jeudi, 21 novembre 2013
Need For Speed Rivals [Jeux Vidéo/Critiques]
PREMIER ESSAI
Ca s'annonçait bien : un Hot Pursuit adapté (pourquoi pas avant ?) en monde ouvert, l'idéal pour vivre des course-poursuites endiablées entre flics et voyous en alternant les deux carrières, en accumulant les Speedpoints pour débloquer améliorations, caisses au risque de tout perdre. Une guerre ouverte entre la loi et la liberté sur le bitume à coups de pare-chocs, de herses et autres gadgets neutralisants.
Ca c'est la théorie. Quand vient la pratique, c'est tout à fait autre chose et le moins qu'on puisse dire c'est que c'est pas beau à voir. Le pire n'est jamais décevant nous avertissait Bernard Tapie dans Le Hommes, Femmes Mode d'Emploi de Lelouch. Et qu'il avait raison le bougre. Car ça se vérifie même dans les JV !
Passée une intro sympa qui donne le ton et les tutos de rigueur, on est lâché sur la route et là on mesure rapidement la catastrophe. Le jeu n'est tout simplement pas fini et cette fois les développeurs n'ont même pas fait l'effort de le cacher.
A part si vous effectuez un saut de cascade vous n'aurez aucune sensation. Les vibrations répondent de surcroît aux abonnées absentes. Quand on a joué à Hot Pursuit on se dit qu'au pire ce sera aussi beau, aussi léché, aussi flatteur pour la rétine avec des effets bien graphiques et des lumières propres. Oubliez. Là vous aurez droit à des textures sommaires voire moches et ce où que porte le regard et qui se permettent le luxe de clignoter et de s'afficher au dernier moment. Et quand je dis au dernier moment, c'est au dernier moment, juste sous vos roues, quoi ! Est-ce que j'ose rajouter que vous avez pourtant eu droit à l'installation d'un pack HD avant de commencer votre première partie ? Zut, c'est déjà fait ! Bah oui, à ce niveau d'arnaque, dire que c'est du foutage de gueule c'est presque leur faire un compliment.
Et puis à peine immergé, vous aurez droit à un joli freeze (oui sur un jeu flambant neuf c'est super agréable) et si ça ne suffit pas, à un joli bug de collision qui vous rappelle combien la physique des voitures est...comment dire...approximative ? aléatoire ? Vous connaissez la série Crash Time ? Sans doute pas pour ses qualités. Et bien disons qu'à côté de NFS Rivals, Crash Time est presque plus recommandable. Non, que dis-je ? Est carrément recommandable ! bah, oui, faut pas déconner, on parle de qui, de quoi, là ? De EA (avé l'accent!), E-lec-tro-nic Arts, pas le petit studio de campagne qui réunit trois péquenots dans un garage. Y a des moyens, y a de l'expérience, y a... bah, non en fait, y a plus ça du tout. En tout cas pas dans Rivals. Les voitures n'ont quasiment aucun poids, on dirait des jouets en plastique et ce n'est pas leur rendu simpliste qui viendra contredire cette impression.
Alors on se dit : comment c'est possible qu'une telle entreprise nous ponde une démo de bêta vendue au prix d'un jeu complet, préparé, testé, fignolé ? Le fric, l'est passé où les gars ? Me répondez pas dans le marketing, ça je le sais déjà ! Non, y a forcément autre chose ? Le film qui sort l'année prochaine ? Ouais peut-être, mais je demande quand même l'ouverture d'une enquête.
Parce que ça a eu des prix, ça, oui, madame ! Ca a eu des jolies notes, ça, oui monsieur ! Mais comment c'est possible ça aussi ?
A moins que...non ! Quand même pas ! A moins que...Rhaaaaa ! Me faites pas dire ce que j'ai pas dit ! Quoi ? Ces fameux chèques, là ? Bah en même temps, à un moment donné, faut bien que le budget il aille quelque part, c'est logique, mathématique ! Rien ne se perd, rien ne se crée, tout...s'achète ? Oui, Madame, oui, Monsieur, tout s'achète et tout ce qui s'achète, Léo le Getz !
Je vous jure que si l'arme fatale existait j'irais volontiers lui filer un contrat. Parce que là y a vraiment des coups de pied au cul qui se perdent en haut lieu. Et y a pas d'immunité diplomatique qui tienne ! Si j'étais eux, je me la jouerais Undercover car quand on est les Most Wanted on se fait forcément quelques Rivals et on s'expose à de Hot Pursuit judicaires à tenter The Run ! y a du Shift dans l'air, moi je vous le dis !
En même temps, je dois reconnaître que j'ai un peu eu ce que je méritais. Parce que redonner sa chance à une grosse licence après le naufrage Assassin's Creed IV c'est un peu jouer avec le feu. Et là autant vous dire que je suis bien cramé, je suis même Carbonisé !
Bon sur ce je retourne jouer à Midnight Club Los Angeles, un jeu de courses digne de ce nom qui a cinq ans, mais qui fait passer sans problème Rivals pour une adaptation de Shérif, fais-moi peur.
Je suis sympa, je vous laisse choisir entre le film et la série.
Si vous jouez du côté flic, vous aurez l'honneur d'être au volant de ce monstre !
DEUXIEME ESSAI
(Juré ! Je n'ai pas touché de chèque !)
Dégouté, ecoeuré, j'ai quand même tenu à refaire un second tour de piste, histoire de vérifier si le Syndrome de Stockholm (d'ailleurs mentionné dans le jeu) pouvait s'appliquer à un jeu vidéo, à savoir s'attacher à son tortionnaire, lui trouver un aspect positif en dépit du mal qu'il nous inflige. Et bien c'est arrivé, Madame, Monsieur, le miracle a eu lieu (J'habite pas Lourdes, pourtant !)
En me détournant de l'aspect technique et en me focalisant sur le gameplay pur, j'ai pu trouver enfin du plaisir et déceler le potentiel du jeu.
Faut dire que Rivals a un argument imparable : il est super intuitif !
Même plus besoin de parcourir la map pour sélectionner objectifs et destinations, le bien nommé Easy Drive vous autorise à tout choisir sans quitter la route des yeux, en demeurant perpétuellement dans l'action. En gros vous prenez le GPS évolué de Sleeping Dogs et vous l'adaptez à un jeu de course. Sur ce coup, le studio a vraiment été inspiré. Concrètement, via les flèches directionnelles vous affichez à l'écran les différents défis et lieux qui vous intéressent ce qui rend le jeu particulièrement vivant et dynamique et ce qui surtout permet de détourner l'attention des grosses imperfections précitées qui sautent aux yeux dès qu'on redevient un brin contemplatif.
FROSBITE N'A PLUS DE MORDANT
Quand on a goûté à la finesse et au rendu des environnements d'un Forza Horizon, on a de quoi crier au scandale. La distance d'affichage est ridicule et les montagnes floutées à l'horizon nous renvoient à celles de The Saboteur (Hum...2009 quand même !) Le problème c'est que ça fait mal aux yeux de loin comme de près. Les textures sont grossières et le jeu souffre dune instabilité qu'on paye très régulièrement. Les cinématiques de collision sont des nids à bugs, ce qui donne lieu à des respawns totalement aléatoires pour le joueur, la mini-carte mettant un temps fou à réapparaître on ne sait des fois plus où se réorienter et l'IA de se faire un plaisir de prendre la tangente pendant ce temps quand elle n'est pas avantageusement replacée sur la route alors qu'on vient de la percuter. Vous aurez aussi peut-être comme moi la stupéfaction de voir votre voiture et votre pilote être littéralement éjectés dans le ciel à une hauteur proprement vertigineuse (Un coup du géant de Skyrim ?) Quelques exemples parmi tant d'autres qui prouvent le manque flagrant de finitions. Impardonnable vu l'ancienneté de la série et le travail fourni au préalable par Criterion.
Non sans mal, on se fait une raison, le gros des ressources a été investi ailleurs (Qui a dit All-Drive ?). Heureusement, pour compenser un peu, le Easy Drive sublime la dimension monde ouvert du jeu. Entre les objectifs qu'on se fixe et ceux qui viennent nous titiller sur le trajet, on en viendra à abandonner plus d'une fois les premiers pour se laisser tenter par les seconds. Un petit passage à l'atelier pour se refaire une santé et récupérer des items et c'est reparti pour une traque endiablée ! La plus grande qualité de Rivals est incontestablement son rythme effréné !
COPS & ROBS
Côté pilote, on enchaîne courses et affrontements musclés avec les autorités afin de gonfler son pécule de Speedpoints, la monnaie du jeu. Elle vous permet d'acquérir améliorations pour vos voitures ainsi que les différents items qu'il faut débloquer en progressant dans le scénario et acheter pour chaque modèle. Vous pouvez attribuer deux items par véhicule et créer ainsi des profils défensifs, offensifs ou mixtes en prenant (ou pas) en compte les caractéristiques de la voiture elle-même. Un petit côté RP, si on veut.
Mais ces précieux Speedpoints, vous pouvez aussi les perdre. Suffit que vous subissiez des dégâts irréparables et vos économies retombent à zéro. Heureusement, même coursée par la police, vous pouvez rejoindre une planque et gonfler votre compte en banque en toute sécurité. Les points ainsi déposés sont alors ajoutés à votre budget total et donc immunisés. Plutôt bien vu.
Pour les flics, les Speedpoints sont là aussi, mais nul besoin de les sauvegarder car pas d'améliorations techniques ni de visuels en échange. En revanche des bolides plus nombreux et de plus en plus performants, que vous débloquez pour chaque mission achevée, autant dire rapidement. Même un peu trop.
Qu'on soit flic ou voyou les missions se présentent sous la forme d'un éventail de trois programmes baptisés Speedlists (pour les voyous) comportant chacune des défis d'un nombre et d'une difficulté variables. Cela peut-être obtenir la seconde place dans une course, atteindre une certaine vitesse, provoquer un nombre précis d'accidents,...Vous faites donc votre choix selon les aspects du jeu que vous voulez exploiter, ce qui devrait définir par la suite votre profil et vos futurs objectifs.
Ce qui tient lieu de scénario est une guerre ouverte entre l'Autorité et les Pilotes de Course presque façon Mad Max premier du nom, la politesse en plus. Chacun a ses arguments, ses ambitions et malgré sa simplicité, il est plaisant de suivre l'évolution du feuilleton dont chaque chapitre influence la nature des missions qui vous seront confiées. Par exemple en tant que flic vous vous retrouvez à un moment donné obligé de piloter un modèle civil pour infiltrer en quelque sorte le camp ennemi. Rassurez-vous, le modèle en question est tout sauf une épave ! Cela dit les objectifs ne varient pas beaucoup, on tourne toujours autour des mêmes activités, il n'y a guère que le nombre ou la difficulté qui donnent un peu de nuance. Dommage, c'était peut-être l'occasion de donner plus de profondeur et de consistance à l'univers. En fait, presque à tous points de vue le studio s'est contenté du minimum syndical : un produit vite fait, vite joué, et donc vite oublié. Encore une fois un bon concept entre les mauvaises mains (qui a dit Remember Me ou Tomb Raider ?) ça fait toujours mal au coeur.
On pourrait dire en conclusion que cet épisode est appréciable du fait qu'il étend le concept exploité dans Hot Pursuit en solo comme en multi, mais qu'il faudra se contenter de ça car ses nombreuses lacunes techniques et son manque d'ambitions côté background le font passer à côté d'une vraie évolution du genre comme a pu l'être Driver San Franciso par exemple.
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