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lundi, 31 octobre 2016

Esther/Le Cercle [Cinéma/Critiques]

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Histoire de coller un peu au thème d'Halloween, j'ai découvert un film, Esther (merci à ma moitié !), et revu un autre, Le Cercle, pour une petite dose de frissons. Mais je ne l'ai pas eu forcément où je l'espérais. Qu'importe, ce sont pour moi deux excellentes oeuvres, originales et soignées et qui ont surtout le mérite commun de ne pas tomber dans la facilité et de traiter avant tout d'un drame humain, avant d'essayer de nous foutre les pétoches, ce qui fait qu'on est passionné par l'intrigue dans son ensemble et que les personnages n'apparaissent pas comme de simples pions au destin fixé d'avance par les règles du genre.

Je préviens que faisant des parallèles entre les deux histoires, je vais spoiler et changer mes habitudes !

Dans les deux cas, l'intrigue est fortement alimentée par la présence d'enfants exceptionnels pour différentes raisons.

Dans le cas d'Esther, l'intérêt vient tout d'abord du fait que la mère, incarnée par Vera Farmiga (Les Infiltrés, Source Code), perd son troisième enfant et qu'on l'apprend via une séance d'accouchement très glauque qui joue avec les codes de l'épouvante pour mieux nous surprendre. Cette tragédie est un moteur qui amènera le couple à adopter Esther, remarquable d'intelligence et de maturité.

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On lui donnerait le bon dieu sans confession, non ?

Esther a un passé qui va rester longtemps dans le flou, ce qui protègera ses ambitions réelles tout autant que sa véritable nature. En dépit des révélations faites - et quelles révélations ! - on aurait quand même aimé en savoir un peu plus sur ce qui l'a amené à de telles extrémités, son cheminement, les différentes étapes ayant façonné sa psychologie et sa psychose. Car il est certain qu'elle a d'abord été victime avant de devenir bourreau. Un personnage qui aurait gagné en nuances en révélant davantage ses failles, mais en l'état, en prenant un peu de recul, on comprend néanmoins très bien comment, souffrant de l'incompréhension, de la peur de l'abandon et du rejet,  la folie a pu s'emparer d'elle à ce degré.

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Bien que secondaire dans l'intrigue du Cercle, Aidan, le fils de Rachel, l'héroïne, se fait vite remarquer par le spectateur. Ayant subi la séparation de ses parents, il est lui aussi un enfant précoce, qui seconde sa mère comme le ferait un époux, lui parlant d'égal à égal, à la fois conscient et victime de sa force. Une force qui le connectera aux éléments surnaturels bien plus que Rachel au final.

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Naomi Watts va aller jusqu'au fond des choses, dans tous les sens du terme.

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Samara aussi était plutôt sage. Recueillie elle aussi par des parents aimants, elle a fini par devenir une malédiction dont on ne saisira pas vraiment la nature. Doté d'un passé encore plus nébuleux que celui de Esther, on ignore ce qui l'a amené à projeter autour d'elle cette aliénation. Paradoxalement, c'est en voulant la faire cesser que sa mère va lui donner libre cours. Les pouvoirs de Samara viennent principalement du rejet et de l'isolement qu'elle a subi à l'instar de Esther.

Ce qui est très intéressant dans Le Cercle c'est que les différentes étapes et symboliques liées à la cassette et aux symptômes de la mort prochaine sont plus ou moins directement rattachées au vécu de la fillette : le rejet de ses parents, son isolement et la terrible expérience de la mort. Le Cercle c'est la forme du puits, du fin liseré de lumière filtrant à travers la porte qu'elle a eu tout le loisir de contempler pendant les sept jours de son emprisonnement. Sept jours, c'est justement le délai pour chaque victime ayant visionné la K7 maudite avant de subir une mort qu'on devine très douloureuse. Avant cela, elles verront une grande échelle telle que celle qui menait au grenier où était enfermée Samara, la K7 elle-même pouvant être une traduction de son addiction forcée pour la télévision, seule occupation lui étant autorisée dans un espace confiné. En réalité, et ce n'est malheureusement pas dit dans le film, elle a le pouvoir de projeter des images sur bandes par le feu.

La seule manière qu'ont les victimes de pouvoir se préserver d'un sort funeste est d'ailleurs très inspirée puisqu'elle est en même temps la garantie pour Samara de ne jamais tomber dans l'oubli, de pouvoir toujours exercer son pouvoir sur les autres, elle qu'on a eu tôt fait d'enchaîner que ce soit chez elle ou dans un asile psychiatrique où l'on ne peut qu'imaginer les séries d'expérimentations qu'elle a dû subir.

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Esther et Samara sont deux héroïnes qui ont souffert de leur différence et qui n'auront de cesse de trouver l'attention et même l'amour auxquels elles n'ont jamais pu goûter. En cherchant une forme de paix, elles vont déclencher une forme de guerre.

A la base, elles n'avaient probablement rien fait de mal, leur innocence devait être avérée. Mais une forme d'acharnement extérieur les a poussé dans leurs retranchements, leur conférant un pouvoir, une intelligence, une emprise qu'elles n'auraient jamais soupçonner chez elles.

Leur entourage proche va donc en subir les frais et se déplaçant autant que possible pour assouvir leur soif de reconnaissance,  elles vont progressivement contaminer le monde extérieur de leur colère, de leur agressivité, de leur esprit de vengeance.

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Les parents adoptifs d'Ester s'imaginent que la nouvelle-venue pourra ressouder leurs liens. Esther c'est aussi l'histoire et les tourments d'un couple. Les actions de la fillette va tour à tour faire ressurgir des forces, mais aussi et surtout des démons qu'ils espéraient faire partie du passé. Esther saura exploiter ses faiblesses pour arriver à ses fins, mais elle n'épargnera pas non plus le frère et la soeur. Une manipulatrice née !

Gore Verbinski (Rango, Lone Ranger) et Jaume Collet-Serra (The Shallows) nous offrent donc, le premier avec Le Cercle, le second avec Esther, une oeuvre très forte qui ne se contente pas de jouer sur les peurs faciles, mais tout en mettant nos nerfs à rude épreuve, nous proposent une enquête haletante et aussi en prime une réflexion sur la volonté d'être intégré, d'être accepté à tout prix au sein d'une famille/société et les dommages collatéraux qui peuvent découler de cette incapacité lorsqu'elle devient constante. On saluera sur les deux films la performance des comédiens, à commencer par celle des enfants, pour le moins crédibles, quelle que soit l'émotion, malgré la difficulté du rôle.

 

 

 

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Commentaires

Moi, à la lumière de ton article sur ces enfants adoptifs un peu spéciaux, je ne peux m'empêcher de penser à Dexter, lui aussi recueilli très jeune après un drame qui le suivra toute sa vie. Lui et son frère ont assisté au massacre de leur mère alors qu'ils n'avaient que 4 et 6 ans, ce qui façonnera à coup sûr leur comportement. On a d'un côté Dexter, intégré à une famille aimante, mais qui ne s'en contentera pas pour autant, et cherchera à exorciser sa souffrance par le meurtre (d'abord d'animaux du voisinage, en cachette de ses parents, alors qu'il était à peine adolescent). De l'autre, Brian, qui a été balloté de foyers en foyers, qui n'a jamais véritablement eu droit à une famille digne de ce nom, et qui ne tue que des prostituées (leur mère en était une, et au fond de lui, il entretiendra toujours cette rancœur d'avoir été abandonné). Le premier sait se fondre dans la masse et avoir l'air d'un ange à qui on ferait confiance les yeux fermés, l'autre restera toujours un peu marginal. Je trouve aussi que c'est un bon exemple, et qu'Esther et Dexter ont finalement quelques points communs dans le fond (bien que lui ait toujours aimé sincèrement sa famille, et qu'il n'hésitera pas à se plier en quatre pour protéger sa sœur adoptive).

Pour le reste, deux très bons films en effet, même si j'avoue rester un peu sur ma faim concernant le passé des deux fillettes (surtout dans "Le Cercle", vu que Samara semble dotée de pouvoirs magiques, d'où viennent-ils ?). Des films "d'épouvante" à leur manière, qui ne tombent pas dans le glauque gratuit et qui racontent une vraie histoire humaine derrière. Je les ai trouvés très pertinents, et les interprétations sont toutes très justes (je trouve celle du frère adoptif d'Esther particulièrement marquante elle aussi, il sait retranscrire toute une palette d'émotions très riches, entre peur, dégoût, colère et impuissance). Ça sort quand même un peu du lot au milieu de toutes ces histoires sur les maisons hantées ou sur les jeunes qui font du camping dans la forêt. Deux films à voir au moins une fois.

Écrit par : Elo | mercredi, 02 novembre 2016

on peut aussi rajouter dream house même si là ce n'est pas un enfant qui est au coeur de l'histoire, mais toujours un trauma.

Écrit par : Greg Armatory | mercredi, 02 novembre 2016

Les commentaires sont fermés.