jeudi, 11 août 2016
Mort ou Vif [Cinéma/Critiques]
Entre sa trilogie Evil Dead et sa trilogie Spiderman, Sam Raimi (Jusqu'en Enfer) s'essayait à divers genres. Bien lui en a pris !
Avec Mort ou Vif, le cinéaste met de côté le fantastique délirant, sans pour autant renier ses origines, pour nous offrir un western dans la plus pure tradition.
Résultat : malgré un contexte à priori très limité (un tournoi de duels), le film renouvelle constamment l'intérêt grâce à une mise en scène inventive à souhait, quelques coups de théâtre bien placés et surtout des personnages superbement croqués. A commencer par la tête d'affiche, Sharon Stone (Sphere, Basic Instinct, Basic Instinct 2), qui elle aussi en s'essayant à un nouveau genre dans sa filmo réussit un coup de maître.
Qu'elle ait l'allure nonchalante et le cigarillo au coin des lèvres façon Eastwood...
...le regard enfiévré d'une pistolero sans foi ni loi...
ou bien l'élégance de son sobriquet (Lady), Sharon Stone fait mouche à tous les coups !
Tour à tour, farouche et vulnérable, Lady (de son vrai nom Helen) rejoint le panthéon de ces héroïnes iconiques dont on aime découvrir les différentes facettes et voir évoluer au gré des embûches mises sur leur route. Forte et fragile, son combat (en tant que femme aussi bien qu'en tant qu'individu) passionne de bout en bout et ses interactions avec les autres personnages ne font que sublimer ses différentes nuances de caractère. Torturée par son passé, assoiffée de vengeance et de justice, elle évolue dans un monde d'hommes, une jungle impitoyable qui l'oblige à s'endurcir, mais ne peut lui faire oublier totalement ce qu'elle est : un être qui se cherche, sensible à ses émotions et désireuse de se libérer d'un poids qu'elle n'a pas choisi.
Les interactions c'est une autre qualité majeure de Mort ou Vif, car chaque personnage, bien que stéréotypé, nourrit en permanence l'intrigue. Le casting n'y est évidemment pas pour rien et nous offre des numéros d'acteurs mémorables entre quelques guests délectables (Lance Henriksen dans le rôle d'un pistolero qui se la raconte), des vétérans parfaits dans leur registre de prédilection :
Gene Hackman joue les salauds tellement bien qu'on lui pardonne de le faire si souvent. Et de jeunes comédiens qui annoncent déjà leur futur sacre international :
Russel Crowe dont le karma est sans cesse questionné par son passé et sa volonté de le dépasser... La ville ne s'appelle sans doute pas Redemption pour rien !
Et Leonardo Dicaprio (Inception, Django Unchained, Les Noces Rebelles, The Revenant) qui n'aura de cesse de prouver à son père qu'il est lui aussi un as de la gâchette et donc un véritable homme de l'Ouest !
Niveau mise en scène, donc, on a droit à du lourd, une maîtrise absolue, à la fois spectaculaire et stylisée. Ralentis, plans rapprochés, montage saccadé et plans sur fond noir (esthétique qu'on aura plaisir à retrouver dans le Lucky Luke avec Jean Dujardin), Raimi utilise toutes les cordes de son arc pour nous offrir un divertissement dynamique, tendu, émouvant et surprenant qui sous sa légèreté apparente, dévoile des trésors de subtilité et de profondeur ! Il parvient à restituer les codes tout en y apportant sa griffe reconnaissable, réinventant le genre et faisant donc de Mort ou Vif un must à (re)découvrir d'urgence qu'on soit amateur ou non de westerns !
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Commentaires
Tout à fait d'accord pour y plonger. Sergio Leone a donc des successeurs, et inventifs. Stetson ! (chapeau) !
Écrit par : COLLIGNON | vendredi, 12 août 2016
merci pour ce com qui me santiag (botte) :-) Sûrement moins d'ambiance (et de silence) que dans un Sergio, mais c'est quand même de la dynamite !
Écrit par : Greg Armatory | vendredi, 12 août 2016
Un très bon film dans lequel on ne s'ennuie pas un instant ! Le personnage de Sharon Stone et son passif y sont pour beaucoup.
Écrit par : Elo | dimanche, 14 août 2016
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