lundi, 05 mai 2014
Le monde entier est alcoolique [Société]
Le monde entier est alcoolique
Un article à consommer sans modération
A votre santé...enfin si l'on peut dire...
On les voit partout. Elles fleurissent sur les abribus, sur les bus eux-mêmes : des marques de whisky, de vodka et de bière. Comme si on avait besoin de nous rappeler qu'on pouvait boire, qu'on devait boire, que boire était d'utilité publique, que boire en France n'était pas déjà inscrit dans l'inconscient collectif, le "patrimoine national", que l'alcoolisme était un problème mineur dans notre pays. Comme si boire était une solution, une réponse assez éloquente pour qu'elle vaille la peine d'être colportée partout à la vue de tous.
Pourquoi ces espaces de communication sont-ils exclusivement consacrés, sacrifiés à des fins commerciales ? Pourquoi ne sont-ils pas plutôt employés à des fins sociales, humanistes sans parler d'humanitaires ? Pourquoi ne pas s'en servir pour encourager des valeurs solidaires, des initiatives citoyennes ? Pourquoi ne pas véhiculer des messages positifs, encourageants, valorisants pour égayer les journées et l'âme de chacun ?
Et bien le problème se situe précisément là, justement. En nous imposant à l'extérieur des publicités dont la télé nous abreuve déjà allègrement, l'Etat croit sans doute faire sa BA, son mea culpa.
Acheter plus pour... mieux vous résigner.
Buvez, éliminez... tout raisonnement, tout esprit d'initiative.
Buvez et oubliez.
Oubliez que vous êtes important, unique.
Oubliez que votre vie a un sens, pour vous et pour les autres.
Oubliez que vous avez le choix, que vous pouvez vous relever de la plus terrible tragédie et recréer de l'espoir, pour vous, pour les autres.
Oubliez tout. Mais n'oubliez surtout pas de boire à nouveau.
Ce monde est malade. Il le sait, mais ne veut pas guérir. Il se complait dans sa maladie. Il compte ses cicatrices, ses plaies purulentes comme autant de trophées. Il connait les baumes, les remèdes, mais ne les utilise pas. Tel un illusionniste, il préfère détourner l'attention.
"Regardez ce beau ciel bleu. Observez ces nuages, si légers, si purs. Imaginez-vous allongé dessus, aussi légers et libres qu'eux."
Et nous le faisons. Et ainsi, nous oublions que pendant ce temps, nous nous enfonçons un peu plus chaque jour dans des sables mouvants et que les sangsues du capitalisme nous sucent le sang, le coeur et le cerveau. Il y a des gens autour de nous qui ne sont pas encore enlisés. Ils se tiennent sur le bord, ils ont même de longues branches à portée pour pouvoir nous tirer de ce piège mortel. Mais eux aussi sont hypnotisés par le ciel et les nuages, paralysés par cette illusion, cet objet virtuel, cette poudre aux yeux qui nous endort.
L'homme est un animal qui dort debout, qui dort en marchant, qui dort en mangeant, en parlant. L'homme oublie qu'il est vivant, qu'il peut penser par lui-même. Il a pris l'habitude d'oublier et surtout il a appris à aimer ça. Et le simple fait de s'en souvenir ne serait-ce qu'un peu lui fait mal, comme de regarder la lumière du jour après un long moment dans l'obscurité. La lumière, celle de la vérité, il ne la supporte plus. Elle lui rappelle ce qu'il a abandonné, à commencer par lui-même, ce qu'il est devenu, l'ombre de lui-même.
Alors comme il souffre, il est normal qu'il se soigne. Et tant pis si le remède n'est pas authentique et seulement provisoire. Il est rapide et efficace, c'est tout ce qui compte.
Oublier c'est se mentir, c'est se protéger de tout le bien qu'on peut faire, à soi et aussi aux autres.
Ce serait un bon slogan pour une bière !
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Commentaires
C'est parce que mon rapport avec la publicité particulier dans le sens où plus jeune, j'étais fasciné par la publicité, surtout à la télévision, je n'en manquais aucune, je passais des heures à enregistrer en VHS avec le magnétoscope de mes parents mes publicités favorites et j'avais même des émotions avec elles ( en particulier celle-ci qui pendant 4 ans ne passait que pendant la période de noël et qui donc était rare et d'autant plus précieuse http://youtu.be/9i29wMGy3E8 ). Je ne manquais aucun magazine de Culture Pub sur M6 et j'allais régulièrement à la nuit des publivore, bref j'étais accros à la publicité. Mais pas nécessairement comme un consommateur, mais parce que j'étais jeune et que j'avais besoin de me rattacher à ce qui me semblait être une contre-culture : la publicité.
J'ai la sensation qu'à cette époque, les années 90, début 2000 peut-être encore, la publicité était un lieu d'expérimentation "culturelle" et que ce qu'il se passait au sein de la pub pouvait plus tard se retrouver dans le reste de la société, même si je n'avais pas les mots pour le penser c'était un peu comme si la pub était l'avant garde d'une culture en mutation qui plus tard se transformait en culture mainstream. Je crois que l'exemple le plus flagrant c'est la fameuse époque porno-chic, époque publicité Benetton, qui choquait outrancièrement les gens avant que petit à petit l'imagerie porno chic entre dans les moeurs, aujourd'hui qui pour s'émouvoir d'une gamine qui joue les lolitas dévergonder pour vendre des yaourts ou des robes.
Il ne faut pas oublier non plus que plusieurs réalisateurs qui deviendront tendances dans le début des années 2000 auront fait leurs armes dans la pub où les formats étaient plus libres.
Malheureusement, comme le dit une publicité actuelle " mais ça c'était avant" ...
Aujourd'hui je suis un désenchanté de la publicité, je suis devenu un anti-pub, et certaines de ces publicités pourraient me pousser au meurtre - http://les-arts-debauches.over-blog.com/article-jour-1310-la-publicite-mousline-pour-les-galettes-de-pomme-de-terre-degre-zero-du-monde-114734771.html -. Je me demandes si cette amertume est venue parce que la publicité à changé ou parce que j'ai changé. Je n'arrive pas à me décider.
D'un côté la publicité, me semble, avoir perdu toute ambition créative formelle. Et plus qu'avant j'ai la sensation que la publicité nous prend pour des cons. Mais c'est peut-être moi qui ai vieilli et qui maintenant décrypte mieux les armes de destruction massive de conscience et de libre arbitre de la pub, à moins qu'elle soit moins discrète qu'avant ...
Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, je te rejoins à plus de 2250 % sur le constat et l'amertume. Aujourd'hui je suis prêts à épouser la personne pourra créer un logiciel pour bloquer la pub, pas sur internet où c'est déjà utile même si ce n'est pas efficace à 100 % mais sur la télévision. À une époque où la crise est la crise, les gouvernements de tous les bords n'ont qu'un mot à la bouche, relancer la consommation - ce qui fait trois mots certes - et relancer la consommation est devenue une obsession, comme si cette foutue consommation, surconsommation pour être honnête, était devenu la seule idéologie que l'humanité puisse suivre. Nous vivons en dictature de la consommation dans cette dictature la publicité c'est le bras armée, une sorte de stasi qui nous traque pour que l'on consomme. C'est peut-être pour cela que le libertaire c'est réveillé en moi et qu'il lutte contre la pub.
En reniant sur la créativité qui animait la pub d'avant, la publicité assume maintenant parfaite de faire de la propagande pour une idéologie dont elle ignore elle même la présence.
Cela fait plusieurs mois que j'ai en projet de me lancer dans un blog qui analyserai la publicité dans l'espoir d'en démonter certains mécanismes. Une sorte de projet qui de très loin s'inspirerait de la lecture sociologique que Barthes faisait de son temps dans ses Mythologies, mais je n'ai pas encore eu le courage de me lancer.
Merci de m'avoir donné cet élan pour ce commentaire, que je vais reprendre en article sur mon blog si ça ne te choque pas ^^
Écrit par : virtuel rémy | mercredi, 07 mai 2014
J'ajoute que j'ai des raisons personnelles d'avoir une dent contre l'alcool, je n'ai jamais été alcoolique, c'est même tout le contraire, mais j'ai vu de suffisamment près les ravages qu'il peut faire et en vanter ainsi l'existence en sachant que c'est le premier remède vers lequel se tournent les personnes qui tombent en dépression est ni plus ni moins une hypocrisie criminelle ! On le sait, l'alcool détruit ceux qui le consomment, physiquement et mentalement, mais pas que...
Pour ce qui est d'utiliser cet échange pas de souci si en plus ça peut te permettre de concrétiser ton beau projet, tu as ma bénédiction !
Écrit par : Greg Armatory | mercredi, 07 mai 2014
Je ne peux que te rejoindre sur les ravages humains de l'alcool ; mais que veux-tu, l'alcool fait entrer du cash dans les caisses de l'état - sans conter ce que les lobbyistes doivent donner - c'est donc tout naturellement que le français aime à revendiquer le patrimoine culturel de l'alcool et dénigrer le fait que c'est une arme qui tuent chaque années des dizaines de millier de personnes directement ou indirectement - genre les victimes sobres de chauffards ivres -.
Personnellement jusqu'à mes 25 ans j'ai du boire en tout et pour tout qu'une dizaine de verres d'alcool. J'ai donc évité de me construire un lien affectif ou émotionnel avec l'alcool, ça m'a peut-être empêché parfois de m'intégrer aux autres mais au moins je suis libre.
Je ne sais pas si l'article que j'ai réécrit à partir de mon commentaire sera le début d'un regard critique sur les pubs, mais en tout cas il est en ligne sur mon blog http://les-arts-debauches.over-blog.com/2014/05/1775-eme-jour-d-ecriture-desenchantement-publicitaire.html
Écrit par : virtuel rémy | mercredi, 07 mai 2014
Écrit par : Greg Armatory | mercredi, 07 mai 2014
Écrit par : laurent | samedi, 18 juillet 2015
Écrit par : Greg Armatory | samedi, 18 juillet 2015
Écrit par : laurentrent | samedi, 18 juillet 2015
Écrit par : Greg Armatory | samedi, 18 juillet 2015
Écrit par : laurentrent | samedi, 18 juillet 2015
Cela dit, les publicités font clairement l'apologie abusive de la picole, de la mal-bouffe, de la nécessité existentielle de porter de la marque aujourd'hui, de la clope, etc ... C'est un cercle vicieux : tant que les gens n'arrêteront pas d'être clients et de cautionner, les lobbys n'ont aucune véritable raison de stopper la propagande (si on peut dire), bien au contraire.
Écrit par : Elo | lundi, 26 octobre 2015
Écrit par : Greg Armatory | mardi, 27 octobre 2015
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