mardi, 13 janvier 2015
Vol au-dessus d'un Nid de Coucou [Cinéma/Critiques]
L'un des rôles emblématiques de Nicholson, dont la carrière est truffée. A noter un doublage français d'une redoutable efficacité.
Pour éviter la prison et ses corvées inhérentes, Randall P. McMurphy parvient à se faire interner dans un asile psychiatrique dirigé d'une main de fer par l'infirmière en chef Mildred Ratched. Mais ce qui semblait pour lui s'annoncer comme une colonie de vacances va prendre des allures de véritable croisade lorsqu'il va comprendre que cet endroit est la pire des prisons.
Ode à la liberté et à la différence que chacun pourra à loisir associer à l'enfer qu'il connait le mieux et/ou qu'il condamne le plus (régime politique, ségrégation, isolement) le film de Milos Forman (réchappé du communisme) a trouvé un écho formidable à l'époque de sa sortie que l'actualité d'hier et d'aujourd'hui viendra malheureusement toujours alimenter.
La première chose qui saute aux yeux c'est le choix du héros, le parfait anti-héros. D'emblée il est présenté sans équivoque : obsédé sexuel incontrôlable et dangereux (il a violé une mineure), irrespectueux, narcissique. La prison, il la mérite sûrement. Il a fait ce qu'il fallait pour y aller, pas de doute.
Et pourtant sa manière d'incarner l'électron libre nous intrigue et nous séduit facilement. Car le mouton qui est en nous est forcément attiré par le sourire lupin de Nicholson jubilant et jubilatoire qui de loup va inexorablement se changer en berger pour ce troupeau de "malades" soumis au bon vouloir de l'intraitable Miss Ratched, cette diablesse déguisée en nonne.
Plusieurs actrices célèbres ont refusé le rôle de Miss Ratched. L'oeuvre n'a pas perdu au change, loin de là : Louise Fletcher excelle dans ce rôle de dictateur. Son calme fait froid dans le dos autant que son apparente bienveillance.
Deux scènes emblématiques vont se succéder amorçant la guerre qui couvait entre les deux partis (oui finalement, tout cela est politique).
D'une part Ratched qui refuse la majorité du vote à McMurphy pour regarder le match de baseball sous prétexte qu'il l'a obtenue après la fin de la réunion, déclenchant ainsi les hostilités.
Alors qu'il semble impossible de trouver une faille à cette dictature, McMurphy a alors une idée de génie. Comme il n'a aucune prise directe sur la réalité (espace-temps) il va employer la seule arme qui lui reste : celle de l'esprit. En fixant le poste de télé éteint et en ne faisant qu'imaginer le match, ses commentaires enfiévrés l'aidant à fabuler autant qu'à convaincre les autres spectateurs, il remporte royalement la victoire de cette première bataille qui paraissait hors d'atteinte. Ratched comprend alors à qui elle a affaire. Et c'est finalement sans surprise qu'au moment où elle a le choix de libérer McMurphy de son internement elle décide de le garder. Il l'a défiée, elle doit le dompter, l'humilier. Les enjeux sont désormais limpides. Ce sera oeil pour oeil, dent pour dent.
Seulement, McMurphy, convaincu que ce n'est qu'un jeu et qu'il n'en subira pas les conséquences, va vite déchanter.
Première grosse désillusion : il apprend que la majorité des patients qu'il côtoie sont volontaires et peuvent rentrer chez eux à tout moment. Là, impossible de ne pas faire un parallèle avec nous-mêmes, citoyens, qui sous couvert de vivre dans une démocratie, acceptons d'en être les pantins et refusons la vraie liberté (A quand le vote blanc en tant que voix ?).
La scène de l'électrochoc est aussi violente pour le personnage que pour le spectateur. On y croit complètement ! Ce qui d'emblée terrifie c'est l'attroupement de médecins autour de Nicholson et leur parfait détachement face à ce qui va arriver, autant de complices et de témoins d'un crime prémédité et impuni.
Pour lui c'est l'électrochoc, le premier avant le second qui lui sera littéral. Il parviendra à en rire et même à faire rire, mais ce ne sera plus comme avant. Il comprend dès lors qu'il y a urgence. Face à cette barbarie, la seule issue est la fuite. Et là encore, le destin va oeuvrer en sa défaveur malgré des opportunités incroyables jusqu'au dénouement qui est resté dans les mémoires des cinéphiles du monde entier, entre tragédie et espoir.
Danny De Vito (à la droite de Nicholson) en gentil benêt quasi muet partagera l'affiche des années plus tard avec Michael Douglas le prodcuteur du film dans A la Poursuite du Diamant Vert et mettra lui-même en scène Douglas dans La Guerre des Rose encore aux côtés de Kathleen Turner. Au-dessus de son épaule droite, Brad Dourif connu pour son rôle de scientifique fou dans Alien Resurrection et de Langue de Serpent dans Le seigneur des Anneaux. D'autres têtes connues viennent compléter le casting comme Christopher Lloyd (le Doc de retour vers le futur) et Michael Berryman (La Colline a des yeux).
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