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dimanche, 06 mars 2016

Kill Bill 1&2 [Cinéma/Critiques]

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L'anecdote est maintenant bien connue : c'est sur le tournage de Pulp Fiction que Quentin Tarantino et Uma Thurman ont commencé à bâtir l'intrigue de ce qui allait devenir le diptyque Kill Bill. Bien leur en a pris puisque je considère ce film (en deux parties) comme son chef d'oeuvre (surtout comparé à ses dernières productions), car il lui a permis de sublimer son propre cinéma et celui dont il s'est nourri durant toute sa jeunesse, et ce, avec une générosité et une inspiration exemplaires.

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Une succession de combats qui va rentrer dans les annales, grâce en premier lieu à la tenue portée par Uma qui renvoie directement au film Le Jeu de la mort avec Bruce Lee. Les masques de ses adversaires, quant à eux, sont une référence directe à Kato, le fidèle acolyte du Frelon Vert joué par Bruce Lee lui-même dans la série éponyme qui l'a fait connaître à Hollyood. Evidemment plus le spectateur est cultivé et curieux, plus il sera en mesure d'apprécier le cinéma de Tarantino. Kill Bill en est une autre parfaite illustration.

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Dans Kill Bill la parole n'est pas d'argent, mais d'acier et La Mariée le fait parler comme personne.

Kill Bill c'est tout d'abord Uma. Dire qu'elle crève l'écran dans le rôle de cette Mariée laissée pour morte et éprise de vengeance est un doux euphémisme.

Passant tour à tour de la vulnérabilité de mère endeuillée à celle de tigresse déchaînée en passant par une sorte de candeur enfantine (la rencontre avec Hattori Hanzo), Uma crédibilise parfaitement toutes les nuances de son personnage, lui conférant une dimension iconique immédiate, mais lui donnant une épaisseur qui va bien au-delà de la simple caricature que la thématique traitée pouvait engendrer. L'actrice, totalement investie dans ce rôle sur-mesure taillé rien que pour elle, va ainsi rejoindre naturellement le panthéon des guerrières du 7ème art aux côté de Sigourney Weaver/Helen Ripley, Linda Hamilton/Sarah Connor et d'autres qui ont démontré de bien belle manière que la femme au cinéma ça pouvait être autre chose que la belle de service qui crie et gesticule ou qui sourit bêtement dans les bras du bellâtre de service.

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Vivica Fox est sublime en tueuse aguerrie qui reflète malgré elle le futur littéralement avorté de la Mariée. A noter que quelques années plus tard, l'actrice doublera une autre tueuse dans le jeu Hitman Absolution en un clin d'oeil sobre, mais tout de même savoureux. Après avoir longtemps annoncé un épisode centré sur la vengeance de la fille de Vernita green, Tarantino a renoncé à l'entreprise,  laissant les fans sur leur faim. Je ne désespère pas d'imaginer moi-même cette suite sous forme de fanfic, car j'ai quelques idées sous le coude.

Car évidemment le thème de la vengeance porte tout le film, mais encore une fois il est ici mis en scène à merveille, car il se place en héritage direct de la culture cinématographique revendiquée par Tarantino, lequel avec Kill Bill rend un hommage aussi vibrant que personnel à tout un pan du 7ème art qui l'a façonné : films de samouraïs, Blaxpoitation, films de kung-fu, westerns, de la série B voire Z, mais pour lui rien n'est à jeter. Ce cinéma Bis il l'a exploré via Boulevard de la Mort sur lequel il a fait fausse route malgré de bonnes idées (Kurt Russell en bad guy et le final). Le western, il l'abordera enfin franchement dans Django Unchained, puis plus récemment encore dans Les 8 Salopards (en reprenant Kurt Russell justement) sans pour autant parvenir à ne serait-ce qu'égaler ce doublé gagnant.

Tarantino persévère dans le film choral, mais sa griffe s'est émoussée et il serait peut-être bon de revenir à quelque chose de plus épuré, tranchant en se focalisant davantage sur un seul personnage.

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Un casting hétéroclite fait de stars en plein essor, de fidèles compagnons et de réjouissants come-backs et caméos (le shérif de Une Nuit en Enfer) que Tarantino va exploiter magnifiquement en concevant pour chacun un personnage emblématique qu'on aura plaisir à voir confronté à la vengeance sans pareille de la Mariée. Le fameux Bill du titre restera quant à lui dans l'ombre tout au long du premier film avant d'apparaître sous les traits d'un comédien choisi avec une précision d'orfèvre par un cinéaste qui connaît ses classiques sur le bout des doigts et n'a eu de cesse de les régurgiter à sa sauce. Dans Kill Bill 1 & 2, la sauce prend et elle prend vachement bien !

Car si Kill Bill 1 & 2 sont présentés comme deux films séparés, ils ne font en vérité qu'un et vouloir les dissocier comme les comparer est une monumentale erreur qui prive du plaisir d'apprécier et de comprendre l'oeuvre dans son ensemble.

Interprétation, écriture et mise en scène travaillés de concert, mais impossible de ne pas mettre en avant la BO que Tarantino a toujours énormément soigné, la cerise sur le Kato en quelque sorte, avec une prédilection pour la musique western de Ennio Morricone qui a justement remporté récemment son premier oscar grâce a son travail sur les 8 Salopards de Tarantino. La boucle est bouclée !

 

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