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dimanche, 12 avril 2009

Souviens-toi de ton âme [Nouvelles/Scénario]

Souviens-Toi

                De ton  Ame...  

 

 

   Un homme important et ce qui semble être son confident sont à bord d'une voiture. Ils ont une conversation passionnée. Une évidente sympathie les unit.

L'homme important :

« Je vais à l'hôtel. J'ai pensé organiser une petite soirée. Il y a des amis que je voudrais te présenter. Tu vas me faire l'honneur de rester à mes côtés »

Le confident :

« Je ne manquerai ça pour rien au monde, Marcus »

La voiture s'arrête devant un édifice luxueux.

Les deux hommes descendent de la voiture en plaisantant. Dès qu'ils entrent dans l'hôtel, six gardes du corps leur emboîtent le pas.

Le confident :

«  J'ai un besoin pressant. Je vous rejoins à l'étage »

Marcus :

« Très bien. En t'attendant, j'ouvre une bouteille de champagne »

Il adresse un clin d'oeil complice à son confident :

« La première d'une longue série »

Tandis que le confident gagne les lieux d'aisances, Marcus se rend aux ascenseurs. Au moment où il monte dans la cage, ses gardes du corps font mine de le suivre.

Marcus les arrête d'un geste :

«  Non, restez en bas. Si j'ai besoin de vous, je vous appellerai. Ce soir, on fait ça entre amis »

L'ascenseur se referme et Marcus parvient à l'étage. Il ouvre sa porte et pénètre dans une vaste pièce confortablement aménagée.

Il sourit en voyant une bouteille de champagne dans un seau à glace :

« La première d'une longue série »

Il la débouche et le bouchon file par la porte au moment où son confident l'ouvre.

« Entre, mon ami, tu arrives pile au bon moment »

Il remplit deux coupes et ils trinquent :

« A l'amitié et à la longue nuit qui nous attend »

A ce moment, le téléphone portable de Marcus se met à sonner.

Tout en le saisissant, il dévisage son confident avec aménité :

« Je vais l'envoyer paître. Promis, c'est la dernière fois que je réponds »

Le confident sourit, puis Marcus répond :

« Bon, qu'est-ce que tu v... Quoi ? Mais comment...Où est-il ? Tu as prévenu mes hommes ?

La peur et la panique se lisent graduellement sur son visage.

« Bien, Merci. Préviens toutes les équipes. Je vais tenter une sortie »

Il jette un regard à son confident :

« Je suis avec un ami »

Il raccroche. Son visage est décomposé.

« Un tueur est à ma recherche. Ils viennent d'avoir l'info. Apparemment, c'est un pro »

Son confident lui serre le bras.

« Je suis avec vous, Marcus. Je vous protègerai »

Marcus se détend un peu.

« Oui. Tu me protègeras.

Ils sortent de la chambre, le confident en tête, pistolet en main. Il appelle l'ascenseur et pointe son arme sur les portes, son autre bras placé devant Marcus en retrait en un geste protecteur.

Ils attendent avec angoisse.

Lorsque les portes s'ouvrent, ils voient les six gardes du corps criblés de balles reposant dans la cage.

Marcus porte une main à sa bouche :

«  oh mon dieu ! Il est déjà dans l'hôtel. Il va arriver !

Le confident sans bouger :

« Non, Marcus, il est déjà là »

Puis il se tourne vers lui et le met en joue.

Marcus écarquille les yeux. Il est terrifié.

« Toi ! Mais c'est pas possible. Après tout ce qu'on a vécu ensemble ! Simon, tu peux pas... Et notre amitié ? ! »

Le tueur demeure parfaitement imperturbable :

«  Je suis un pro »

Fondu au noir. Bruit de silencieux.

 

Le tueur est dans son appartement. Il termine son petit déjeuner et va chercher son courrier.

Il s'assit à la table de la cuisine et examine les enveloppes. Il les met toutes de côté sauf une, plus grande que les autres, en kraft, sur laquelle est inscrit un mot :

                       NEX

 

Il l'ouvre et en sort une photo. Au verso il y a écrit :

TU AS TROIS JOURS

 

Il retourne la photo et contemple le portrait d'une jeune femme. Elle a environ vingt ans. Elle a les cheveux longs et châtains, de grands yeux bleus et un sourire généreux. Son visage dégage beaucoup de vie.

Nex remet la photo dans l'enveloppe et l'emporte dans le salon. Il la pose sur la table basse et s'assoit sur le canapé. Il allume la télé. Il commence à regarder un film d'action. Puis, brusquement son regard vient s'ancrer sur l'enveloppe. Il l'observe quelques instants en caressant nerveusement la télécommande puis reconduit son attention sur l'écran.

Moins d'une minute après, il fixe de nouveau l'enveloppe posée sur la table basse. Il regarde l'écran et subitement éteint la télé et s'empare de l'enveloppe. Il en sort la photo qu'il contemple avec fascination.

Il se lève, va dans sa chambre et accroche la photo sur une cible au-dessus de sa commode en face de son lit. Il s'assoit sur son lit prend son pistolet silencieux et le pointe sur la photo. Son visage se crispe, sa main tremble, son front se couvre de sueur.

On entend les battements de son coeur.

Le visage innocent de la jeune femme apparaît en gros plan. Il serre les dents. Son doigt commence à presser la détente. Brusquement il relâche son arme.

 « Merde ! » 

 

La jeune femme de la photo marche dans la rue. Il fait beau. Elle a l'air heureuse. Brusquement elle fait tomber un livre. Elle se baisse pour le ramasser et ce faisant, elle est recouverte par une ombre. Elle redresse la tête, l'inquiétude se lisant dans ses grands yeux bleus. On voit Nex debout la dominant de manière menaçante. Il pointe son pistolet vers la jeune femme.

« Je suis un pro »

Bruit de silencieux. Le livre tombé par terre est taché de rouge.

 

Nex se réveille, trempé de sueur. Il fait nuit. Il est allongé dans son lit. Sa respiration est haletante. Il se tient la tête. Brusquement il regarde droit devant lui. Il allume la lampe de chevet, bondit de son lit et décroche la photo. Il la regarde et une grande émotion peut se lire sur son visage. Il pose la photo contre sa lampe de chevet et se remet au lit. Il la regarde à nouveau longuement. La caméra s'éloigne lentement.

 

Nex est assis à la table de la cuisine. Il est occupé à nettoyer son pistolet. Son téléphone portable posé près de lui se met à sonner. Il fixe l'écran du téléphone, semble hésiter. Il se mord les lèvres puis se saisit de l'appareil avec une grande vivacité et le porte à son oreille.

« D'habitude tu es plus rapide. Je veux pas seulement dire pour répondre. »

Nex regarde droit devant lui. La photo de la jeune femme est accrochée sur la porte du frigo. Son visage se crispe.

« D'habitude... »

« D'habitude, quoi ? »

« J'ai pas besoin de chaperon. »

« Alors prouve-le. Il te reste deux jours. »

« J'ai jamais échoué. Je suis un pro. »

Nex raccroche. Il regarde sa main. Elle tremble.

Il reporte son attention sur la photo. Il serre les dents, son visage se durcit.

« Je suis un pro. »

Il prend son pistolet et se lève.

 

La rue. Il fait beau. La jeune femme de la photo est assise à la table d'une terrasse de café. Brusquement une ombre vient la recouvrir.

« Je peux me joindre à vous ? »

Elle dévisage Nex. Il porte un livre.

« Pourquoi pas ? Un homme qui porte un livre ne peut pas être complètement mauvais. »

Nex s'installe en face d'elle et pose son livre sur ses genoux.

La jeune femme sourit.

« Moi aussi j'aime beaucoup lire. Qu'est-ce que vous lisez ? »

Nex ouvre le livre posé sur ses genoux. Il est évidé. A l'intérieur est disposé un pistolet.

« C'est... c'est un recueil de poèmes. »

« Moi aussi j'adore la poésie. On est fait pour s'entendre » !

Nex visse le silencieux et pointe l'arme sous la table en direction de la jeune femme.

« Je ne crois pas. »

Les grands yeux bleus de la jeune femme traduisent son inquiétude.

« Pourquoi ? »

Nex se fige. Il dévisage la jeune femme comme dans l'attente d'un signal. Ses yeux brillent, deviennent humides.

Elle s'alarme et lui touche le bras.

«  Ca ne va pas ? »

Il respire bruyamment.

« Je ne peux pas. J'y arrive pas. C'est la première fois.»

Elle l'observe, incrédule.

« La prem... »

A ce moment, le livre de Nex tombe. La jeune femme regarde vers le sol et découvre qu'il est évidé et que les contours du trou affectent la forme d'un pistolet.

Elle comprend la situation. Elle est terrifiée. Elle ouvre la bouche pour crier.

Nex la regarde, aussi ému qu'elle.

Il secoue la tête.

«  Je ne peux pas. »

Il ramasse le livre et s'enfuit.

La jeune femme demeure pétrifiée, le corps tremblant.

 

Nex est dans son lit. Il est éveillé. Sa lampe de chevet est allumée et la photo est appuyée contre le pied. Il est en pleine réflexion. Son portable posé sur la table se met à sonner. Il lui jette un regard mauvais avant de décrocher.

« Quand on voit le soleil pour la première fois, on souffre d'avoir tant vécu sans sa lumière. »

« Qu'est-ce que tu veux dire ? »

« J'ai entendu dire que tu aimais la poésie. »

Nex est pris de panique.

« Tu étais là ? »

« Je fais mon boulot. Toi, par contre... »

« J'ai encore un jour. »

« D'habitude ma cible ne me fait aucun effet. C'est ça que tu t'es empêché de me dire, hier. »

Silence.

« Ne me rappelle plus. »

« Alors fais ton boulot, Nex. Car si tu ne le fais pas, un autre le fera à ta place. Tu connais la règle. »

« C'est mon contrat. »

Nex raccroche. Il se met à pleurer, recueille ses larmes du bout des doigts et les observe, perplexe. Puis il balance son portable contre le mur.

 

La rue. Il fait beau.

La jeune femme est assise à la terrasse.

Une ombre se penche sur elle. Elle sursaute.

« J'ai laissé mon livre à la maison. »

Nex s'assied face à elle.

« Je n'étais pas sûr de vous retrouver ici. »

« Moi si. »

« Vous avez peur ? »

« Oui, mais j'ai besoin de comprendre. »

« Tout ce que je peux dire c'est qu'avant de vous rencontrer je n'avais pas d'âme. »

« Alors promettez-moi de ne jamais l'oublier. »

«  Je vous le promets. »

Elle sourit.

« Parole de tueur ? »

Il sourit à son tour puis leurs visages redeviennent graves. Ils se dévisagent avec une fascination mutuelle.

« Vous êtes toujours en danger. Si je ne le fais pas, quelqu'un d'autre s'en chargera. »

« Vous allez me protéger ? »

Il lui prend la main.

« J'ai déjà commencé. » 

A travers leur expression, on les sent devenir plus proches.

« Comment tu t'appelles ? »

« J'ai tellement de noms. Appelle-moi Simon. Et le tien ?

« Isabelle. »

Nex sourit.

« Il y a trois lettres de trop. »

Puis son visage se rembrunit.

« Je ne veux plus jamais tuer. Qui que ce soit. Mais je ne permettrais pas qu'ils te fassent du mal.

Nex a l'air perdu.

Isabelle lui prend la main.

«  Alors il faut fuir. »

Nex secoue la tête.

« Oui. »

La scène change. La rue. Il fait nuit.

Nex marche à grands pas. Il porte une valise.

Le dialogue entre lui et Isabelle se poursuit en voix off.

« Ils ne tenteront rien avant demain matin. »

« Que se passera-t-il demain matin ? »

« Le délai du contrat sera écoulé et un autre tueur en aura la charge. C'est la règle. »

« Pourquoi moi ? Qu'est-ce que j'ai fait ? »

« Je ne sais pas. Je n'ai trouvé aucune raison. Je pensais que tu le saurais. Enferme-toi chez toi. N'ouvre à personne. Ne réponds pas au téléphone. Je te rejoindrai cette nuit. Prépare quelques affaires. N'espère pas revenir ici. »

« Je viendrai avec toi. J'ai confiance en toi. »

« La seule pensée que nous allons partir ensemble me fait chaud au coeur. Je te dois tellement. Tu m'as libéré. Tu es mon soleil. »

 

Nex arrive à la hauteur d'une cabine téléphonique. Le téléphone sonne. Nex se fige. Son visage se crispe. Il tourne la tête. Il fait mine de repartir, puis brusquement s'engouffre dans la cabine et décroche le combiné.

« Je t'avais dit de ne plus me contacter. »

On distingue une silhouette dans la pénombre d'une pièce.

« Tu n'as pas honoré le contrat. »

« Il me reste sept heures ! »

« Trop tard, Nex. Tu sais aussi bien que moi que tu as échoué. Je les ai contacté. Ils ont engagé un autre tueur.

Silence.

« C'est toi, hein ? C'est toi qui dois la tuer ! »

« Pas seulement elle. »

Gros plan sur une photo d'Isabelle identique à celle de Nex. Un trou fait par une balle remplace le visage.

« Il ne reste plus que toi. »

Le visage de Nex se décompose.

« Non ! Dis-moi que tu ne l'as pas fait. Dis-moi qu'elle est encore en vie ! »

« Tu sais où me trouver. »

Nex pousse un cri de rage et jette violemment le combiné. »

On le voit courir, le visage rendu méconnaissable par la colère. Il se met à pleuvoir.

Voyant que sa valise le ralentit, il l'abandonne.

 

Une porte s'ouvre brusquement. Nex pénètre dans une chambre plongée dans la pénombre. Il s'approche du lit.

« Isabelle ! »

Un corps repose dans le lit. Nex le touche. Son visage se révulse. Il pousse un hurlement. Il prend le corps dans ses bras et enfouit son visage dans les longs cheveux châtains.

« Tu n'étais qu'une enfant. Innocente. Pourquoi ? »

« Pour le dernier test. »

Un homme sort de l'ombre . Il a les cheveux longs et porte un long manteau. Il se dégage de lui une impression de puissance et de menace.

Nex redresse son visage mouillé de larmes. Un air de sauvagerie remplace sa tristesse.

« C'était un piège ! Vous m'avez tendu un piège ! »

« En dépit de ton extrême efficacité, ils ont toujours voulu s'assurer de ta totale intégrité. Il restait une épreuve. Il fallait un appât. »

« Pourquoi elle ? »

« Il faudrait que tu leur demandes. Mais l'intérêt que tu lui portais est la preuve qu'ils l'ont bien choisie. »

Le tueur pointe son pistolet vers Nex.

« Tu n'es plus un tueur. Tu n'es plus qu'une cible au même titre qu'elle. »

Nex regarde le visage d'ange d'Isabelle dont les yeux bleus sont grand ouvert. Il dépose le corps à ses pieds. Il pousse un râle et tout en se relevant, pointe son pistolet vers le tueur.

 

Flash.

 

La terrasse du café.

Nex et Isabelle sont assis face à face.

« Tout ce que je peux vous dire c'est qu'avant de vous rencontrer je n'avais pas d'âme. »

« Alors promettez-moi de ne jamais l'oublier. »

« Je vous le promets. »

 

Flash.

 

La chambre d'Isabelle. Nex et le tueur sont debouts face à face. Ils se visent mutuellement.

Plan sur Nex.

« Je lui ai promis. Je ne tuerai plus. Ce monde n'est pas fait pour les innocents. Je vais le détruire. »

Le tueur exprime une certaine perplexité. 

Nex pointe le canon de son pistolet sur sa tempe.

Bruit de silencieux et d'un corps qui tombe.

Le tueur s'avance et se baisse pour fermer les yeux d'Isabelle et de Nex.

Il les contemple, méditatif.

 

La terrasse du café.

Nex et Isabelle sont assis face à face.

« La seule pensée que nous allons partir ensemble me fait chaud au coeur. Je te dois tellement. Tu m'as libéré. Tu es mon soleil. »

 

Gros plan sur leurs mains nouées.

Ecran noir.

 

 

 

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