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mercredi, 19 octobre 2016

L'Odyssée [Cinéma/Critiques]

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Depuis les succès mérités de films comme La Môme, Cloclo et Yves Saint Laurent, les biopics sont désormais devenus incontournables dans le cinéma français.

L'Odyssée, qui relate les péripéties du commandant Jacques-Yves Cousteau en privé comme en public, fait-il lui aussi partie de ces indispensables ? Oui, à plus d'un titre.

J'avoue avoir été au départ peu enclin à faire le déplacement, malgré de bons souvenirs de jeunesse (j'avais une collection de livres richement illustrés), convaincu que l'aspect drame familial serait moins intéressant que le côté aventures sous-marines. Et puis à la vue de la bande-annonce, de la qualité probable de la mise en scène, j'ai cédé aux sirènes du large. Et bien m'en a pris. Merci également à ma moitié pour m'avoir communiqué son enthousiasme.

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Au départ pilote, Jacques-Yves Cousteau (JYC pour les intimes) est contraint de changer de rêve suite à un accident de voiture. On garde l'exploration, la liberté, on les déplace simplement. Il ne perdra pas au change. Amoureux transi du Monde du Silence, il n'aura de cesse de partager ses merveilleuses découvertes, à commencer par transmettre sa passion à ses deux fils, Philippe et Jean-Michel, secondé efficacement, il faut bien le dire, par sa femme Simone, aussi habitée que lui, si ce n'est plus, par ce rêve démesuré.

C'est d'ailleurs grâce à elle que la Calypso, le bateau emblématique de JYC et de son équipe, véritable microcosme, pourra prendre le large et rendre possible plus d'un périple sur et sous la mer.

Emporté par ses ambitions, aveuglé par les possibilités technologiques, JYC finit par oublier l'aspect écologique et humain de l'aventure, jusqu'à sacrifier sa propre humanité. Plusieurs évènements viendront témoigner de son indifférence à l'égard des autres, ses proches y compris, qu'il trahira de bien des façons.

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Audrey Tautou est Simone, complice parfaite de JYC qui va mener la barre du projet avant de faire cabine à part. Les maquillages de vieillissement du couple sont admirables de crédibilité servant l'interprétation de deux excellents comédiens et vice versa.

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Les rêves demandent de l'argent et l'argent alimente les rêves. Un cercle vicieux dont JYC va faire les frais, mais pas que lui. Vingt Mille Lieues sous les Mers, qu'il aimait lire à ses enfants, sera pour lui une grande source d'inspiration aux moments les plus cruciaux. Pour l'anecdote geek, c'est Lambert Wilson qui double le pote d'Arnie dans Christine de John Carpenter.

La première réussite du film est évidemment d'avoir trouvé l'angle parfait pour présenter le personnage de manière complexe, nuancée, sans en faire ni un héros, ni un diable, juste un génie en avance sur son temps, mais qui nécessairement va laisser une part de lui-même dans son sillage sans trop avoir le temps de se retourner.

Mais lorsqu'il sera amené à le faire, l'histoire va prendre une tournure tout aussi passionnante en amenant progressivement l'émotion jusqu'à ce qu'une tragédie la décuple et bouleverse le spectateur (c'est peu dire) au détour de quelques scènes dont une franchement réussie (celle du cours de musique) qui m'a rappelé, question intensité, la meilleure scène à mes yeux de la Môme.

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Pierre Niney (Five), lui aussi impeccable dans le rôle de Philippe, fils marginal, kamikaze, mais les pieds sur terre, qui va tirer la sonnette d'alarme quand il comprendra que son père n'a plus de limite pour satisfaire l'audimat.

Ca faisait un moment que je n'avais pas éprouvé une tel sentiment de maîtrise et de perfection dans un film, qui plus est français, étant plus difficile à contenter dans le cinéma hexagonal. Là c'est du grand art. Que ce soit l'image, la narration ou l'interprétation, j'ai été totalement immergé, chevillé aux personnages, à leurs épreuves, à ce mélange subtil entre fresque grandiose et drame intimiste.

Le seul défaut véritable, c'est la séquence d'ouverture qui nous prive d'un rebondissement conséquent, même si elle ne m'a pas empêché d'être ému jusqu'aux larmes de par le contexte dans lequel la nouvelle est apprise et ses conséquences sur les intéressés.

Exceptée cette maladresse, le film est beau et réussi de bout en bout. A voir absolument à condition d'accepter de voir le courage d'un homme aussi populaire autant que sa lâcheté.

L'Odyssée : Photo Vincent Heneine

Vincent Heneine est Falco, le second de JYC, fidèle parmi les fidèles, témoin privilégié des vicissitudes d'une famille éclatée, malgré lui à l'origine d'une scène particulièrement émouvante.

A noter que les trois comédiens principaux ont tous incarné une célébrité dans un biopic, qui plus est, un bon : Audrey Tautou dans Coco avant Chanel, Pierre Niney dans Yves Saint Laurent et donc Lambert Wilson dans L'Odyssée. Ca augurait déjà du très bon.

 

 

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Commentaires

J'ai trouvé effectivement un peu dommage cette façon de nous annoncer la scène finale d'entrée de jeu (procédé qu'on retrouve aussi dans "L'homme idéal", avec le même Pierre Niney). Pour moi, c'est le détail un peu tout pourri, parce que "L'odyssée" aurait été un total sans faute autrement. Ce qui ne m'a heureusement pas gâché le plaisir pour autant, tant l'ensemble était très juste. Pour une inculte de Cousteau comme moi, c'est une belle découverte, d'autant que le parti pris n'est pas manichéen pour un sou (d'entrée de jeu, des personnages contrastés vont me marquer beaucoup plus de points).
On sent un Cousteau passionné, prisonnier du décalage entre ses rêves d'exploration et les moyens dont il dispose. C'est d'ailleurs ce qui m'a le plus touchée, sans doute. Il n'est pas un héros sans faille, c'est sûr, mais c'est avant tout un personnage attachant, qui n'arrêtera pas de galérer toute sa vie pour partager sa passion à grande échelle. Je ne suis pas sûre que beaucoup d'entre nous auraient fait de meilleurs choix à sa place. Le retournement de situation vers la fin est très intéressant aussi, comme un retour aux sources et un plaisir longtemps oublié. Le tout est amplifié par des paysages à se rouler par terre, on ressort de là complètement dépaysé.

Mention spéciale aux maquillages (les mains n'ont pas été oubliées cette fois) et aux interprétations géniales des acteurs. Peut-être un peu dommage ce "California Dreaming" arrivé comme un cheveu sur la soupe, mais c'est vraiment pour chercher la petite bête.

Écrit par : Elo | vendredi, 21 octobre 2016

Oui c'est vrai que la musique n'est pas au diapason, plus soignée elle aurait pu donner encore plus d'ampleur au sujet. Mais le film est tellement bien en l'état qu'on oublie !

Écrit par : Greg Armatory | vendredi, 21 octobre 2016

Pour le reste de la bande son, ça ne sert ni ne dessert le film, j'ai trouvé ça plutôt neutre en fait. Pas vraiment de morceaux particuliers dont je me souviendrai très longtemps, c'était agréable à écouter, mais ça ne m'a pas percutée. J'aurais bien vu du Ibrahim Maalouf (Yves Saint-Laurent) ou du Ludovico Einaudi là dessus, ça aurait été géant.

Écrit par : Elo | vendredi, 21 octobre 2016

Les commentaires sont fermés.