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dimanche, 09 septembre 2012

La Naissance de Harley Quinn

 

dimanche

Harley Quinn - Salut Mister J, quoi de neuf ?

Mister J - Salut ma petite Reine. Rien de nouveau sous le soleil de Gotham. De toutes façons je préfère la nuit :-) Et toi, avec les parents comment ça se passe ? Au fait, j'aime beaucoup ton nouveau pseudo.

Harley Quinn - Merci. Moi, c'est pas la grande forme. Justement à cause des parents. Ils me font tellement chier que je préfère être au lycée, c'est pour te dire ! Ce soir, j'ai pratiquement rien mangé. Mon père a engueulé ma mère à cause d'une connerie et ma mère a rien trouvé de mieux à faire que fermer sa gueule pour lui donner raison. Comme d'habitude. Ca m'a tellement gonflé que j'ai quitté la table en hurlant. Je les supporte plus. Je sais que je devrais soutenir ma mère, mais elle est tellement faible devant mon père que finalement je trouve que ce serait un crime de l'aider. Faut qu'elle apprenne à se défendre toute seule, non ? C'est ma mère, après tout. T'en penses quoi, toi ? Tu me trouves cruelle ?

Mister J - Non. Tu fais exactement ce qu'il faut. Je te trouve même très mature pour ton âge. Si la moitié des habitants de cette ville avait le dizième de ta sagesse, Gotham serait le Paradis.

Harley Quinn - C'est vrai ? Tu le penses vraiment ?

Mister J - Tu peux douter de tout en ce monde, sauf de mon honnêté envers toi.

Harley Quinn - Tu peux pas savoir comme ça me fait du bien que tu dises ça. Je me sens tellement seule des fois. Avec ma meilleure amie, on est pourtant très proche, mais je suis certaine qu'elle ne comprendrait pas ma réaction. Avec toi je me sens enfin libre d'être moi-même. Ca fait un bien fou.

Mister J - Oui, rien de tel qu'un peu de folie dans sa vie pour la rendre plus belle ! Et ce Jimmy qui t'emmerdait à la fin des cours ?

Harley Quinn - Ah oui ! Il faut que je te remercie. J'ai fait comme tu m'as dit. Je me suis moqué de sa mère qui est à l'hôpital. Ca l'a complètement fait flipper et il m'a foutu la paix. C'est comment déjà la phrase que tu m'as dit ?

Mister J - Si le monde est cruel avec toi, sois encore plus cruel avec lui et il te remerciera.

Harley Quinn - C'est trop vrai ! Bon je suis désolé, faut que je te laisse. Je commence les cours tôt demain. Je te souhaite une bonne nuit et je te dis à très bientôt. Encore merci pour tout. Tu es mon seul rayon de soleil en ce moment. Bises.

Mister J - Et toi tu es la lune qui blanchit mes idées noires.

Harley Quinn - Tu es un amour. Je t'aime très fort. A+

 

lundi

Harley Quinn - T'es là ? Faut absolument que je te parle.

Harley Quinn - Réponds-moi dès que tu peux, c'est très important !

Harley Quinn - J'en peux plus, là ! Qu'est-ce que tu fais ? T'es sorti ?

Mister J - Salut ma petite reine. J'étais occupé, oui. Ca va comme tu veux ?

Harley Quinn - Non. La journée avait super bien commencé pourtant. Grâce à notre conversation d'hier, j'étais en super confiance. Au lycée, tout le monde m'a mangé dans la main. En gym je me suis surpassé et même ma prof de maths m'a fait un compliment. Tu te rends compte ? Arrivée à la maison, j'ai tout de suite senti que l'ambiance était pourrie. Mon père était énervé à cause du boulot. Il bosse chez Wayne Enterprises, je te l'ai dit ? En ce moment Wayne a des exigences qu'ils ont du mal à respecter. Et comme mon père est responsable, ça lui retombe sur le dos. Enfin, bon, c'est pas ça le problème. Il a prétexté que le poulet était mal cuit et il s'en est pris naturellement à ma mère. Sauf que cette fois, je l'ai pas laissé terminer. Je lui ai dit ses quatre vérités comme quoi ma mère y était pour rien s'il avait eu une journée de merde et qu'il fallait qu'il arrête de passer ses nerfs sur elle. Tu sais ce qu'il a fait ? Il m'a giflé ! J'ai regardé ma mère et au lieu de me défendre, elle a dit que j'étais allée trop loin. C'est le monde à l'envers ! C'était trop. Je me suis mise à chialer.

Mister J - C'est le rapport typique du maître et de l'esclave. Tu dois les libérer l'un l'autre de cette relation destructrice. Ainsi et seulement ainsi tu gagneras ta propre liberté.

Harley Quinn - Qu'est-ce que tu veux dire ?

Harley Quinn - Attends. Je crois que mon père veut me parler.

Harley Quinn - Il est à la porte. Je reviens pl

Mister J - Tout va bien ?

Mister J - ???

Harley Quinn - Je sais pas qui t'es, espèce de malade, mais t'as intérêt à laisser ma fille tranquille. C'est une ado fragile, elle a pas besoin qu'un tordu sur internet lui foute des idées à la con dans la tête. Si tu la recontactes, je te jure que j'appelle les flics.

Mister J - Salut Papa ! Mais c'est vrai que t'es remonté ! En ce qui concerne ta fille, je n'aurais pas besoin de la recontacter. C'est elle qui reviendra vers moi. Notre relation est devenue...comment dire...indispensable à sa survie dans le no man's land qu'est devenu le cadre familial. Grâce à toi, je crois.

Harley Quinn - Gros enfoiré ! Je vais te retrouver et te péter ta sale gueule ! Tu as ma parole !

Mister J - La parole d'un homme qui bat sa femme ne vaut pas un clou.

Harley Quinn - D'où tu sors ça, fils de pute ? C'est ma fille qui t'a dit ça ?

Mister J - Tu ne le fais pas encore devant elle, n'est-ce pas ? Tu attends qu'elle soit couchée et tu frappes juste assez fort pour satisfaire ton besoin viscéral d'autorité frustrée par un emploi des plus ingrats. Tes coups ne laissent pas encore de traces et tu as le sentiment de tout maîtriser, pas vrai, papa ? Mais je te rassure. Ce n'est qu'une question de temps avant que tu ne franchisses le seuil fatidique. En d'autres circonstances, ton cas aurait pu m'intéresser. Mais là, je crains d'avoir d'autres priorités. Oh et pour ce qui est de péter ma sale gueule, je crains qu'il ne te faille être très patient. Car la liste d'attente ne fait que s'allonger :-)

Cette conversation s'effacera dans 5...4...3...2...1...

 

mercredi

Harley Quinn - Désolé, j'ai pas pu te recontacter avant. Mon père m'a confisqué l'ordinateur. Je voulais me servir de celui d'un pote,  mais il avait un problème de connexion. Là, je suis dans un cyber-café. J'ai dit à ma mère que j'aidais une copine à faire ses devoirs. Je sais pas ce que vous vous êtes dit l'autre jour, mais mon père a vachement changé. Il s'est calmé et au lieu de s'en prendre à ma mère, il s'isole dans son bureau. Hier soir, il a même pas mangé avec nous. Du coup on respire. J'espère que c'est pas le calme avant la tempête comme on dit.

Mister J - Je crains que si, ma petite reine. Il ne va pas en rester là, sois-en certaine. C'est une accalmie passagère. Et lorsqu'il redeviendra lui, il va vous le faire payer à toutes les deux. Je connais très bien le sujet. Mon père a tué ma mère. J'ai du le tuer moi-même pour ne pas subir le même sort. C'est peut-être pour cela que la folie des hommes me fait autant sourire. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus...marrant :-)

Harley Quinn - Je sais pas quoi te dire. C'est horrible ce que tu as vécu. Tu as du beaucoup souffrir.

Mister J - Mais j'ai beaucoup appris. Et de partager mon savoir avec toi, ma petite reine, me comble de joie au delà des mots.

Harley Quinn - J'apprécie beaucoup tout ce que tu fais pour moi. Tu es quelqu'un de vraiment bien. Je suis vraiment heureuse de te connaître. Cette nuit, j'ai même rêvé qu'on se rencontrait.

Mister J - Ah ? Et j'étais comment ?

Harley Quinn - C'est bizarre, mais je n'arrive pas à me souvenir de ton visage. Par contre je me souviens que tu souriais tout le temps.

Mister J - Alors c'était bien moi. Ce n'était peut-être pas qu'un rêve ! :-)

Harley Quinn - Tu crois que ce serait possible. Qu'on se rencontre pour de vrai ?

Mister J - Intéressante perspective, en effet. Tu fais quelque chose, Dimanche ?

Harley Quinn - Dimanche, c'est mon anniversaire. Je vais avoir dix-huit ans.

Mister J - Mais c'est merveilleux. Tu vas pouvoir voler de tes propres ailes.

Harley Quinn - Oui. En plus j'ai un compte en banque blindé comme je t'ai dit. Je sais pas ce qui me retient de le vider et de foutre le camp.

Mister J - La liberté c'est comme être tout en haut d'une montagne. On mesure la beauté du panorama, mais la hauteur donne le vertige.

Harley Quinn - C'est super beau. On dirait de la poésie. C'est de qui ? Histoire que je puisse la replacer :-)

Mister J - Je crois que c'est de moi. Mais les belles phrases c'est comme les bonnes recettes de cuisine, on se fout bien de qui elles viennent du moment qu'on peut les resservir à sa sauce. Celle-là elle est de moi, c'est sûr !

Harley Quinn - T'es trop drôle, Mister J ! C'est génial que tu aies pu garder un tel sens de l'humour après tout ce qui t'est arrivé. J'aimerais vraiment être comme toi. Au fait tu n'as pas répondu à ma question :-(

Mister J - Dimanche est parfait pour nous rencontrer. C'est aussi Halloween ma chère Harley Quinn. Tu avais oublié ?

Harley Quinn - Non, mais habituellement je le fête pas. C'est déjà mon anniv et en plus je trouve ça con. Désolé.

Mister J - Mais si je t'envoie un costume sur-mesure, tu penses que tu pourras faire une exception ? Pour moi ?

Mister J - ???

Harley Quinn - Ok. Mais je vais te donner une autre adresse. Chez moi c'est trop risqué.

 

jeudi

Mister J - Alors il te plaît ?

Harley Quinn - Il est magnifique ! Il me va trop bien. J'ai trop hâte que tu me vois dedans !

Mister J - Moi aussi je suis impatient.

Harley Quinn - Tu as eu une super idée, franchement. Mais comment t'as su pour les couleurs ? Je t'ai jamais dit que le rouge et le noir étaient mes couleurs préférées !

Mister J - On commence à bien se connaître, toi et moi. :-)

Harley Quinn - Par contre j'ai trouvé un couteau avec. C'est Normal ? Je comprends pas.

Mister J - Tu te rappelles quand nous avons parlé de ta liberté ?

Harley Quinn - Oui, très bien.

Mister J - Alors tu sauras quoi faire du couteau.

Harley Quinn - Tu veux que je tue quelqu'un ou quoi ? Tu penses à mon père ?

Mister J - Pas seulement. L'affranchissement doit être complet sinon ce n'est qu'une illusion.

Mister J - Je déduis de ton silence que tu n'es pas encore prête. C'est regrettable car cela contrarie notre avenir à tous les deux. Si tu n'es pas libre, notre relation est vouée à l'échec. Et j'ai une sainte horreur de l'échec. Pas toi ?

Harley Quinn - Je m'attendais pas à ça venant de toi. Tu es en train de me demander de tuer mes parents pour pouvoir être avec toi. Tu te rends compte ? Je suis désolée que tu aies perdu les tiens, mais je n'ai aucune raison de faire ça pour te faire plaisir. Je ne veux pas aller en prison. Je suis trop jeune.

Harley Quinn - Mister J ?

Harley Quinn - Tu fais la gueule ? C'est plutôt moi qui devrais t'en vouloir, non ?

 

samedi

Harley Quinn - Tu avais raison pour mon père. Ca n'a pas duré. Je crois qu'il s'est mis à boire et ça l'a rendu encore plus violent. Il s'est disputé avec ma mère tout à l'heure. Il sentait l'alcool. Elle lui a fait remarquer et direct il l'a giflée. Tellement fort qu'elle est tombée. J'étais terrorisé. Il n'a pas remarqué que j'avais tout vu. Je suis allé tout de suite dans ma chambre. Oui, j'ai récupéré mon PC. J'ai profité que mon père était pas encore rentré et j'ai menacé ma mère d'arrêter l'école si elle me le rendait pas.

Mister J - Tu as bien fait. Il est grand temps pour toi de prendre les choses en main. Tu as réfléchi à ce que je t'ai dit la dernière fois ?

Harley Quinn - J'aurais préféré qu'on en reparle pas. C'est malsain.

Mister J - Parce que tu trouves que la situation avec tes parents ne l'est pas ?

Harley Quinn - Bien sûr qu'elle l'est, mais de là à faire ce que tu dis...Je peux pas.

Mister J - Bien sûr que si. Mets le costume demain et garde le couteau avec toi. Je peux te jurer que le reste se fera tout seul. Et je suis toujours honnête avec toi, tu te souviens ?

Harley Quinn - Là, ça me rassure vraiment pas.

 

dimanche

Mister J - Alors cette journée ?

Harley Quinn - Je les ai tués. Tous les deux. J'arrive pas à réaliser. Ils sont tous les deux dans le salon. Ils sont morts. Ils ont complètement complètement gâché mon anniversaire. J'avais décidé d'oublier notre conversation, tous mes problèmes pour passer un bon moment. On a pas tous les jours 18 ans, hein ? Mon père est arrivé tellement bourré qu'il a foutu le gâteau par terre. Ma mère a rien dit et je crois que c'est là que ça a dégénéré. J'ai pris le couteau qu'il y avait sur la table et j'ai frappé comme une enragée. J'étais tellement en colère que je les ai poignardés tous les deux plusieurs fois. Je sais pas quoi faire. Je suis couverte de sang ! Aide-moi, je t'en supplie !!!

Mister J - Tu as mis le costume ?

Harley Quinn - Je voulais pas au début et puis je me suis dit que ça détendrait l'atmosphère.

Mister J - Ne prends pas de douche, ne te change surtout pas. Je passe te prendre. L'école est finie. Maintenant tu es vraiment Libre. Maintenant tu es vraiment Harley Quinn.

Mister J - Au fait, Joyeux Anniversaire ma petite reine :-)

 

lundi

Harley Quinn - Pourquoi tu m'as giflé ? J'étais si heureuse de te voir.

Mister J - Tu pleurnichais comme une gamine.

Harley Quinn - Mais c'est super dur pour moi, tu te rends pas compte. J'ai tué mes parents le jour de mes 18 ans !!!

Mister J - Pour moi c'était le jour d'Halloween le plus amusant que j'ai connu. Tu ne regardes pas les choses du bon oeil, ma petite reine. Tu as oublié ? Si le monde est cruel avec toi...

Harley Quinn - Je sais, mais ma vie ne sera plus la même maintenant.

Mister J - Ca, je te le garantis ! Mais c'est la dernière fois que je te vois pleurer. Tu es une femme, maintenant. Si tu recommences, je te laisse tomber et tu ne me reverras plus jamais.

Harley Quinn - Tu es sérieux ???

Mister J - Moi ? Bien sûr que non ! Je suis le Joker :-)

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 "N'as-tu jamais dansé avec le diable au clair de lune ?"

 

lundi

Whysoserious - Salut Ben ! Comment ça été aujourd'hui ? J'ai vu que tu avais changé de pseudo.

Bigben - Bof, comme d'hab.

Whysoserious - Tu as continué l'entraînement comme je te l'ai conseillé ?

Bigben - Oui, mais ça change rien. A l'école, ils se foutent toujours de ma gueule. Maintenant ils m'appellent Bigben. C'est pour ça que j'ai changé mon pseudo.

Whysoserious - Continue la musculation. Suis tous mes conseils et je te promets que bientôt tu remettras les pendules à l'heure. Ce ne sera plus Bigben qu'ils t'appelleront, mais Bane, le Fléau de Gotham City. Je suis toujours honnête avec toi, tu te souviens ? :-)

 

 

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jeudi, 02 août 2012

The Dark Knight : Gotham Legends

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1

 

Le jeune garçon s’ennuyait. Il avait quitté le confort de sa chambre et était sorti en douce de l’orphelinat malgré l’intimidant climat. Le froid soufflait sur la ville depuis plusieurs semaines, annonçant un hiver plus rude que les précédents. Pour les plus superstitieux, c’était même le signe d’une saison redoutée depuis plusieurs années : le retour  d’un âge sombre pour Gotham. On leur pardonnait volontiers. La ville avait purgé ses vices depuis un moment. Il fallait bien s’occuper l’esprit.

Le garçon dessinait quelque chose sur la vitre embuée. Une silhouette familière, autrefois indissociable de la ville. Mais plus au goût du jour depuis longtemps et désormais de sinistre mémoire. Une ombre imposante le recouvrit. Il se retourna. Ses yeux se mirent soudain à briller.

- C’est toi ?

Le visiteur s’agenouilla sans un mot et posa une main sur l’épaule de l’enfant. De l’index, il effaça le symbole tracé sur le verre.

 

2

 

Bruce Wayne se négligeait. Lui, et tout son empire. Il en avait conscience et pourtant il avait fini par y prendre goût.

Une canne à la main, le visage mangé par une barbe fournie, il faisait les cent pas dans le manoir en cherchant un nouveau sens à sa vie. Dans ses meilleurs jours. Le plus souvent, il restait au lit, l’esprit torturé par le passé, par les évènements qui l’avaient conduit à devenir le sauveur, puis le paria de Gotham. Il se sentait prisonnier comme il ne l’avait jamais été. Il ne regrettait pas son choix d’avoir endossé les crimes de Double Face, mais cela ne changeait rien au fait que sa vie s’était arrêtée depuis. Privé de son alter ego, il mourait à petits feux. Et avec lui, beaucoup de choses qu’il avait érigé, défendu. Wayne Enterprises connaissait une situation de crise alarmante. Il ne lisait plus les journaux, mais il devinait aisément en dévisageant Alfred que la presse n’était pas tendre envers lui. Les habitants non plus. Finalement, il avait réussi à devenir aussi impopulaire que Batman. Cruelle ironie.

Malgré cela, l’envie de sortir au grand jour le taraudait depuis déjà une semaine. Un désir impérieux de crever l’abcès une bonne fois pour toutes. Il s’amusait en s’imaginant que tel un vampire, il se consumerait au contact du premier rayon de soleil. Quoi de plus naturel pour une chauve-souris à taille humaine ? Il s’aperçut qu’il riait tout fort dans sa chambre lorsque Alfred frappa à la porte.

- Oui.

Le majordome entra. Il avait cessé d’être inquiet pour son maître. Il était exaspéré.

- Vous faites vraiment peine à voir.

Bruce sourit nerveusement.

- Je fais ce qu’il faut.

Alfred fut imperméable à son humour.

- Non, vous ne faites rien depuis longtemps.

- Ne pensez-vous pas que j’en ai assez fait ?

Alfred le toisa comme un enfant indiscipliné.

- Vous vous reposez sur des lauriers fanés depuis belle lurette. Des gens ont toujours besoin de vous et vous avez toujours les moyens de les aider. Nul besoin de masque et de cape.

- Peut-être que je ne me sens pas assez aimé pour vouloir leur offrir quelque chose.

- Quand allez-vous faire votre deuil de Batman ? Vous existez sans lui que cela vous plaise ou non.

- Je l’ai sacrifié au nom de l’espoir. Je l’assume comme je peux.

- Aujourd’hui c’est l’espoir lui-même que vous sacrifiez, celui que les habitants ont placé en vous, Bruce Wayne.

Alfred avait les yeux humides. Bruce n’aimait pas le voir souffrir surtout quand il se savait responsable. Mais il détestait faire l’objet de ses brimades.

- Gotham est en paix. Pas moi.

- Elle n’a plus besoin de justicier car vous avez fait ce qu’il fallait. D’ailleurs il y en a un nouveau semble-t-il.

La main se crispa sur le pommeau de la canne.

- Quoi ?

Alfred s’occupait à ranger la chambre et répondit distraitement :

- Un bienfaiteur anonyme. Il a racheté l’orphelinat et a promis d’y pourvoir.

Alfred guetta une réaction de son maître qui feignit maladroitement l’indifférence. Alors il ajouta avec délectation :

- Pour les huit prochaines années.

Bruce sortit enfin de ses gonds.

- Qui est-ce ?

Alfred fit mine de quitter la pièce comme si la réponse avait peu de valeur. Mais son sourire victorieux en disait long.

- Il parait qu’il est à l’orphelinat en ce moment même pour une courte visite. En partant maintenant, avec un peu de chance, vous devriez pouvoir le rencontrer.

 

3

 

 Sur la route menant à l’orphelinat, Bruce regretta de ne pas avoir un masque à l’effigie d’un citoyen modèle. Le visage de feu Harvey Dent lui apparut. L’espace d’un instant, il envia le sort de l’ex-procureur. Perdre tout et y survivre était loin d’être une mort douce. Devenir le héros posthume de tout un peuple, cela par contre, c’était  l’idéal. Il avait servi cela à Dent sur un plateau. Il savait que cela avait été la bonne décision, le choix le plus raisonnable. Alors pourquoi le vivait-il si mal ?

Avisant un sans-abri sur le trottoir, il s’arrêta à sa hauteur. Ce qui ne manqua pas surprendre le malheureux.

- Vous avez quelque chose dont j’ai besoin.

Bruce lui tendit plusieurs billets.

 

4

 

Lorsqu’il arriva à l’orphelinat, emmitouflé dans un manteau miteux et la tête prise dans un vieux chapeau, il espéra être méconnaissable. Un nouveau costume ?

L’accueil était désert. Il contempla les lieux avec un pincement au cœur avant de s’engager dans un couloir. Il entendit du bruit venant d’une salle. La porte était ouverte. Il entra.

La salle était plongée dans la pénombre. Les rideaux étaient tirés. Une lampe de chevet posée à même le sol éclairait une silhouette massive debout au centre de la pièce. Bruce plissa les yeux pour mieux la distinguer. L’homme n’avait pas de cheveux et portait un masque sinistre qui cachait sa bouche comme une sorte de muselière. Il était vêtu simplement. Il faisait l’effet d’un bourreau attendant de prendre part à une exécution. Bruce sut intuitivement qu’il avait affaire au fameux bienfaiteur en même temps qu’à une menace tangible encore que difficile à évaluer. Il comprit que c’était un piège, une embuscade et qu’il était tombé dans la gueule du loup. Et Alfred qui avait cru bien faire en lui lâchant l’info.

- Qui êtes vous ? s’enquit Bruce avec un manque d’assurance qu’il espérait discret.

Deux enfants qui s’étaient dissimulés dans un coin vinrent tirer les rideaux. Un flot de lumière inonda la salle. Bruce eut un mouvement de recul. Pas seulement en voyant combien l’homme était gigantesque, mais aussi en lisant son nom écrit par des mains d’enfants sur tous les murs de la pièce, du sol au plafond, au point de recouvrir entièrement les parois telle une tapisserie à la gloire d’une sombre entité. Quatre lettres qui allaient bientôt devenir synonyme de cauchemar pour Bruce et Gotham.

Bruce se tint droit pour montrer qu’il avait compris et qu’il était prêt à résister, sa canne brandie comme une arme.

- Tu te prends pour Batman ?

Un garçon entra dans la salle par une autre issue. Il éteignit la lampe de chevet avant de rejoindre le géant aussi silencieux qu’immobile. Bruce le dévisagea intensément, manifestement troublé. Cela aurait pu être lui à l’âge où il avait perdu ses parents.

Bane prit la main de l’enfant comme si c’était le sien, une vision qui ne manqua pas de terrifier Bruce. Car il était évident que le lien qui les unissait était réel, presque palpable. Mais quand l’enfant parla à nouveau, ce fut pire encore.

- Pourquoi je devrais détruire Batman, alors que Bruce Wayne est tellement plus vulnérable ?

Il comprit que si la voix était de l’enfant, les paroles, elles, venaient d’un autre esprit. Il contempla le géant et son masque impénétrable. Comment faisait-il cela ? Comment projetait-il ses pensées dans la tête de cet enfant innocent, l’animant comme un pantin à sa guise, le pervertissant ?

Bruce comprit alors autre chose qui ne fit que le terrifier davantage. Si Bane avait un besoin vital de ces enfants, le besoin était réciproque. Les enfants inspiraient Bane et en retour Bane leur donnait la foi. Sa légende était sur toutes les lèvres des gosses de l’orphelinat. Même avant sa venue à Gotham, il se dressait déjà dans leur esprit comme un protecteur exemplaire, un père inébranlable. Ils l’attendaient désespérément, avec une ferveur quasi-religieuse depuis qu’ils avaient appris son existence et sa conduite héroïque vis-à-vis d'un gosse abandonné comme eux, dans une prison lointaine. Il était leur héros, leur sauveur, comme Bruce Wayne l’avait été en son temps. Bruce savait tout cela car lui-même avait entendu bien des fois cette légende étant enfant. Elle l'avait tant inspiré.

Batman pouvait peut-être vaincre Bane, mais il ne pouvait triompher d’un espoir aussi solide inscrit dans le cœur de centaines d’enfants. Et en cette heure, il était encore loin d’être redevenu Bruce Wayne, Batman encore moins. Pourrait-il seulement l’être à nouveau ?

Bruce vacilla, ébranlé par ce constat. Mais il ne pouvait pas flancher. Il fit l’effort de s’adresser à Bane plutôt qu’à l’enfant pour les dissocier définitivement.

- Tu ne me feras pas de mal devant cet enfant. Alors à quoi bon me menacer ?

L’enfant le fixait, mais Bruce l’ignorait superbement, n’ayant d’yeux que pour son véritable adversaire. Bane lâcha la main de l’enfant qui fit mine de quitter la pièce. Bruce comprit rapidement qu’il n’avait pas le choix. Face à la brute, dans son état qui plus est, il n’était pas de taille. Il plongea au sol et prit le garçon dans ses bras, perdant son chapeau dans le mouvement. Il serra le garçon contre lui plus que de raison et se tourna vers Bane comme pour le défier.

- Laisse-moi sortir et je le relâcherai.

Il vit les poings du titan se serrer. Il entendit son souffle. L’enfant ne semblait pas avoir peur, ce qui rassura Bruce. Avant qu’il n’en connaisse la véritable raison.

- Tu ne feras pas de mal à cet enfant. Alors à quoi bon négocier ?

Bruce se dirigea vers la porte. Il donna un coup de pied dans le panneau qui pivota. Tandis qu’il s’éloignait en courant dans la rue, un homme de main se présenta devant Bane :

- La caméra a tout enregistré.

Bruce n’avait pas eu le cœur de garder son otage. Le cœur ou le courage ? Le garçon revint près de son protecteur dont il serra la main comme s’il ne s’était rien passé.

Le sbire évita lui aussi de le regarder pour s’adresser directement à son supérieur :

- Nous diffuserons quand vous voudrez.

L’enfant sourit, puis le terrifiant tandem s’éloigna.

 

5

 

La vidéo montrant Bruce Wayne kidnappant un enfant de l’orphelinat fit bientôt la joie des internautes avides de nouveaux buzz. Privée de son et montée comme il convenait, elle présentait l’éminent golden boy comme un monstre et Bane comme un sauveur providentiel. L’imagination fit le reste, comme bien souvent.

Alors qu’elle était relayée par tous les journaux télévisés, au siège de la police, l’officier John Blake soupira longuement.

- Plus de Batman depuis huit ans et voilà que Wayne pète les plombs.

Debout à côté de lui, le Commissaire Gordon finissait de se préparer.

- A force de rester cloîtré dans sa tour d’ivoire, ça devait finir par arriver.

Blake pinça les lèvres. Il était encore jeune et inexpérimenté, mais son intuition surpassait celle de bien des vétérans.

- Je ne crois pas à cette version.

Il regarda franchement Gordon.

- Tout comme je ne crois pas que Batman ait tué Harvey Dent et les cinq policiers.

L’intéressé sentit bien le poids de l’accusation. Il l’ignora autant que possible. Il avait intérêt à le faire. Il lissa sa moustache.

- Mon garçon, tu as encore beaucoup de choses à apprendre sur l’être humain et son côté obscur.

Blake le toisa avec un sérieux surprenant :

- Je vous crois sur parole. Mais je suis aux bonnes loges pour en apprendre un rayon, non ?

 

6

 

Quelques instants plus tard, Gordon briefait ses hommes sur la future chasse à l’homme :

- Je tiens à répéter que cette histoire doit être éclaircie. Bruce Wayne est en fuite, mais il n’est pas nécessairement coupable, nous en savons trop peu pour tirer des conclusions dans un sens ou dans un autre.

Il jeta un regard appuyé à l’intention de Blake.

- Mais n’en déplaise à certains, Wayne doit être considéré comme potentiellement dangereux. Il est à l’image de sa société, fragile, donc imprévisible. Ne le sous-estimez pas, mais n’usez de la force qu’en dernier recours. Des questions ?

Un officier s’exprima :

- L’autre homme sur la vidéo, le géant, il est prévu qu’on l’interroge ?

Gordon opina du chef.

- Il s’est livré il y a quelques minutes à peine. Il semble vouloir totalement coopérer.

Blake s’agitait sur sa chaise, nerveux. Il leva la main.

- On devrait peut-être attendre d’en savoir plus sur cet individu avant de pourchasser Wayne.

Gordon sourit. Il louait le tempérament du jeune officier autant qu’il le déplorait. Son sourire s’élargit.

- Il me semble que vous aimez exercer votre perspicacité, agent Blake. Et bien je vais vous donner l’occasion de nous prouver votre valeur en ce domaine. C’est vous qui allez l’interroger.

La surprise passée, Blake défia son supérieur du regard. Le ton du Commissaire n’était pas sarcastique, mais il sentait bien qu’il le mettait à l’épreuve. Il sourit à son tour.

- Ce sera avec joie, Commissaire.

 

7

 

Avant d’entrer dans le bureau où l’attendait Bane, un collègue le retint :

- Je te préviens, il est vraiment bizarre ce type. Moi, il me fout les jetons.

- Qu’est-ce qu’il a ?

- Il a l’air balèze et il porte un drôle de masque.

Blake sourit, amusé.

- Ce ne serait pas la première fois à Gotham.

Lorsqu’il entra dans la pièce, son sourire disparut aussi vite. Il salua le visiteur d’un signe de tête avant de s’asseoir face à lui. Lorsqu’il entendit la porte se fermer, il déglutit péniblement.

- Vous vous prénommez Bane, c’est bien cela ?

Le colosse inclina la tête.

- Très bien, Monsieur Bane. Alors pouvez-vous me dire ce qui s’est passé à l’orphelinat et si cette vidéo est de votre fait ?

 

8

 

Aussi traqué que Batman lui-même, Bruce ne pouvait compter que sur bien peu de personnes. Vêtu comme un vagabond, la tête encapuchonnée, il rasait les murs comme les vulgaires criminels qui le craignaient autrefois sous son masque. Il avait fait un choix, mais l’arrivée de Bane semblait remettre pas mal de choses en question. Encore fallait-il qu’il se sorte de ce guêpier. Durant ces dernières années, il était devenu son ombre, la moitié de lui-même et pas la meilleure disait les mauvaises langues. Désormais, il n’était plus personne.

La police cernait le manoir. Il pouvait oublier d’emblée la grande porte. Il appela Alfred sur une ligne qu’il savait protégée.

- Monsieur désire ?

Le ton du majordome était rafraîchissant. Bruce en avait bien besoin, même si c’était une piètre consolation face à la menace qui pesait sur lui.

- Alfred, content d’entendre votre voix. Vous devez savoir que je suis très recherché depuis peu.

- En effet, Monsieur. Et je ne vous ferai pas l’affront de vous demander si ce que j’ai vu est la vérité.

- Le type s’appelle Bane. Il manipule les enfants.

- Les médias aussi apparemment.

- J’ai besoin de savoir qui il est vraiment.

- Très bien. Je vais consulter les données. Ce sera tout ?

- Non. Je crois qu’il me faut un smoking.

- Ce n’est pas ce qui manque. Un modèle en particulier ?

Il y eut un silence. Puis Bruce repensa à Bane et à l’enfant sous sa coupe. Image intolérable qui le poursuivrait où qu'il aille.

- Celui que j’ai mis au placard il y a huit ans.

 

9

 

Tandis que ses hommes fouillaient l’édifice de fond en comble, Gordon interrogea Alfred, imperturbable.

- S’il était ici, vous me le diriez, n’est-ce pas ?

- Il y a longtemps que je ne fais plus les lacets de Maître Bruce. Je ne suis pas son père, encore moins son avocat.

- Mais vous avez des raisons de le protéger.

- Il le fait très bien tout seul. J’ignore où il se trouve et je n’ai aucune envie de le savoir. Il a enfin mis le nez dehors, qu’il aille au diable maintenant. Ces huit dernières années ont été les pires de ma vie. Et dieu sait qu’être à son service en temps normal n’est déjà pas une sinécure.

Gordon sourit avec complaisance. Il comprit qu’il ne pourrait rien tirer de lui.

- Vous savez que c’est dans son intérêt que nous le retrouvions. Tant qu’il est en fuite, il ajoute du crédit à cette vidéo et au crime qu’elle dénonce.

- J’en ai bien conscience, Commissaire. Et il le sait. Mais vous pouvez être sûr que rien que pour me contrarier, il est capable de faire le tour du monde.

Un officier rejoignit Gordon.

- On a rien trouvé.

- Vous savez où me joindre si vous avez du nouveau à son sujet.

- Je n’y manquerai pas.

Gordon allait prendre congé, mais il se ravisa au dernier moment :

- J’imagine que cette demeure n’abrite aucun passage secret ?

Alfred eut l’air offusqué :

- Vous croyez que je n’ai pas assez à faire comme ça ?

 

10

 

Blake commença à perdre patience.

- Ecoutez Monsieur Bane, si vous ne répondez pas ou ne pouvez répondre à mes questions, pourquoi êtes-vous venu à nous dans ce cas ?

Le policier poussa une feuille et un stylo vers le colosse. Aucune réaction. Il avait affaire à un véritable mur.

- Vous ne savez pas non plus écrire ? Mais qui êtes-vous nom de d…

Bane se leva brusquement. Il ouvrit son manteau. En dessous il arborait un t-shirt blanc sur lequel était écrit :

JE SUIS BANE LE MEILLEUR AMI DE BRUCE WAYNE

L’écriture était hésitante, malhabile, comme celle d’un enfant. Ce qui ne fit qu’accroître le malaise ressenti par Blake. Il se leva à son tour, disposé à demander du renfort. D’un simple geste de la main, Bane envoya la table qui les séparer se fracasser contre le mur. Blake plongea vers la porte qu’il ouvrit à la volée juste avant de sentir le géant l’écraser au sol de tout son poids. L’officier qui gardait l’entrée pointa son arme en direction de Bane.

- Lâche-le immédiatement et mets les mains au-dessus de la tête !

Bane s’exécuta et se releva lentement. Blake fit de même, le souffle coupé. Il s’appuya contre le mur du couloir.

- Ca va ? s’enquit son collègue.

Blake respirait bruyamment. Il opina avant de dire :

- Appelle du renfort. Il faut prévenir Gordon aussi.

Le policier allait s’exécuter quand profitant de sa distraction, Bane lui broya la main et le pistolet qu’elle tenait. Le flic hurla. Bane lui porta un coup à la gorge avec la paume. Il y eut un bref craquement et le policier fut projeté à l’autre bout du couloir.

Blake prit ses jambes à son cou.

Alerté par le vacarme, trois collègues arrivèrent dans sa direction.

- Appelez Gordon, ce type veut notre peau.  C’était un piège !

Les trois hommes coururent dans sa direction. En arrivant à leur hauteur, Blake leur emprunta une arme et les couvrit. Bane se rua sur eux. Avant qu’ils aient pu dégainer, il les percuta de plein fouet. Le choc fut d’une telle force qu’en les voyant retomber au sol, Blake sut qu’il n’avait aucun espoir de les voir se relever. En quelques instants, Bane avait tuer quatre flics. Le commissariat était déserté. Les effectifs s’étaient considérablement réduits depuis la chute de la criminalité. Beaucoup avait trouvé un autre emploi, les plus anciens avaient anticipé leur retraite. Cette vidéo diffusée un peu partout était aussi une aubaine pour les flics de Gotham. Enfin un crime intéressant, enfin un peu d’action. Gordon avait monopolisé beaucoup d’hommes pour appréhender Wayne. Trop. Blake dévisagea Bane à nouveau immobile. Ce type n’était pas qu’un malabar. C’était aussi un cerveau. Son attaque du Commissariat serait associé au méfait supposé de Wayne et Bane désigné comme simple complice du milliardaire. Il fallait absolument qu’il trouve Wayne pour défaire le plan que le géant était en train de tisser. Il voulait faire porter le chapeau à Wayne car il voulait le briser. Mais Pourquoi ?

- Qu’est-ce que tu veux à Wayne ? Qu’est-ce qu’il t’a fait ?

Son arme tremblait dans sa main. Il préféra l’ignorer.

Bane écarta à nouveau son manteau et cacha certains mots du message, en formant un nouveau : JE SUIS LE MEILLEUR

- Le meilleur ? répéta Blake, déconcerté.

Bane fonça sur lui sans crier gare. Blake fit feu sans que cela n’arrête le colosse sur sa lancée. Il se jeta in extremis contre une porte attenante et entra dans un bureau. Pour faire ses preuves, il allait faire ses preuves. Mais pas comme Gordon l’imaginait. Lui, encore moins. Quand Bane entra, Blake fit feu à nouveau, vidant son chargeur cette fois. Les balles trouèrent le corps d’un flic mort dont le colosse s’était fait un bouclier improvisé. Il balança le cadavre sur Blake qui l’évita en roulant sur une table. A peine relevé, il donna un coup de pied contre elle pour la repousser, dans l’espoir fou qu’elle entraverait l’avancée du géant. Bane leva la jambe et son pied la brisa comme un fétu. Il empoigna un pied dans chaque main. Du sang coulait sur son manteau, preuve que Blake l’avait touché tout à l’heure. Mais dire que cela l’incommodait  relevait du fantasme pur et simple. Armé d’un fusil à pompe, un flic arriva dans le dos de Bane. Au moment où il pointait le canon, sans même se retourner, Bane le désarma d’un coup de massue et enchaîna en lui brisant le crâne. Blake en profita pour se jeter par une fenêtre. Il atterrit sur une voiture de fonction. Ses côtes lui apprirent que cela avait été une mauvaise idée. Levant les yeux, il vit Bane l’imiter sans hésitation. Il se jeta au sol juste avant que le géant n’enfonce le toit du véhicule dans un bruit de tôle assourdissant. Plusieurs patrouilles arrivèrent sur ces entrefaites. Les six hommes encerclèrent rapidement le colosse tandis que Blake les briefait rapidement sur la situation. Il monta dans une voiture et prit la radio pour alerter Gordon.

 

11

 

Jim Gordon avait laissé quelques hommes au manoir. A présent il roulait lentement, se demandant où Wayne pouvait bien se planquer. Pour un homme de son acabit, les cachettes ne devaient pas manquer. Même s’il avait perdu de son influence, il lui restait des alliés, des fidèles. Mais pourquoi se mettre en danger de la sorte au moment où tout allait déjà mal pour lui ? Acte désespéré pour attirer l’attention ? Le jeune Blake avait peut-être raison. Cet enlèvement ne rimait à rien. Même s’il l’avait abandonné, Wayne chérissait trop l’orphelinat pour commettre un tel crime envers lui. Le cours de ses pensées fut interrompu par un appel radio.  C’était justement Blake.

- Le type que j’ai interrogé n’a pas parlé. Pire. Il m’a attaqué et a tué plusieurs de nos hommes.

Gordon eut le souffle coupé.

- Quoi ? Mais qu’est-ce qui s’est passé, bon sang ! Ce devait être un simple interrogatoire. Il n’était pas armé et ses intentions…

-…sont très claires, à présent, acheva Blake. Il veut tout faire pour incriminer Wayne. Je ne sais pas encore pourquoi, mais une chose est sûre, ce n’est pas son ami, ni le nô…

Blake s’interrompit en voyant Bane soulever une voiture et la balancer sur les flics.

- Merde ! Il va s’échapper !

- Où êtes-vous ? s’écria Gordon.

- Devant l’entrée du commissariat. Amenez tous les hommes !

Blake allait démarrer, mais Bane le prit de vitesse. Il souleva la voiture par l’avant, la renversa comme une crêpe avant de la pousser sur la route. Gordon arriva à ce moment précis. Rapidement il boucla la zone et ses hommes encerclèrent le colosse.

- Alors tout cela c’était une mascarade ?

Naturellement, Bane ne répondit pas. On aida Blake à sortir du véhicule. Il n’avait rien, hormis ses côtes qui le faisaient souffrir. Il fut soulagé en voyant son supérieur.

- Mon instinct me dit que ce type n’est pas digne de confiance.

Gordon sourit.

- Sacré baptême du feu, petit. Tu t’en es bien sorti.

Le visage de Blake s’assombrit.

- On ne peut pas en dire autant de tout le monde.

- Combien de victimes ?

- Cinq des nôtres.

Gordon fusilla le géant du regard.

- Couche-toi sur le sol, les mains sur la tête !

- Je sais juste qu’il s’appelle Bane et qu’il a une dent contre Wayne.

- Alors la vidéo vient de lui. Reste à le prouver.

Comme Bane ne semblait pas vouloir obtempérer, les armes se firent plus menaçantes et le ton de Gordon également.

- Si tu n’obéis pas, Bane ou qui que tu sois, je ne donne pas cher de toi !

Il y eut un mouvement dans la foule de badauds, puis un groupe d’enfants apparut. Les flics voulurent les éloigner, mais ils les esquivèrent et se plantèrent devant Bane. Le géant en prit un sur chaque épaule, les autres se cramponnèrent à lui. Il commença à s’éloigner.

Les flics dévisagèrent Gordon, perplexes. Le Commissaire, lui-même, ne s’attendait pas à un tel revirement. La scène était surréaliste.

- D’où sortent-ils ?

- Ce sont des gamins de l’orphelinat, répondit Blake. Bane l’a racheté à Wayne Enterprises. On ignore pourquoi. Mais ils l’ont adopté visiblement.

- Ca fait froid dans le dos.

- Que fait-on ? s’enquit un officier.

- Rien.

Gordon se planta devant Bane. Il observa les enfants. A leurs yeux, il passait pour le méchant. Un frisson le parcourut des pieds à la tête. Il préféra fixer le colosse.

- Un tueur de flics se servant d’enfants pour assurer sa fuite est la pire chose que j’ai vue dans toute ma carrière. Et je suis loin d’être un débutant, tu peux me croire.

Le garçon qu'avait rencontré Bruce leva les yeux vers lui.

- Vous n’avez encore rien vu, Commissaire Gordon.

 

12

 

Moins d’une heure après l’attaque du commissariat, une nouvelle vidéo circulait dans tout Gotham. Elle montrait Bane arborant son t-shirt JE SUIS BANE LE MEILLEUR AMI DE BRUCE WAYNE et massacrant plusieurs policiers sans une once de pitié.

Malgré les tentatives de Gordon et de Blake de convaincre les autres flics, les médias et la population que tout ceci n’était qu’un complot, en l’espace d’une journée, Wayne passa du statut de fou furieux à ennemi public N°1. Comme un certain Batman il y a huit ans. Aveuglé lui aussi par les apparences, le Maire lança une croisade contre l’ex-philanthrope.


Afficher l'image d'origineà suivre...

 

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