vendredi, 01 mai 2015
Still Alice [Cinéma/Critiques]
Les qualités intellectuelles de Alice et son âge seront forcément des obstacles à l'acceptation de la maladie pour elle comme pour sa famille.
Comme le dit si bien Alice : Alzheimer ou l'art de savoir perdre tous les jours.
Alice Howland est un professeur en linguistique aussi compétente que réputée. Exceptées quelques tensions au sein de sa famille, elle a une vie heureuse avec son mari, un chercheur, et ses deux filles qui chacune suive leur voie. Cet équilibre va être mis à rude épreuve lorsque Alice va découvrir qu'elle souffre d'une forme rare et précoce de la maladie d'Alzheimer.
Adapté du livre éponyme de Lisa Genova, le film de Richard Glatzer et Wash Westmoreland narre un cas exceptionnel de cette maladie de plus en plus courante déjà très difficile à accepter à un âge plus avancé. Il s'avère que l'écrivain Terry Pratchett, décédé le 12 mars de cette année, a lui-même été atteint dans ce cas précis.
Pour ceux qui ont connu un proche atteint d'Alzheimer le film aura forcément un impact supplémentaire rappelant des situations précises : les pertes de mémoire, l'incohérence, l'infantilisme, la perte d'orientation, l'agressivité,...autant de troubles qui finissent par façonner une nouvelle personnalité et faire perdre aux proches eux-mêmes leurs propres repères. Ce qui est très caractéristique de cette maladie c'est que la victime a toujours des souvenirs, mais elle ne parvient plus à les associer au présent, les connexions ne se font plus. Ce qui fait qu'elle se souviendra de ses proches sans pour autant les reconnaître quand elle les aura en face d'elle. Régulièrement, Alice se souvient d'elle et de ses enfants plus jeunes. On a même le sentiment que son passé lui est plus accessible, plus rassurant que le présent et la réalité. Ce qui fait qu'elle s'y réfugie naturellement davantage et ce qui peut-être accélère la dissociation avec son environnement.
La maladie va rapprocher sensiblement Lydia de sa mère, malgré un désaccord permanent quant à son avenir professionnel. Le plus dur pour elle sera de dissocier les symptômes de la maladie des intentions réelles de sa mère. A noter que Kristen Stewart (Blanche-Neige et le Chasseur) joue une actrice en devenir.
Alice, ici avec son autre fille Anna (Kate Bosworth, Superman Returns). Les deux soeurs ne réagiront pas de la même façon face à la maladie de leur mère, ce qui attisera leur inimitié naturelle.
Julianne Moore (Don Jon) campe avec beaucoup de conviction (un oscar pour sa prestation) cette femme consciente de sa dégradation et qui va y faire face autant que possible via de nombreux rituels et grâce au soutien de sa famille. Dès lors que son diagnostic sera connu de tous, les tensions préexistantes vont s'intensifier, mais dans le même temps, les liens vont se resserrer. D'autant que l'origine de la maladie va ajouter une angoisse supplémentaire pour tout un chacun.
Le film aurait sans douté gagné à être plus long non pour s'appesantir sur l'aspect dramatique, mais pour mieux décomposer les étapes qui apparaissent assez expéditives. Toutefois lorsque l'on sait que la précocité peut accélérer le processus, cela peut paraitre justifié. Et dans les faits, l'évolution apparait toujours trop rapide pour tous ceux qui ont à la vivre de près ou de loin.
John (Alec Baldwin) le mari d'Alice, va passer par bien des états lui aussi face à l'impensable. Révolté, attentionné, protecteur, il devra accepter aussi son impuissance. Une importante opportunité professionnelle sera pour lui l'excuse idéale pour prendre de la distance avec la violence de la réalité.
Classique dans l'ensemble, puisque centrée sur les personnages et les relations, la mise en scène se démarque avec l'utilisation de flous pour illustrer la désorientation d'Alice. Les réalisateurs se permettent aussi de jouer avec nos nerfs l'espace d'une séquence. Une issue différente aurait pu changer considérablement la nature du film, un peu à l'image de Good Kill en fait. On pourra y voir un maque d'audace ou pas selon sa vision du cinéma.
Et si la conclusion - un poil abrupte - évite adroitement le larmoyant tout en apportant l'émotion, pas de surprise quant au sort réservé aux malades : il est inexorable, en attendant un remède digne de ce nom.
Julianne Moore est une actrice experte dans l'art de perdre au cinéma puisqu'elle avait déjà perdu la mémoire dans Mémoire Effacée, elle avait perdu la vue dans Blindness et la vie dans...
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10:39 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : still alice, film alzheimer
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