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mercredi, 07 mai 2014

Les Trois Mousquetaires 3D [Cinéma/Critiques]

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Ceux qui ont lu mon article Les Films à rater : Pompéï 3D ou qui s'estiment comme moi des spectateurs exigeants doivent s'attendre en toute logique à ce que je démolisse ce film, à ce que j'en exprime toute la futilité et la nanardise. Je préfère lâcher le morceau tout de go : ce ne sera pas le cas. Je ne vais pas crier au chef-d'oeuvre, loin de là, mais le fait est que j'ai été agréablement surpris par le résultat qui s'annonce bien différent de ce que la bande-annonce...annonçait.

Il y a une règle très simple qui s'applique à tous les arts et j'y intègre le jeu vidéo : votre plaisir à goûter à une oeuvre dépend majoritairement de ce que vous en attendiez. Dans un sens comme dans l'autre.

Et bien le cas de ces Trois Mousquetaires en est la parfaite illustration. Je m'attendais à une bouillie informe d'effets digitaux, d'explosions grandiloquentes, de cascades improbables et de modernité indigeste et je n'ai trouvé au final qu'une infime partie de ces ingrédients, sinon aucun, la majeure partie du film étant au final d'une sobriété et d'un classicisme surprenants fleurant bon l'oeuvre originale, parfois dans la forme, souvent dans l'esprit.

Si l'intro à Venise peut venir contredire mes propos ci-dessus par ses effets spectaculaires, elle n'en reste pas moins savoureuse par d'autres aspects comme la présentation des personnages et de leurs spécificités, chaque mousquetaire symbolisant un archétype de héros bien précis qui se traduira plus tard par une conceptualisation tout droit sortie de Mission Impossible. Une bonne idée en soi qui sera un peu expédiée par la suite via un choix scénaristique, lui, assez malin.

Passé cet épilogue très imaginatif, on retombe très vite dans l'adaptation pure et dure avec un D'Artagnan jeune, impétueux et inexpérimenté qui débarque à Paris et s'en va défier les mousquetaires un par un pour finir par faire cause commune avec eux en affrontant les gardes du Cardinal.

Cette séquence, emblématique de l'oeuvre de Dumas, est d'une étonnante fidélité au matériau de base, au point qu'on se dit que le sachant aussi, le réalisateur lui-même n'a pas eu le courage (la bêtise) de la dénaturer.

Le réalisateur, parlons-en justement. Paul W. Anderson est connu principalement pour son adaptation très discutable de la série de jeux vidéo Resident Evil et d'autres films destinés aux geeks qu'il a tendance à prendre un peu trop pour des gamins décérébrés et des vaches à lait. Adepte des effets numériques et des ralentis sans concessions, il s'est fait un nom comme étant la version Uwe Boll socialement et commercialement acceptable. Quoique là encore certains pourront trouver à redire.

Pour résumé, un tâcheron hollywoodien pur sang, qui n'a que faire de la subtilité et de l'intellect.

C'est donc avec une certaine perplexité qu'on découvre sa version des Trois Mousquetaires, qui pour le coup, trahit de manière assez éloquente cette réputation. Il y a bien quelques ralentis et  cascades improbables (que l'on doit d'ailleurs à Milla "Resident Evil " Jovovitch, épouse d'Anderson, ceci explique cela) des gadgets futuristes et de l'action pétaradante, mais comparativement à ce qu'il pouvait y avoir, les proportions sont moindres et suffisamment bien espacées dans le film pour qu'on ait pas cette sensation d'overdose habituelle. En fait, si on exclut l'aéronef qui va prendre une place assez importante dans le film il est vrai, il y a peu de ces énormités qu'on pensait voir tout du long. Les dialogues et les répliques sont très présents et s'ils sont assez convenus dans l'ensemble, ils sont soignés et respectueux, ils sonnent "littéraires".

Et il faut aussi reconnaître que visuellement, le film a le mérite d'être homogène, cohérent, épuré pourrait-on même dire et le temps de quelques plans aériens et de certaines transitions il est même carrément somptueux. Un choix esthétique bienvenu qui renforce l'idée que le réalisateur a profité de cette opportunité pour ajouter sa griffe personnelle à cette incursion dans l'Histoire de France dans le bon sens du terme. En contrepartie, l'intrigue souffre de situations et d'ellipses inexpliquées comme la manière dont les Mousquetaires récupèrent l'aéronef. Mais ça aurait pu être tellement pire qu'on s'en remet assez vite.

Intéressons-nous aux personnages puisqu'ils font le sel de cette aventure. A ce niveau ça souffle le chaud et le froid. On pourrait simplifier les choses en disant que ce sont les comédiens les plus réputés qui sont les moins bien servis. Le film a beau être une série B de luxe, on y trouve quand même une belle brochette de stars exclusivement du côté des méchants d'ailleurs. On passera rapidement sur Milla, Milady versatile et polyvalente, mais pas très sexy, pour s'arrêter sur le Cardinal de Richelieu et son exécuteur Rochefort, respectivement interprétés par Christoph Waltz (Djando unchained) et Mads Mikkelsen (Michael Kohlhass). Malgré leur statut, les deux hommes souffrent d'un rôle très limité, surtout Mads qui fait de la figuration malgré le duel final, ainsi que de dialogues et d'un jeu manquant cruellement d'audace. Très regrettable pour des acteurs et des personnages de cet acabit. La VF ne faisant que rajouter à la fadeur de leur prestation.

Si les acteurs incarnant les trois mousquetaires sont sympathiques et convaincants (quoique un peu en retrait), c'est véritablement le jeune Logan Lerman dans le rôle de d'Artagnan qui remporte l'adhésion grâce à son charme et son énergie qui vont de paire avec le rôle du bouillant Gasgon. Autre personnage attachant, le jeune roi louis XIII, enfant gâté dont l'incompétence et la sensiblerie finissent par faire sourire. En se rangeant naturellement du côté des Mousquetaires il gagne de toutes façons facilement la complicité du spectateur.

Enfin dans le rôle du vrai méchant et ennemi direct des quatre mousquetaires, le Duc de Buckingham, interprété par Orlando Bloom qu'on ne présente plus non plus. Habitué aux rôles de gentil pur et innocent qu'il soit elfe ou fils de pirate, il est la véritable audace du film en fin de compte et à ce titre il s'en sort plutôt bien en coquin coquet affublé d'un look mémorable à l'origine d'une amusante compétition avec le Roi.

En conclusion, si Les Trois mousquetaires version steampunk ne peut évidemment prétendre au statut de grand film, il peut néanmoins tout à fait s'apprécier comme un divertissement soigné, efficace et donc honnête, plus que le D'Artagnan de Peter Hyams, à ranger aux côtés de Mortal Kombat, Alien VS Predator et La Course à la Mort au registre des oeuvres recommandables de Anderson, qui à l'instar d'un Roland Emmerich avec Anonymous ou de Louis Leterrier avec Insaisissables, a peut-être encore de bonnes surprises en réserve. On y croit ! 

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Je n'ai pas parlé de la servante de la Reine, qui figure dans le casting sous l'appellation La Blonde, ça veut tout dire. Elle a quand même son importance, elle est l'amoureuse de D'Artagnan. A vous de voir si ça compte !

 

 

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