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mardi, 01 janvier 2013

3. Johnny Behemoth contre le Maître des Marais Maudits


Chapitre 1 : L’Ange Vert


- Vous êtes sûr de vouloir repartir si vite, Johnny ?
L’Aînée Lyons et le mercenaire se tenaient devant l’entrée de la Citadelle gardée par ailleurs par un soldat de la Confrérie de l’Acier en armure intégrale et un robot sentinelle.
Le soleil à son zénith se reflétait sur le crâne poli du vieil homme.
En d’autres temps, Johnny se serait amusé de ce simple détail. Mais la noirceur de sa vie commençait même à entamer son sens de l’humour. Il fallait croire qu’en matière de cynisme, le destin était plus fort que lui.
Il s’installa sur son side-car et traîna un regard blessé sur le panier. Il repensa aux premiers exploits qu’il avait partagés avec Fawkes, cette fameuse poursuite endiablée avec l’Enclave.
Il avait récupéré la gatling laser qu’il avait remonté à l’avant du panier. Et sur l’arme il avait fait gravé le nom du mutant. Juste retour des choses.
Johnny démarra et répondit en contemplant l’horizon :
- D’autres aventures m’attendent ailleurs.
Lyons allait rétorquer quelque chose, mais le mercenaire s’éloignait déjà vers une destination inconnue. Ou plutôt, connue de lui seul.

Bien que réfractaire à GNR, Johnny alluma instinctivement la radio.
Il ne le regretta pas :
- Ici Three Dog, les amis, qui vous parle en direct des studios de Galaxy News Radio, le dernier bastion de la vérité et de la liberté.
Aujourd’hui, les Terres Désolées et la Capitale sont en deuil. Le super mutant qui avait rejoint il y a peu la Confrérie de l’Acier à seule fin d’éliminer la menace que représente toujours son espèce, ce valeureux héros qui s’était lié d’amitié avec le légendaire Johnny Behemoth, cet improbable ange vert donc a trouvé la mort, hier, alors que la Confrérie nous protégeait une fois de plus, cette fois des dangereuses manipulations génétiques de l’Enclave. Un sacrifice, mes amis, oui, un noble sacrifice. Saluons l’acte ultime et courageux d’un mutant qui avait probablement gardé plus d’humanité que les vautours qui essaiment à travers ce monde barbare qui est le nôtre.
Oui, c’est à vous que je parle : raiders dégénérés, Compagnie Talon que j’écraserai bien sous le mien comme un minable radscorpion, et toi, maudite Enclave qui n’a réussi qu’à attiser le courroux d’hommes et de femmes dorénavant prêts à tout pour te réduire à néant, te bouffer et te digérer et ne laisser de toi qu’une déjection insignifiante, une bouse de brahmine sur le bitume d’une route porteuse d’espoir.
Oui, mes amis, ce mutant est un symbole d’espoir. Son sacrifice est un symbole d’espoir. Il nous dit qu’en ces temps si sombres, en ces Terres si Désolées, si le pire est possible, le meilleur l’est tout autant.
Repose en paix, glorieux ange vert et que ton exemple fasse trembler les pourritures et briller les plus sages d’une vertu immortelle.
Pour achever ce requiem, je ne vois rien de mieux que vous proposer un peu de musique.
La chanson « I don’t want to set the world on fire » se fit entendre et Johnny dut ralentir pour passer un coup d’essuie-glaces sur ses yeux embués.
- Merde, faut vraiment qu’il foute du rock dans sa programmation.
Le mercenaire se promit de régler la question avec l’intéressé dès que possible.

 


Chapitre 2 : En route vers Point Lockout



Johnny camoufla la moto avant de rejoindre l’appontement. Une jeune femme rousse armée d’un canon scié vint à sa rencontre.
- Je ne t’attendais pas si tôt.
- Les choses se sont un peu précipitées.
Nadine secoua la tête :
- J’ai entendu l’hommage de Three Dog.
Johnny parvint à sourire.
- Alors tu sais que j’ai besoin d’être consolé.
Nadine lui renvoya son sourire.
- Je sais aussi qu’il y a une fille qui t’attend à Big Town. Alors le câlin ce sera pour plus tard.
Johnny prit la jeune femme dans ses bras.
- Content de te revoir, Nadine.
L’aventurière se retrouva toute penaude.
- Bienvenue à bord ! bafouilla-t-elle.
Puis retrouvant toute sa gouaille :
- Bon, c’est pas le tout, mais on a de la route. Alors installe-toi, matelot et vogue la galère !

Johnny était allongé sur une banquette du bateau et sirotait un nuka cola quantum. Il essayait d’oublier que c’était la boisson préférée de Fawkes. En vain.
- Combien de temps pour arriver à ce charmant bled ? fit-il d’une voix forte.
Nadine était à l’étage. Elle tenait fièrement la barre. Le vent jouait dans ses cheveux roux comme un enfant espiègle avec des rideaux qu’il aurait trouvé à son goût.
- Quelques heures. Mais tu sais qu’avec moi tu ne vois jamais le temps passer.
- Tu m’étonnes, murmura le mercenaire.
Il pensa à Emma et se demanda ce qu’elle pouvait bien faire. Elle s’inquiétait sûrement. Il n’aurait peut-être pas dû la quitter si tôt. Peut-être que s’il était resté avec elle à Big Town, Fawkes serait encore en vie aujourd’hui. Mais il savait que c’était stupide de penser ça. Leur rencontre inopinée avait précipité le destin du mutant. Et quel destin !
Johnny comprit que Nadine venait de lui demander quelque chose.
- Quoi ?
- Tu sais pourquoi je t’emmène là-bas ?
Le mercenaire but une gorgée de son soda phosphorescent.
- Pour me faire visiter ?
- Pas vraiment. Il y a un type qui a commence à se prendre pour le roi. Il s’est installé dans un manoir abandonné et a recruté de la main d’œuvre locale pour faire passer le mot. Et pas de la manière douce, si tu vois ce que je veux dire. Point Lockout est une terre sauvage qui a son charme, mais il y a peu de gens censés et maintenant qu’il y a ce pourri les choses empirent.
Johnny se leva et rejoignit la jeune femme dans la cabine de pilotage.
- Tu veux que je dessoude ce gus, c’est ça ?
- Moi, je ne veux rien. C’est la justice qui exige quelque chose.
Elle se tourna vers lui :
- T’es toujours de son côté, n’est-ce pas ?
Johnny croisa les bras sur sa poitrine :
- Je suis toujours du mien. Qu’est-ce que ça me rapporte ?
Nadine sourit.
- Comme je te l’ai dit, j’ai vécu de sales moments là-bas. Enrôlée dans une secte, je faisais pas la maline comme aujourd’hui. Quelqu’un d’assez brave ou d’assez dingue est venu me délivrer. Sinon, je ne serais pas là en train de te causer.
Les Terres Désolées ont besoin de sauveurs, mais Point Lockout aussi.
« Que ton exemple fasse trembler les pourritures et briller les plus sages d’une vertu immortelle. »
Nadine le toisa.
- Tu n’as pas l’air d’une pourriture.
Johnny sourit.
- Je vois ce que tu veux dire.
Il vérifia ses armes.
- Ce salaud peut numéroter ses abattis.

 

A suivre