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mercredi, 23 juin 2010

Rex Warrior Contre le Maître de la Montagne

 Rex Warrior contre le Maître de la Montagne

 

 

PROLOGUE

 

 

 

 

 

Le soir venant, l'homme et l'enfant quittèrent les abords de la rivière et prirent le chemin du retour. La pêche n'avait pas été bonne, pourtant, tout en cheminant, ils devisaient gaiement main dans la main, scrutant de temps à autre le ciel assombri paré d'une multitude d'étoiles scintillantes.

Quelques instants plus tard, ils sortirent de la forêt et aperçurent sur leur droite l'antique puits annonçant mieux que n'importe quel panneau la proximité de leur demeure.

En arrivant en vue de la chaumière  dont la cheminée crachait une mince volute de fumée, l'homme s’immobilisa et arrêta l'enfant prés de lui. La chaude et accueillante lumière se déversait à travers les carreaux des fenêtres et par la porte grande ouverte, les invitant à entrer mieux que ne l'aurait fait le meilleur des hôtes. Mais la maîtresse de maison ne manifesta pas sa présence comme à l'accoutumée et l'homme s'inquiéta. Habituellement, Shaïzra venait les rejoindre pour les couvrir de baisers avant même qu'ils n'aient atteint le seuil de la porte. Ce soir-là, elle ne parut même pas à l'entrée de la demeure et un horrible pressentiment s'insinua dans le coeur et l'esprit de l'homme.

Il se mit à courir, entraînant l'enfant avec lui, et une fois parvenu à l'intérieur, son visage entier refléta toute l'horreur de la scène dont ils furent les témoins.

Le corps de Shaïzra était allongé au milieu de la pièce, dans la plus parfaite inertie, ses vêtements déchirés témoignant de l'odieux supplice dont elle avait été victime. Mais ce que seule sa singulière posture ne parvint pas à révéler, le poignard à lame courbe planté entre ses omoplates se chargea de l'annoncer sans préambule.

L'homme se précipita aux côtés de la femme et lui releva délicatement la tête. Ses magnifiques cheveux noirs s'écartèrent, dévoilant un imposant hématome sur sa joue gauche. Avant et après l'avoir tuée, les meurtriers l'avaient violentée et sauvagement profanée.

L'homme pleura longuement la perte de sa bien-aimée, pressant contre son sein son corps glacé sans crainte de l'étouffer.

Alors qu'il exprimait ainsi le sentiment de perte irréparable qui l'accablait, l'enfant ramassa un médaillon sur le sol. Son regard empli d'incompréhension se posa sur son père larmoyant avant de s'attarder sur le pendentif sur lequel étaient gravés trois cercles concentriques autour de la lettre K...

 

 

 

 

 

 

 

PREMIERE PARTIE

 

 

 

 

 

 Toute civilisation comporte ses maux

Toute civilisation comporte ses guérisseurs.

 

 

 

                                                        Zako de Zaborian

                 

 

 

 

 

 

  

1. La Faim justifie les Moyens

 

 

 

 

Rex Warrior rampa jusqu'à un rocher et posa son regard sur l'é­tendue herbeuse. Ses yeux décelèrent un mince filet de fumée qui s'élevait au loin. Son odorat, d'une sensibilité extraordinai­re, identifia l'odeur qui emplissait l'air comme étant celle du lapin rôti. Le visage du barbare s'illumina. Du lapin rôti! Cela faisait plusieurs semaines qu'il n'en avait mangé et cela faisait plusieurs jours qu'il n'avait ingurgité une nourriture digne d'intérêt.

Rex bondit de rocher en rocher telle une panthère, dans le si­lence le plus complet et avec une souplesse qui laissait penser qu'il avait incarné un félin dans une vie antérieure.

Les deux gobelins, occupés à faire tourner un lapin embroché au-dessus d'un petit feu de bois, ne s'aperçurent de la présence du barbare qu'une fois que celui-ci se trouva à côté d'eux. L'un des gobelins poussa un croassement de surprise et porta vi­vement la main à la poignée de sa dague comme si elle le lui eut commandé. L'autre, plus serein, mais surtout moins suspicieux, le rassura d'un geste et examina le visiteur. Ce dernier était grand, musclé et avait le teint hâlé. Son regard exprimait la plus totale assurance et sa longue chevelure noire flottait der­rière lui au gré du vent. Il n'était vêtu en tout et pour tout que d'un pagne et de bottes de fourrure blanche. Une épée à large lame pendait à sa ceinture dans laquelle était glissée une da­gue. Son corps puissamment charpenté et couvert de cicatrices ne cachait rien de ses activités. Un collier de dents, d'origines aussi diverses que mystérieuses, était fixé autour de son cou. Une fois que le gobelin eut observé le barbare tout son content, il s'adressa à lui :

- Que viens-tu faire en ces lieux? Peu d'hommes osent venir par ici. C'est un endroit qui regorge de périls de toutes formes. Il n'est pas bon de se promener seul comme tu le fais.

Il indiqua l'épée de Rex :

- Même armé!

- Justement, répondit le barbare, je cherchais de la compagnie. Et je crois que je viens d'en trouver. J'ai un marché à vous proposer.

Les deux gobelins se dévisagèrent l'espace d'un instant et celui qui avait parlé à Rex prit à nouveau la parole.

- Vas-y, nous t'écoutons.

Le barbare exhiba une pièce d'or entre le pouce et l'index de sa main droite et dit :

- Je vais lancer cette pièce. Si l'un de vous l'attrape, elle sera à vous et je m'en irai comme je suis arrivé. Si je parviens à m'en saisir, je deviens l'heureux acquéreur de ce lapin dont le fumet est venu si agréablement chatouiller mes narines.

Les gobelins échangèrent un regard de connivence et firent un signe de la tête pour indiquer que la proposition leur conve­nait. Rex adressa un ultime regard à la pièce et d'un geste ra­pide la lança en l'air comme convenu. Les deux gobelins se bous­culèrent, bondirent simultanément et l'un d'eux poussa un cri de joie en brandissant la pièce.

- Je l'ai! Je l'ai!

Constatant la disparition du barbare, les deux peaux vertes se retournèrent et écarquillèrent les yeux, stupéfai­ts. Rex était assis sur un rocher et mordait à pleines dents dans le lapin rôti, tenant la broche à deux mains et arborant son plus large sourire.

- Une réclamation ?

Furieux de s'être fait duper de la sorte, les gobelins se pré­cipitèrent sur le barbare, leur dague à la main. Le premier sentit la broche lui caresser le nez si fort qu'il perdit connais­sance et s'écroula dans l'herbe. Le second n'eut pas plus de chance. Il leva sa dague au-dessus de sa tête, mais baissant les yeux, constata qu'une lame était plantée entre ses côtes jusqu'à la garde. Un filet de sang coula sur son menton et il rejoignit son infortuné compagnon.

Le barbare récupéra son épée, sa pièce d'or dans la main du go­belin et quitta les lieux, désormais rassasié.

 

2. Un Festin pour les Vautours

 

 

 

 Les lueurs flamboyantes du soleil levant s'étiraient à l'horizon. Rex Warrior escalada un rocher et juché sur son sommet, observa, intrigué, les colonnes de fumée sombre qui grimpaient dans le ciel.

Cela faisait trois jours qu'il avait ingurgité le lapin rôti volé aux gobelins et depuis il n'avait pas mangé de nourriture plus substantielle. Mais la chance semblait lui sourire à nouveau. En ce moment, des villageois devaient être occupés à festoyer et à converser joyeusement autour de grands feux. Le barbare espé­ra qu'il pourrait se mêler sans trop de peine aux convives afin de récolter quelques morceaux de choix. Rien que d'y songer, il en avait déjà l'eau à la bouche. Il descendit du rocher.

Il était vrai que son aspect n'allait peut-être pas lui attirer les bonnes grâces des habitants, mais il savait se montrer par­ticulièrement courtois, surtout quand son estomac criait famine. Le banquet auquel Rex avait pensé être convié s'avéra bien différent de ce qu'il s'était laissé imaginer. Des feux brûlaient ef­fectivement dans le village, mais le bois qui les alimentait pro­venait essentiellement des maisons livrées aux flammes.

Les corps des habitants étaient étendus sur le sol dans des pos­tures qui, hélas, laissaient deviner une fin des plus tragiques. Après un bref examen des cadavres qu'il contourna, Rex déduisit que des orcs devaient faire partie du nombre des assassins.

Un vieil homme cloué à la porte d'une cabane par une lance mani­festa sa présence par un faible gémissement. Sans son ouïe d'une incroyable finesse, le barbare eut été dans l'impossibilité de le repérer.

Rex s'agenouilla auprès du mourrant. Il appuya fermement sa main gauche sur son visage et d'un coup sec, retira l'épieu enfoncé dans son torse meurtri. En guise de remerciement, le vieil homme serra la main salvatrice du barbare. Voyant qu'il voulait par­ler, Rex se pencha davantage.

- Tu es un homme brave, mais ma fin est proche et inéluctable, à  moins que tu ne sois un prodigieux guérisseur en plus d'être un vaillant guerrier.

D'une secousse de la tête, Rex répondit par la négative.

- Ils n'étaient pas très nombreux, reprit le mourrant, mais pour de paisibles gens comme nous, ils représentaient une armée, qui plus est, une armée invincible.

- Pourquoi ont-ils détruit votre village?

- Parce que Zorbal le Maudit le leur a ordonné. Ce cruel sor­cier sème la terreur depuis tant d'années. Bientôt, il ne reste­ra plus aucun vivant pour pleurer les morts.

- Aucun homme sur cette terre n'a donc osé l'affronter?

Le vieillard toussota.

- Ceux qui s'y sont risqués ont rejoint le Royaume des Morts.

- Où vit-il ce Zorbal?

- Sur la Montagne du Tonnerre; il en est le maître. Mais pour­quoi me demandes-tu cela? Aurais-tu en tête de te rendre à son repaire?

- C'est bien possible.

- Alors je te souhaite de trouver en chemin de valeureux compa­gnons. Et puissent les dieux...

Une flèche vint docilement se planter dans le front du vieil­lard, mettant un terme brutal à la conversation. Un rapide re­gard à l'empennage du projectile apprit à Rex qu'il ne s'était pas trompé. Le massacre avait été en partie perpétré par des orcs.

Le barbare se releva et se retourna, faisant face aux responsa­bles de la tuerie. Le vieil homme n'avait pas menti. Ils n'étaient guère en nombre, mais leur diversité compensait large­ment le handicap qu'aurait pu constituer leur relative infériori­té numérique. La troupe hétéroclite était composée de quatre orcs revêtus de cuirasses, de deux elfes noirs malingres et d'un troll chauve dominant. L'orc qui avait décoché le trait s'adressa au barbare :

- Tu arrives un peu tard si tu espérais secourir un de ces misé­reux.

Rex dégaina l'acier rutilant de son épée.

- Je pourrais moi aussi te provoquer de mille façons, en te trai­tant par exemple de sale peau verte ou de charogne putride. Mais en faisant cela, je me priverais de la joie de vous occire tous sur-le-champ!

Rex bondit à une hauteur vertigineuse et en retombant sa lame décrivit un arc de cercle. Les quatre orcs se trouvèrent subite­ment allégés du poids de leur tête dans une grande effusion de sang. Le Troll poussa un grognement et abattit sa massue héris­sée de pointes. Rex se baissa vivement. Subséquemment, la massue se ficha dans le crâne d'un des elfes- ôtant au barbare le plai­sir de le pourfendre- et Rex plongea son épée dans la panse du troll comme pour le punir d'être aussi adipeux.

En quelques mou­vements, il s'était défait de six adversaires.

Le deuxième elfe noir, son épée en main, était prêt à en découdre sévèrement, mal­gré la perte de ses compagnons qui aurait pu le pousser à fuir. Il lança une botte furieuse que Rex esquiva facilement. L'elfe exécuta alors une série de passes impressionnantes, démontrant ainsi son extrême maîtrise de l'escrime; mais la manière avec la­quelle Rex l'affronta fut tout aussi impressionnante, si ce n'est plus. L'elfe rompit, essoufflé et scruta son adversaire imper­turbable. Il se fendit à nouveau. Rex dévia la lame et estimant qu'il avait suffisamment ferraillé, plongea sa dague dans la gorge de son opposant.

Après avoir délesté les infortunés serviteurs de Zorbal de leur bourse et s'être constitué une petite fortune, Rex s'éloigna des ruines fumantes, vestiges d'un village autrefois lieu de plaisan­tes festivités.

 

3. Le Départ de Zako

 

 

 

 Le vieux mage remua sur sa couche, victime des affres infligées par la maladie. La fièvre maligne qui le rongeait depuis des se­maines semblait avoir atteint son apogée, pour le plus grand ma­lheur de l'homme aux yeux bridés qui siégeait à ses côtés.

- Maître, dit-il en épongeant son front ruisselant de sueur, je ne puis me faire à l'idée que nous soyons séparés.

Le mage fit l'effort notable d'esquisser un sourire.

- Les voies de la Mort sont impénétrables. Qui sait si un jour je ne reviendrai pas te voir, sous une autre forme.

- Mais j'ai vécu tant de choses auprès de vous, vous m’avez tant appris!

- Il est temps pour toi de vivre et d'apprendre au contact d'au­tres personnes. Tu as un grand potentiel, tout comme ton père quand je l'ai connu. Toutefois, tu devras te méfier. Le monde re­gorge d'individus mal intentionnés. Tu devras exercer ton intui­tion afin de savoir en qui investir ta confiance.

L'élève serra les poings de rage, blanchissant les jointures de ses doigts.

- Il existe en tous les cas quelqu'un à qui je ne me fierai plus jamais, et je n'aurai de cesse avant d'avoir débarrassé le monde de cet être abjecte!

La voix du mage se fit à nouveau entendre, mais plus faible que jamais.

- Ton père est mort, il te faut...

- Ne parlez plus, Maître, reposez-vous. Sitôt que j'aurai ache­vé mon paquetage, je reviendrai prendre de vos nouvelles. Maître?

Le vieux mage fixait le plafond d'un regard dépourvu d'expres­sion.

- Maître!

L'élève, qui avait pour nom Mao'Jin, réitéra plusieurs fois son appel, en vain. Il était maintenant seul dans la pièce.

 

                4. Une Arrivée commentée

 

Il poussa la porte de l'auberge de l'Ogre de Barbarie et dès qu'il entra dans la salle commune enfumée, les regards des cli­ents attablés convergèrent. Il n'était point aisé de passer ina­perçu quand on portait l'accoutrement qu'affectionnait Rex War­rior.
Le barbare prit place devant l'imposant comptoir et aussitôt des murmures s'élevèrent. Sa présence ne semblait pas faire l'unanimité.
- Je suis persuadé qu'il vient des Montagnes de Sybornie, dit un vieillard borgne, une pipe en terre rivée au coin de la bouche.
- Il est connu que là-bas les hommes se battent pour un oui ou pour un non, glissa un gaillard à la chevelure hirsute à l'o­reille de tous les autres consommateurs rassemblés subitement
au­tour de la même table.
- Et celui qui vient d'arriver n'a  pas l'air bien commode, s'em­pressa d'ajouter un troisième en agitant sa chope de bière en di­rection du barbare.
Rex saisit sa bourse et la déposa brutalement sur le zinc, fai­sant sursauter plus de la moitié des hommes installés derrière lui.
- Regardez, reprit le vieillard privé d'un oeil, je parierais mon unique oeil que sa bourse est pleine de pécunes volées à d'hon­nêtes gens.
- Et bien tu peux d'ores et déjà te considérer comme aveugle! tonna la voix du barbare.
Rex se retourna et scruta les visages défaits des jugeurs.
- Tu as raison en un point, j'ai effectivement acquis ces pécu­nes par le vol. Mais je n'en ai point dépossédé d'honnêtes gens comme tu le prétends. J'ai seulement vidé les poches de viles créatures au service de Zorbal le Maudit. Je ne pense pas que vous puissiez me garder rancune de cet acte.
Les dernières paroles du barbare firent de l'effet sur les vil­lageois. Leurs yeux s'agrandirent démesurément.
- L'un de vous connaît-il la route à suivre la plus sûre pour se rendre à la Montagne du Tonnerre? Questionna Rex, ignorant la réaction de ses auditeurs.
Ces derniers demeurèrent bouche bée pendant plusieurs secondes, puis le gaillard à la chevelure hirsute se leva brusquement.
- Messieurs, nous avons là un justicier. Je vous prie s'il vous plaît de le traiter comme il se doit.
A ces mots, il tira un glaive de son fourreau aussitôt imité par six autres.
- Si tu voulais prouver ta folie, poursuivit-il, c'est réussi. Mais ne t'inquiète pas, j'ai un remède particulièrement effica­ce contre la démence.
- Et moi, j'ai un remède particulièrement efficace contre les provocateurs de rixes de ton genre, Janus!
L'aubergiste, un homme trapu à la barbe broussailleuse, venait de paraître derrière le comptoir, avec en mains une arme d'étrange facture dont l'extrémité était pointée vers Janus et ceux qui l'accompagnaient. Rex contempla l'objet dont il ignorait le nom.
- Depuis quand accueilles-tu tes clients avec un tromblon, Syl­van? Grogna l'individu répondant au nom de Janus.
- Depuis que tu menaces un client jusque-là sans histoires, ain­si que la bienséance qui caractérise mon établissement. Je te prie de quitter mon auberge, toi et la bande de
coupe-jarrets qui te servent d'amis, sous peine d'estropier l'un d'entre vous.
- Tu ne commettrais pas un tel acte, Sylvan, tu es la douceur personnifiée, fit la voix aigrie du vieillard borgne.
Une détonation succéda à ses paroles. Plusieurs hommes s’écroulèrent, mais la balle n’avait fait que perforer une table, projetant alentour quantité de débris de bois.
- La prochaine fois, Tilius, ta naïveté te fera peut-être perdre l’œil qui te reste!
Les hommes qui étaient tombés se relevèrent et ne purent détacher leur regard de la table renversée.
- Il est parti! s'écria soudain Janus en constatant la dispari­tion du barbare.
Rex avait semblait-il profité de la confusion pour prendre con­gé d'hôtes bien peu recommandables.
- Vous feriez peut-être bien d'en faire autant, conseilla Sylvan en menaçant le groupe de son tromblon.
Les hommes s'exécutèrent en traînant les pieds et en grommelant. Au moment de quitter à son tour la salle commune, Janus se tour­na vers l'aubergiste, les sourcils froncés à l'extrême.
- Je te jure que la prochaine fois il te faudra plus qu'un trom­blon pour nous arrêter!
Sylvan demeura impassible et le regarda sortir. Il alla fermer la porte et lorsqu'il revint près du comptoir, il découvrit que le barbare avait laissé deux pièces d'or à son intention.

 
                  5. Préparatifs de Départ

 
Mao'Jin rangea ses deux sabres à manche d'ivoire dans les gai­nes fixées sur son dos. Il noua une étoffe sombre autour de sa taille et tressa sa longue chevelure d'un noir de jais. Il chaus­sa ensuite des kïataï, des chaussons souples qui garantissaient un déplacement silencieux en toutes circonstances et qui avaient la particularité de ne laisser aucune empreinte, quelle que fut la nature du terrain. D'aucuns disaient que les kïataï étaient des objets magiques. C'était peut-être vrai.
Mao'Jin replia le pouce et l'auriculaire de sa main droite et traça un arc de cercle devant lui. Aussitôt son reflet apparut. Il contempla un instant son image, visiblement satisfait, avant de la faire disparaître d'un clignement des yeux.

 

(à suivre)

 

 

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