mercredi, 24 septembre 2014
La Prophétie des Ombres [Cinéma/Critiques]
Après le percutant Arlington Road qui nous avait offert l'un des twists les plus mémorables et de surcroît une réflexion majeure sur l'influence des masses, Mark Pellington s'inspirait de faits réels et d'un livre pour nous livrer ce thriller fantastique particulièrement réussi, s'imposant, lui aussi, comme une référence.
Journaliste au Washington Post, John Klein (Richard Gere) perd sa femme suite à un accident de voiture. Son deuil sera rendu plus ardu lorsqu'il comprendra qu'elle a vu quelque chose et que ce quelque chose est peut-être la cause réelle de la tragédie. Se retrouvant malgré lui à Point Plaisant, il va découvrir d'étranges évènements liés d'une certaine manière à son propre destin.
Le film fantastique c'est à la fois une mine d'or pour un cinéaste tout autant qu'un challenge. Le genre a connu le meilleur comme le pire et on peut toujours craindre de se retrouver devant un truc sympa, mais manquant fatalement d'originalité ou d'audace. Heureusement, Mark Pellington a su tirer le meilleur parti du matériau à sa disposition tout en maîtrisant parfaitement le sens du récit et sa mise en images.
Pour ce faire, il joue constamment avec les motifs, les couleurs et les plans, créant un trouble de plus en plus croissant en accord avec la confusion que John Klein ressent lui-même au gré de ses expériences et découvertes. Ce malaise prendra des formes très variées par la suite au point que l'on doutera de la santé mentale du héros comme on doutera de nos propres convictions régulièrement ébranlées par des rebondissements savamment répartis. Au programme donc : Paranoïa, Schizophrénie, aliénation, prédictions, manipulations, un véritable enfer pour l'esprit. Cette escale forcée à Point Pleasant ne sera pas une sinécure, c'est le moins qu'on puisse dire.
Son investigation est rendue passionnante car toujours alimentée par des faits nouveaux, des rencontres qui relancent l'intérêt. Richard Gere a sans doute saisi l'occasion de renouveler son répertoire, bien lui en a pris, car dans ce registre il se montre parfaitement convaincant et le spectateur n'a aucun mal à s'identifier à lui, peut-être justement parce qu'il l'associe naturellement à quelqu'un de très pragmatique ayant rarement côtoyé le paranormal dans sa filmographie.
Mais loin de se cantonner à l'aspect surnaturel, le film est pétri d'humanité, d'émotions très concrètes puisque la femme de John continuera de plusieurs façons de hanter l'histoire tout autant que son esprit, créant un dilemme déchirant qui ajoute une profondeur dramatique au film - qui mêle avec brio plusieurs genres - de même que l'évolution de sa relation avec le sergent Connie Parker campé par Laura Linney (l'inoubliable femme de Jim Carrey dans Truman Show).
Rien de mieux pour crédibiliser le fantastique que de l'intégrer dans un contexte réaliste, proche de notre quotidien. Cela a été le crédo de Stephen King et on peut dire que cela lui a plutôt bien réussi. Et bien La Prophétie des Ombres en est une nouvelle démonstration.
A noter que les effets spéciaux du film, discrets, mais très efficaces, crédibilisent d'autant les créatures et leurs interventions. Le film en est d'autant plus effrayant qu'il fait appel à l'imagination du spectateur et joue énormément sur les subtilités.
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