de la compassion pour une chose qui appartenait à un autre monde ? Le grondement rauque de l’ours prisonnier de la cage voisine lui fit relever la tête. « Ta gueule, toi… » lâcha-t-il à l’intention du plantigrade aux griffes rehaussées d’embouts métalliques. Il se tairait bien assez tôt, quant ce soir il lui ferait affronter dans l’arène un tigre ou un autres ursidé fraichement capturé. Ou peut-être même cette panthère, si elle se montrait trop maternelle…

« Hé, Boss ! ». Agacé, Vaas se retourna, passant une main le long de la longue strie qui marquait sa chair à la hauteur du sourcil. Un des nombreux tics dont il souffrait sans même sans rendre compte, même si celui-ci était bénin comparé à d’autres. « Quoi ? ». « Voyt dit que ses hommes en patrouille

sur la côte ont repéré un bateau. Il veut qu’on les ‘réceptionne’ une fois qu’ils seront sur la plage. On attend tes ordres... ». Voyt. On en revenait toujours à lui. Ce type avait beau fournir armes et munitions, sans compter les véhicules, il n’était pas de leur monde. Il vivait dans sa petite maison en briques, sirotant ses cocktails en empochant les liasses, sans avoir jamais mis le nez dans les bois. Il ne savait pas ce qu’était la crasse de la jungle, la puissance qu’elle accordait à ceux qui daignaient y vivre. S’il y avait bien une connerie que sa sœur lui avait appris et qui s’était révélée vraie, c’était que la jungle rend ses protégés plus forts. Plus puissants. Plus fous également.

« On attend que le bateau accoste et on voit comment ça se passe. ; reprit Vaas en faisant danser la lame de son poignard sur ses phalanges ; Normalement, comme d’habitude. Ces cabrones vont sûrement faire un petit tour sur la plage, s’envoyer une cuite et c’est là qu’on les réceptionnera. ». Il marqua une petite pause, imitant silencieusement le bruit d’un coup de feu avant de reprendre. « Ensuite, on les amène dans la cabane du flanc est et on voit ce qu’on peut en tirer. ». L’un de ses hommes, le visage masqué par un chèche, parut hésiter. « Heu Boss… Et Voyt ? ». D’un geste vif, Montenegro tira son 9mm hors de son étui, le braquant sur la tête de son subalterne avant de presser la détente.

Un cliquetis mécanique retentit, suivi du bruit, mat, de la chute de l’homme visé. Alors que Vaas rangeait son arme, l’un de ses pirates se pencha sur celui tombé au sol. « Il est mort, Boss… C… Comment ? ». Mort de peur. Tant mieux. Les minables n’ont pas leur place dans la jungle. « Jamais vu une fiotte pareille… ; rumina l’iroquois ; Balancez moi ce connard aux bestioles, mais pas à celles qui combattront ce soir. Faut qu’elles restent agressives. ». « Lesquelles ? » se risqua un autre homme, à l’épais foulard rouge. « Qu’est-ce que j’en ai à foutre ?; s’empourpre Vaas ; Les tigres, tiens. Et ferme la si tu veux pas être le prochain. ».

L’homme en question s’exécuta sans un mot, traînant le cadavre à bout de bras jusqu’aux enclos. « Pour répondre à notre ami qui vient de nous quitter, Voyt, on l’envoie se faire foutre. Ce connard se prend pour le roi des Rooks, mais c’est surtout le roi des enfoirés. Ma réponse sera donc la suivante : on attrape ces abrutis de touristes à la con, on les questionne un peu voire qui sont les plus friqués et on les garde pour une rançon. Les autres, on les envoie à Hoydker et il en fera ce qu’il veut. ». « Tu veux dire qu’on va lui mentir, Boss ?; lança un des pirates ; Mais Voyt… ». « C’est qui ton Boss ?; hurla Vaas en se redressant ; Moi ou ce connard d’allemand de mes deux ? Réponds ! ». Mais avant que l’intéressé n’ait le temps de prononcer le moindre mot, la lame de la machette lui avait déjà traversé la gorge. « Occupez vous de lui… ; grogna Vaas en regagnant ses quartiers ; Jorge, Ustillo… Préparez vous à partir dans vingt minutes. ». Bouillant de rage, le chef des pirates tâcha de se calmer en se disant qu’au moins, en ce jour, les bêtes de son zoo personnel seraient bien nourries.

La chaleur du sous-bois prenait à la gorge mais Vaas s’y était habitué au fil des années. L’air chargé d’humidité rafraichissait autant qu’il asséchait mais la déshydratation était loin d’être le cadet de ses soucis. La jungle était dangereuse, et malgré la sûreté relative de ce chemin qu’ils empruntaient souvent, ils n’étaient jamais à l’abri d’une embuscade de rakyats ou d’un animal en maraude. C’est pour cela que le molosse était là, tirant un peu plus fort sur sa laisse chaque fois qu’il percevait une nouvelle odeur. Il leur restait encore dix minutes de marche jusqu’au bar de la côte, là où semblaient s’être regroupés les touristes. Les gérants ne poseraient pas de questions ou alors ce seraient leurs dernières. Après tout, ils avaient l’habitude.

Brusquement, le chien se mit à s’exciter, aboyant avec force en direction des fourrés. Sans attendre, Vaas dégaina et tira plusieurs fois en l’air, jusqu’à entendre le bruit caractéristique du chargeur vidé de ses projectiles. Pourtant, le calme ne revint pas, le chien continuant de gronder furieusement. Un sourire se dessina alors sur le visage torturé de l’iroquois. Ce n’étaient pas des rakyats : ils auraient déjà lancé l’assaut depuis longtemps. Ce n’était pas non plus une bête, sans quoi elle aurait pris peur. Ou plutôt si, c’en était une. Une bête très particulière. Dont l’odeur lui titillait à présent les narines.

« Ohééé… Ma biche… Montre-toi… ». Pas de réponse. « Allez, je sais que t’es là… Tu pues à trois kilomètres… ». Cette fois-ci, la machette d’argent taillé se ficha dans le sol, entre les jambes de Vaas. Alors que le pitbull entrait dans une rage folle, un être dépenaillé émergea des buissons. La barbe drue couvrant ses joues était constellée de débris végétaux, tout comme sa veste anciennement bleue maculée de sang séché. Seul son torse restait impeccablement nettoyé, propre, épilé. Le chevreuil qui y trônait paraissait le fixer de ses yeux de chair, surplombant les quatre lettres écrites à l’encre noire. Buck.

« T’es sur mon territoire… ; grogna le sauvage ; Qu’est-ce que tu fous-là ? ». Le sourire de Vaas s’élargit. « Alors, ma gazelle, comment ça va ? Tu as apprécié mon petit cadeau ? Merci de m’avoir rendu mon émissaire en un seul morceau en tous cas… ». Buck se mit alors à ricaner. « L’était trop tendre de toutes façons… Et ouais j’ai apprécié ton cadeau. Mais c’est pas pour autant que je vais te laisser traîner dans le coin. On avait un accord. Le coin Est est à moi. C’est mon terrain de chasse. ». « Ok.Ok. ; fit Vaas ; Mais peut-être que tu devrais m’écouter avant, ma biche. J’ai un petit plan dans lequel tu pourrais jouer un rôle de choix. ».

« Je marche. » lâcha Buck en se passant un bras contre les lèvres, chassant la substance poisseuse qui les recouvrait jusque là. « Génial, hermano. Donc t’as compris ? Je vais t’en offrir un gracieusement et en échange, tu me promets de la garder vivant pendant un petit temps. ». « Vivant d’accord. En un seul morceau, je ne peux pas te le garantir… » sourit le sauvage alors que lui et Vaas échangeaient une poignée de main. « J’attends mon invité avec impatience… » lâcha-t-il en disparaissant dans les fourrés avec l’agilité d’un fauve. « C’est ça, ma gazelle… » répondit Vaas en reprenant sa route, le molosse tenu par Jorge retrouvant enfin son calme.

Cela avait été facile. Trop presque. Ils étaient pratiquement tous complètement saouls quant ils les avaient trouvés, et il avait suffi de les transporter jusqu’à la cabane où ils avaient été fourrés dans des cages en bambou en attendant les ordres. Observant ses nouveaux prisonniers ivres morts sous le halo blafard de la lune, le regard de Vaas s’arrêta sur un individu en particulier. Un jeune homme, mal rasé, qui semblait trouver encore la force de garder une paupière ouverte. « T’es… T’es qui toi… » souffla-t-il difficilement. « Moi ?; fit mine de s’étonner Vaas ; Mais je suis toi… Et toi, tu es moi… ». Le garçon haussa un sourcil, son cerveau embrumé par l’alcool coordonnant ses gestes avec difficulté. « Hmmm ? ». L’iroquois se mit à sourire. « Quel est ton nom, hermano ? ». Le jeune homme parut pris d’un éclat de rire soudain. « Ja…Jason… Je ». Mais il n’eut pas le temps de finir sa phrase, le contenu de son estomac lui remontant le long de la gorge pour finir sur ses genoux. Observant son prisonnier s’endormir couvert de son propre vomi, Vaas ne put s’empêcher de lâcher. « Jason, mon pote… je crois que tu me plais. ».

« Lesquels on garde ? » demanda Ustillo, occupé à planter son couteau dans le bois de la table sur laquelle il était assis. « Les filles ; précisa son chef ; plus un ou deux mecs. ». « Au hasard ? ». « Non. Prenez les deux au T-shirt bleu, plus celui habillé en rose. Celui-là, traînez le dans le bois, et Buck le réceptionnera. Ce connard est sûrement en train de nous observer. ». « Le reste, c’est pour Hoydker ? ». Vaas hocha la tête, avant de se reprendre. « Laissez celui qui s’est gerbé dessus dans sa cage. Je m’en occuperais moi-même. ».

Le dénommé Jason dormait toujours quant l’iroquois revint l’observer. Il avait lu quelque chose dans ses yeux. Quelque chose qui allait l’aider, lui. Sans un bruit, Vaas fit sauter le loquet de la cage en bambou sans réveiller le jeune homme occupé à ronfler. Il s’enfuirait. Il chercherait à sauver ses amis. C’était certain. Et surtout, il survivrait. Vaas le savait, dans un certain sens il lui ressemblait. Il serait son arme. S’il échappait à ses hommes et aux prédateurs, il tomberait sur Citra. Alors elle l’entraînerait comme elle avait entraîné son frère. Ce Jason allait régler ses problèmes : Buck, Hoydker… Autant de connards qu’il lui faudrait combattre pour espérer rester en vie et sauver ceux qu’il aimait.

Il serait son rat de laboratoire, et l’île serait le labyrinthe. Un labyrinthe truffé de pièges mortels, où seul Vaas tirerait les ficelles. Le tout serait de rester dans son rôle. De ne pas tomber le masque. Il faudrait que le garçon en vienne à le haïr, à souhaiter sa mort. Ses hommes seraient remplaçables et il pourrait concéder certaines pertes. Si Jason survivait, il ferait le ménage sur l’île, qui finirait enfin par lui revenir. C’était un plan de dingue, un pari un peu fou. Un jeu du chat et de la souris grandeur nature.

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T’as aimé…ou pas

T’as tout lu, tout vu, tout entendu…ou pas

Peu importe, post un com et like la page pour dire que tu existes car ton avis est important pour moi, mais aussi pour le futur de ce blog, un gros merci d’avance !

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mardi, 02 octobre 2012 | Lien permanent | Commentaires (3)

Queen Save The God [Nouvelles/Humouroïd]

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Bonjour, je m’appelle Sébastien et je vous présente mon père, Freddy Mercury. Nous viv… Quoi ? Je sais bien que c’est le célèbre chanteur du groupe Queen, vous ne m’apprenez rien. Mais il se trouve que c’est aussi mon père. Le fait est que je ne m’en suis pas aperçu tout de suite. Ca a mis un peu de temps.

Au début j’étais comme vous. J’avais un père tout à fait ordinaire. J’avais juste remarqué qu’il ressemblait beaucoup à Freddy Mercury. Même moustache, même énergie, mêmes dents en avant. Mon père m’a expliqué que cette particularité était due au fait qu’il avait longtemps sucé son pouce, bien après l’âge limite. Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Je n’ai jamais dit que Freddy Mercury avait longtemps sucé son pouce après l’âge limite.
Tout comme Freddy, mon père passait beaucoup de temps torse nu, peut-être parce qu’il était fier de sa pilosité, je n’ai jamais vraiment su. Ce qui est certain, en revanche, c’est que comparé à Freddy, mon père avait le nombril un peu plus loin des hanches, si vous voyez ce que je veux dire.
Bref la ressemblance n’était peut-être pas très frappante pour le reste du monde, à commencer par ma mère, mais pour moi c’était une évidence qui devenait de plus en plus…évidente !

Dans ma grande naïveté, ignorant encore la véritable identité de mon géniteur, je m’étais contenté jusqu’alors de piètres explications concernant les évènements majeurs de notre vie familiale.
Le divorce, par exemple.
Pendant un certain temps, j’ai accepté l’idée que mes parents s’étaient séparés parce que mon père était devenu très égoïste. En période de vache maigre, dévorer le seul steack de la maison en entier et devant son fils, vous appelez ça, comment ?

Et puis il y avait pas que ça.

Il s’était fait progressivement une belle petite cagnotte qu’il plaçait dans une boite d’une grande sobriété, elle-même rangée dans un placard et dont on ne voyait, évidemment, jamais la couleur. La couleur de l’argent, pas celle de la boite. La boite, elle, elle était bleue et ronde, je m’en souviens très bien. Il la sortait et la remettait en place sans le moindre effort pour se cacher, comme pour dire : « Vous voyez, moi, j’ai réussi. Moi je ne galère pas. Moi, la crise ? Connais pas !» Ce qui constituera par la suite son leitmotiv préféré pour nous rabaisser, ma mère et moi.

Mais tout cela a changé le jour où j’ai compris qui était vraiment mon père. Et c’est alors que j’ai compris que la véritable raison du divorce était en fait que ma mère ne supportait plus que mon père chante sans arrêt même pendant les heures de repas et à l’occasion aussi pour stimuler sa sexualité. Je m'en souviens comme si c'était hier. La vie de couple l'avait semble-t-il usé, blasé. Il rêvait très certainement depuis longtemps de changement, de liberté, car à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, il nous servait invariablement le même refrain :


Vous imaginez le choc ? Je devais avoir douze ans à l’époque et réaliser que j’avais vécu tout ce temps sous le même toit qu’une super star mondiale de la musique sans jamais m’en apercevoir a de quoi vous chambouler quelque peu le cerveau, vous en conviendrez. Mais le pire, c’est que j’ai compris tout cela seulement après mon choix. Oui, divorce oblige et ayant l’âge requis pour choisir avec qui vivre, j’ai choisi ma mère, ignorant bien sûr ma monumentale erreur.

Cela dit, les premiers temps, je n’ai pas été malheureux avec elle. Bien au contraire. On a déménagé dans une petite ville très agréable et loué une belle maison avec un grand jardin. Ma mère avait l’air vraiment heureuse et libérée. Ca me faisait plaisir de la voir ainsi. Mais au bout d’un moment, quand j’ai deviné que mon père n’était autre que Freddy Mercury, j’ai arrêté de la regarder et j’ai commencé à être vraiment triste. Le bonheur des uns…

Je me suis alors beaucoup réjoui lorsque le premier week-end de visite de mon père est arrivé. Ce qui n’a pas manqué de consterner ma mère.
- Tu n’es pas rancunier, toi ! Après tout ce qu’il nous a fait subir, même à toi ! Il en a de la chance, d’avoir un fils comme toi !
Ce que ma mère semblait ignorer, c’est que j’avais moi-même beaucoup de chance d’avoir un père tel que lui.
Lorsqu’il vint à la maison, ce fameux week-end, l’atmosphère fut pour le moins tendue, mais rien d’étonnant à cela. Peu de mots furent échangés. Moi, je cachai difficilement mon enthousiasme. J’avais tellement de temps à rattraper.
Je claquais un bisou sur la joue de ma mère et m’engouffrai dans la rutilante Plymouth Fury 1958 rouge sang de mon père.
- Putain, mais c'est Christine, la vedette du film de John Carpenter ! Où tu l'as dégotée ?
Mon père fit un geste aérien de la main :
- Oh, juste un petit gage de mon voyage au bout de l'Enfer !
Je pensais évidemment qu'il utilisait une métaphore pour évoquer les douleurs de son ancienne vie conjugale. Mais j'apprendrai - et vous aussi - que c'était loin d'être une simple image.
Pour ce qui est de la voiture, je comprends tout à fait votre étonnement. Mais il faut que vous sachiez que Freddy était quelqu’un de très discret en dehors de ses représentations publiques. Une fois qu’il redevenait mon père, il redevenait du même coup un homme simple, humble, presque anonyme. Un type comme les autres, quoi !

- Ca te dirait qu’on aille faire de la plongée sous-marine au milieu des requins et des méduses ?
Bon, il avait toujours ses petites manies de milliardaire, hein, on se refait pas ! Et puis, moi, personnellement, ce genre de caprice, quand on se trouve être son fils, bizarrement, ça dérange pas plus que ça. Allez savoir pourquoi.

En cours de route, on a pourtant changé nos projets. Je soupçonne mon père d’avoir sorti cette histoire de plongée pour noyer le poisson devant ma mère. Moi j’aurais bien été incapable de la mener en bateau, mais mon père avait fait ça toute sa vie, c’était une seconde nature pour lui.
- Qu’est-ce que tu sais des démons ? me lança-t-il très sérieusement tout en filant vers une destination connue de lui seul.
Question paranormal, j’étais plutôt incollable à cette époque. Alors je me suis fait un plaisir de sortir ma science, histoire de lui en boucher un coin :
- Juste qu’ils sont les incarnations de nos péchés les plus inavouables et qu’ils viennent nous rendre visite dès que le mal fait son œuvre plus que de raison en ce bas monde qui est le nôtre.
Oui, j’étais aussi un peu poète. La fibre artistique, j’en avais un peu hérité, semblait-il.
Freddy siffla. Il était sur le cul. Oui, normal, il conduisait. Ce que je veux dire c’est que j’ai bien senti qu’il ne s’attendait pas à ce que j’en sache autant sur le sujet.
- Moi aussi j’aime bien Scooby-Doo, mais à part ça, qu’est-ce que tu sais vraiment sur eux ?
Ouais, j’avoue, sur ce coup-là, il a eu la dent dure avec moi. Mais je peux pas trop lui en vouloir. J’avais beau en savoir long sur les démons, j’avais jamais eu l’occasion de mettre tout ce savoir en pratique.
Comme s’il avait lu dans mes pensées, il a ajouté :
- Je crois que c’est le moment où jamais de te faire dépuceler.
J’avalai de travers.
- De quoi ?
C’est alors que j’ai réalisé qu’on roulait depuis un moment dans un paysage plutôt sombre et triste. Non, triste, n’est pas le mot. Inquiétant, plutôt. Non, pas encore ça. Super flippant serait plus juste. Une atmosphère tellement bizarre que le jour et la nuit semblaient eux-mêmes avoir perdu leurs repères.
- On va où, là ?
A peine avais-je formulé ma question, que la voiture arrivait à la hauteur d’une pancarte. Le temps se mit à ralentir comme pour me faciliter la lecture.
- C’est quoi la Tombée de l’Enfer ? Je connais pas cette ville.
J’entendis mon père sourire. Un son très inquiétant.
- C’est pas une ville, fiston, c’est une saison.
- Une saison ? Quelle saison ?
- Celle du Diable !
Il éclata de rire. Un son très très très inquiétant.
Des éclairs se mirent à zébrer le ciel d’un noir d’encre et les nuages se mirent à vomir des boules de feu à l’horizon. J’étais tellement paniqué que j’ai juste réussi à dire :
- T’as un parapluie, j’espère !
Au moment où j’ai dit ça, la pancarte s’est embrasée et Christine, qui avait pas pipé un mot depuis le départ, s'est mise à  faire la causette, comme à son habitude, via l'auto-radio :


Il existait bel et bien une ville et nous nous y arrêtâmes avec soulagement, la météo devenant franchement infernale. En fait de ville, c’était plutôt une modeste bourgade tout droit sortie de l’époque du Far-West, avec ces maisons typiques, très espacées et même le saloon en plein centre. Celui-ci était à l’enseigne de La Dernière Lampée, tout un programme.
- Viens, dit mon père en relevant le col de son imper en cuir noir, on va s’en jeter un.

On poussa les portes battantes et on entra dans le bar,  particulièrement bondé à cette heure. Faut dire que l’orage qui s’annonçait devait y être pour beaucoup.
Lorsque mon père s’avança, la pénombre de la salle sembla reculer d’un seul coup comme si elle savait à qui elle avait affaire. J’ai cherché les projecteurs et les techniciens sans jamais en trouver un seul. Plus tard, je comprendrai que ça faisait partie de la magie de Freddy. On s’installa à une table et mon père s’adressa à la propriétaire des lieux, une vieille matrone aussi bougonne que ridée et qui empestait le whisky à des kilomètres.
- Deux verres, Simone !
L’intéressée cracha sur le comptoir.
- Je sers pas les tafioles !
Mon père sourit.
- Elle plaisante.
J’avais du mal à m’en convaincre, mais nous fumes finalement servis et rapidement de surcroît.
- Qu’est-ce que c’est ? demandai-je en observant le contenu de mon verre sous tous les angles. La couleur était aussi incertaine que la nature du liquide.
- Du sang de succube. C’est pas très bon, mais ça protège des démons.
Sur ces mots, il vida son verre cul sec.
Je déglutis.
- Du sang de succube ? Tu me fais marcher, là ?
Mon père m’adressa un regard que je connaissais assez pour ne pas remettre plus longtemps ses dires en question. Il essaya de dédramatiser.
- C’est pas la mer à boire, fiston.
C’est alors que je m’aperçus que tout le monde dans le bar me fixait, comme si j’étais en train de passer un test décisif. Simone avait même cru bon, pour m’encourager, de me menacer avec un tromblon.
Je fermai les yeux et avalai la liqueur sans sourciller.
- J’en serai quitte pour une petite brûlure d’estomac.
Je n’avais pas plus tôt dit ça que des flammes me sortaient de la bouche. Mon père se baissa à temps et c’est le client derrière lui qui fit les frais de mon inexpérience en matière de breuvages ésotériques.
Dire que je ne me sentais pas à l’aise était un euphémisme. Je me retrouvai enfin seul avec mon père que je savais être l’un des plus grands chanteurs de la planète et j’avais la désagréable impression que cela ne sautait aux yeux de personne que je pouvais avoir besoin d’un minimum d’intimité pour partager un tas de choses avec lui.
Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, j’osai une requête :
- Dis, 'pa, tu voudrais pas me chanter quelque chose ? Je sais que c’est ton métier et que tu fais ça tous les jours, mais là on est tous les deux et ça me ferait vachement plaisir.
Mon père grimaça un peu avant de sourire et de hocher doucement la tête :
- Ok, fils.
Il me donna une pièce.
- Tiens, mets-la dans le juke-box.
Je comprenais pas trop sa réaction, mais je décidai de m’exécuter, pensant que cela faisait partie d’une mise en scène très étudiée. J’allais me rendre à la machine quand j’ai soudain été frappé par une vive inspiration. J’ai regardé mon père et je lui ai adressé un clin d’œil complice.
- Tous des tafioles ! gronda Simone avant de cracher dans un verre qu’elle essuyait.
Je pris une grande inspiration, conscient encore une fois que tous les regards étaient braqués sur moi. Je ne pouvais pas me louper. Ma réputation était en jeu et celle de mon père aussi, par la même occasion. Il était connu et respecté en ces lieux, cela ne faisait aucun doute. Il fallait donc que je gagne moi aussi mes galons de star.
J’ai relevé mon pouce et la pièce s’est envolée au ralenti. Chacun put l’observer à loisir tournoyer à travers la salle. Elle brilla de mille feux comme un diamant avant de retomber dans le crachoir placé à côté du juke-box.
Ma dignité se fit toute petite et moi avec. On m’épargna un concert de rires moqueurs, sans doute pour ne pas offenser mon père qui, l’air de rien, veillait au grain. Je haussai les épaules et allai bravement récupérer la pièce dans le crachoir, qui évidemment, n’était pas là pour rien, même si le sol tout autour démontrait que question précision, je n’étais pas le seul à avoir des progrès à faire.
Je glissai le jeton dans la fente...

...et au son des premières notes, j’oubliai instantanément mes déboires. Je me mis à glousser comme une poule.
- Génial ! On se croirait dans Higlander II !
Mon père me fixa et hurla :
- Ne perds

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lundi, 04 février 2013 | Lien permanent

Skyrim RP 5 : Dons et Malédictions [Skyrim]

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Dons, Malédictions, Tics, TOCS, Manies, Phobies, Addictions, trouvez ici de quoi relever votre RP au hasard ou bien à dessein ! Adaptez-les selon vos possibilités techniques, vos envies, vos besoins. Attention certaines combinaisons peuvent s’avérer… épiques !

00 Respect des Morts : Vous ne fouillez ni les cadavres, ni les cercueils.

01 Respect des Morts (version ultime) : Vous n’entrez pas non plus dans les repaires de Draugrs et ne combattez pas les morts-vivants (draugrs, squelettes, fantômes, etc…)

02 Amour Aveugle : Vous désirez vivre une folle passion, vous portez l’indispensable amulette de Mara. Bien. Vous allez juste tomber amoureux de la première créature qui vous accostera et ferez tout pour qu’elle vous suive où que vous alliez. Au pire, une de perdue…

03 Phobie des Insectes : Araignées géantes, abeilles, papillons, lucioles, ce sont tous des monstres effroyables. Une seule issue : la fuite !

04 Débilité : Vous êtes incapable d’assimiler correctement ce que vous apprenez. Répartissez aléatoirement tous vos points d’atout.

05 Boit-sans-soif : Vin, Hydromel, peu importe il vous faut votre dose, sans quoi impossible d’aligner deux mots, encore moins de combattre.

06 Parano : Tous les coffres sont piégés : vous n’en ouvrez aucun ! Tout le monde complote contre vous : vous ne parlez à personne ! Les potions c’est du poison : vous n’en buvez aucune !

07 Vigile de Stendaar : Vous vous faites un devoir de terrasser les créatures démoniaques telles que vampires, loup-garous, mort-vivants et daedras bien sûr. Vous ne pouvez changer de niveau que lorsque vous avez doublé votre total de victimes précédent en commençant à 1.

08 Piplette : Vous ne pouvez vous empêcher de parler à n’importe qui, même si ça doit vous attirer les pires ennuis !

09 Bouh ! L’absence de lumière vous terrorise et vous renvoie à de mauvais souvenirs. Impossible d’être dehors la nuit ou d’explorer des endroits sombres comme des souterrains sans une torche en main. Si vous êtes nyctalope, ça ne change rien, bien sûr !

10 Skoomaniaque : Il vous faut votre dose, sans quoi impossible d’aligner deux mots, encore moins de combattre.

11 Somnambule : Une fois sur trois vous vous réveillez en pleine nuit et vagabonder au hasard. En pratique, fermez les yeux et faites avancer votre personnage. Il ne se réveille que s’il est attaqué…ou si vous commencez réellement à vous endormir !

12 L’eau ça mouille : La vue d’une étendue d’eau profonde vous terrifie. Impossible de traverser à la nage. D’ailleurs savez-vous nager ?

13 Poissard : Une fois par jour choisissez au hasard dans votre inventaire un objet que vous perdrez. Oui, n’importe lequel. Et oui, définitivement.

14 Bon Samaritain : Vous avez le cœur sur la main, vous aidez quiconque vous le demande.

15 Pied Marin : Vous ne pouvez changer de niveau qu’à bord d’un bateau ou d’une barque.

16 Cleptomane : vous ne pouvez vous empêcher de voler. Pour vous le moindre objet a de la valeur, vous ne faites aucune différence entre un diamant parfait et un morceau de charbon.

17 Le Bon Chasseur : dès que vous voyez un animal, il vous faut le chasser, impossible de résister. Et tant pis si ça vous prend toute la journée (ou la nuit) !

18 Claustro : les endroits étroits c’est pas pour vous. Si c’est à peine plus large que vous, vous faites demi-tour !

19 Bourse Trouée : Vous avez pris l’habitude de perdre vos septimes. Malgré vous. Une fois par jour videz votre bourse d’un montant choisi aléatoirement. Fermez les yeux en déplaçant le curseur de vos finances quand vous ouvrez un contenant et abandonnez la somme obtenue.

20 Robin des Bois : Vous ne supportez pas les inégalités. Dépouillez les riches et faites en profiter les pauvres…qui à leur tour deviendront riches et se feront dépouillés. Ah ! Ah ! Et bien sûr interdiction de combattre vos amis les bandits et autres voleurs de tout poil !

21 Pyromane : Si l’eau ça mouille…le feu ça brûle. Et ça, vous aimez ! Combattez uniquement avec des sorts de feu et/ou des armes enchantées avec du feu. Vous ne pouvez changer de niveau qu’à côté d’un feu (de camp, cheminée, etc…)

22 Paupières Lourdes : Atteint d’une malédiction baptisée Narcolepsie, vous pouvez vous endormir à tout moment, de préférence après une grosse émotion, ce qui se traduit par une paralysie momentanée.

23 Deux Mains Gauches : Vous êtes la maladresse incarnée. Pour toute action requérant un tant soit peu de précision, vous échouez lamentablement. Rassurez-vous parfois la maladresse ça a du bon !

24 Syndrome de Merlin : Vous êtes passionné d’Alchimie, mais votre motivation dans cette discipline n’a d’égale que votre inaptitude. Faites le plus de potions possibles, sans jamais prendre d’atouts et avalez vos potions au hasard. Si vous subissez un effet contraire à vos intentions c’est que c’est bon !

25 Dragonheart : Vous ne pouvez changer de niveau qu’après avoir absorbé 3 âmes de dragon.

26 Rouillomètre à Zéro : Vous ne supportez pas le contact du métal sur votre peau. Vous ne portez aucune armure, aucune arme, ni aucun objet fait de cette matière. Si vous avez pris des coups par une arme faite en métal, vous devez absolument prendre une potion médicinale !

27 La Mort vous va si bien : Vous êtes suicidaire. Plus une situation vous paraît risquée, une issue désespérée et plus vous vous jetez dedans à corps perdu. Si vous mourez, ce n’est pas grave, rappelez-vous que ce  n’est qu’un jeu.

28 L’Ami des Bêtes : Vous êtes incapable de faire du mal à un animal même s’il vous prend pour cible. Et si des animaux se battent entre eux, vous faites tout pour les apaiser.

29 Xénophobe : Vous détestez tous ceux qui ne sont pas de votre race. Ce qui se traduit souvent par un mot plus haut que l’autre et un coup de poignard dans le dos.

30 Collectionneur : Plus un objet est inutile, plus il vous intéresse. Vous croulez sous le poids de votre passion. Vous battre avec un couteau et une fourchette ne vous pose aucun problème.

31 Highlander : Vous ne pouvez changer de niveau qu’après avoir décapité un adversaire.

32 Pique-Assiette : Votre devise : « Chez les autres, c’est toujours meilleur ! » Dès que possible vous vous invitez chez les gens pour partager leur repas… à condition qu’ils soient d’accord bien sûr !

33 Hypercondriaque : Vous êtes obsédé par les maladies que peuvent véhiculer les hommes, les animaux, les créatures, la végétation, l’air,… Vous devez avaler plusieurs potions médicinales par jour pour vous sentir en sécurité. L’avantage c’est que quand vous êtes réellement malade, ça ne dure jamais bien longtemps !

34 C’est le Nord ! Vous ne supportez pas les grands froids. Vous évitez l’altitude et dès qu’il neige, vous vous ruez vers un abri digne de ce nom. Et tant pis si c’est le repaire d’un prédateur !

35 Comme une Taupe : Votre perception de la réalité est légèrement déformée. Pour vous les ragnards et les crabes des vases sont des mammouths et des géants et inversement. Forcément, vous êtes toujours un peu surpris par la force de vos adversaires !

36 Horreur Boréale : Ces phénomènes célestes que sont les aurores boréales vous terrifient. Vous y décelez l’œuvre de forces maléfiques à l’œuvre. Dès que vous en voyez une vous vous enfermez quelque part.

37 Pacifiste : Vous êtes allergique au conflit, qu’il soit oral ou physique. Vous le fuyez comme la peste. Et tant pis si votre égo en prend un coup ! Lâche ? Toujours en vie en tout cas !

38 Les Autres c’est l’Enfer : La solitude est votre philosophie. Vous fuyez toute forme de société. La Nature, il n’y a que ça de vrai !

39 Schizophrène : Votre esprit est l’arène où s’affrontent allègrement Divins et Daedras. Autrement dit, vous passez votre temps à faire des choses contradictoires.

40 Fantasia : En tant qu’apprenti sorcier vous êtes passé maître dans l’art de rater tous vos sorts. Votre niveau de magie et vos compétences de magie doivent être toujours plus bas que les sorts que vous utilisez. Améliorez en priorité votre santé et votre endurance, vous en aurez besoin !

41 The Shield : Vous ne vous battez qu’avec un bouclier.

42 Ragnar de Bibliothèque : Vous êtes un érudit, votre pouvoir provient uniquement des livres que vous lisez. Vous ne montez de niveau que lorsque vous doublez votre nombre de livres lus.

43 L’Arme à Gauche : Vous n’utilisez que des armes avec votre main gauche.

44 La Bonne Pioche : Votre seule monnaie est le minerai que vous extrayez. Et les pierres précieuses si vous avez la chance d’en trouver !

45 Color of Night : Vous ne supportez pas la vue du sang, le vôtre comme celui d’autrui. Vous neutralisez vos adversaires avec de la glace ou des sorts de paralysie. Si vous avez vu le sang couler, vous devez impérativement vous nettoyer les yeux pendant une heure dans un point d’eau ou faire une prière sur l’autel d’une divinité avant de pouvoir faire autre chose.

46 The Voice : Vous aimez moins vivre des aventures épiques que les raconter. Après avoir assisté à un évènement mémorable, vous devez colporter la nouvelle auprès du plus grand nombre, armé de l’instrument de votre choix. Et tant pis si personne ne vous écoute, après tout, vous êtes votre plus grand fan !

47 Le Centaure : Vous ne vous déplacez en extérieur qu’à cheval et ne combattez que sur votre monture.

48 A la Masse : Vous ne vous battez qu’avec des masses.

49 Tomb Raider of The Lost Arch : Vous êtes assoiffé de trésors antiques et légendaires synonymes de puissances oubliées. Vous vous abreuvez de rumeurs et de contes écrits avant de vous ruer dans des souterrains jalonnés de pièges et d’énigmes. Et puis ce sera toujours ça de moins dans la poche des impériaux !

50 L’Empire contre-attaque ! Tuer des Sombrages rebelles avec vos éclairs, c’est bien !

51 Héritier Compulsif : Dans votre soif de devenir un guerrier accompli, polyvalent, vous ne pouvez vous empêcher d’échanger votre équipement avec celui de votre dernier ennemi vaincu quel que soit sa nature. Le changement, y a que ça de vrai !

52 L’Enfance de l’Art : Vous n’avez jamais dépassé l’âge de l’innocence : courir après les papillons et combattre les drago

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samedi, 15 février 2014 | Lien permanent | Commentaires (8)

CRIMinalité INtensive [Nouvelles/Anticipations]

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 Prologue

 

Jimmy prit le temps de s'interroger une dernière fois sur l'utilité de son geste.

C'était vraiment tentant, un peu comme donner un bon coup de pied dans la fourmilière et regarder les dégâts se propager. Et puis, il avait pris ses précautions. Personne ne saurait que c'était lui. Il n'en était pas à son coup d'essai. Mais cette fois, ça risquait de foutre une belle pagaille. Tant mieux. Il avait toujours été un peu rancunier, alors forcément de se voir interdire l'accès au forum pour propos injurieux, il n'avait pas pu le digérer. Après tout, il n'avait fait que dire tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas.

Il appuya sur la touche, scellant le destin de beaucoup de personnes.

Un sourire s'étira sur son visage d'ado boutonneux.

- A vous de jouer, les gars !

 

CHAPITRE 1

  

John Carson ouvrit les yeux et regretta aussitôt son geste. Il se rappela qu'il vivait dans un monde à bout de souffle. Il jeta un regard au cadran du réveil. Il afficha 6:66 pendant quelques secondes avant d'annoncer plus sérieusement 6:00.

John poussa un soupir. Même les machines devenaient folles.

En se tournant vers la gauche, il oublia momentanément ses idées noires à la vue d'une épaule et d'une jambe gracieuse émergeant de sous le drap. Sa bouche couvrit la première et sa main épousa la seconde. La lumière qui filtrait à travers les persiennes miroitait sur les parties du corps ainsi exposées comme pour l'inviter davantage à s'y attarder.

- Il est un peu tôt, non ? fit la voix enrouée de Linda.

John sourit. Il connaissait ce ton là par cœur. C'était facile de lire entre les lignes après sept ans de vie commune. Tout en continuant à la caresser du bout des doigts, il plongea son visage dans ses boucles blondes:

- Je ralentis ou j'accélère ?

Il l'entendit sourire à son tour.

- Je te laisse deviner.

Elle se tourna vers lui. En scrutant son visage, même maquillé par la pénombre, il se félicita d'avoir ouvert les yeux  de si bonne heure. Il l'embrassa, sa main continuant de masser paresseusement sa cuisse. Elle commença à gémir. L'explosion fut si violente qu'elle ébranla l'appartement.

John bondit du lit :

- Putain, qu'est-ce que c'était ?

Linda s'alarma.

- J'espère que ce n'est pas la bibliothèque. J'ai vu une bande tourner autour ces derniers jours.

John enfila son pantalon de pyjama, prit quelque chose dans sa table de chevet avant de se diriger vers l'entrée. Linda le rejoignit rapidement dans une chemise de nuit vaporeuse.

John ouvrit la porte. N'eut été le vacarme précédent, il aurait pu penser que le brouillard avait recouvert le quartier. Mais il sut qu'il s'agissait en fait d'un monstrueux nuage de fumée. Il était si épais qu'il distingua à peine le vieil homme qui s'époumonait en traversant la rue à vélo :

- C'est la bibliothèque ! Ils ont détruit la bibliothèque, ces petits fumiers !

John s'avança aussi loin que le lui permit la main ferme de Linda.

- Je crois que c'est Henry Swift.

John plaça ses mains en porte-voix, exhibant sans le vouloir le pistolet qu'il tenait dans sa main droite :

- Henry ? C'est John et Linda. On est là !

Ils entendirent les vieilles roues métalliques grincer indiquant que le vieil homme avait entendu leur appel et ralentissait.

- Vous avez vu ce foutoir ?

N'eut été la catastrophe,  John se serait laissé gagner par la joie de revoir leur voisin préféré.

Un moteur de deux roues pétaradant couvrit sa réplique.

John s'avança un peu plus. La fumée semblait se dissiper légèrement grâce à la brise matinale.

Henry était bien là, sur son vieux machin rouillé qu'il appelait affectueusement « son poney ».

Il portait son affreuse chemise à carreaux qui semblait ne jamais le quitter, qu'il vente ou qu'il neige.

John lui sourit. Henry ouvrit la bouche, mais ses mots furent engloutis par le bruit du moteur qui se rapprochait rapidement. John vit Henry se tourner en direction des arrivants. Des voix de pré-pubères crièrent par-dessus le vacarme de l'engin :

- Eh papy, t'as oublié de prendre tes suppos !

Le staccato d'une arme automatique résonna affreusement. Il  ne s'était pas interrompu que Henry Swift gisait déjà au sol, son vélo couché sur la route et sa fidèle chemise à carreaux poissée de sang. A la vue de son corps sans vie, les yeux de John s'agrandirent et son visage se tordit.

Il pointa son arme vers la moto, mais la main prompte de Linda fit avorter son geste.

Le bruit du moteur s'éloigna et la moto disparut dans un concert d'éclats de  rire.

John se tourna vers Linda. Les yeux bleus de la jeune femme jetaient des éclairs.

- Tu veux leur ressembler ? Tu veux devenir comme eux, à distribuer la mort comme on distribue des journaux ?

- On ne peut pas les laisser continuer à foutre cette ville en l'air, merde ! Henry vient d'y passer sous nos yeux. Après, ce sera le tour de qui ? Toi, moi ?

- On n'a qu'à partir ! Qu'est-ce qui nous en empêche ? Il y a bien un endroit en sécurité !

- En sécurité? Tu lis les journaux comme moi. C'est partout pareil. Tout le monde est devenu fou et ceux qui ont encore leur tête finissent comme Henry.

Sur ces mots, John alla s'agenouiller auprès du vieil homme dont il ne put que constater le décès.

Linda s'approcha avec peine.

- John, ne reste pas là. Ils pourraient revenir !

- Qu'ils reviennent, ces petits salauds. Je les attends !

 

Heureusement ils ne revinrent pas. Une ambulance miraculeusement épargnée emporta le cadavre de Henry Swift. La police ne vint pas recueillir leur déposition. Il y a longtemps que la police ne venait plus pour ce genre de choses. Dehors c'était la guerre et les flics étaient depuis longtemps en première ligne.

 

John et Linda s'étaient consolés du drame du mieux qu'ils avaient pu. Ils avaient beaucoup discuté. Ils avaient chacun élevé la voix. Mais ils avaient fini par tomber d'accord. Ce meurtre gratuit avait été la goutte d'eau pour eux. Ils partiraient vers une île perdue dès le lendemain. Le temps de régler quelques affaires courantes, de faire leurs bagages et ils monteraient dans un petit avion loué à un ami qui habitait en dehors de la ville.

- Tu as raison, avait dit John. Si je reste ici encore quelques jours, je finirai par ne plus pouvoir répondre de mes actes.

 

Le soir, Linda était allée faire des courses pendant que John terminait de remplir sa voiture. Tandis qu'il vérifiait le contenu du coffre, la lumière du jour déclina brusquement et levant la tête, il vit la lune monter brusquement dans le ciel comme tirée par un fil invisible. Il secoua la tête. Il était vraiment fatigué. Il était temps que cette journée se termine.

 

Linda abandonna sa voiture sur le parking du supermarché. Elle avait vu peu de gens. Elle n'avait pas osé leur annoncer son départ. De peur sans doute qu'on lui rétorque que sa tentative était vaine.

Elle essaya de chasser ses sombres pensées. Le soir était étrangement calme et l'air vivifiant. Elle trouvait que c'était une bonne idée de rentrer à pieds pour goûter une dernière fois l'atmosphère de cette ville dans laquelle ils avaient séjourné depuis tant de temps.

Elle regarda les sacs qu'elle portait. Elle avait presque envie de se convaincre que c'était un soir comme ceux d'avant, du temps où rien ne perturbait le quotidien, où rien ne menaçait le bonheur cousu au fil des ans avec l'homme de sa vie. Les sacs étaient lourds. John la sermonnerait sûrement d'avoir laissé sa voiture. Mais cela la fit sourire. Un nouveau départ les attendait quelque part. Incertain. Mais ils étaient ensemble. Le reste importait peu en regard de cela.  Elle n'était plus très loin. Elle pouvait même apercevoir la silhouette de John arc-bouté sur la voiture éclairée par le réverbère. La lune était pleine et brillait au-dessus  de la rue.

Elle songeait à l'avertir de son arrivée lorsqu'elle perçut une présence à ses côtés.

 

Le cri déchira le silence comme un éclair peut déchirer la nuit. John se redressa violemment. Il ne pouvait se méprendre sur le son de la voix.

- Linda !

Il courut dans la rue comme un fou. La vision de Henry Swift sans vie revint le hanter. Il la chassa rapidement. Il n'eut pas à courir longtemps. Il trouva le corps allongé sur la route au milieu des aliments et des objets épars. La tête reposait à même le trottoir. Le poignard avait frappé à plusieurs endroits avec la même effroyable indifférence. Un autre tueur fou était en liberté et Linda venait d'en payer le prix. Ses paroles du matin résonnaient maintenant de manière prophétique à son esprit pourtant assoiffé de rationalisme. Ses poings frappèrent le bitume sans qu'il en prenne conscience, y laissant deux inquiétantes cavités.

John ancra son regard sur le visage blafard de la femme de sa vie. Il évita d'attarder son attention sur les blessures profondes à l'image d'un équilibriste qui se désintéresse du vide pour mieux accomplir sa progression.

- Pourquoi tu n'as pas pris ta voiture, pourquoi ?

Une larme coula sur la joue de Linda.

- Il faisait si bon, John. Il faisait si bon.

John saisit son portable - qu'il ne se rappelait pourtant pas avoir emmené - et composa le numéro des urgences.

- Comment il était ? Dis-moi comment il était ce fils de pute !

- Il était jeune. Si jeune. Un enfant avec des yeux bleus. Magnifiques. Tu sais, j'ai cru qu'il voulait m'aider à porter mes courses. Comment je peux être encore aussi naïve après...

John plaça un index sur ses lèvres.

- Ne parle plus, chérie. Economise tes forces. L'ambulance va arriver.

John entendit la voix d'un opérateur. Il essaya de parler calmement.

- Ma femme a été agressée. Elle est grièvement blessée. Elle s'appelle Linda Carson. Oui, je suis avec elle. Très bien. Nous sommes à ...

John ne sentait plus le pouls de Linda. Ses yeux étaient toujours ouverts, mais ils le fixaient sans ciller en un regard désespéré qui lui figea le sang.

- Elle est partie, murmura-t-il sans y croire.

L'opérateur le bombardait de questions, mais John lâcha le téléphone, incapable d'écouter autre chose que le silence de mort qui venait de recouvrir sa femme comme un linceul.

- Linda.

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samedi, 01 août 2009 | Lien permanent | Commentaires (8)

The Dark Knight : Gotham Legends

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1

 

Le jeune garçon s’ennuyait. Il avait quitté le confort de sa chambre et était sorti en douce de l’orphelinat malgré l’intimidant climat. Le froid soufflait sur la ville depuis plusieurs semaines, annonçant un hiver plus rude que les précédents. Pour les plus superstitieux, c’était même le signe d’une saison redoutée depuis plusieurs années : le retour  d’un âge sombre pour Gotham. On leur pardonnait volontiers. La ville avait purgé ses vices depuis un moment. Il fallait bien s’occuper l’esprit.

Le garçon dessinait quelque chose sur la vitre embuée. Une silhouette familière, autrefois indissociable de la ville. Mais plus au goût du jour depuis longtemps et désormais de sinistre mémoire. Une ombre imposante le recouvrit. Il se retourna. Ses yeux se mirent soudain à briller.

- C’est toi ?

Le visiteur s’agenouilla sans un mot et posa une main sur l’épaule de l’enfant. De l’index, il effaça le symbole tracé sur le verre.

 

2

 

Bruce Wayne se négligeait. Lui, et tout son empire. Il en avait conscience et pourtant il avait fini par y prendre goût.

Une canne à la main, le visage mangé par une barbe fournie, il faisait les cent pas dans le manoir en cherchant un nouveau sens à sa vie. Dans ses meilleurs jours. Le plus souvent, il restait au lit, l’esprit torturé par le passé, par les évènements qui l’avaient conduit à devenir le sauveur, puis le paria de Gotham. Il se sentait prisonnier comme il ne l’avait jamais été. Il ne regrettait pas son choix d’avoir endossé les crimes de Double Face, mais cela ne changeait rien au fait que sa vie s’était arrêtée depuis. Privé de son alter ego, il mourait à petits feux. Et avec lui, beaucoup de choses qu’il avait érigé, défendu. Wayne Enterprises connaissait une situation de crise alarmante. Il ne lisait plus les journaux, mais il devinait aisément en dévisageant Alfred que la presse n’était pas tendre envers lui. Les habitants non plus. Finalement, il avait réussi à devenir aussi impopulaire que Batman. Cruelle ironie.

Malgré cela, l’envie de sortir au grand jour le taraudait depuis déjà une semaine. Un désir impérieux de crever l’abcès une bonne fois pour toutes. Il s’amusait en s’imaginant que tel un vampire, il se consumerait au contact du premier rayon de soleil. Quoi de plus naturel pour une chauve-souris à taille humaine ? Il s’aperçut qu’il riait tout fort dans sa chambre lorsque Alfred frappa à la porte.

- Oui.

Le majordome entra. Il avait cessé d’être inquiet pour son maître. Il était exaspéré.

- Vous faites vraiment peine à voir.

Bruce sourit nerveusement.

- Je fais ce qu’il faut.

Alfred fut imperméable à son humour.

- Non, vous ne faites rien depuis longtemps.

- Ne pensez-vous pas que j’en ai assez fait ?

Alfred le toisa comme un enfant indiscipliné.

- Vous vous reposez sur des lauriers fanés depuis belle lurette. Des gens ont toujours besoin de vous et vous avez toujours les moyens de les aider. Nul besoin de masque et de cape.

- Peut-être que je ne me sens pas assez aimé pour vouloir leur offrir quelque chose.

- Quand allez-vous faire votre deuil de Batman ? Vous existez sans lui que cela vous plaise ou non.

- Je l’ai sacrifié au nom de l’espoir. Je l’assume comme je peux.

- Aujourd’hui c’est l’espoir lui-même que vous sacrifiez, celui que les habitants ont placé en vous, Bruce Wayne.

Alfred avait les yeux humides. Bruce n’aimait pas le voir souffrir surtout quand il se savait responsable. Mais il détestait faire l’objet de ses brimades.

- Gotham est en paix. Pas moi.

- Elle n’a plus besoin de justicier car vous avez fait ce qu’il fallait. D’ailleurs il y en a un nouveau semble-t-il.

La main se crispa sur le pommeau de la canne.

- Quoi ?

Alfred s’occupait à ranger la chambre et répondit distraitement :

- Un bienfaiteur anonyme. Il a racheté l’orphelinat et a promis d’y pourvoir.

Alfred guetta une réaction de son maître qui feignit maladroitement l’indifférence. Alors il ajouta avec délectation :

- Pour les huit prochaines années.

Bruce sortit enfin de ses gonds.

- Qui est-ce ?

Alfred fit mine de quitter la pièce comme si la réponse avait peu de valeur. Mais son sourire victorieux en disait long.

- Il parait qu’il est à l’orphelinat en ce moment même pour une courte visite. En partant maintenant, avec un peu de chance, vous devriez pouvoir le rencontrer.

 

3

 

 Sur la route menant à l’orphelinat, Bruce regretta de ne pas avoir un masque à l’effigie d’un citoyen modèle. Le visage de feu Harvey Dent lui apparut. L’espace d’un instant, il envia le sort de l’ex-procureur. Perdre tout et y survivre était loin d’être une mort douce. Devenir le héros posthume de tout un peuple, cela par contre, c’était  l’idéal. Il avait servi cela à Dent sur un plateau. Il savait que cela avait été la bonne décision, le choix le plus raisonnable. Alors pourquoi le vivait-il si mal ?

Avisant un sans-abri sur le trottoir, il s’arrêta à sa hauteur. Ce qui ne manqua pas surprendre le malheureux.

- Vous avez quelque chose dont j’ai besoin.

Bruce lui tendit plusieurs billets.

 

4

 

Lorsqu’il arriva à l’orphelinat, emmitouflé dans un manteau miteux et la tête prise dans un vieux chapeau, il espéra être méconnaissable. Un nouveau costume ?

L’accueil était désert. Il contempla les lieux avec un pincement au cœur avant de s’engager dans un couloir. Il entendit du bruit venant d’une salle. La porte était ouverte. Il entra.

La salle était plongée dans la pénombre. Les rideaux étaient tirés. Une lampe de chevet posée à même le sol éclairait une silhouette massive debout au centre de la pièce. Bruce plissa les yeux pour mieux la distinguer. L’homme n’avait pas de cheveux et portait un masque sinistre qui cachait sa bouche comme une sorte de muselière. Il était vêtu simplement. Il faisait l’effet d’un bourreau attendant de prendre part à une exécution. Bruce sut intuitivement qu’il avait affaire au fameux bienfaiteur en même temps qu’à une menace tangible encore que difficile à évaluer. Il comprit que c’était un piège, une embuscade et qu’il était tombé dans la gueule du loup. Et Alfred qui avait cru bien faire en lui lâchant l’info.

- Qui êtes vous ? s’enquit Bruce avec un manque d’assurance qu’il espérait discret.

Deux enfants qui s’étaient dissimulés dans un coin vinrent tirer les rideaux. Un flot de lumière inonda la salle. Bruce eut un mouvement de recul. Pas seulement en voyant combien l’homme était gigantesque, mais aussi en lisant son nom écrit par des mains d’enfants sur tous les murs de la pièce, du sol au plafond, au point de recouvrir entièrement les parois telle une tapisserie à la gloire d’une sombre entité. Quatre lettres qui allaient bientôt devenir synonyme de cauchemar pour Bruce et Gotham.

Bruce se tint droit pour montrer qu’il avait compris et qu’il était prêt à résister, sa canne brandie comme une arme.

- Tu te prends pour Batman ?

Un garçon entra dans la salle par une autre issue. Il éteignit la lampe de chevet avant de rejoindre le géant aussi silencieux qu’immobile. Bruce le dévisagea intensément, manifestement troublé. Cela aurait pu être lui à l’âge où il avait perdu ses parents.

Bane prit la main de l’enfant comme si c’était le sien, une vision qui ne manqua pas de terrifier Bruce. Car il était évident que le lien qui les unissait était réel, presque palpable. Mais quand l’enfant parla à nouveau, ce fut pire encore.

- Pourquoi je devrais détruire Batman, alors que Bruce Wayne est tellement plus vulnérable ?

Il comprit que si la voix était de l’enfant, les paroles, elles, venaient d’un autre esprit. Il contempla le géant et son masque impénétrable. Comment faisait-il cela ? Comment projetait-il ses pensées dans la tête de cet enfant innocent, l’animant comme un pantin à sa guise, le pervertissant ?

Bruce comprit alors autre chose qui ne fit que le terrifier davantage. Si Bane avait un besoin vital de ces enfants, le besoin était réciproque. Les enfants inspiraient Bane et en retour Bane leur donnait la foi. Sa légende était sur toutes les lèvres des gosses de l’orphelinat. Même avant sa venue à Gotham, il se dressait déjà dans leur esprit comme un protecteur exemplaire, un père inébranlable. Ils l’attendaient désespérément, avec une ferveur quasi-religieuse depuis qu’ils avaient appris son existence et sa conduite héroïque vis-à-vis d'un gosse abandonné comme eux, dans une prison lointaine. Il était leur héros, leur sauveur, comme Bruce Wayne l’avait été en son temps. Bruce savait tout cela car lui-même avait entendu bien des fois cette légende étant enfant. Elle l'avait tant inspiré.

Batman pouvait peut-être vaincre Bane, mais il ne pouvait triompher d’un espoir aussi solide inscrit dans le cœur de centaines d’enfants. Et en cette heure, il était encore loin d’être redevenu Bruce Wayne, Batman encore moins. Pourrait-il seulement l’être à nouveau ?

Bruce vacilla, ébranlé par ce constat. Mais il ne pouvait pas flancher. Il fit l’effort de s’adresser à Bane plutôt qu’à l’enfant pour les dissocier définitivement.

- Tu ne me feras pas de mal devant cet enfant. Alors à quoi bon me menacer ?

L’enfant le fixait, mais Bruce l’ignorait superbement, n’ayant d’yeux que pour son véritable adversaire. Bane lâcha la main de l’enfant qui fit mine de quitter la pièce. Bruce comprit rapidement qu’il n’avait pas le choix. Face à la brute, dans son état qui plus est, il n’était pas de taille. Il plongea au sol et prit le garçon dans ses bras, perdant son chapeau dans le mouvement. Il serra le garçon contre lui plus que de raison et se tourna vers Bane comme pour le défier.

- Laisse-moi sortir et je le relâcherai.

Il vit les poings du titan se serrer. Il entendit son souffle. L’enfant ne semblait pas avoir peur, ce qui rassura Bruce. Avant qu’il n’en connaisse la véritable raison.

- Tu ne feras pas de mal à cet enfant. Alors à quoi bon négocier ?

Bruce se dirigea vers la porte. Il donna un coup de pied dans le panneau qui pivota. Tandis qu’il s’éloignait en courant dans la rue, un homme de main se présenta devant Bane :

- La caméra a tout enregistré.

Bruce n’avait pas eu le cœur de garder son otage. Le cœur ou le courage ? Le garçon revint près de son protecteur dont il serra la main comme s’il ne s’était rien passé.

Le sbire évita lui aussi de le regarder pour s’adresser directement à son supérieur :

- Nous diffuserons quand vous voudrez.

L’enfant sourit, puis le terrifiant tandem s’éloigna.

 

5

 

La vidéo montrant Bruce Wayne kidnappant un enfant de l’orphelinat fit bientôt la joie des internautes avides de nouveaux buzz. Privée de son et montée comme il convenait, elle présentait l’éminent golden boy comme un monstre et Bane comme un sauveur providentiel. L’imagination fit le reste, comme bien souvent.

Alors qu’elle était relayée par tous les journaux télévisés, au siège de la police, l’officier John Blake soupira longuement.

- Plus de Batman depuis huit ans et voilà que Wayne pète les plombs.

Debout à côté de lui, le Commissaire Gordon finissait de se préparer.

- A force de rester cloîtré dans sa tour d’ivoire, ça devait finir par arriver.

Blake pinça les lèvres. Il était encore jeune et inexpérimenté, mais son intuition surpassait celle de bien des vétérans.

- Je ne crois pas à cette version.

Il regarda franchement Gordon.

- Tout comme je ne crois pas que Batman ait tué Harvey Dent et les cinq policiers.

L’intéressé sentit bien le poids de l’accusation.

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jeudi, 02 août 2012 | Lien permanent

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