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dimanche, 26 octobre 2014

Predator [Cinéma/Critiques]

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Les années 80 ont représenté pour moi l'âge d'or d'Hollywood. Evidemment, c'est purement subjectif. Le cinéma de divertissement trouvait un souffle nouveau qui initia d'ailleurs la formule si chère aux blockbusters d'aujourd'hui. Donc objectivement parlant, y a du pour et y a du contre. Parallèlement aux productions Spielberg, nous avions droit régulièrement aux exploits de Stallone/Schwarzenegger et consorts (qu'ils tentent vainement de réitérer aujourd'hui !). Autant dire qu'on ne restait jamais sur notre faim.

Mais au-delà de la qualité des films de cette époque, ce dont chacun reste seul juge, il y a un élément indéniable qui a ajouté grandement à leur valeur : la patience dont il nous fallait faire preuve avant de pouvoir les déguster. Bah oui, années 80 obligent, aller au cinéma était encore un luxe, surtout pour les familles modestes, et comme internet n'existait pas, il fallait attendre un certain temps avant de pouvoir les découvrir en K7 VHS (un investissement là aussi) ou à la télé sur les grandes chaines publiques, parce que Canal + étant aussi un luxe, autant dire qu'on les voyait une éternité plus tard alors que le film était passé de mode depuis longtemps. Mais tout ce processus faisait grandir le désir et nourrissait la passion autour de l'univers dudit film. L'attente faisait partie intégrante du plaisir cinématographique. Et l'un des meilleurs exemples pour moi dans ce domaine a été Predator.

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Une belle bande de mâles Alpha !

Predator conjugue à merveille les qualités d'un plaisir coupable (l'attaque du camp, les répliques) en cultivant allègrement l'aspect Badass de ses personnages à l'ambiance viscérale d'un pur film fantastique. Le réalisateur John Mc Tiernan (Last Action Hero, Le Treizième Guerrier) nous offrira Piège de Cristal un an après, révolutionnant le film d'action en huit-clos et lançant la carrière de Bruce Willis. Rétrospectivement, ça augurait du meilleur pour ce qui n'était alors que son premier gros film de studio !

Dans une première partie on suit ce commando semblant revenu de tout se frayer un chemin dans la jungle afin d'accomplir une mission qui a tout d'un voyage de plaisance. Bien évidemment, et on s'en doute, ce sera loin d'être le cas. Seulement, eux ne le savent pas, et sont très loin de se douter que la découverte de la véritable nature de leur opération ne sera que le cadet de leur souci quand ils comprendront (beaucoup trop tard sinon c'est pas drôle) qu'ils ont un plus gros chat à fouetter. Enfin c'est plutôt l'inverse !

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Considéré comme un intrus, Dillon devra essuyer la méfiance du groupe et prouver qu'il est digne de confiance. Après s'être frité avec Stallone sur un ring, Carl Weathers titille Schwarzy dans la jungle. C'est ce qui s'appelle varier les plaisirs !

Un peu à l'image de Une Nuit en Enfer de Rodriguez (qui produira comble de l'ironie le maladroit Predators), le film prend ensuite un virage à 90° pour nous offrir donc une toute autre ambiance. Les enjeux ne sont alors plus les mêmes tout en continuant de nous passionner. Et c'est là l'une des grandes réussites du film : on a droit à deux films en un, deux intrigues qui, loin de se nuire, se fondent parfaitement, se sublimant respectivement.

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Billy est le seul qui parvient à percevoir la présence du Predator. Cela le sauvera-t-il ?

Predator aurait pu se contenter d'aller jusqu'au bout de son idée première, à savoir un film viril et décomplexé à la gloire de schwarzy comme dans Commando. Mais l'idée de génie des deux scénaristes (Jim et John Thomas) est d'avoir déconstruit ensuite toute cette mécanique savamment orchestrée. Et le fait est que ces mercenaires, plutôt attachants au demeurant, symboles de puissance, voire d'invulnérabilité, vont susciter chez le spectateur une sympathie toute particulière lorsqu'il assistera, impuissant, à leur extermination en bonne et due forme. Massacrés comme du simple bétail par un ennemi indéterminé, mais visiblement très déterminé, un frisson nous parcourt inévitablement l'échine. On a pas encore vu un poil de la bête et on sait déjà la menace qu'elle représente. Car pour s'attaquer à une vraie bande de crache-la mort (dixit Aliens), faut quand même en avoir une sacrée paire...

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Elpidia Carillo incarne Anna, la seule femme du film. Sa présence au sein du groupe est accidentelle, mais rien n'arrive par hasard. Au départ peu coopérative, elle finira par démontrer sa valeur : le Predator n'est pas un parfait inconnu pour elle !

L'apparition du Predator est tout d'abord très intelligemment mise en scène puisque très progressive, attisant la curiosité et faisant monter la tension crescendo. Un procédé cinématographique repris par quantité de films de série B (et Z) sans jamais l'égaler. Qui n'a pas tenté, souvent en vain, de déceler l'extraterrestre camouflé dans la jungle ? La première vision qu'on en a est particulièrement originale puisqu'il s'agit simplement de sa main vue à travers ses propres yeux si l'on peut dire, cette fameuse vision thermique que l'on associera à la créature à l'instar de nombreux autres gadgets et effets sonores eux aussi iconiques.

Le fait même de voir régulièrement les personnages avec ce spectre limité de couleurs permet moins de s'identifier au Predator que de mesurer à quel point il est maître de la situation. S'il n'attaque pas, c'est qu'il l'a décidé. Une nouvelle preuve de sa supériorité. Le Predator aime la chasse, mais pas n'importe comment. Il y a des codes, des rituels que l'on comprendra au fur et à mesure et qui feront pour beaucoup dans son succès en plus de son design inspiré, crée par le grand Stan Winston (Jurassic Park) qui, un an auparavant, avait déjà terrifié les cinéphiles avec la reine Alien d'Aliens. A noter que le faciès même du Predator (les mandibules) lui a été suggéré par James Cameron en personne.

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Le Predator met longtemps à se montrer, mais on est pas déçu. Chacune de ses interventions est jubilatoire. Malgré sa discrétion, la créature a une vraie présence. La première fois que je l'ai vu, je me souviens que je trouvais son casque super cool et j'étais convaincu que c'était son visage en quelque sorte, qu'on en verrait pas davantage. Lorsqu'il se découvre à la fin du film, ça été comme d'ouvrir un oeuf Kinder après en avoir mangé le chocolat : une grosse surprise en prime ! Faut dire qu'à l'époque, sans Internet, on avait beaucoup moins de chance d'être spoilé ! A noter que le Predator a été incarné dans les deux premiers opus par Kevin Peter Hall (le grand noir de la série Superminds), malheureusement décédé depuis. A l'origine, c'est Van Damme qui devait endosser le costume. Mais le confort et le design n'étant pas aussi efficaces, la production a dû revoir ses plans.

Vient le moment où fatalement Schwarzy se retrouve seul face à sa Némesis. En même temps c'est le combat qu'on fantasme depuis un moment, ça aurait été dommage de s'en passer. Et là, le film de sombrer à nouveau dans une autre ambiance, crépusculaire, une sorte de retour à l'âge primitif. Le Major Dutch Shaeffer doit redevenir une bête pour pouvoir affronter la bête et sa technologie. La thématique est d'autant plus intéressante qu'elle était totalement inattendue. On passe d'un film gonflé à la testostérone pour ados boutonneux à un docu-fiction philosophique sur l'homme et les vertus de son instinct animal. Autant vous dire que le final est à la hauteur de nos espoirs. 

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Avant d'être purement physique, le duel est avant tout psychologique, chaque adversaire piégeant l'autre, le provoquant, le poussant dans ses retranchements avant le fatidique face à face qui sera vite à l'avantage de l'un des deux guerriers.predator-arnold.jpg Film d'action, film fantastique, film de SF, Predator c'est la quintessence du cinéma, un modèle inégalé qui encore aujourd'hui se savoure avec le même plaisir. En localisant l'action dans la jungle, les scénaristes ont de surcroît protéger le film des affres du temps contrairement à sa suite qui vieillit beaucoup moins bien. Le blockbuster complice du spectateur qui ne le prend pas en otage et surtout le respecte. Un film comme ça forcément ça prend encore plus de valeur avec les années, comme un bon vin !

BONUS

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Contaaaaaaaaaaaaaact !!!

La musique de Alan Silvestri (La trilogie Retour vers le Futur, Abyss, Forrest Gump) est évidemment pour beaucoup dans la qualité de l'ambiance de Predator. Mêlant très habilement hymnes pêchus, sonorités tribales et thèmes d'action intenses, des premières images aux dernières, elle épouse la narration à la perfection. Tour à tour subtile, empreinte de mystère et sortant l'artillerie lourde aux bons moments, elle transcende chaque scène et insuffle l'émotion recherchée. Le Predator étant quasi muet, la BO est son principal langage et à ce titre elle assure méchamment !

 

 

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Commentaires

Excellente revue du chef d'oeuvre de John Mc Tiernan, tout comme la partition musicale d'Alan Silvestri.

Écrit par : Midge Feld | mercredi, 05 novembre 2014

merci pour ton com ravi que ça t'ai plu !

Écrit par : Greg Armatory | mercredi, 05 novembre 2014

Les commentaires sont fermés.