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lundi, 29 mai 2017

L'Antre de la Folie [Cinéma/Critiques]

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Comme slogan il y avait aussi  : les blagues les plus courtes sont les meilleures.

Douze ans après avoir magnifiquement adapté Stephen King avec Christine, John Carpenter récidive en quelque sorte, mais en ajoutant une inspiration de taille dans son répertoire.

Si L'Antre de la Folie n'a pas été présentée à sa sortie comme une adaptation officielle des écrits de H.P.Lovecraft, les nombreuses références disséminées dans le film ne font aucun doute sur la parenté voulue avec cet autre maître du fantastique.

Entre la maison d'édition Arcane (presque homophone de Arkham), l'hôtel Pickman (avec le tableau changeant renvoyant à l'art pictural impie du Modèle de Pickman), la ville fictive ancrée dans le réel (Hobb's End tenant lieu d'Arkham justement), la mention du retour des Anciens, sans oublier le design du bestiaire et l'ambiance paranoïaque, le doute n'est effectivement pas permis.

Mais le prologue même du film (qui m'a fortement inspiré le mien pour ma nouvelle Le Démon dans le Miroir - recueil Amalgâme) annonce déjà bien la couleur et la filiation avec l'esprit des nouvelles de Lovecraft : c'est sans espoir et même si le héros met tout en oeuvre pour combattre le mal et découvrir la vérité, c'est peine perdue puisque tout est lié : la folie est la vérité, la seule finalité !  Et quand il le comprend, il est déjà trop tard, il a passé le point de non retour.

Car comme le rappelait Lovecraft dans presque toutes ses histoires, il y a bien pire que la mort, il y a la connaissance (dans le jeu de rôle papier, plus on sait de choses sur le Mythe de Cthulhu, plus on perd de santé mentale jusqu'à la possibilité d'en mourir !). Atteindre un savoir dissimulé au commun des mortels (par exemple le fameux Nécronomicon pour ne pas le nommer) n'est pas un privilège ici, c'est la promesse d'une souffrance infinie. A ce titre, la fin du film est très parlante, se jouant cruellement de la position du spectateur comme rarement.

Un constat illustré aussi par l'incapacité de Trent à quitter Hobb's End ou au contraire sa manière d'y entrer subitement sans avoir réellement trouvé le bon chemin. Il n'est plus maître de ses faits et gestes, il est devenu une marionnette entre les mains d'un esprit malin aux pouvoirs illimités. 

Ce n'est pourtant pas faute d'avoir été prévenu. Linda Styles, sa partenaire, le lui spécifie bien avant même qu'ils n'arrivent à Hobb's End : et si la réalité changeait de point de vue, et si la raison devenait minoritaire et la folie majoritaire, elle ne fait alors que décrire ce qu'on a vu tout au début du film, condamnant une seconde fois le héros et faisant du spectateur le témoin impuissant de sa descente aux enfers.      

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Les écrits de Sutter Kane vont devenir le guide idéal pour John Trent afin de retrouver l'auteur disparu et ce, malgré le profond dégoût que lui inspire cette littérature à sensation. Tout auréolé du succès monstre de Jurassic Park, Sam Neil en profitait pour changer complètement de registre et nous offrait une composition mémorable en enquêteur d'assurances terre à terre basculant inexorablement dans les limbes de la folie. Carpenter et lui avaient déjà collaboré sur Les Aventures d'un Homme Invisible.

La construction de l'intrigue et l'évolution des personnages (le point de vue du spectateur épouse naturellement celui de Trent) sont les gros points forts et même si certains effets ont quelque peu vieilli, leur diversité et leur inventivité sont toujours aussi appréciables. Carpenter, tel un sombre magicien, se fait un malin plaisir de détourner notre attention pour mieux nous servir un plan plus dérangeant encore la seconde d'après.

Si les thèmes abordés paraissent évidents, on peut cependant en dégager d'autres, des niveaux de lecture pertinents comme quand le film compare les lecteurs à des croyants alimentant le pouvoir de l'auteur, dénaturant la réalité, on peut y déceler alors un parallèle avec la religion et le pouvoir qui lui est associé (ce n'est pas l'actualité qui va me contredire, ni l'actrice principale qui confirme cette interprétation dans les bonus du DVD) ou bien aussi avec ces fans qui finissent par ne plus dissocier la réalité de la fiction, générant une folie bien réelle. Stephen King en a fait les frais (il en a résulté une oeuvre cathartique : Misery) et plus récemment on a vu les fans de Games of Thrones menacer de mort George R R Martin à cause de sa lenteur à achever son oeuvre ou certains acteurs de la série, notamment l'interprète de Joffrey, qui s'est malgré lui rendu trop antipathique et a préféré quitter le milieu à raison.

L'Antre de la Folie est bien la preuve que c'est parfois en adaptant de manière indirecte et subtile un auteur ou une oeuvre jugée inadaptable qu'on parvient  le mieux à atteindre son objectif. 

Un film à mettre sur le podium du cinéaste aux côtés donc de Christine et de The Thing au rayon de ses plus belles réussites fantastiques.

Everybody Love...Craft

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/9/95/Howard_Phillips_Lovecraft.jpg/220px-Howard_Phillips_Lovecraft.jpg https://i1.wp.com/www.techartgeek.com/images/2014/02/cthulhu-une.jpg?resize=480%2C328&ssl=1

Il n'y a pas que le cinéma qui s'est penché sur l'oeuvre de Lovecraft. Les jeux vidéo aussi ont su lui rendre hommage, directement comme dans Dark Corners of the Earth, prochainement dans Call of Cthulhu (là c'est on ne peut plus clair !) ou de manière plus subtile comme l'a fait le studio Bethesda dans Fallout 3 avec le Dunwich Building ou l'extension Dragonborn de Skyrim via le monde d'Apocrypha et ses créatures Cthuliennes à souhait et même The Witcher 3 fait un clin d'oeil avec une carte de Gwynt estampillée Dagon (c'est d'ailleurs en m'offrant intuitivement le recueil éponyme que ma grand-mère m'a fait connaître cet auteur inspiré, encore une fois merci Mamy). Décidément incontournable.

Et dire que Lovecraft est mort méconnu dans la misère. RIP !

Un petit Bonus pour finir en beauté !

 

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Commentaires

Malheureusement, c'est le cas de beaucoup de poètes ou écrivains qui sont aujourd'hui mondialement reconnus (comme Baudelaire mort lui aussi dans la misère et censuré toute sa vie, ou Rimbaud finalement devenu trafiquant d'armes pour pouvoir vivre décemment). Il faut croire que c'est parfois la rançon du succès, qui vient pour certains à titre posthume (et même des siècles après).

Écrit par : Elo | lundi, 29 mai 2017

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