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mardi, 14 avril 2015

I Origins [Cinéma/Critiques]

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Et si les yeux étaient vraiment le miroir de l'âme ?

Ian Gray a toujours été fasciné par les yeux. Lors d’une fête d’Halloween il rencontre ceux d’une inconnue qu’il prend naturellement en photo tant ils sont exceptionnels. Sur le point de céder à leurs pulsions respectives, la  jeune femme se dérobe sans que Ian ait la moindre information à son sujet. Autre que l’empreinte de ses yeux.

Il s’avère que Ian est un scientifique et les yeux n’ont pas simplement pour lui un attrait esthétique. A l’aide de son assistante, Karen, aussi passionnée que lui, ils vont soulever rien moins qu’un nouveau pan des origines de l’humanité que ses retrouvailles avec l’inconnue vont pousser encore plus loin… jusqu’à la révélation ultime.

Le réalisateur de Another Earth, déjà avec Brit Marling, s'attaque avec I Origins à un sujet aussi fascinant qu'ambitieux.

Si la théorie au coeur du film prend de l'ampleur au point de devenir un croisement intime entre la science et la croyance spirituelle, elle n'offre malheureusement pas le frisson et l'émotion qu'elle promettait.

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Les deux scientifiques en pleine ébullition. Karen (Brit Marling) se révèlera être rapidement une assistante indispensable à plus d'un titre pour Ian. Son personnage bénéficie d'ailleurs d'un traitement très intéressant. Michael pitt a beau vieillir et changer de rôle, il traîne toujours cette image de jeune homme mal dans sa peau, solitaire dans l'âme qui limite sans doute la portée de son interprétation.

Si dans un premier temps, l'aspect sentimental et plus tard dramatique prend clairement le dessus, on comprend par la suite à quel point c'est justifié. Mais là où on approuve moins c'est quand Mike Cahill utilise de grosses ficelles et des astuces téléphonées pour redynamiser son récit et susciter l'empathie.

Ainsi, malgré un sujet en or et des personnages crédibles et fouillés, le film manque cruellement de souffle et d'intensité. Son cachet de film indépendant finit par étouffer le propos malgré d'excellentes idées (le plan où Gray retrouve les yeux, la scène tragique).

On sent un manque de maîtrise, de subtilités et l'on ne peut s'empêcher de penser qu'entre les mains d'un autre cinéaste, le film aurait eu un tout autre impact. Tous les ingrédients sont là, mais Cahill ne parvient pas à les équilibrer et à leur insuffler la force qu'ils requièrent.

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Sofi (Astrid Bergés Frisbey) va imprimer en Ian une empreinte durable, autre que celle de ses yeux. Aussi spirituelle que lui est pragmatique.

En résumé, plus l'intrigue progresse, plus le film décrédibilise ses arguments, ce qui fait qu'à la fin, on a l'impression d'avoir été un peu baladé. Au lieu d'un vertigineux envol, on a droit qu'à un saute-mouton.

On voulait croire au film autant qu'à la théorie et aucun des d'eux ne nous aura convaincu au final. Grosse déception. A voir quand même pour l'intention de départ et parce que malgré tout, c'est une formidable histoire.

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Cette fameuse photo du National Geographic a été l'une des sources d'inspiration du film.

 

 

 

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mercredi, 20 février 2013

Le Mariage de mon Ame [Poésies]

Le Mariage de mon Ame

(souvenir d'un rêve)

 

Une cathédrale baignée de lumière
à la pureté d'ivoire
auréolée d'un choeur liturgique
je m'allonge sur l'herbe
terrassé par la magie
Le prêtre vient me saluer
me rappelant la cérémonie
souvenir teinté d'ironie
Loin de me fustiger
de mon athéisme un peu lourd
il me décrit avec humour
celle posée près de moi
que je vois pour la première fois
Belle inconnue au charme victorien
en robe d'apparat, rehaussée d'un rien
au visage de porcelaine
aux mains de velours
Mes yeux mesurent la beauté du premier
mes doigts gourds
la douceur des deuxièmes
Invitée d'un mariage
dont je ne me souviens pas
celui de mon âme
et de ma véritable foi

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Digital Art par weiweihua

 

 

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dimanche, 05 août 2012

Le Combat du Papillon - Version Musicale [Musique]

Etant à ce jour très loin d'être en mesure d'écrire l'histoire en intégralité - encore moins de l'adapter en film d'animation - avec une vraie 3D !!! - je vous propose cette version concise un peu mutante, mais qui vous permettra, je l'espère de tout coeur, de comprendre mes intentions en terme d'émotions. Pour une compréhension plus complète de l'univers et des personnages, je vous invite à visiter les liens et/ou à consulter la catégorie Dessins et Nouvelles.


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Prologue - La Genèse, l'Age d'Or, le Paradis Perdu. C'est la vision qu'a Sylvain au plus profond de son désespoir : des anges dotés d'ailes de papillon tour à tour survolent et se fondent dans un océan doré : l'Océan Divin. Mais l'océan s'assèche et les anges chutent sur la Terre : leur Enfer !

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Par l'intermédiaire de ses rêves, Sylvain accède à la Terre de Beulah, baptisée ainsi par William Blake, un monde peuplé par des anges, les Papillons et qui luttent contre les Démons, des créatures issues des vices et des péchés humains. Il assiste à une bataille lors de laquelle il découvre le charismatique et puissant Monarque, Mentor des Papillons.

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Monarque présente les autres Papillons à Sylvain et le guide à travers les merveilles de la Terre de Beulah (cf William Blake), véritable patrie de la poésie, où le coeur et l'esprit règnent en harmonie.

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Sphinx, Monarque, Vanesse, Morpho et Saturnie-Atlas

Sylvain affronte le terrifiant Python, sa Bestialité, autrement dit la somme de tous ses Démons : la personnification de ses peurs, de sa colère et de son désespoir. Il doit impérativement le vaincre pour pouvoir devenir à son tour un Papillon, une âme pure et libérée. Alors qu'il est en difficulté, Vanesse, la compagne de Monarque, émue par son sort, tente de s'interposer. Python la terrasse et profitant de l'aveuglement de sa victoire, Sylvain parvient à le détruire au cours d'un duel dantesque.

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Monarque porte le corps inanimé de Vanesse sous les yeux des autres Papillons. Il le place dans une colonne de lumière et le regarde s'élever lentement, tandis que ses larmes l'accompagnent et que son coeur crache des roses meurtries.

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 Sylvain devient le Papillon Apollon et découvre toute l'étendue des pouvoirs de la poétisation : la capacité de modeler son environnement selon son inspiration et d'user de la symbolique du romantisme comme d'une arme sans équivalent pour purifier les âmes corrompues par leur séjour terrestre.

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Au cours de l'un de ses voyages, Apollon parvient à retrouver son grand amour perdu, l'une des causes mêmes de son désespoir. La boucle est donc bouclée. Alors qu'elle vient de détruire sa bestialité, il assiste avec émotion à sa transformation en Papillon. Elle répond désormais au nom de Diane.

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Bouleversés par leurs retrouvailles, Apollon et Diane profitent de leurs récents pouvoirs pour poétiser à volonté et démontrer ainsi toute la beauté et la force de leurs sentiments.

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Les Papillons affrontent un important et puissant groupe de Démons. L'occasion pour eux d'unir leurs pouvoirs comme jamais et de renforcer leur espoir en un avenir plus lumineux.

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Au cours d'un combat, Monarque est gravement touché par un Démon. Lui qui n'a jamais eu à vaincre sa Bestialité pour devenir Papillon grâce à la présence de Vanesse, est contraint de mener enfin ce propre combat. Lorsqu'il l'apprend, Apollon tente de l'aider, mais il arrive trop tard et assiste, impuissant, à sa défaite.

Avant de disparaître, Monarque désigne Apollon comme le nouveau Mentor des Papillons. Il lui révèle aussi que Diane et lui sont l'unique clé pouvant ouvrir la Porte d'Ivoire qui sépare l'Humanité d'un nouvel Age d'Or. Et que désormais, plus Rien d'autre ne compte.

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Diane et Apollon fusionnent, donnant naissance à Astralis (Cf Henri d'Ofterdingen de Novalis), seul capable de retransformer l'Humanité en Ame-Unité.

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Epilogue - Astralis se transporte dans la réalité. Il découvre qu'il peut voir l'âme des hommes à travers leur corps et qu'il peut poétiser physiquement le monde.

Générique de Fin

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THE END ?

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samedi, 05 juin 2010

Bienvenue

Bienvenue à tous les Guerriers du Rêve

C'est le moment de dégainer votre âme !

 

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                                    Serenata de Immediate Music

 

 podcast

 

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Les dessins ci-dessus illustrent l'histoire "Le Combat du Papillon"
 
 
 
 
 

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dimanche, 07 février 2010

La Naissance de Morpho [Nouvelles/Le Combat du Papillon]

 

 

« Dieu fit la liberté, l'homme fit l'esclavage. »

 

                                                          M.J.Chenier, Fénelon

 

 « Et quand tes fils sont condamnés aux fers et plongés dans l'obscurité du cachot humide,

ils sauvent la patrie par leur martyre et la gloire de la liberté ouvre l'aile à tous les vents. »

 

                                            Lord Byron, Le prisonnier de Chillon

 

 

« Ce que la lumière est aux yeux

        ce que l'air est aux poumons

             ce que l'amour est au cœur

                 la liberté est à l'âme humaine. »

 

                                    R.G. INGERSOLL, Progrès

 

 

 

   J'étais noir.

   J'étais esclave.

   Et à l'époque, c'est tout ce que j'étais.

Du moins aux yeux de ceux qui nous opprimaient, moi et mes compagnons.

Nous travaillions dans les plantations, sur les voies de chemin fer, dans les carrières, partout où la vigueur de nos bras pouvait accomplir son œuvre.

Lorsque nous n'étions pas assez vigoureux ou assez rapides, ils avaient recours aux menaces. Et si cela ne suffisait pas, il y avait toujours le fouet.

Je connais bien sa morsure. Elle m'a longtemps accompagné.

J'étais parmi les plus assidus au travail, mais cela ne les empêchait pas de me flageller régulièrement. C'était un moyen efficace pour encourager les plus lents à redoubler d'efforts.

Je n'en voulais à personne, en aucun cas à mes compagnons. Je ne gardais aucune rancœur.

C'était une condition et je l'acceptais, résigné. J'espérais, toujours en secret, qu'un jour ou l'autre ma docilité serait récompensée.

D'une manière ou d'une autre.

Mais mon obéissance aveugle finit par se retourner contre moi.

 

Mes compagnons finirent par voir d'un mauvais œil ce qu'il prenait à tort pour du zèle. Ils ne me faisaient aucun reproche de vive voix, mais leurs regards parlaient pour eux.

Non seulement, je n'étais pas libre, mais très vite, je me sentis plus seul que jamais.

Seul au monde.

C'est à partir de ce moment que naturellement, comme un réflexe de survie, j'ai tourné mon regard vers l'intérieur. Et là, j'ai eu accès à un monde nouveau qui avait toujours été là, mais dont j'avais ignoré l'existence.

Ou plutôt que j'avais oublié.

J'ai commencé à faire des rêves étranges.

Je découvrais des paysages magnifiques, des forêts, des montagnes, des océans.

Je les survolais.

Mon âme était libre et rien ne lui était impossible.

Je goûtais à toutes les joies de la délivrance, des joies que sur terre je n'aurais même pas pu imaginer.

Le réveil était violent. Comme une déchirure.

Je me retrouvais enchaîné, entouré de gens qui me méprisaient.

La douleur était atroce.

Je maudissais le jour et je bénissais la nuit.

 

Tandis que j'abattais ma part de travail, je songeais aux splendeurs que j'allais pouvoir retrouver dès l'instant où je pourrais fermer les yeux et m'abandonner au sommeil.

Plus d'une fois, j'endurai le mépris de mes frères et le fouet de nos tortionnaires en m'imaginant dans ces contrées, délivré de toute entrave.

La vie me permettait de rêver et le rêve me permettait de vivre.

Mon sort devint dès lors plus supportable. D'autant que je me découvris un don nouveau.

Je pouvais parler aux animaux.

Passant nos journées en pleine nature, il était courant de faire des rencontres avec la faune locale. Je m'aperçus que les petits animaux n'étaient pas effarouchés par ma présence et que la proximité des plus grands ne m'effrayait pas. Bien au contraire.

C'est parmi les bêtes que je me fis mes meilleurs amis. Car contrairement aux hommes, les bêtes, elles, ne vous jugent pas. Elles vous acceptent ou vous rejettent, mais elles ne vous condamnent jamais.

Les liens privilégiés que je nouai avec un certain nombre de rongeurs, de chats et de chiens sauvages et même d'oiseaux commença à attirer l'attention.

Evidemment, je me serais bien passer de me faire remarquer davantage.

On commença à murmurer dans mon dos. Me prenait-on pour une sorte de sorcier ?

Les oppresseurs, nos maîtres, exprimèrent cruellement leur antipathie vis-à-vis de mon empathie.

 

Un jour, ils exécutèrent froidement et sous mes yeux plusieurs animaux auxquels je m'étais attaché. Ils n'admettaient pas que je puisse trouver une distraction, un exutoire.

Ils voulaient que je souffre et ils voulaient me voir souffrir.

Malgré moi, je leur donnai satisfaction.

Cela parut soulager tout le monde.

Tout redevint comme avant.

Les hommes se remirent à chanter.

Et le fouet à siffler.

Et le sommeil venait me délivrer de mon martyre.

 

Un autre jour, alors que nous établissions un campement en pleine forêt, un de nos maîtres surprit une ourse en maraude. Je sus intuitivement que c'était une femelle. Craignant pour la vie de ses petits, elle voyait d'un mauvais œil la présence d'hommes - qui plus est armés - à proximité de sa tanière. J'étais, hélas, fait pour la comprendre.

Bien entendu, le maître en question n'avait aucune chance face à la furie de l'animal. Je me réjouissais presque de voir le malheureux mis en pièces, moi qui n'ai pourtant jamais eu aucun goût pour la violence.

Lorsque je vis les fusils se lever pour abattre l'ourse, je réagis sans même y penser.

Je m'approchai de la bête furieuse et sans un mot, lui communiquai mon désir de la voir calmée. Je parvins à la rassurer et comprenant que sa vie et celle de ses petits n'étaient pas menacées, elle retomba sur ses puissantes pattes et fit demi-tour.

Cet exploit aurait dû faire de moi un héros.

Tout du moins, un homme de valeur.

Las. Je devins la bête noire.

On pensa même que c'était moi qui avais attiré l'ourse dans l'intention de semer la panique et permettre ma fuite. Je ne trouvai aucun avocat parmi mes compagnons.

Me mépriser leur faisait du bien car cela ne leur coûtait rien. Aucun coup de fouet à redouter. Alors c'était une raison suffisante pour eux de se comporter ainsi avec moi.

Je devins un homme maudit, banni de son propre clan.

Il ne me restait plus rien pour soulager ma peine. Sans soutien d'aucune sorte, je faiblissais et ne tardai pas à rejoindre les plus lents.

Le sort s'acharnait contre moi.

 

L'espoir me revint ce fameux jour où l'un de nos plus vieux frères tomba de fatigue.

Les maîtres ne voulurent rien savoir. Nous avions déjà pris du retard sur les travaux à cause de la chaleur.

Le fouet claqua une fois, puis deux.

Il n'y eut pas de troisième fois.

Voyant là l'occasion idéale de reconquérir l'estime de mes compagnons et de sauver la vie de l'un des plus estimés, je méprisai les conséquences d'une telle entreprise et me jetai de tout mon poids sur le tortionnaire.

Il me fit regretter mon geste. Des coups de bâton se mirent à pleuvoir sur moi.

N'eut été l'outil que je représentais à leurs yeux, nul doute qu'ils m'eurent frappé à mort, sans l'once d'un regret.

Je perdis connaissance.

 

Lorsque j'ouvris les yeux, je demeurai curieusement dans le noir.

A l'écoute des sons environnants, nul doute pourtant que le jour se fut levé.

Je reconnaissais la brûlure familière du soleil sur ma peau.

Mais je ne voyais rien.

Manifestement, ma tête n'était pas encore remise des effets de ma récente bastonnade.

L'obscurité se prolongeant tout autour de moi de manière inquiétante, je songeai avec terreur que mon cerveau avait pu être atteint trop fortement.

J'appelai à l'aide, paniqué par cette éventualité.

Un maître vint.

- Je suis aveugle, dis-je. Je ne vois rien.

J'entendis le maître sourire.

- Je sais. C'est moi qui tenais le charbon ardent.

Cette déclaration me coupa la respiration. Je tombai à genoux.

J'avais perdu la vue. Définitivement. Ils me l'avaient volée.

C'était ma punition. Ma bravoure m'avait coûté le dernier bien qui me restait.

Je crus mourir.

 

On peut penser que dans mon état, la besogne qui faisait mon quotidien me serait épargnée.

Aucunement.

La réalité se faisait plus terrible encore.

Alors naturellement, mes rêves se faisaient plus beaux.

Et mes réveils plus douloureux.

Et ainsi de suite.

 

Je ne voyais qu'une solution, qu'une seule issue pour quitter cet enfer.

J'attendis sagement que l'occasion se présente.

Et elle se présenta.

 

On nous chargea de réparer un pont.

Beaucoup de mes compagnons avaient le vertige.

Pour moi, le problème ne se posait même pas.

Je fus conduit sur la construction.

Je n'avais pas besoin de voir pour accomplir ma tâche. Mes mains étaient mes yeux et elles oeuvrèrent avec habileté.

Tous mes autres sens en alerte, je m'efforçai de repérer le bon moment pour agir.

Un incident survint. Il y eut un craquement. Des voix.

Une planche avait cédé sous le poids d'un homme.

Une aubaine inespérée.

On répara la planche. Mais par bonheur, je trouvai sa sœur jumelle.

Je tus ma découverte, priant pour que mon secret demeure intact.

 

Le lendemain, je retrouvai l'endroit précis.

Le maître responsable de ma cécité vint me railler sur mon handicap. C'était devenu son nouveau jeu et il y prenait beaucoup de plaisir.

Je me souviens avoir souri avant de lui dire :

- Vous avez peut-être pris mes yeux, mais vous n'aurez jamais mon âme.

Puis j'ai sauté de tout mon poids sur la planche pourrie.

Nous sommes tombés tous les deux.

Une chute mortelle.

Mais je n'ai rien senti.

A l'instant où mon corps a touché le sol, mon âme s'est envolée.

J'ai déserté mon corps, recouvrant la vue et la liberté.

Mes rêves sont devenus mon quotidien.

Plus besoin d'attendre la nuit et le sommeil pour les rejoindre.

J'ai retrouvé mes amis les animaux. J'ai pu de nouveau parler avec eux.

Je me suis aussi découvert un don nouveau.

Je pouvais devenir l'animal que je voulais être.

Cette capacité à me métamorphoser a décidé de mon nom, j'imagine.

A moins que cela ne vint des magnifiques ailes de papillon dont je devins l'heureux acquéreur.

 

A l'instant où mon corps a touché le sol, mon âme s'est envolée.

Et elle vole toujours.

 

   J'étais noir.

   J'étais esclave.

Mais aujourd'hui, cela ne signifie plus rien pour moi.

Car mon âme est libre.

Et l'âme n'a pas de couleur.


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vendredi, 05 février 2010

La Naissance de Monarque [Nouvelles/Le Combat du Papillon]

 

« J'ai souvent regretté qu'il n'existât pas des dryades ; c'eut infailliblement été avec elles que j'aurais fixé mon attachement. »

 

                   Jean-Jacques Rousseau (Les Confessions)

 

 

J'étais un libertin.

Un noceur.

Avec tout ce que cela sous-entend de débordements, d'inconséquences.
Et de dépravations.

Mais j'étais heureux.

Du moins en étais-je convaincu.

Je goûtais à tous les plaisirs.
Sans crainte, sans doute et sans regret.
Je ne connaissais aucun tabou, aucun interdit.

J'obtenais ce que je désirais et je désirais ce que j'obtenais.
Rien ne me freinait.

Et si ma conduite indisposait quelqu'un, cela était rapidement et proprement réglé.

Au pistolet, s'il s'agissait d'un homme.

Au lit, s'il s'agissait d'une femme.
Dans les deux cas, je remportais toujours le duel.

J'étais fin tireur.

Ma réputation se répandit comme une traînée de poudre.
Ma compagnie devint un bien très convoité.

J'avais une certaine fortune et un charme certain.

Ce qui ne gâchait absolument rien.

Les hommes m'enviaient ma table.

Les femmes, mes murs.

Les uns comme les autres ma capacité à les séduire par ma seule présence.

Je n'étais pas roi.

Mais je possédais une cour que le monarque lui-même devait me jalouser.

Plus tard, je lui ravirai même ce titre.

 

Une nuit, pourtant, toute cette existence bascula.

Je fis un rêve qui devait changer ma vie à jamais.

Ma vie et surtout mon âme.

 

Dans ce rêve, j'atteignais un endroit d'une beauté sans pareille.
Des arbres immenses et majestueux montaient jusqu'au ciel. Les rivières étaient peuplées d'étoiles, cascadant des nuages et les pétales colorés des fleurs étaient de somptueux papillons qui s'envolaient à mon approche.

C'était comme de marcher dans un vivant poème.

Quelque chose m'avait attiré en ces lieux.

Quelque chose d'important, de vital.

D'inévitable.

L'air était empli de senteurs enivrantes.

Un orchestre invisible jouait une symphonie aux accents enchanteurs accordés à la beauté du paysage dans lequel je m'enfonçais.

A un moment donné, je me suis arrêté au bord d'une rivière, moins pour me désaltérer que pour goûter l'eau dont je devinais la saveur.

Je ne me trompai pas.

Elle était en effet d'une fraîcheur exquise, revigorante. Meilleure en tous points que tous les alcools dont j'avais le loisir d'abuser.

Lorsque je relevai la tête, elle était là, de l'autre côté de la rivière, m'épiant de ses grands yeux dorés. Ses longs cheveux, ainsi que son corps entier, semblaient parfaitement se fondre dans le sous-bois environnant. Seuls ses beaux yeux de biche ressortaient clairement de la nature dans laquelle elle savait si bien se dissimuler.

C'était une nymphe. Une dryade.

Je le sus intuitivement.

Alors mon cœur se mit à battre très fort.
J'eus le sentiment de redevenir un enfant.
Pur, innocent.

Je ne pouvais détacher mon regard de ces yeux, de ce visage.

Ce fut comme une révélation pour moi.

Mon émotion fut si forte qu'elle m'éveilla.

 

Je me retrouvai dans un lit. Des corps de femmes nues étaient couchés près de moi, figés dans des poses obscènes qui me rappelèrent une longue soirée d'orgies.

Je me levai et quittai cette couche impie, en proie à une panique sans nom.

A cet instant précis, j'eus l'horrible sentiment de retomber en enfer, moi qui avais connu le paradis.

Le choc fut terrible.

Je découvris qui j'étais, quelle vie j'avais menée jusqu'alors.

Une vie sans scrupule, sans morale.

Et cette vérité me terrassa littéralement.

Je connaissais mon âme. Je l'avais rencontrée dans ce rêve. J'avais vu sa beauté. Je ne pouvais plus l'ignorer. Mais j'avais un corps qui la retenait prisonnière et faisait de moi un véritable monstre de perversité.

Pendant des années, je m'étais comporté avec la plus parfaite insouciance, prônant le vice, l'érigeant en éducation.

Je m'étais fait geôlier, puis bourreau de mon âme.

Ma nature profonde enfin révélée, il m'était désormais impossible de me conduire comme avant.

Tout du moins, c'est ce que je crus.

Les habitudes revinrent vite.

Si j'avais pu être seul un certain temps, j'aurais pu sans doute m'absorber dans quelque réflexion salutaire. Mais je ne l'étais jamais. Je n'avais jamais ressenti le besoin de l'être auparavant. Des hommes et des femmes étaient sans cesse à mes côtés.

Pour ne pas dire plus près.

Pris dans le tourbillon de ma vie de débauche, j'oubliai mon âme.

Jusqu'à ce que je m'endorme.

Alors elle reprenait tous ses droits et profitant de l'inertie de mon corps épuisé de ses excès, me conduisait naturellement où était ma place et où m'attendait mon destin.

Car bien heureusement, je la revis. La nymphe.

Elle se baignait dans une rivière, son beau corps nu aux couleurs de la forêt dont elle était gardienne, sa chevelure verte et épaisse comme un doux lit de mousse se déversant dans l'onde pure.

Lorsqu'elle sentit qu'elle n'était plus seule, les pétales vivants des fleurs environnantes s'envolèrent et vinrent la couvrir de leur parure multicolore.

Lorsqu'elle se retourna, seul son visage était visible.

Son visage et ses yeux dont le regard me transperçait le cœur avec la vélocité et la précision d'une flèche.
Et son carquois était rempli.

Mais mon regard n'avait rien à envier au sien, comme je devais l'apprendre plus tard.

Mon cœur battant comme un soufflet de forge, je la vis s'avancer vers moi avec une grâce surnaturelle.

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  Elle était si belle.

Le vêtement qu'elle portait, vivant et animé, chatoyait par instant lorsque les papillons le composant faisaient battre leurs ailes.

La magie était palpable.

Je fus convaincu de vivre le plus beau moment de ma vie.

Elle était si près de moi lorsqu'elle s'arrêta. J'étais paralysé, enraciné au sol.

Comme un chêne.

Je me demande encore comment j'ai pu trouver la force de parler dans de telles circonstances.
Sans doute craignais-je de ne plus jamais en avoir l'occasion.

- Je voudrais devenir comme toi.

Elle m'étudia longuement, moi ainsi que la déclaration que je venais de lui faire.

- C'est impossible.

Ses lèvres avaient à peine bougé. Sa voix avait la douceur d'une caresse.

Sa réplique, elle, me glaça.

- Pourquoi ?

A mon tour, je l'observai intensément, espérant peut-être influencer sa réponse.

Elle parut horrifiée.

- Parce que, moi, je n'ai jamais été comme toi.

A cette annonce, mon cœur se fendit et je sentis des larmes sourdre de mes yeux. A mon grand étonnement, elles ne coulèrent pas, mais remontèrent vers le ciel.

Elle sembla s'amuser de ma réaction. En ces lieux, ce phénomène était naturel.

Je fermai les poings. J'étais décidé à ne pas renoncer au paradis qui s'offrait à moi.

Dans cette forêt, je me sentais chez moi.

En paix.

- Je veux rester ici, implorai-je comme un enfant. Avec toi. Je ne veux pas retourner d'où je viens. Je préfère mourir plutôt que d'y retourner.

Ces grands yeux d'ambre me dévisagèrent alors gravement.

- C'est ce qu'il te faudra faire si tu souhaites rester ici, avec moi. Il te faudra mourir. Car tant que ton âme sera liée à ton corps, elle sera soumise à la réalité dans laquelle il demeure.

Je soupirai.

- Comment ? Si mon destin est de mourir vieux, je ne pourrais supporter de quitter sans cesse ce royaume pour retomber dans l'autre monde. Je ne pourrais le supporter.

Sa main effleura la mienne.

Mon cœur se mit à chanter malgré la peine qui m'accablait.

- Tu viens de te répondre. Ta souffrance te fera trouver le moyen.

Je serrai sa main comme on se raccroche à la vie.

- J'ai pourtant si peur de ne pas y parvenir. J'ai si peur de perdre mon âme et le chemin qui mène jusqu'à toi.

A son tour, elle me serra la main.

- Alors je vais t'aider à ne pas les oublier.

Elle pencha ma tête vers la sienne et déposa ses lèvres sur les miennes.

L'émotion de ce baiser me traversa de toutes parts.

 

Lorsque j'ouvris les yeux, elle avait disparu. La forêt aussi.

Je me retrouvai à nouveau dans un lit encombré de corps nus d'amantes lascives.

Un vertige me prit. Et une envie de vomir.

Je trouvai un coin où me blottir et là, repensant à ma nymphe, à notre conversation et à la chaleur de son baiser, je versai toutes les larmes de mon corps.

Et celles-là ne remontèrent pas vers le ciel.

 

Je perdis rapidement la notion du temps ainsi que le goût de toutes ces bassesses qui jusqu'alors avaient constitué ma vie.

Je redevenais moi, l'essence de moi.

Ce qui ne se faisait pas sans douleur.

Une lutte terrible avait lieu en moi. Celle de mon âme revenue à elle-même et ce corps, cette enveloppe physique sordide, alimentée par le péché, souillée par la perversion, attentive à toute tentation, de l'emprise de laquelle je ne pouvais me défaire qu'en plongeant dans les bras de Morphée, jusque dans son esprit, seul endroit où je savais trouver la paix, la liberté.

Et l'Amour.

 

Bien souvent, je prétextai une fatigue imaginaire ou un mal qui n'était que chimère pour m'étendre seul et profiter de ces siestes afin de rejoindre mon paradis intérieur.

Las.

Pour mon plus grand malheur, par mes soins passés, j'avais rendu ma cour bien trop fidèle à ma présence pour espérer me voir privé d'elle au-delà de quelques instants.

Mes rêves étaient interrompus, toujours prématurément.

Au réveil, la douleur de la séparation cédait rapidement la place à la plus vive des colères. Bien évidemment, mes sujets ne comprenaient pas mon attitude.

Et ils en auraient été bien incapables.

Cela ne faisait qu'attiser mon ire.

Et dans ces moments de fureur indomptable, seuls les plaisirs les plus vils étaient capables de me rasséréner. Mais c'était une consolation provisoire et néfaste, car une fois contenté, je revenais à moi, épris de remords, la conscience torturée et je maudissais ma faiblesse.

Victime d'un cercle en tous points vicieux, je me sentais proche de la mort sans pourtant jamais l'atteindre.

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 J'ignore combien de temps il s'écoula.

Il n'existait plus qu'un seul temps pour moi. Celui où je pouvais la voir, la retrouver, même de brefs instants. Le reste n'était qu'une attente douloureuse et impie.

Mais la chance finit par poindre à l'horizon, sous une forme des plus improbables.

Un jeune homme se présenta à moi. Un artisan.

J'avais abusé de son épouse. Il demandait réparation. Par les armes.

Il n'avait pas froid aux yeux car il connaissait ma réputation.

Auparavant, je l'aurais à peine regardé et aurais ordonné à l'un de mes valets de se charger de la formalité. Mais j'entrevis en cet homme en apparence simple, le plus grand espoir, une opportunité que je n'attendais plus.

Sans le savoir, il pouvait me permettre de réaliser mon vœu le plus cher.

Oui, l'occasion était trop bonne pour ne pas la saisir.

La haine que j'inspirais à l'offensé était manifeste. Un sentiment de vengeance évident l'animait. Au moins étais-je en mesure de le comprendre. Si elle me fit trembler au premier abord, sa détermination eut ensuite le don de me conforter dans ma décision.

Je pensai faire d'une pierre deux coups.

J'avais changé. Je n'étais plus le même homme. Ce que j'avais fait subir à cet artisan et à sa femme m'épouvantait au plus haut point. Je le regrettai sincèrement et profondément tant que l'idée me vint naturellement de présenter mes excuses.

Mais en fin de compte, j'allais faire bien mieux que cela.

 

Le jour convenu du duel, mes fidèles écuyers tentèrent de me dissuader de m'engager pour si peu. Leur rappelant ma légendaire habileté et leur précisant que je voyais en cette rencontre un divertissement digne de moi, ils ne trouvèrent plus aucune raison d'insister.

Ils finirent même par se dire que cela allait m'aider à redevenir le joyeux luron dont je n'étais plus que l'ombre.

 

A l'heure convenue du duel, nous nous présentâmes, chacun accompagné de nos témoins, à l'orée d'une forêt.

Une forêt. Cela me fit sourire.

Je pensai instinctivement à ma nymphe qui m'attendait dans la sienne.

Bientôt, me dis-je. Bientôt.

Etant l'offensé, l'artisan eut la primeur du premier coup de feu.

Il me manqua.

J'ignorais s'il était exercé. Je l'espérai profondément.

Sa volonté de me châtier jouait assurément en sa faveur.

Je tirai à mon tour. A la surprise de tous, je manquai ma cible.

D'un sourire, je rassurai mes témoins. Ils interprétèrent alors ma maladresse comme une volonté de ma part de prolonger le jeu et ainsi donner de faux espoirs de victoire à mon adversaire.

Nous nous rapprochâmes.

La distance entre nous était encore conséquente, mais je pouvais lire aisément l'expression peinte sur le visage de l'artisan bafoué.

Il voulait ma mort. Ni plus, ni moins.

Il l'ignorait, mais il détenait le pouvoir de se venger autant que celui de me libérer. Il était mon Charon personnel, mon passeur, non pour les enfers - puisqu'il allait me permettre de les quitter - mais bien pour le paradis.

J'entendis le coup de feu. Puis plus rien.

L'artisan avait disparu ainsi que nos témoins respectifs.

Seule la forêt demeurait. Mais elle était métamorphosée. D'une beauté céleste étrangement familière.

Le pistolet n'était plus dans ma main.

Je compris que mon passeur avait fait son office. Nul doute que la joie devait le submerger. Une joie qui ne pouvait avoir d'égale que celle qui me remplissait à l'instant où je me précipitai pour retrouver ma nymphe, ma dryade, ma fée.

Elle m'attendait, rayonnante, comme si elle avait deviné ce qui s'était passé.

Elle me savait libéré.

Nous tombâmes dans les bras l'un de l'autre. La forêt toute entière sembla faire écho à notre bonheur.

Alors ma poitrine s'ouvrit et mon cœur inonda ma nymphe d'une lumière opaline. Lorsqu'elle s'estompa, j'avais devant moi une femme d'une grande beauté aux longs cheveux noirs moirés de vert. Je remarquai aussi que ses paupières étaient fardées et ses lèvres peintes de la même teinte.

C'était bien ma nymphe, mais mon amour pour elle l'avait transfigurée. Elle était devenue un peu moi.

- Comment t'appelles-tu ?

Elle examina son nouveau corps avant de répondre :

- Je m'appelle Vanesse. Reine du Cœur.

Alors sa poitrine s'ouvrit et son cœur m'inonda d'une lumière opaline d'où j'émergeai, transfiguré.

Je me baissai pour examiner mon nouveau corps. J'étais nu, d'une blancheur virginale et dépourvu de sexe. Et tandis que j'admirai mon apparente pureté, tels les pétales d'une fleur, deux ailes de papillon à mes dimensions s'ouvrirent majestueusement dans mon dos.

J'étais devenu un peu elle.

Je m'aperçus, qu'à mon instar, elle arborait elle aussi des ailes de papillon aux couleurs chatoyantes.

Peut-être parce que je la considérais comme ma fée.

Cette vision me fit pleurer et je souris avec elle en voyant mes larmes s'orienter vers la cime des arbres.

- Je m'appelle...Monarque.

Le sourire de Vanesse d'élargit.

- Roi des larmes !

 

Nous étions désormais fée l'un pour l'autre.

 

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jeudi, 12 février 2009

La Genèse [Nouvelles/Le Combat du Papillon]

                                                                                        

La Chute de l’Age d’Or

 

 

 

 

 

 

Les sept jours de la création

constituèrent sept phases de l’emprisonnement de  l’homme

enchaîné dans un antre,

dans les limites mêmes d’un monde

uniquement perçu par les cinq sens.

 

                                                                William Blake

 


 

I. L’Harmonie Primitive

 

 

Au commencement était le Paradis

Tout n’était que pensées

Rien n’était dit

Nous étions des anges qui dansaient

 

Le firmament

Etait notre mer

L’amour était omnipotent

Nul ne pouvait être amer

 

Nous étions un

Et étions Dieu

Au sein de chacun

S’ouvrait une paire d’yeux

Un cœur d’enfant innocent

Qui demeurait grand ouvert

Pour répandre et recevoir

L’amour tout en vers

Qui remplissait sans se voir

Toutes les âmes tel un sang

 

Sommet de l’Age d’Or

Où la pureté triomphait

Où l’absence de corps

Donnait vie aux fées

En une sublime geste

Qui sublimait nos gestes

 

Eden de notre origine

Où la musique était oxygène

La vertu religion

La poésie naissait

De la moindre pensée

Elle était le langage

Le plus précieux des partages

L’imagination nous baignait

Nul ne voulait l’ignorer

Nul ne pouvait le nier

En un océan doré

Symbole vivant

De notre liberté

Qui s’étendait à l’infini

Et sa source d’éternité

Etait reliée à nos esprits.

 

 

 

II. La Chute du Paradis

 

 

 

Le chaos vint pourtant

Le chaos et le Temps

La Nature fut envahie

Par la naissance de nouvelles envies

Des lois rigides s’instaurèrent

Et vinrent ce monde appauvrirent

De mécaniques habitudes

Une croissante lassitude

Naquirent un peu partout

Divisant ce qui constituait le Tout

Nous qui n’étions pas faits alors

Pour mener et gagner une lutte

Nous donnâmes

La mort

A ce fabuleux Age d’Or

Et damnâmes nos âmes

En érigeant sa chute.

 

 

  

III. La Séparation de l’Esprit

 

 

 

Et naquit la discorde

La lyre cassa ses sept cordes

Les hommes raisonnèrent

Les hommes s’emprisonnèrent

Ils perdirent leur unité

Coupèrent le fil de leur infinité

Ils cessèrent d’être devins, divins

Pour devenir sombres humains

Avec une tête, avec des mains

Une cosse matérielle

Détruisant leur essence spirituelle

L’esprit dont ils faisaient partie

Se réduisit, partit

Il se morcela pour venir habiter

Chacune de ces nouvelles entités

Leur conférant une nouvelle identité

Une âme aux maigres proportions

De ce corps

Résultat de leur malédiction

Pauvre et illusoire décor

Pour des être ayant connu l’essor

Ridicules et avilissants haillons

Pour d’anciens papillons

Devenus rampantes chenilles

Ils ne méritaient que des guenilles

Là où des ailes d’arc-en-ciel

Faisaient leur rang

Faisaient leur nom

En eux coula un nouveau sang

Qui n’avait plus rien des merveilles

La marque de démons

Tout prêts à l’éveil

Pour répandre et s’abreuver

De cette rivière vermeille

Dès qu’ils pourraient œuvrer.

 

 

  

IV. La Genèse de l’Enfer

 

 

 

L’Homme nouveau

Ayant revêtu sa peau

Ne pouvait plus faire marche arrière

Et se mit en devoir de créer une terre

Digne de l’accueillir

Digne de le soustraire

A son appartenance céleste

Il créa le Nord, le Sud, l’Ouest et l’Est

Aux limites du temps

Lui qui n’en avait jamais eu avant

Il ajouta la chaîne de l’espace

La raison croissant toujours en lui

Le dévorant comme le ver le fruit

Il sépara l’unité de son espèce

En deux sexes distincts

L’un féminin, l’autre masculin

Ruinant les principes de son origine

Scindant les valeurs de sa nature androgyne

En deux êtres complexes

Qu’il dota chacun d’un sexe

Propre à permettre sa perpétuation

Par leur association

 

En sept jours

Il se créa sept fardeaux

Si bien conçus qu’ils seraient toujours

Bien trop lourds à porter

Faisant de lui son plus parfait bourreau

Sans se sentir victime

Ignorant totalement la portée

De ces carcans intimes

 

Toutefois, avant que tout esprit rêveur

En lui ne meurt

L’Homme se forgea un lien avec ferveur

Il noua son âme à l’Océan Divin

Se donnant ainsi le moyen

Par le rêve et par la Mort

Quand il pourrait quitter son corps

De remonter vers les célestes ondes

Pour qu’à nouveau il s’y fonde.

 

 

V. L’Eclosion du Mal

 

 

L’Homme qui n’était que vertu

Lui dont la sagesse était instinct

Sema en lui les graines de la perversité

Condamnant sa vertu à être perdue

Et son bon sens à être éteint

Dans une future adversité

Il jugea le vice

Comme une nouvelle liberté

Lui qui s’ennuyait de tout

Mais en permettant qu’il s’immisce

Il donna un ennemi à la pureté

Et brûla son ultime atout.

 

  

VI. L’Héritage de l’Harmonie

 

 

Avant de rejoindre son nouveau monde

Qui avait débuté son évolution

L’Homme employa une dernière seconde

Pour réaliser une précieuse opération

Dans son désir encore ingénu

De pouvoir converser avec les nues

Il produisit en lui

Sept germes comme autant d’armes

Qui s’opposaient

Aux sept chaînes

Auxquelles il s’était assujetti

L’Amour, le Rêve, la Mort

La Religion, l’Art

La Poésie

Et la Magie

Sept sens

Héritage de l’originelle essence

Sept moyens d’agir

Vestiges de l’Harmonie

De la cassure de la lyre

De son absolue symphonie.

 

 

VII. La Chute aux Enfers

 

 

Dans sa nostalgie de l’Age d’Or

L’homme avait façonné

Un océan comme l’azur

Dans lequel jadis il était né

Fidèle à son idée première

Il décida qu’il renaîtrait en ce monde

En cet Enfer baptisé Terre

Au sein de ses nouvelles ondes.

 


 

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dimanche, 18 janvier 2009

Le Prologue [Nouvelles/Le Combat du Papillon]

La poésie est le réel absolu

Novalis

 

Et si nous avions déjà connu le Paradis.

Et si la Terre était devenue notre Enfer.

 

Bientôt, l'Humanité devra livrer sa plus grande bataille

contre son plus grand ennemi : elle-même !

Rose In The Hand.jpgCoeur d'Innocence.jpg  




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