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lundi, 20 juin 2016

Le Coeur dans les Etoiles [Nouvelles/Fantastique]

 

Galien la regardait toutes les nuits depuis plusieurs mois. Elle semblait lui sourire davantage à chaque fois. Ils ne pouvaient se parler, mais il osait penser qu’elle souhaitait elle aussi qu’ils se rapprochent enfin.

Une nuit plus belle que les autres, alors que les étoiles semblaient l’encourager, il se passa quelque chose d’inexplicable. Un petit trou s’ouvrit dans la poitrine de Galien et une petite graine s’en échappa. Il la ramassa, surpris. D’où pouvait-elle bien venir ? A quoi pouvait-elle bien servir ?

Il dormit très peu, observant la graine et se demandant sans cesse qu’elle était sa fonction.

La lune disparut, ainsi que son merveilleux visage et le soleil, implacable souverain, régna une fois de plus dans le ciel, annonçant une terrible journée de canicule.

Galien commençait à souffrir beaucoup de la situation. Dans ce désert où il vivait depuis sa naissance, il y avait peu d’eau, presque pas de nourriture. Les habitants devaient marcher très longtemps pour trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Et si cela continuait, il n’y aurait bientôt plus personne en état de marcher.

Galien gratta le sol asséché et creusa un petit trou dans lequel il plaça la graine. Cela lui paraissait naturel de la mettre sous terre même s’il n’avait jamais vu une telle chose se faire.

Il se dit que ce serait bon aussi pour la graine de recevoir de l’eau. Mais il ne pleuvait presque jamais et l’eau était tellement rare qu’elle était bue en un temps record.

Malgré la chaleur, il marcha longtemps d’en l’espoir d’en trouver, persuadé qu’il tenait la solution pour rejoindre le beau visage de la lune qu’il chérissait depuis tant de temps. Il rencontra quelques hommes et quelques femmes, mais personne capable de l’aider dans sa quête.

Le soir, il retourna près de sa graine, le visage triste. La lune lui offrit alors son sourire comme pour le consoler de sa déveine. Mais en le voyant, cela ne fit que le rendre plus triste encore. Il cria :

- Pourquoi je ne peux pas te toucher ?

Il commença à pleurer. Les larmes roulèrent sur ses joues avant de toucher le sol asséché.

Et quelque chose d’inexplicable se produisit. La terre se fissura et un rameau se hissa hors de l’ouverture. Galien s’essuya les yeux. Il était fou de joie. Grâce à ses larmes, sa graine avait poussé. Il avait réussi !

Cette nuit-là, il offrit à la lune une danse endiablée en promettant à qui pouvait l’entendre qu’il ne s’arrêterait pas en si bon chemin. Le plus dur était fait selon lui.

Le lendemain et les jours suivants, le rameau commença à flétrir. Et Galien comprit qu’il avait énormément besoin d’eau. Si jamais il mourrait, il ne pourrait plus rejoindre la lune et il ne savait pas s’il pourrait obtenir une autre graine.

La tristesse l’envahit à nouveau et il se remit à pleurer, arrosant le rameau fatigué qui brusquement s’élança vers le ciel. Les yeux humides, le garçon observa l’arbre pousser à une vitesse prodigieuse. Il continua alors à pleurer, mais cette fois, seule la joie faisait couler ses larmes.

Cela se passa ainsi pendant plusieurs jours et plusieurs nuits. Tour à tour heureux et découragé, Galien arrosait l’arbre démesuré porteur de tous ses espoirs.

Il vint naturellement un moment où il prit peur que l’arbre dans son irrésistible progression ne blesse le merveilleux visage de la lune. Il ne souhaitait certainement pas que tous ses efforts aboutissent à un tel résultat.

Alors, une nuit plus belle que les autres, tandis que les étoiles semblaient l’encourager, il grimpa sur l’arbre et se mit à l’escalader avec une facilité stupéfiante. Il regarda à peine le sol disparaître sous lui, son regard fixé sur le disque blanc et souriant perché au-dessus de lui.

- Je vais y arriver ! se répétait-il. Je vais te rejoindre !

Hormis son objectif, il finit par tout oublier : le danger, la faim, le sommeil. Le seul fait de réaliser son rêve le nourrissait  et faisait taire les protestations de son corps et de son esprit.

Il oublia également la notion du temps. Il s’était peut-être passé des jours, des semaines ou des mois lorsqu’il parvint finalement jusqu’en haut de l’arbre. Le jour tombait. Le soleil, implacable souverain, quitta son trône céleste pour céder la place à la lune et à son merveilleux…

Galien se figea. Non, c’était impossible ! Où était-il donc passé ? Qui l’avait volé ?

La lune était bien là, devant lui, à portée de main. Mais ce visage qui l’avait tant ému, ce sourire qui l’avait tant aidé à garder l’espoir, ils n’étaient plus là. Quelque chose d’inexplicable s’était passé. La douleur qu’il ressentit fut telle qu’il trébucha et tomba de l’arbre. Il tomba d’une hauteur vertigineuse.

La mer en contrebas accueillit son corps d’enfant dans une grande gerbe d’eau salée.

Aussi salée que l’avaient été ses propres larmes.

 

Tanis la regardait toutes les nuits depuis plusieurs mois. Elle semblait lui sourire davantage à chaque fois. Ils ne pouvaient se parler, mais il osait penser qu’elle souhaitait elle aussi qu’ils se rapprochent enfin.

Une nuit plus belle que les autres, alors que les étoiles semblaient l’encourager, il contempla le sol asséché à l’endroit où il avait planté la graine, des jours auparavant. Une grande tristesse l’envahit. Comment pouvait-il espérer la voir pousser dans un monde où il ne pleuvait jamais, où l’eau n’existait pour ainsi dire pas ?

Il cria :

- Pourquoi je ne peux pas te toucher ?

Une silhouette apparut alors près de lui, enveloppée dans un vêtement ample qui cachait son corps et son visage. Tanis s’empressa alors de lui demander :

- J’ai besoin d’eau pour arroser ma graine. En avez-vous ?

L’homme secoua la tête.

- Non, mais toi tu en as plus qu’il n’en faut.

Il abaissa son capuchon. L’homme avait de longs cheveux et une barbe. Et des larmes coulaient sur ses joues. Tanis le regarda, surpris, puis il contempla à nouveau le sol. Et c’est alors qu’il comprit. Sa joie fut telle qu’il se retourna pour se jeter dans les bras de l’inconnu. Mais ce dernier avait disparu.

 

Les yeux remplis de larmes, Tanis serrait les dents tout en donnant de violents coups de hache dans le tronc d’arbre. Alors qu’il était sur le point d’accomplir son forfait, une main ferme retint son bras armé.

- Tu as tort de faire cela.

Tanis se retourna. C’était l’inconnu qu’il n’avait pas revu depuis le jour de leur rencontre.

Tanis était fou de rage et de revoir cet homme était encore pire pour lui.

- Je te maudis toi aussi ! Si tu savais comment atteindre la lune, tu devais aussi savoir que son sourire si merveilleux n’existait pas. Pourquoi ne m’as-tu rien dit ? Pourquoi m’as-tu laissé à mes illusions ?

L’inconnu sourit.

- Parfois, nous nous trompons sur le sens de l’amour que nous portons à certaines choses ou à certaines personnes.

Tanis retrouva son calme. Le visage et la voix de l’inconnu étaient apaisants. Il semblait être venu de très loin pour lui parler. Il l’écouta attentivement lorsqu’il ajouta :

- Cela ne veut pas dire que cet amour n’a pas de sens.

Galien leva le bras et cueillit une pomme qu’il tendit à Tanis. Celui-ci leva la tête et remarqua pour la première fois les innombrables fruits qui avaient poussé en même temps que l’arbre.

Alors il commença à comprendre.

Galien le dévisagea, toujours en souriant :

- La lune n’a peut-être pas de visage, mais notre amour, lui, était bien réel. Si chacun de nous vient à y goûter, alors notre monde ne sera plus un désert, mais une terre fertile et nourricière. Et chacun de nous pourra enfin devenir un être humain.

 

 

 

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jeudi, 14 mars 2013

Cloud Atlas [Cinéma/Critiques]

Une oeuvre majeure qui tutoie le firmament !

Adapté du best-seller de David Mitchell "Cartographie des Nuages", le film Cloud Atlas raconte à travers plusieurs intrigues et époques connectées, les combats de différents personnages pour libérer le monde des oppressions qu'il subit et par extension devenir des êtres meilleurs...ou pas.

Casse-tête scénaristique s'il en est, cette oeuvre, portée au grand écran par les Wachowski (Matrix) et Tom Tykwer (Le Parfum), sentait tout de même très bon au vu du CV des cinéastes, de la bande-annonce et du casting.  Une histoire aussi ambitieuse et rare a déjà le mérite d'exister, qui plus est, à l'échelle internationale. Il n'en demeure pas moins vrai que cela constitue un exercice risqué financièrement et artistiquement à l'heure où les blockbusters les plus décérébrés se hissent encore et toujours au sommet du box-office. (Le film a fait un flop aux USA, il devrait trouver son salut en Europe, connue pour avoir un public plus "cérébral".)

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Hugo Weaving (Matrix, V pour Vendetta) fidèle aux Wachowski, incarne à l'instar de tous les acteurs plusieurs personnages (dont une femme). Ici il campe à la perfection la mauvaise conscience de Tom Hanks à l'époque la plus futuriste. Il fait partie de ceux qui de vie en vie ne parviendront pas à positiver leur karma. Bien au contraire.

Si vous êtes intéressé par ce film, intrigué par la richesse de sa thématique, mais que vous craignez d'être totalement désorienté par la complexité de sa narration et de son contenu, j'ai deux conseils à vous donner.

Le premier : n'hésitez pas à visionner avant des oeuvres telles que The Fountain, Mr Nobody ou encore Revolver pour vous familiariser avec ce genre et savoir si vous n'y êtes pas totalement allergique.

Deuxième conseil - qui peut rendre le premier optionnel : dites-vous que Cloud Atlas est de ces films qu'on regarde avant tout avec le coeur et l'âme. Tant pis si vous ne comprenez pas tout tout de suite, cela ne fera qu'augmenter l'intérêt de le revoir et d'en parler avec d'autres qui l'ont vu. Et puis, avouons que la confusion fait partie intégrante de la magie de cet exercice. La richesse de ce genre de films vient autant du film lui-même que des débats et discussions qu'ils suscite après coup. Et rappelez-vous que votre appréciation dépendra moins de votre capacité à reconstituer le puzzle que de votre sensibilité et votre expérience de la vie. Un film qui nous rappelle à quoi tend le cinéma et l'art dans l'idéal : nous éloigner de notre quotidien tout en nous inspirant les moyens de mieux le comprendre pour l'améliorer. A ce titre, il est indéniablement indispensable et fait un bien fou. Et de voir à travers les premières images du générique de fin combien les stars du film se sont impliqués dans le projet risque de vous surprendre au point de vous émouvoir, tant cela apporte de la profondeur aux thèmes de la réincarnation et du karma. L'inspiration est également un thème majeur, car elle suppose toujours l'influence des autres - à divers degrés de conscience - au coeur de nos existences rythmées par des choix moraux aux répercussions incommensurables.

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Ben Wishaw (Le Parfum, Bright Star, Skyfall) est un musicien maudit dont l'inspiration  sera pourtant reconnue grâce à la notion d'héritage qui unit les différentes époques et par extension les différents héros.

Il est notoire que les acteurs principaux (Tom Hanks - incroyable caméléon humain - et Halle Berry en tête) apparaissent grimés selon les intrigues/époques au point parfois d'être méconnaissables. Un des nombreux ingrédients délectables de Cloud Atlas et qui constitue tout au long du film un sympathique jeu du Qui est Qui ? dont les réponses ne viendront donc qu'à la fin. Autant vous dire que même si vous êtes physionomiste, il y a de fortes chances que plus d'un personnage échappe à votre acuité visuelle. Autre élément ludique : traduire le patois primitif utilisé par Tom Hanks et Halle Berry pour communiquer dans un futur lointain, aussi amusant que touchant.

Tout est connecté comme l'annonce si bien l'accroche de l'affiche. Les protagonistes, leurs combats pour la liberté et la vérité. Mais c'est aussi vrai d'un point de vue technique et artistique : interprétation, scénario, décors, maquillages, effets spéciaux. Aucun de ces éléments n'est mis plus en avant que les autres tout en étant très bien exploité. Dans Cloud Atlas, c'est l'histoire avant tout qui est privilégiée, une histoire dont la structure particulière ne diminue en rien la puissance, bien au contraire, le montage étant un modèle de fluidité. Le budget conséquent alloué aux trois réalisateurs est ici intelligemment mis au service du sujet. Les six intrigues n'auront sans doute pas le même intérêt pour chaque spectateur, chacune possédant sa propre dynamique et certaines étant naturellement plus immersives. De même que certains maquillages - trop poussifs - ne feront pas l'unanimité. Mais voir s'entrecroiser l'espace de près de trois heures (qu'on ne voit guère passer) un polar politique des 70's, une fresque historique, une chronique dramatique, un film de S-F, une fable post-apocalyptique et une comédie loufoque est un pur fantasme de cinéphile qu'il serait fou de vouloir bouder surtout quand chaque genre est transcendé et donne du sens à tous les autres.

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L'époque la plus futuriste est aussi l'une des plus passionnantes grâce à l'univers à la fois primitif et hyper-technologique, au tandem d'acteurs et au langage utilisé par le peuple de Tom Hanks.

Si vous avez perdu la foi et l'espoir dans votre lutte personnelle pour vous changer et/ou changer le monde, allez d'urgence voir ce film. Si vous vous sentez assez fort pour déplacer des montagnes, allez le voir quand même, vos convictions n'en seront de toutes façons que plus inébranlables.

Pour paraphraser une réplique majeure du film, Cloud Atlas n'est peut-être qu'une "petite" éclaircie dans le ciel pas toujours bleu du 7ème art. Mais après tout, un beau ciel bleu est fait d'une multitude d'éclaircies, non ?

Pour la petite histoire, c'est de Natalie Portman qu'est née en quelque sorte l'idée de cette adaptation. Elle lisait le roman sur le tournage de V pour Vendetta dont les Wachowski étaient producteurs. Il n'a pas fallu longtemps pour qu'ils découvrent à leur tour son contenu et en tombent amoureux. La force de l'inspiration et de l'influence où quand la réalité rejoint la fiction. Vous ne serez donc pas/plus étonnés de retrouver dans les remerciements du générique le nom de l'actrice malgré son absence dans le film.

Si vous avez aimé Cloud Atlas, peut-être aimerez-vous plus particulièrement deux de mes histoires. La première, L'Eternité contre le Néant, m'a été inspirée directement par les passionnantes théories de Philip K. Dick.

La seconde, Le Combat du Papillon, est un miroir de ma spiritualité, l'oeuvre que je place naturellement au-dessus de toutes mes autres par sa portée et sa thématique et je ne vois pas de hasard dans le fait que par leur contenu et/ou leur construction, ces deux récits soient fortement parentés à Cloud Atlas. Vous comprendrez alors vous-mêmes plus facilement mon admiration pour ce film unique en son genre.

 

 

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