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mercredi, 24 juillet 2013

Christine [Cinéma/Critiques]

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Christine se la pète. Mais elle peut se le permettre !

CHRISTINE

Je n'ai pas honte à le dire, j'entretiens avec ce film une relation aussi charnelle que celle qu'entretient le héros avec sa voiture.

Chaque réplique, chaque plan, chaque musique est source de jouissance pour le cinéphile que je suis.

En adaptant le roman de Stephen King, John Carpenter s'approprie littéralement l'oeuvre d'un génie du fantastique en y apposant son propre génie. Résultat : un chef-d'oeuvre incontestable et indémodable.

Arnie, le héros du film. Adolescent timide, maladroit, complexé, que sa rencontre avec Christine va libérer, pour le meilleur et surtout pour le pire. Un personnage très stéréotypé que le jeu de Keith Gordon transcende littéralement en y apportant beaucoup de nuances et de crédibilité, dans sa faiblesse comme dans sa force.

L'incarnation du mal sous la forme d'une voiture rouge sang à l'esthétisme diablement léché est la première bonne idée du film, même si on ne la doit pas à Carpenter. Le fait est que le cinéaste la filme non pas comme une voiture, mais bel et bien comme un personnage, en cela il a déjà tout compris. Le modèle est photogénique à souhait et sa carosserie n'a rien à envier aux formes exquises d'une top-model.

John Stockwell (à gauche) incarne Dennis, le meilleur ami d'Arnie, grand frère, mentor et protecteur. Témoin impuissant de sa métamorphose, il se rapprochera de ses parents et surtout de sa petite amie pour devenir inexorablement son adversaire. A noter que John est devenu un cinéaste accompli.

Mais comment diable donner des sentiments, une personnalité à quelque chose d'aussi froid et mécanique qu'une voiture ? La deuxième bonne idée du film, faire de la BO un langage à part entière. Chaque chanson du répertoire rock des fifties est ainsi l'occasion pour la Plymouth de s'exprimer d'une façon claire et précise sur son ressenti comme sur ses intentions. Le Keep a Knokin de Little Richard lui sert d'alarme pour faire fuir les indésirables, le Pledging My Love de Johnny Ace est son chant d'amour pour Arnie, quant au Harlem Nocturne de The Viscounts (l'unique instrumentale) il illustre sa résurrection, servie en passant par des effets spéciaux hallucinants, même encore aujourd'hui, et qui ont le mérite d'avoir été faits en direct avec un procédé unique. Même son silence radio (littéralement) signifie quelque chose et Arnie de s'en inquiéter ouvertement et de la rassurer illico : "Rien n'est changé. Tout est comme avant." Véritable sésame qui sera récompensé par un vrombissement de moteur triomphal. Pour terminer on mentionnera le Not Fade Away de Buddy Holly et celui de Tanya Tucker servant de brillante transition entre les deux époques de l'histoire. La musique, le son unique de ces voix et de ces instruments font d'ailleurs tellement corps avec le film qu'on ne finit par ne plus savoir qui sert d'écrin à l'autre. John Carpenter ajoutant comme à son habitude sa propre patte.

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Avant d'incarner une naïade dans Alerte à Malibu, Alexandra Paul a été victime de la furie d'une...Fury ! La malheureuse Leigh fera les frais de sa relation intime avec Arnie. Si une femme peut être jalouse d'une voiture, l'inverse est vrai aussi. Leigh l'apprendra à ses dépens.

Le film s'ouvre et se referme sur le myhtique Bad to the bone (littéralement "Mauvais jusqu'à l'Os") de George Thorogood and The Destroyers ce qui en dit déjà long sur ce que Christine nous réserve (le film comme le personnage), chanson qu'érigera de nouveau en thème de puissance le Terminator 2 de Cameron, là encore associé à... une machine. Y a pas de hasard !

Autre plus value, une mémorable galerie de personnages secondaires qui loin de faire du remplissage comme c'est des fois le cas, donnent ici beaucoup de substance à l'oeuvre, nourrissant le héros et l'intrigue. La VF étant à ce titre très recommandé puisqu'elle met particulièrement bien en valeur la personnalité de chacun, mention spéciale pour Darnell l'inénarrable garagiste et Lebay, le vendeur de Christine, à qui on ne la fait pas.

Voici Christine, qui, susceptible comme elle est, risquerait de mal le prendre si je ne vous la présentais pas. Comme dirait Marty McFly : "Ca , c'est de la bagnole !"

Mais Christine ne serait pas le chef-d'oeuvre qu'il est s'il ne brassait pas autant de thèmes divers et précis, s'articulant subtilement et efficacement autour de l'intrigue principale à savoir la métamorphose de Arnie.

L'Amitié (elle sera mis à mal dans le film) - L'Amour (Arnie nous gratifie d'un beau plaidoyer en la matière que je vous laisse le soin de découvrir) - Le rapport Parents/Enfants "Tu n'as jamais pris conscience qu'une partie du rôle des parents était de tuer leurs gosses" dixit Arnie - L'Adolescence (Christine pouvant symboliser toute forme d'addiction pour la jeunesse à la fois libératrice et corrompante) avec en exergue l'Indépendance "Ils refusent de me voir grandir car il faudrait qu'ils admettent qu'ils vieillissent" dixit Arnie - Le Culte de la Voiture (évidemment !) - Le Culte de la Musique (évidemment ! bis)

En résumé, Christine, c'est un incontournable du 7ème art, du fantastique, de la filmo de Carpenter. Autant de maîtrise et d'inspiration force le respect et mérite largement le statut de fim culte au sens le plus noble du terme.

Le slogan du film est : Comment tuer ce qui n'est pas vivant ? Et si la vraie question était : Comment aimer ce qui n'est pas humain ? J'espère avec cet article vous avoir donné quelques éléments de réponse et de curiosité que ne renierait certainement pas Arnie.

 

Pour voir d'autres Belles Bagnoles issues du 7ème art, c'est ICI

 

BONUS

Un excellent fanmade qui nous permet d'entrevoir ce que pourrait donner une suite (non au reboot !) faite à notre époque.

 

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