jeudi, 15 juin 2017
Wonder Woman [Cinéma/Critiques]
Si je suis loin de considérer Wonder Woman comme un mauvais film, il a trop de mérite d'exister d'autant plus qu'il a mis du temps à voir le jour, pour autant sur un plan artistique pur, dans la forme comme dans le fond, j'ai trouvé ça assez décevant. J'ai trouvé des choses intéressantes comme certains échanges avec Steve Trevor (lui-même plus intéressant que je ne le pensais), mais beaucoup d'idées ont été maladroitement exploitées à mes yeux.
D'abord le contexte de la guerre, beaucoup trop flou, trop abstrait, trop lointain en dépit d'une volonté de nous démontrer son horreur. Mais encore une fois viser le tout public nous prive de séquences percutantes. Sans forcément demander des scènes gore, je ne suis pas client, j'aurais quand même trouvé important de dépeindre de manière plus concrète les ravages de la première guerre mondiale dont on ne voit pour ainsi dire rien. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si beaucoup de spectateurs - à commencer par moi - ont cru qu'il s'agissait de la deuxième guerre mondiale, tellement il y a peu d'éléments pour la représenter intrinsèquement.
Au niveau du personnage de Wonder Woman en lui-même, bah je n'ai pas ressenti grand-chose, malgré le symbole qu'elle véhicule et qui à priori avait tout pour me plaire. Gal Gadot s'est pleinement investi, pour autant, ni son coté badass, ni sa sensibilité ne m'ont fait vraiment vibrer. Les fans apprécieront les scènes de transition pour relier le film à Batman VS Superman et l'amorce pour le fameux Justice League.
SPOILS
Sa croisade pour trouver Ares est elle aussi une superbe idée tuée dans l'oeuf. Car au lieu de réaliser qu'en tout être humain sommeille un Dieu de la Guerre, elle découvre une réalité fidèle à son souhait et ce n'est pas un rebondissement sur l'identité véritable de Ares qui parvient à sauver les meubles. On repassera donc pour un message moderne sur l'éternelle dualité qui ronge l'humanité et c'est très regrettable, car c'était l'occasion idéale. De surcroît, en perdant ses illusions, Wonder Woman aurait pu apparaître avec plus de profondeur et de cette amertume aurait pu naître une mentalité plus complexe et donc plus intéressante.
Il est un fait qu'en changeant l'origine des Amazones (réincarnations de femmes tuées par des hommes dans les comics), le scénario nous prive d'une symbolique puissante. Wonder Woman aurait pu faire naître une rédemption sublime puisqu'elle finit par défendre les hommes comme les femmes, tomber amoureuse d'un homme qui lui-même va se sacrifier par amour pour elle et pour le bien de l'humanité.
Ce plan là je l'adore, j'aurais aimé qu'il y en ai plus des comme ça !
Côté visuel, là encore, je n'ai pas trouvé ça très inspiré, les effets spéciaux sont trop voyants, trop envahissants, j'aurais aimé quelque chose de plus pur au niveau de l'image, on sent trop le tout numérique, l'image retouchée que ce soit dans les décors ou les cascades virtuelles, héritage de Man of Steel.
Les combats manquent de chorégraphie, d'inventivité, d'espaces appropriés pour les rendre mémorables. Les duels dans la tour de guet et sur le terrain d'aviation ne valorisent absolument rien, ni les personnages, ni leurs actions.
En fait ce que j'ai vraiment apprécié à tous points de vue et qui pour moi donne son intérêt au film, c'est toute la séquence sur Themiscyra, l'île des Amazones, qui sert de prologue. Parce que visuellement il y a cette pureté d'image justement, un aspect plus réaliste, plus naturel à commencer par les décors, vraiment somptueux. Et puis il y a les costumes, soignés dans leur design conjuguant à merveille la symbolique et l'aspect guerrier, tribal.
Et puis il y a les Amazones, bien sûr, une armée de guerrières qui paraissent capables de tailler en pièces n'importe quelle bande de mâles alpha. Déjà ça, c'est badass. Mais quand deux actrices de renom habituées à des rôles aux antipodes de ceux-là font leur apparition, c'est encore plus plaisant. J'avais déjà vu quelques photos qui auguraient du meilleur et j'avoue que je n'ai pas été déçu. Certes, les ralentis abondent pour les mettre en valeur, mais ils sont plutôt judicieux, valorisent bien les postures guerrières et leur enchaînement fonctionne du tonnerre de Zeus !
Une Wonder Woman peut en cacher deux autres
Connue pour ses rôles sensibles dans des films d'envergure comme Forrest Gump, Incassable ou encore Crossing Guard, Robin Wright dévoile dans ce film un aspect insoupçonné de sa personne.
Totalement crédible dans le rôle d'Antiope, aussi bien physiquement que dans l'action pure, l'actrice est éblouissante et vole la vedette à Gal Gadot en quelques plans seulement. Dire que j'ai été frustré de ne pas la voir dans le premier rôle n'est pas exagéré.
Moins populaire (surtout en France), Connie Nielsen a quand même à son actif des rôles marquants dans Gladiator, Mission to Mars, Soldier ou encore l'Associé du Diable. Dans le rôle de Hippolyte, Reine des Amazones et mère de Wonder Woman, elle fait elle aussi forte impression.
On s'étonne par ailleurs de ne pas voir Charlize Theron au casting, elle qui incarne si bien la féminité guerrière depuis quelques années (Cf Mad Max Fury Road) surtout qu'elle a été dirigé avec succès par la réalisatrice Patty Jenkins dans Monster. Sans doute trop chère et/ou problème d'agenda vu que l'actrice est à l'affiche de Atomic Blond dans un rôle justement très Badass ! Une prochaine fois peut-être !
A noter que Patty Jenkins aurait dû réaliser auparavant Thor 2 : Le Monde des Ténèbres, mais a quitté Marvel en raison d'un désaccord artistique pour au final rejoindre DC. Belle ironie ! On verra comment Marvel va réagir de son côté avec ses super héroïnes : Captain Marvel et (enfin !) Black Widow/La Veuve Noire.
Les deux comédiennes, 51 ans chacune, affichent une plastique musculeuse inédite, une beauté préservée sans pour autant masquer leur maturité surtout pour ceux qui les ont vu vieillir au cinéma. Et c'est justement là, dans ce détail en apparence anecdotique, dans cette combinaison subtile que se cache pour moi le féminisme absolu du film.
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Commentaires
Pour le coup, même si les combats ne sont pas inventifs, je les ai trouvés efficaces et épiques, et c'est tout ce qu'il me faut. J'ai trouvé la forme soignée, mais dommage que le fond n'ait pas été aussi approfondi sur tous les aspects.
Pour ce qui est du contexte historique, j'ai trouvé ça assez mal situé, puisqu'à part notre sens de l'observation, nous ne pouvons pas vraiment deviner qu'il s'agit de la première guerre mondiale (d'autant qu'une allusion est faite au droit de vote des femmes). Généralement, une ligne de dialogue ou une indication à l'écran permet de situer l'action, ça a été un peu oublié.
Écrit par : Elo | vendredi, 16 juin 2017
Complétement d'accord avec vos commentaires :
On a flashé sur la même scène, la première partie donc, et les 2 soeurs Hippolyte et Antiope/Robin Wright, magnifique et surprenante dans ce rôle. C'est clair, Charlize Theron n'aurait pas été de trop!
Gal Gadot est tout de même canon, c'est un top, beau visage, mais oui, peut-être elle ne dégage pas beaucoup d'émotions, sauf plus tard dans les moments douloureux des victimes de la guerre.
En tout cas, l'atmosphère de cette île paradisiaque, l'eau turquoise et pure, les décors antiques ou la salle avec les bassins... j'aimerai bien voir un film héroÏc-fantasy ou mythologique, dans le même contexte! On est bien loin, en tous cas, de la série TV des années fin 70/80 de ma "jeunesse", vraiment kitsch aujourd'hui.
Comme vous, j'ai mis un peu de temps à situer de quelle guerre il s'agissait, j'ai réalisé au bout d'un moment que le "coucou" qui se crache est typique de cette époque, puis le mot "Kaiser" a tout remis en place.
Je ne vais pas spoiler sur la révélation finale, mais le physique d'Arès le grand dieu de la guerre m'a fait marrer, d'autant plus qu'il garde la même tête dans les flash-back antiques.
Mais bon, ne mégottons pas, il y a un contraste entre l'île puis la "réalité humaine" qui n'était peut-être pas simple à articuler, j'ai tout de même pris plaisir à regarder ce film de super-héros pour une fois féministe.
Les GIF et images ci-dessus en sont une excellente illustration.
Écrit par : Sofy | mercredi, 28 juin 2017
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