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lundi, 21 juillet 2014

Chute Libre [Cinéma/Critiques]

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Affiche mensongère : à ce point du récit, Michael Douglas n'est pas encore en possession du fusil :-)

Il y a des journées comme ça où tout va de travers, où l'on se retrouve dans une spirale infernale dont on ne parvient pas à sortir et lorsqu'on essaie de le faire, on ne fait que s'enfoncer encore un peu plus.

Ce genre de journée (de merde, donc !) un homme va la vivre, de manière radicale, au point de se métamorphoser et d'altérer "légèrement" son environnement et son avenir.

Michael Douglas a incarné magistralement le cinéma américain durant les années 80/90. Lui faire jouer un américain moyen qui pète un plomb est aussi inattendu que réjouissant.

Un an seulement après Basic Instinct, l'acteur franchissait une nouvelle fois la limite de l'interdit et cette fois pas qu'un peu !

Se rendant chez son ex-femme, William "Bill" Foster se retrouve bloqué dans sa voiture au milieu d'un embouteillage et des autres conducteurs anonymes. Contraint de continuer son trajet à pied, ce qui s'apparentait à une visite de courtoisie va devenir un véritable périple au sein d'une jungle urbaine où le plus dangereux prédateur porte une chemise blanche et une cravate.

Ce temps lui permettra de réaliser à quel point il haït le monde dans lequel il vit et par extension de réaliser à quel point il se haït lui-même de s'être si bien adapté à ce monde malgré tout ce qui l'a toujours dérangé. Plus qu'une admirable faculté d'adaptation, il serait plus juste de parler de résignation, de soumission. Un esprit de soumission que notre héros va se faire un devoir de se débarrasser. Libéré de sa conscience - ou encouragé par elle - il va laisser libre cours à ses pulsions physiquement, verbalement et parfois en usant d'un humour noir, pince-sans-rire aussi inquiétant que savoureux. Dans ces moments-là, Michael Douglas excelle particulièrement, voire la scène de l'épicerie ou du fast-food pour s'en convaincre !

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Robert Duvall incarne un flic sur le point de partir en retraite. Sa dernière enquête va être pour lui l'occasion de se réconcilier avec le travail de terrain et ses risques inhérents.

Extériorisant les vices et problématiques de la société (américaine) moderne (le culte des armes, le patriotisme exacerbé, l'omniprésence de la publicité, la recrudescence des gangs, la surconsommation, la discrimination), Chute Libre permettait grâce à son anti-héros cathartique de dresser un bilan peu flatteur de l'humanité : matérialiste, raciste, égoïste, manipulatrice,... j'en passe et des meilleures. Est-ce que cela a profondément changé ? Pas vraiment en vérité. Si les moeurs ont assurément évolué, on sait aussi que ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. Apprivoisée par les lois tel un prédateur aux abois, l'intolérance notamment n'est muselée qu'en apparence et à la première occasion elle n'hésite pas à montrer les dents et même à mordre. Sous le déguisement d'une apparente respectabilité citoyenne, anonyme criminel quotidien de nos rues, de nos quartiers. Et ce n'est pas l'actualité de ces derniers jours qui me fera mentir, malheureusement.

Parallèlement à cette critique, il y a un autre aspect intéressant dans le film : sa mécanique. Le héros progresse (physiquement) dans la ville (autant qu'il régresse mentalement !) et au gré de ses rencontres, des missions qu'il s'impose et des évènements aléatoires, son assurance augmente et il accède progressivement à une puissance de feu de plus en plus destructrice. (il passe du simple journal tueur de mouches au bazooka !!!) Les amateurs de jeux vidéo, notamment de la série GTA, verront peut-être mieux où je veux en venir. En effet, on retrouve là les bases mêmes de la série phare de Rockstar qui n'existait même pas à l'époque (quatre ans séparent le film du premier jeu). Et pourtant, bien plus que les références cinématographiques auxquelles on l'associe d'emblée, s'il y a bien un film qui partage l'ADN de GTA c'est bien Chute Libre, (Dans un tout autre style, je pense aussi au foutraque Hyper Tension avec Statham) puisque même dans le propos (satire sociale) les deux oeuvres se rapprochent énormément (cf la séquence dans le surplus militaire).

Pour conclure disons qu'avec ce drame social aussi pertinent que percutant, le réalisateur Joel Schumacher montre le meilleur de lui-même, une réussite tant dans le fond et la forme qu'il réitérera des années plus tard avec Phone Game dans lequel il ajoutera une tension encore plus insoutenable. (Il est d'ailleurs amusant de voir Michael Douglas mitrailler une cabine téléphonique en une sorte de clin d'oeil prophétique). C'est toujours bon à savoir quand on sait de quoi il est capable aussi dans le pire (Qui a dit Batman ?)

 

 

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