samedi, 17 décembre 2016
Le Loup, le Cerf et le Sanglier [Fanfics/Cinéma]
Game of Thrones
Le Loup, le Cerf et le Sanglier
Le loup suivait le cerf de près. Il pouvait l’attaquer à tout moment, mais se contentait de l’escorter. Le cerf ne semblait pas effrayé le moins du monde. Et pour cause.
- Tu te rappelles l’éclaireur ? fit Robert.
Il brandissait une arbalète de manière menaçante.
- Comment l’oublier ? répondit Ned avec un sourire.
Ned aimait accompagner Robert à la chasse moins pour la traque du gibier que pour évoquer de vielles anecdotes aptes à égayer leur esprit.
- Tu te souviens ? C’était dans une forêt comme celle-ci. Ce foutu salopard nous a fait courir comme des lapins. J’ai cru me noyer dans ma sueur !
- Une sacrée partie de chasse, observa plus simplement Ned. Il fallait absolument qu’on le rattrape. S’il rejoignait son camp avec ce qu’il savait sur nous, l’issue de la bataille était jouée d’avance.
Un bruit dans un fourré proche les alerta.
- Il n’est pas loin, fit Ned.
- Il pensait se cacher pour se faire oublier. Il ne sait pas à qui il a affaire. Je chasse depuis que je sais marcher.
Robert arma son arbalète et fit signe à Ned de s’approcher de l’endroit suspect.
- Le bougre a détalé à toutes jambes quand il a compris qu’on attendait qu’il sorte de sa cachette.
Le rire de Robert éclata au souvenir de cet instant. Ned adorait l’entendre rire. Il ne s’en lassait pas. S’il était parfois embarrassé par le vacarme que cela produisait comme de son origine, l’entendre était toujours source d’un grand plaisir. Le rire de Robert était un baume à bien des tourments, un pied de nez à la noirceur du monde dans lequel ils vivaient bon gré, mal gré. Et il soupçonnait Robert de rire plus que de raison, conscient de cet état de fait.
Alerté de leur présence, le sanglier profita de leur distraction pour leur filer sous le nez. Le dernier carreau lui avait percé le cuir de manière superficielle. Il était encore très vivace. C’était un patriarche, un vétéran d’un âge certain, mais qui, le cas échéant, pouvait surprendre par son énergie. Un peu comme Robert Baratheon.
L’éclaireur fila comme une flèche, changeant de trajectoire pour éviter plus facilement un projectile de ses deux poursuivants. Robert le visa rapidement, mais il manqua de patience et le carreau vint se planter dans un tronc.
Il poussa un grognement de dépit.
Ned estima le terrain trop boisé pour employer sa lance, il valait mieux attaquer dans un espace dégagé. Il n’avait pas le droit à l’erreur contrairement à Robert qui avait gâché pas mal de projectiles.
Il n’était plus très loin de la clairière. Il leur fallait juste inciter leur proie à s’y rendre.
- Séparons-nous, dit-il à Robert.
Sa colère ne le surprit pas.
- Tu es fou !
- Il est trop rapide, il faut qu’on l’amène à la clairière. Là-bas nous pourrons avoir un champ de vision idéal.
Robert grommela dans sa barbe avant de laisser un large sourire s’épanouir sur son visage de bon vivant mangé par une barbe broussailleuse.
Il donna une tape sur l’épaule de son ami.
- Allez, il est temps de mettre à mort ce satané animal !
Ned sourit à son tour avant de filer ventre à terre. Il ressentait une sorte d’euphorie, moins pour la chasse en elle-même que pour la perspective de partager un futur exploit avec Robert. Il cru qu’il avait perdu la trace de l’éclaireur lorsqu’il vit celui-ci en train de reprendre son souffle, appuyé contre un arbre en espérant être invisible. Un créneau inespéré pour en finir. Il arma sa lance dans sa main, mais au moment de la projeter sur sa cible, il se mordit la lèvre en pensant à la frustration de Robert. Il savait que son ami voulait sa tête, plus encore que lui. En le tuant ainsi, il le priverait à coup sûr d’un nouveau trophée, d’une nouvelle victoire, d’un nouveau récit à faire avec son lot d’exubérances, de jurons et de rires gras. Tout ce que Ned ne savait pas faire, tout ce qu’il aimait chez Robert. Autant dire qu’il se priverait lui-même d’un divertissement de choix.
Il baissa sa lance sans le moindre regret et après s’être rapproché furtivement, craqua délibérément une branche pour prévenir de sa présence.
Le sanglier détala aussitôt. Ned lui emboîta le pas, le suivant comme son ombre sur son flanc droit afin de l’aiguiller à sa convenance.
L’éclaireur fonçait droit vers la clairière, droit vers Robert, sans se douter de ce qui l’attendait.
Mais Ned non plus. Car il ignorait que la clairière en question était prise par l’ennemi depuis peu. Le piège qu’il pensait voir se refermer sur sa proie allait en fin de compte se refermer sur lui.
Lorsqu’il entendit des clameurs non loin d’eux, il se crispa.
L’éclaireur ralentit l’allure avant d’entrer dans la clairière, Ned sur ses talons. Là un spectacle inattendu leur fut offert. Robert se battait avec fureur contre un soldat. Il en avait déjà décimé trois qui gisaient au sol dans des postures qui en disaient long sur la violence de leur mort. Il balançait son arbalète devant lui comme une masse. Le soldat esquiva, mais l’arrivée de l’éclaireur détourna son attention et Robert en profita pour lui enfoncer la tête entre les épaules d’un coup formidable. En dévisageant l’éclaireur il fut tout sourire et brandit son arbalète. L’autre voulut faire volte-face, mais il tomba nez à nez avec Ned qui le repoussa de sa lance.
- Te voilà enfin, gibier de potence, sombre bâtard ! s’écria Robert avant d’exprimer toute sa joie d’avoir relevé ce défi.
Son expression changea du tout au tout lorsqu’il réalisa que son arme était cassée. Il faut dire qu’il n’y avait pas été de main morte avec les soldats.
Ned aurait dû se charger de la mise à mort, mais une fois encore il ne se voyait pas lui ravir cet honneur. Il repoussa derechef l’éclaireur qui faisait mine de fuir et lança à Robert :
- Fais-toi plaisir !
Robert eut l’air perplexe avant de saisir le sous-entendu. Il sourit jusqu’aux oreilles avant de se ruer sauvagement sur sa proie. Il se jeta dessus, l’écrasant de tout son poids et lui fracassa le crâne avec son arbalète jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Ned l’aida à se relever, fier de cette heureuse issue.
- On fait vraiment une équipe du feu de Dieu !
Robert cracha sur le cadavre à ses pieds :
- Le sanglier qui m’embrochera comme une saucisse n’est pas encore né !
Ned sourit avant de baisser les yeux de manière suspecte.
Robert suivit son regard et découvrit qu’il avait de la boue sur son entrejambe. On aurait dit qu’il s’était chié dessus.
Ce constat parut faire naître chez lui une colère hors norme. Son visage déjà rougeaud s’empourpra davantage et ses yeux s’écarquillèrent comme tout près de sortir de leur orbite… avant que la forêt ne résonne de son rire légendaire.
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