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mardi, 16 décembre 2014

Men, Women and Children [Cinéma/Critiques]

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Jason Reitman s'est spécialisé au fil des années dans la satire sociale avec beaucoup de réussite à travers des films comme Juno, In The Air ou Young Adult. Avec Men, Women and Children, il poursuit son analyse de l'humain cette fois par le prisme des écrans. Avec ce film choral où chaque personnage est lié aux autres par divers degrés, il rappelle que peu importe l'âge et la condition, chacun s'est laissé doucement conditionné par les attraits de l'hyperconnexion au point d'avoir oublié ce qu'il pouvait être avant : un être humain capable d'interagir directement avec ses semblables.

La richesse des thèmes abordés et la variété des situations sont telles que n'importe quel spectateur se retrouvera forcément à un moment ou à un autre du film, ce dernier le questionnant directement sur son propre mode de vie. Si le film atteint donc son but (une bonne piqûre de rappel), grâce à des personnages bien croqués et une mise en scène inspirée, il arrive moins à convaincre en voulant atteindre d'autres niveaux de lecture (images spatiales aussi belles que manquant d'impact). Si en VO la voix off d'Emma Thompson (L'Incroyable Destin d'Harold Crick) appuie avec efficacité l'ensemble du film en restant suffisamment en retrait, elle en alourdit la fin avec une phrase toute faite bêtement moralisatrice qui casse quelque peu la subtilité.

SPOILS !!! 

(Je ne dévoile aucun dénouement à proprement dit, mais la nature et les rapports entre les personnages qui à eux seuls constituent l'un des attraits du film. A vous de voir !)

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Voici Allison Doss. Elle a des tas de qualités et celle qu'elle apprécie le plus chez elle c'est sa ligne. En ligne, justement, elle a des tas d'amies anorexiques qui lui disent quoi faire quand son père vient de déposer un plat consistant et savoureux sur le bord de son bureau.  Allison est amoureuse de Brandon Lender. Brandon qui ne demande qu'à lui faire perdre sa virginité pour enrichir son CV de mâle Alpha. Leur relation a-t-elle un avenir ?

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Voici Hanna (amie avec Allison) et Donna Clint. Ca ne se voit pas sur la photo, mais elles sont hyper complices. La mère a érigé sa fille en véritable top model, la photographiant sans cesse, créant un site internet à sa gloire où ses fans peuvent admirer son corps à loisir et même acheter ses photos. Autant joindre l'utile à l'agréable. Leur relation a-t-elle un avenir ?

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Revoilà Hanna. Cette fois en compagnie de Chris Truby. Chris est un ado bien dans sa peau. Il a des amis, il joue au foot et il a toujours des relations sexuelles protégées...derrière l'écran de son PC. Leur relation a-t-elle un avenir ?

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Revoilà Donna. Elle a rencontré Kent Mooney à une soirée sur les dangers de l'hyperconnexion organisée par Patricia Beltmeyer. Kent et son fils Tim ont été abandonnés par la mère qui a refait sa vie. Depuis, Kent a oublié comment nouer des liens avec une femme. Leur relation a-t-elle un avenir ?

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Revoilà Kent Mooney assistant à un match de foot. Il se console comme il peut en partageant sa passion avec Don Truby depuis que son fils a abandonné une carrière de sportif très prometteuse au profit d'un jeu vidéo en ligne.

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Revoilà Don Truby avec sa femme Helen. Ou l'art d'être proches sans l'être. Si le temps use naturellement le couple et sa libido, Internet permet de se consoler et d'oublier facilement cette érosion grâce à quelques alternatives faites sur mesure. Leur relation a-t-elle un avenir ?

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Voici Patricia Beltmeyer (Jennifer Garner/Dallas Buyers Club) et sa fille Brandy. Elles, elles ne sont pas du tout complices. Patricia surveille, filtre, bloque, censure en permanence la vie entière de sa fille. Pour la protéger bien sûr. Brandy veut seulement vivre sa vie d'ado avec ses joies et ses risques. Leur relation a-t-elle un avenir ?

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Voici Tim, le fils de Kent Mooney et revoilà Brandy Beltmeyer. Tim a beau être devenu addict à Guild Wars et avoir attisé la haine de ses amis en lâchant brutalement le foot, être avec une fille comme Brandy ne lui déplairait pas, bien au contraire. Mais quand on sait combien la vie intime de Brandy est contrôlée, peut-on espérer que leur relation ait un avenir ?

En Lien

Her

Tout comme Jason Reitman, Spike Jonze avec Her faisait un constat sans tomber dans le piège de juger ses personnages, il laissait le soin aux spectateurs de tirer ses propres conclusions. En comparaison, Her nourrit un discours alternatif voire opposé à Men, Women and Children dans le sens où il montre que l'humanité et la technologie peuvent s'unir et créer une autre forme de relation, ni meilleure, ni pire, juste différente.

Trust

Un film qui donnerait sans doute raison au personnage de Patricia Beltmeyer.

 

Une nouvelle d'anticipation dans laquelle j'ai extrapolé sur l'avenir (terriblement probable) de l'hyperconnexion.

 

 

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Lucy [Cinéma/Critiques]

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Luc Besson n'utilise que 10 % du potentiel de son histoire. On imagine ce qu'aurait pu donner 100 %.

Alors qu'elle transporte malgré elle une drogue expérimentale et surpuissante pour le compte d'un dangereux mafieux asiatique, la jeune Lucy se voit accidentellement dotée de capacités qui vont rapidement faire d'elle un stade exponentiel de l'évolution humaine.

Enorme succès surprise de cette année, le dernier film de Luc Besson m'a de prime abord séduit pas son sujet et le choix de son interprète avant de rapidement me refroidir lorsque j'ai découvert le trailer annonçant un fourre-tout indigeste, sorte de best-of poussif de toutes les productions Europacorp de ces dernières années, autant dire pas du grand cinéma. Plutôt dommage, étant donné l'ambition initiale.

C'est donc après le buzz planétaire et sans rien en attendre que j'ai visionné l'objet du déli(ce ?). Force est de reconnaître que cet état d'esprit m'a permis d'apprécier l'oeuvre sans doute plus que de raison, mais au moins cela m'a-t-il évité l'écoeurement.

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Pour ceux qui ont vu Her, difficile de ne pas trouver une parenté entre les deux films et les deux personnages incarnés par Scarlett Johansson, malgré leur apparent antagonisme. Après son rôle de Natasha Romanoff alias La Veuve Noire (Iron Man 2, Avengers, Captain America 2), l'actrice campe à nouveau une super héroïne avec un maximum de conviction. Dommage que le scénario bride son interprétation d'un être complexe qui à défaut de ne plus pouvoir s'émouvoir lui-même, aurait pu nous bouleverser davantage dans ses interactions et ses découvertes.

Après une première partie savamment orchestrée qui introduit le personnage de Lucy sous sa forme innocente et vulnérable, le film passe la seconde. Tout en poursuivant son exploration du potentiel humain de manière pertinente à défaut d'être toujours inédite et subtile, l'action commence à devenir assez présente pour finir par remplir l'écran comme dans la crainte de décevoir les inconditionnels des Taxi et des Transporteur.

En effet, bien que l'histoire soit toujours intéressante à suivre et suffisamment surprenante dans sa mise en images, le cinéaste, cédant à la tentation, nous balance course-poursuite cartoonesque à travers la ville et grosse fusillade comme pour se déculpabiliser de refaire enfin un film sérieux à la métaphysique assumée comme il a pu y parvenir avec le mémorable épilogue de Jeanne d'Arc.

Ce temps d'images gaspillé est d'autant plus condamnable que le film est très court à la base (moins d'une heure et demie) et titille mine de rien notre curiosité naturelle sur l'évolution humaine et notre place dans l'univers.  

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Morgan Freeman (Wanted, Oblivion) rencontrera l'incarnation de sa théorie en la personne de Lucy.

Si Malick avec son Tree of Life a péché par excès d'orgueil, avec sa Lucy, Besson, lui, se sous-estime, se sous-exploite et du même coup dévalorise un sujet en or qui nécessitait un peu plus de respect pour atteindre son objectif. On sent le thème constamment cloisonné, réduit au personnage de Lucy éliminant des obstacles humains sur sa route, entre deux couloirs, d'où une sensation d'étouffement. Les dernières séquences heureusement ouvrent littéralement l'espace et redonnent du souffle à l'ensemble.

La fin aurait mérité également un peu plus de soin car elle semble être jetée à la face du spectateur comme pour dire "J'ai fait ce que j'ai pu, démerdez-vous avec tout ça !" Et bien c'est ce qu'on va faire, Luc, sans vouloir t'obéir.

Chacun donc trouvera en Lucy une arnaque pure et simple, une certaine source d'inspiration en dépit d'une évidente frustration ou bien un modèle inédit de blockbuster cérébral encore à l'état d'ébauche. Voire un peu des trois.

lucy

 Si vous aimez la métaphysique, vous aimerez peut-être :

Mr. Nobody

 Si ce monde vous déplaît, vous devriez en voir quelques autres (Temps Orthogonal)

 

 

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