jeudi, 27 juin 2013
Superman Returns [Cinéma/Critiques]
POURQUOI LE MONDE A BESOIN DE
Si Singer use d'emprunts très fréquents au Superman original de Donner, il n'oublie pas, et il est très important de le rappeler, d'injecter tout au long du film des détails propres à façonner sa vision qui est un prolongement direct de celle qu'il chérit et avec laquelle tout une génération a grandi. Un hommage évident, sincère, un cri du coeur qui l'a pourtant injustement condamné aux yeux du grand nombre. A l'heure où sort dans les salles Man of Steel, il est temps de réhabiliter cette oeuvre remarquable en bien des points.
Après avoir incarné le Cyclope des X-Men, James Marsden retrouve Bryan Singer pour un rôle moins tape-à-l'oeil, mais non moins important, celui du nouvel homme de Lois Lane.
Frank Langella est Perry White. Il a partagé l'affiche avec James Marden à deux autres reprises : dans The Box, puis dans Robot and Frank.
L'efficacité de Superman Returns tient en quelques points essentiels : la mise en scène qui sait être spectaculaire et épique quand il le faut sans tomber dans la surenchère très fréquente dans le cinéma actuel, des ajouts personnels, des détails qui assurent la cohérence et l'émotion. Comme cette magnifique scène de vol (d'amour ?) qui réunit à nouveau Lois Lane et Superman, le thème magnifique de John Williams revisité par John Ottman qui l'accompagne apportant une émotion supplémentaire. Non seulement Singer ne fait pas un copier/coller de celle du Superman de Donner, mais tout en préservant et en modernisant son caractère romantique, il en gomme les imperfections (le monologue sirupeux de Lois) comme un artiste rehausse les couleurs d'un tableau. On peut reprocher à Singer d'avoir choisi des comédiens trop jeunes pour incarner les héros, ce qui peut nuire à la crédibilité sur un plan temporel et dans une certaine mesure à l'empathie. Mais le couple fonctionne, l'alchimie opère immédiatement et le charme de chacun - sorte de jeunesse éternelle - efface comme par magie la maladresse. Lois Lane - qui n'a jamais été aussi jolie - se déchausse (se met à nue ?) pour poser ses pieds sur ceux du kryptonien. Un geste en apparence simple, dénué d'intérêt et qui pourtant par son aspect rituel renvoie au passé commun du couple, à une intimité longtemps partagée, maintenant révolue. Tout un symbole.
Tel Atlas, Superman porte le monde sur ses épaules. Je vous parie que ce n'est pas Clark Kent qui a pris cette photo !
Symbolique est d'ailleurs ce qui définit le mieux la version de Singer réellement inspiré par son sujet. Comme cette séquence qui ouvre le film sur une vue de Krypton sur le point de disparaître accompagnée d'une réplique très emblématique de Jor-El/Marlon Brando à l'adresse de son fils ou encore cette scène majestueuse où Superman - veillant sur la Terre, son foyer, depuis l'espace - perçoit les rumeurs du monde en pleine activité. Et c'est aussi en cela que Superman Returns est si réussi et si indispensable. Il nous fait voir comme jamais le monde comme Superman, il nous met littéralement à sa place, nous faisant partager de manière inédite sa puissance, mais aussi sa souffrance. On réalise ainsi que malgré tous ses pouvoirs il est incapable d'être avec la femme qu'il aime. Il peut voir à travers les murs de sa maison, il pourrait même les démolir d'une pichenette, mais il n'en franchira pourtant jamais le seuil.
Superman est peut-être l'Homme d'Acier, mais il est loin d'avoir un coeur de pierre
Le personnage de Lois est lui aussi très intéressant. Eprise de Superman, elle ne lui pardonne pas d'être parti faire son retour aux sources en quelque sorte. Elle comprend que son union avec Richard est une forme de résignation (elle ne veut pas se marier et refuse d'en parler dixit Jimmy Olsen). Mais pour mieux tourner la page et se venger de cet abandon cruel, elle n'hésite pas à publier un article retentissant pour clamer haut et fort "Pourquoi le monde n'a pas besoin de Superman" sous-entendu "Pourquoi je n'ai pas besoin de Superman". Elle continue d'ailleurs de se convaincre quand elle retrouve Superman sur la terrasse du Daily Planet en lui assenant qu'elle a l'habitude de voler car Richard est pilote. Evidemment, Superman va très vite lui rappeler que la comparaison est inadaptée, le vol en lui-même fera le reste.
Le film n'aura pas de suite et pourtant il posait des bases très intéressantes quant au devenir du kryptonien et de son héritage. Kevin Spacey quant à lui incarne avec jubilation un Lex Luthor idéal, machiavélique et mégalomane à souhait ! A noter que Kate Bosworth et Kevin Spacey ont partagé l'affiche eux aussi à deux autres reprises : dans Beyond The Sea réalisé par Spacey lui-même et c'est d'ailleurs suite à leur collaboration qu'il a recommandé sa partenaire à Singer, puis ils se sont retrouvés dans l'excellent Las Vegas 21. Superman Returns a donc été le film des retrouvailles à plus d'un titre !
Contrairement à beaucoup j'estime donc énormément le Superman Returns de Bryan Singer et pas simplement parce qu'il est un brillant hommage au Superman original : il est équilibré et possède une poésie, une grâce même, qui lui est propre. Et la découverte de ses scènes coupées ne fait que me conforter dans ce sentiment, scènes que je vous invite vivement à découvrir. Qui sait, peut-être vous aideront-elles à vous forger un nouvel avis sur ce film :
BONUS
Les scènes coupées du film
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14:17 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : superman, superman returns, retour sur krypton, krypton
Commentaires
Ta critique aussi est équilibrée et pleine de poésie !... eh puis je n'ai qu'une seule chose à te dire vivement " AMALGÂME " returns !!!
Écrit par : xdh | vendredi, 21 juin 2013
Merci pour le moment je suis retourné sur Krypton moi aussi, mais je reviendrai très bientôt ! Lol
Écrit par : Greg Armatory | vendredi, 21 juin 2013
Superman Returns est une merveille. Subtile et somptueuse. Une ode pure à la beauté d'un mouvement rare : atteindre et accepter sa dimension romantique et mythique. Donc héroïque.
L'inverse total de Man of Steel, dont l'obsession imbécile de "réalisme" démythifie totalement la figure du héros, entend faire de lui un simple être humain à la psychologie futile. Quand Superman ne devient que Man, et le film d'un ennui et d'une laideur absolues...
Donc oui, réhabilitons le chef-d'oeuvre de Singer.
Écrit par : Nightingale | samedi, 06 juillet 2013
Merci d'avoir posé ta plume ici. Ravi de rencontrer un autre cinéphile qui partage mon ressenti.
Écrit par : Greg Armatory | mercredi, 17 juillet 2013
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