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mercredi, 25 novembre 2015

De la condition de la femme violée [Société]

Mercredi 25 novembre

Journée de lutte contre les violences faites aux femmes

Rien ne peut justifier un viol et penser le contraire est un crime supplémentaire.

La honte doit changer de camp et la justice doit faire peau neuve.

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De la condition de la femme violée

Je vous préviens tout de suite, ça va être du billet plombant. Le genre de truc que vous n'avez pas forcément envie de trouver sur un blog, dans un cyber-endroit où vous avez envie de parler de bouquins, de futilités ou de rigoler comme des baleines pour un jeu de mots foireux. Bref, si vous voulez de la légèreté, sur ce coup c'est mal barré.

Après-demain, c'est la journée de lutte contre le viol et la violence faite aux femmes, et je pouvais pas passer à côté.

Au delà du fait qu'un viol est un événement brutal, violent (comme son nom l'indique, tiens) et qui marque à vie, ce qui me rend malade, c'est ce statut de victime qui te pend au nez et la putain de culpabilité qui va avec. Oui, tu es passée par une étape traumatisante. Oui, tu en as vraiment chié. Non, rien ne sera jamais plus comme avant. C'est vrai. Mais le pire, c'est définitivement l'après : le remord, l'envie de vivre contrebalancée par la honte, l'image que la société va te renvoyer, involontairement ou non.

J'ai été violée. Je ne vais pas rentrer dans les détails, le qui, le quoi, le comment, ça me ferait tomber du côté sordide de la force, ce pathos grand public larmoyant que j'ai en horreur. Après ça, j'ai continué à vivre, tant bien que mal. J'en ai chié d'une façon innommable, je n'ai pas tout de suite choisi d'aller de l'avant. Il m'a fallu trois ans pour arrêter de me flageller chaque jour avec ma supposée culpabilité, pour arriver à retrouver une vie sociale acceptable, pour me réaménager un quotidien vivable. J'essaie de prendre du recul du mieux que je peux, au lieu de lécher mes plaies et de les rouvrir toute ma vie. C'est parfois compliqué, mais je ne souhaite plus être une victime, ni me comporter comme telle.

Et vous savez quoi ? Il m'arrive encore malgré moi de me sentir responsable, et j'ai l'impression que les grandes campagnes nationales organisées contre les violences ne font pas tellement évoluer les mentalités à petite échelle. C'est encore un gros tabou que je vis parfois au quotidien, notamment dans ma famille où il est quasiment interdit d'en parler, alors qu'il ne devrait pas être permis de se réduire au silence. On est dans une société qui t'incite à faire tout un tas de paperasse pour foutre des mecs en taule, tout en te faisant comprendre que ce serait moins dérangeant si tu te faisais toute petite. C'est une contradiction qui m'échappe. Ce qui me gêne, c'est que bon nombre de personnes considèrent que si tu t'es laissée faire, c'est que tu devais quand même être un peu consentante, allez hein, on te connaît. De toute façon, tu portes souvent des jupes, et puis tu fais un peu plus que ton âge, et puis t'as bien accepté d'aller chez lui, tu devais bien te douter que ça allait déraper. Peut être même que tu en avais envie. En plus regarde, tu te mets jamais à pleurer, tu dis toujours que tout va bien, c'est que ça doit être vrai. C'est bon, fais pas ta mijaurée, on le sait nous qu'au fond t'as bien aimé. Tu t'es pas assez battue, t'as préféré te soumettre plutôt que de te faire tabasser à en crever. T'as laissé faire, alors que tu aurais pu te défendre, c'est que tu avais bien envie que ça t'arrive.

Je grossis à peine le trait. Et comme une conne, j'ai fini par y croire. Je me suis laissée tellement bouffer par cette dictature du préjugé que je suis devenue l'ombre de moi même. Longtemps, j'ai été bouffée par cette impression profonde que j'aurais du mourir, que j'aurais du savoir résister. Et je me suis détestée, moi. Détestée d'avoir vécu un acte abject, détestée de ne pas avoir préservé ma dignité, détestée de n'avoir pas réagi à temps et de m'être résignée. Et vous connaissez la meilleure ? En réalité, pendant trois ans, je n'ai jamais pensé à ce connard avec rage, haine ou mépris. Il n'y était pour rien,

j'étais coupable, c'était ma faute. C'était moi. Jusqu'au jour où je me suis dit que la victimisation (autant de la part des auteurs de viol que de la part des proches, des amis, des regards extérieurs), ça suffisait bien un moment.

Alors franchement, soyons honnêtes, être considérée comme la pauvre fille qui s'est fait violer, être regardée de travers parce que tu étais simplement là au mauvais moment, te faire conforter dans ton statut de chose fragile et dévastée, ça n'a pas d'importance finalement. Ça ne devrait jamais en avoir. T'en as réchappé, t'es une survivante. T'empêche pas de vivre à cause de ça, putain. T'es toujours là, alors vis, sois fière de toi, de ce que tu es et de la force qu'il t'a fallu pour te relever. Voilà ce qu'on devrait dire à toutes ces femmes qui ont vécu ce traumatisme, pas seulement se donner bonne conscience en placardant des affiches partout une fois dans l'année.

Voilà ce qu'on devrait nous dire, à toutes. En tout cas, moi, j'aurais aimé.

 

Source : Misery & Arsenic

 

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