dimanche, 08 février 2009
Les Aventuriers de l'Arc Tendu
Première Partie : La Neige en Deuil
Ils étaient mille sept cent quatre-vingt trois environ à dévaler les pentes enneigées des monts Kigel. Une horde de cavaliers en armure montés sur des destriers caparaçonnés, symbole d’une armée glorieuse, fière et en pleine ascension (excepté le fait qu’elle descendait présentement les pentes enneigées du royaume Oukiféfrôaa.)
Le spectacle de leur évolution était d’une splendeur sans pareille en plus d’être réellement impressionnant pour des yeux non accoutumés à cette catégorie de vision.
Les sabots des vigoureuses montures, lancés à un train d’enfer, soulevaient des paquets de neige, empanachant de blanc les hommes en armes qu’ils transportaient si efficacement.
Le linceul naturel virginal immaculé (plus prosaïquement : la poudreuse !) aurait dû nécessairement étouffer les sons d’une si époustouflante cavalcade, mais non.
Un formidable bruit de tonnerre accompagnait la charge impétueuse.
A qui pouvait être destiné un déplacement de troupes aussi important ?
Pour qui avait-on décidé d’user de si remarquables moyens ?
Il se tenait sur le flanc opposé, silhouette entièrement vêtue de noir tranchant sur la lumineuse clarté de la neige saupoudrant tout le décor environnant. Il était juché sur un équidé d’une teinte aussi ténébreuse dont les yeux rouges jetaient des feux lugubres et menaçants et dont les naseaux crachaient des volutes de fumée d’un vert surnaturel esquissant une tête de mort en perpétuelle animation.
La tête du cavalier – pour conserver l’anonymat ou vraisemblablement pour épargner la vue de sa vilaine figure – était maintenue dans l’ombre au moyen d’un capuchon. Elle était tournée d’un quart en direction de la horde sur le point de rejoindre le sol enneigé en contrebas. Elle semblait fondre sur lui (la horde, pas la neige !) à sa seule intention et c’était bien le cas. Malgré cela, l’homme – mais en était-ce bien un ? – ne tressaillit pas. Et pour cause.
Son bras gauche replié vers la selle se tendit subitement devant lui sans décrire le mouvement intermédiaire requis habituellement. Comme si son membre s’était téléporté. Sa main gantée de cuir clouté se ferma dans un craquement sonore et conséquemment un corbeau aux ailes fuligineuses se posa doucement, mais sûrement, sur le support improvisé par son maître. Le corvidé replia ses ailes dans son dos et scruta avec intérêt l’avancée des troupes dangereusement proches à cet instant précis.
- TUE !
La voix du cavalier résonna, grave et glaciale, la fatalité incarnée. Sur ce simple mot, sur cet ordre dénué d’ambiguïté, l’oiseau funeste prit son essor. Ses yeux comme des rubis laissèrent des traits de sang rémanents dans son sillage. Il fila comme une flèche vers l’amas de cavaliers, ses ailes se mouvant si rapidement qu’il n’en subsista bientôt plus que deux arcs sombres.
Et puis, soudainement, alors qu’il entrait en contact avec ses cibles désignées, son corps entier sembla rapetisser, se replier sur lui-même pour finalement se réduire à un trait d’ombre vrombissant qui se perdit une seconde plus tard au cœur des troupes. Durant les cinq secondes qui suivirent, il ne se passa absolument rien. Ou rien de suffisamment important pour justifier l’emploi des phrases descriptives habituelles. En revanche, ce laps de temps écoulé, il se produisit une aveuglante explosion accompagnée d’éclairs d’énergie à l’endroit précis où le sombre volatile s’était volatilisé. La puissante déflagration généra un orbe de lumière mordorée aussi beau que mortel.
Le temps d’un clin d’œil, il s’élargit jusqu’à inclure la masse compacte et complète des cavaliers dans sa circonférence. Les mille sept cent quatre-vingt trois hommes et les mille sept cent quatre-vingt trois chevaux furent embrasés, consumés, désintégrés, rayés de la surface de la planète (ce qui de ce point de vue peut passer complètement inaperçu, alors disons plutôt …) rayés du relief épuré des monts Kigel (c’est y pas mieux comme ça ?) en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire (parce que je tiens à signaler au passage que c’est vachement long à écrire surtout si on ajoute des tas d’apartés au milieu de la phrase !)
L’onde de choc atteignit le sinistre personnage sans lui causer autre chose qu’un bref éternuement.
- REVIENS ! fit sa voix terrifiante comme jaillie d’un gouffre sans fond dans lequel elle aurait séjourné au préalable des milliers d’années.
Des cendres s’élevèrent de la neige carbonisée (en matière de magie rien n’est impossible à part peut- être embrasser un ogre au réveil) et s’assemblèrent dans les airs pour recomposer intégralement le corbeau aux ailes membraneuses (apparemment apparenté au Phénix) lequel s’en retourna rapidement sur le dos de la main mise à sa disposition. Dans l’ombre savamment entretenue du capuchon de son maître, une légère difformité indiqua que le sorcier souriait, exprimant ainsi toute sa satisfaction d’avoir anéanti toute une armée venue tout exprès pour l’anéantir.
- LES HOMMES ! s’exprima-t-il en projetant dans son ton tout le mépris qu’il ressentait pour la race évoquée. Puis il éclata d’un rire sardonique qui fit sauter les cimes enneigées des montagnes comme autant de bouchons de champagne.
- Un peu trop tôt pour les réjouissances, vermine !
La remarque venue d’on ne sait où coupa l’intéressé dans son élan de jubilation débridée. Ce qui eut pour effet de déchaîner son ire.
- QUI OSE ?
Privée de complément, la question n’en demeurait pas moins terriblement intimidante pour un destinataire commun (vous et moi, quoi !) Seulement, son émetteur ignorait encore à qui il avait affaire.
Ils étaient au nombre de quatre. Quatre personnages dont l’aspect physique et le statut social variaient tout autant que l’origine géographique et la personnalité.
A gauche (à la vôtre ! Enfin je veux dire…à votre gauche, pour vous faciliter une représentation dans l’espace.) Isme le barbare : une tête chevelue de sauvage, un cou de taureau, une peau brunie et lacérée, des bras comme des cuisses et des cuisses… comme les vôtres, mais en triple épaisseur (au bas mot.) Pour tout vêtement, des bottes souples et usagées et une étoffe de cuir ceinte autour des reins afin de préserver un soupçon d’intimité.
Les barbares – et notamment Isme – ne comptent pas parmi les créatures les plus pudiques qui soient, mais ils sont naturellement sensibles à certains points de leur anatomie qu’ils croient sage de camoufler aux yeux d’un ennemi particulièrement vicieux. Comme quoi, même les barbares peuvent faire preuve d’un soupçon de jugeotte, surtout quand leur virilité est mise en péril.
L’arme me direz-vous (mais vous n’y êtes pas forcé !) Et bien, comme tout barbare qui se respecte et se fait respecter, Isme employait une lame forgée par ses pairs (ou ses pères, allez savoir !) remarquablement ouvragée et qui avait la fâcheuse tendance à ne pas rester en place une fois sortie de sa gaine. Présentement, il en tenait la poignée sculptée à deux mains, ce qui expliquait tout naturellement qu’Antar l’elfe se soit sensiblement écarté de lui vers la droite (oui, oui, votre droite !)
Antar était un digne représentant de son espèce. Grand, svelte, élégamment mis, le visage fin et noble, le geste précis et aérien ajoutant à son raffinement, il n’en était pas moins un bretteur accompli.
Il portait une épée faite pour frapper d’estoc à ses côtés, un arc en bandoulière – sur lequel il s’appuyait présentement – avec le carquois de rigueur et deux yeux d’une clarté surnaturelle qui suggéraient qu’ en plus d’être un épéiste et un archer émérites, il était également versé dans la magie.
Ses longs cheveux bleus agités par une brise naissante se soulevaient souplement, exhibant une paire d’oreilles caractéristiques (que n’aurait pas renié l’illustre Sieur Spock.)
Debout près de lui, le mage Ordom en imposait lui aussi, mais pour d’autres raisons. Tout en lui exsudait la sagesse et l’expérience : son visage marqué enjolivé d’une longue barbe blanche, ses mains levées auréolées d’un pâle éclat bleuté ainsi que les robes colorées ornementées de signes cabalistiques dont il s’emmitouflait et qui claquaient au vent comme pour ajouter à l’impression de puissance qui se dégageait naturellement de lui.
Le dernier membre du groupe – et non le moindre – était l’incarnation de la féminité ( qui, il faut bien l’avouer, aurait cruellement manqué autrement !)
Elle s’appelait Omane. C’était une nymphe, recueillie quelques années plus tôt par Ordom qui avait su prendre grand soin d’elle. Elle avait d’ailleurs eu grande fortune à tomber entre ses mains, car nul autre qu’un mage de sa trempe n’eut pu résister à ses charmes, disons-le franchement : dévastateurs.
Elle se tenait présentement aux côtés de son protecteur dans une pause langoureuse qu’elle affectionnait et qui avait le pouvoir d’assécher les gosiers instantanément.
Sa jambe droite élégamment fléchie, son dos savoureusement cambré, sa poitrine voluptueusement dressée, son cou délicieusement relevé et ses bras sensuellement plongés jusqu’aux coudes dans les abondantes boucles blondes de ses cheveux avaient de quoi tarir tout un lac (à compter qu’un lac put être sensible à sa beauté. Mais en matière de séduction, rien n’est impossible à part peut-être embrasser un ogre au réveil.)
Elle ne portait pas de souliers, ignorant le sol glacé sous ses pieds (pointure 37) mais autour de ses jambes étaient lovés des bracelets d’or filigranés du plus bel effet.
Sa peau d’airain (des reins et du reste aussi !) était apparente à maints endroits, mais sans doute avait-elle suffisamment de moralité (ou était-elle suffisamment frileuse) pour couvrir ses rondeurs et ses parties les plus intimes (et intimidantes) de voiles brodés garnis d’orfèvrerie.
Qui est ce mystérieux personnage encapuchonné capable de déchaîner des puissances infernales ?
Les volutes crachées par les naseaux de son destrier peuvent-elles s’apparenter à une forme de graffiti ??
Nos valeureux héros, avec lesquels vous venez de faire connaissance, vont-ils affronter le mal ainsi incarné où leur présence n’est-elle due qu’à un besoin impérieux de se détendre à la montagne ???
Enfin la plus grande interrogation que vous vous posez sans doute : la blondeur et le bronzage d’Omane sont-ils naturels ????
Vous connaîtrez les réponses à ces questions (ou tout du moins une partie) dans le prochain épisode de cette nouvelle saga intitulé :
« La vengeance est un plat qui se mange Frôaa »
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15:28 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Arf, arf, arf
Toujours aussi prenant à ce que je vois.
L'heroic fantasy humoristique est un genre qui m'interesse.
Les appartés sont sympathiques, mais selon moi tu devrais éviter de mettre des parenthéses à tout bout de champ.
C'est superflu et ca gache un peu la lecture.
Sinon rien à redire, je trouve un humour avec des jeux de mots à mon niveau^^
Écrit par : Slartibartfast | lundi, 31 août 2009
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