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samedi, 14 février 2015

Basic Instinct [Critiques/Cinéma]

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Sharon Stone incarne une romancière qui va se faire un devoir de poser sa griffe sur un Michael Douglas sensible (comme elle) à la perversion, à commencer par la sienne

Film polémique à plus d'un titre comme tant d'autres ayant exploité violence et sexualité, qu'est-ce que ce film de Paul Verhoeven (Robocop, Total Recall, Hollow Man) apporte au final au septième art ?

S'il y a bien un film que j'ai fui comme la peste durant des années c'est bien celui-ci, et justement pour les raisons que j'ai énumérées ci-dessus. Tout comme j'avais boycotté Cashback pour la mise en avant de son caractère ouvertement racoleur  - même si ce fut alors dans une moindre mesure. Thriller érotisé ou film érotique thrillisé ? Ce qui était certain, auréolé d'une belle réputation de film provoquant et provocateur, malsain pourrait-on dire et a-t-on dit dans certains milieux. Ce dont je peux convenir. Car si c'est pour avoir de la violence et du sexe purement gratuits, autant se taper un film gore ou un porno. J'avais beau entendre le même refrain "le scénario est génial" parfois de la bouche même de certains proches, pour moi ça sonnait comme "Il y a quand même quelques idées sacrément bien foutues entre deux gros plans de cul. Tu devrais le mater".

Merci, mais sans façon.

Et puis il y a peu, j'ai eu l'occasion de voir ce film à la télé, deux fois dans un laps de temps suffisant pour confirmer ma première impression. Une impression sacrément bonne, je le dis tout de suite.

Bien sûr, il faut toujours prendre en considération le contexte et son propre état d'esprit car l'un comme l'autre influencent directement ou non l'avis qu'on peut se faire sur un film. Je pense déjà que j'ai découvert ce film au bon moment. Longtemps après la polémique justement, longtemps après son intronisation au rang de film culte, longtemps après mon dédain et mon indifférence. Du coup seule la curiosité m'animait. Je ne m'attendais à rien ou éventuellement à me dire  : "Ouais, ok, c'est ça Basic Instinct, d'accord, ça a dû faire son effet dans les années 90, mais bon les films ont évolué depuis et les spectateurs aussi."

Sauf que le constat a été sensiblement différent. En fait, pour parler franchement, je suis tombé sur le cul, pour employer du même coup un jeu de mot facile. Je crois que pratiquement tout me plait dans ce film. (Jerry Goldsmith, j'aime bien ta musique d'habitude, mais là elle m'a un peu agacé à la longue, pas très discrète, pas très subtile ! Y a aussi la scène de danse dans la boite de nuit, ridicule il faut bien l'avouer, au jour d'aujourd'hui).

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LA scène qui a vendu le film. Exprès ? Pas exprès ? Après bien des explications vaseuses, on a eu confirmation que tout cela avait été planifié. Tu m'étonnes !

Et pourtant c'est très paradoxal. Avec un minimum de recul, je m'en rends compte. Il y a une simplicité évidente dans la psychologie des personnages, la manière dont ils évoluent et avec eux l'intrigue, les rebondissements également. Mais c'est cette même simplicité qui dans d'autres films me ferait vomir, que je perçois ici comme une forme d'audace et de malignité détectable et surtout délectable au possible.

Oui malignité dans tous les sens du terme. Le scénario est malin, parce qu'il joue avec les codes du bien et du mal bien sûr, de cette frontière si ténue qui sépare l'être humain de l'animal, l'ange du démon. Frontière que l'inspecteur Nick Curran (impeccable Michael Douglas à nouveau flic dans les rues de San Francisco !) aura tout le loisir de frôler et plus si affinités, bien aidé en cela par la diabolique (avant l'heure) et électrisante Sharon Stone jouant de sa beauté aussi froide qu'un glaçon et de ses remarques aussi incisives que des coups de...(au hasard)...pic à glace ! La belle Sharon qui nous livre ici une performance mémorable (et je parle de son interprétation, petits pervers !) qu'elle réitèrera dans un tout autre style avec le très sous-estimé Sphère ou le western très inventif de Sam Raimi, Mort ou Vif.

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Entre le flic et la suspecte s'installe donc rapidement un jeu du chat et de la souris. Elle le tente en permanence, inverse les rôles, le pousse dans ses retranchements, le titille, l'ausculte, le percute, le malmène, l'embrase et le refroidit à la vitesse d'une balle. Elle est un fantasme vivant, un rêve éveillé pour le mâle en perdition, mais aussi sa plus grande némésis. Mais cela resterait purement anecdotique si les deux personnages n'avaient au-delà de leur attirance primaire, de leur instinct basique une réelle épaisseur, un passif crédible qui les montrent moins comme des objets sexuels débridés que comme des êtres torturés pour qui la sexualité est une arme autant qu'un refuge. Et une manière de perdre le contrôle pour mieux le reprendre.

Et lorsque le flic fraîchement réhabilité se met à imiter inconsciemment les faits et gestes de ce sulfureux suspect n°1, jusqu'au mot près, on ne pense même pas à sourire devant cette apparente facilité scénaristique. On est beaucoup trop terrifié/séduit par la redoutable promesse qui nous est annoncée : le héros va méchamment en baver, ce sera pas propre, ce sera pas tout blanc ou tout noir !

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Jeanne Tripplehorn interprète le Dr Beth Garner, la psy de Michael Douglas et du même coup son ex (et aussi la brune rivale de la blonde Sharon). Entre eux aussi les rapports vont s'avérer très changeants. Un an plus tard, Dans La Firme, elle interprétait l'épouse de Tom Cruise lequel était lui aussi victime d'une machination. Deux ans après, elle partageait l'affiche de Waterworld aux côtés de Kevin Costner en matelot macho et pour l'occasion retrouvait la costumière Ellen Mirojnick. Beaucoup moins populaire que Sharon Stone, certes, mais de belles prestations à son actif, tout de même !

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Catherine Tramel (Sharon Stone), romancière de son état, évoque elle-même le phénomène : la suspension consentie d'incrédulité ou l'art de mettre gentiment notre raison de côté pour nous abreuver goulûment du caractère fictionnel d'une oeuvre. Et bien comble du comble, il fonctionne très bien dans Basic Instinct. En tout cas, il fonctionne très bien sur moi.

Par son entremise (et aussi son entrejambe, il est vrai !) Catherine se fait le Pygmalion de Nick qui voit en elle l'incarnation de sa mauvaise conscience, de ses penchants les plus bas (et pas qu'en dessous de la ceinture), de sa Part des ténèbres, du passé sur lequel il pensait avoir tiré un trait. Mais n'a-t-on pas besoin de ce qu'il y a de pire en nous pour atteindre le meilleur ? N'a-t-on pas une prédisposition naturelle à aimer, et même protéger ce qui nous fait du mal ? Forcément à ce niveau là, ça ne peut que tourner à l'obsession, au Harcèlement. Nouvelle Liaison fatale pour Michael Douglas ?

Ne comptez pas sur moi pour vous le dire ! Mais comptez sur moi pour vous encourager à visionner une première fois, une nouvelle fois ce polar sensuel et passionnant qui mêle tout un tas d'ingrédients qui ont tous le mérite d'exister tant ils se complètent à merveille.

 

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(oui le thriller érotique était un genre très en vogue dans les années 90, et comme de par hasard on retrouve à nouveau nos deux acteurs et oui Hitchcock a inspiré plus d'un scénariste et réalisateur !)

Color of Night Harcèlement Jade

Basic instinct 2 Sliver  Sueurs froides

 

 

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