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mardi, 02 octobre 2012

Chaîne Alimentaire [Fanfic Far Cry 3]

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La graisse fondue crépitait, bullant sous l’effet de la chaleur pour dégouliner le long des plaies. Les flammes, quant à elles, léchaient le museau en forme de groin du tapir, rôtissant la peau et la chair de l’animal, sous l’œil marqué par l’appétit des trois pirates.

Le trio, assis dans l’herbe grasse de la minuscule clairière, attendaient que leur repas ait fini de cuire, chacun vaquant à ses occupations alors que, masqué par les hauteurs de l’île et l’épaisse canopée couvrant la jungle, le soleil se couchait à l’horizon. Par acquis de conscience Cuchillo tourna la broche trois fois sur son axe, l’odeur de la viande grillée lui titillant les narines. A celle-ci se mêlait cependant l’autre. Celle de ce qui se consumait lentement parmi les braises du feu. Très désagréable. Cuchillo le savait, cela n’avait pas été une bonne idée. Ils auraient du s’en débarrasser autrement. Mais Samuel avait insisté, disant que ça leur éviterait d’attirer un tigre ou autre bestiole en maraude. Enfin, le morceau de tapir serait bientôt prêt et ce ne serait plus son problème. Pour une fois qu’ils avaient à manger sans se fatiguer. Pas besoin de traquer l’animal, juste de tuer son chasseur.

Alors qu’il plongeait ses dents jaunâtres dans la portion de tapir qu’on lui avait octroyée, Cuchillo jeta un œil à Samuel et Jonah. Seul le premier ne mangeait pas, toujours occupé à lustrer la chambre de son arme fétiche, un fusil à pompe rossmore 32. Plutôt rare sur l’île, car à vrai dire, Cuchillo n’en avait jamais vu dans d’autres mains que celles de Samuel. Il savait en revanche qu’il se procurait les cartouches spéciales de son arme à prix d’or, là où les balles de leurs AK-47 à lui et Jonah se trouvaient partout. Pour autant, Samuel conservait son précieux fusil et s’en occupait avec un soin presque maniaque, en oubliant presque de manger. Avalant une bouchée de tapir, Cuchillo était sur le point de lancer une discussion quant un sifflement brutal l’interrompit. Quasi immédiatement, Jonah bascula sur le côté, la flèche ayant pénétré à l’arrière de son crâne lui ressortant par l’orbite droite. Se relevant d’un seul geste, Samuel fit feu, tirant au hasard dans l’épais mur de végétation leur faisant face. Alors qu’au dessus de leurs têtes un vol d’oiseaux effrayé par les détonations filait à tir d’ailes, Cuchillo se plaqua au sol. Juste à temps pour éviter un second projectile mortel.

Ejectant la cinquième douille de la chambre de son arme, Samuel pressa une nouvelle fois la pompe de son arme, qui lui répondit par un cliquetis mécanique. Vide. Repérant alors à ses pieds l’arme de Jonah, encore pris de quelques spasmes post-mortem, il s’apprêtait à attraper le fusil mitrailleur quand une nouvelle flèche lui traversa le dos de la main, la clouant au sol. Le pirate poussa un hurlement déchirant, suivit d’un second au moment où un autre projectile s’enfonçait dans son épaule. Une seconde plus tard, la troisième flèche mettait fin à ses souffrances, lui perçant le haut du crâne en éclaboussant son foulard déjà rouge sang.

Voyant Samuel transpercé de toutes pars, Cuchillo fit sauter la sécurité de son arme et entreprit de mitrailler à l’aveugle, vidant son chargeur sur les fougères et arbres alentours. Les troncs explosaient en milliers d’esquilles tranchantes sous l’impact des balles alors que le pirate se vidait les poumons en hurlant, les muscles de son bras mis à rude épreuve par le recul de son arme. Une impression viscérale de puissance s’emparait de lui alors qu’il taillait en pièces la végétation, mélange de colère et de besoin de vengeance. Brutalement, quelque chose le fit chanceler, tomber en arrière. Alors qu’il heurtait le sol avec force, il eut juste le temps de jeter un œil au poignard enfoncé dans sa poitrine avant de voir surgir hors des buissons une forme à peine humaine. Ses lunettes à verres fumés lui glissèrent du nez alors que l’être approchait dans l’obscurité. Une petite seconde avant que ce dernier ne l’égorge, Cuchillo put voir son visage, à la lueur des flammes mourantes du brasier. C’était un tigre. Un tigre marchant sur deux pattes.

Retirant sa machette de la gorge du pirate, Rajatan contempla avec une certaine fierté le carnage qu’il venait d’accomplir. Il était moins fier d’avoir tué ces hommes en particulier que d’avoir vengé celui qu’ils avaient tué et dont les restes carbonisés se mêlaient à présent aux cendres du feu de camp. En temps qu’ami, cela avait été son devoir de lui rendre cet ultime service. Celui d’assassiner ses meurtriers un à un. Et ce, malgré le caractère officiel de sa mission. Citra devait certainement attendre son retour depuis des heures déjà, mais attendre le moment propice pour éliminer ces monstres nécessitait une certaine patience et surtout du temps. Du temps, Rajatan en avait justement à foison. Il n’était pas pressé : sa vraie proie n’allait pas s’envoler.

En guise de rituel, Rajatan attrapa l’une des griffes pendant autour de son cou et entreprit de s’en inciser la chair. A trois endroits différents, il effectua une nouvelle rayure rougeâtre, une goutte perlant systématiquement entre les marques tribales lui couvrant les bras et le visage. Les bandes noires lui barrant le visage rappelaient autant le prédateur qu’il s’efforçait d’imiter que ses dents, taillées en pointes. Il fallait frapper l’ennemi de terreur, insuffler la peur au plus profond de son cœur dès le premier regard. Et de toutes les bêtes de l’île, seul le tigre arrivait à faire trembler ses proies au seul son de son feulement.

Se penchant sur les cadavres des trois hommes, l’homme-fauve inspecta méticuleusement leurs armes, à la recherche de munitions pour ses compagnons rakyats. Un sourire naquit sur son visage en repérant le rossmore, tant l’arme soulignait la bêtise de son propriétaire. Sur l’île, il était sans doute le seul possesseur de ce type de fusil, d’où une rapide pénurie de cartouches. A l’inverse, les pirates malins gardaient plusieurs exemplaires du même fusil, un modèle assez commun aux cartouches faciles à trouver, pouvant ainsi cannibaliser un exemplaire au profit d’un autre. En conservant ce fusil à pompe, ce pirate avait quasiment signé son arrêt de mort. Plus encore que les deux autres, il avait été une proie facile.

Le léopard se signala par un grondement rauque, marchant à pas feutrés jusqu’au cadavre du premier mercenaire tué. Alors qu’il mordait avec force dans le gras du bras de l’homme que Rajatan avait abattu, le guerrier observa le fauve avec intérêt. Il n’avait pas manifesté le moindre signe d’agressivité envers lui, pas même un feulement d’avertissement. Pour lui, le guerrier rakyat n’était pas un ennemi. Rajatan en était à présent sûr : il avait enfin atteint le stade ultime de sa formation. Il ne faisait plus qu’un avec la jungle et ses habitants. Alors qu’il quittait le charnier à pas rapide, il continua d’observer le félin se nourrir, lui adressant un signe de respect de la main. Le prédateur, quant à lui, ne daigna même pas lever la tête. Il préférait éviter l’affrontement. Amené sur cette île par bateau, il avait vécu en compagnie des hommes suffisamment longtemps pour savoir qu’il devait s’en méfier. Et la seule raison qui l’avait empêché de provoquer en duel cette étrange créature était qu’elle exhalait le même fumet que son supérieur hiérarchique dans la chaîne alimentaire. Sans quoi, ce serait sans doute lui qu’il aurait dévoré, juste pour avoir le plaisir de ressentir le frisson des derniers instants de sa proie.

Alors qu’une branche lui fouettait les joues, Rajatan plissa les yeux, de sorte à accroître sa faible vision nocturne. Mieux valait rester méfiant car malgré la bienveillance de la jungle-mère, certains de ses rejetons reptiliens restaient dangereux par leur venin. Même le plus faible avait sa chance dans la forêt, comme le racontaient les légendes. Quant les cieux avaient pleuré pour la premières fois, chacune de leurs larmes avaient donné naissance à un être doté de caractéristiques propres, et dont le destin était immuable. C’était la raison pour laquelle le buffle était proie, le requin prédateur.

Leurs rôles ne pouvaient s’inverser : ils étaient inscrits dans leur chair. Chez les hommes en revanche, il leur fallait découvrir leur nature à travers les épreuves. Peu parvenaient à connaître leur destin à l’avance mais Rajatan le savait : il n’était pas une proie. Il était un chasseur.

Le reste du chemin le séparant du lieu où se terrait sa victime fut traversé sans encombre Alors qu’au loin les jappements d’une bande de chiens sauvages signifiaient le début d’une curée, l’homme-tigre se tapit au sol, observant entre les fougères ce qui se déroulait un peu plus bas, aux abords de la grande case de bambou. Un homme en traînait un autre, celui-ci ligoté pieds et poings liés. Apparemment inconscient. Aucun des deux n’était vêtu comme les pirates, mais Rajatan avait d’ores et déjà identifié celui qu’il lui faudrait tuer. Habillé d’une veste bleuâtre constellée de petits palmiers, il n’était pas particulièrement musclé et n’avait pas l’air très réactif. Etait-ce bien cet homme qui était venu à bout du précédent commando d’assassins rakyats ? Etait-ce lui qui avait réussi à tuer six guerriers parfaitement entraînés ? Si oui, alors Rajatan avait raison de se méfier de lui et de rester ainsi dans l’ombre alors qu’il emportait son prisonnier à l’intérieur de son antre.

Il se passa une petite minute avant que la cible ne sorte de sa demeure, observant les alentours avec attention. Faisant corps avec le sol, Rajatan le regardait sans bouger un muscle. L’espace d’un instant, il fut persuadé d’avoir vu sa future victime humer l’air, comme à la recherche d’une piste odorante. Impossible. Impossible qu’il l’ait repéré. Pas sans l’entraînement de la grande prêtresse et la bénédiction de la jungle-mère. L’homme-félin regarda rassuré sa proie regagner ses quartiers, inconsciente du danger qui pesait sur elle. Sortant de sa cachette, Rajatan se mordit les lèvres pour ne pas avoir écouté son instinct. Ne pas avoir décoché une flèche en pleine tête à un individu désarmé mais pourtant ennemi. La tradition l’en avait empêché, et stipulait une mise à mort par la lame de sa dague tribale. Comme le faisaient les ancêtres. La voie du guerrier… Il la suivrait, se répéta-t-il mentalement en descendant silencieusement la petite butte le séparant du refuge de sa victime. Il la suivrait ou du moins il essaierait. Car si l’occasion se représentait, les anciens tolèreraient sûrement une petite entorse à la règle millénaire.

Un éclairage rosâtre inondait la maison, où était entassé pêle-mêle un mobilier fabriqué à la main. Une table, des chaises, une bibliothèque garnie de quelques rares ouvrages aux couvertures gondolées par l’humidité ambiante… Mais pas de traces de sa proie. Sur un banc taillé dans le bois d’un banian, le jeune homme qu’il avait aperçu un peu plus tôt attendait, profondément endormi. Drogué sûrement, mais dans quel but ? Pas question de prendre le risque de pénétrer dans la pièce, bien trop éclairée. Sans un bruit, Rajatan fit le tour de la maison, sortant par la porte arrière en silence sans avoir repéré sa cible. Elle n’avait pourtant pas disparu… La nervosité faisant trembler ses sourcils broussailleux, l’homme-tigre regretta de ne pas avoir demandé à Citra plus d’informations concernant cet homme. Il était particulier, à n’en pas douter. Etait-il une proie, ou un prédateur ?

Au détour d’un mur de bambou, Rajatan le repéra enfin. Lui tournant le dos, sa cible clairement identifiable à sa veste bleue semblait contempler l’une des ses constructions, ressemblant fort à une forme de séchoir à viande. Alignées sur sa gauche, cinq carcasses pendaient, en trop mauvais état pour pouvoir dire à quel type d’animal elles appartenaient. La proie, quant à elle, ne l’avait pas aperçu : c’était le moment où jamais. Attrapant son arc, Rajatan décocha une flèche, qui alla se ficher dans le crâne de l’homme à la veste avec un bruit mouillé. Mais à la grande surprise du guerrier rakyat, il ne s’écroula pas, se contentant d’osciller. Sur le point de tirer un second projectile, Rajatan remarqua alors dans la pénombre la corde habilement dissimulée par le col de la veste, et nouée autour du cou de sa cible. Le temps qu’il comprenne qu’il était tombé dans un piège, l’homme-tigre fut brusquement assailli d’une sensation nouvelle pour lui. La morsure froide de l’acier, dans le bas du dos.

Baissant les yeux alors qu’un liquide épais lui remontait le long de la gorge, Rajatan vit l’extrémité ornée de la lame de la machette lui crever le ventre avant de faire rapidement le trajet inverse. Roulant sur le côté, il vit son meurtrier s’approcher lentement, ses yeux brillant dans l’obscurité. Les mots prononcés par l’individu parvenaient difficilement à ses oreilles, trop occupées par les tambourinements assourdissants de son cœur. « Salut mec… ; susurra l’être penché au dessus de Rajatan ; T’es venu rendre visite à tes petits copains ? Histoire de compléter ma collection ? Je pense pas que ton pote a apprécié ta flèche, vois tu ? ». Il s’arrêta un instant, prit d’un éclat de rire sardonique. « Mais où sont les bonnes manières ? C’est pas parce qu’on aura pas l’occasion de se revoir qu’il ne faut pas pour autant se présenter… Moi, c’est… ».

Rajatan ne put entendre la fin de la phrase. Son propre sang l’étouffait et ses paupières se fermaient lentement. Il ne put voir le visage de celui qui l’avait éventré mais avant qu’il ne close ses yeux, il vit distinctement un étrange dessin ornant la poitrine nue de son assassin. Cela rappelait un genre de cerf, presque souriant, entouré de roses rouge sang. Sous la représentation de l’animal, quatre lettres se succédaient, rédigées à l’encre noire à même la chair. B-U-C-K... Abandonnant tout contrôle sur son propre corps, Rajatan entendit cependant quelques mots alors que les battements de son cœur se faisaient moins réguliers. « Tu sais, mon gars, je sais pas si tu m’entends encore mais si c’est le cas, tu assistes à un putain de paradoxe. Ou plutôt deux d’ailleurs. Le premier, c’est que c’est sûrement la première fois qu’un chevreuil parvient à tuer un tigre. Le second et encore plus incroyable, c’est que c’est à coup sûr la première fois qu’on verra le premier manger le second… ».

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