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vendredi, 01 août 2014

Lightning Returns [Jeux Vidéo/Critiques]

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La belle Lightning sait soigner ses apparitions, non ?

FINAL FANTASY XIII 

LIGHTNING RETURNS

Décider de se consacrer au dernier épisode d'une trilogie alors qu'on a pas fait les précédents ou si peu c'est un peu...risqué voire irrespectueux. Mais le fait est que depuis Final Fantasy X (oui ça remonte) je ne me suis plus vraiment intéressé à cette saga de RPG japonais. De plus en plus séduit par les mécaniques et la liberté des RPG occidentaux, j'ai fini par être dégoûté de leurs équivalents nippons. Combat au tour par tour, design frisant souvent le ridicule, personnages infantiles, exploration limitée, interface indigeste,...les raisons étaient beaucoup trop nombreuses pour opérer un retour. Et ce n'est pas ma tentative sur FF XIII-2 qui m'a fait changer d'avis. Je n'étais pas encore prêt pour revenir sur la série ou plutôt la série n'était pas encore prête à revenir vers moi. 

En même temps ça ne me gênait pas, étant donné que les RPG occidentaux s'étaient bien implantés et offraient une variété satisfaisante.

Pourtant j'ai suivi l'évolution de la trilogie (et les troubles qu'elle a générés) car il est un fait que le personnage de Lightning avait quelque chose de très attractif hormis son look. Immédiatement charismatique, la croisade de cette amazone avait quelque chose de profondément shakespearien. Le poids du destin, des choix cornéliens, que sais-je, sans connaître les détails, je sentais qu'elle avait quelque chose d'intéressant à offrir en terme d'émotions et de narration. J'ai toujours été attaché aux héroïnes solitaires à la fois fortes et fragiles et dans l'univers du jeu vidéo il n'y en a pas tant que ça même encore aujourd'hui.

Forcément lorsque j'ai appris que l'ultime épisode FFXIII allait être ouvert, proposerait des combats beaucoup plus dynamiques et serait centré sur Lightning, j'ai eu un peu l'impression que les développeurs avaient lu dans mes pensées. La démo m'ayant laissé une bonne impression, j'étais encouragé à me lancer dans l'aventure.

Il restait cependant un élément de taille qui m'empêchait de franchir le pas : le concept du temps limité ! Bah oui, pour un joueur contemplatif comme moi qui aime par-dessus tout la liberté, prendre son temps pour explorer, flâner, expérimenter des tas de choses, un monde ouvert en temps limité c'est un peu blasphématoire. Et forcément frustrant.

Alors encore une fois, j'ai patienté. Parce que là pour le coup j'étais convaincu que c'était moi qui n'étais pas prêt et que l'effort devait venir de mon côté cette fois.

Mais heureusement il y a eu un évènement vidéo-ludique extérieur qui m'a particulièrement bien préparé pour Lightning Returns, un autre RPG japonais et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit de Dragon's Dogma. Connu pour adopter des mécaniques occidentales, il conserve malgré tout un esprit et un challenge typique des productions japonaises que ce soit dans les combats dantesques qui demandent autant de patience que de stratégie que l'exigence des quêtes secondaires puisque beaucoup d'entre elles doivent êtres accomplies dans un certain ordre et/ou dans certaines conditions, un certain nombre ne pouvant être résolues que dans un laps de temps limité, ce qui m'a amené à refaire le jeu quatre fois (merci le NG+).

C'est en réalisant la persévérance dont j'avais fait preuve sur ce jeu - et qui ne me caractérise pas d'habitude - plus la critique du jeu et les échanges sur Rapid Playing Game - que j'ai compris que j'étais peut-être enfin prêt pour l'expérience. 

Et après une bonne dizaine d'heures de jeu, il s'avère que mon intuition ne m'a pas trompée. C'était le bon moment. J'étais prêt pour cette rencontre, cette réconciliation.

Le Temps et rien d'autre... 

Pour donner une chance à Lightning de revoir sa soeur qui a péri, Bhunivelze, autrement dit Dieu, passe un contrat avec elle : elle devra incarner la Libératrice, sauver le monde de l'invasion du Chaos dans un délai de treize jours et avec lui un maximum d'âmes tant qu'à faire.

Dit comme ça, ça peut paraître basique, mais en pratique c'est tout sauf ennuyeux. Voyons cela en détails.

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Que serait un Final Fantasy sans Chocobo ? Celui qu'il nous est permis de chevaucher dans Lightning Returns est unique, ce qui est encore plus appréciable !

Si hors cinématique en images de synthèse, le jeu accuse une technique inégale et assez souvent indigne du savoir-faire du studio (Textures pauvres, PNJ sommaires, ralentissements) c'est dans sa mécanique que Lightning Returns est d'une efficacité redoutable et s'érige même en nouvelle référence. La raison ? Celle qui justement me répugnait au départ : le concept du temps limité. Et pourtant ce simple ajout révolutionne complètement le jeu en monde ouvert et lui donne un intérêt nouveau. Optimiser son temps devient la priorité et avec lui forcément les déplacements et les choix de quêtes. Mais du coup, on est beaucoup moins dissocié du monde que l'on explore, on vit et respire avec lui, on apprend à le connaître, de jour comme de nuit et on programme au maximum ses faits et gestes. Du coup on est tout le temps actif, on a toujours un objectif en tête et la sensation d'avoir une épée de Damoclès au-dessus. Grisant et stressant à la fois ! Mais l'ivresse l'emporte et c'est ce qui compte !

Autre règle incontournable avec laquelle il faut apprendre à jouer : tous les jours à 6H00, on revient dans l'Arche - un lieu où le temps n'existe pas - pour ressourcer Yggdrasil, l'Arbre de Vie (visible aussi dans le magnifique film The Fountain) grâce aux précieuses âmes sauvées via l'accomplissement des quêtes directement proposées par les PNJ, celles des Tableaux de Prières ne nous faisant gagner "que" des points de compétence et des Gils (la monnaie des Final fantasy depuis toujours). Et si l'Arbre de Vie fait une nouvelle pousse, c'est bon signe, ça veut dire que vous gagnez un jour supplémentaire. Il faut savoir que les fameux 13 jours, on ne les a pas au début, il faut les gagner. Ils représentent en fin de compte le délai maximum qui peut être repoussé. L'échéance commence à 6 jours. Important à savoir, mine de rien, d'où la nécessité de bien exploiter l'espace-temps.
En tous les cas nos actes et leurs conséquences dans le jeu ont un effet indéniable : on se sent réellement impliqué, investi, comme Ligthning est censé l'être. Elle a une responsabilité, mais une sacrée récompense à la clé. Et du coup, nous aussi. Et c'est en cela que cet épisode est particulièrement réussi. Car mine de rien l'identification dans les jeux vidéos n'est pas aussi fréquente qu'on le pense. C'est un équilibre délicat à trouver, un mélange subtil.

Comme souvent dans ce type de jeu, la plupart des quêtes annexes sont anecdotiques et simplistes. Si on oublie cet aspect du fait qu'elles contribuent à enrichir le background et qu'en réussir un maximum est une condition sinequanone pour réussir le jeu, on déplore en revanche qu'elles se réduisent trop souvent à récupérer des ingrédients disséminés. Et inévitablement l'un d'eux sera rare et aucun indice ne nous sera donné pour le trouver.

Pour les quêtes principales, c'est heureusement autre chose et même si on a pas trop suivi les évènements passés, on est rapidement pris dans l'intrigue grâce à des personnages énigmatiques et une forme d'enquête assez appréciable.

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Sous ses airs de petite peste, Lumina intrigue par sa puissance implicite et son savoir. Qui est-elle, en réalité ? Qui se cache derrière ce déguisement innocent ?

Pour nous aider, quelques pouvoirs comme la Chronostase (qui fige provisoirement le temps) et la Téléportation. Comme ils consomment tous deux des points (PE) qu'on ne récupère que lors des combats, les affrontements ont eux-même un intérêt supplémentaire. D'autant que cette fois, on peut les éviter facilement s'ils ne nous apportent rien ou si on a mieux à faire.

Puisqu'on parle des combats, la transition est toute trouvée pour aborder le nouveau système mis en place dans cet épisode et qui devrait convertir les joueurs (comme moi) qui pestaient contre le tour à tour. 

Pour commencer, Lightning a à sa disposition trois tenues - à choisir parmi toutes la garde-robe débloquée au cours du jeu. Trois tenues, qui auront chacune des pouvoirs attitrés qu'on ne pourra pas changer, des sortes de spécialités, mais qui pourront cependant être complétées par d'autres compétences qu'on pourra leur associer librement.  On bascule ainsi entre ces trois tenues à n'importe quel moment du combat afin de trouver le talon d'Achille de chaque adversaire pour le choquer et en profiter pour lui faire un maximum de dégâts. Après un temps d'adaptation plutôt rapide, on se rend compte que c'est très intuitif et novateur. En plus de la puissance des tenues on peut également compter sur une arme, un bouclier et des accessoires pour booster les capacités du personnage. On peut aussi fusionner deux pouvoirs de même niveau pour en créer un de plus haut niveau. Pour ça, un petit saut chez l'artisan du coin et le tour est joué. On apprécie de pouvoir changer la couleur des tenues, mais pourquoi dans ce cas avoir limité cette possibilité à certains éléments de la tenue et pas à tous. L'homogénéité chez Square Enix, ils connaissent pas ? Plutôt idiot.

Hum...voilà à quoi parfois Lightning peut ressembler quand les designers laissent parler leur inspiration. Bienvenue au cirque Pinder !!!

Puisqu'on parle des tenues, là aussi, c'est très inégal. On a droit à un design très discutable. Certaines sont soignées, recherchées, d'autres, amalgame maladroit de différents styles, décrédibilisent méchamment Lightning, des skins régulièrement ridicules donc à l'image justement du bestiaire qui alterne bonnes idées et gentil jemenfoutisme, jusque dans les noms (Gertrude le robot !!!) Un manque de cohérence et de sérieux dont, personnellement, je me serais passé même si je sais que ces éléments font partie intégrante de l'univers de la saga depuis longtemps.

Celui qui sauve une vie

sauve l'humanité tout entière

Mais au final, ce qui marque l'esprit peut-être plus encore que cette passionnante mécanique de jeu c'est ce qu'elle transmet, c'est la manière dont elle se fait le reflet probable du fonctionnement de la vie elle-même. Karma, bien et mal, rédemption de l'âme, cycle des réincarnations,... Si bien des jeux vidéos ont valorisé ces notions spirituelles avant Lightning Returns, peu l'ont sans doute aussi bien intégré au gameplay, à la structure même du jeu, les rendant indissociables, l'un sublimant l'autre. Et ce faisant, cet ultime épisode de la trilogie fait plus que se contenter de l'achever en beauté, il se donne une véritable personnalité, un caractère unique en transcendant littéralement l'intérêt que peut offrir d'ordinaire un jeu vidéo en terme d'émotion et de réflexion grâce à une approche métaphysique d'une grande subtilité. Car en substance, le parcours de Lightning c'est ni plus ni moins le parcours de n'importe quel être humain, c'est notre mission sur terre : savoir au mieux employer le temps limité qui nous est donné, entre construction personnelle et élans altruistes, les deux étant intimement liés, on le sait.

 

 

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