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samedi, 11 avril 2015

The Giver [Cinéma/Critiques]

the giver

Le pouvoir de Jonas est des plus fascinants : il puise sa volonté dans des souvenirs qui ne lui appartiennent pas, il évolue grâce à des émotions que ni lui, ni ses semblables ne connaissent. Difficile de résister à l'envie de les partager.

Dans une société où tout est contrôlé afin de ne pas reproduire les erreurs du passé, chacun reçoit sa fonction en accord avec ses aptitudes. Alors que Jonas semble être le grand oublié de la cérémonie, la Doyenne le confie aux bon soins du Passeur afin de lui fournir une formation très  spéciale qui va élargir violemment sa perception de la réalité.

A sa sortie, j'ai délibérément ignoré ce film sentant à plein nez le parfait produit ciblé pour ados comme on en voit se multiplier depuis quelques années. Adapté lui aussi d'un livre à succès, mettant en scène de jeunes et beaux héros, victimes d'une société idéale et aliénante dont ils vont vouloir forcément se libérer avec en filigrane une gentille petite love story. Bah oui, dit comme ça, on a qu'une envie, c'est de passer son chemin, tellement ça sent le réchauffé.

Sauf que The Giver réserve des surprises et des bonnes.

A commencer par le parti pris de sa mise en scène. De par ce choix esthétique évolutif et l'histoire centrée sur l'abolition des émotions et leur découverte, on pense malgré cette originalité apparente à deux films mémorables : Pleasantville et Equilibrium. Dans un premier temps, on craint donc légitimement que The Giver se retrouve pris en tenaille entre ces deux références et ne parvienne pas à tirer son épingle du jeu.

Mais heureusement ce n'est pas le cas. Contrairement à ce qu'on aurait pu penser, la transmission des souvenirs se fait de manière très progressive et c'est elle qui fait véritablement la force du film, réservant de grands moments d'émotion. Certains souvenirs renvoient directement à des évènements emblématiques, de notre histoire, symboles d'espoir ou de noirceur et il faut dire que l'actualité aidant, on se sent impliqué d'une manière ou d'une autre.

Encadrés par les deux vétérans que sont Meryl Streep et Jeff Bridges (également producteur) et secondés par une Katie Holmes très austère, les jeunes acteurs (dont Brendon Thwaites vu dans Son of a Gun) sont convaincants et on suit leurs tribulations avec intérêt. La relation entre Jonas et Fiona aurait mérité, cependant, une construction plus progressive.

Il y a une réflexion intéressante sur les émotions et leurs conséquences qui aurait sans doute, elle aussi, gagné à être plus approfondie plutôt que de servir de simple justification.

Philip Noyce (à qui l'on doit déjà l'excellent Salt) tourne peu ces dernières années, mais semble toujours se passionner pour des sujets percutants. Dommage que la fin soit aussi expédiée et ne bénéficie pas de la même attention que le reste du film, créant un déséquilibre et frustrant le spectateur : on a le sentiment que le film a été amputé de son épilogue.

Malgré ce défaut, The Giver demeure une oeuvre captivante et intelligente qui trouve une place de choix au rayon anticipation.

 

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Pleasantville Equilibrium Bienvenue à Gattaca

 

 

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jeudi, 14 février 2013

La Vague de Dennis Gansel [Cinéma]

Un cours portant sur le thème de l'autocratie suscite un engouement inattendu chez les élèves, tant et si bien qu'il va rapidement échapper au contrôle de l'enseignant.

L'enfer est pavé de bonnes intentions...voilà un adage qui pourrait parfaitement illustrer ce film hautement pédagogique. L'enseignant zêlé qui va développer la thématique de l'autocratie - alors que ironiquement il voulait travailler celle de l'anarchie - va être littéralement victime de son succès. Si au départ, la démonstration va mettre en relief les bienfaits d'une communauté créée de toutes pièces (abolition de l'individualisme, de la classe sociale, de la religion, de l'âge), elle va aussi valoriser différents profils : opportunistes, extrêmistes, contestataires. Tout le monde ne s'en sortira donc pas indemne. Mais cela, on s'en doute assez tôt.

La première moitié du film est évidemment passionnante puisqu'elle narre la création et le développement du mouvement en question. Plusieurs élèves sont au premier plan et leurs différentes personnalités sont intelligemment exploitées à travers le processus, que ce soit à l'école ou dans un cadre plus privé.

Mais vient un moment où l'intrigue fait du sur-place. On attend que cette vague emporte tout sur son passage tel un tsunami et finalement on a plus l'impression d'être témoin d'un mouvement de marée plutôt innocent. Le réalisateur a sans doute voulu coller au plus près de la réalité des faits qui se sont réellement produits et en cela on ne peut pas trop lui en vouloir, cela apportant un maximum de crédit à son oeuvre. Pour autant, l'intensité et l'impact pourront en décevoir plus d'un. Le fait est que l'histoire, se déroulant sur une semaine, jour après jour, dans un espace lui aussi, quelque peu restreint, trouve dans ce type de narration à la fois son intérêt, mais aussi sa limite.

Heureusement le final remplit plutôt bien son contrat en clôturant efficacement la démonstration. Dommage qu'il emploie un discours un peu trop caricatural qui, même s'il est justifié par l'intention initiale, demeure maladroit car cassant peut-être un peu trop la cohérence de l'ensemble.

La vague est donc un film à voir à plus d'un titre avec en prime le portrait d'une jeunesse allemande victime d'un lourd héritage. On regrette que le film en lui-même ne provoque pas plus d'émotions se tenant bien trop sagement dans un cadre dont il sortira très peu du début à la fin. Cela dit, c'est le film parfait pour susciter le débat et la réflexion, qui plus est, au sein d'un établissement scolaire. En ayant la sagesse de rester un minimum abstrait, bien sûr.



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