mercredi, 20 novembre 2013
Les Films français qui m'ont fait aimer le Cinéma français [Cinéma]
N'ayant pas, à ce jour, complété mon article sur Mon Bilan du Cinéma qui réserve un chapitre au cinéma français je me devais de lui rendre hommage d'une autre manière. Cette petite sélection toute personnelle comblera en partie cette lacune. Pendant longtemps nourri seulement - comme tant d'autres de ma génération - aux blockbusters américains gavés de fantastique, de cascades et d'effets spéciaux je regardais de très loin et avec un certain mépris les échos que je pouvais avoir du cinéma français qui se résumait pour moi à des conversations désespérément réalistes et ennuyeuses entre des personnages qui ne l'étaient pas moins.
Et puis on grandit, on mûrit, la vie nous enrichit. Notre perception et notre sensibilité s'en trouvent décuplées et on ne voit plus les choses de la même façon.
Je suis encore très loin d'avoir rattrapé mon retard culturel sur le cinéma français, mais au moins je suis en mesure de l'apprécier d'une manière relativement large de surcroît comme vous le verrez. En cela, c'est déjà très appréciable.
Un film qui ne paye vraiment pas de mine à la base et qui sous nos yeux se métamorphose en un thriller redoutable d'efficacité. En nous plongeant dans l'intimité de ce duo inattendu, le réalisateur parvient à nous rendre l'anti-héros que campe superbement Yvan Attal terriblement proche et attachant. Quant à Sophie Marceau (Une Rencontre) elle est délectable en femme fatale, mystérieuse et un brin manipulatrice. On est totalement impliqué dans les péripéties avant d'être renversé par le coup de théâtre final. Une maîtrise que son très dispensable remake (The Tourist avec Angelina Jolie et Johnny Depp) valorise encore plus.
S'il y a bien un film qui est à l'opposé d'un blockbuster américain, c'est bien celui-ci, typiquement le genre de films que je détestais à une époque. Et ce sont les ingrédients mêmes que je méprisais qui m'ont fait aimer ce film. Un cadre banal au possible, un huit-clos, une mise en scène minimaliste, des personnages qui règlent leurs comptent entre eux et avec eux-mêmes et surtout cette formidable idée de laisser le spectateur en coulisses en ne faisant que suggérer tout ce qui dynamise pourtant la narration et la psychologie. Audacieux et terriblement efficace. Et puis cela été aussi et surtout l'occasion de découvrir le tandem Jaoui/Bacri qui nous a offert l'excellent Le Goût des Autres.
La transition est facile puisqu'on retrouve l'éternel bougon Bacri en manager de football affublé du jour au lendemain d'un Chabat résolument très cabot ! Un concept de départ risqué (Bacri a longtemps hésité) mais qui grâce à de bonnes idées et une réalisation inspirée se transforme en une comédie sur-mesure pour deux ténors du rire totalement complémentaires qu'on aurait pourtant jamais pensé associer. Baptême du feu pour Chabat/réalisateur qui s'affranchissait (enfin) de l'humour pipi/caca des Nuls et qui nous offrira quelques années plus tard l'énorme Astérix et Cléopâtre.
C'est peut-être LE film qui m'a réconcilié avec le cinéma français. Dobermann est ce que je considère comme un pont culturel entre cinéma français et américain d'où cet engouement immédiat que j'ai eu pour lui. Un film hybride qui mélange constamment les genres. Il adopte une esthétique travaillée, percutante et une nervosité que je n'espérais même pas voir un jour chez un réalisateur français. Un véritable choc. Certaines séquences sont d'un goût discutable, certes, mais celle du repas familial, notamment, a été une vraie claque, malgré ou grâce au malaise qu'elle installe. Elle me semblait tellement réaliste qu'elle m'a démontré que même dans un cadre résolument surréaliste, on pouvait faire naître du drame et de l'émotion et que c'était finalement comme ça qu'on pouvait transcender deux genres à priori opposé. Bref, un film qui m'a fait l'effet d'une bombe, une révélation à tous points de vue ! Depuis Jan Kounen a réalisé, entre autres, 99F qui lui aussi s'est glissé dans mes coups de coeur. Pas de hasard !
S'il y a bien un réalisateur qui est synonyme de cinéma français c'est bien Claude Lelouch. Autant dire que j'avais peu d'espoir d'accrocher à l'une de ses oeuvres. Et pourtant, le miracle est arrivé avec Hommes, Femmes, Mode d'emploi. Le destin de plusieurs personnages se télescope, s'influençant de manière subtile en nourrissant un propos large qui va bien au-delà de la thématique suggérée par le titre. On a ainsi droit à des répliques cultes comme la définition du cinéma français et américain par Luchini ou le fameux "Le Pire n'est jamais décevant" de Tapis. Une belle rencontre cinématographique qui a laissé durablement son empreinte en moi.
Voilà un parfait exemple de film-concept réservé ordinairement au cinoche américain et qui fonctionne totalement à la sauce française quand l'écriture et la réalisation sont au diapason. Le scénariste révèle s'être inspiré des théories de Philip K. Dick pour créer cette histoire de réalité parallèle où notre Johnny national n'est qu'un anonyme patron de bowling, ce qui en soi est déjà très intrigant. Il est important de préciser qu'il n'est nul besoin d'être fan du chanteur pour apprécier le film, on comprend vite qu'il aurait pu fonctionner avec n'importe quelle célébrité. On se délecte de voir un Luchini fanatique défendre becs et ongles l'image de son idole et tenter de la remettre sur son piédestal. Les clins d'oeil à la star et à d'autres films sont légion et particulièrement bien intégrés, Johnny en profite pour se moquer de son statut d'icône et le film parvient à exploiter son concept jusqu'au bout d'une manière vraiment originale, conférant à l'oeuvre un caractère unique, surtout dans le paysage français. Mon seul gros regret : l'absence de Que je T'aime ou Requiem pour un Fou qui aurait tellement mieux convenu lors de la scène cruciale du film et que tout de surcroît nous préparait à entendre.
A l'heure ou je m'engage de plus en plus en tant que citoyen responsable, ce film trouve un écho particulier. Je l'ai découvert à une époque ou j'étais encore très centré sur moi-même. Et pourtant, j'ai été sensible à ces nombreux messages et sa manière de les véhiculer. Sans doute parce que le parcours initiatique qui est imposé au personnage joué à merveille par Vincent Lindon est celui qui nous attend tous tôt ou tard. A condition d'en être suffisamment conscient et de vouloir l'exploiter à son avantage. Une oeuvre indispensable à plus d'un titre qui en plus de son fond sérieux et pédagogique réserve de grands moments de comédie (le violon qui casse). Deux aspects complémentaires du cinéma de Coline Serreau que la réalisatrice se fera un plaisir de pousser encore plus loin avec La Belle Verte et Solutions Locales pour un Désordre Global. On peut heureusement rire et sensibiliser en même temps.
Avec Crying Freeman, Christophe Gans (ex-critique de ciné) nous avait déjà démontré sa capacité à régurgiter sa culture du cinéma américain et du cinéma de genre. Avec Le Pacte des Loups, il donne un coup de fouet salvateur au cinéma français en mélangeant audacieusement les genres (historique, action, fantastique, drame, comédie) livrant un film d'aventures épique, esthétique et d'une grande générosité. Cerise sur le gâteau : son commentaire audio sur le dvd est l'un des plus remarquables qui soient : didactique, critique sur son propre travail et bourré d'anecdotes de tournage, il est la parfaite extension de l'esprit d'un cinéaste un peu maudit (Vingt-mille lieues sous les mers et Bob Morane à la trappe) qui a, gageons-le, encore beaucoup à nous montrer.
Le film familial est un type de film que j'ai boycotté très longtemps même quand je m'estimais assez ouvert au cinéma français dans sa diversité. Pour des raisons sans nul doute très personnelles. Et puis j'ai découvert par une amie (merci Law) ce film de Rémi Bezançon qui m'a séduit de bout en bout grâce à ses personnages très attachants et sa mise en scène travaillée. On retrouve facilement un reflet de nos propres expériences ce qui n'est pas étranger à sa réussite. L'accroche de l'affiche le dit d'ailleurs clairement. Un film drôle et sensible qui ausculte notre passé et interroge notre présent pour mieux nous confronter à notre avenir.
Un film définitivement culte pour moi et mes proches (dédicace à ma Lado et mon véver). Persos déjantés, décalés, répliques qui fusent comme des mollards, mollards qui eux-même fusent avec un bruit de pistolet silencieux. Le travail sur les dialogues et les personnages rappelle qu'un film et un bon c'est ça avant tout et que tous les artifices autour sont au final secondaires. Ca commence comme une pure comédie et ça passe d'un seul coup au drame sans qu'on s'y attende. Ajoutez des guest à gogo, qui se font plaisir - parfois dans des contre-emplois (n'est-ce pas José Garcia ?) et un contexte politique sensible et vous obtenez un cocktail inoubliable qu'on savoure toujours comme si c'était la première fois. A consommer sans modération !
On retrouve Yvan Attal pour son premier film en tant que réalisateur aux côté de sa moitié Charlotte Gainsbourg. L'acteur incarne un journaliste sportif de plus en plus jaloux du métier de sa femme et de tout ce qu'il implique de tentations, d'ambigüités, de non-dits et d'extravagances. Car passé l'avantage d'avoir facilement une table au meilleur des restos, la vie d'un tel couple est loin d'un conte de fée. Yvan est hilarant, Charlotte lui tient la dragée haute et les situations burlesques et ubuesques s'enchaînent à un rythme effréné. On en redemande. Yvan tentera de réitérer cet exploit avec Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants sans y parvenir, de son propre aveu.
Un autre film-concept qui voit Guillaume Canet victime de sa narcolepsie révéler petit à petit le talent de créateur qui sommeille en lui depuis longtemps par l'intermédiaire de ses rêves. Ou comment la faiblesse d'un homme devient sa plus grande force. De ce postulat de départ, on pouvait entrevoir une histoire fantastique géniale avec un handicapé de la vie se transformant dans ses rêves en super-héros, en justicier. Ce qui est d'ailleurs le cas dans une première partie. Hélas ce choix narratif est abandonné en cours de route au profit de la réalité pure des personnages, de leurs rapports et de leurs motivations. Passé cette amère constatation (dont j'avoue ne m'être jamais totalement remis) on prend le film tel qu'il est et on y est fortement aidé par le trio Zabou/Canet/Pooelvorde/ au sommet de son art. Avec en prime une B.O. aux petits oignons et un caméo aussi inattendu que réussi.
On retrouve Guillaume Canet, cette fois, derrière la caméra. En portant à l'écran le roman de Harlan Coben, Guillaume nous assène un véritable uppercut. Dopé par un François Cluzet totalement investi, tour à tour impétueux et vulnérable, le film démontre superbement que le cinéma français n'a rien à envier au cinéma américain pour happer le spectateur du début à la fin. Spectaculaire sans tomber dans l'esbroufe facile, ce thriller viscéral a eu un succès retentissant amplement mérité qui a permis au réalisateur d'adapter récemment aux USA Les Liens du Sang dont il partageait l'affiche justement avec Cluzet. La boucle est bouclée. Entre temps il nous a offert le remarquable Les Petits Mouchoirs.
Un film d'une grande sensibilité et d'une subtilité remarquable. Une histoire d'amour impossible, jamais démontrée, jamais déclarée, tout est dans les silences, les non-dits, les gestes et paroles fuyants, les coups de colère et les accalmies. Il souffre de savoir qu'il ne peut pas l'avoir, elle ne parvient pas à s'autoriser une relation avec un homme alors qu'elle se sait disponible. La scène où Michel Serrault observe Emmanuelle Béart dormir jusqu'à ce qu'elle s'aperçoive de sa présence est sans nul doute l'une des belles scènes d'amour qu'on ait jamais vues. La marque d'un grand film.
Un film qui a su brillamment démontrer que le thriller sur fond de terrorisme n'était pas seulement l'apanage des américains. Servi par des comédiens intenses et une réalisation appliquée, Secret Défense nous invite dans les coulisses où se joue rien moins que la sécurité de notre pays. On suit en parallèle deux jeunes adultes (Excellents Vahina Giocante vue dans 99F et Nicolas Duvauchelle) pris chacun dans les rouages d'un système, à la fois arme et victime dans le camp opposé de l'autre. Passionnant, le film propose en plus une réflexion très intéressante sur la notion de sacrifice pour le bien du plus grand nombre. A noter la déplorable version DVD qui nous prive carrément et de manière injustifiée des sous-titres dans leur intégralité alors qu'une bonne partie des dialogues est parlée en arabe. C'est Secret Défense à ce point-là ?
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08:14 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : films français, cinéma français
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