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samedi, 30 janvier 2010

2. Johnny Behemoth Contre l'Armée des Démons

 

Chapitre 1 : Un Assaut Capital

 

Le Maître super mutant donnait ses instructions d'une voix sèche aux neuf mutants sous ses ordres :

- Ramassez-moi ces armes, abrutis !

Ils s'étaient établis dans les ruines de DC depuis peu et l'aménagement ne se faisait pas sans peine. Les mutants regrettaient d'avoir quitté les Terres Désolées proprement dites et la manière dont ils traînaient les pieds en disait long sur leur motivation.

- Vous mangerez pas tant que ce sera pas rangé, tas de...

Le maître s'interrompit en voyant un de ses soldats faire semblant de remplir un sac à gore. Il se rapprocha de lui, furieux, et lui broya l'épaule :

- Et toi ! T'es bon pour nourrir les radcafards !

L'intéressé se retourna avec un grand sourire :

- Après toi, gros tas !

Fawkes posa le canon d'un pistolet laser sur sa tempe avant de s'adresser aux autres :

- Lâchez vos joujous ou je fais un carton !

Il se mit à glousser.

- J'ai toujours rêvé de dire ça !

Les huit mutants se regroupèrent quelques instants pour palabrer avant de braquer leurs fusils d'assaut et de faire feu. Le corps du Maître fut criblé de balles et Fawkes perdit son arme. Il fut alors bien avisé de se servir du cadavre comme bouclier. Lorsqu'il comprit qu'il était temps pour lui de réagir, il balança le corps exsangue sur les tireurs :

- Vous êtes virés, les gars !

Trois paladins de la Confrérie de l'Acier profitèrent de la confusion pour prendre les super mutants à revers. Trois des monstres s'élancèrent sur Fawkes, visiblement ravi de la confrontation :

- Venez voir tonton Fawkes !

Il récupéra l'arme qu'il avait dissimulée dans un sac à gore. Elle prenait l'apparence d'un souffleur à feuilles couplé à un aspirateur. Bien inoffensive à première vue. Sauf qu'elle avait pour nom Lance-Briquettes et qu'elle avait la capacité d'envoyer à peu près n'importe quoi avec une grande célérité, faisant d'un objet anodin une arme redoutable.

Fawkes pressa la détente et ses adversaires furent assaillis d'ustensiles de toutes sortes : réservoir de moto, casserole, fer à repasser, appareil photo, nain de jardin,...

L'un d'eux eut la tête tranchée par une simple assiette, un autre fut pulvérisé par un assortiment de grille-pain, de balles de baseball et d'ours en peluche.

Malheureusement, Fawkes se retrouva à court de munitions alors que son dernier adversaire reprenait ses esprits. Le gentil mutant récupéra alors les membres épars de ses congénères sans vie et les engouffra dans le chargeur de son arme unique :

- Fawkes soigne le mal par le mal !

La seconde d'après, il projetait sur le super mutant une série de bras, de jambes et de têtes qui causèrent son décès dans les plus brefs délais.

De leur côté les paladins n'avaient pas perdu leur temps. L'un d'eux, prénommé Kodiak à juste titre, jouait au base-ball avec sa masse et les crânes des mutants à sa portée faisaient d'excellentes balles.

- Bandes de dégénérés ! Vous avez pas encore compris que vous êtes pas chez vous ?!!

Et autant dire qu'il explosa son score et ses adversaires.

Ses compagnons, le Chevalier Artemis et le Paladin Bael s'occupèrent des derniers résistants avec quelques projectiles bien placés.

La présence de Fawkes parmi la Confrérie de l'Acier était encore loin de faire l'unanimité, notamment auprès de Gunny, le responsable de la formation des initiés, qui acceptait déjà très mal des humains comme volontaires.

C'est le Paladin Stellaire Cross qui avait appuyé la candidature du Super Mutant auprès de l'Aîné Owyn Lyons après avoir assisté à ses exploits aux côtés de Johnny Behemoth (cf Johnny Behemoth conte Dr Nuke).

Un mutant au sein des ennemis jurés des mutants, évidemment ça pouvait facilement passer pour une absurdité, voire une trahison.

Mais comme à son habitude, Fawkes avait rapidement prouvé sa valeur. Comme espion et saboteur au sein de l'ennemi, on pouvait difficilement faire mieux.

La tactique était maintenant parfaitement rodée.

Fawkes s'incrustait, se fondait dans le décor et au moment opportun, il passait à l'action. Le parfait éclaireur. Ses détracteurs se faisaient du coup moins nombreux.

L'irascible Kodiak grinçait encore des dents, mais il avait trop de respect pour l'Aînée Lyons pour remettre en cause sa décision.

- Encore un beau massacre ! claironna Fawkes.

Kodiak grimaça.

- Bon, inutile de traîner ici. On ramasse les armes et...

- Regardez, dit Artemis en consultant un terminal que les mutants avaient semble-t-il dérobé à l'Enclave sans pouvoir y accéder. Il y a là des choses très intéressantes. On dirait que l'Enclave est sur un gros coup. Des expériences pas très catholiques qui concernent des super mutants et des écorcheurs.

Fawkes s'approcha.

- Ca me dit quelque chose, fit-il en posant un gros doigt sur son menton.

Kodiak dévisagea ses hommes avec un air complice :

- Quand tu t'en souviendras, on aura déjà nourri les radcafards !

Les yeux de Fawkes s'illuminèrent :

- Ca y est, je me rappelle ! C'est au moment où j'ai rencontré Johnny. Ils m'avaient enfermé avec un écorcheur. Et on se demandait ce qu'ils pouvaient bien mijoter.

- Ils voulaient peut-être vous accoupler ? plaisanta Kodiak.

Fawkes se força à sourire. Il y avait déjà eu droit à celle-là !

- Ca rendrait les super mutants sûrement plus charmants, s'esclaffa le paladin rapidement imité par ses compagnons.

Fawkes n'était pas dupe. Il était conscient de servir régulièrement de bouc émissaire. Mais il avait appris à vivre avec. A sa façon.

Il dévisagea franchement Kodiak :

- Si j'en crois vos têtes, l'accouplement a déjà donné de jolis fruits.

Kodiak sentit la moutarde lui monter au nez. Il brandit sa massue de manière menaçante avant d'être interrompu pas Artémis :

- Il faut immédiatement qu'on ramène ses données à la Citadelle. Apparemment le projet de l'Enclave est déjà bien avancé.

Ils prirent tout l'équipement qui pouvait les intéresser et se mirent en route.

- Dis-moi, fit Kodiak de son ton bourru, quand est-ce que tu nous le présentes ton fameux Johnny ? C'est vrai, tu nous en parles tellement...

La question sembla attrister le mutant. Johnny avait promis de venir le voir à la Citadelle. Il avait l'impression que ça faisait une éternité de cela. L'avait-il oublié ? Avait-il trouvé un acolyte plus digne de lui ?

Fawkes ferma les poings et leva dignement la tête.

- Il viendra bientôt. Il me l'a promis.

 

Chapitre 2 : De Joyeuses Retrouvailles

 

Murphy ignora les gouttes de sueur qui coulaient sur les verres de se lunettes. Il était sur le point de terminer une expérience délicate.

- On a de la visite.

Le savant jeta un regard noir à Barrett, son garde du corps. Il le supportait de moins en moins. Que n'aurait-il pas fait pour l'échanger contre...

- Johnny Behemoth, pour vous servir !

Le célèbre mercenaire apparut dans l'encadrement de la porte de l'atelier, vêtu de son armure de cuir comme d'une seconde peau, son magnum 44 à sa hanche et son fidèle canon scié dépassant de son épaule comme une extension de chair.

Il offrit son plus large sourire et tendit une main :

- Non, s'il vous plaît, pas de photos, aujourd'hui !

Murphy oublia soudainement ses travaux auparavant vitaux et vint serrer la main du visiteur :

- Content de vous voir, Johnny ! Le side-car marche toujours ?

- Ca roule plutôt bien, je ne m'en lasse pas. Je viens justement recharger les batteries.

La goule le dévisagea avec un sourire malicieux :

- Vous avez de quoi de payer ?

Un grincement se fit entendre et Rocky arriva, tirant à l'aide d'une corde un caddy de supermarché rempli de boites rectangulaires en tous points identiques.

Il devait y en avoir une bonne cinquantaine.

Les yeux de Murphy devinrent des feux de joie :

- C'est ce que je crois ?

Johnny opina.

- Des bombes sucrées de la première fraîcheur. Enfin, façon de parler, évidemment !

Murphy ne put cacher son excitation :

- Ah, je savais que je pouvais compter sur vous ! Vous tenez toujours vos promesses !

- Oui, d'ailleurs j'en ai une autre à respecter. Et je vais y aller de ce pas.

- Ok, fit Murphy. Je vais recharger le side-car. Pendant que j'y suis, j'en profiterai pour apporter de nouvelles modifs.

Johnny leva un sourcil, plein d'espoir :

- Tu veux dire que tu vas enfin m'enlever cette satanée radio ?

- GNR ? Certainement pas, c'est...

- La voix libre des Terres Désolée, récita le mercenaire d'un air las. Je sais, je suis pas près de l'oublier. Ca coûtait rien de demander.

 

Chapitre 3 : L'Homme qui Tombe à Pic

 

Suite à la découverte majeure faite par le chevalier Artemis, l'Aînée Lyons avait réuni un conseil d'urgence dans le Grand Hall, nanti d'un bureau circulaire pouvant figurer la légendaire table ronde des chevaliers d'autrefois.

On aurait dit une réunion d'état-major. Ce qui était plus ou moins le cas.

Les paladins les plus éminents étaient naturellement présents (Cross, Kodiak en tête) ainsi que des scribes qui avaient pour vocation d'archiver toutes les connaissances acquises par la Confrérie de l'Acier.

Fawkes, comme à son habitude, se tenait dans un coin en essayant vainement de se faire tout petit. Mais il se sentait privilégié de pouvoir assister à une audience aussi importante.

Le vieil homme n'eut pas besoin de réclamer l'attention. Lorsqu'il commença à parler, tout le monde n'eut d'yeux que pour lui :

- Mes frères, l'heure est décidément grave. Les super mutants nous causaient déjà assez de soucis, mais visiblement l'Enclave représente désormais une trop grande menace pour qu'elle ne devienne pas notre nouvelle priorité.

Les documents en notre possession nous apprennent qu'elle a édifié une nouvelle base. Tout près d'ici.

Son ton se fit plus grave.

- A DC.

Des clameurs s'élevèrent.

- Ils veulent nous renverser une bonne fois pour toute, c'est ça !

C'était Cross qui venait de parler ainsi, se faisant l'écho de tous.

Lyons reprit :

- C'est malheureusement ce qui est à craindre. Nous représentons les deux forces les plus puissantes et les mieux organisées des Terres Désolées. Et on ne peut pas dire que nos ambitions se rejoignent. C'était inévitable, je présume. Et ce n'est pas le projet sur lequel ils travaillent actuellement qui peut nous rassurer.

Il agita des imprimés comme pour donner plus de poids à ses futures déclarations :

- Ils sont en train de mener des expériences qui représentent un danger absolu, non seulement pour nous, mais aussi pour l'ensemble des Terres Désolées.

Il fit distribuer une copie à chacun des documents qu'il tenait.

- Car s'ils nous balayent, nous, la Confrérie de l'Acier, qui sera le rempart contre la folie et le désespoir de ce monde ? Qui pourra empêcher une politique de terreur de s'installer un peu partout, détruisant irrémédiablement nos chances de reconstruire une humanité digne de ce nom ?

- Vous avez pensé à moi ?

Les visages consternés de la Confrérie se tournèrent vers celui qui venait de parler.

Fawkes bondit de son coin en bousculant les paladins alentours.

- Johnny !

Le mercenaire dut subir une étreinte particulièrement chaleureuse de Fawkes qui le fit regretter de l'avoir fait languir autant.

- C'est Johnny, aboya le mutant, Johnny Behemoth !

Kodiak détailla le héros avec un rictus.

- Ils font vraiment la paire, ces deux-là !

- Excusez-moi, fit le mercenaire, je ne voulais pas vous interrompre. Mais à en juger par votre admirable discours, vous vous apprêtez à partir en guerre, avec les gros moyens. De mon côté, sachez que j'ai appris certaines choses sur ce projet et cette base. Et ma conclusion est qu'un détachement trop important nuirait à coup sûr à la réussite de cette mission.

D'un geste impérieux, Lyons fit cesser les contestations de tous genres qui fusaient de toute part. Il se planta devant le mercenaire avec un aplomb que peu d'hommes de son âge pouvaient se vanter de posséder :

- Bien que j'ai beaucoup entendu parler de vous, il adressa un regard à Fawkes, je n'ai pas l'honneur de vous connaître Monsieur Behemoth.

- Je vous en prie, fit l'intéressé avec son sourire charmeur, appelez-moi Johnny.

- Le Paladin Stellaire Cross a également tenu des propos très élogieux à votre égard et m'a rendu compte en détails de l'aide précieuse que vous avez fourni à elle et ses hommes dans des conditions extrêmement hostiles.

Johnny fit une révérence à l'intention de la guerrière ce qui ne fut pas du tout du goût de Kodiak dont le rictus s'agrandit.

Lyons poursuivit :

- Elle a d'ailleurs beaucoup contribué à l'intégration de votre ami Fawkes au sein de la Confrérie. Ce qui, de par sa nature très spécifique, n'était pas chose aisée, vous en conviendrez.

Johnny adressa cette fois un clin d'œil appuyé à la jeune femme. Voyant cela, Kodiak émit un véritable grondement d'ours.

- Mais il a su se montrer brave et faire oublier ce qui pouvait constituer un élément rédhibitoire à sa condition de Paladin. Ce qui n'est pas le moindre de ses exploits.

Johnny décocha un regard complice au mutant, ravi de son sort.

- Tout ça pour dire, que vous avez sans nul doute gagné vos entrées, ici, Monsieur Behemoth. Pour autant, votre intervention me paraît un tantinet dépasser ces droits fraîchement acquis.

- J'en suis le premier désolé, avoua Johnny qui savait reconnaître la valeur d'un homme à ses mots. Je désirais simplement apporter mon soutien dans une expédition de premier ordre. Je suis loin d'égaler un membre de votre Confrérie dans son investissement pour un monde meilleur, je vous l'accorde volontiers. A vrai dire, je n'ai jamais vraiment cru que les choses pouvaient s'arranger. Mais ce que je sais, c'est que tant qu'il y aura des pourritures qui continueront de sévir en ce bas monde, moi, Johnny Behemoth premier et seul du nom, je serai là pour leur piétiner la gueule et leur rappeler que s'il n'y a plus de justice y aura toujours mon 44 pour remettre un peu d'ordre dans tout ce bordel qui nous entoure.

Il tapota la crosse de son magnum comme pour donner plus de poids à sa harangue.

Fawkes se mit à applaudir sans retenue, bientôt imité par Cross. Finalement tous les paladins et scribes présents dans la salle saluèrent l'oraison du mercenaire qui en fut le premier étonné.  Même Kodiak se surprit à sourire.

L'Aînée Lyons le toisa avec amusement :

- Et bien, on peut dire que vous savez soigner votre entrée, Johnny Behemoth. Je pourrais certainement vous trouver un rôle à jouer d'ici peu.

Le mercenaire savoura la nouvelle.

- Ce sera avec grand plaisir.

Et Fawkes de l'enlacer à nouveau.

- Arrête, ils vont finir par croire qu'on est marié !

- A propos, fit le mutant profitant d'un nouveau discours de Lyons à l'adresse de ses hommes, où est Emma ? Elle va bien ?

- Oui. Elle est à Big Town pour quelques jours. Elle a retrouvé de la famille là-bas. Je me suis dit que c'était l'occasion idéale de venir voir un vieil ami. On dirait que je tombe à pic !

- Oui, exulta Fawkes, c'est reparti pour un tour !

 

Chapitre 4 : La Croisière s'amuse

 

La confrérie avait assez de connaissances pour lancer l'Opération Coup de Poing.

L'Aînée Lyons souhaita bonne chance à ses troupes, vêtu de sa fidèle robe de scribe bleue et les regarda quitter l'enceinte de la Citadelle, conscient des enjeux.

L'escouade était dirigée par le Paladin Stellaire Cross et composée de l'inénarrable duo Johnny/Fawkes, du Paladin Kodiak, du Chevalier Artemis, du Chevalier Capitaine Dusk (sniper expert) et de quatre recrues qui avaient déjà démontré leur potentiel dans de précédentes missions.

Ils partaient rejoindre DC. Ils pensaient prendre le métro, mais Johnny leur avait proposé une solution plus rapide et moins risquée. Il connaissait une femme qui possédait un bateau et qui pourrait leur faire traverser le fleuve en moins de deux. Le temps était trop précieux pour se permettre des pérégrinations inutiles.

La femme en question s'appelait Nadine. C'était une rousse au tempérament volcanique qui affichait une apparence de mercenaire avec ses vêtements usés et son canon scié à la ceinture. Nul doute qu'elle avait dû vivre de drôles d'aventures, elle aussi. Les paladins comprirent rapidement comment il avait été facile pour Johnny d'obtenir son assistance. Ils étaient faits du même bois.

L'après-midi touchait à sa fin lorsqu'ils montèrent à bord. Nadine les accueillit froidement, mais personne ne s'en plaignit.

Le départ fut rapidement donné et le bateau se dirigea vers l'autre rive, vers DC.

- Alors, fit Nadine, tandis que Johnny la rejoignait dans la cabine de pilotage, quoi de neuf dans les Terres désolées ?

Johnny croisa les bras sur sa poitrine et observa distraitement le fleuve.

- Bah, la routine. Des méchants pas beaux à dérouiller.

Puis son visage s'éclaira.

- Ah, si. J'ai gagné une moto très sympa. Tu adorerais. Faudra que je t'emmène faire une ballade, un de ces quatre.

Nadine renifla comme si quelque chose l'incommodait. Elle aussi faisait mine de s'intéresser au fleuve.

- Et Emma ?

- Elle va bien. Elle est à Big Town pour quelques jours. Elle a retrou...

- Ca ne lui fait rien ?

- De quoi ?

Nadine regarda Johnny avec une franchise qui le désarçonna.

- De te savoir avec moi.

Johnny se racla la gorge.

- Et bien, à dire vrai, elle ne sait pas réellement ce que je fais. J'étais venu voir mon ami Fawkes et...

- Le mutant ? fit-elle en riant.

Johnny afficha une gêne plutôt rare chez lui.

- Oui, le mutant.

Nadine reporta son regard vers l'avant.

- Je pensais que tu finirais un jour par trouver un partenaire digne de toi. Je pensais juste que ce serait quelqu'un d'autre.

Johnny s'approcha d'elle.

- Je sais ce que tu penses. Mais c'est pas aussi simple. Je suis avec Emma, maintenant.

Nadine le dévisagea. Son regard troubla le mercenaire. Et autant dire qu'il en fallait beaucoup pour le troubler.

- C'est sûr que les tentations sont moindres avec un mutant.

Johnny supporta son regard, non sans effort.

- Exactement.

Puis comme s'il ne s'était rien passé, elle prit un ton jovial et donna un coup de gouvernail pour éviter un récif :

- Si tu me dois une ballade, alors moi aussi. Je connais un coin que tu rêverais d'explorer. C'est un peu humide, mais ça change vraiment des Terres Désolées. J'y ai vécu de sales moments, mais j'avoue que ça m'a aidé à me forger un caractère en acier.

- Et comment il s'appelle ce paradis ? fit Johnny plus qu'intéressé.

- Ca s'appelle Point Lockout. Les indigènes sont tout à fait ton genre : laids, dangereux et ils pullulent comme des goules dans un métro.

- J'avoue que c'est tentant. Je suis en manque de nouvelles têtes, ces temps-ci...

Fawkes apparut à l'entrée de la cabine.

- Dites, chef, j'ai un truc à te dire.

Nadine adressa un clin d'œil narquois au mercenaire.

- Vous voulez que je vous laisse la cabine.

Johnny secoua la tête en souriant.

- Qu'est-ce qui se passe ?

- On a repéré du mouvement dans l'eau.

- Des fangeux, tu crois ?

Fawkes haussa les épaules.

- Possible.

Nadine vérifia son canon scié.

- Ces saloperies me fichent la paix d' habitude, mais quelques fois...

Il y eut un choc terrible et les trois héros faillirent se retrouver les quatre fers en l'air.

En bas, les paladins étaient sur le qui vive.

- En voilà un,  annonça Dusk en mettant un fangeux en joue.

La créature était en train de remonter à la surface à une vingtaine de mètres. Elle arborait comme tous ses semblables une solide carapace et une tête presque invisible. Elle brassait l'eau de ses membres inhumains. On aurait dit une espèce de crabe géant. En beaucoup moins savoureux. Il nageait parfaitement et ses membres postérieurs lui permettaient de surcroît de se déplacer facilement sur la terre ferme où il osait parfois s'aventurer. Un curieux mélange dû encore une fois aux radiations post-nucléaires.

Dusk fit feu avec une précision chirurgicale. La balle perfora le visage du fangeux qui demeura aussi inerte qu'une bouée.

- Joli tir ! dit Johnny qui venait de redescendre. Il se félicita d'avoir un soldat tel que lui à ses côtés. Etant donné ce qu'ils allaient bientôt affronter, ce n'était pas du luxe.

Dusk continua de fouiller le fleuve avec la lunette de son fusil, bientôt imité par Johnny et son 44 amélioré. Le bateau reprit sa route. Il avait dû heurter une épave.

Le fond du fleuve était rempli de débris.

- De ce côté, attention !

Une recrue venait de déceler un roi fangeux. D'apparence beaucoup plus humaine, il détenait une arme terrible : un rayon sonique qu'il projetait en hurlant.

Le jeune soldat réagit trop tard et il reçut un rayon en pleine tête. Il s'écroula aussitôt.

Cross l'examina rapidement.

- Il a perdu connaissance.

Elle fit parler son fusil laser et toucha la créature ainsi qu'une autre qui émergeait à proximité.

- Il en vient de tous les côtés ! cria-t-elle.

Les rois fangeux harcelaient les paladins de leurs attaques, les distrayant et permettant aux fangeux de se rapprocher plus facilement du bateau. L'un d'eux parvint à monter à bord. Il reçut un chapelet de plomb, mais heurta un soldat avant de mourir sur le pont. La malheureuse recrue tomba à l'eau et avant que ses camarades aient pu intervenir, trois fangeux réglèrent son sort.

- Fumiers ! rugit Kodiak. Je vais tous vous bouffer, sales crabes de merde !

Johnny arracha quelques grenades de l'équipement d'un des paladins et les lança dans l'eau. Un magnifique geyser souleva trois cadavres de fangeux.

- On dirait qu'on aura de la soupe pour ce soir !

Dusk abattit un roi d'une balle en pleine tête et observa avec satisfaction sa cervelle en apesanteur.

Fawkes se précipita à la poupe. Plusieurs fangeux étaient en train de grimper par-dessus le bastingage.

- C'est l'heure du bain de sang !

Il brandit sa gatling laser et fit de la compote de fangeux. Des pinces restèrent accrochés au parapet comme d'improbables ornements.

- On dirait qu'ils se calment, dit Artémis après avoir vidé un chargeur sur un groupe de créatures.

- Je vais voir Nadine, déclara Johnny.

Tandis qu'il montait l'escalier, un roi fangeux grimpa à bord et lui balança un rayon. Le mercenaire poussa un cri et tomba dans les marches.

- Johnny !

Fawkes fit volte-face. Il vit la créature grimper dangereusement vers la cabine.

Le roi fangeux tomba nez à nez avec une jeune femme rousse au tempérament volcanique. Détail d'importance elle braquait contre son faciès hideux le canon d'un calibre 12.

- Désolé, je prends pas les clandestins !

La seconde d'après, elle explosait littéralement le crâne de l'imprudent.

Les fangeux comprirent la leçon et cessèrent leurs attaques. On put alors s'occuper des blessés.

Johnny et l'une des recrues étaient allongés chacun sur une banquette et se remettaient doucement. Fawkes veillait consciencieusement sur le mercenaire.

- Je vais bien, le rassura Johnny. Je suis juste un peu sonné.

- Nous avons déjà perdu un homme, constata Kodiak. Cette mission sent pas bon.

- Allons, fit Cross, nous savons bien que dans ce genre d'entreprise, le voyage en lui -même fait partie des risques.

- Et si c'était un piège ? s'inquiéta une recrue. Et si l'Enclave avait laissé ses informations à dessein, afin de nous tendre une embuscade ?

- Dis-toi que nous y avons pensé, répondit Artémis et que c'est pour ça que nous avons choisi d'emmener des bleus tels que toi !

L'autre ne trouva plus rien à dire.

La tension était palpable. Chacun était pressé de mettre pied à terre et de tomber dans la gueule du loup si tel était leur destin. Le doute était plus irritant encore.

 

Chapitre 5 : Dans la Gueule du Loup

 

L'escouade fut soulagée une fois le bateau amarré de l'autre côté du fleuve.

Les paladins remercièrent Nadine qui leur offrit quelques provisions pour la route.

- Je vous ai même fait du pâté de fangeux, dit-elle en riant.

Johnny lui fit un signe de la main depuis la berge.

- A bientôt sale rouquine !

- Dégage, beau blond !

Puis il rejoignit les autres en ignorant le malaise qu'il ressentait.

Leur progression à travers les ruines de la capitale se fit dans un silence presque royal. Les membres de la confrérie n'étaient pas très loquaces et Johnny lui-même se perdait régulièrement dans ses pensées. Fawkes n'osait le divertir de peur de déclencher son courroux.

Le mutant se mit à siroter un nuka cola quantum.

La bouteille explosa dans sa main.

Les paladins se mirent immédiatement à couvert.

- Vous voyez quelque chose ? s'enquit Cross.

Dusk et Johnny fouillèrent la place et les immeubles dévastés à l'aide de leur lunette respective.

- Y en a deux derrière l'abribus, annonça le second.

- Et un dans l'immeuble à droite, renchérit le premier.

Cross médita un instant avant d'ordonner :

- Fawkes fait parler ta gatling sur l'abribus. Dusk, tu décolles pas ton viseur de l'immeuble. Dès que tu peux, tu tires !

Le mutant se dressa et arrosa la cible désignée d'une bonne rafale de laser.

Les deux hommes planqués changèrent de position et se découvrirent un peu. Suffisamment pour être identifiés. C'était des soldats de l'Enclave. Ils avaient dû établir un avant-poste en vue de dissuader d'éventuels visiteurs de s'approcher de leur base secrète.

Tous les paladins se mirent à ouvrir le feu sur les deux soldats qui répliquèrent avec leur fusil à plasma. Touché, Artemis se renversa en arrière.

Dans l'immeuble, quelque chose bougea. Dusk mit rapidement la menace dans sa ligne de mire. Une balle siffla à un pouce de son casque. La sienne trouve le front du tireur embusqué qui chuta du haut de son perchoir avant de s'écraser sur une carcasse de voiture.

- Cessez le feu ! hurla Cross.

Les trois ennemis étaient morts. Kodiak et sa massue allèrent s'en assurer de plus près. Artemis se faisait soigner par les recrues.

- Venez voir ! cria Kodiak .

L'escouade le rejoignit près du corps du sniper de l'enclave. Il avait perdu son casque.

- C'est Bones ! s'exclama Cross. C'est un des nôtres. Il a disparu il y a une semaine. On a cru que les mutants en avaient fait l'un des leurs.

Johnny caressa une marque étrange sur une de ses tempes.

- Je crois que l'Enclave commence à se spécialiser dans les expériences d'un goût douteux.

Ce terrible constat ne fit que renforcer la détermination du groupe.

Kodiak serra les dents de plus belle. Ils offrirent une sépulture décente au paladin Bones et se remirent en route.

 

La route était monotone. Les ruines de DC offraient peu d'intérêt. Mais le groupe était aux aguets, s'attendant à tout moment à subir un autre assaut de l'Enclave.

Ils parvinrent à une autre place. Il n'y avait pas d'autre chemin possible, il leur fallait la traverser.

- Un instant, dit Dusk.

L'œil rivé à sa lunette, il inspectait le sol.

- Ma main à couper que c'est un champ de mines.

- Qu'est-ce qui te fait dire ça ? s'enquit Cross.

Le sniper tira et la seconde d'après une explosion creusa un cratère fumant aux dimensions inquiétantes.

- Ca !

- Des mines à plasma, grogna Kodiak. Ca va être coton !

Fawkes bomba le torse.

- Laissez-moi y aller, dit-il. Je vais vous frayer un chemin. Je suis le plus costaud.

- Non, fit Johnny en l'arrêtant. T'es juste le plus cinglé. Y a sûrement une meilleure solution.

L'une des recrues du nom de Texas s'avança.

- Avec votre permission, je me porte volontaire. Dusk sera mon guide, il me dira où aller. Je baliserai le chemin avec ces fumigènes au fur et à mesure de ma progression. Vous n'aurez alors plus qu'à les suivre. J'ai eu la meilleure note aux tests d'aptitude physique. Je suis l'homme de la situation.

Devant tant d'ardeur, Cross ne put qu'approuver.

- Bonne chance, soldat !

- On est avec toi, l'encouragea Johnny.

Le volontaire jeta un dernier regard au peloton avant de commencer son périple. Dusk sentait une pression monstre sur ses épaules. Mais il avait de l'expérience et une totale confiance en ses capacités. Ce genre de responsabilité le grisait plus qu'une bouteille de whisky.

- Vas-y, Texas, tout droit !

- Tout droit ! répétèrent les autres à l'unisson.

L'intéressé sourit.

- Bien reçu.

Cross le regarda évoluer avec angoisse sur ce qui était ni plu ni moins un tapis de bombes. Elle décida de détendre tout le monde, à commencer par elle :

- Fais attention ! Ce serait dommage de trouer ce joli petit cul !

- Un poil sur ta gauche ! annonça Dusk. Oui, comme ça !

Johnny se mordait la lèvre. Il se sentait impuissant. Et il détestait ça.

- Pour un peu, dit Dusk, il n'aurait presque pas besoin de moi. Il se débrouille comme un chef. J'ai l'impression qu'il voit les mines avant moi. Regardez-le, il est déjà presque de l'autre côté.

Texas venait de poser un nouveau fumigène sur ses pas lorsqu'une explosion retentit.

Tout le monde sursauta.

Dusk fit pivoter sa lunette.

- C'est rien, c'était juste une saloperie de radcafard.

- Texas, continue !

L'œil du sniper s'écarquilla brusquement.

- Attention, sur ta droite !

Texas interpréta l'ordre donné de travers à moins que ce ne fut Dusk qui commit une maladresse. Il crut qu'il devait aller à droite alors que c'était précisément là que résidait le danger. L'explosion fit voler le corps du jeune soldat à plusieurs mètres de hauteur. Les autres virent avec horreur une jambe se détacher dans un flot de sang.

- Putain, c'est pas vrai ! s'emporta Dusk, empli d'incompréhension.

Les larmes aux yeux, il tira sur une mine permettant au corps de Texas de retomber sans danger de l'autre côté de la place. Il avait réussi à leur tracer la route. Mais à quel prix. Dusk fut le premier à passer derrière lui, ce qui était compréhensible.

Lorsque tous les autres l'eurent rejoint, Texas ne respirait plus. Et pourtant son visage rayonnait. Comme s'il mesurait pleinement ce qu'il avait accompli.

Dusk prit son holoplaque.

- Je te jure qu'on se souviendra de toi ! Je te le promets.

 

 La mort de Texas laissa planer un silence de mort sur le groupe déjà peu enclin à converser. Seul Fawkes s'autorisait à chantonner de temps en temps, ce que tout le monde appréciait finalement sans l'avouer :

 

«C'est qui qui tourne pas rond ?

C'est l'Enclave !

 C'est qui qui va manger du plomb ?

C'est l'Enclave !

C'est qui qui va lui refaire le portrait ?

C'est nous, la Confrérie de l'Acier !

 

Dusk secouait régulièrement la tête, caressant l'holoplaque du défunt. Johnny l'observait. Il avait de la peine pour lui.

Il serra les poings. L'Enclave allait payer au centuple les pertes subies. Il pouvait le lire sur chaque visage.

- D'après le plan, dit Artemis, on ne devrait plus être loin.

Il n'avait pas plus tôt dit cela que Dusk repérait deux soldats de l'Enclave encadrant l'entrée d'une simple tente.

L'escouade se mit rapidement à couvert pour aviser de sa future stratégie.

- Le mieux serait de ne pas déclencher l'alerte, commença Cross. On ignore combien ils sont là-dedans !

- Dans une tente, y a pas beaucoup de place ! observa Fawkes.

- Cette tente est une vitrine pour ne pas attirer l'attention, expliqua Artemis. Le véritable accès est souterrain.

Fawkes se tordit le cou pour semble-t-il examiner le bas de son dos.

- Laisse tomber, dit Johnny en s'amusant du quiproquo.

Kodiak poussa un grognement pour annoncer qu'il allait parler :

- Je propose qu'on les contourne. Moi et...tiens, Johnny !

Les deux hommes s'apprêtaient à quitter leur poste quand Fawkes jeta quelque chose sur le sol. C'était une armure de l'Enclave.

- C'est celle de Bones ! Elle pourrait permettre à l'un de vous d'entrer incognito, non ?

Johnny le gratifia de son sourire charmeur :

- Alors, toi, tu m'étonneras toujours !

Puis il se passa une main sur le menton en dévisageant le super mutant :

- En y réfléchissant bien, on pourrait même y entrer à deux !

 

Quelques instants plus tard, un soldat de l'Enclave accompagné d'un super mutant s'approchait de l'entrée de la tente.

Les gardes ne parurent pas trop étonnés de cette visite. Mais ils manifestèrent une certaine nervosité en voyant que le mutant était assez vivace.

- Ne vous inquiétez pas, fit le soldat, je lui ai injecté un tranquillisant. Il ne fera aucune vague.

- Tu n'es pas au courant ? On ne prend plus de spécimens. Apparemment, il y a un souci au niveau du comportement des hybrides. On a reçu l'ordre de contrôler d'abord ceux-là avant de refaire des expériences de mutation.

Johnny allait répondre quelque chose lorsque l'autre garde lui demanda :

- Je reconnais pas ta voix. Tu serais pas...

- Bones, termina le mercenaire. Je suis Bones. Mes deux partenaires se sont faits liquidés à l'avant-poste. J'en ai réchappé de justesse. Heureusement, je reviens pas les mains vides.

- C'est con, dit le premier garde, mais Bones a eu la langue arrachée pendant son interrogatoire. Il y a une semaine.

Johnny caressa le 44 planqué dans son dos. Il se mit à rire.

- C'est vrai que c'est très con !

Les deux gardes pointèrent leur fusil à plasma, mais avant d'avoir pu faire feu, ils recevaient chacun deux balles dans le crâne.

- Merci Dusk, fit Johnny sans se retourner.

 

Quelques minutes plus tard, ils étaient tous les sept à l'intérieur de la tente. Artemis avait dit vrai. Une porte métallique permettait d'accéder à un souterrain. Seulement elle ne s'ouvrait que par un terminal. Qui réclamait un code bien spécifique.

- Merde ! gronda Kodiak. Ca commence à bien faire ces conneries !

Il s'empara de la gatling laser de Fawkes.

- Je vais vous faire une serrure, moi !

Cross l'arrêta à temps.

- T'es malade, Kodiak ! Si tu fais ça, on peut dire adieu à la discrétion.

Kodiak la défia du regard :

- On est pas venu faire de la dentelle, que je sache !

- Moins on se fera repérer, mieux ce sera. A partir de maintenant, nous n'avons plus aucun indice sur ce qui nous attend. A part que les scientifiques de l'Enclave ont donné naissance à une espèce contre-nature qu'ils maîtrisent plus ou moins bien. C'est pas le moment de perdre les pédales. Ok ?

Kodiak souffla un grand coup et rendit son arme à Fawkes.

- Désolé, Cross.

- Bon sang !

Artemis en avait profité pour s'installer devant le terminal. Et visiblement, les choses ne se présentaient pas très bien.

- Il ne me reste plus qu'une seule chance, après ça l'ordinateur se verrouille définitivement. J'ai le choix entre trois mots.

- Lesquels ? demanda une recrue du nom de Manfred.

- Adversité, horizon ou déficience.

Tout le monde se mit à réfléchir sur le choix le plus logique.

- Adversité, dit Johnny. Ca symbolise leur lutte contre vous, contre la Confrérie.

- Je dirais plutôt horizon, dit Cross. L'horizon c'est le futur et c'est justement ce qu'ils pensent fabriquer en ce moment.

- Choisis déficience, déclara l'autre recrue prénommée Salt avec une surprenante assurance.

- Pourquoi, interrogea Artemis. Les autres ont de bons arguments. Quel est le tien ?

- J'ai obtenu la note maximale aux tests de logique et de psychologie.

Artemis sourit.

- C'est un très bon argument.

Il attendit une approbation de Cross avant d'appuyer sur une touche du clavier.

- Va pour déficience !

Un chuintement métallique les figea tous sur place. Artemis se recula de peur que le terminal ne soit piégé. La porte coulissa et ils distinguèrent une volée de marches.

Tandis qu'ils descendaient dans les profondeurs, Salt se rapprocha d'artemis :

- Je t'ai menti. Je suis passé de justesse aux tests. Le vrai argument c'est que j'ai toujours eu du bol aux devinettes. Mais avoue que ça ne t'aurait pas convaincu !

 

Chapitre 6 : L'Arme Parfaite

 

Ca y était. Ils venaient de plonger dans la gueule du loup, dans l'antre de la folie.

Ils cheminèrent dans un réseau de galeries, suivant les conduits principaux.

- Ils nous mèneront à coup sûr aux laboratoires, expliqua Artemis.

Toujours revêtu de l'armure de l'Enclave, qu'il trouvait très inconfortable, Johnny Behemoth ouvrait la marche, Fawkes était en queue de peloton. La lumière éclairait le tunnel par intermittence, comme si le réseau électrique avait subi un disfonctionnement.

- On dirait que l'Enclave a pas payé sa facture, plaisanta le mercenaire.

Ils passèrent devant plusieurs portes verrouillées dont l'accès leur était interdit. Même pas de terminal à proximité. La base ne leur livrerait pas tous ses mystères.

En même temps,  ils n'étaient pas venus faire un état des lieux.

- Ca s'élargit, annonça Johnny.

Aussitôt les mains se resserrèrent sur les armes.

- Merde !

Johnny venait de se baisser. Il avait buté dans un objet mou.

Manfred, qui était derrière lui, s'alarma :

 - Qu'est-ce qu...

Une rafale couvrit le reste de sa phrase et la recrue tomba sur ses équipiers, le casque perforé. Son visage n'était plus qu'une infâme bouillie.

- Non !

Dusk se baissa et pointa son fusil. En deux coups, il détruisit la tourelle Mark VI vissée au plafond et qu'aucun d'eux n'avait su repérer dans la pénombre.

- Il est mort, dit Artemis.

Salt se sentit soudain très seul :

- Si c'est un bizutage, il est vraiment de très mauvais goût !

Evidemment, personne ne rit. Les pertes se montaient à trois. Trois bleus. Trois initiés. Mais il fallait poursuivre, coûte que coûte.

- Regardez, dit Johnny. J'ai marché sur un corps.

Ils se baissèrent pour l'examiner.

- C'est un soldat de l'Enclave.

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

Kodiak caressa l'armure qui présentait des griffures et un trou béant au niveau de la poitrine.

- On dirait qu'il est tombé sur un écorcheur. Mais regardez la taille des blessures. Un spécimen comme ça, ça n'existe pas. Le bougre s'est fait littéralement décapsulé.

Les soldats se dévisagèrent.

- Je crois qu'on a une petite idée de la tournure des évènements, dit Cross. Un mélange d'écorcheur et de super mutant, ça ne pouvait pas donner un rataupe. On a affaire à une super espèce comme on n'en a jamais vu. Une arme parfaite.

- Et en totale liberté, ajouta froidement Kodiak.

- Ce n'est peut-être qu'un accident isolé, espéra Salt, peu enclin à se mesurer à un super écorcheur.

Johnny se redressa, le magnum au poing :

- Quelque chose me dit qu'on va rapidement le savoir.

Un chuintement métallique résonna dans leur dos et ils assistèrent impuissants à la fermeture du tunnel par une porte blindée. Sitôt après, une voix de femme enregistrée annonça avec le plus grand calme :

- Danger sécurité niveau 4 ! Fermeture des accès principaux ! Tout le personnel est invité à quitter la base en empruntant les sorties d'urgence. Je répète : danger sécurité niveau 4...

- Y a combien de niveaux ? s'inquiéta Salt.

- En principe, y en a cinq, répondit Cross.

- Et qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ?

Kodiak regarda l'initié avec un sourire de prédateur :

- Boum !

- De mieux en mieux ! ajouta l'initié. Dire que j'étais content de venir.

- Ouais, mais si on s'en sort, bonjour les honneurs, déclara Johnny.

Dusk ne partageait pas son point de vue :

- Raconte ça à Texas !

Cross sentit que c'était le bon moment pour ressouder l'équipe :

- Allez les gars, c'est pas l'heure de chômer ! On a pas encore nettoyé l'endroit. On doit s'assurer qu'ils ne pourront pas poursuivre leurs travaux ! Qui sont déjà bien trop avancés, fit-elle remarquer.

La galerie s'était suffisamment élargie pour qu'ils avancent sous forme de  trois binômes : Johnny/Dusk, Cross/Kodiak et Artemis/Salt. Fawkes fermait toujours la marche, sa gatling prête à œuvrer.

Ils avaient l'impression de marcher depuis des jours. Ils trouvèrent d'autres cadavres : soldats, officiers, scientifiques, parfois dans des postures qui laissaient deviner une fin violente et particulièrement soudaine. L'un des officiers était assis à une table. Il tenait encore un verre à la main, à la hauteur de ses lèvres, la moitié supérieure de sa tête reposant sur ses genoux.

- L'arroseur arrosé, observa Johnny.

De la fumée commença à s'engouffrer dans le tunnel au moment où ils descendirent une autre volée de marches.

- J'ai l'impression de m'enfoncer dans les entrailles de l'Enfer, avoua Salt.

- Alors préparons-nous au comité d'accueil ! renchérit Johnny.

La fumée s'épaissit, leur masquant à leur plus grand soulagement d'autres carnages qui avaient laissé sur les parois des éclaboussures peu ragoûtantes. Ils entrèrent dans une salle faisant office de vestiaire pour les scientifiques. Des corps mutilés jonchaient le sol. Les murs avaient été perforés par endroits, preuve qu'un combat terrible avait fait rage.

Kodiak n'en pouvait plus d'attendre une inévitable confrontation :

- Mais bon sang, qu'elles s'amènent ces pourritures sans nom !

Un grondement épouvantable répondit à son appel. Johnny sentit une présence avant qu'une force terrible ne le soulève dans les airs !

- Où est-il ? Je ne le vois pas ! cria Fawkes.

Johnny retomba violemment au sol, se félicitant d'avoir conservé l'armure de l'Enclave. Sans cela, il aura déjà rejoint le paradis des mercenaires.

Un cri retentit. Artemis tomba à son tour.

Kodiak se mit à faire de grands moulinets avec sa masse.

- Mais montre-toi, bordel de merde !

Puis ce fut Fawkes qui fit les frais d'une nouvelle attaque du prédateur qui pour l'heure demeurait toujours invisible.

- Je le tiens, hurla-t-il. Abattez-le !

Le mutant pissait le sang. Il avait lâché sa gatling laser.

Cross et Dusk firent feu de concert. Et c'est alors qu'ils virent les contours de leur ennemi se dessiner fugitivement. Il portait un camouflage optique. Tel un caméléon.

- Qu'est-ce que c'est que ce délire ?

Le monstre délaissa Fawkes et fit mine de s'intéresser aux autres. Salt évita de justesse une décapitation. Dusk tira une balle en espérant atteindre le crâne de la bête. Kodiak n'attendit pas le résultat et sa masse décrivit un magnifique arc de cercle. Le choc expédia le prédateur contre les casiers du vestiaire qu'il écrasa sous son poids formidable. Terrifiés, ils l'entendirent se relever d'un coup qui aurait assommé un behemoth. Furieux, Kodiak s'élança. La bête le repoussa d'un coup de griffe avant de prendre une balle de 44 entre les yeux.

Le monstre s'écroula face contre terre et apparut enfin aux yeux de tous. Son allure générale évoquait bien celle d'un écorcheur, à la différence qu'il était plus grand que n'importe lequel d'entre eux, plus massif et que ses griffes et ses cornes étaient encore plus démesurées. Et il était aussi vert que Fawkes.

Cross ne pouvait détacher ses yeux du cadavre qu'elle s'attendait à voir bondir à tout instant :

- Mon dieu, mais qu'est-ce qui leur a pris de donner naissance à un truc pareil !

- Une déficience mentale ! supposa Salt. Je comprends mieux le code d'entrée, maintenant.

On s'assura que la bête était belle et bien morte, puis on s'occupa des blessés.

Artemis était assez mal en point tout comme Fawkes. Ils nécessitaient tous deux des soins importants. Johnny s'en sortait mieux. Mais son bras droit le faisait souffrir plus qu'il ne l'eut souhaité.

- Et combien y a-t-il de ces charmantes créatures ? s'enquit Fawkes en grimaçant tandis que Cross appliquait un pansement sur sa poitrine déchirée.

Salt ramassa un imprimé taché de sang. En le déchiffrant, son visage devint blanc comme un linge :

- Une trentaine !

Kodiak s'assit sur un banc en secouant la tête :

- Je savais que cette mission sentait pas bon !

La voix précédente annonça :

- Alerte niveau 5. Danger maximum. Toutes les issues vont être verrouillées dans quelques instants. La phase d'auto-destruction sera enclenchée dans vingt minutes.

Personne n'osa faire de commentaire. Mais l'espoir commençait à se faire aussi rare qu'un sourire sur un fangeux.

Ils allaient se remettre en route quand une voix étouffée se fit entendre :

- Sortez-moi de là, je vous en supplie !

Les membres de l'escouade se retournèrent comme un seul homme. L'un des casiers sur lesquels le monstre s'était écrasé venait de parler. Couvert par ses équipiers, Fawkes s'en approcha et toqua à la porte :

- Y a quelqu'un dans la boite ?

Il souleva le casier et d'une simple secousse il ouvrit la porte et libéra son contenu. Un scientifique de l'enclave en combinaison dégringola de sa cachette improvisée. En tombant nez à nez avec le cadavre du super écorcheur il poussa un hurlement.

- Il est mort, l'informa placidement Kodiak en le soulevant d'une main. Son regard n'eut alors rien à envier à la gatling laser de Fawkes :

- Et tu vas bientôt l'imiter, salopard !

Cross s'avança, la mâchoire serrée :

- Ca vous a pas suffi de trafiquer les mutants et les écorcheurs, il a fallu aussi que vous fassiez joujou avec les cerveaux de nos gars !

Le survivant s'affola :

- Pitié, je vous dirai tout ce que je sais !

- Combien vous avez de prisonniers, poursuivit Cross, combien de nos hommes croupissent dans cette base ?

Kodiak secoua le scientifique qui peinait à trouver ses mots :

- Réponds, enfoiré ! Combien ?

- Un, un seul ! Je vous jure que c'est vrai. Mais il n'est pas ici en ce moment. Il est...

- Mort, acheva Dusk. Il s'appelait Bones. Et c'est moi qui l'ai tué.

Il colla le canon de son fusil sur le front ruisselant de sueur du chercheur :

- T'as voulu jouer à Dieu. Mais c'est l'Enfer que tu vas connaître.

- Ca suffit ! intima Cross. Nous ne le tuerons pas. Les infos qu'il détient sur l'Enclave valent plus que son cadavre. C'est l'intérêt de la Confrérie qui prime sur toute autre considération. L'Aînée Lyons en personne voudra l'interroger. Ne le privez pas de ce plaisir.

Cross était un soldat aguerri doublé d'une femme intelligente. Elle connaissait suffisamment ses hommes et en particulier Kodiak pour savoir qu'en mentionnant le nom de leur leader, elle parviendrait sans peine à restaurer le calme et la raison dans les esprits.

Tandis que Kodiak libérait leur prisonnier, Cross le fusilla du regard :

- Ne te crois pas sauvé pour autant. Tu regretteras bientôt la compagnie des supers écorcheurs lorsque nous t'exposerons dans la Citadelle à la vue de tous.

L'intéressé déglutit lentement, puis il dit :

- Si vous m'emmenez avec vous, je dois récupérer des archives dans mon bureau. C'est par ici.

- Il recula vers l'issue qu'ils avaient emprunté pour venir. Son bas-ventre explosa, aspergeant les soldats les plus proches de morceaux d'intestins. Quelque chose remonta en un éclair jusqu'au sommet de son crâne, sectionnant son buste sur toute sa hauteur. Le super écorcheur quitta son camouflage intégral. Il lécha sa main toute poisseuse de sang et enjamba sa victime avec un mouvement presque félin. Ses petits yeux jaunes jetaient des lueurs diaboliques.

Johnny lui fit sauter la main d'un tir bien ajusté et les autres se chargèrent de lui amputer les jambes avant qu'il puisse bondir sur eux. Lorsque son corps s'abattit sur le sol, il respirait encore. Kodiak appuya alors une botte sur sa nuque et laissa tomber sa massue sur son crâne hybride :

- Avec nous, ton espèce ne fera pas de vieux os !

 

Ils reprirent leur progression, attentifs au moindre bruit suspect, à la limite de la paranoïa.

Cross était en tête du cortège, suivait Dusk, Salt soutenant Artemis, Johnny épaulant Fawkes et Kodiak fermant la marche, armé de la gatling laser du mutant.

Artemis déchiffrait le reste du document trouvé par l'initié :

- Ils mentionnent plusieurs fois le stealth boy que nous savons tous être un gadget très pratique pour bénéficier d'une furtivité limitée. Il semble que ses composants entrent dans la structure cellulaire du super écorcheur. Pour notre plus grand malheur.

- Une arme vraiment parfaite, nota Cross. Y a-t-il d'autres surprises au menu ?

Artemis poursuivit sa lecture avant de secouer la tête :

- S'il y en a, elles ne sont pas indiquées ici.

Ils entendirent une autre porte se fermer derrière eux. L'avenir devenait de plus en plus incertain pour l'Opération Coup de Poing.

Ils finirent par atteindre le labo principal où les attendait un spectacle des plus macabres.

D'autres scientifiques gisaient ça et là, dans d'écoeurants tas d'entrailles. Un nombre important de soldats avaient aussi trouvé la mort emportant avec eux quelques prédateurs. Mais en faisant les comptes, il restait assurément des créatures en nombre suffisant pour inquiéter les membres de la Confrérie de l'acier.

- Faut buter les saloperies qui restent et trouver un moyen de se casser d'ici rapidement !

Cross jaugea Kodiak avec un sourire.

- Je n'aurais pas mieux dit !

Ils examinèrent les installations.

Les gigantesques containers en verre brisés par leurs occupants témoignaient de la sortie prématurée des créatures hybrides. Et de l'échec du projet. Enfin, d'un certain point de vue. Car le moins que l'on pouvait dire, c'était que les créatures étaient parfaitement viables.

Des corps de super mutants et d'écorcheurs maintenus dans une sorte d'état végétatif attendaient sagement de servir de cobayes pour de futures expériences.

La gatling laser détruisit ce destin programmé par l'Enclave.

Artemis, accompagné de Salt, compulsait toutes les données auxquels il pouvait avoir accès via les terminaux et les formulaires abandonnés. Il désigna un cercle sur le sol au centre de la salle et un autre visible sur la voûte éloignée.

- Apparemment, ça doit s'ouvrir des deux côtés.

- Auto-destruction dans dix minutes ! annonça la voix enregistrée.

Salt et Artemis s'associèrent joyeusement pour trouver le code d'accès.

- Les voilà !

Pas moins de sept supers écorcheurs jaillirent dans le labo. Ils se tenaient légèrement voûtés comme de simples écorcheurs, mais leur teint verdâtre et leur gabarit rappelait inévitablement l'autre espèce à laquelle ils étaient affiliés.

- Feu à volonté ! ordonna Cross pour la plus grande satisfaction de tous.

Salt et Artemis redoublèrent d'efforts pour déloquer la commande du sas d'urgence.

Kodiak pulvérisa deux créatures. Dusk en abattit deux aussi. Affaibli, Fawkes regardait alentours afin de détecter une menace moins évidente. Johnny, quant à lui, faisait parler avec une égale efficacité son calibre 12 et son magnum 44.

Finalement, c'était les super écorcheurs qui allaient payer la facture de leurs créateurs. Il ne resta bientôt plus que des cadavres troués comme des passoires.

Kodiak cracha au sol :

- La génétique, je la nique !

Quelque chose lui tomba dessus sans crier gare. Il chuta sur le ventre et impuissant, sentit des griffes meurtrières creuser un tunnel dans son armure !

- Merde ! Débarrassez-moi de lui !

Son agresseur était camouflé. Ses équipiers tirèrent au jugé.

- Il y en a d'autres ! hurla Fawkes en empoignant la massue de Kodiak d'une main ferme.

Johnny se tint près de lui et fit feu avec son canon scié, terrassant un prédateur à bout portant.

Dusk repéra des empreintes faites dans une flaque de sang. Il vida un chargeur sur la créature qui pensait être totalement invisible.

- Où en sont les comptes ? interrogea Kodiak. Combien nous en reste-t-il à zigouiller ?

- S'il y en a bien une trentaine, répondit Cross, il doit nous en rester une dizaine.

Ils profitèrent de l'accalmie pour recharger. Cross rejoignit Salt et Artemis.

- Qu'est-ce que ça donne de votre côté ?

En guise de réponse, une ouverture se dessina dans le sol et un vertiptère en émergea.

- Ca se présente mieux ! dit Johnny.

Fawkes lui dédia un sourire complice.

- Ca me rappelle des souvenirs !

- Tu m'étonnes, fit le mercenaire qui comprenait parfaitement l'allusion.

(cf Johnny Behemoth contre Dr Nuke)

- Par contre mauvaise nouvelle, annonça Artemis. On a verrouillé l'ouverture automatique du plafond. Et la commande manuelle est défectueuse. Quelqu'un va devoir rester en bas pour l'activer manuellement et la laisser ouverte.

Implicitement, cela signifiait qu'il fallait faire un sacrifice.

- Je m'en charge, dit Fawkes dont le pansement était imbibé de sang. Montez dans l'appareil.

- Qu'est-ce que tu racontes ? s'exlama Johnny. Tu es le seul à savoir piloter l'un de ces engins !

Fawkes sourit :

- Tu sais très bien que ce n'est pas vrai, Johnny.

- Auto-destruction dans cinq minutes !

- Bon décidez-vous ! grogna Kodiak tandis que Salt et Artemis grimpaient déjà à bord de l'appareil. Tout va péter dans cinq minutes, y compris les saloperies qui sont encore à l'intérieur cette base ! On a plus qu'à mettre les voiles, maintenant !

Il fit parler la gatling.

- Grouillez, hurla-t-il. Voilà les derniers qui pointent leur museau !

Dusk et lui reculèrent en direction du vertiptère tout en couvrant leur retraite. Cinq autres super écorcheurs venaient de pénétrer dans la salle par différents accès.

Cross entraîna Johnny avec elle.

- Fawkes sait ce qu'il fait !

Le mercenaire prit la place du pilote non sans ressentir un profond dégoût.

- Je peux pas le laisser comme ça !

Dusk et Kodiak montèrent à leur tour dans l'appareil qui commença à s'élever.

Il restait deux écorcheurs encore assez vifs pour menacer Fawkes. Le mutant actionna l'ouverture de la voûte. Le ciel étoilé de la nuit apparut. Il leva son pouce en direction de Johnny et lui adressa un dernier sourire qui en disait long.

Puis il leva la massue de Kodiak au-dessus de sa tête :

- Venez, mes mignons, c'est tonton Fawkes qui régale !

Les deux super écorcheurs se ruèrent sur lui.

Johnny ne vit pas la suite des évènements. Et ce fut sûrement mieux ainsi.

Le vertiptère s'éloigna de la base et ils étaient hors de portée lorsque la destruction s'enclencha. Dans un sourd grondement ils aperçurent une boule de feu s'épanouir dans le ciel tel un soleil impromptu.

Johnny sentit son cœur s'alourdir d'un poids terrible.

- Adieu Fawkes !

La main de Cross se posa sur son épaule :

- Il aura sa place dans les archives de la Confrérie. Je vous le garantis.

Evidemment, c'était un piètre réconfort pour le mercenaire. Il venait de perdre un précieux allié et un ami de valeur, des denrées plutôt rares en ces temps si sombres, en ces Terres si Désolées.

 

 

 

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